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Comme vous le savez, c’est un livre qui a eu un succès important en Russie. Il a été édité en anglais et l’ "Editions des Syrte" le publie le 21 mars prochain. Comme le souhaite « l’Edition des Syrtes », blog " Parlons d'orthodoxie" mettra en ligne les prochains jours les bonnes feuilles de bel ouvrage «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » Extraits traduit du russe par Maria-Luisa Bonaque
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« Voulant paraître à découvert à ceux qui le cherchent de tout leur coeur, et caché à ceux qui le fuient de tout leur coeur, il a tempéré la connaissance, en sorte qu’il a donné des marques de soi visibles à ceux qui le cherchent et non à ceux qui ne le cherchent pas. Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. » Blaise Pascal
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« Voulant paraître à découvert à ceux qui le cherchent de tout leur coeur, et caché à ceux qui le fuient de tout leur coeur, il a tempéré la connaissance, en sorte qu’il a donné des marques de soi visibles à ceux qui le cherchent et non à ceux qui ne le cherchent pas. Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. » Blaise Pascal
Né en 1958, l’archimandrite Tikhon Chevkounov est le supérieur du monastère de la Sainte-Rencontre à Moscou. Son livre dresse un tableau vivant de l’univers méconnu et caché de la vie des moines dans les vingt dernières années du xxe siècle. C’est un éloge de la vie monastique, de ces humbles héros des temps modernes, dans leur lutte contre le mal et l’illusion ; il y a parmi eux des ascètes, des mystiques, des excentriques, des rusés… Mais tous sont de bons chrétiens et, surtout, de profonds croyants. Servi par un texte plein de spontanéité et de simplicité, ce Journal fourmille de détails croqués sur le vif et décrits avec finesse et humour.
Saints de tous les jours met en évidence le statut spirituel fondamental occupé par le monachisme dans l’Église orthodoxe – statut bafoué pendant les années de communisme. Le lecteur éprouve sans cesse la lutte contre la force puissante de l’État athée qui veut éliminer l’Église millénaire de Russie, alors que transparaît la foi en la force de Dieu, capable de transformer les hommes quels qu’ils soient en « saints de tous les jours ». De ces récits se dégage l’idée-force de la confession, de la communion et de la prière ; on trouve, par exemple, un fragment de la prière de Soljenitsyne gardé par l’un des moines.
L’unité de l’oeuvre est fournie par la personnalité du narrateur, le père Tikhon,qui, sur le ton de la confidence, est toujours en quête de l’unique nécessaire – la prière – qui établit l’esprit dans la communion avec Dieu et avec ses semblables.Homme d’Église et de prière, l’auteur demeure cependant profondément enraciné dans son époque.
Commencements
C’est en 1982, à l’issue de mes études supérieures, que j’ai été baptisé. À l’âge de vingt-quatre ans. L’avais-je déjà été dans mon enfance ? Nul ne le savait. Il arrivait alors fréquemment que les grands-mères et les tantes baptisent un enfant à l’insu des parents incroyants. Dans le doute, le prêtre qui accomplissait le sacrement disait en slavon : « S ’il n’est pas baptisé que soit baptisé le serviteur de Dieu un tel… »
Comme beaucoup de mes amis je suis venu à la foi à Institut de cinématographie… Il comptait un bon nombre d’excellents professeurs qui nous donnaient une sérieuse formation humaniste et nous faisaient réfléchir sur les questions fondamentales de la vie.
À force de débattre de ces questions éternelles, des événements des siècles passés, des problèmes de nos années 1970-1980 dans les salles de cours,les foyers universitaires, les cafés miteux qu’affectionnent les étudiants ou pendant de longues balades nocturnes à travers les petites rues du vieux Moscou, nous avions acquis la ferme conviction que l’État nous trompait, et pas uniquement en nous imposant ses interprétations grossières et absurdes de l’histoire et de la politique. Nous comprenions fort bien que répondant à l’ordre impérieux d’on ne sait qui, tout visait à nous empêcher de nous faire notre propre jugement sur Dieu et sur l’Église.
Ces sujets pouvaient à la rigueur sembler totalement clairs à notre professeur d’athéisme ou à Marina, mon chef des pionniers.
Celle-ci répondait avec un aplomb absolu à ces questions, comme à n’importe quelle interrogation concernant la vie, d’ailleurs. Or nous découvrîmes peu à peu avec étonnement que tous les grands hommes de l’histoire russe ou universelle que nous avions intellectuellement contrés lors de nos études, en qui nous confiions, que nous aimions et respections avaient réfléchi sur Dieu d’une tout autre manière. Ou pour le dire plus simplement qu’ils étaient croyants. Dostoïevski, Kant, Pouchkine, Tolstoï, Goethe, Pascal, Hegel, Lossev, impossible de tous les énumérer. Sans compter les savants : Newton, Planck, Linné, Mendeleïev.
Comme nous n’étions pas des scientifiques, nous les connaissions moins, mais cela ne changeait rien au tableau. Bien sûr, ces hommes pouvaient avoir une perception de Dieu différente. Mais de toute façon, pour la majorité d’entre eux, la question existentielle la plus importante, la plus complexe aussi qui se posait à eux était celle de la foi.
En revanche, les personnages qui n’éveillaient en nous aucune sympathie et que, dans les destinées de la Russie et de l’histoire universelle, nous associions aux faits les plus funestes et répugnants – Marx, Lénine, Trotsky, Hitler, les dirigeants de notre État athée, les révolutionnaires destructeurs –, tous, comme un seul homme, étaient des incroyants. Et c’est alors qu’une autre question, grossièrement mais nettement formulée par la vie, avait surgi à nos yeux : soit les Pouchkine, les Dostoïevski et les Newton étaient si primitifs et bornés qu’ils n’avaient pu démêler la chose et s’étaient révélés tout simplement idiots, soit c’étaient le chef des pionniers et nous-mêmes
qui étions tous des imbéciles. Voilà qui donnait du grain à moudre à nos jeunes esprits.
Saints de tous les jours met en évidence le statut spirituel fondamental occupé par le monachisme dans l’Église orthodoxe – statut bafoué pendant les années de communisme. Le lecteur éprouve sans cesse la lutte contre la force puissante de l’État athée qui veut éliminer l’Église millénaire de Russie, alors que transparaît la foi en la force de Dieu, capable de transformer les hommes quels qu’ils soient en « saints de tous les jours ». De ces récits se dégage l’idée-force de la confession, de la communion et de la prière ; on trouve, par exemple, un fragment de la prière de Soljenitsyne gardé par l’un des moines.
L’unité de l’oeuvre est fournie par la personnalité du narrateur, le père Tikhon,qui, sur le ton de la confidence, est toujours en quête de l’unique nécessaire – la prière – qui établit l’esprit dans la communion avec Dieu et avec ses semblables.Homme d’Église et de prière, l’auteur demeure cependant profondément enraciné dans son époque.
Commencements
C’est en 1982, à l’issue de mes études supérieures, que j’ai été baptisé. À l’âge de vingt-quatre ans. L’avais-je déjà été dans mon enfance ? Nul ne le savait. Il arrivait alors fréquemment que les grands-mères et les tantes baptisent un enfant à l’insu des parents incroyants. Dans le doute, le prêtre qui accomplissait le sacrement disait en slavon : « S ’il n’est pas baptisé que soit baptisé le serviteur de Dieu un tel… »
Comme beaucoup de mes amis je suis venu à la foi à Institut de cinématographie… Il comptait un bon nombre d’excellents professeurs qui nous donnaient une sérieuse formation humaniste et nous faisaient réfléchir sur les questions fondamentales de la vie.
À force de débattre de ces questions éternelles, des événements des siècles passés, des problèmes de nos années 1970-1980 dans les salles de cours,les foyers universitaires, les cafés miteux qu’affectionnent les étudiants ou pendant de longues balades nocturnes à travers les petites rues du vieux Moscou, nous avions acquis la ferme conviction que l’État nous trompait, et pas uniquement en nous imposant ses interprétations grossières et absurdes de l’histoire et de la politique. Nous comprenions fort bien que répondant à l’ordre impérieux d’on ne sait qui, tout visait à nous empêcher de nous faire notre propre jugement sur Dieu et sur l’Église.
Ces sujets pouvaient à la rigueur sembler totalement clairs à notre professeur d’athéisme ou à Marina, mon chef des pionniers.
Celle-ci répondait avec un aplomb absolu à ces questions, comme à n’importe quelle interrogation concernant la vie, d’ailleurs. Or nous découvrîmes peu à peu avec étonnement que tous les grands hommes de l’histoire russe ou universelle que nous avions intellectuellement contrés lors de nos études, en qui nous confiions, que nous aimions et respections avaient réfléchi sur Dieu d’une tout autre manière. Ou pour le dire plus simplement qu’ils étaient croyants. Dostoïevski, Kant, Pouchkine, Tolstoï, Goethe, Pascal, Hegel, Lossev, impossible de tous les énumérer. Sans compter les savants : Newton, Planck, Linné, Mendeleïev.
Comme nous n’étions pas des scientifiques, nous les connaissions moins, mais cela ne changeait rien au tableau. Bien sûr, ces hommes pouvaient avoir une perception de Dieu différente. Mais de toute façon, pour la majorité d’entre eux, la question existentielle la plus importante, la plus complexe aussi qui se posait à eux était celle de la foi.
En revanche, les personnages qui n’éveillaient en nous aucune sympathie et que, dans les destinées de la Russie et de l’histoire universelle, nous associions aux faits les plus funestes et répugnants – Marx, Lénine, Trotsky, Hitler, les dirigeants de notre État athée, les révolutionnaires destructeurs –, tous, comme un seul homme, étaient des incroyants. Et c’est alors qu’une autre question, grossièrement mais nettement formulée par la vie, avait surgi à nos yeux : soit les Pouchkine, les Dostoïevski et les Newton étaient si primitifs et bornés qu’ils n’avaient pu démêler la chose et s’étaient révélés tout simplement idiots, soit c’étaient le chef des pionniers et nous-mêmes
qui étions tous des imbéciles. Voilà qui donnait du grain à moudre à nos jeunes esprits.
Dans ces années-là, la vaste bibliothèque de notre institut ne comptait ni Bible ni écrits d’hommes d’Église ou d’écrivains religieux, bien entendu. Les informations à la source sur la foi devaient être glanées soit dans les manuels d’athéisme, soit dans les oeuvres des philosophes classiques. Les grands écrivains russes eurent aussi une immense influence sur nous. J’aimais beaucoup assister aux offices du soir dans les églises de Moscou, même si je n’y comprenais pas grand-chose.
Ma première lecture de la Bible me fit forte impression. Je l’avais empruntée à un baptiste et reportais toujours le moment de la lui rendre tant je comprenais que plus jamais je ne retrouverais un pareil trésor. Le baptiste n’insistait absolument pas d’ailleurs pour la récupérer. Il essaya pendant plusieurs mois de me convertir. Leur maison de prières, rue Mali-Vouzovski, m’avait déplu au premier coup d’oeil, mais je suis jusqu’à ce jour reconnaissant à cet homme sincère de m’avoir permis de garder son livre. Comme tous les jeunes gens, mes amis et moi passions pas mal de temps à discuter, notamment de la foi et de Dieu, et à lire les Saintes Écritures que j’avais réussi à me procurer ainsi que les ouvrages religieux qui nous tombaient parfois sous la main. Mais la majorité d’entre nous hésitaient à se faire baptiser et à faire partie de l’Église : ayant dans notre âme ce qui s’appelait Dieu, nous pensions pouvoir parfaitement nous passer d’elle.
Et cela aurait pu durer si la signification de l’Église et sa nécessité ne nous avaient été un jour très clairement montrées.
L’histoire de l’art non russe nous était enseignée par Paola Dmitrievna Volkova. Ses cours étaient très intéressants, mais, étant probablement ellemême en recherche, elle nous racontait aussi beaucoup de choses sur ses propres expériences spirituelles et mystiques. Elle consacra, par exemple, un ou deux cours au Yi-King, le vieux livre chinois de divinations. Paola apporta même des baguettes de santal et de bambou et nous apprit à les utiliser pour lire l’avenir. Un autre cours concernait un domaine connu d’un cercle restreint de spécialistes : celui des investigations menées pendant de longues années par les grands savants russes Mendeleïev et Vernadski sur le spiritisme. Et bien que Paola nous eût prévenus que se livrer à un tel type d’expériences pouvait être lourd de conséquences tout à fait imprévisibles, nous nous élançâmes avec toute la curiosité de la jeunesse vers ces sphères mystérieuses
et captivantes. [...] ....à suivre
...........................................................
Éditions des Syrtes
74, rue de Sèvres, 75007 Paris
01 56 58 66 66 – edifin@worldonline.fr
www.editions-syrtes.fr
Ma première lecture de la Bible me fit forte impression. Je l’avais empruntée à un baptiste et reportais toujours le moment de la lui rendre tant je comprenais que plus jamais je ne retrouverais un pareil trésor. Le baptiste n’insistait absolument pas d’ailleurs pour la récupérer. Il essaya pendant plusieurs mois de me convertir. Leur maison de prières, rue Mali-Vouzovski, m’avait déplu au premier coup d’oeil, mais je suis jusqu’à ce jour reconnaissant à cet homme sincère de m’avoir permis de garder son livre. Comme tous les jeunes gens, mes amis et moi passions pas mal de temps à discuter, notamment de la foi et de Dieu, et à lire les Saintes Écritures que j’avais réussi à me procurer ainsi que les ouvrages religieux qui nous tombaient parfois sous la main. Mais la majorité d’entre nous hésitaient à se faire baptiser et à faire partie de l’Église : ayant dans notre âme ce qui s’appelait Dieu, nous pensions pouvoir parfaitement nous passer d’elle.
Et cela aurait pu durer si la signification de l’Église et sa nécessité ne nous avaient été un jour très clairement montrées.
L’histoire de l’art non russe nous était enseignée par Paola Dmitrievna Volkova. Ses cours étaient très intéressants, mais, étant probablement ellemême en recherche, elle nous racontait aussi beaucoup de choses sur ses propres expériences spirituelles et mystiques. Elle consacra, par exemple, un ou deux cours au Yi-King, le vieux livre chinois de divinations. Paola apporta même des baguettes de santal et de bambou et nous apprit à les utiliser pour lire l’avenir. Un autre cours concernait un domaine connu d’un cercle restreint de spécialistes : celui des investigations menées pendant de longues années par les grands savants russes Mendeleïev et Vernadski sur le spiritisme. Et bien que Paola nous eût prévenus que se livrer à un tel type d’expériences pouvait être lourd de conséquences tout à fait imprévisibles, nous nous élançâmes avec toute la curiosité de la jeunesse vers ces sphères mystérieuses
et captivantes. [...] ....à suivre
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Rédigé par Éditions des Syrtes le 19 Janvier 2013 à 18:06
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