L'archimandrite Sabba (Toutounov): Conférence interconciliaire: résultats et perspectives
Les 22 et 23 novembre 2012, la deuxième assemblée plénière de la Conférence interconciliaire de l’Eglise orthodoxe russe s’est déroulée dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. L’archimandrite Sabba (Toutounov), responsable adjoint des services administratifs du patriarcat de Moscou, s’entretient avec Bogoslov.ru

L’archiprêtre Paul Velikanov : Père Sabba, les 22 et 23 novembre une assemblée plénière de la Conférence interconciliaire de l’Eglise orthodoxe russe s’est réunie. Les projets des documents examinés avaient été publiés sur le site Bogoslov.ru fin mai et discutés, certains ont suscité plus d'intérêt que d'autres. La discussion sur notre site a-t-elle aidé la Conférence ?

L’archimandrite Sabba (Toutounov) : Sans doute. Les débats sur Bogoslov.ru et d’autres sites ainsi que la discussion des documents envoyés dans les diocèses reflète le sens même de l’existence de la Conférence interconciliaire. J’entends par ceci la participation d’un plus grand nombre de personnes à la discussion des questions concernant la vie de l'Eglise et exigeant des décisions du Concile local ou du Saint Synode. On examine attentivement les réponses sur le site, elles sont ensuite systématisées, plusieurs d’entre elles ensuite présentées au patriarche et, enfin, on en tient compte lors de l'élaboration des documents.

L’archiprêtre Paul : Quel ordre suit-on pendant la rédaction des documents ? Quelle est la procédure avant l’adoption par les évêques au Concile et la publication officielle ?

L’archimandrite Sabba : C’est une procédure très élaborée. Voici ce qui qui se passe dans la commission que je dirige. Au début, la commission se réunit et examine le thème qui lui lui confié d’une manière générale : tous les membres expriment leurs opinions à propos de la résolution du problème donné (par exemple, « situation budgétaire des prêtres âgés et solitaires »). Ensuite, on installe un petit groupe de travail qui est chargé de rédiger la première version du document. Je sais que dans certaines commissions on fait appel à des experts : ainsi a-t-on procédé pendant l’élaboration du document sur la réhabilitation des toxicomanes. Ensuite, quand le document est prêt, soit il est renvoyé aux membres de la commission afin qu’on puisse, après avoir reçu leurs réactions, y apporter des corrections, soit, c’est à mon avis plus productif, les membres de la commission se réunissent pour discuter. Ce travail peut être assez long et les membres de la commission doivent parfois examiner plusieurs fois le projet : cela dépend de l’efficacité de chacun.

Le document est ensuite examiné par la commission de rédaction présidée par le patriarche. En effet, les commissions renvoient des textes de qualité souvent très différente : ainsi au niveau de la langue qu’au celui du contenu. La commission de rédaction corrige le document. Il arrive qu’il n’est pas du tout prêt à la publication : il est alors renvoyé dans la commission pour une correction complémentaire.

Si le document est bon, il est publié dans le réseau Internet et envoyé dans tous les diocèses. L’article du père Paul relate bien la discussion sur Internet. La discussion au niveau des diocèses est parfois très complexe. L’évêque charge soit un petit groupe de gens, soit tout le clergé diocésain d’écrire un rapport. Dans certains cas, on envoie le document dans toutes les doyennés. Maintenant nous recevons les rapports d’environ 20% de diocèses. Je dirais que c’est un bon résultat d’autant plus qu’il faut tenir compte d’une croissance considérable du nombre de diocèses lors de ces dernières années : les « jeunes » diocèses n’ont quasiment pas participé à la discussion bien qu’il y ait eu des exceptions.

Comme je l'ai déjà dit, tous les rapports sont ensuite systématisés, tout ce qui est superflu est supprimé. On transmet le résultat de nouveau à la commission de rédaction. Ainsi cette dernière version du document est examinée d’abord par le présidium et ensuite par l’Assemblée plénière de la Conférence interconciliaire.

L’archiprêtre Paul : Donc le document examiné à l’Assemblée plénière n’est plus celui qui est publié au début ?

L’archimandrite Sabba : Certes ! Sinon à quoi sert la publication ? Je pourrais dire que plusieurs rapports, ainsi du coté des diocèses que du coté des laïcs, étaient pris en compte en 2010, lors de la dernière Conférence, et cette fois-ci. Dans son discours d’ouverture de la Conférence, Sa Sainteté le patriarche Cyrille a parlé des principaux changements : lisez-les et vous verrez qu’ils ont subi des changements cardinaux.

L’archiprêtre Paul : Revenons au présidium…

L’archimandrite Sabba : Oui. Je pensais que le présidium ne serait qu’une formalité : une heure et tout le monde s’en va. Mais on siégeait pendant presque trois heures. En effet, l’ordre du jour du présidium comptant une trentaine de personnes - évêques, clergé et laïcs - supposait généralement l’approbation ou la désapprobation des documents pour l’examen à l’Assemblée plénière. Effectivement, le document sur le monachisme a été renvoyé dans la commission pour une discussion complémentaire. Le site Bogoslov.ru y a joué un rôle important. Mais les autres documents étaient discutés bien d'une manière approfondie. On n’a quasiment pas apporté de changements importants par rapport au travail de la commission de rédaction, mais la discussion au présidium a permis de préparer l’Assemblée plénière du lendemain : quelles sont les parties des documents suscitent les questions les plus importantes ?

L’archiprêtre Paul : Et enfin l’Assemblée plénière…

L’archimandrite Sabba : L’Assemblée plénière ? Il est difficile de transmettre l’atmosphère de cette réunion, il faut éprouver cela. Chaque question posée est examinée et discutée. S’il le fallait, l’assemblée de presque 150 personnes s’écartait du règlement pour que chaque problème ne reste pas oublié. Parfois un membre de l’assemblée peut tenir le micro pendant quelques dizaines de minutes et le patriarche qui préside l’Assemblée lui permet avec patience de parler. Quelques fois, à vrai dire, la discussion s’enflammait entre des membres particuliers de la Conférence, mais revenait vite sur son chemin. L’Assemblée plénière réunit des gens bien différents qui se complètent remarquablement dans les domaines de connaissances, de perception de la vie de l’Eglise, dans le plan émotionnel. Par exemple, le projet sur l’écologie a été à moitié réécrit par l’assemblée. Vraiment je n’attendais pas du tout une telle discussion sur cette question.

L’archiprêtre Paul : Et maintenant ? Les documents seront-ils publiés ?

L’archimandrite Sabba : Maintenant prions et laissons les évêques s’exprimer au Concile épiscopal qui devra donner à ces documents le statut d’un document d’Eglise et pas celui de projet. La procédure écrite dans les « Règles de la Conférence interconciliaire » ne prévoit pas une seconde publication après l’Assemblée plénière – la dernière fois nous ne les avons pas publié non plus. Maintenant c’est le moment pour que les hiérarques se réunissent pour réfléchir aux documents élaborés par la Conférence interconciliaire .

Bogoslov.ru

Traduction Dimitri Garmonov

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Décembre 2012 à 18:34 | 0 commentaire | Permalien



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