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INTERVIEW - L'ambassadeur de la Fédération de Russie en France explique au JDD la raison d’être du centre culturel et cultuel orthodoxe qui doit être inauguré à l’automne par Vladimir Poutine et François Hollande au pied de la Tour Eiffel. Alexandre Orlov revient sur la genèse du projet et sur sa dimension politique, "au-delà des petites querelles que nous pouvons avoir de temps en temps".
L'ambassadeur de la Fédération de Russie en France, Alexandre Orlov (ci-contre, crédit : Sipa press), souligne l’importance, à ses yeux, de la pose du premier bulbe doré de la future cathédrale russe le week-end dernier. Tout en rondeur, urbain et posé, le diplomate veut aussi rassurer ceux qui craignent que les coupoles ne cachent des antennes d’espionnage : "On n’a plus besoin des antennes aujourd’hui, avec les moyens modernes", dit-il dans un sourire.
L'ambassadeur de la Fédération de Russie en France, Alexandre Orlov (ci-contre, crédit : Sipa press), souligne l’importance, à ses yeux, de la pose du premier bulbe doré de la future cathédrale russe le week-end dernier. Tout en rondeur, urbain et posé, le diplomate veut aussi rassurer ceux qui craignent que les coupoles ne cachent des antennes d’espionnage : "On n’a plus besoin des antennes aujourd’hui, avec les moyens modernes", dit-il dans un sourire.
Le premier des cinq bulbes dorés de la future cathédrale russe de Paris, quai Branly, a été posé sur la grande coupole samedi 19 mars. Pourquoi était-ce un moment important pour vous?
C’est une étape très importante, avant la fin des travaux cet été et l’inauguration à l’automne, car le cœur de Paris s’en trouve changé. A titre personnel, c’est aussi important, parce que je me suis beaucoup investi dans ce projet depuis sept ans que je suis en poste à Paris. L’idée de construire une église orthodoxe à Paris est née en 2007 lors de la rencontre entre le Patriarche de l’époque Alexis II [Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, décédé en 2008, NDLR] avec le président Nicolas Sarkozy. Le projet sera terminé sous la présidence de François Hollande. Les deux présidents français ont apporté tout leur concours à la Russie pour ce projet. Nous n’avons jamais eu de problème, aucun blocage. Ce qui montre la continuité de nos bonnes relations diplomatiques, au-delà des petites querelles que nous pouvons avoir de temps en temps.
"Ce sera une vitrine de la civilisation russe"
Il y a donc une forte dimension politique dans ce projet financé par la Fédération de Russie…
Tout est politique, vous savez. En plus de l’église, il y aura trois bâtiments qui ne relèvent pas du patriarcat, dont un espace culturel, un immeuble administratif (qui accueillera les services de l’attaché culturel de l’ambassade à Paris et le centre paroissial) et une école primaire franco-russe. Ce sera une vitrine de la civilisation russe, un lieu de rencontre ouvert aux gens de différentes croyances et différentes opinions politiques, qui viendront discuter de la Russie, de l’Europe, de l’avenir de notre monde. Un peu comme le collège des Bernardins pour les catholiques. L’ensemble sera inauguré officiellement à l’automne par les présidents François Hollande et Vladimir Poutine.
Est-ce une façon d’affirmer la présence de la Russie en plein cœur de Paris, face à la Seine, au pied de la Tour Eiffel?
Paris est riche en lieux liés à l’histoire commune de nos deux pays. Il y a une avenue franco-russe depuis un siècle, dans le 7e arrondissement, juste derrière notre nouvelle église. En face, vous avez le pont de l’Alma ; c’est le nom d’une rivière en Crimée et d’une bataille. Non loin, le pont Alexandre III symbolisant l'alliance franco-russe. Ou encore le monument du corps expéditionnaire russe, près du Grand Palais. Nous n’avons donc pas besoin d’une présence supplémentaire, mais il est vrai que c’est une façon de l’affirmer davantage.
Comment pourriez-vous définir, en quelques mots, la "civilisation russe" ou la "Russie éternelle" que vous entendez promouvoir à Paris?
On parle de "Russie éternelle" et de "Sainte Russie" : c’est le seul pays au monde qui est doté de ces adjectifs. Cela résume la civilisation russe. Mais c’est avant tout dans la littérature russe que se trouve la réponse à votre question : Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, Tourgueniev… Ou encore dans la musique russe : Tchaïkovski, Borodine, Moussorgski… Voilà où est l’âme russe.
"C’est une vraie nouveauté, une innovation totale"
Quel est la raison d’être de ce projet? Paris avait besoin d’une cathédrale russe?
Oui, l’église des Trois-Saints-Docteurs que nous avons aujourd’hui, rue Pétel (15e), a été aménagée dans les années 1920 dans un atelier de bicyclettes. C’est un endroit très petit qui ne peut pas accueillir les nombreux fidèles aux offices.
Et l'église russe de la rue Daru (8e)?
Historiquement, l’église de la rue Daru était celle de l’ambassade impériale à Paris. Mais après la Révolution d’octobre 1917, il y a près 100 ans, les bolchevicks ont rompu tout lien avec l’Eglise, et persécuté des fidèles et des prêtres. Dès lors, cet édifice a été abandonné, et s’est tourné vers le patriarche de Constantinople. Cette église qui se dit russe n’appartient plus à la Russie. SUITE JDD
C’est une étape très importante, avant la fin des travaux cet été et l’inauguration à l’automne, car le cœur de Paris s’en trouve changé. A titre personnel, c’est aussi important, parce que je me suis beaucoup investi dans ce projet depuis sept ans que je suis en poste à Paris. L’idée de construire une église orthodoxe à Paris est née en 2007 lors de la rencontre entre le Patriarche de l’époque Alexis II [Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, décédé en 2008, NDLR] avec le président Nicolas Sarkozy. Le projet sera terminé sous la présidence de François Hollande. Les deux présidents français ont apporté tout leur concours à la Russie pour ce projet. Nous n’avons jamais eu de problème, aucun blocage. Ce qui montre la continuité de nos bonnes relations diplomatiques, au-delà des petites querelles que nous pouvons avoir de temps en temps.
"Ce sera une vitrine de la civilisation russe"
Il y a donc une forte dimension politique dans ce projet financé par la Fédération de Russie…
Tout est politique, vous savez. En plus de l’église, il y aura trois bâtiments qui ne relèvent pas du patriarcat, dont un espace culturel, un immeuble administratif (qui accueillera les services de l’attaché culturel de l’ambassade à Paris et le centre paroissial) et une école primaire franco-russe. Ce sera une vitrine de la civilisation russe, un lieu de rencontre ouvert aux gens de différentes croyances et différentes opinions politiques, qui viendront discuter de la Russie, de l’Europe, de l’avenir de notre monde. Un peu comme le collège des Bernardins pour les catholiques. L’ensemble sera inauguré officiellement à l’automne par les présidents François Hollande et Vladimir Poutine.
Est-ce une façon d’affirmer la présence de la Russie en plein cœur de Paris, face à la Seine, au pied de la Tour Eiffel?
Paris est riche en lieux liés à l’histoire commune de nos deux pays. Il y a une avenue franco-russe depuis un siècle, dans le 7e arrondissement, juste derrière notre nouvelle église. En face, vous avez le pont de l’Alma ; c’est le nom d’une rivière en Crimée et d’une bataille. Non loin, le pont Alexandre III symbolisant l'alliance franco-russe. Ou encore le monument du corps expéditionnaire russe, près du Grand Palais. Nous n’avons donc pas besoin d’une présence supplémentaire, mais il est vrai que c’est une façon de l’affirmer davantage.
Comment pourriez-vous définir, en quelques mots, la "civilisation russe" ou la "Russie éternelle" que vous entendez promouvoir à Paris?
On parle de "Russie éternelle" et de "Sainte Russie" : c’est le seul pays au monde qui est doté de ces adjectifs. Cela résume la civilisation russe. Mais c’est avant tout dans la littérature russe que se trouve la réponse à votre question : Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, Tourgueniev… Ou encore dans la musique russe : Tchaïkovski, Borodine, Moussorgski… Voilà où est l’âme russe.
"C’est une vraie nouveauté, une innovation totale"
Quel est la raison d’être de ce projet? Paris avait besoin d’une cathédrale russe?
Oui, l’église des Trois-Saints-Docteurs que nous avons aujourd’hui, rue Pétel (15e), a été aménagée dans les années 1920 dans un atelier de bicyclettes. C’est un endroit très petit qui ne peut pas accueillir les nombreux fidèles aux offices.
Et l'église russe de la rue Daru (8e)?
Historiquement, l’église de la rue Daru était celle de l’ambassade impériale à Paris. Mais après la Révolution d’octobre 1917, il y a près 100 ans, les bolchevicks ont rompu tout lien avec l’Eglise, et persécuté des fidèles et des prêtres. Dès lors, cet édifice a été abandonné, et s’est tourné vers le patriarche de Constantinople. Cette église qui se dit russe n’appartient plus à la Russie. SUITE JDD
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Mars 2016 à 17:00
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