Le mercredi 7 janvier  les 150 millions de Russes orthodoxes à travers le monde  célèbre Noël y compris  l’immigration russe en France
À plusieurs vagues de Russes blancs ayant fui la révolution d’octobre 1917 succèdent aujourd’hui des migrants beaucoup plus attachés à leur identité slave.

Ce mercredi 7 janvier, Olga Bepoldin, 80 ans, célèbre Noël en même temps que les 150 millions de Russes orthodoxes à travers le monde. Fille d’un couple de Russes blancs, ces fidèles du tsar qui ont fui la révolution d’octobre 1917, l’ancienne chercheuse au CNRS vit depuis quatre ans à la Maison russe de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) où ses parents ont fini leurs jours. « Du temps de la princesse Mestchersky, qui a ouvert cet établissement en 1927 pour y accueillir les Russes en exil, j’ai vu défiler ici tout ce que l’ancienne Russie comptait d’industriels, aristocrates, artistes, intellectuels… Dans les années qui ont précédé l’effondrement de l’URSS, l’écrivain Soljenitsyne nous rendait visite. »

Le mercredi 7 janvier  les 150 millions de Russes orthodoxes à travers le monde  célèbre Noël y compris  l’immigration russe en France
PRIER ET PENSER EN RUSSE

Devenue une maison de retraite (Ehpad), l’établissement compte encore 40 % de pensionnaires issus de l’immigration russe blanche. Comme Olga, presque tous vont assister ce matin à la messe de Noël – célébrée en russe et en slavon – dans la chapelle du rez-de-chaussée aux murs couverts d’icônes. « Née en France, je me suis toujours sentie française mais j’ai toujours prié et pensé en russe », confie-t-elle. Puis les participants prendront place dans la salle à manger voisine pour un repas de fête, sous les portraits de Nicolas II – dont le trône orne un coin de la pièce – et de Catherine de Russie, autrefois accrochés aux murs de l’ambassade impériale de Russie à Paris. Enfin, si le temps le permet, Olga ira se recueillir sur la tombe de ses parents, dans le cimetière de la ville où 10 000 Russes sont enterrés. Olga est l’une des dernières mémoires vivantes de cette composante autrefois majeure de l’orthodoxie russe en France.

PATRIARCAT DE CONSTANTINOPLE

Certes, le XXe siècle et la guerre froide ont façonné en France un paysage russe orthodoxe diversifié – nombre de paroissiens sont passés dans l’orbite du Patriarcat de Constantinople ; d’autres ont constitué une Église russe hors frontières résolument hostile à Moscou, jusqu’à un accord decommunion signé en 2007 ; enfin, certains sont demeurés fidèles à l’Église mère malgré la soviétisation. Mais à Noël, tous suivent la même liturgie, quelle que soit la langue.

De la nouvelle génération, Vera, 50 ans, petite-fille d’immigrés russes blancs, se rendra à l’église Saint-Séraphin-de-Sarov, dans le 15e arrondissement de Paris, une paroisse rattachée, depuis sa fondation par des Russes blancs, au Patriarcat de Constantinople. Cette mère de deux enfants, mariée à un catholique, demeure très liée à cet endroit où sa grand-mère, puis sa mère ont été chefs de chœur. Le P. Nicolas Cernokrak, un prêtre orthodoxe serbe, y célèbre en français – les chants sont en slavon – pour un public désormais issu de tous horizons : des Russes, mais aussi de plus en plus des Bulgares, des Grecs, des Libanais, des Américains, des Égyptiens qui célèbrent et prennent le thé ensemble après la messe… « Le rite, les chants, l’atmosphère et la tradition orthodoxes me sont très chers, mais pour moi cela ne passe pas forcément par la langue russe », explique Vera dont les enfants, bien qu’élevés dans la foi orthodoxe, ne sont pas russophones.

Le mercredi 7 janvier  les 150 millions de Russes orthodoxes à travers le monde  célèbre Noël y compris  l’immigration russe en France
PATRIARCAT DE MOSCOU

À quelques rues de là, fondée dans les années 1930 en même temps que Saint-Séraphin-de-Sarov l’église cathédrale des Trois-Saints-Docteurs a fait, à l’époque, le choix de la fidélité au Patriarcat de Moscou. Aujourd’hui encore, tout s’y passe en langue russe. Depuis la chute du bloc soviétique, c’est ici que se retrouve spontanément une grande partie des nouveaux migrants venus de Russie. « Il est difficile de distinguer l’Église russe de la langue », observe Anton, 30 ans, étudiant en sociologie, emblématique d’une génération beaucoup plus à cheval sur le maintien de l’identité russe en France.

Issu d’une famille d’industriels qui ont rejoint la France dans les années 1920, le recteur de la paroisse, le P. Nicolas Rehbinder constitue toutefois un pont entre ces deux mondes : Français issus de l’immigration russe blanche et nouveaux Russes.

Longtemps rattaché à Constantinople, avant d’être incardiné dans le clergé du Patriarcat de Moscou, l’homme se fait fort d’entretenir un parfait bilinguisme. « Mon père, lui-même ordonné prêtre après son arrivée en France, nous a transmis l’amour de la culture russe à travers les romans, la poésie et les contes », explique-t-il. Si l’un de ses fils est ordonné diacre aux Trois-Saints-Docteurs (Moscou), un autre est chef de chœur à Saint-Séraphin-de-Sarov (Constantinople). « La famille est restée très active dans de nombreuses paroisses, quelle que soit leur obédience »,poursuit le P. Rehbinder, pour qui les différences entre les deux Patriarcats ne sont plus aussi nettes que par le passé....SUITE Samuel Lieven "La Croix"

Le mercredi 7 janvier  les 150 millions de Russes orthodoxes à travers le monde  célèbre Noël y compris  l’immigration russe en France

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 8 Janvier 2015 à 10:47 | 1 commentaire | Permalien



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