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Depuis longtemps P.O. s'efforce de suivre, autant que possible, la situation des chrétiens en Chine populaire. Ne perdons pas l'espoir. 78 Résultats pour votre recherche
La Chine et le Saint-Siège ont annoncé samedi 22 septembre la signature d’un accord « provisoire » concernant la nomination des évêques, mettant fin à un schisme qui date de 1957. Ce rapprochement historique est « le début d’un processus », selon le Vatican.
6 questions pour comprendre
1/Que dit l’accord ?
« L’objectif de cet accord n’est pas politique mais pastoral », a expliqué Greg Burke, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, pour qui il s’agit « de permettre aux fidèles d’avoir des évêques en communion avec Rome mais, dans le même temps, reconnus par les autorités chinoises ».
La Chine et le Saint-Siège ont annoncé samedi 22 septembre la signature d’un accord « provisoire » concernant la nomination des évêques, mettant fin à un schisme qui date de 1957. Ce rapprochement historique est « le début d’un processus », selon le Vatican.
6 questions pour comprendre
1/Que dit l’accord ?
« L’objectif de cet accord n’est pas politique mais pastoral », a expliqué Greg Burke, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, pour qui il s’agit « de permettre aux fidèles d’avoir des évêques en communion avec Rome mais, dans le même temps, reconnus par les autorités chinoises ».
Ses modalités, et notamment le degré d’implication des autorités chinoises dans le processus de nomination des évêques, n’ont pas été divulguées, par souci de donner de la souplesse à un accord qui, ont annoncé les deux parties, sera amené à être périodiquement révisé.
« Ce n’est pas la fin d’un processus. C’est le début », a insisté Greg Burke, tandis que le père Antonio Spadaro, jésuite proche du pape et fin connaisseur de la Chine, souligne qu’« il est nécessaire de prendre le temps pour construire un rapport de confiance ». « Il y a besoin d’unité, de confiance et d’un nouvel élan », a affirmé de son côté le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, dans une déclaration vidéo diffusée à Vilnius où il accompagne le pape dans son voyage dans les pays baltes.
2/Est-ce la fin du schisme de l’Église en Chine ?
Le cardinal Parolin soulignait samedi la portée historique de cet accord : « Pour la première fois depuis tant de décennies, aujourd’hui tous les évêques en Chine sont en communion avec l’évêque de Rome. »
Concrètement, le pape a accepté de lever les excommunications qui pesaient sur sept évêques chinois ordonnés sans mandat pontifical, les réintégrant ainsi dans la pleine communion de l’Église (1). Parmi eux, figure Mgr Joseph Guo Jincai, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Chine – organe de l’Église officielle. Celui-ci se voit officiellement reconnaître son diocèse de Chengde, érigé ce même samedi par le pape. Il s’agissait d’un diocèse créé en 1955 par les autorités chinoises mais non reconnu jusqu’ici par le Saint-Siège.
Le doute subsiste toutefois sur le sort et l’avenir des évêques reconnus par le Vatican mais non par les autorités chinoises.
3/ Quels sont les avantages pour l’Église ?
Selon la presse officielle chinoise, l’accord est surtout gagnant pour l’Église catholique. Dès avant l’annonce de la signature, le Global Times, quotidien en anglais du Parti communiste, soulignait que Pékin a fait toutes les concessions possibles. Y compris en rappelant que « le Saint-Siège reconnaît Taïwan ».
L’accord pourrait aider à unifier les communautés « officielles » et « clandestines » de ce qui apparaissait déjà, depuis plusieurs années, comme une unique Église catholique en Chine. De fait, à l’exception des sept dont l’excommunication a été levée, la plupart des évêques étaient déjà consacrés avec l’accord tacite de Rome et de Pékin.
L’un des risques de la politique chinoise réside toutefois dans la « sinisation » des religions à laquelle veut aboutir le régime. Le terme peut recouvrir des réalités différentes et ses opposants craignent qu’elle aboutisse à une mainmise du Parti sur une Église vidée de son contenu spirituel pour devenir une vague ONG.
4/ Quels sont les avantages pour la Chine ?
Cet accord est aussi une victoire diplomatique chinoise. Certes, pour le président Xi Jinping, les 12 millions de catholiques du pays ne sont pas une priorité au milieu de l’immense population chinoise. Mais alors que les 50 millions de protestants sont perçus comme difficilement contrôlables et influençables par les États-Unis, les catholiques apparaissent comme un facteur d’harmonie sociale grâce, notamment, à leurs œuvres caritatives et à une hiérarchie clairement établie.
Sur le plan international, alors que le président américain Trump a fait de Pékin un adversaire désigné, l’accord avec le Saint-Siège permet à la Chine de sortir du face à face auquel l’Amérique veut la contraindre. La signature avec un leader moral comme le pape François – qui apparaît comme un anti-Trump et partage le souci de défense du multilatéralisme de la Chine – donne ainsi un poids beaucoup plus important aux catholiques chinois. Pour Xi Jinping, se poser en champion du multilatéralisme et du dialogue face à Donald Trump vaut bien une messe.
5/ L’ingérence d’un gouvernement dans les nominations épiscopales est-elle gênante ?
Jusqu’ici, la Chine avait toujours considéré l’intervention papale dans les nominations épiscopales comme une « ingérence étrangère » dans ses « affaires internes ». En s’accordant avec le Saint-Siège, elle fait donc une importante concession.
En outre, ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement est invité à participer au processus de nomination des évêques : c’est le cas dans une douzaine de pays, dont la France, où le gouvernement garde un droit de veto sur les nominations épiscopales. En Alsace-Moselle, où le régime concordataire reste en vigueur, l’archevêque de Strasbourg et l’évêque de Metz sont même toujours nommés par un décret du président de la République.
6/ Rome ferme-t-elle les yeux sur les persécutions en Chine ?
La principale inconnue de l’accord est sa mise en œuvre sur le terrain : ces dernières années, le zèle de certaines autorités locales chinoises ou d’une administration des religions qui refuse de devoir perdre son pouvoir absolu sur l’Église ont souvent créé la tension entre Rome et Pékin. Néanmoins, gouvernement chinois et Saint-Siège étant désormais appelés à travailler ensemble à la nomination des évêques, il sera aussi plus facile pour Rome de mettre Pékin devant ses responsabilités en cas de litige.
Ce débat rappelle celui de l’Ostpolitik vaticane dans les années 1960. Dès le pontificat de Jean XXIII, à l’instigation du cardinal Stefan Wyszyński, archevêque de Varsovie, le Vatican avait rompu les relations avec les gouvernements en exil de la Pologne et de la Lituanie – pays où le pape était justement en voyage quand l’accord Chine-Vatican a été annoncé…
En Occident, beaucoup ont critiqué ce rapprochement avec les « Rouges » mais, en Pologne, l’Église gagna une réelle autonomie. Et quand les choses se tendirent, elle était suffisamment puissante pour s’imposer en interlocuteur du gouvernement communiste. Celui-ci, trouvant finalement le cardinal Wyszyński trop peu malléable, décida alors de se tourner vers un autre interlocuteur jugé plus accommodant : Mgr Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie.
La Croix
« Ce n’est pas la fin d’un processus. C’est le début », a insisté Greg Burke, tandis que le père Antonio Spadaro, jésuite proche du pape et fin connaisseur de la Chine, souligne qu’« il est nécessaire de prendre le temps pour construire un rapport de confiance ». « Il y a besoin d’unité, de confiance et d’un nouvel élan », a affirmé de son côté le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, dans une déclaration vidéo diffusée à Vilnius où il accompagne le pape dans son voyage dans les pays baltes.
2/Est-ce la fin du schisme de l’Église en Chine ?
Le cardinal Parolin soulignait samedi la portée historique de cet accord : « Pour la première fois depuis tant de décennies, aujourd’hui tous les évêques en Chine sont en communion avec l’évêque de Rome. »
Concrètement, le pape a accepté de lever les excommunications qui pesaient sur sept évêques chinois ordonnés sans mandat pontifical, les réintégrant ainsi dans la pleine communion de l’Église (1). Parmi eux, figure Mgr Joseph Guo Jincai, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Chine – organe de l’Église officielle. Celui-ci se voit officiellement reconnaître son diocèse de Chengde, érigé ce même samedi par le pape. Il s’agissait d’un diocèse créé en 1955 par les autorités chinoises mais non reconnu jusqu’ici par le Saint-Siège.
Le doute subsiste toutefois sur le sort et l’avenir des évêques reconnus par le Vatican mais non par les autorités chinoises.
3/ Quels sont les avantages pour l’Église ?
Selon la presse officielle chinoise, l’accord est surtout gagnant pour l’Église catholique. Dès avant l’annonce de la signature, le Global Times, quotidien en anglais du Parti communiste, soulignait que Pékin a fait toutes les concessions possibles. Y compris en rappelant que « le Saint-Siège reconnaît Taïwan ».
L’accord pourrait aider à unifier les communautés « officielles » et « clandestines » de ce qui apparaissait déjà, depuis plusieurs années, comme une unique Église catholique en Chine. De fait, à l’exception des sept dont l’excommunication a été levée, la plupart des évêques étaient déjà consacrés avec l’accord tacite de Rome et de Pékin.
L’un des risques de la politique chinoise réside toutefois dans la « sinisation » des religions à laquelle veut aboutir le régime. Le terme peut recouvrir des réalités différentes et ses opposants craignent qu’elle aboutisse à une mainmise du Parti sur une Église vidée de son contenu spirituel pour devenir une vague ONG.
4/ Quels sont les avantages pour la Chine ?
Cet accord est aussi une victoire diplomatique chinoise. Certes, pour le président Xi Jinping, les 12 millions de catholiques du pays ne sont pas une priorité au milieu de l’immense population chinoise. Mais alors que les 50 millions de protestants sont perçus comme difficilement contrôlables et influençables par les États-Unis, les catholiques apparaissent comme un facteur d’harmonie sociale grâce, notamment, à leurs œuvres caritatives et à une hiérarchie clairement établie.
Sur le plan international, alors que le président américain Trump a fait de Pékin un adversaire désigné, l’accord avec le Saint-Siège permet à la Chine de sortir du face à face auquel l’Amérique veut la contraindre. La signature avec un leader moral comme le pape François – qui apparaît comme un anti-Trump et partage le souci de défense du multilatéralisme de la Chine – donne ainsi un poids beaucoup plus important aux catholiques chinois. Pour Xi Jinping, se poser en champion du multilatéralisme et du dialogue face à Donald Trump vaut bien une messe.
5/ L’ingérence d’un gouvernement dans les nominations épiscopales est-elle gênante ?
Jusqu’ici, la Chine avait toujours considéré l’intervention papale dans les nominations épiscopales comme une « ingérence étrangère » dans ses « affaires internes ». En s’accordant avec le Saint-Siège, elle fait donc une importante concession.
En outre, ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement est invité à participer au processus de nomination des évêques : c’est le cas dans une douzaine de pays, dont la France, où le gouvernement garde un droit de veto sur les nominations épiscopales. En Alsace-Moselle, où le régime concordataire reste en vigueur, l’archevêque de Strasbourg et l’évêque de Metz sont même toujours nommés par un décret du président de la République.
6/ Rome ferme-t-elle les yeux sur les persécutions en Chine ?
La principale inconnue de l’accord est sa mise en œuvre sur le terrain : ces dernières années, le zèle de certaines autorités locales chinoises ou d’une administration des religions qui refuse de devoir perdre son pouvoir absolu sur l’Église ont souvent créé la tension entre Rome et Pékin. Néanmoins, gouvernement chinois et Saint-Siège étant désormais appelés à travailler ensemble à la nomination des évêques, il sera aussi plus facile pour Rome de mettre Pékin devant ses responsabilités en cas de litige.
Ce débat rappelle celui de l’Ostpolitik vaticane dans les années 1960. Dès le pontificat de Jean XXIII, à l’instigation du cardinal Stefan Wyszyński, archevêque de Varsovie, le Vatican avait rompu les relations avec les gouvernements en exil de la Pologne et de la Lituanie – pays où le pape était justement en voyage quand l’accord Chine-Vatican a été annoncé…
En Occident, beaucoup ont critiqué ce rapprochement avec les « Rouges » mais, en Pologne, l’Église gagna une réelle autonomie. Et quand les choses se tendirent, elle était suffisamment puissante pour s’imposer en interlocuteur du gouvernement communiste. Celui-ci, trouvant finalement le cardinal Wyszyński trop peu malléable, décida alors de se tourner vers un autre interlocuteur jugé plus accommodant : Mgr Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie.
La Croix
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Septembre 2018 à 16:42
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