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Le hiéromoine Joseph (Pavlinciuc), diocèse de Chersonèse, a soutenu le 4 décembre 2014 sa thèse de doctorat. La thèse « La vie monastique pendant la période soviétique : l’exemple de Noul-Neamț » a obtenu la mention « excellent » La soutenance a eu lieu dans les locaux de l’INALCO.
Présentation pour la soutenance de la thèse le 4 décembre 2014:
Mesdames, messieurs les membres du jury. Je vous remercie d’avoir bien voulu lire ce travail et d’avoir accepté de participer à cette soutenance. Je remercie également mon directeur de thèse, M. Pierre Gonneau, qui m’inculqué le désir d’étudier et d’analyser les manuscrits, les document, les ouvrages concernant l’histoire de la Russie, de la Moldavie et de la France et pour avoir dirigé cette recherche. Je remercie Mme Simone Maline, ma professeure de la langue française. Je remercie ma famille, tous les invités et vous tous qui êtes venus aujourd’hui pour cet événement.
Ma thèse de doctorat s’intitule : "La vie monastique pendant la période soviétique : l’exemple de Noul-Neamț"
Présentation pour la soutenance de la thèse le 4 décembre 2014:
Mesdames, messieurs les membres du jury. Je vous remercie d’avoir bien voulu lire ce travail et d’avoir accepté de participer à cette soutenance. Je remercie également mon directeur de thèse, M. Pierre Gonneau, qui m’inculqué le désir d’étudier et d’analyser les manuscrits, les document, les ouvrages concernant l’histoire de la Russie, de la Moldavie et de la France et pour avoir dirigé cette recherche. Je remercie Mme Simone Maline, ma professeure de la langue française. Je remercie ma famille, tous les invités et vous tous qui êtes venus aujourd’hui pour cet événement.
Ma thèse de doctorat s’intitule : "La vie monastique pendant la période soviétique : l’exemple de Noul-Neamț"
Ma recherche porte donc sur l’étendue et les limites de la pratique religieuse et en particulier de la vie régulière dans le cadre d’une région historiquement orthodoxe, située aux confins de trois empires modernes : l’Empire russe, l’Empire ottoman et l’Empire autrichien. Après la Première Guerre mondiale, cette région a eu des statuts divers et était incorporée à des formations politiques antagonistes. Elle a porté tour à tour les noms de République autonome socialiste soviétique (RASS) Moldave (1924-1940), puis de République socialiste soviétique (RSS) Moldave (1940-1941). Entre 1941 et 1944 elle a fait partie de la Roumanie, avant de redevenir RSSM de 1944 à 1991 -; elle était alors l’une des quinze républiques formant l’URSS. Depuis, 1991, sous le nom de République de la Moldavie, elle est indépendante.
Ma recherche a été menée à partir de l’ensemble des fonds d’archives consultables à ce jour. Son but était d’étudier les conditions de l’exercice de la liberté de culte, en principe garantie par toutes les constitutions de l’URSS et les restrictions pratiques qu’elle a connues, depuis les entraves aux célébrations et processions, où à l’entretien des bâtiments, jusqu’à la liquidation des communautés religieuses et l’interdiction non officielle faite aux jeunes gens d’entrer en religion. Je me suis intéressé aussi au contexte économique dans lequel s’est déroulée la vie monastique pendant la période soviétique, allant de la forte taxation des exploitations appartenant aux communautés religieuses, jusqu’à la confiscation des terres, des bâtiments, des biens monastiques, au regroupement et à la fermeture, prétendument spontanée des abbayes. Je me suis aussi intéressé aux réactions que ces initiatives ont suscitées au sein de l’Église, à la répression qui s’est abattue sur le clergé et les fidèles et à la façon dont les uns et les autres ont pu traverser cette période.
Le point central de ce travail est le monastère de Noul-Neamț. Cette année, est une année jubilaire pour lui. Il a été fondé, il y a 150 ans et est devenu le symbole de la vie spirituelle et culturelle moldave. Il représente un pilier de l’orthodoxie et un noyau de l’héritage hésychaste, renouvelé, adopté et transmis aux générations suivantes par Païssij de Neamț (1722-1794) au XVIIIème siècle.
Noul-Neamț se trouve non loin du Dniestr, au village de Chițcani. Situé à 70 km de Chișinău, à 10 km de Bender et à 5 de Tiraspol, il a attiré et attire encore pèlerins, dignitaires ecclésiastiques, hommes politiques et visiteurs étrangers. Du point de vue géopolitique, il se trouve à la frontière entre le monde slave et roumain, et la communauté a acquis, dès ses débuts, l'habitude des complications diplomatiques et des tracasseries des administrations, tant russes que roumaines. Il faut rappeler que Noul-Neamț fut et est encore une communauté multilingue, multinationale et multiculturelle. Grâce à cette situation particulière, le monastère a joué un rôle important non seulement au sein de l’Église locale (diocèse de Chisinau) et de la population avoisinante, mais aussi, dans la sphère des relations internationales. Au XIXe et au XXe siècle, les frères de Noul-Neamț ont participé activement à l’action pastorale des centres ecclésiastiques de Bucarest et de Chisinau, mais aussi d’Ivanovo et d’Odessa ; ils ont desservi des paroisses moldaves, mais aussi ukrainiennes, en remplacement de prêtres malades, ou de façon plus permanente.
Les sources principales de ce travail sont les Archives publiques et ecclésiastiques et les fonds personnels qui ont été préservés.
Aux Archives Nationales de la République de Moldavie (Arhiva Nationala Republici Moldova - ANRM), j’ai étudié des documents conservés dans les fonds 3046 et 2119, qui contiennent des informations très précieuses sur la vie monastique de cette époque. Le fonds 3046 inclut tous les documents passés par les mains des plénipotentiaires du Conseil de l’Église Orthodoxe Russe (EOR) auprès du Conseil des Ministres de la RSSM. On y trouve des notes de comptes-rendus faits au Conseil, des emplois du temps d’État, des devis et des comptes d’évaluation de devis, des documents issus de la direction centrale et locale, des demandes et des pétitions en faveur de l’ouverture d’églises ou de monastères, des plaintes etc. Dans le fonds du monastère de Noul-Neamț, pour la période 1847-1962 (F. 2119 Inventaires 1-6), ont été étudiés: les listes de la confrérie de Noul-Neamț, complétées par les données d’enquêtes ponctuelles, les protocoles des réunions du conseil monastique et des assemblés générales, les documents financiers et économiques, la correspondance, les décrets épiscopaux et les rapports des supérieurs de l’abbaye, ainsi que les pétitions et les plaintes. J’ai aussi mis à contribution certains manuscrits de la bibliothèque de Noul-Neamț. La chercheuse moldave Valentina Pelin, avait déjà noté, il y a 25 ans – je cite – : « Les manuscrits du monastère Noul-Neamț contiennent une abondante matière pour l’étude de l’histoire de la Moldavie, des liens culturels avec la Bulgarie, l’Ukraine et la Russie; pour l’étude de l’histoire des lettres slavonnes en Moldavie et l’histoire de la langue moldave. Cette matière a une grande valeur pour la slavistique mondiale, d’autant plus qu’une partie significative des fonds manuscrits anciens, conservés dans les pays slaves eux-mêmes, a disparu lors de la Deuxième Guerre mondiale » . Le fonds de Noul-Neamț est réputé pour son apport à la connaissance des arts de la calligraphie, de l’enluminure, ou encore de la reliure en Moldavie. On y trouve aussi des témoins de la production de papier dans le pays. Je souligne que ce jugement flatteur date de 1989, alors que la Moldavie faisait encore partie de l’Union soviétique.
Aux Archives Nationales de la Fédération de Russie (Gosudarstvennyi Arxiv Rossijskoj Federacii – GARF) a été étudié le fonds du Conseil pour les affaires de l’Église Orthodoxe Russe et du Conseil pour les affaires Religieuses (F-R. 6991). Il est d’une très grande importance. Le fonds contient: les protocoles des réunions du Conseil et du Très-Saint Synode, la correspondance des patriarches, les notes des entretiens des évêques avec les employés du Conseil, les notes des comptes-rendus destinés au Comité Central du PCUS, des instructions, des analyses globales, les comptes-rendus des plénipotentiaires, les dossiers personnels du clergé etc.
Des renseignements supplémentaires sont fournis par les Archives des organisations sociopolitiques de la République de Moldavie (Arhiva organizațiilor social-politce a Republicii Moldova – AOSP RM) (F. 51). Dans les séries que j’ai dépouillées, j’ai trouvé les détails du plan de suppression des monastères dressé en 1949 et d’autres projets analogues. J’ai aussi recueilli des documents concernant le village de Chițcani (F. 14 ; F. 3174 ; F. 112), sur le territoire duquel est établi l’abbaye. Ces sources m’ont permis de préciser les relations entre les autorités locales et les moines.
Aux Archives du Patriarcat de Moscou (APM), j’ai dépouillé les dossiers personnels des membres du haut clergé du diocèse de Chișinău et de Moldavie pendant la période soviétique. Les Archives du diocèse de la Moldavie (AMM) conservent les dossiers personnels de certains prêtres et moines du diocèse qui ont joué un rôle appréciable dans la vie monastique de l’époque soviétique.
Outre ces sources de première main, j’ai pu utiliser les recueils de documents compilés par divers chercheurs moldaves et étrangers, ainsi que des mémoires d’ecclésiastiques: l’historien et politicien Valeriu Pasat , Gerd Štrikker , Dimitri Pospelovskij , Mixail Škarovsky , l’archevêque Basile (Krivochéine) et d’autres.
Ma recherche a été menée à partir de l’ensemble des fonds d’archives consultables à ce jour. Son but était d’étudier les conditions de l’exercice de la liberté de culte, en principe garantie par toutes les constitutions de l’URSS et les restrictions pratiques qu’elle a connues, depuis les entraves aux célébrations et processions, où à l’entretien des bâtiments, jusqu’à la liquidation des communautés religieuses et l’interdiction non officielle faite aux jeunes gens d’entrer en religion. Je me suis intéressé aussi au contexte économique dans lequel s’est déroulée la vie monastique pendant la période soviétique, allant de la forte taxation des exploitations appartenant aux communautés religieuses, jusqu’à la confiscation des terres, des bâtiments, des biens monastiques, au regroupement et à la fermeture, prétendument spontanée des abbayes. Je me suis aussi intéressé aux réactions que ces initiatives ont suscitées au sein de l’Église, à la répression qui s’est abattue sur le clergé et les fidèles et à la façon dont les uns et les autres ont pu traverser cette période.
Le point central de ce travail est le monastère de Noul-Neamț. Cette année, est une année jubilaire pour lui. Il a été fondé, il y a 150 ans et est devenu le symbole de la vie spirituelle et culturelle moldave. Il représente un pilier de l’orthodoxie et un noyau de l’héritage hésychaste, renouvelé, adopté et transmis aux générations suivantes par Païssij de Neamț (1722-1794) au XVIIIème siècle.
Noul-Neamț se trouve non loin du Dniestr, au village de Chițcani. Situé à 70 km de Chișinău, à 10 km de Bender et à 5 de Tiraspol, il a attiré et attire encore pèlerins, dignitaires ecclésiastiques, hommes politiques et visiteurs étrangers. Du point de vue géopolitique, il se trouve à la frontière entre le monde slave et roumain, et la communauté a acquis, dès ses débuts, l'habitude des complications diplomatiques et des tracasseries des administrations, tant russes que roumaines. Il faut rappeler que Noul-Neamț fut et est encore une communauté multilingue, multinationale et multiculturelle. Grâce à cette situation particulière, le monastère a joué un rôle important non seulement au sein de l’Église locale (diocèse de Chisinau) et de la population avoisinante, mais aussi, dans la sphère des relations internationales. Au XIXe et au XXe siècle, les frères de Noul-Neamț ont participé activement à l’action pastorale des centres ecclésiastiques de Bucarest et de Chisinau, mais aussi d’Ivanovo et d’Odessa ; ils ont desservi des paroisses moldaves, mais aussi ukrainiennes, en remplacement de prêtres malades, ou de façon plus permanente.
Les sources principales de ce travail sont les Archives publiques et ecclésiastiques et les fonds personnels qui ont été préservés.
Aux Archives Nationales de la République de Moldavie (Arhiva Nationala Republici Moldova - ANRM), j’ai étudié des documents conservés dans les fonds 3046 et 2119, qui contiennent des informations très précieuses sur la vie monastique de cette époque. Le fonds 3046 inclut tous les documents passés par les mains des plénipotentiaires du Conseil de l’Église Orthodoxe Russe (EOR) auprès du Conseil des Ministres de la RSSM. On y trouve des notes de comptes-rendus faits au Conseil, des emplois du temps d’État, des devis et des comptes d’évaluation de devis, des documents issus de la direction centrale et locale, des demandes et des pétitions en faveur de l’ouverture d’églises ou de monastères, des plaintes etc. Dans le fonds du monastère de Noul-Neamț, pour la période 1847-1962 (F. 2119 Inventaires 1-6), ont été étudiés: les listes de la confrérie de Noul-Neamț, complétées par les données d’enquêtes ponctuelles, les protocoles des réunions du conseil monastique et des assemblés générales, les documents financiers et économiques, la correspondance, les décrets épiscopaux et les rapports des supérieurs de l’abbaye, ainsi que les pétitions et les plaintes. J’ai aussi mis à contribution certains manuscrits de la bibliothèque de Noul-Neamț. La chercheuse moldave Valentina Pelin, avait déjà noté, il y a 25 ans – je cite – : « Les manuscrits du monastère Noul-Neamț contiennent une abondante matière pour l’étude de l’histoire de la Moldavie, des liens culturels avec la Bulgarie, l’Ukraine et la Russie; pour l’étude de l’histoire des lettres slavonnes en Moldavie et l’histoire de la langue moldave. Cette matière a une grande valeur pour la slavistique mondiale, d’autant plus qu’une partie significative des fonds manuscrits anciens, conservés dans les pays slaves eux-mêmes, a disparu lors de la Deuxième Guerre mondiale » . Le fonds de Noul-Neamț est réputé pour son apport à la connaissance des arts de la calligraphie, de l’enluminure, ou encore de la reliure en Moldavie. On y trouve aussi des témoins de la production de papier dans le pays. Je souligne que ce jugement flatteur date de 1989, alors que la Moldavie faisait encore partie de l’Union soviétique.
Aux Archives Nationales de la Fédération de Russie (Gosudarstvennyi Arxiv Rossijskoj Federacii – GARF) a été étudié le fonds du Conseil pour les affaires de l’Église Orthodoxe Russe et du Conseil pour les affaires Religieuses (F-R. 6991). Il est d’une très grande importance. Le fonds contient: les protocoles des réunions du Conseil et du Très-Saint Synode, la correspondance des patriarches, les notes des entretiens des évêques avec les employés du Conseil, les notes des comptes-rendus destinés au Comité Central du PCUS, des instructions, des analyses globales, les comptes-rendus des plénipotentiaires, les dossiers personnels du clergé etc.
Des renseignements supplémentaires sont fournis par les Archives des organisations sociopolitiques de la République de Moldavie (Arhiva organizațiilor social-politce a Republicii Moldova – AOSP RM) (F. 51). Dans les séries que j’ai dépouillées, j’ai trouvé les détails du plan de suppression des monastères dressé en 1949 et d’autres projets analogues. J’ai aussi recueilli des documents concernant le village de Chițcani (F. 14 ; F. 3174 ; F. 112), sur le territoire duquel est établi l’abbaye. Ces sources m’ont permis de préciser les relations entre les autorités locales et les moines.
Aux Archives du Patriarcat de Moscou (APM), j’ai dépouillé les dossiers personnels des membres du haut clergé du diocèse de Chișinău et de Moldavie pendant la période soviétique. Les Archives du diocèse de la Moldavie (AMM) conservent les dossiers personnels de certains prêtres et moines du diocèse qui ont joué un rôle appréciable dans la vie monastique de l’époque soviétique.
Outre ces sources de première main, j’ai pu utiliser les recueils de documents compilés par divers chercheurs moldaves et étrangers, ainsi que des mémoires d’ecclésiastiques: l’historien et politicien Valeriu Pasat , Gerd Štrikker , Dimitri Pospelovskij , Mixail Škarovsky , l’archevêque Basile (Krivochéine) et d’autres.
Lire aussi MOLDAVIE – VI : LES RELATIONS ENTRE L’EGLISE ET L’ETAT A L’EPOQUE DE STALINE
Les documents reproduits dans la presse ecclésiastique russe, roumaine ou moldave des années 1960 à nos jours ont joué un rôle important pour l’élaboration de ce travail. On peut citer le Žurnal Moskovskoj Patriarxii (fr. Journal du Patriarcat de Moscou ), Luminătоrul (fr. L’Illuminateur), Misionаrul (fr. Le missionnaire), Biserica besarabeană (fr. L’Église bessarabienne), Zvonnica Moldovy (fr. Le clocher de la Moldavie), Ecclésia (fr. l’Église).
Le ton de ses publications change considérablement après 1989, et elles sont marquées par leur propos religieux, mais elles sont souvent les seules à consigner certains événements et à évoquer le destin de certains prêtres, moines et fidèles.
Des publications françaises ont été aussi consultées au cours de la rédaction de ce travail, comme la revue Vestnik, en russe, ou Messager orthodoxe, en français, organe de l’Action Chrétienne des Étudiants Russes - Mouvement de la Jeunesse orthodoxe (ACER-MJO), la revue Istina du centre d’études « Istina », la Revue des études slaves de l’Institut d’études slaves à Paris.
J’ai divisé ma thèse en huit chapitres.
La périodisation que j’ai adoptée correspond à celle que d'autres chercheurs (Mixail Škarovskij , Elena Șișcanu , Ljudmila Tixonov , ou l’archiprêtre Vladislav Cypin) , avaient déjà mis en évidence. Sa pertinence s’est vérifiée dans le cas de mon étude :
1940-1941 – la première année de l’administration soviétique
1944-1948 – la période d’adaptation à la nouvelle réalité soviétique
1948-1953 – le refroidissement des relations entre l’État et l’Église
1954-1958 – la période du « Dégel »
1958-1964 – la persécution khrouchtchévienne
Lire aussi MOLDAVIE - I : L’EGLISE ET L’ETAT A L’EPOQUE DE STALINE ET KHROUCHTCHEV
Dans le premier chapitre : « Règles des monastères moldaves », je donne une idée générale de l’histoire du monachisme moldave, en insistant plus particulièrement sur la rédaction, la diffusion et l’application des règles. Si les origines remontent au Moyen-âge tardif, la plus influente est celle de saint Païssij Veličkovskij (1722-1794). Abbé, auteur de la Philocalie en version slave, ce père spirituel a profondément renouvelé la spiritualité monastique dans les pays roumains et en Ukraine. Instaurée au monastère de Neamț (au nord-est de la Roumanie actuelle), sa règle sera ensuite transposée et adoptée à Noul-Neamț. On la trouvera traduite en français dans les annexes de mon travail.
Dans le deuxième chapitre « La vie monastique en Moldavie soviétique 1944-1958 » sont présentés le début de l’époque soviétique, l’adaptation des moines à la nouvelle réalité soviétique, et la période du « Dégel ». Deux événements importants ont eu lieu au cours de ces quinze années: le synode monastique de 1955 et la visite en Moldavie du patriarche Alexis Ier (Simanskij), en 1956. Toutefois, ce chapitre ne se limite pas au cadre juridique ou à la vie spirituelle, mais aborde aussi largement les questions économiques. On constate une amélioration, progressive, mais nette, de la situation matérielle des abbayes moldaves qui leur permet d’engager des travaux de réparation des églises et des bâtiments monastiques, fortement endommagés, lors la Deuxième Guerre mondiale. En même temps, le nombre de fidèles, de pèlerins et de novices augmente considérablement, ainsi que les revenus des aumônes. Cette situation ne pouvait satisfaire les autorités soviétiques dont la politique de relative tolérance était purement tactique. Il s’agissait de remettre l’agriculture moldave en marche et d’éviter de heurter de front un sentiment religieux encore fort dans un pays qui venait de rejoindre l’URSS. On peut considérer cette période comme une « accalmie avant l’orage ».
Le troisième chapitre est consacré à la persécution khrouchtchévienne des années 1958-1964. J’ai essayé d’y analyser les étapes du développement de la campagne antireligieuse ainsi que les formes de la résistance à la persécution. J’ai donné les détails concernant la fermeture de plusieurs monastères, en particularité Răciula, Hîrbovăți, Saharna, etc. Sur ce point particulier, j’ai recueilli le témoignage oral d’un des acteurs des évènements de Răciula, qui était parmi ceux qui se sont barricadés pendant 10 jours dans l’église du monastère pour protester contre sa fermeture (23 juin – 2 juillet 1959). Un petit sous-chapitre est consacré à la réutilisation des édifices monastiques par l’administration soviétique.
Les quatre chapitres suivants sont consacrés spécifiquement à Noul-Neamț. Le chapitre 4 évoque l’histoire de l’abbaye, de sa fondation jusqu’à 1918. J’y analyse les raisons de la fondation de ce nouveau monastère, entre 1856 et 1864, dans le contexte des relations entre l’Empire russe et l’Empire ottoman, puis entre la Russie et la Roumanie naissante. Une attention plus particulière est accordée à l’activité des premiers trois abbés (Théophane (Cristea) (1864-1884), Andronic (Popovici) (1884-1893) et Germain (Eremcioi) (1893-1921)) qui ont jeté les bases du fonctionnement de la communauté et subi les désagréments causés par la situation quelque peu exceptionnelle de cette abbaye, à cheval sur deux mondes. Noul-Neamț dépend du Saint-Synode, organe dirigeant de l’Église orthodoxe russe, mais garde aussi des liens institutionnels avec sa « maison-mère », Neamț, qui est située en Roumanie. La participation des frères de Noul-Neamț à la Première guerre mondiale est aussi évoquée : près de 70 d’entre eux furent mobilisés par l’Armée impériale russe et affectés aux soins des malades dans les hôpitaux militaires.
Le chapitre 5 évoque la vie du monastère l’entre-deux-guerres. Pendant cette période, le territoire de l’ancienne province russe de Bessarabie est rattaché à la Roumanie. Du point de vue ecclésiastique, il est constitué en métropole au sein de l’Église roumaine, et le premier titulaire de cette chaire, Gurios (Grossu), se trouve être un ancien frère de Noul-Neamț. Les relations avec la communauté sont tendues, car si le métropolite accorde une attention particulière aux besoins du monastère, il intervient aussi dans l’élection du supérieur, en essayant d’imposer son candidat en 1930. Une autre crise se produit en 1938-1939 quand une partie de la communauté propose de rebaptiser l’abbaye du nom du patriarche Miron Cristea qui était alors régent et premier-ministre. On chercha à trouver un lien entre lui et le premier abbé du monastère, le père Théophane (Cristea). Certains dignitaires ecclésiastiques supposèrent qu’ils étaient de la même famille. Pendant ce temps, le monastère possède un temporel important et diversifié (terrains agricoles, vergers, vignobles, une technique agricole modernisée) et la confrérie oscille entre 109 et 140 moines.
Le chapitre 6 traite de la première période soviétique (1940-1941) et de la Deuxième Guerre mondiale (1941-1944). La situation politique, économique et financière de l’abbaye connaît de profonds changements. Après la vague d’arrestation due à l’arrivée du pouvoir soviétique, une attention particulière est accordée aux frères qui ont participé à la Mission Orthodoxe de Transnistrie, pendant les années 1941-1944. A partir de cette période-là et jusqu’au nos jours, les hiéromoines du monastère ont commencé à exercer leur ministère d’une façon nouvelle, en desservant des paroisses, hors les murs de l’abbaye. Cette pratique devint courante pendant la deuxième période soviétique, quand presque tous les prêtres du monastère (entre 12 et 14 selon les années) furent envoyés par l’évêque dans les paroisses du diocèse.
Le chapitre 7 est consacré à la dernière phase de l’histoire de Noul-Neamț avant sa fermeture, soit durant les années 1944-1962. Je décris en premier lieu la situation complexe de la région au moment où les troupes soviétiques s’y installent. La question de la restitution des biens emportés en Roumanie et du retour éventuel des frères qui s’y sont réfugiés est particulièrement cruciale en 1945-1946. S’instaure ensuite un certain équilibre entre collectivisation, mise en place du mode de vie socialiste, et préservation d’une vie religieuse au centre de laquelle une place de choix est dévolue à Noul-Neamț. L’abbaye reste un lieu de pèlerinage fréquente, attirant jusqu’à trois mille fidèles à l’occasion de sa fête patronale. Son activité économique est encore profitable et des accommodements sont parfois trouvés avec le Kolkhoze local. Elle abrite aussi un certain nombre de prélats à la retraite. Les choses changent sous l’impulsion venue d’en-haut. Les autorités soviétiques contraignent les frères à accepter toute une série de restrictions inédites à leur activité économique, renvoient les hiéromoines au sein de la communauté, obtiennent le soutien d’un épiscopat qui se refuse à la confrontation. Après une rétraction progressive, l’abbaye est fermée en 1962.
Le dernier chapitre de la thèse donne une image de « la vie monastique après 1962 ». Dans ce contexte, l’attention principale est accordée à la vie clandestine des moines et des moniales, ainsi qu’au monastère de Japca (unique monastère moldave actif pendant les années 1962-1989), à son histoire et aux spécificités de la période soviétique tardive.
En définitive, ce sont 24 monastères et plus de 700 églises qui furent fermés par le pouvoir soviétique en Moldavie. Ces lieux de culte et d’habitation furent transformés en dépôts, en écuries, en salles de sport, en hôpitaux ou en musée (le clocher de Noul-Neamt fut transformé en musée de la gloire de l’Armée Soviétique) etc., et le nombre de moines fut réduit à quelques dizaines de personnes.
Ce travail, fondé pour l’essentiel sur le dépouillement de sources inédites, est une contribution à l’histoire de la vie religieuse en Moldavie au XXème siècle. Il se veut aussi une pierre supplémentaire apportée à la connaissance de la politique religieuse de l’Union soviétique. Les moines y occupent la place d’honneur et la prosopographie du clergé orthodoxe est un de mes champs d’étude, mais j’ai aussi cherché, dans la mesure du possible, à approcher les carrières des responsables publics, qu’il s’agisse des agents d’exécution locaux ou des plénipotentiaires chargés des affaires de l’Église orthodoxe en Moldavie. Ce personnel spécialisé de l’administration soviétique a ses particularités, qui n’ont pas encore été étudiées avec autant d’attention que d’autres, comme les enseignants et les chercheurs, les militaires, ou les membres des organes de la sécurité intérieure. Enfin, j’ai eu à cœur de montrer, à chaque fois qu’elle apparaît dans les documents, la population. Qu’elle fasse partie des « fidèles » qui défendent leur église paroissiale, leur abbaye, par conviction religieuse ou des simples habitants, tantôt mobilisés dans la lutte pour l’athéisme, tantôt tenus à l’écart lors des opérations rondement menées, d’évacuation et de fermeture, elle est le tissu humain dans lequel le monastère est implanté. Elle est l’enjeu du combat qui se livre pour imposer « l’homme nouveau », du socialisme ou pour préserver un héritage séculaire. Ce sont ses enfants qui doivent choisir entre deux sortes de vocation : devenir novice ou komsomol…
J’espère que ma recherche pourra être utile à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Moldavie, à l’histoire de la période soviétique et à l’histoire des mentalités dans l’Europe de l’Est et des Balkans.
Je vous remercie de votre attention.
Les documents reproduits dans la presse ecclésiastique russe, roumaine ou moldave des années 1960 à nos jours ont joué un rôle important pour l’élaboration de ce travail. On peut citer le Žurnal Moskovskoj Patriarxii (fr. Journal du Patriarcat de Moscou ), Luminătоrul (fr. L’Illuminateur), Misionаrul (fr. Le missionnaire), Biserica besarabeană (fr. L’Église bessarabienne), Zvonnica Moldovy (fr. Le clocher de la Moldavie), Ecclésia (fr. l’Église).
Le ton de ses publications change considérablement après 1989, et elles sont marquées par leur propos religieux, mais elles sont souvent les seules à consigner certains événements et à évoquer le destin de certains prêtres, moines et fidèles.
Des publications françaises ont été aussi consultées au cours de la rédaction de ce travail, comme la revue Vestnik, en russe, ou Messager orthodoxe, en français, organe de l’Action Chrétienne des Étudiants Russes - Mouvement de la Jeunesse orthodoxe (ACER-MJO), la revue Istina du centre d’études « Istina », la Revue des études slaves de l’Institut d’études slaves à Paris.
J’ai divisé ma thèse en huit chapitres.
La périodisation que j’ai adoptée correspond à celle que d'autres chercheurs (Mixail Škarovskij , Elena Șișcanu , Ljudmila Tixonov , ou l’archiprêtre Vladislav Cypin) , avaient déjà mis en évidence. Sa pertinence s’est vérifiée dans le cas de mon étude :
1940-1941 – la première année de l’administration soviétique
1944-1948 – la période d’adaptation à la nouvelle réalité soviétique
1948-1953 – le refroidissement des relations entre l’État et l’Église
1954-1958 – la période du « Dégel »
1958-1964 – la persécution khrouchtchévienne
Lire aussi MOLDAVIE - I : L’EGLISE ET L’ETAT A L’EPOQUE DE STALINE ET KHROUCHTCHEV
Dans le premier chapitre : « Règles des monastères moldaves », je donne une idée générale de l’histoire du monachisme moldave, en insistant plus particulièrement sur la rédaction, la diffusion et l’application des règles. Si les origines remontent au Moyen-âge tardif, la plus influente est celle de saint Païssij Veličkovskij (1722-1794). Abbé, auteur de la Philocalie en version slave, ce père spirituel a profondément renouvelé la spiritualité monastique dans les pays roumains et en Ukraine. Instaurée au monastère de Neamț (au nord-est de la Roumanie actuelle), sa règle sera ensuite transposée et adoptée à Noul-Neamț. On la trouvera traduite en français dans les annexes de mon travail.
Dans le deuxième chapitre « La vie monastique en Moldavie soviétique 1944-1958 » sont présentés le début de l’époque soviétique, l’adaptation des moines à la nouvelle réalité soviétique, et la période du « Dégel ». Deux événements importants ont eu lieu au cours de ces quinze années: le synode monastique de 1955 et la visite en Moldavie du patriarche Alexis Ier (Simanskij), en 1956. Toutefois, ce chapitre ne se limite pas au cadre juridique ou à la vie spirituelle, mais aborde aussi largement les questions économiques. On constate une amélioration, progressive, mais nette, de la situation matérielle des abbayes moldaves qui leur permet d’engager des travaux de réparation des églises et des bâtiments monastiques, fortement endommagés, lors la Deuxième Guerre mondiale. En même temps, le nombre de fidèles, de pèlerins et de novices augmente considérablement, ainsi que les revenus des aumônes. Cette situation ne pouvait satisfaire les autorités soviétiques dont la politique de relative tolérance était purement tactique. Il s’agissait de remettre l’agriculture moldave en marche et d’éviter de heurter de front un sentiment religieux encore fort dans un pays qui venait de rejoindre l’URSS. On peut considérer cette période comme une « accalmie avant l’orage ».
Le troisième chapitre est consacré à la persécution khrouchtchévienne des années 1958-1964. J’ai essayé d’y analyser les étapes du développement de la campagne antireligieuse ainsi que les formes de la résistance à la persécution. J’ai donné les détails concernant la fermeture de plusieurs monastères, en particularité Răciula, Hîrbovăți, Saharna, etc. Sur ce point particulier, j’ai recueilli le témoignage oral d’un des acteurs des évènements de Răciula, qui était parmi ceux qui se sont barricadés pendant 10 jours dans l’église du monastère pour protester contre sa fermeture (23 juin – 2 juillet 1959). Un petit sous-chapitre est consacré à la réutilisation des édifices monastiques par l’administration soviétique.
Les quatre chapitres suivants sont consacrés spécifiquement à Noul-Neamț. Le chapitre 4 évoque l’histoire de l’abbaye, de sa fondation jusqu’à 1918. J’y analyse les raisons de la fondation de ce nouveau monastère, entre 1856 et 1864, dans le contexte des relations entre l’Empire russe et l’Empire ottoman, puis entre la Russie et la Roumanie naissante. Une attention plus particulière est accordée à l’activité des premiers trois abbés (Théophane (Cristea) (1864-1884), Andronic (Popovici) (1884-1893) et Germain (Eremcioi) (1893-1921)) qui ont jeté les bases du fonctionnement de la communauté et subi les désagréments causés par la situation quelque peu exceptionnelle de cette abbaye, à cheval sur deux mondes. Noul-Neamț dépend du Saint-Synode, organe dirigeant de l’Église orthodoxe russe, mais garde aussi des liens institutionnels avec sa « maison-mère », Neamț, qui est située en Roumanie. La participation des frères de Noul-Neamț à la Première guerre mondiale est aussi évoquée : près de 70 d’entre eux furent mobilisés par l’Armée impériale russe et affectés aux soins des malades dans les hôpitaux militaires.
Le chapitre 5 évoque la vie du monastère l’entre-deux-guerres. Pendant cette période, le territoire de l’ancienne province russe de Bessarabie est rattaché à la Roumanie. Du point de vue ecclésiastique, il est constitué en métropole au sein de l’Église roumaine, et le premier titulaire de cette chaire, Gurios (Grossu), se trouve être un ancien frère de Noul-Neamț. Les relations avec la communauté sont tendues, car si le métropolite accorde une attention particulière aux besoins du monastère, il intervient aussi dans l’élection du supérieur, en essayant d’imposer son candidat en 1930. Une autre crise se produit en 1938-1939 quand une partie de la communauté propose de rebaptiser l’abbaye du nom du patriarche Miron Cristea qui était alors régent et premier-ministre. On chercha à trouver un lien entre lui et le premier abbé du monastère, le père Théophane (Cristea). Certains dignitaires ecclésiastiques supposèrent qu’ils étaient de la même famille. Pendant ce temps, le monastère possède un temporel important et diversifié (terrains agricoles, vergers, vignobles, une technique agricole modernisée) et la confrérie oscille entre 109 et 140 moines.
Le chapitre 6 traite de la première période soviétique (1940-1941) et de la Deuxième Guerre mondiale (1941-1944). La situation politique, économique et financière de l’abbaye connaît de profonds changements. Après la vague d’arrestation due à l’arrivée du pouvoir soviétique, une attention particulière est accordée aux frères qui ont participé à la Mission Orthodoxe de Transnistrie, pendant les années 1941-1944. A partir de cette période-là et jusqu’au nos jours, les hiéromoines du monastère ont commencé à exercer leur ministère d’une façon nouvelle, en desservant des paroisses, hors les murs de l’abbaye. Cette pratique devint courante pendant la deuxième période soviétique, quand presque tous les prêtres du monastère (entre 12 et 14 selon les années) furent envoyés par l’évêque dans les paroisses du diocèse.
Le chapitre 7 est consacré à la dernière phase de l’histoire de Noul-Neamț avant sa fermeture, soit durant les années 1944-1962. Je décris en premier lieu la situation complexe de la région au moment où les troupes soviétiques s’y installent. La question de la restitution des biens emportés en Roumanie et du retour éventuel des frères qui s’y sont réfugiés est particulièrement cruciale en 1945-1946. S’instaure ensuite un certain équilibre entre collectivisation, mise en place du mode de vie socialiste, et préservation d’une vie religieuse au centre de laquelle une place de choix est dévolue à Noul-Neamț. L’abbaye reste un lieu de pèlerinage fréquente, attirant jusqu’à trois mille fidèles à l’occasion de sa fête patronale. Son activité économique est encore profitable et des accommodements sont parfois trouvés avec le Kolkhoze local. Elle abrite aussi un certain nombre de prélats à la retraite. Les choses changent sous l’impulsion venue d’en-haut. Les autorités soviétiques contraignent les frères à accepter toute une série de restrictions inédites à leur activité économique, renvoient les hiéromoines au sein de la communauté, obtiennent le soutien d’un épiscopat qui se refuse à la confrontation. Après une rétraction progressive, l’abbaye est fermée en 1962.
Le dernier chapitre de la thèse donne une image de « la vie monastique après 1962 ». Dans ce contexte, l’attention principale est accordée à la vie clandestine des moines et des moniales, ainsi qu’au monastère de Japca (unique monastère moldave actif pendant les années 1962-1989), à son histoire et aux spécificités de la période soviétique tardive.
En définitive, ce sont 24 monastères et plus de 700 églises qui furent fermés par le pouvoir soviétique en Moldavie. Ces lieux de culte et d’habitation furent transformés en dépôts, en écuries, en salles de sport, en hôpitaux ou en musée (le clocher de Noul-Neamt fut transformé en musée de la gloire de l’Armée Soviétique) etc., et le nombre de moines fut réduit à quelques dizaines de personnes.
Ce travail, fondé pour l’essentiel sur le dépouillement de sources inédites, est une contribution à l’histoire de la vie religieuse en Moldavie au XXème siècle. Il se veut aussi une pierre supplémentaire apportée à la connaissance de la politique religieuse de l’Union soviétique. Les moines y occupent la place d’honneur et la prosopographie du clergé orthodoxe est un de mes champs d’étude, mais j’ai aussi cherché, dans la mesure du possible, à approcher les carrières des responsables publics, qu’il s’agisse des agents d’exécution locaux ou des plénipotentiaires chargés des affaires de l’Église orthodoxe en Moldavie. Ce personnel spécialisé de l’administration soviétique a ses particularités, qui n’ont pas encore été étudiées avec autant d’attention que d’autres, comme les enseignants et les chercheurs, les militaires, ou les membres des organes de la sécurité intérieure. Enfin, j’ai eu à cœur de montrer, à chaque fois qu’elle apparaît dans les documents, la population. Qu’elle fasse partie des « fidèles » qui défendent leur église paroissiale, leur abbaye, par conviction religieuse ou des simples habitants, tantôt mobilisés dans la lutte pour l’athéisme, tantôt tenus à l’écart lors des opérations rondement menées, d’évacuation et de fermeture, elle est le tissu humain dans lequel le monastère est implanté. Elle est l’enjeu du combat qui se livre pour imposer « l’homme nouveau », du socialisme ou pour préserver un héritage séculaire. Ce sont ses enfants qui doivent choisir entre deux sortes de vocation : devenir novice ou komsomol…
J’espère que ma recherche pourra être utile à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Moldavie, à l’histoire de la période soviétique et à l’histoire des mentalités dans l’Europe de l’Est et des Balkans.
Je vous remercie de votre attention.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Décembre 2014 à 12:59
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