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Un article de Ioulia Lindé, photos Vladimir Echtokine
Traduit par Laurence Guillon
Revue "FOMA"
La crèche russe, ou vertep, lorsque je la vis pour la première fois, fut pour moi un enchantement. Contrairement aux crèches occidentales, c’est un petit théâtre où des figurines nous jouent l’histoire de la Nativité. Ceux qui les animent alternent dialogues et parties chantées traditionnelles. Ce jour-là, c’était un père et sa fille, laquelle s’accompagnait à la vielle à roue. Le petit théâtre, dans une pièce obscure, était illuminé par des bougies, comme celui qui nous est montré ici. Le récit psalmodié, les chants si purs, la poésie des figurines dans la douce et magique lumière, je n’en ai rien oublié, et j’ai longtemps regretté de ne pouvoir confectionner et mettre en scène un vertep à l’école.
En Europe, jusqu’à ce jour, existe la tradition séculaire des crèches de Noël.
Certains les achètent dans les magasins ou sur les marchés, d’autres préfèrent les faire eux-mêmes. En Russie, les crèches étaient populaires jusqu’à la révolution. A partir de 1917, les traditions liées à la Nativité furent visées les premières par la propagande antireligieuse commençante. La renaissance de la crèche se place dans les années 80. La pression idéologique se relâchant, les folkloristes eurent la possibilité d’étudier activement et ouvertement les traditions religieuses populaires.
Traduit par Laurence Guillon
Revue "FOMA"
La crèche russe, ou vertep, lorsque je la vis pour la première fois, fut pour moi un enchantement. Contrairement aux crèches occidentales, c’est un petit théâtre où des figurines nous jouent l’histoire de la Nativité. Ceux qui les animent alternent dialogues et parties chantées traditionnelles. Ce jour-là, c’était un père et sa fille, laquelle s’accompagnait à la vielle à roue. Le petit théâtre, dans une pièce obscure, était illuminé par des bougies, comme celui qui nous est montré ici. Le récit psalmodié, les chants si purs, la poésie des figurines dans la douce et magique lumière, je n’en ai rien oublié, et j’ai longtemps regretté de ne pouvoir confectionner et mettre en scène un vertep à l’école.
En Europe, jusqu’à ce jour, existe la tradition séculaire des crèches de Noël.
Certains les achètent dans les magasins ou sur les marchés, d’autres préfèrent les faire eux-mêmes. En Russie, les crèches étaient populaires jusqu’à la révolution. A partir de 1917, les traditions liées à la Nativité furent visées les premières par la propagande antireligieuse commençante. La renaissance de la crèche se place dans les années 80. La pression idéologique se relâchant, les folkloristes eurent la possibilité d’étudier activement et ouvertement les traditions religieuses populaires.
Ces deux dernières décennies, le spectacle dramatique de la crèche retrouvée jouit d’un succès particulier. Le mettent en scène aussi bien des professionnels que des particuliers, sur la scène ou à la maison, pour les enfants. Cependant la crèche est à la crèche un sujet de discorde…
Qu’est-ce que la crèche ?
La crèche, est dénommée vertep, ce qui, en vieux slave, signifie « grotte ». Et bien que ce mot ait beaucoup d’autres sens, on en désigne, comme il se doit, cette grotte unique dans laquelle le Christ est né. La grotte de la Nativité, ou Sainte Grotte, qui se trouve sous l’ambon de l’église de la Nativité du Christ, à Bethléem. Le lieu de la naissance du Seigneur est indiqué sur le sol par une étoile d’argent et une inscription en latin :« ici naquit Jésus Christ de la Vierge Marie ». Dans une niche arrondie, au dessus de l’étoile, brûlent seize lampes à huiles. Et un peu plus loin se dresse l’Autel de la crèche, l’endroit où la Vierge Marie déposa le Christ après sa naissance. La crèche elle-même, la mangeoire des animaux domestiques dont elle se servit de berceau, fut emportée à Rome au VII° siècle, en qualité de relique très vénérable. Et la niche, où se trouvait la mangeoire, fut recouverte de marbre.
Cette Grotte devint le modèle de toutes les crèches créées depuis par l’art des hommes.
Avec le temps, de la main des artisans sortirent des crèches de bois sculpté, de carton et de papier mâché, d’argile, de porcelaine, de plâtre… Recherchées ou toutes simples, avec de grands ou de petits panoramas, reproduisant la naissance au monde du Seigneur, elles étaient une sorte de Bible pour les illettrés. Leur apparition remonterait, d’après certains savants, à François d’Assise qui, en 1223, fêta la Sainte Nuit dans le village de Greccio. En souvenir de la fête, il créa une représentation vivante de la scène de la Grotte (en Italien prezele, « crèche »). Depuis, existe en Italie la tradition de représenter des prezele dans les églises et chez les particuliers. En 2005, à l’Eglise du Christ Sauveur, eut lieu une exposition de crèches italiennes.
On en apporta de toutes les régions d’Italie. Les figurines de l’enfant Jésus, et de sa Mère, de Joseph, des anges, des bergers, dans ces représentations statiques, transportent souvent le spectateur, depuis la Judée antique dans l’Italie contemporaine, avec ses ruelles pittoresques et ses personnages hauts en couleurs. A ce propos, encore aujourd’hui, existe à Naples une rue où se trouvent de nombreux ateliers de fabrication de crèches.
En Russie, naturellement, il y avait aussi des prezele. Dans les églises, jusqu’à aujourd’hui, on fait au dessus de l’icône de la Nativité une sorte de tente avec des branches de sapin, en y accrochant des ornements brillants. Cependant, au XVIII et au XIX° siècles, les crèches théâtrales étaient beaucoup plus populaires, car elles offraient de petites représentations avec des figurines sur les sujet de la Nativité. On appelait également crèche (vertep), le castelet amovible à deux étages où avait lieu le spectacle, à proprement parler.
Mais quel que soit la crèche, statique, mécanique ou vivante, pour le spectateur, elle reste le signe miraculeux qui désigne précisément la grotte de Bethléem.
Qu’est-ce que la crèche ?
La crèche, est dénommée vertep, ce qui, en vieux slave, signifie « grotte ». Et bien que ce mot ait beaucoup d’autres sens, on en désigne, comme il se doit, cette grotte unique dans laquelle le Christ est né. La grotte de la Nativité, ou Sainte Grotte, qui se trouve sous l’ambon de l’église de la Nativité du Christ, à Bethléem. Le lieu de la naissance du Seigneur est indiqué sur le sol par une étoile d’argent et une inscription en latin :« ici naquit Jésus Christ de la Vierge Marie ». Dans une niche arrondie, au dessus de l’étoile, brûlent seize lampes à huiles. Et un peu plus loin se dresse l’Autel de la crèche, l’endroit où la Vierge Marie déposa le Christ après sa naissance. La crèche elle-même, la mangeoire des animaux domestiques dont elle se servit de berceau, fut emportée à Rome au VII° siècle, en qualité de relique très vénérable. Et la niche, où se trouvait la mangeoire, fut recouverte de marbre.
Cette Grotte devint le modèle de toutes les crèches créées depuis par l’art des hommes.
Avec le temps, de la main des artisans sortirent des crèches de bois sculpté, de carton et de papier mâché, d’argile, de porcelaine, de plâtre… Recherchées ou toutes simples, avec de grands ou de petits panoramas, reproduisant la naissance au monde du Seigneur, elles étaient une sorte de Bible pour les illettrés. Leur apparition remonterait, d’après certains savants, à François d’Assise qui, en 1223, fêta la Sainte Nuit dans le village de Greccio. En souvenir de la fête, il créa une représentation vivante de la scène de la Grotte (en Italien prezele, « crèche »). Depuis, existe en Italie la tradition de représenter des prezele dans les églises et chez les particuliers. En 2005, à l’Eglise du Christ Sauveur, eut lieu une exposition de crèches italiennes.
On en apporta de toutes les régions d’Italie. Les figurines de l’enfant Jésus, et de sa Mère, de Joseph, des anges, des bergers, dans ces représentations statiques, transportent souvent le spectateur, depuis la Judée antique dans l’Italie contemporaine, avec ses ruelles pittoresques et ses personnages hauts en couleurs. A ce propos, encore aujourd’hui, existe à Naples une rue où se trouvent de nombreux ateliers de fabrication de crèches.
En Russie, naturellement, il y avait aussi des prezele. Dans les églises, jusqu’à aujourd’hui, on fait au dessus de l’icône de la Nativité une sorte de tente avec des branches de sapin, en y accrochant des ornements brillants. Cependant, au XVIII et au XIX° siècles, les crèches théâtrales étaient beaucoup plus populaires, car elles offraient de petites représentations avec des figurines sur les sujet de la Nativité. On appelait également crèche (vertep), le castelet amovible à deux étages où avait lieu le spectacle, à proprement parler.
Mais quel que soit la crèche, statique, mécanique ou vivante, pour le spectateur, elle reste le signe miraculeux qui désigne précisément la grotte de Bethléem.
Histoire du vertep
Comme l’écrit dans son « esquisse d’une histoire de la crèche en Russie », Boris Goldovski, le vertep est l’un des plus mystérieux phénomènes esthetico-théâtral., reflétant l’image qu’on se faisait du monde à chaque époque. Les Hellènes de l’antiquité connaissaient déjà quelque chose de comparable. On posait une planche sur une colonne où l’on montrait des scènes qui disparaissaient quand on tirait les rideaux.
Un castelet à deux étages, pareil à celui du vertep, fût décrit au I° siècle de notre ère par Géron d’Alexandrie. Les poupées en étaient mécaniques et étaient actionnées au moyen d’une manivelle spéciale. A l’étage supérieur se trouvaient les dieux, à l’étage inférieur les Argonautes.
Pour parler des mises en scène de la Nativité, d’après Boris Goldovski, elles apparurent bien plus tôt que le XII° siècle, sans doute au V° siècle, sous le pape Clément III. Celui-ci pensait avec sagesse que pour toucher le cœur des gens simples qui ne connaissaient ni le grec, ni le latin, la voie la plus directe c’était une belle illustration d’un sujet biblique. C’est sans doute à ce moment-là que se manifestèrent dans les églises des panoramas en volume de la Grotte de Bethléem, avec l’enfant dans la crèche et les animaux penchés sur lui.
(1ère partie)
Suite : Partie 2 et 3
Comme l’écrit dans son « esquisse d’une histoire de la crèche en Russie », Boris Goldovski, le vertep est l’un des plus mystérieux phénomènes esthetico-théâtral., reflétant l’image qu’on se faisait du monde à chaque époque. Les Hellènes de l’antiquité connaissaient déjà quelque chose de comparable. On posait une planche sur une colonne où l’on montrait des scènes qui disparaissaient quand on tirait les rideaux.
Un castelet à deux étages, pareil à celui du vertep, fût décrit au I° siècle de notre ère par Géron d’Alexandrie. Les poupées en étaient mécaniques et étaient actionnées au moyen d’une manivelle spéciale. A l’étage supérieur se trouvaient les dieux, à l’étage inférieur les Argonautes.
Pour parler des mises en scène de la Nativité, d’après Boris Goldovski, elles apparurent bien plus tôt que le XII° siècle, sans doute au V° siècle, sous le pape Clément III. Celui-ci pensait avec sagesse que pour toucher le cœur des gens simples qui ne connaissaient ni le grec, ni le latin, la voie la plus directe c’était une belle illustration d’un sujet biblique. C’est sans doute à ce moment-là que se manifestèrent dans les églises des panoramas en volume de la Grotte de Bethléem, avec l’enfant dans la crèche et les animaux penchés sur lui.
(1ère partie)
Suite : Partie 2 et 3
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 29 Décembre 2017 à 16:30
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