A l'occasion de la mémoire de saint Alexis, métropolite de Kiev et de Moscou, saint patron du défunt patriarche, et dans l'approche du Grand Carême, nous vous proposons le texte intégral du message, adressé par le patriarche Alexis II aux fidèles de l'Église orthodoxe russe pour le Dimanche du Pardon 1993. Ce message, traduit en français par le père Serge Model, a été publié dans le numéro 12 (novembre-décembre 2008) du Messager de l'Église orthodoxe russe. Le patriarche y demande pardon pour les faiblesses de l'Église orthodoxe face aux autorités civiles durant la période soviétique. Ce texte constitue une réponse éloquente à tous ceux qui reprochaient à l'Église russe son absence de repentir pour l’attitude de certains de ses membres à l’époque de la persécution.
Maintenant commence le temps de la pénitence. Commencent les jours du grand Carême, particulièrement chers à chaque chrétien orthodoxe, lorsque la sainte Église nous appelle à l’abstinence, à la sobriété, aux bonnes actions, à une prière instante, à une réflexion sur nous-mêmes et aux larmes pour nos péchés.
C’est justement maintenant, quand nous entrons dans le grand Carême, que résonnent en nos cœurs, avec une force particulière, les paroles du Seigneur: « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15) ; « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est proche » (Mt 4, 17).
Récemment, lors de la célébration du six-centième anniversaire du repos bienheureux de saint Serge de Radonège, l’Église a appelé au repentir le peuple tout entier, après de longues années d’apostasie.
Aujourd’hui, je m’adresse à vous, pensant particulièrement à ceux qui sont entrés il y a peu au sein de l’Église-Mère et qui doivent encore apprendre son enseignement et ses traditions dans toute leur profondeur. Le Seigneur est proche (Phil 4, 5). Chaque jour, à chaque heure de notre vie, nous devons être prêts à le rencontrer, à lui rendre compte de ce que nous avons accompli. C’est pourquoi, nous devons rejeter aujourd’hui tout péché, tout mensonge, tout compromis avec notre propre conscience.
Notre Sauveur souhaite que nous soyons moralement parfaits (Mt 5, 48). Mais aucun effort, aucun exploit ne peut permettre à l’homme d’atteindre cette perfection sans Dieu. Nos péchés surpassent nos bonnes œuvres, et le salut par nos propres forces nous est impossible (Mt 19, 26). Mais il est possible à notre Dieu qui, dans sa miséricorde, pardonne la multitude de nos péchés, nous rend capables d’une vie juste et sainte, et dignes d’entrer dans son Royaume éternel.
Chacun de nous a de quoi se repentir devant le Seigneur. Nous portons nombre de péchés personnels, de péchés quotidiens, de chaque instant, commis en action, en parole ou en pensée, volontairement ou non, sciemment ou par ignorance. Nous sommes coupables de négligence envers notre Église orthodoxe, d’oubli de la prière et de la piété, d’absence de diligence dans l’instruction spirituelle de notre peuple, dans le salut de nos proches. Nous nous trouvons dans un état d’affaiblissement spirituel au moment même où notre parole et nos actions sont attendues par des millions de personnes en quête spirituelle.
Nous demandons pardon pour ceux d’entre nous qui, par faiblesse, n’ont pas assez fermement défendu la foi à l’époque des persécutions, voire, qu’à Dieu ne plaise, ont imité les persécuteurs qui foulaient aux pieds l’Église de Dieu, provoquant des souffrances considérables et la mort de chrétiens. Aujourd’hui, quand autour de nous s’étend une mer de souffrances, nous sommes coupables devant chaque personne qui souffre, parce que nous ne l’avons pas réchauffée par la chaleur de notre cœur, que nous ne nous sommes pas toujours sacrifiés pour son bien.
Notre peuple, naguère pieux et fidèle au Seigneur, a perdu la capacité de discernement et a oublié ses orientations éthiques. La paresse et l’orgueil peccamineux, l’engouement pour les visions immorales et le culte de la violence, l’absence d’éthique en politique et en économie, ont assujetti nombre d’entre nous. La famille – fondement séculaire de la vie sociale et source de sa prospérité, à travers laquelle se transmettait de génération en génération l’esprit de piété et les bases éthiques – est en voie de destruction.
Dans les discussions sur l’avenir des États dans lesquels nous vivons, dans la recherche de leurs modes de gouvernement, nombre d’entre nous se sont endurcis, ont perdu patience, ont commencé à s’humilier et à s’insulter mutuellement, s’enivrant de l’illusion de leur propre justesse. Nous avons permis que le sang coule en beaucoup de lieux où, récemment encore, régnaient la paix et la concorde. Les peuples s’opposent aux peuples, les États aux États. De plus en plus de gens s’engagent sur la voie du brigandage, du pillage et d’autres crimes.
Le souci du pain quotidien a été remplacé chez nous par la course aux richesses à n’importe quel moyen et à n’importe quel prix. Les gens souffrant de privations et de misère implorent de l’aide, tandis que ceux qui pourraient partager leur pain avec eux ne font qu’augmenter leurs souffrances.
Chaque homme est pécheur devant la Face de Dieu. Mais c’est nous qui sommes les plus coupables, mes frères évêques et prêtres! Nous devrons, au Jour du Jugement, répondre de nos brebis. Et nous portons sur nos épaules le fardeau de leurs péchés, le fardeau de la condamnation si nous n’avons pas toujours montré le bon exemple ou ne les avons pas toujours convenablement instruits.
Pleurant sur nos péchés, mais espérant la miséricorde divine, implorons-le : "Pardonne-nous, Seigneur miséricordieux!" Pardonnons aussi sincèrement à tous ceux qui, en pensée, en paroles ou en actes, ont péché contre nous. Et que le Seigneur miséricordieux les prenne en pitié !
Prions pour l'attendrissement des cœurs endurcis, pour ceux qui blasphèment contre notre sainte Église et calomnient ceux des évêques, prêtres et fidèles, dont l’héroïsme plein d’abnégation a permis à l’Église, avec l’aide de Dieu, d’accomplir son témoignage et son service durant les décennies, tragiques pour elle, qui ont suivi la révolution.
Malheur à celui d’entre nous qui, entré dans l’Église par le saint Baptême, renie l’Église Mère, ne porte pas sa croix, ne s’efforce pas de corriger les fautes, de limiter les erreurs des autres membres de l’Église. Le fait de quitter l’Église se transforme immanquablement en trahison du Christ, et ce, même si, au fond de son cœur, on a conservé sa foi en Lui. Il faut avoir le courage de porter la croix de l’Église…
Avec toute notre Église, avec tout notre peuple, demandons le pardon de Dieu. Repentons-nous devant lui, en révélant nos péchés à nos confesseurs, comme le prescrit la sainte Église. Rappelons-nous qu’un repentir sincère ne s’accomplit pas devant la foule, de manière démonstrative, pour se montrer aux gens en train de jeûner et de se repentir, car c’est ainsi que faisaient les pharisiens blâmés par le Christ. Un repentir véritable, ce n’est pas seulement la reconnaissance de son péché. C’est aussi une foi ferme en ce que tous les péchés que nous regrettons sincèrement et dans lesquels nous ne voulons pas retomber sont pardonnés par le Seigneur. Aussi, le repentir, c’est le commencement d’une vie nouvelle. «Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur » (Ac 3, 19-20).
En ce Dimanche du Pardon, je m’adresse à chacun d’entre vous, bien-aimés évêques, pères, frères et sœurs dans le Seigneur, en vous suppliant avec des larmes de me pardonner tout ce en quoi j’ai maintes fois péché contre vous. Que le Seigneur, par Sa grâce et les miséricordes de Son amour pour les hommes, vous pardonne à votre tour et vous prenne tous en pitié. Je demande vos saintes prières pour mon indignité, afin que le Seigneur me renforce au seuil de ce Carême et dans le difficile service qui m’a été confié de sa sainte Église. « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen » (Rm 16, 24).
Maintenant commence le temps de la pénitence. Commencent les jours du grand Carême, particulièrement chers à chaque chrétien orthodoxe, lorsque la sainte Église nous appelle à l’abstinence, à la sobriété, aux bonnes actions, à une prière instante, à une réflexion sur nous-mêmes et aux larmes pour nos péchés.
C’est justement maintenant, quand nous entrons dans le grand Carême, que résonnent en nos cœurs, avec une force particulière, les paroles du Seigneur: « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15) ; « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est proche » (Mt 4, 17).
Récemment, lors de la célébration du six-centième anniversaire du repos bienheureux de saint Serge de Radonège, l’Église a appelé au repentir le peuple tout entier, après de longues années d’apostasie.
Aujourd’hui, je m’adresse à vous, pensant particulièrement à ceux qui sont entrés il y a peu au sein de l’Église-Mère et qui doivent encore apprendre son enseignement et ses traditions dans toute leur profondeur. Le Seigneur est proche (Phil 4, 5). Chaque jour, à chaque heure de notre vie, nous devons être prêts à le rencontrer, à lui rendre compte de ce que nous avons accompli. C’est pourquoi, nous devons rejeter aujourd’hui tout péché, tout mensonge, tout compromis avec notre propre conscience.
Notre Sauveur souhaite que nous soyons moralement parfaits (Mt 5, 48). Mais aucun effort, aucun exploit ne peut permettre à l’homme d’atteindre cette perfection sans Dieu. Nos péchés surpassent nos bonnes œuvres, et le salut par nos propres forces nous est impossible (Mt 19, 26). Mais il est possible à notre Dieu qui, dans sa miséricorde, pardonne la multitude de nos péchés, nous rend capables d’une vie juste et sainte, et dignes d’entrer dans son Royaume éternel.
Chacun de nous a de quoi se repentir devant le Seigneur. Nous portons nombre de péchés personnels, de péchés quotidiens, de chaque instant, commis en action, en parole ou en pensée, volontairement ou non, sciemment ou par ignorance. Nous sommes coupables de négligence envers notre Église orthodoxe, d’oubli de la prière et de la piété, d’absence de diligence dans l’instruction spirituelle de notre peuple, dans le salut de nos proches. Nous nous trouvons dans un état d’affaiblissement spirituel au moment même où notre parole et nos actions sont attendues par des millions de personnes en quête spirituelle.
Nous demandons pardon pour ceux d’entre nous qui, par faiblesse, n’ont pas assez fermement défendu la foi à l’époque des persécutions, voire, qu’à Dieu ne plaise, ont imité les persécuteurs qui foulaient aux pieds l’Église de Dieu, provoquant des souffrances considérables et la mort de chrétiens. Aujourd’hui, quand autour de nous s’étend une mer de souffrances, nous sommes coupables devant chaque personne qui souffre, parce que nous ne l’avons pas réchauffée par la chaleur de notre cœur, que nous ne nous sommes pas toujours sacrifiés pour son bien.
Notre peuple, naguère pieux et fidèle au Seigneur, a perdu la capacité de discernement et a oublié ses orientations éthiques. La paresse et l’orgueil peccamineux, l’engouement pour les visions immorales et le culte de la violence, l’absence d’éthique en politique et en économie, ont assujetti nombre d’entre nous. La famille – fondement séculaire de la vie sociale et source de sa prospérité, à travers laquelle se transmettait de génération en génération l’esprit de piété et les bases éthiques – est en voie de destruction.
Dans les discussions sur l’avenir des États dans lesquels nous vivons, dans la recherche de leurs modes de gouvernement, nombre d’entre nous se sont endurcis, ont perdu patience, ont commencé à s’humilier et à s’insulter mutuellement, s’enivrant de l’illusion de leur propre justesse. Nous avons permis que le sang coule en beaucoup de lieux où, récemment encore, régnaient la paix et la concorde. Les peuples s’opposent aux peuples, les États aux États. De plus en plus de gens s’engagent sur la voie du brigandage, du pillage et d’autres crimes.
Le souci du pain quotidien a été remplacé chez nous par la course aux richesses à n’importe quel moyen et à n’importe quel prix. Les gens souffrant de privations et de misère implorent de l’aide, tandis que ceux qui pourraient partager leur pain avec eux ne font qu’augmenter leurs souffrances.
Chaque homme est pécheur devant la Face de Dieu. Mais c’est nous qui sommes les plus coupables, mes frères évêques et prêtres! Nous devrons, au Jour du Jugement, répondre de nos brebis. Et nous portons sur nos épaules le fardeau de leurs péchés, le fardeau de la condamnation si nous n’avons pas toujours montré le bon exemple ou ne les avons pas toujours convenablement instruits.
Pleurant sur nos péchés, mais espérant la miséricorde divine, implorons-le : "Pardonne-nous, Seigneur miséricordieux!" Pardonnons aussi sincèrement à tous ceux qui, en pensée, en paroles ou en actes, ont péché contre nous. Et que le Seigneur miséricordieux les prenne en pitié !
Prions pour l'attendrissement des cœurs endurcis, pour ceux qui blasphèment contre notre sainte Église et calomnient ceux des évêques, prêtres et fidèles, dont l’héroïsme plein d’abnégation a permis à l’Église, avec l’aide de Dieu, d’accomplir son témoignage et son service durant les décennies, tragiques pour elle, qui ont suivi la révolution.
Malheur à celui d’entre nous qui, entré dans l’Église par le saint Baptême, renie l’Église Mère, ne porte pas sa croix, ne s’efforce pas de corriger les fautes, de limiter les erreurs des autres membres de l’Église. Le fait de quitter l’Église se transforme immanquablement en trahison du Christ, et ce, même si, au fond de son cœur, on a conservé sa foi en Lui. Il faut avoir le courage de porter la croix de l’Église…
Avec toute notre Église, avec tout notre peuple, demandons le pardon de Dieu. Repentons-nous devant lui, en révélant nos péchés à nos confesseurs, comme le prescrit la sainte Église. Rappelons-nous qu’un repentir sincère ne s’accomplit pas devant la foule, de manière démonstrative, pour se montrer aux gens en train de jeûner et de se repentir, car c’est ainsi que faisaient les pharisiens blâmés par le Christ. Un repentir véritable, ce n’est pas seulement la reconnaissance de son péché. C’est aussi une foi ferme en ce que tous les péchés que nous regrettons sincèrement et dans lesquels nous ne voulons pas retomber sont pardonnés par le Seigneur. Aussi, le repentir, c’est le commencement d’une vie nouvelle. «Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur » (Ac 3, 19-20).
En ce Dimanche du Pardon, je m’adresse à chacun d’entre vous, bien-aimés évêques, pères, frères et sœurs dans le Seigneur, en vous suppliant avec des larmes de me pardonner tout ce en quoi j’ai maintes fois péché contre vous. Que le Seigneur, par Sa grâce et les miséricordes de Son amour pour les hommes, vous pardonne à votre tour et vous prenne tous en pitié. Je demande vos saintes prières pour mon indignité, afin que le Seigneur me renforce au seuil de ce Carême et dans le difficile service qui m’a été confié de sa sainte Église. « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen » (Rm 16, 24).