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Par Patrick Seifert "Valeurs actuelles"
Un nombre croissant de musulmans se convertissent au christianisme en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Plus qu’un phénomène silencieux, propre au territoire, une tendance lourde qui dépasse ses frontières.
Alors que les tensions fleurissent autour des projets de construction de mosquées à Fréjus ou à Nice, l’islam apparaît, à tort, en pleine progression sur la côte azuréenne, comme sur l’ensemble du territoire. Ses courants extrêmes prolifèrent, mais au sein d’une population musulmane en voie de repli. Selon la dernière étude Arab Baromètre, publiée en février dernier, son sentiment religieux recule nettement. Réalisé auprès de 25 000 personnes dans dix pays arabes, ce sondage montre que la part des athées augmente fortement, dépassant même les 45 % chez les 18-29 ans en Tunisie.
Parallèlement, un mouvement croissant de conversion des musulmans au christianisme est observé, sans surprise pour certains. C’est le cas du père Mitch Pacwa, expert du Moyen-Orient : « Nous sommes à l’heure des premières conversions massives de musulmans au christianisme », affirme-t-il. Pour l’homme d’Église, « la violence de l’islam, sous sa forme la plus poussée, celle des islamistes, serait à l’origine de défections individuelles qui se multiplient ».
Un nombre croissant de musulmans se convertissent au christianisme en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Plus qu’un phénomène silencieux, propre au territoire, une tendance lourde qui dépasse ses frontières.
Alors que les tensions fleurissent autour des projets de construction de mosquées à Fréjus ou à Nice, l’islam apparaît, à tort, en pleine progression sur la côte azuréenne, comme sur l’ensemble du territoire. Ses courants extrêmes prolifèrent, mais au sein d’une population musulmane en voie de repli. Selon la dernière étude Arab Baromètre, publiée en février dernier, son sentiment religieux recule nettement. Réalisé auprès de 25 000 personnes dans dix pays arabes, ce sondage montre que la part des athées augmente fortement, dépassant même les 45 % chez les 18-29 ans en Tunisie.
Parallèlement, un mouvement croissant de conversion des musulmans au christianisme est observé, sans surprise pour certains. C’est le cas du père Mitch Pacwa, expert du Moyen-Orient : « Nous sommes à l’heure des premières conversions massives de musulmans au christianisme », affirme-t-il. Pour l’homme d’Église, « la violence de l’islam, sous sa forme la plus poussée, celle des islamistes, serait à l’origine de défections individuelles qui se multiplient ».
Medjugorje est une centre de pèlerinage catholique majeur en Bosnie Herzégovine.
Sur les 4 468 adultes qui ont reçu le baptême catholique en France en 2020 (+ 43 % en dix ans), la Conférence des évêques de France estime que 6 % sont issus de familles musulmanes. Il y a dix ans, ce taux s’établissait à 4 %, alors même que les nouveaux baptisés adultes étaient moins nombreux. Dans le diocèse de Nice, le père Gérard de Martigues note que « les nouveaux convertis viennent en grande majorité d’Afrique du Nord, un peu d’Afrique subsaharienne et pas du tout d’Asie Mineure ». Une population vis-à-vis de laquelle « l’Église catholique est malheureusement souvent démunie, voire frileuse », estime-t-il.
Selon le prêtre, l’essentiel des nouveaux convertis rejoindrait les Églises protestantes, essentiellement évangéliques, dont l’accessibilité expliquerait l’attrait de musulmans en questionnement. Avec 35 nouvelles ouvertures d’églises chaque année, en France, selon le Conseil national des évangéliques, principalement dans des quartiers sensibles, elles y dépassent parfois les ouvertures de mosquées. Rejet de l’islam, suivi par une phase d’athéisme qui aboutit à une découverte progressive de la foi chrétienne… : les scénarios de conversion observés sont souvent similaires. Quand ce n’est pas le spectacle d’un islam sanguinaire, au travers des mouvements djihadistes, qui ébranle les convictions de certains musulmans, les contradictions du récit coranique sont aussi évoquées. Le massacre de la tribu juive des Banu Qurayza ou le mariage de Mahomet avec Aïcha, âgée de 6 ans, fragilisent alors l’image du “beau modèle” du prophète, serinée depuis l’enfance.
La rencontre avec les chrétiens d’Orient
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, et particulièrement dans le Var, l’Église catholique a décidé d’aller au-devant de ces musulmans en sursis. Le forum Jésus le Messie, organisation nationale d’accueil des musulmans attirés par la foi chrétienne, s’est installé à Toulon, où les convertis affluent.
La Mission Ismérie, collaboration initiée par des catholiques engagés, intervient également à ses côtés. En 2005, la communauté des Missionnaires de la miséricorde divine s’y est aussi installée. Fondée par Mgr Dominique Rey et l’abbé Fabrice Loiseau , elle est désormais présente à Marseille et Draguignan. Les membres de la communauté bénéficient d’une formation de pointe sur l’islam et celle-ci envoie parfois des séminaristes en Afrique du Nord. Des structures qui jouent moins le rôle de catalyseur des conversions, mais qui interviennent davantage dans l’accompagnement de musulmans qui s’interrogent sur leur foi.
Plus intimes et individuelles, les conversions produisent parfois des réactions en chaîne. Jeanine, issue de parents musulmans algériens, a découvert la foi chrétienne à Bormes les-Mimosas, voyant dans son parcours une partie de sa fratrie l’accompagner.
La croyante et sa famille sont devenues assidues au pèlerinage de Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, depuis plusieurs années.
Lounès, jeune Toulonnais né d’un père algérien et d’une mère française, s’identifie davantage, à l’adolescence, aux jeunes issus de l’immigration nord-africaine. Mais, à la faveur d’un voyage en Norvège en 2019, nous confie-t-il, le jeune homme rencontre un Syrien et découvre, avec surprise, que l’on peut être arabe et chrétien. La foi de son interlocuteur l’impressionne et le mène à se documenter sur le christianisme.
Souhaitant confronter ses découvertes avec les réalités du terrain, Lounès décide alors, l’an dernier, de s’engager dans une campagne au Liban avec l’organisation SOS Chrétiens d’Orient, tout en précisant qu’il ne partage pas la foi des autres membres de l’équipe. De ses contacts avec les populations locales et les communautés religieuses chrétiennes, le Toulonnais ressort bouleversé. Il envisage aujourd’hui de demander le baptême.
Sur la Côte d’Azur, les histoires des convertis que nous avons rencontrés se ressemblent, et les quartiers nord de Marseille ne font pas exception. Henry Quinson, ancien golden boy à Wall Street devenu moine en France, s’est installé dans la capitale phocéenne, il y a quelques années, pour favoriser le dialogue interreligieux. Il se consacre lui aussi à l’accompagnement des musulmans sur la voie de la conversion.
Sur les 4 468 adultes qui ont reçu le baptême catholique en France en 2020 (+ 43 % en dix ans), la Conférence des évêques de France estime que 6 % sont issus de familles musulmanes. Il y a dix ans, ce taux s’établissait à 4 %, alors même que les nouveaux baptisés adultes étaient moins nombreux. Dans le diocèse de Nice, le père Gérard de Martigues note que « les nouveaux convertis viennent en grande majorité d’Afrique du Nord, un peu d’Afrique subsaharienne et pas du tout d’Asie Mineure ». Une population vis-à-vis de laquelle « l’Église catholique est malheureusement souvent démunie, voire frileuse », estime-t-il.
Selon le prêtre, l’essentiel des nouveaux convertis rejoindrait les Églises protestantes, essentiellement évangéliques, dont l’accessibilité expliquerait l’attrait de musulmans en questionnement. Avec 35 nouvelles ouvertures d’églises chaque année, en France, selon le Conseil national des évangéliques, principalement dans des quartiers sensibles, elles y dépassent parfois les ouvertures de mosquées. Rejet de l’islam, suivi par une phase d’athéisme qui aboutit à une découverte progressive de la foi chrétienne… : les scénarios de conversion observés sont souvent similaires. Quand ce n’est pas le spectacle d’un islam sanguinaire, au travers des mouvements djihadistes, qui ébranle les convictions de certains musulmans, les contradictions du récit coranique sont aussi évoquées. Le massacre de la tribu juive des Banu Qurayza ou le mariage de Mahomet avec Aïcha, âgée de 6 ans, fragilisent alors l’image du “beau modèle” du prophète, serinée depuis l’enfance.
La rencontre avec les chrétiens d’Orient
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, et particulièrement dans le Var, l’Église catholique a décidé d’aller au-devant de ces musulmans en sursis. Le forum Jésus le Messie, organisation nationale d’accueil des musulmans attirés par la foi chrétienne, s’est installé à Toulon, où les convertis affluent.
La Mission Ismérie, collaboration initiée par des catholiques engagés, intervient également à ses côtés. En 2005, la communauté des Missionnaires de la miséricorde divine s’y est aussi installée. Fondée par Mgr Dominique Rey et l’abbé Fabrice Loiseau , elle est désormais présente à Marseille et Draguignan. Les membres de la communauté bénéficient d’une formation de pointe sur l’islam et celle-ci envoie parfois des séminaristes en Afrique du Nord. Des structures qui jouent moins le rôle de catalyseur des conversions, mais qui interviennent davantage dans l’accompagnement de musulmans qui s’interrogent sur leur foi.
Plus intimes et individuelles, les conversions produisent parfois des réactions en chaîne. Jeanine, issue de parents musulmans algériens, a découvert la foi chrétienne à Bormes les-Mimosas, voyant dans son parcours une partie de sa fratrie l’accompagner.
La croyante et sa famille sont devenues assidues au pèlerinage de Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, depuis plusieurs années.
Lounès, jeune Toulonnais né d’un père algérien et d’une mère française, s’identifie davantage, à l’adolescence, aux jeunes issus de l’immigration nord-africaine. Mais, à la faveur d’un voyage en Norvège en 2019, nous confie-t-il, le jeune homme rencontre un Syrien et découvre, avec surprise, que l’on peut être arabe et chrétien. La foi de son interlocuteur l’impressionne et le mène à se documenter sur le christianisme.
Souhaitant confronter ses découvertes avec les réalités du terrain, Lounès décide alors, l’an dernier, de s’engager dans une campagne au Liban avec l’organisation SOS Chrétiens d’Orient, tout en précisant qu’il ne partage pas la foi des autres membres de l’équipe. De ses contacts avec les populations locales et les communautés religieuses chrétiennes, le Toulonnais ressort bouleversé. Il envisage aujourd’hui de demander le baptême.
Sur la Côte d’Azur, les histoires des convertis que nous avons rencontrés se ressemblent, et les quartiers nord de Marseille ne font pas exception. Henry Quinson, ancien golden boy à Wall Street devenu moine en France, s’est installé dans la capitale phocéenne, il y a quelques années, pour favoriser le dialogue interreligieux. Il se consacre lui aussi à l’accompagnement des musulmans sur la voie de la conversion.
Un mouvement régional
Mais certaines histoires prennent des tournures parfois plus radicales. En 2016, Paul-Élie Chekroun, auparavant nommé Ali, est ordonné prêtre au séminaire de La Castille, près de Toulon
Né en Algérie dans une famille traditionnelle musulmane, il prend ses distances avec la religion à la fin des années 1990, lors des années noires du terrorisme dans son pays. Après une période d’athéisme, il fait une expérience mystique marquante alors qu’il est invité dans une église protestante. Il est baptisé en 2005 chez les évangéliques, puis il devient catholique, mais il est menacé par les islamistes, qui le poussent à fuir son pays. Installé dans une communauté religieuse en Belgique, il se sent appelé à la vocation de prêtre, qui l’amènera sur la côte azuréenne. Bien que son ordination en 2016 ne soit pas une première en France, elle reste exceptionnelle. À ses côtés, Irad B., un ancien musulman, a lui aussi rejoint le séminaire, où il poursuit actuellement sa formation.
La dynamique de conversion des musulmans au christianisme est nouvelle, où la région Provence-Alpes-Côte d’Azur fait figure de laboratoire, avec ses parcours emblématiques, qui aboutissent jusqu’au sacerdoce. D’une certaine manière, elle renouvelle son héritage de terre de mission, puisque c’est par nos rivages méditerranéens que se serait opérée l’évangélisation de la France. Selon la tradition chrétienne, Lazare “le ressuscité”, Marthe et Marie-Madeleine, trois des plus proches disciples du Christ, débarquèrent avec Marie Jacobé et Marie Salomé en Camargue et formèrent alors les premières communautés chrétiennes du pays. Marthe deviendra la patronne du diocèse d’Avignon et de la ville de Tarascon, où elle aurait vécu. Marie-Madeleine sera celle du diocèse de Fréjus-Toulon ; un sanctuaire lui est dédié à la Sainte-Baume, où elle se serait retirée.
La Provence est placée sous sa protection depuis le XIVe siècle et ses reliques sont exposées dans la basilique de Saint-Maximin. À deux mille ans d’intervalle, deux Orient se retrouvent dans la région, devenue véritable terre de conversion.
Mais certaines histoires prennent des tournures parfois plus radicales. En 2016, Paul-Élie Chekroun, auparavant nommé Ali, est ordonné prêtre au séminaire de La Castille, près de Toulon
Né en Algérie dans une famille traditionnelle musulmane, il prend ses distances avec la religion à la fin des années 1990, lors des années noires du terrorisme dans son pays. Après une période d’athéisme, il fait une expérience mystique marquante alors qu’il est invité dans une église protestante. Il est baptisé en 2005 chez les évangéliques, puis il devient catholique, mais il est menacé par les islamistes, qui le poussent à fuir son pays. Installé dans une communauté religieuse en Belgique, il se sent appelé à la vocation de prêtre, qui l’amènera sur la côte azuréenne. Bien que son ordination en 2016 ne soit pas une première en France, elle reste exceptionnelle. À ses côtés, Irad B., un ancien musulman, a lui aussi rejoint le séminaire, où il poursuit actuellement sa formation.
La dynamique de conversion des musulmans au christianisme est nouvelle, où la région Provence-Alpes-Côte d’Azur fait figure de laboratoire, avec ses parcours emblématiques, qui aboutissent jusqu’au sacerdoce. D’une certaine manière, elle renouvelle son héritage de terre de mission, puisque c’est par nos rivages méditerranéens que se serait opérée l’évangélisation de la France. Selon la tradition chrétienne, Lazare “le ressuscité”, Marthe et Marie-Madeleine, trois des plus proches disciples du Christ, débarquèrent avec Marie Jacobé et Marie Salomé en Camargue et formèrent alors les premières communautés chrétiennes du pays. Marthe deviendra la patronne du diocèse d’Avignon et de la ville de Tarascon, où elle aurait vécu. Marie-Madeleine sera celle du diocèse de Fréjus-Toulon ; un sanctuaire lui est dédié à la Sainte-Baume, où elle se serait retirée.
La Provence est placée sous sa protection depuis le XIVe siècle et ses reliques sont exposées dans la basilique de Saint-Maximin. À deux mille ans d’intervalle, deux Orient se retrouvent dans la région, devenue véritable terre de conversion.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Avril 2021 à 19:37
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