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Vladimir GOLOVANOW
Le père Serge Model (archevêché russe en Belgique) a publié une très intéressante étude sur "Une page méconnue de l’histoire de l’orthodoxie en Occident : la mission orthodoxe belge (1963-1987)":
"Aujourd’hui, l’histoire religieuse de l’émigration russe au XXe siècle est relativement bien connue. De nombreuses études, articles et livres ont, en effet, analysé ce sujet, parfois de manière très détaillée. Une page de cette histoire semble cependant encore peu étudiée, que ce soit « par ignorance ou par oubli », selon la formule de la Liturgie de Saint Basile : celle des communautés orthodoxes « occidentales », fondées dans différents pays d’Europe par des « convertis » à l’orthodoxie, célébrant dans les langues européennes locales (anglais, français, etc.) et fonctionnant dans un « style » quelque peu distinct de la manière orthodoxe traditionnelle.
Le père Serge Model (archevêché russe en Belgique) a publié une très intéressante étude sur "Une page méconnue de l’histoire de l’orthodoxie en Occident : la mission orthodoxe belge (1963-1987)":
"Aujourd’hui, l’histoire religieuse de l’émigration russe au XXe siècle est relativement bien connue. De nombreuses études, articles et livres ont, en effet, analysé ce sujet, parfois de manière très détaillée. Une page de cette histoire semble cependant encore peu étudiée, que ce soit « par ignorance ou par oubli », selon la formule de la Liturgie de Saint Basile : celle des communautés orthodoxes « occidentales », fondées dans différents pays d’Europe par des « convertis » à l’orthodoxie, célébrant dans les langues européennes locales (anglais, français, etc.) et fonctionnant dans un « style » quelque peu distinct de la manière orthodoxe traditionnelle.
Qui étaient ces Occidentaux « de souche » devenus orthodoxes et quelles étaient leurs motivations ? Comment ont-ils concilié leurs racines nationales et culturelles avec l’éthos orthodoxe ? Comment la vie de ces communautés s’est-elle organisée ? Quelles étaient leurs relations avec les Églises-mères et les communautés orthodoxes locales « nationales » ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Toutes ces questions peuvent se poser pour chacune des expériences menées un peu partout en Occident ; nous tenterons, ici, de les aborder à travers l’exemple de la « Mission orthodoxe belge », qui exista (au sein de l’Église orthodoxe russe [patriarcat de Moscou]) dans ce petit pays au cœur de l’Europe, entre 1963 et 1987." Suite ici
Au-delà du très intéressant cas particulier, dont l'auteur explique bien les circonstances et les choix, je voudrais m'arrêter sur quelques enseignements généraux que nous pouvons en tirer:
Le Patriarcat de Moscou et l'acculturation
C'est d'abord un nouvel exemple qui montre à quel point le Patriarcat de Moscou participe à "l’occidentalisation de l’orthodoxie en Europe occidentale". "Votre qualité de Belges et d’Occidentaux sera toujours scrupuleusement respectée dans le cadre de la foi et de la tradition orthodoxe. […] Vous pouvez être absolument sûrs que votre reconnaissance du pouvoir canonique de Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toute la Russie ne vous impliquera d’aucune façon dans des affaires politiques. Abstention complète de toute politique et loyauté envers les pays où nous vivons constituent d’ailleurs les bases mêmes de l’existence de notre Exarchat en Europe occidentale" assurait Mgr Basile (Krivochéine), exarque du patriarche de Moscou. (cf. article). "De même, les Fondements de la Doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe soulignent que « le caractère universel de l’Église ne signifie pas néanmoins que le chrétien n’ait pas droit à une originalité nationale, à une expression nationale. […] Les différences culturelles entre chaque peuple trouvent leur expression dans la liturgie et dans les autres formes d’art religieux, en particulier dans les particularités de l’organisation de la vie chrétienne. »" (ibidem)
L'illusion des conversions locales
Une autre leçon qu'en tire l'auteur est qu'il faut "cesser de se faire des illusions au sujet d’une possible conversion « en nombre » d’Occidentaux à l’orthodoxie. Même durant les vingt-cinq ans d’existence de la Mission orthodoxe belge, et à l’époque d’une crise profonde dans l’Église catholique au sortir du concile Vatican II, le nombre de « convertis » en Belgique ne s’éleva pas à plus de quelques dizaines (au mieux, centaines) de personnes ; aujourd’hui, le nombre de Belges « de souche » devenus orthodoxes avoisine peut-être le millier (toutes générations et juridictions confondues). (…) En réalité, les chiffres des pays voisins sont tout à fait comparables (France : trois mille « convertis » environ, Grande-Bretagne : deux à trois mille, soit, à chaque fois, environ 1 % des orthodoxes des pays concernés [ce qui renvoie d’ailleurs les projets de création d’Églises orthodoxes « locales » en Europe occidentale au rang d’hypothèses largement irréalistes ou à un futur indéfini]). En réalité, les Occidentaux devenus orthodoxes cherchaient avant tout dans cette Église une « gardienne de la tradition indivise des premiers siècles », et estimaient que la présence du Christ se retrouvait « à un degré plus pur » dans ce « catholicisme traditionnel qu’est l’orthodoxie ».
Aujourd’hui, rares sont ceux qui, en Occident, recherchent le christianisme même le plus authentique, et l’écrasante majorité des personnes qui quittent le catholicisme, par exemple, se tournent vers l’islam ou les religions orientales, voire abandonnent simplement toute pratique religieuse, dans le contexte du processus accéléré de laïcisation de la société." (ibidem)
Au-delà du très intéressant cas particulier, dont l'auteur explique bien les circonstances et les choix, je voudrais m'arrêter sur quelques enseignements généraux que nous pouvons en tirer:
Le Patriarcat de Moscou et l'acculturation
C'est d'abord un nouvel exemple qui montre à quel point le Patriarcat de Moscou participe à "l’occidentalisation de l’orthodoxie en Europe occidentale". "Votre qualité de Belges et d’Occidentaux sera toujours scrupuleusement respectée dans le cadre de la foi et de la tradition orthodoxe. […] Vous pouvez être absolument sûrs que votre reconnaissance du pouvoir canonique de Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toute la Russie ne vous impliquera d’aucune façon dans des affaires politiques. Abstention complète de toute politique et loyauté envers les pays où nous vivons constituent d’ailleurs les bases mêmes de l’existence de notre Exarchat en Europe occidentale" assurait Mgr Basile (Krivochéine), exarque du patriarche de Moscou. (cf. article). "De même, les Fondements de la Doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe soulignent que « le caractère universel de l’Église ne signifie pas néanmoins que le chrétien n’ait pas droit à une originalité nationale, à une expression nationale. […] Les différences culturelles entre chaque peuple trouvent leur expression dans la liturgie et dans les autres formes d’art religieux, en particulier dans les particularités de l’organisation de la vie chrétienne. »" (ibidem)
L'illusion des conversions locales
Une autre leçon qu'en tire l'auteur est qu'il faut "cesser de se faire des illusions au sujet d’une possible conversion « en nombre » d’Occidentaux à l’orthodoxie. Même durant les vingt-cinq ans d’existence de la Mission orthodoxe belge, et à l’époque d’une crise profonde dans l’Église catholique au sortir du concile Vatican II, le nombre de « convertis » en Belgique ne s’éleva pas à plus de quelques dizaines (au mieux, centaines) de personnes ; aujourd’hui, le nombre de Belges « de souche » devenus orthodoxes avoisine peut-être le millier (toutes générations et juridictions confondues). (…) En réalité, les chiffres des pays voisins sont tout à fait comparables (France : trois mille « convertis » environ, Grande-Bretagne : deux à trois mille, soit, à chaque fois, environ 1 % des orthodoxes des pays concernés [ce qui renvoie d’ailleurs les projets de création d’Églises orthodoxes « locales » en Europe occidentale au rang d’hypothèses largement irréalistes ou à un futur indéfini]). En réalité, les Occidentaux devenus orthodoxes cherchaient avant tout dans cette Église une « gardienne de la tradition indivise des premiers siècles », et estimaient que la présence du Christ se retrouvait « à un degré plus pur » dans ce « catholicisme traditionnel qu’est l’orthodoxie ».
Aujourd’hui, rares sont ceux qui, en Occident, recherchent le christianisme même le plus authentique, et l’écrasante majorité des personnes qui quittent le catholicisme, par exemple, se tournent vers l’islam ou les religions orientales, voire abandonnent simplement toute pratique religieuse, dans le contexte du processus accéléré de laïcisation de la société." (ibidem)
Rédigé par Vladimir Golovanow le 16 Octobre 2010 à 11:11
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