Site officiel du diocèse de Chersonèse Patriarcat de Moscou

Adresse du concile épiscopal à tous les enfants fidèles de l’Église orthodoxe russe



Chers pères presbytres, vénérables diacres, moines et moniales, pieux fidèles, vous tous les enfants bien aimés de notre Sainte Mère, l’Église orthodoxe russe !

Le saint concile épiscopal qui s’est réuni du 24 au 29 juin 2008 dans la ville de Moscou vous adresse les paroles de la salutation apostolique : « Grâce, miséricorde, paix de par Dieu le Père et le Christ Jésus notre Seigneur » (2 Tm 1, 2) !

L’actuel concile épiscopal est marqué par une date symbolique. Cette année, nous fêtons le 1020e anniversaire de la conversion de nos ancêtres à la sainte orthodoxie et de leur adhésion au peuple de Dieu dans le baptistère de Kiev, grâce aux efforts du saint et grand prince Vladimir de Kiev.

Bien que plus de mille ans se soient écoulés depuis la christianisation de la Russie, les devoirs de notre Église demeurent inchangés. Comme avant, elle est appelée à sanctifier et à transfigurer ce monde en le conduisant vers l’unité avec son Seigneur et Sauveur et en communiquant à la communauté humaine les fruits vivifiants du Saint-Esprit : « charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23).

Malgré les nombreuses tentations et obstacles, les hommes continuent à chercher Dieu, parfois inconsciemment, et le troisième millénaire, comme les siècles précédents, nous révèle la valeur éternelle de la Bonne Nouvelle du Christ.

Ce concile épiscopal élève à la vénération de toute l’Église plusieurs saints, canonisés auparavant localement. Ils ont vécu à des époques différentes et éloignés les uns des autres, mais ils ont manifesté au monde la victoire de l’annonce évangélique et la destruction du péché et de la mort par le Sauveur ressuscité. Ce sont saint Antoine (Smirnitski) de Voronej, saint Jean (Maximovitch) de Shanghai et de San Francisco, les saintes Juliane hégoumène et Eupraxie moniale de Moscou.

Cette année est marquée par une autre date : le 90e anniversaire du martyre de la famille impériale. En rendant hommage aux martyrs royaux, nous devons puiser dans leur vénération la force et le courage et imiter leur foi, contemplant l’humilité et la douceur avec lesquelles ils ont fait face au mal. Nous sommes convaincus que la société et l’État actuels doivent donner une évaluation éthique du crime commis en 1918.

La communion de l’épiscopat, du clergé et des fidèles devenue possible grâce au rétablissement l’année dernière de l’unité de l’Église russe est un magnifique exemple du soutien mutuel et de l’amour fraternel. Puissent la joie et le bien spirituel trouvés dans les prières et les œuvres communes être le gage et le fondement de l’unité inébranlable de l’Église, malgré toutes les épreuves et les disputes, suscitées par l’ennemi du genre humain qui cherche à diviser le Corps unique du Christ. Notre Église comprend des personnes de nationalités, de générations et de cultures différentes. Beaucoup ont des visions divergentes de certains aspects de la vie ecclésiale. Pourtant, nous avons à l’esprit les paroles du Seigneur : « Qu’ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jn 17, 21). Que ni les frontières, ni les différences humaines, ni les divergences de points de vue - naturelles chez les chrétiens - ne puissent nous séparer. Le saint apôtre Paul écrit en effet : « Que tout se passe chez vous dans la charité » (1 Co 16, 14). Que l’amour fraternel anime toutes nos discussions et toute notre vie.

Le chemin par lequel nous sommes appelés à suivre le Seigneur et Sauveur est difficile et exige de la part des disciples du Christ une ferme fidélité à la foi. La vérité divine n’est pas toujours perçue positivement par le monde qui gît dans le mal. En effet, selon la parole de l’Écriture, « nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1, 23).

La notion des droits de l’homme est à l’origine des lois et de la politique de nombreux États. Quelquefois, cette notion est utilisée pour la justification du péché et pour la marginalisation de la religion dans la vie de la société. Elle sert parfois à priver des personnes de la possibilité de vivre selon leurs convictions religieuses. Le concile a exposé la vision orthodoxe de cette notion, en adoptant les Fondements de l’enseignement de l’Église orthodoxe russe sur la dignité, la liberté et les droits de l’homme. Ce document souligne notamment le lien inséparable entre les droits de l’homme d’une part et les valeurs éthiques et la responsabilité de la personne envers Dieu et les autres hommes d’autre part.

Par sa nature, l’orthodoxie n’est ni une idéologie, ni une forme culturelle, ni un programme de quelque force politique que ce soit, mais le mode de vie dans le Christ qui a dit dans l’Évangile : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Nous ne devons pas oublier que le chrétien doit chercher avant tout « le Royaume de Dieu et sa justice » (Mt 6, 33). Il doit agir dans le monde en se fondant sur cette conception de la vie chrétienne.

En suivant fermement les principes de l’Évangile, l’Église demeure inébranlable dans son ministère et évite tout extrême. Les pasteurs et les fidèles doivent fuir l’auto-isolation et ne pas esquiver les défis que notre époque lance à l’orthodoxie. Nous devons fuir par ailleurs l’adhésion silencieuse à « l’esprit de ce siècle » (cf. 1 Co 2, 12) pour ne pas nous trouver sous son emprise. Le concile épiscopal exhorte tout le peuple de Dieu à partager le même esprit, à rester ferme dans la foi et à vivre selon l’Évangile, pour qu’en nous voyant, tous glorifient notre Père céleste (cf. Mt 5, 16).

Le concile s’adresse avec un amour paternel à tous les chrétiens orthodoxes qui n’ont pas résisté à la tentation de la division et se sont trouvés hors de l’Église sainte, catholique et apostolique, en suivant les faux maîtres. Fidèle au commandement du Sauveur de pardonner celui qui se repent, l’Église est prête à recevoir avec douceur et humilité tous ceux qui, se détournant des communautés schismatiques néfastes, accourrons vers son sein maternel.

Pour préserver l’unité, la paix, la concorde et la discipline dans l'Église, le concile a décidé de recréer les tribunaux ecclésiastiques qui sont appelés à veiller sur la pureté de la foi, sur l’ordre canonique et la fidélité aux principes éthiques de l’orthodoxie.

Nous prions pour que chacun de nous parvienne à la pleine connaissance de la volonté de Dieu, « en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui lui plaise en tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu » (Col 1, 9-10).

Nous vous adressons, chers pères, frères et sœurs, les paroles de la joie et de l’espérance : « Que le Dieu de la paix, qui a ramené de chez les morts celui qui est devenu par le sang d’une alliance éternelle le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à accomplir sa volonté en toute sorte de bien, produisant en nous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire pour les siècles des siècles ! (He 13, 20-21).

Vendredi 27 Juin 2008