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Nicolas Imbert
Fondé en 1925 par Dom Lambert Beauduin, cette cité monastique se distingue par la coexistence, dans une seule et même communauté, de deux traditions liturgiques : d’une part celle de l’Occident (rite latin) et d’autre part celle de l’Orient (rite byzantin).
Ayant l’aspiration profonde d’une unité entre chrétiens, la vocation de ce monastère s’inscrit dans une démarche œcuménique que la célébration des deux liturgies inaugure et réalise par un « rapprochement des âmes » que formulait de ses vœux le père Beauduin. Un désir de rapprochement qui n’entre pas en dissonance avec l’identité bénédictine du monastère, bien au contraire.
Fondé en 1925 par Dom Lambert Beauduin, cette cité monastique se distingue par la coexistence, dans une seule et même communauté, de deux traditions liturgiques : d’une part celle de l’Occident (rite latin) et d’autre part celle de l’Orient (rite byzantin).
Ayant l’aspiration profonde d’une unité entre chrétiens, la vocation de ce monastère s’inscrit dans une démarche œcuménique que la célébration des deux liturgies inaugure et réalise par un « rapprochement des âmes » que formulait de ses vœux le père Beauduin. Un désir de rapprochement qui n’entre pas en dissonance avec l’identité bénédictine du monastère, bien au contraire.
En effet, saint Benoît, patriarche du monachisme en Occident, s’enracine dans la tradition patristique dont il invoque l’héritage dans sa règle monastique par les « enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l’homme jusqu’aux sommets de la perfection » ou encore par les Vies des Pères du Désert et des Institutions de Saint Cassien qui sont d’après lui des « instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants« . (1)
Des relations avec le monastère orthodoxe du Mont Athos
Cette proximité entre l’identité bénédictine de Chevetogne et l’Orthodoxie se traduit aussi par les relations du monastère avec le Mont Athos.
En effet, si les relations entre le Mont Athos et les bénédictins cessèrent à partir de la fin du XIIIe siècle — période qui annonçait la clôture de la présence d’un monastère de bénédictins amalfitains sur la sainte Montagne installés depuis le Xe siècle — les moines bénédictins de Chevetogne s’attachèrent à renouer des liens étroits avec ce haut lieu de l’Orthodoxie.
Durant le XXe siècle, plusieurs moines de Chevetogne se sont plongés des mois durant dans le quotidien des moines du Mont Athos dans la perspective de redécouvrir les profondeurs de la spiritualité hésychaste, au cœur même de la règle athonite. (2)
Récusant toute logique d’uniatisme, c’est par l’immersion complète dans la spiritualité orthodoxe que ces moines bénédictins expriment le désir d’un dialogue fondé sur la connaissance mutuelle de l’Occident et de l’Orient chrétiens.
À chaque office au sein du monastère de Chevetogne, les cloches des deux églises latines et byzantines entonnent à l’unisson leurs mélodies qui rappellent la beauté de l’héritage spirituel des « deux poumons » de l’Église. (4)
L’église byzantine se singularise par son son architecture de tradition russe et ses fresques de tradition grecque conjuguant ainsi la beauté de l’art divin à l’histoire du christianisme.
Chaque jour y sont célébrés les matines et les vêpres en slavon, tout comme la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, le dimanche matin. De plus, la célébration de la Liturgie en slavon permet d’instaurer une certaine proximité avec l’Église orthodoxe russe avec laquelle le monastère entretient des relations fraternelles. Des relations qui se traduisent par des invitations mutuelles en Belgique et en Russie pour mieux se connaître et s’aimer. (5)
Des relations avec le monastère orthodoxe du Mont Athos
Cette proximité entre l’identité bénédictine de Chevetogne et l’Orthodoxie se traduit aussi par les relations du monastère avec le Mont Athos.
En effet, si les relations entre le Mont Athos et les bénédictins cessèrent à partir de la fin du XIIIe siècle — période qui annonçait la clôture de la présence d’un monastère de bénédictins amalfitains sur la sainte Montagne installés depuis le Xe siècle — les moines bénédictins de Chevetogne s’attachèrent à renouer des liens étroits avec ce haut lieu de l’Orthodoxie.
Durant le XXe siècle, plusieurs moines de Chevetogne se sont plongés des mois durant dans le quotidien des moines du Mont Athos dans la perspective de redécouvrir les profondeurs de la spiritualité hésychaste, au cœur même de la règle athonite. (2)
Récusant toute logique d’uniatisme, c’est par l’immersion complète dans la spiritualité orthodoxe que ces moines bénédictins expriment le désir d’un dialogue fondé sur la connaissance mutuelle de l’Occident et de l’Orient chrétiens.
À chaque office au sein du monastère de Chevetogne, les cloches des deux églises latines et byzantines entonnent à l’unisson leurs mélodies qui rappellent la beauté de l’héritage spirituel des « deux poumons » de l’Église. (4)
L’église byzantine se singularise par son son architecture de tradition russe et ses fresques de tradition grecque conjuguant ainsi la beauté de l’art divin à l’histoire du christianisme.
Chaque jour y sont célébrés les matines et les vêpres en slavon, tout comme la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, le dimanche matin. De plus, la célébration de la Liturgie en slavon permet d’instaurer une certaine proximité avec l’Église orthodoxe russe avec laquelle le monastère entretient des relations fraternelles. Des relations qui se traduisent par des invitations mutuelles en Belgique et en Russie pour mieux se connaître et s’aimer. (5)
L’Église latine, quant à elle, dispose d’un atrium et d’une coupole ornés de deux magnifiques fresques romanes — écrites du talent divin d’un moine iconographe russe — représentant la Jérusalem céleste et le Christ pantocrator. (6)
Également dotée d’une bibliothèque exceptionnelle qui recueille en son sein plus de 150 000 ouvrages, le monastère donne la possibilité à chaque retraitant de s’y documenter et étudier les écrits des Pères de l’Église, les théologies orientales et occidentales, la philosophie…
Les moines de Chevetogne, aussi connus pour être à la pointe dans la polyphonie orthodoxe de tradition russe, ont été amenés depuis les années 60 à réaliser de nombreux enregistrements dont il est toujours possible de se procurer les CDs. Actuellement, le monastère bénéficie d’un système d’enregistrement qui permet de suivre, à distance, les offices en direct du monastère à partir de leur site Internet. (7) Chacun peut donc, chez soi, écouter les chants de Chevetogne et s’élever vers le Ciel. LIEN ALETEIA
.......................
(1) Cf Règle de Saint Benoit – verset 2 à 7 du chapitre 73
(2) Cf l’article « Pélerins bénédictins au Mont Athos » écrit par Fr. A. Lambrechts dans la revue Irénikon /1998/
(3) L’ « uniatisme » est une conception ecclésiologique qui visait à convertir les orthodoxes au catholicisme. Cette conception est aujourd’hui abandonnée par l’Église catholique depuis la déclaration de Balamand datant de 1993.
(4) Cette expression fut utilisée par saint Jean Paul II dans son encyclique Ut Unum Sint /1995/ pour désigner l’Occident et l’Orient chrétiens comme les deux poumons de l’Eglise.
(5) Cf l’article « Les contacts entre l’Église orthodoxe russe et le monastère d’Amay-Chevetogne », écrit par Fr. A. Lambrechts dans la revue Irénikon /2003/
(6) Cf histoire et photos
(7) Monastere de Chevetogne
Également dotée d’une bibliothèque exceptionnelle qui recueille en son sein plus de 150 000 ouvrages, le monastère donne la possibilité à chaque retraitant de s’y documenter et étudier les écrits des Pères de l’Église, les théologies orientales et occidentales, la philosophie…
Les moines de Chevetogne, aussi connus pour être à la pointe dans la polyphonie orthodoxe de tradition russe, ont été amenés depuis les années 60 à réaliser de nombreux enregistrements dont il est toujours possible de se procurer les CDs. Actuellement, le monastère bénéficie d’un système d’enregistrement qui permet de suivre, à distance, les offices en direct du monastère à partir de leur site Internet. (7) Chacun peut donc, chez soi, écouter les chants de Chevetogne et s’élever vers le Ciel. LIEN ALETEIA
.......................
(1) Cf Règle de Saint Benoit – verset 2 à 7 du chapitre 73
(2) Cf l’article « Pélerins bénédictins au Mont Athos » écrit par Fr. A. Lambrechts dans la revue Irénikon /1998/
(3) L’ « uniatisme » est une conception ecclésiologique qui visait à convertir les orthodoxes au catholicisme. Cette conception est aujourd’hui abandonnée par l’Église catholique depuis la déclaration de Balamand datant de 1993.
(4) Cette expression fut utilisée par saint Jean Paul II dans son encyclique Ut Unum Sint /1995/ pour désigner l’Occident et l’Orient chrétiens comme les deux poumons de l’Eglise.
(5) Cf l’article « Les contacts entre l’Église orthodoxe russe et le monastère d’Amay-Chevetogne », écrit par Fr. A. Lambrechts dans la revue Irénikon /2003/
(6) Cf histoire et photos
(7) Monastere de Chevetogne
Père Antoine Lambrechts
Mgr Basile Krivochéine, l’Eglise catholique et Chevetogne
« Mes causeries ont suscité parmi eux un grand intérêt — écrit-il à son frère Igor après sa visite à Chevetogne, en mars 1957. C’est un plaisir (et en même temps extrêmement triste) de voir que ces « uniates » (6) (ils sont tous de différentes nationalités occidentales — des Belges, des Français, etc.) ont à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe (= du Patriarcat de Moscou) plus de sympathie, de compréhension et de bienveillance que beaucoup de nos émigrés hybrides.
Mais je dois ajouter, que l’on peut trouver une telle attitude de sympathie seulement chez une petite minorité de Catholiques. Le Vatican et la grande majorité des hiérarques catholiques se comportent à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe sans amitié, et souvent même avec hostilité » (7).
Devenu évêque de Bruxelles, il nous honorait presque chaque année par sa participation aux « Semaines d’études œcuméniques », fondées pendant la deuxième guerre mondiale par le P. Clément Lialine, moine de notre communauté. Ces Semaines d’études ont toujours eu un caractère théologique, patristique ou monastique.
Mgr Basile Krivochéine, l’Eglise catholique et Chevetogne
« Mes causeries ont suscité parmi eux un grand intérêt — écrit-il à son frère Igor après sa visite à Chevetogne, en mars 1957. C’est un plaisir (et en même temps extrêmement triste) de voir que ces « uniates » (6) (ils sont tous de différentes nationalités occidentales — des Belges, des Français, etc.) ont à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe (= du Patriarcat de Moscou) plus de sympathie, de compréhension et de bienveillance que beaucoup de nos émigrés hybrides.
Mais je dois ajouter, que l’on peut trouver une telle attitude de sympathie seulement chez une petite minorité de Catholiques. Le Vatican et la grande majorité des hiérarques catholiques se comportent à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe sans amitié, et souvent même avec hostilité » (7).
Devenu évêque de Bruxelles, il nous honorait presque chaque année par sa participation aux « Semaines d’études œcuméniques », fondées pendant la deuxième guerre mondiale par le P. Clément Lialine, moine de notre communauté. Ces Semaines d’études ont toujours eu un caractère théologique, patristique ou monastique.
Les participants de différentes Eglises pouvaient y aborder des problèmes d’actualité œcuménique en toute franchise, et Mgr Basile y intervenait volontiers au vif des débats (8). Les journées se terminaient d’habitude par la célébration des Vêpres byzantines en slavon et Mgr Basile acceptait alors de réciter le psaume invitatoire, le psaume 103.
En 1980, il nous a honorés également en publiant aux Editions de Chevetogne, la version française de son œuvre capitale sur la vie et la spiritualité de Syméon le Nouveau Théologien. « Dans la lumière du Christ » (9).
A partir des années soixante, notre monastère était, grâce à lui, obligatoirement sur le programme de toutes les visites officielles — ou autres — des hiérarques du patriarcat de Moscou, ce qui nous a permis d’élargir considérablement nos contacts œcuméniques parmi le clergé en Russie.
Parfois, Mgr Basile semblait même vouloir nous considérer comme étant de sa juridiction lorsqu’il nous manifestait gentiment son mécontentement de nos contacts avec l’archevêché russe de Constantinople ou avec l’Eglise russe hors-frontières. « Vous êtes quand-même pour le patriarcat de Moscou ! », nous disait-il alors…
/// Nous n’étions certainement pas les seuls Catholiques — en Belgique ou ailleurs — en qui il avait confiance. Sans doute, son séjour à Oxford, sa participation aux célèbres congrès patristiques d’Oxford, et surtout sa nomination comme évêque de Bruxelles lui a permis de s’ouvrir aux autres chrétiens et d’approfondir ses contacts avec les Catholiques. Une lettre (10) de 1939, où il met sa mère en garde contre la piété catholique, nous montre quel chemin il a parcouru dans ce sens depuis sa période athonite....
Suite et LIVRE
En 1980, il nous a honorés également en publiant aux Editions de Chevetogne, la version française de son œuvre capitale sur la vie et la spiritualité de Syméon le Nouveau Théologien. « Dans la lumière du Christ » (9).
A partir des années soixante, notre monastère était, grâce à lui, obligatoirement sur le programme de toutes les visites officielles — ou autres — des hiérarques du patriarcat de Moscou, ce qui nous a permis d’élargir considérablement nos contacts œcuméniques parmi le clergé en Russie.
Parfois, Mgr Basile semblait même vouloir nous considérer comme étant de sa juridiction lorsqu’il nous manifestait gentiment son mécontentement de nos contacts avec l’archevêché russe de Constantinople ou avec l’Eglise russe hors-frontières. « Vous êtes quand-même pour le patriarcat de Moscou ! », nous disait-il alors…
/// Nous n’étions certainement pas les seuls Catholiques — en Belgique ou ailleurs — en qui il avait confiance. Sans doute, son séjour à Oxford, sa participation aux célèbres congrès patristiques d’Oxford, et surtout sa nomination comme évêque de Bruxelles lui a permis de s’ouvrir aux autres chrétiens et d’approfondir ses contacts avec les Catholiques. Une lettre (10) de 1939, où il met sa mère en garde contre la piété catholique, nous montre quel chemin il a parcouru dans ce sens depuis sa période athonite....
Suite et LIVRE
Basile KRIVOCHÉINE « Dans la lumière du Christ. Saint Syméon le Nouveau Théologien (949-1022) » Vie, Spiritualité, Doctrine / Chevetogne [Belgique]. Éditions de Chevetogne — 1980; " Editions de Chevetogne«, la version française de son œuvre capitale sur la vie et la spiritualité de Syméon le Nouveau Théologien.
Dans la Lumière du Christ. Mgr Basile voulait illustrer par là une attitude très caractéristique envers ce grand Saint et mystique chez certains clercs et théologiens orthodoxes du siècle dernier. C’était, en effet, Mgr Basile qui a commencé et stimulé l’édition des textes originaux de St Syméon. Plusieurs savants en Occident ont contribué à cette édition. Avant le travail de Mgr Basile, St Syméon était encore peu connu en Occident (et, comme la remarque de ce prélat orthodoxe le montre, Syméon était souvent ignoré même dans le monde orthodoxe, bien que ses Hymnes et quelques sélections de ses Discours aient été publiées dans la Philocalie, en grec, slavon, russe et roumain).
Dans la Lumière du Christ. Mgr Basile voulait illustrer par là une attitude très caractéristique envers ce grand Saint et mystique chez certains clercs et théologiens orthodoxes du siècle dernier. C’était, en effet, Mgr Basile qui a commencé et stimulé l’édition des textes originaux de St Syméon. Plusieurs savants en Occident ont contribué à cette édition. Avant le travail de Mgr Basile, St Syméon était encore peu connu en Occident (et, comme la remarque de ce prélat orthodoxe le montre, Syméon était souvent ignoré même dans le monde orthodoxe, bien que ses Hymnes et quelques sélections de ses Discours aient été publiées dans la Philocalie, en grec, slavon, russe et roumain).
Assis : Mgr Basile, le moine Gabriel (Chevetogne), Michel Van Parys, le diacre Gery Lemaire, le père Michel Van Parys, Mgr Basile. (6) Debout : l’archimandrite Joseph Lamine, le métropolite Emelianos, le diacre Gery Lemaire et le père Daniel Gelsi Plus de photos rencontres
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Octobre 2017 à 06:38
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