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C'est une adresse qu'on se transmet en secret. Dans ce monastère des Cévennes, un religieux hors normes réconcilie le genre humain avec les plaisirs. Photographe de presse, il est devenu moine et poète cuisinier. Ce mystique généreux accueille le gotha fatigué de sa propre superficialité, les artistes en mal de tranquillité, les chefs stressés ou les grands artisans qui viennent faire bénir leur production. A son contact, croyant ou pas, on relativise.
Se déconnecter. Eteindre son téléphone portable. Ne plus ouvrir sa boîte mail. Respirer… Combien sommes-nous aujourd'hui à vouloir ainsi larguer les amarres ? Radio, télévision, Internet, presse écrite… Un bombardement continuel d'informations nous submerge 24 heures sur 24. Au skite Sainte-Foy, monastère orthodoxe, le silence est une thérapie. Une libération. L'intelligence apprend à écouter de nouveau, à s'ouvrir à l'autre. Ce petit ermitage orthodoxe, dépendant de l'archevêché russe d'Europe occidentale, est une adresse que les célébrités des arts et des lettres victimes de burn-out se passent en secret dans le plus strict anonymat. Situé au cœur du Parc national des Cévennes (classé au patrimoine mondial de l'Unesco), cet ancien prieuré du XVIe siècle est un nid d'aigle surplombant la vallée du Gardon, à 25 kilomètres de l'ex-ville minière d'Alès. Pour y accéder, la route est sinueuse et traverse une épaisse forêt de châtaigniers, de chênes verts et de pins. Soudain il apparaît, scintillant dans le ciel. Frère Jean, le fondateur du skite, nous y attend, avec sa grande barbe, tout droit sorti des "Récits d'un pèlerin russe".
Se déconnecter. Eteindre son téléphone portable. Ne plus ouvrir sa boîte mail. Respirer… Combien sommes-nous aujourd'hui à vouloir ainsi larguer les amarres ? Radio, télévision, Internet, presse écrite… Un bombardement continuel d'informations nous submerge 24 heures sur 24. Au skite Sainte-Foy, monastère orthodoxe, le silence est une thérapie. Une libération. L'intelligence apprend à écouter de nouveau, à s'ouvrir à l'autre. Ce petit ermitage orthodoxe, dépendant de l'archevêché russe d'Europe occidentale, est une adresse que les célébrités des arts et des lettres victimes de burn-out se passent en secret dans le plus strict anonymat. Situé au cœur du Parc national des Cévennes (classé au patrimoine mondial de l'Unesco), cet ancien prieuré du XVIe siècle est un nid d'aigle surplombant la vallée du Gardon, à 25 kilomètres de l'ex-ville minière d'Alès. Pour y accéder, la route est sinueuse et traverse une épaisse forêt de châtaigniers, de chênes verts et de pins. Soudain il apparaît, scintillant dans le ciel. Frère Jean, le fondateur du skite, nous y attend, avec sa grande barbe, tout droit sorti des "Récits d'un pèlerin russe".
"On donne une trop grande place aux êtres mesquins, regrettait Jean Giono, et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers." Frère Jean est de ceux-là. Dense et vibrant. A ses côtés, on a le sentiment que tout est à sa juste place, arbres, collines, vent, torrents, cerfs de passage, dont il nous révèle la psychologie tellurique, végétale et animale. Où est passée la fureur du monde ?
Déjà, en 1685, les huguenots étaient venus trouver refuge dans cette forêt, persécutés par Louis XIV après la révocation de l'édit de Nantes. Un siècle et demi plus tard, les républicains, traqués par la police de Napoléon III, avaient emprunté les mêmes chemins pour se cacher autour du prieuré. Puis ce fut le tour des communards, massacrés par Adolphe Thiers en 1871. Sous l'Occupation, Juifs et résistants vécurent également tapis dans les innombrables grottes qu'abrite cette contrée aux allures préhistoriques. Aujourd'hui, ce sont les blessés de la vie moderne qui demandent asile. A ceux-ci, frère Jean accorde volontiers l'hospitalité : "Laissez vos soucis à la porte du monastère, dit-il en souriant. N'ayez crainte, vous les retrouverez à la sortie…"
Pour ce robuste Cévenol aux mains de bûcheron, l'enceinte du skite (du grec byzantin "skiti" qui désigne les ascètes) n'est pas en dehors mais au cœur du monde, dans une dimension plus intime. C'est à l'exploration de cette dimension qu'il invite chacun de ses hôtes. Ainsi, dès l'arrivée, apprend-on à se familiariser avec un silence amical et léger. "Le silence, ça n'est pas se taire. C'est un arrêt conscient dans le temps qui nous ouvre à l'éternité. Un état où tout s'exprime à sa juste place : la tête dans la tête, le corps dans le corps, le cœur dans le cœur, le sexe dans le sexe." Chant de la source, murmure du vent dans les branches… Tout ici bruisse d'une vie qu'il faut apprendre à recevoir. Jusqu'au moment où, médusé, on assistera en soi-même à l'éclosion d'idées et de sentiments dont on ne soupçonnait pas l'existence.....////
Déjà, en 1685, les huguenots étaient venus trouver refuge dans cette forêt, persécutés par Louis XIV après la révocation de l'édit de Nantes. Un siècle et demi plus tard, les républicains, traqués par la police de Napoléon III, avaient emprunté les mêmes chemins pour se cacher autour du prieuré. Puis ce fut le tour des communards, massacrés par Adolphe Thiers en 1871. Sous l'Occupation, Juifs et résistants vécurent également tapis dans les innombrables grottes qu'abrite cette contrée aux allures préhistoriques. Aujourd'hui, ce sont les blessés de la vie moderne qui demandent asile. A ceux-ci, frère Jean accorde volontiers l'hospitalité : "Laissez vos soucis à la porte du monastère, dit-il en souriant. N'ayez crainte, vous les retrouverez à la sortie…"
Pour ce robuste Cévenol aux mains de bûcheron, l'enceinte du skite (du grec byzantin "skiti" qui désigne les ascètes) n'est pas en dehors mais au cœur du monde, dans une dimension plus intime. C'est à l'exploration de cette dimension qu'il invite chacun de ses hôtes. Ainsi, dès l'arrivée, apprend-on à se familiariser avec un silence amical et léger. "Le silence, ça n'est pas se taire. C'est un arrêt conscient dans le temps qui nous ouvre à l'éternité. Un état où tout s'exprime à sa juste place : la tête dans la tête, le corps dans le corps, le cœur dans le cœur, le sexe dans le sexe." Chant de la source, murmure du vent dans les branches… Tout ici bruisse d'une vie qu'il faut apprendre à recevoir. Jusqu'au moment où, médusé, on assistera en soi-même à l'éclosion d'idées et de sentiments dont on ne soupçonnait pas l'existence.....////
Côté moines, ils ne sont plus que quatre : deux frères et deux sœurs, résidant dans deux bâtiments séparés. Impossible de ne pas mentionner frère Joseph. Ce converti a légué toute sa fortune pour restaurer le skite auquel il fallait donner de nouveaux toits de lause. Il est aussi devenu maître dans l'art de bâtir les murs de pierre sèche (patrimoine typiquement cévenol) : "Sous mes mains, les pierres s'appellent les unes les autres sans que je décide, les plus légères stabilisant l'ensemble", dit-il. Le mysticisme au secours de la maçonnerie. Qui l'eût cru !
Pour héberger ses hôtes, le couvent compte trois chambres, ornées de meubles anciens, chaudes et lumineuses. Au sol, les carreaux en terre cuite ont plus de trois siècles. Au plafond, les poutres en châtaignier sentent la cire d'abeille. Construite autour d'une cheminée monumentale du XVIe siècle, la cuisine, petite, étincelle. Pas de lave-vaisselle. Ici, on fait tout à la main…SUITE Paris Match
Pour héberger ses hôtes, le couvent compte trois chambres, ornées de meubles anciens, chaudes et lumineuses. Au sol, les carreaux en terre cuite ont plus de trois siècles. Au plafond, les poutres en châtaignier sentent la cire d'abeille. Construite autour d'une cheminée monumentale du XVIe siècle, la cuisine, petite, étincelle. Pas de lave-vaisselle. Ici, on fait tout à la main…SUITE Paris Match
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 27 Décembre 2014 à 09:36
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