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Vladimir Golovanow
"Le jeûne est un commandement divin (Gn 2, 16-17). Selon saint Basile, le jeûne a le même âge que l’humanité ; car il a été instauré dans le paradis (De jejunio, 1, 3. PG 31, 168 A). Il constitue un grand combat spirituel et la meilleure expression de l’idéal ascétique de l’Orthodoxie. L’Église orthodoxe, se conformant fidèlement aux dispositions apostoliques, aux canons conciliaires et à l’ensemble de la tradition patristique, a toujours proclamé la grande valeur du jeûne pour la vie spirituelle de l’homme et son salut. Tout au long de l’année liturgique, l’Église exalte la tradition et l’enseignement patristiques concernant le jeûne, nécessaire pour rendre l’homme vigilant, sans cesse et sans faille, et pour susciter chez lui l’ardeur au combat spirituel.
Le jeûne est exalté dans le Triodion comme don divin, grâce pleine de lumière, arme invincible, fondement des combats spirituels, meilleure voie vers le bien, nourriture de l’âme, aide accordée par Dieu, source de toute méditation, imitation d’une vie impérissable et semblable à celle des anges, « mère » de tous les biens et de toutes les vertus, image de la vie à venir."
"Le jeûne est un commandement divin (Gn 2, 16-17). Selon saint Basile, le jeûne a le même âge que l’humanité ; car il a été instauré dans le paradis (De jejunio, 1, 3. PG 31, 168 A). Il constitue un grand combat spirituel et la meilleure expression de l’idéal ascétique de l’Orthodoxie. L’Église orthodoxe, se conformant fidèlement aux dispositions apostoliques, aux canons conciliaires et à l’ensemble de la tradition patristique, a toujours proclamé la grande valeur du jeûne pour la vie spirituelle de l’homme et son salut. Tout au long de l’année liturgique, l’Église exalte la tradition et l’enseignement patristiques concernant le jeûne, nécessaire pour rendre l’homme vigilant, sans cesse et sans faille, et pour susciter chez lui l’ardeur au combat spirituel.
Le jeûne est exalté dans le Triodion comme don divin, grâce pleine de lumière, arme invincible, fondement des combats spirituels, meilleure voie vers le bien, nourriture de l’âme, aide accordée par Dieu, source de toute méditation, imitation d’une vie impérissable et semblable à celle des anges, « mère » de tous les biens et de toutes les vertus, image de la vie à venir."
"L’IMPORTANCE DU JEUNE ET SON APPLICATION AUJOURD’HUI", document adopté par la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes locales à Chambésy (21-28 janvier 2016.)
Le débat sur le jeûne eu lieu dans le cadre du processus préconciliaire et continue maintenant dans la société. La rédaction du projet de document correspondant fut confiée à l’Église orthodoxe de Serbie et les rédacteurs du projet s’adressèrent préalablement au P. Justin Popovitch – maintenant canonisé – pour lui demander son avis. Le P. Justin répondit entre autre «Les vies de saints prouvent et montrent indéniablement que le jeûne divino- humain est un saint dogme éthique de l’Eglise orthodoxe, qui ne peut et ne saurait être réformé».
IMPORTANTS ALLÉGEMENTS PROPOSES:
Cet avis ne fut pas suivi et le projet de document examiné et adopté comme base de par la conférence préconciliaire de 1971 proposait une réforme substantielle de la discipline du jeûne. Par exemple, il y était proposé que «le jeûne du mercredi et du vendredi soit observé toute l’année, mais avec la permission d’user de l’huile végétale et du poisson, sauf lorsque ces jours tombent pendant la période du carême». Il était également proposé «d’accorder la dispense de poisson à compter de la deuxième semaine du grand Carême jusqu’au dimanche des Rameaux inclus», «de réduire de moitié la durée du carême de la Nativité … ou d’accorder la dispense de poisson et d’huile pendant toute sa durée, sauf les derniers cinq jours», «de réduire le carême des saints apôtres aux huit jours précédant la fête, si la période comprise entre les fêtes de Tous les saints et des apôtres Pierre et Paul est supérieure à huit jours… accorder une dispense générale tous les mercredis et vendredis sur la période comprise entre le dimanche de Thomas et l’Ascension», «maintenir la durée du carême de la Dormition, mais accorder la dispense de poisson et d’huile végétale tous les jours, sauf le mercredi et le vendredi», etc.
Ces assouplissements étaient fondés sur le fait que les dispositions en vigueur sur le jeûne s’adressent, dans une grande mesure, aux moines, et que de nombreux autres chrétiens éprouvent des difficultés à les observer «pour diverses raisons – climat, façon de vivre, difficultés de se procurer de la nourriture de carême, etc.» … «La majorité des fidèles dans la société contemporaine n’observe pas toutes les dispositions concernant le jeûne en raison des difficultés des conditions de la vie contemporaine. Tout cela exige que les carêmes deviennent plus faciles et, en partie, que leur durée soit abrégée, afin que les fidèles ne se posent pas «des questions de conscience» pour avoir transgressé les strictes dispositions ecclésiales, qui enveniment leur vie spirituelle».
QUI CORRESPONDENT A LA SITUATION
Des sondages convergents effectués récemment en Russie corroborent largement ces arguments: si 25-27% des personnes interrogées prévoient d’observer le Grand Carême, ils ne sont que 4-5% à le faire en suivant toutes les règles… Ces sondages sont d'autant plus intéressants que le Grand Carême constitue un véritable marqueur de la foi orthodoxe et les chiffres ainsi obtenus peuvent probablement être étendus à l'ensemble des 250-300 millions d'Orthodoxes (dont plus de 60% se trouvent en ex-URSS).
Ces 25-27% des sondés représentent 1/3 des Russes qui se considèrent comme Orthodoxes (70-75% selon les sondages); en prenant part au Grand Carême ils font un acte de foi orthodoxe, alors que pour les autres 2/3 il s'agit plutôt d'une appartenance nationale et culturelle ("je suis Russe - donc je suis Orthodoxe...") Mais dans ce tiers de ceux qu'on peut considérer comme croyants orthodoxes, moins de 1 sur 5 suivent les prescriptions de l'Église... 4 Orthodoxes sur 5 considèrent donc ces prescriptions inadaptées et ne les "reçoivent" pas! Rien d'étonnant qu'il y ait toujours un débat sur ce sujet parmi les Orthodoxes, dont on perçoit bien la vivacité dans la blogosphère. On ne peut que constater que le projet de modification aurait certainement été "reçu" par les fidèles en voyant cela…
MAINTIEN DE L'ACRIBIE CANONIQUE:
Mais il suscita la critique de plusieurs Églises, en en particulier de l'Église russe: dès 1976 l'Archevêque Basile Krivochéine écrivait: "Encore plus inadmissibles apparaissent toutes sortes de tentatives de changement ou d’affaiblissement des règles du jeûne établies par les saints Pères (…) Le concile panorthodoxe ne doit pas supprimer les jeûnes, mais appeler les fidèles à les observer plus fermement."
La question du jeûne a continué à être étudiée en commission et celle de 1986, avec une importante participation de la délégation de l’Église russe, rejeta les propositions de 1971 et c'est cela que prévoit le document adopté par la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes locales à Chambésy 21-28 janvier 2016. cf. . Il réaffirme fortement l'importance du jeune et sa justification théologique (art. 1-6 et 9) tout en intégrant l'analyse sur la piètre acceptation des règles de jeune dans le peuple orthodoxe et laissant à «le soin aux Églises orthodoxes locales de fixer la mesure d’économie miséricordieuse et d’indulgence à appliquer afin d’alléger le « poids » des jeûnes sacrés pour ceux qui ont des difficultés à respecter tout ce que ceux-ci prescrivent…» (art. 7-8).
Le débat sur le jeûne eu lieu dans le cadre du processus préconciliaire et continue maintenant dans la société. La rédaction du projet de document correspondant fut confiée à l’Église orthodoxe de Serbie et les rédacteurs du projet s’adressèrent préalablement au P. Justin Popovitch – maintenant canonisé – pour lui demander son avis. Le P. Justin répondit entre autre «Les vies de saints prouvent et montrent indéniablement que le jeûne divino- humain est un saint dogme éthique de l’Eglise orthodoxe, qui ne peut et ne saurait être réformé».
IMPORTANTS ALLÉGEMENTS PROPOSES:
Cet avis ne fut pas suivi et le projet de document examiné et adopté comme base de par la conférence préconciliaire de 1971 proposait une réforme substantielle de la discipline du jeûne. Par exemple, il y était proposé que «le jeûne du mercredi et du vendredi soit observé toute l’année, mais avec la permission d’user de l’huile végétale et du poisson, sauf lorsque ces jours tombent pendant la période du carême». Il était également proposé «d’accorder la dispense de poisson à compter de la deuxième semaine du grand Carême jusqu’au dimanche des Rameaux inclus», «de réduire de moitié la durée du carême de la Nativité … ou d’accorder la dispense de poisson et d’huile pendant toute sa durée, sauf les derniers cinq jours», «de réduire le carême des saints apôtres aux huit jours précédant la fête, si la période comprise entre les fêtes de Tous les saints et des apôtres Pierre et Paul est supérieure à huit jours… accorder une dispense générale tous les mercredis et vendredis sur la période comprise entre le dimanche de Thomas et l’Ascension», «maintenir la durée du carême de la Dormition, mais accorder la dispense de poisson et d’huile végétale tous les jours, sauf le mercredi et le vendredi», etc.
Ces assouplissements étaient fondés sur le fait que les dispositions en vigueur sur le jeûne s’adressent, dans une grande mesure, aux moines, et que de nombreux autres chrétiens éprouvent des difficultés à les observer «pour diverses raisons – climat, façon de vivre, difficultés de se procurer de la nourriture de carême, etc.» … «La majorité des fidèles dans la société contemporaine n’observe pas toutes les dispositions concernant le jeûne en raison des difficultés des conditions de la vie contemporaine. Tout cela exige que les carêmes deviennent plus faciles et, en partie, que leur durée soit abrégée, afin que les fidèles ne se posent pas «des questions de conscience» pour avoir transgressé les strictes dispositions ecclésiales, qui enveniment leur vie spirituelle».
QUI CORRESPONDENT A LA SITUATION
Des sondages convergents effectués récemment en Russie corroborent largement ces arguments: si 25-27% des personnes interrogées prévoient d’observer le Grand Carême, ils ne sont que 4-5% à le faire en suivant toutes les règles… Ces sondages sont d'autant plus intéressants que le Grand Carême constitue un véritable marqueur de la foi orthodoxe et les chiffres ainsi obtenus peuvent probablement être étendus à l'ensemble des 250-300 millions d'Orthodoxes (dont plus de 60% se trouvent en ex-URSS).
Ces 25-27% des sondés représentent 1/3 des Russes qui se considèrent comme Orthodoxes (70-75% selon les sondages); en prenant part au Grand Carême ils font un acte de foi orthodoxe, alors que pour les autres 2/3 il s'agit plutôt d'une appartenance nationale et culturelle ("je suis Russe - donc je suis Orthodoxe...") Mais dans ce tiers de ceux qu'on peut considérer comme croyants orthodoxes, moins de 1 sur 5 suivent les prescriptions de l'Église... 4 Orthodoxes sur 5 considèrent donc ces prescriptions inadaptées et ne les "reçoivent" pas! Rien d'étonnant qu'il y ait toujours un débat sur ce sujet parmi les Orthodoxes, dont on perçoit bien la vivacité dans la blogosphère. On ne peut que constater que le projet de modification aurait certainement été "reçu" par les fidèles en voyant cela…
MAINTIEN DE L'ACRIBIE CANONIQUE:
Mais il suscita la critique de plusieurs Églises, en en particulier de l'Église russe: dès 1976 l'Archevêque Basile Krivochéine écrivait: "Encore plus inadmissibles apparaissent toutes sortes de tentatives de changement ou d’affaiblissement des règles du jeûne établies par les saints Pères (…) Le concile panorthodoxe ne doit pas supprimer les jeûnes, mais appeler les fidèles à les observer plus fermement."
La question du jeûne a continué à être étudiée en commission et celle de 1986, avec une importante participation de la délégation de l’Église russe, rejeta les propositions de 1971 et c'est cela que prévoit le document adopté par la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes locales à Chambésy 21-28 janvier 2016. cf. . Il réaffirme fortement l'importance du jeune et sa justification théologique (art. 1-6 et 9) tout en intégrant l'analyse sur la piètre acceptation des règles de jeune dans le peuple orthodoxe et laissant à «le soin aux Églises orthodoxes locales de fixer la mesure d’économie miséricordieuse et d’indulgence à appliquer afin d’alléger le « poids » des jeûnes sacrés pour ceux qui ont des difficultés à respecter tout ce que ceux-ci prescrivent…» (art. 7-8).
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Mars 2017 à 16:45
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