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2. L'exemple américain
Retour sur la situation de la diaspora orthodoxe № 1
Tout cela est étayé aussi par des faits historiques indiquant que jusque dans les années vingt du vingtième siècle il n'y avait aucune autorité de fait du patriarche de Constantinople sur toute la diaspora orthodoxe dans le monde entier, et qu’il ne prétendait pas non plus à une telle autorité. Lettre du Patriarche Alexis II du 18 mars 2003
Le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise russe orthodoxe.
Mgr Hilarion de Volokolamsk
Nous ne connaissons pas directement la lettre du patriarche de Constantinople N° 129 du 11 avril 2002 et, dans sa réponse du 18 mars 2003 citée ci-dessus et nous ne savons donc pas quels sont les questions concernant la situation en Amériques qu'elle soulève (le patriarche Alexis parle d'un "très grand nombre de reproches amers et d'accusations injustes"), mais la lettre du patriarche de Moscou développe le sujet qui constitue ainsi le premier cas d'application de la doctrine de l'Eglise russe exposée dans ma 1ère partie (cf. "Retour sur la situation de la diaspora orthodoxe 1. "Une honte pour toute l'orthodoxie""). Je complète ci-après l'exposé du patriarche Alexis par les explications détaillées que donne Mgr Hilarion, président du DREE, sur ce sujet le 30 octobre 2008 (ibidem). Rappelons que cette interview fut donnée juste après la synaxe historique des 10 – 12 octobre 2008 qui réunit tous les primats orthodoxes (sauf celui de l'OCA) et marqua la reprise des réunions préconciliaire.
Retour sur la situation de la diaspora orthodoxe № 1
Tout cela est étayé aussi par des faits historiques indiquant que jusque dans les années vingt du vingtième siècle il n'y avait aucune autorité de fait du patriarche de Constantinople sur toute la diaspora orthodoxe dans le monde entier, et qu’il ne prétendait pas non plus à une telle autorité. Lettre du Patriarche Alexis II du 18 mars 2003
Le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise russe orthodoxe.
Mgr Hilarion de Volokolamsk
Nous ne connaissons pas directement la lettre du patriarche de Constantinople N° 129 du 11 avril 2002 et, dans sa réponse du 18 mars 2003 citée ci-dessus et nous ne savons donc pas quels sont les questions concernant la situation en Amériques qu'elle soulève (le patriarche Alexis parle d'un "très grand nombre de reproches amers et d'accusations injustes"), mais la lettre du patriarche de Moscou développe le sujet qui constitue ainsi le premier cas d'application de la doctrine de l'Eglise russe exposée dans ma 1ère partie (cf. "Retour sur la situation de la diaspora orthodoxe 1. "Une honte pour toute l'orthodoxie""). Je complète ci-après l'exposé du patriarche Alexis par les explications détaillées que donne Mgr Hilarion, président du DREE, sur ce sujet le 30 octobre 2008 (ibidem). Rappelons que cette interview fut donnée juste après la synaxe historique des 10 – 12 octobre 2008 qui réunit tous les primats orthodoxes (sauf celui de l'OCA) et marqua la reprise des réunions préconciliaire.
L’orthodoxie multiethnique.
"Pour ce qui est de l'Amérique, écrit le patriarche Alexis, dès 1794, l'orthodoxie sur ce continent a été représenté exclusivement par la juridiction de l'Eglise russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Eglises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le! Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Eglise orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe."
"De 1898 à 1907, précise Mgr Hilarion, saint Tikhon, futur patriarche de Russie, a gouverné ce diocèse. C’est lui qui a organisé le concile panaméricain de 1907 et qui a renommé le diocèse « l’Eglise catholique orthodoxe russo-grecque en Amérique du nord. » Ici commence la future autocéphalie de l’Eglise orthodoxe américaine. Mais l’orthodoxie en Amérique est vite devenue multiethnique. Cela a été le début d’un modèle unique et nouveau d’ecclésiologie dans laquelle des évêques de différentes nationalités pouvaient agir à l’intérieur d’une unique Eglise locale et sur le même territoire canonique, avec des diocèses qui avaient été créés non pas sur des bases territoriales mais sur des bases ethniques. Ce modèle ne correspondait pas à l’ecclésiologie de l’Eglise ancienne mais il convenait à la nouvelle réalité qui existait à la suite de l’émigration en Europe et en Amérique. Si les événements avaient été conformes au plan prévu par saint Tikhon, une Eglise locale orthodoxe en Amérique aurait pu être créée dans les années vingt, avec à sa tête un métropolite, sous la juridiction duquel des évêques de différentes nationalités auraient pris soin des fidèles de leur propre origine nationale, que ce soit des Russes, des Ukrainiens, des Grecs, des Antiochiens, des Roumains, etc.
Le pluralisme juridictionnel crée des divisions
Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsqu'a été créé l'"Archevêché grec d'Amérique du Nord et du Sud" sans l'accord de l'Eglise orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée" écrit le patriarche. "C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle".
Et Mgr Hilarion développe: "Cependant, à la suite de l’immigration massive de Grecs provenant de l’ancien Empire ottoman en Europe, en Amérique et en Australie dans les années vingt, des sièges métropolitains dépendant du Patriarcat de Constantinople ont été créés sur ces continents. De plus, le Patriarcat de Constantinople a déclaré que sa juridiction s’étendait à toute l’Eglise en « diaspora », ce qui, dans sa définition, incluait pratiquement toute l’Europe de l’ouest, l’Amérique du nord et celle du sud, ainsi que l’Australie et l’Océanie. En Amérique du nord, pourtant, il existait déjà une Eglise orthodoxe ayant à sa tête un métropolite russe et la création de cette juridiction de Constantinople a créé des divisions à l’intérieur de l’orthodoxie américaine, ce qui s’est confirmé par la création ultérieure d’autres juridictions."
Le projet du saint patriarche Tikhon
"Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l'Eglise russe. Au contraire, s'efforçant de faire entrer l'orthodoxie américaine dans le sillage canonique, en tant qu'Eglise Mère, en 1970, elle a accordé l'autocéphalie à son Eglise Fille. Par cet acte, l'Eglise russe a agi dans les limites de sa juridiction canonique, ayant en vue une future décision panorthodoxe concernant le rétablissement d'une Eglise orthodoxe locale unique en Amérique. Nous pouvons remarquer que, déjà en 1905, un projet de création de cette Eglise avait été présenté au Saint Synode par le saint Patriarche Tikhon qui était alors l’Archevêque d'Aléoutie et d'Amérique du Nord.
En 1970, l’Eglise russe orthodoxe, inspirée par la vision de saint Tikhon d’une seule Eglise orthodoxe sur le continent américain, a accordé l’autocéphalie à la partie de l’orthodoxie américaine qui était auparavant sous son autorité canonique. L’espoir était que les orthodoxes d’autres juridictions se joindraient éventuellement à cette Eglise autocéphale, qui a reçu le nom d’Eglise orthodoxe en Amérique (O.C.A.). Cependant, cela n’est pas encore arrivé et en Amérique il y a actuellement des diocèses métropolitains, des archidiocèses et des diocèses de différentes Eglises orthodoxes locales, à côté de l’Eglise orthodoxe autocéphale en Amérique.
Dans cette situation, je crois que l’originalité de l’O.C.A. tient dans le fait que cela a été la première Eglise orthodoxe sur le continent américain à s’être déclarée elle-même américaine. Ce qui signifie qu’elle n’est pas une des Eglises ethniques de la «diaspora», mais l’Eglise orthodoxe des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Ce qui signifie être le témoignage vivant de l’universalité du christianisme orthodoxe. Comme l’a dit le métropolite Kallistos Ware, «l’Eglise orthodoxe n’est pas quelque chose d’exotique ou d’oriental, c’est tout simplement le christianisme. Nous pouvons donc dire à toute personne qui voudrait se joindre à l’Eglise orthodoxe : «Vous n’avez pas besoin d’être ou de devenir Russe ou Grec ou Antiochien pour être orthodoxe. Vous n’avez pas besoin de devenir exotique ou oriental, vous pouvez être orthodoxe en gardant votre identité nationale ou culturelle.»
Cependant, tout en étant américaine, l’Eglise orthodoxe sur le continent américain doit être capable d’assister pastoralement tous les groupes ethniques qui en auraient besoin. Cette sorte de disponibilité fait véritablement partie de l’expérience américaine. L’Eglise doit aussi être capable de réagir aux nouvelles vagues d’immigration, en incorporant les nouveaux immigrants, avec leurs langues et leurs cultures. La tâche de l’Eglise orthodoxe en Amérique vis-à-vis des immigrants doit consister non pas à les « américaniser », mais à les christianiser et à les «orthodoxiser». D’où le besoin d’être ouverte aux nouvelles potentialités offertes par les nouvelles immigrations" insiste le président du DREE.
Cause de discorde ou acte prophétique?
"Il est triste de constater que la Très Sainte Eglise de Constantinople n'a pas soutenu l’acte de 1970 et n'a pas contribué à l'union tant souhaitée. Jusqu'à présent, cela reste une cause de discorde et de mécontentement qu’éprouvent de nombreux Orthodoxes en Amérique en ce qui concerne leur statut" regrette Alexis II.
Répondant à une remarque sur l'absence du primat de l'OCA à la synaxe citée plus haut, Mgr Hilarion affirme en 2008: "Je crois que le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise orthodoxe russe. Une des plus importantes caractéristiques de l’O.C.A. dans la période 1970-1990 a été sa grande réputation à travers le monde, peut-être particulièrement par le grand travail missionnaire du séminaire Saint Vladimir et ses personnalités les plus remarquables, comme les pères Georges Florovsky, Alexandre Schmemann et père Jean Meyendorff. Bien que l’O.C.A soit demeurée non reconnue par Constantinople comme une Eglise autocéphale, ses mérites dans le domaine de la mission, de l’éducation et de l’évangélisation ont été reconnus dans le monde entier. En d’autres termes, sa célébrité a été largement due aux personnalités qui la représentaient sur la scène internationale. On a senti qu’après la mort inattendue du père Jean Meyendorff (1), la réputation de l’O.C.A. a commencé à décliner sensiblement. Il est vrai que les troubles récents ont à nouveau nui à sa réputation. De grands efforts seront nécessaires pour restaurer sa crédibilité dans le monde orthodoxe.
…
L’ O.C.A. joue un rôle particulier dans l’orthodoxie américaine, à travers sa participation à la S.C.O.B.A. (2), elle est déjà impliquée dans le travail pour l’unité panorthodoxe sur le continent américain. Je crois qu’un jour, tôt ou tard, il y aura une Eglise orthodoxe unie d’Amérique, qui englobera toutes les juridictions existant actuellement. Il est clair cependant que nous avons un long chemin devant nous et que sur ce chemin l’O.C.A., qui est déjà constituée comme une Eglise autocéphale, devra aider les autres Eglises orthodoxes à se reconnaître elles-mêmes comme membres de l’orthodoxie américaine" conclut le président du DREE.
A suivre…
Notes de VG
(1) Le père Jean Meyendorff fut le décan du séminaire St Vladimir de 1984 à juin 1992.
(2) Remplacée en 2010 par la "Episcopal Assembly of North and Central America" dont l'OCA fait partie avec les représentations des patriarcats de Constantinople, Antioche, Moscou, Serbie, Roumanie, Bulgarie et Géorgie. Cf. ICI
Vladimir GOLOVANOW
"Pour ce qui est de l'Amérique, écrit le patriarche Alexis, dès 1794, l'orthodoxie sur ce continent a été représenté exclusivement par la juridiction de l'Eglise russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Eglises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le! Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Eglise orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe."
"De 1898 à 1907, précise Mgr Hilarion, saint Tikhon, futur patriarche de Russie, a gouverné ce diocèse. C’est lui qui a organisé le concile panaméricain de 1907 et qui a renommé le diocèse « l’Eglise catholique orthodoxe russo-grecque en Amérique du nord. » Ici commence la future autocéphalie de l’Eglise orthodoxe américaine. Mais l’orthodoxie en Amérique est vite devenue multiethnique. Cela a été le début d’un modèle unique et nouveau d’ecclésiologie dans laquelle des évêques de différentes nationalités pouvaient agir à l’intérieur d’une unique Eglise locale et sur le même territoire canonique, avec des diocèses qui avaient été créés non pas sur des bases territoriales mais sur des bases ethniques. Ce modèle ne correspondait pas à l’ecclésiologie de l’Eglise ancienne mais il convenait à la nouvelle réalité qui existait à la suite de l’émigration en Europe et en Amérique. Si les événements avaient été conformes au plan prévu par saint Tikhon, une Eglise locale orthodoxe en Amérique aurait pu être créée dans les années vingt, avec à sa tête un métropolite, sous la juridiction duquel des évêques de différentes nationalités auraient pris soin des fidèles de leur propre origine nationale, que ce soit des Russes, des Ukrainiens, des Grecs, des Antiochiens, des Roumains, etc.
Le pluralisme juridictionnel crée des divisions
Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsqu'a été créé l'"Archevêché grec d'Amérique du Nord et du Sud" sans l'accord de l'Eglise orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée" écrit le patriarche. "C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle".
Et Mgr Hilarion développe: "Cependant, à la suite de l’immigration massive de Grecs provenant de l’ancien Empire ottoman en Europe, en Amérique et en Australie dans les années vingt, des sièges métropolitains dépendant du Patriarcat de Constantinople ont été créés sur ces continents. De plus, le Patriarcat de Constantinople a déclaré que sa juridiction s’étendait à toute l’Eglise en « diaspora », ce qui, dans sa définition, incluait pratiquement toute l’Europe de l’ouest, l’Amérique du nord et celle du sud, ainsi que l’Australie et l’Océanie. En Amérique du nord, pourtant, il existait déjà une Eglise orthodoxe ayant à sa tête un métropolite russe et la création de cette juridiction de Constantinople a créé des divisions à l’intérieur de l’orthodoxie américaine, ce qui s’est confirmé par la création ultérieure d’autres juridictions."
Le projet du saint patriarche Tikhon
"Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l'Eglise russe. Au contraire, s'efforçant de faire entrer l'orthodoxie américaine dans le sillage canonique, en tant qu'Eglise Mère, en 1970, elle a accordé l'autocéphalie à son Eglise Fille. Par cet acte, l'Eglise russe a agi dans les limites de sa juridiction canonique, ayant en vue une future décision panorthodoxe concernant le rétablissement d'une Eglise orthodoxe locale unique en Amérique. Nous pouvons remarquer que, déjà en 1905, un projet de création de cette Eglise avait été présenté au Saint Synode par le saint Patriarche Tikhon qui était alors l’Archevêque d'Aléoutie et d'Amérique du Nord.
En 1970, l’Eglise russe orthodoxe, inspirée par la vision de saint Tikhon d’une seule Eglise orthodoxe sur le continent américain, a accordé l’autocéphalie à la partie de l’orthodoxie américaine qui était auparavant sous son autorité canonique. L’espoir était que les orthodoxes d’autres juridictions se joindraient éventuellement à cette Eglise autocéphale, qui a reçu le nom d’Eglise orthodoxe en Amérique (O.C.A.). Cependant, cela n’est pas encore arrivé et en Amérique il y a actuellement des diocèses métropolitains, des archidiocèses et des diocèses de différentes Eglises orthodoxes locales, à côté de l’Eglise orthodoxe autocéphale en Amérique.
Dans cette situation, je crois que l’originalité de l’O.C.A. tient dans le fait que cela a été la première Eglise orthodoxe sur le continent américain à s’être déclarée elle-même américaine. Ce qui signifie qu’elle n’est pas une des Eglises ethniques de la «diaspora», mais l’Eglise orthodoxe des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Ce qui signifie être le témoignage vivant de l’universalité du christianisme orthodoxe. Comme l’a dit le métropolite Kallistos Ware, «l’Eglise orthodoxe n’est pas quelque chose d’exotique ou d’oriental, c’est tout simplement le christianisme. Nous pouvons donc dire à toute personne qui voudrait se joindre à l’Eglise orthodoxe : «Vous n’avez pas besoin d’être ou de devenir Russe ou Grec ou Antiochien pour être orthodoxe. Vous n’avez pas besoin de devenir exotique ou oriental, vous pouvez être orthodoxe en gardant votre identité nationale ou culturelle.»
Cependant, tout en étant américaine, l’Eglise orthodoxe sur le continent américain doit être capable d’assister pastoralement tous les groupes ethniques qui en auraient besoin. Cette sorte de disponibilité fait véritablement partie de l’expérience américaine. L’Eglise doit aussi être capable de réagir aux nouvelles vagues d’immigration, en incorporant les nouveaux immigrants, avec leurs langues et leurs cultures. La tâche de l’Eglise orthodoxe en Amérique vis-à-vis des immigrants doit consister non pas à les « américaniser », mais à les christianiser et à les «orthodoxiser». D’où le besoin d’être ouverte aux nouvelles potentialités offertes par les nouvelles immigrations" insiste le président du DREE.
Cause de discorde ou acte prophétique?
"Il est triste de constater que la Très Sainte Eglise de Constantinople n'a pas soutenu l’acte de 1970 et n'a pas contribué à l'union tant souhaitée. Jusqu'à présent, cela reste une cause de discorde et de mécontentement qu’éprouvent de nombreux Orthodoxes en Amérique en ce qui concerne leur statut" regrette Alexis II.
Répondant à une remarque sur l'absence du primat de l'OCA à la synaxe citée plus haut, Mgr Hilarion affirme en 2008: "Je crois que le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise orthodoxe russe. Une des plus importantes caractéristiques de l’O.C.A. dans la période 1970-1990 a été sa grande réputation à travers le monde, peut-être particulièrement par le grand travail missionnaire du séminaire Saint Vladimir et ses personnalités les plus remarquables, comme les pères Georges Florovsky, Alexandre Schmemann et père Jean Meyendorff. Bien que l’O.C.A soit demeurée non reconnue par Constantinople comme une Eglise autocéphale, ses mérites dans le domaine de la mission, de l’éducation et de l’évangélisation ont été reconnus dans le monde entier. En d’autres termes, sa célébrité a été largement due aux personnalités qui la représentaient sur la scène internationale. On a senti qu’après la mort inattendue du père Jean Meyendorff (1), la réputation de l’O.C.A. a commencé à décliner sensiblement. Il est vrai que les troubles récents ont à nouveau nui à sa réputation. De grands efforts seront nécessaires pour restaurer sa crédibilité dans le monde orthodoxe.
…
L’ O.C.A. joue un rôle particulier dans l’orthodoxie américaine, à travers sa participation à la S.C.O.B.A. (2), elle est déjà impliquée dans le travail pour l’unité panorthodoxe sur le continent américain. Je crois qu’un jour, tôt ou tard, il y aura une Eglise orthodoxe unie d’Amérique, qui englobera toutes les juridictions existant actuellement. Il est clair cependant que nous avons un long chemin devant nous et que sur ce chemin l’O.C.A., qui est déjà constituée comme une Eglise autocéphale, devra aider les autres Eglises orthodoxes à se reconnaître elles-mêmes comme membres de l’orthodoxie américaine" conclut le président du DREE.
A suivre…
Notes de VG
(1) Le père Jean Meyendorff fut le décan du séminaire St Vladimir de 1984 à juin 1992.
(2) Remplacée en 2010 par la "Episcopal Assembly of North and Central America" dont l'OCA fait partie avec les représentations des patriarcats de Constantinople, Antioche, Moscou, Serbie, Roumanie, Bulgarie et Géorgie. Cf. ICI
Vladimir GOLOVANOW
Rédigé par Vladimir Golovanow le 2 Janvier 2014 à 19:53
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