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Par le père Nicolas Kisselhoff
Catholicité: l’accord parfait entre l’unité et la diversité
Le grand théologien Vladimir Lossky (1903-1958) écrit dans son livre « À l'image et à la ressemblance de Dieu » que la « Catholicité », troisième attribut de l'Église selon le Credo de Nicée-Constantinople, ne renvoie ni à l'« universalité » ni à l'« œcuménicité » mais au mode de vie même de la Sainte Trinité. C'est le subtil équilibre entre l'unité dans le Corps du Christ et la diversité offerte par le Saint-Esprit lors de la Pentecôte : « La catholicité est un lien rattachant l’Église à Dieu qui se révèle à elle comme Trinité, en lui conférant le mode d’existence propre à l’unité-diversité divine, un ordre de vie “à l’image de la Trinité”.
Catholicité: l’accord parfait entre l’unité et la diversité
Le grand théologien Vladimir Lossky (1903-1958) écrit dans son livre « À l'image et à la ressemblance de Dieu » que la « Catholicité », troisième attribut de l'Église selon le Credo de Nicée-Constantinople, ne renvoie ni à l'« universalité » ni à l'« œcuménicité » mais au mode de vie même de la Sainte Trinité. C'est le subtil équilibre entre l'unité dans le Corps du Christ et la diversité offerte par le Saint-Esprit lors de la Pentecôte : « La catholicité est un lien rattachant l’Église à Dieu qui se révèle à elle comme Trinité, en lui conférant le mode d’existence propre à l’unité-diversité divine, un ordre de vie “à l’image de la Trinité”.
C’est pourquoi toute erreur dogmatique sur la Trinité trouvera nécessairement son expression dans la conception de la catholicité de l’Église, se traduira par un changement profond de l’organisme ecclésiastique. Et vice versa : si une personne, un groupe ou toute une église locale trahit dans ses voies historiques l’accord parfait entre l’unité et la diversité, cet écart de la vraie catholicité sera un indice sûr d’un obscurcissement dans la connaissance de la Sainte Trinité. »
La théologie Orthodoxe distingue clairement trois notions pour parler de la Trinité : la nature (ousia), les personnes (hypostasis) et les énergies. D'une part, « il n’y a pas de nature impersonnelle, comme il n’y a pas de personnes non consubstantielles (même nature). La nature une et les trois hypostases se présentent en même temps à notre esprit, sans que l’une soit antérieure aux autres, ou vice-versa. »
D'autre part, « Dieu étant inconnaissable en ce qu’Il est, la théologie orthodoxe fait une distinction entre l’essence et les énergies, la nature inaccessible de la Sainte Trinité et ses “processions naturelles”. […] Ce terme technique [les énergies] de la théologie byzantine, désignant un mode d’exister divin en dehors de l’essence, n’introduit pas une nouvelle notion philosophique étrangère à la Révélation. La Bible, dans son langage concret, ne nous dit pas autre chose, lorsqu’elle nous parle de la gloire de Dieu, gloire aux noms innombrables qui environne l’Être inaccessible de Dieu, en Le faisant connaître en dehors de Lui-même, tout en Le dissimulant en ce qu’Il est en Soi. C’est la gloire éternelle propre aux Trois Personnes, celle que le Fils avait avant que le monde ne fût. Et lorsqu’on parle des énergies divines en rapport avec les êtres humains auxquels elles sont communiquées, données, appropriées, cette réalité divine et incréée en nous s’appelle la grâce. »
Le filioquisme ne laisse plus de place pour les énergies de la Trinité
Or, en Occident, sous l'influence de saint Augustin, des théologiens carolingiens, de saint Thomas d'Aquin…, il s'est élaboré une autre conception de la triadologie (théologie de la Sainte Trinité) basée sur des relations d'opposition qui, par principe, ne peuvent concerner que deux personnes à la fois. On aboutit alors à un premier couple : Père – Fils, puis à un second “Père-Fils” – Esprit Saint, et selon la formule latine : le Saint- Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe (a Patre Filioque, tanquam ab uno prinicipio) que l'on retrouve dans le catéchisme de l'Église Catholique-romaine § 246 citant le Concile de Florence de 1439. Cela détruit la « simplicité » de la Sainte Trinité, rompant l'identité de nature des trois Hypostases. Par ailleurs « le filioquisme, comme doctrine de la procession hypostatique du Saint-Esprit du Père et du Fils comme d’un seul principe, trouve son expression nette et définitivement explicitée aux grands siècles de la scolastique. Après les conciles de Lyon et de Florence, il ne restera plus de possibilité d’interpréter la formule latine de la procession du Saint-Esprit dans le sens de manifestation éternelle de la divinité. Du même fait, il deviendra impossible, pour les théologiens catholiques romains, d’admettre la manifestation énergétique de la Trinité, sans porter atteinte à la simplicité divine. Il n’y aura plus de place pour les énergies de la Trinité : en dehors de l’essence divine, rien que des effets créés, actes de la volonté analogues à l’acte de la création. Les théologiens occidentaux devront professer le caractère créé de la gloire et de la grâce sanctifiante, renoncer à la déification et, en cela, ils seront très conséquent avec les prémisses de leur triadologie. »
Ces questions sont toujours d'actualité puisque le 13 septembre 1995, le « Conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens » publiait dans l'Observatore romano une « Clarification » intitulée « Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit » (texte traduit dans La documentation catholique n° 2125 du 5 novembre 1995, p. 941-945), et dont Jean- Claude LARCHET a fait le commentaire.
Titres de VG
D'après l'édito du Bulletin n° 35 de la Communauté orthodoxe de Compiègne. Avril 2012
La théologie Orthodoxe distingue clairement trois notions pour parler de la Trinité : la nature (ousia), les personnes (hypostasis) et les énergies. D'une part, « il n’y a pas de nature impersonnelle, comme il n’y a pas de personnes non consubstantielles (même nature). La nature une et les trois hypostases se présentent en même temps à notre esprit, sans que l’une soit antérieure aux autres, ou vice-versa. »
D'autre part, « Dieu étant inconnaissable en ce qu’Il est, la théologie orthodoxe fait une distinction entre l’essence et les énergies, la nature inaccessible de la Sainte Trinité et ses “processions naturelles”. […] Ce terme technique [les énergies] de la théologie byzantine, désignant un mode d’exister divin en dehors de l’essence, n’introduit pas une nouvelle notion philosophique étrangère à la Révélation. La Bible, dans son langage concret, ne nous dit pas autre chose, lorsqu’elle nous parle de la gloire de Dieu, gloire aux noms innombrables qui environne l’Être inaccessible de Dieu, en Le faisant connaître en dehors de Lui-même, tout en Le dissimulant en ce qu’Il est en Soi. C’est la gloire éternelle propre aux Trois Personnes, celle que le Fils avait avant que le monde ne fût. Et lorsqu’on parle des énergies divines en rapport avec les êtres humains auxquels elles sont communiquées, données, appropriées, cette réalité divine et incréée en nous s’appelle la grâce. »
Le filioquisme ne laisse plus de place pour les énergies de la Trinité
Or, en Occident, sous l'influence de saint Augustin, des théologiens carolingiens, de saint Thomas d'Aquin…, il s'est élaboré une autre conception de la triadologie (théologie de la Sainte Trinité) basée sur des relations d'opposition qui, par principe, ne peuvent concerner que deux personnes à la fois. On aboutit alors à un premier couple : Père – Fils, puis à un second “Père-Fils” – Esprit Saint, et selon la formule latine : le Saint- Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe (a Patre Filioque, tanquam ab uno prinicipio) que l'on retrouve dans le catéchisme de l'Église Catholique-romaine § 246 citant le Concile de Florence de 1439. Cela détruit la « simplicité » de la Sainte Trinité, rompant l'identité de nature des trois Hypostases. Par ailleurs « le filioquisme, comme doctrine de la procession hypostatique du Saint-Esprit du Père et du Fils comme d’un seul principe, trouve son expression nette et définitivement explicitée aux grands siècles de la scolastique. Après les conciles de Lyon et de Florence, il ne restera plus de possibilité d’interpréter la formule latine de la procession du Saint-Esprit dans le sens de manifestation éternelle de la divinité. Du même fait, il deviendra impossible, pour les théologiens catholiques romains, d’admettre la manifestation énergétique de la Trinité, sans porter atteinte à la simplicité divine. Il n’y aura plus de place pour les énergies de la Trinité : en dehors de l’essence divine, rien que des effets créés, actes de la volonté analogues à l’acte de la création. Les théologiens occidentaux devront professer le caractère créé de la gloire et de la grâce sanctifiante, renoncer à la déification et, en cela, ils seront très conséquent avec les prémisses de leur triadologie. »
Ces questions sont toujours d'actualité puisque le 13 septembre 1995, le « Conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens » publiait dans l'Observatore romano une « Clarification » intitulée « Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit » (texte traduit dans La documentation catholique n° 2125 du 5 novembre 1995, p. 941-945), et dont Jean- Claude LARCHET a fait le commentaire.
Titres de VG
D'après l'édito du Bulletin n° 35 de la Communauté orthodoxe de Compiègne. Avril 2012
Rédigé par V.Golovanow le 5 Mai 2012 à 18:01
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