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Cyril Semenoff-Tian-Chansky
Historien d’art et photographe
Le projet de construction du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe du Quai Branly ne peut que réjouir le cœur d’un orthodoxe russe vivant en France. Nous devons nous souvenir avec reconnaissance de l’initiative du défunt Patriarche Alexis, à qui revient largement l’idée, qu’il a pu défendre lui-même à l’Elysée auprès du président Sarkozy.
Nous savons que sur environ cent-vingt projets effectivement présentés au jury du concours international d’architecture — sur les 444 inscrits — 10 ont été retenus à l’issue du premier tour, et les résultats proclamés le 10 décembre 2010, selon les modalités fixées dans le Règlement du concours. Le second tour, à l’issue duquel le lauréat final sera choisi, est fixé au 14 mars. Le jury est composé de quinze membres, dont le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, des représentants de l’Elysée et de la Mairie de Paris.
Historien d’art et photographe
Le projet de construction du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe du Quai Branly ne peut que réjouir le cœur d’un orthodoxe russe vivant en France. Nous devons nous souvenir avec reconnaissance de l’initiative du défunt Patriarche Alexis, à qui revient largement l’idée, qu’il a pu défendre lui-même à l’Elysée auprès du président Sarkozy.
Nous savons que sur environ cent-vingt projets effectivement présentés au jury du concours international d’architecture — sur les 444 inscrits — 10 ont été retenus à l’issue du premier tour, et les résultats proclamés le 10 décembre 2010, selon les modalités fixées dans le Règlement du concours. Le second tour, à l’issue duquel le lauréat final sera choisi, est fixé au 14 mars. Le jury est composé de quinze membres, dont le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, des représentants de l’Elysée et de la Mairie de Paris.
Bien malheureusement, huit de ces projets, parmi lequel figure celui déjà pressenti comme lauréat, de l’architecte Manuel Nunez Yanowsky (Espagnol né en 1942 à Samarkand) du groupe Sade Architecture, se signalent davantage par la promotion de grandes agences, par des trouvailles architecturales capables de provoquer et retenir l’attention d’un jury, que par la canonicité et l’esprit de l’Eglise orthodoxe. Ces dix projets sont constitués de quatre équipes russes, quatre équipes françaises, et deux équipes mixtes françaises et russes.
Excepté le projet russe des Lenok, projet traditionnel mais bien fade, tous ont en commun de transformer le temple orthodoxe en jeu formel, soit par la création d’une enveloppe en verre insérant de toutes parts l’église, soit par le développement hypertrophié d’un élément constitutif du temple chrétien orthodoxe, au détriment des autres.
Il est juste d’observer qu’il n’existe pas d’église « classique » type, et qu’au contraire, l’architecture orthodoxe se caractérise par sa capacité inhérente à s’adapter à la géographie et à l’histoire, se mettre au diapason du lieu, de se mettre en consonance avec le meilleur de l’esprit local. Témoignent tout au long du XIXe et du XXe siècle de nombreux exemples de cette capacité d’adaptation, adaptation qui n’est jamais une dénaturation, mais un ancrage dans le lieu, dans les traditions locales. La cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Neva à Paris, la cathédrale Saint-Nicolas à Nice, l’église commémorative Saint-Job à Uccles, à Bruxelles, la cathédrale de la Dormition à Helsinki, l’église de Florence, toutes se sont adaptées au substrat topographique, à l’esprit d’un lieu. Car le temple orthodoxe n’est jamais une idée désincarnée, mais la réalisation de l’amour évangélique et orthodoxe dans des volumes, un plan et une élévation, dans une orientation, des proportions et des décors.
Or, rien de tel dans ces projets, qui souscrivent au despotisme d’une certaine idée de l’architecture contemporaine, idée dominée par la désacralisation dans le cas présent. Il ne peut exister dans l’esprit de l’architecture orthodoxe d’aversion naturelle pour les matériaux et les formes contemporaine. Mais le sens du sacré, de la retenue dans la grandeur, de l’élan dans l’humilité, ne peuvent passer à la chausse-trappe.
Or, le principe de l’enveloppe, ou du sarcophage en verre, enserrant le temple, casse la lisibilité du temple et de ses parties constitutives, parties qui ont chacune en elles, et chacune dans leur rapport au tout, des fonctions symboliques profondes, et ce depuis la Paix de l’Eglise au IVe siècle.
Or encore, le principe de la simplification outrancière des volumes dans des idées de formes dominées par les lignes agressives, introduit une grave confusion entre réalisation (rendre présent, réel) et schématisation décincarnée. Ce sont alors des formes qui symbolisent les éléments de l’église (bulbes, porches, etc.), mais sans les ancrer dans la réalité. Ces projets pourraient se retrouver n’importe où, en conformité avec Mies van der Rohe et le style international. Mies van der Rohe, néanmoins, avait du talent.
Ces deux solutions amènent l’une et l’autre une distanciation fatale avec du spectateur et du fidèle avec l’église, une objetisation de l’édifice qui devient objet de curiosité infinie au lieu d’être objet de vénération. Une modernité mal comprise qui transforme le temple, irrémédiablement, en artefact. L’enveloppe vitrée, comme le simplicisme du traitement des volumes et des formes, nous feront voir une idée de temple, au lieu d’un temple.
Et que dire du Palais de l’Alma, anciennes écuries de Napoléon III, dont il n’est fait aucun cas, alors que tout le projet jouxte ce palais ?
Espérons que l’opportunité historique de construire un témoignage unique de l’église orthodoxe à Paris dans un des plus beaux panoramas de la capitale française, s’accompagne de la tradition architecturale russe, tellement riche, et si profondément apte à s’ancrer où le souffle de l’esprit décide d’aller. Gageons que le principe de l’enveloppe constrictive et désacralisante, soit abandonné. Formulons le vœu que la Russie impose une vision sacralisante et traditionnelle, même dans le contexte hostile, d’ une laïcité tout entière tournée vers l’amoindrissement de la perception positive de la Chrétienté.
21 février 2011, Paris
............................................
"P.O" Le futur centre orthodoxe russe de Paris: Jean-Michel Wilmotte, architecte intérieur des villes
"P.O" Le futur centre spirituel et culturel quai Branly
"P.O" NOTRE EGLISE de PARIS
Excepté le projet russe des Lenok, projet traditionnel mais bien fade, tous ont en commun de transformer le temple orthodoxe en jeu formel, soit par la création d’une enveloppe en verre insérant de toutes parts l’église, soit par le développement hypertrophié d’un élément constitutif du temple chrétien orthodoxe, au détriment des autres.
Il est juste d’observer qu’il n’existe pas d’église « classique » type, et qu’au contraire, l’architecture orthodoxe se caractérise par sa capacité inhérente à s’adapter à la géographie et à l’histoire, se mettre au diapason du lieu, de se mettre en consonance avec le meilleur de l’esprit local. Témoignent tout au long du XIXe et du XXe siècle de nombreux exemples de cette capacité d’adaptation, adaptation qui n’est jamais une dénaturation, mais un ancrage dans le lieu, dans les traditions locales. La cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Neva à Paris, la cathédrale Saint-Nicolas à Nice, l’église commémorative Saint-Job à Uccles, à Bruxelles, la cathédrale de la Dormition à Helsinki, l’église de Florence, toutes se sont adaptées au substrat topographique, à l’esprit d’un lieu. Car le temple orthodoxe n’est jamais une idée désincarnée, mais la réalisation de l’amour évangélique et orthodoxe dans des volumes, un plan et une élévation, dans une orientation, des proportions et des décors.
Or, rien de tel dans ces projets, qui souscrivent au despotisme d’une certaine idée de l’architecture contemporaine, idée dominée par la désacralisation dans le cas présent. Il ne peut exister dans l’esprit de l’architecture orthodoxe d’aversion naturelle pour les matériaux et les formes contemporaine. Mais le sens du sacré, de la retenue dans la grandeur, de l’élan dans l’humilité, ne peuvent passer à la chausse-trappe.
Or, le principe de l’enveloppe, ou du sarcophage en verre, enserrant le temple, casse la lisibilité du temple et de ses parties constitutives, parties qui ont chacune en elles, et chacune dans leur rapport au tout, des fonctions symboliques profondes, et ce depuis la Paix de l’Eglise au IVe siècle.
Or encore, le principe de la simplification outrancière des volumes dans des idées de formes dominées par les lignes agressives, introduit une grave confusion entre réalisation (rendre présent, réel) et schématisation décincarnée. Ce sont alors des formes qui symbolisent les éléments de l’église (bulbes, porches, etc.), mais sans les ancrer dans la réalité. Ces projets pourraient se retrouver n’importe où, en conformité avec Mies van der Rohe et le style international. Mies van der Rohe, néanmoins, avait du talent.
Ces deux solutions amènent l’une et l’autre une distanciation fatale avec du spectateur et du fidèle avec l’église, une objetisation de l’édifice qui devient objet de curiosité infinie au lieu d’être objet de vénération. Une modernité mal comprise qui transforme le temple, irrémédiablement, en artefact. L’enveloppe vitrée, comme le simplicisme du traitement des volumes et des formes, nous feront voir une idée de temple, au lieu d’un temple.
Et que dire du Palais de l’Alma, anciennes écuries de Napoléon III, dont il n’est fait aucun cas, alors que tout le projet jouxte ce palais ?
Espérons que l’opportunité historique de construire un témoignage unique de l’église orthodoxe à Paris dans un des plus beaux panoramas de la capitale française, s’accompagne de la tradition architecturale russe, tellement riche, et si profondément apte à s’ancrer où le souffle de l’esprit décide d’aller. Gageons que le principe de l’enveloppe constrictive et désacralisante, soit abandonné. Formulons le vœu que la Russie impose une vision sacralisante et traditionnelle, même dans le contexte hostile, d’ une laïcité tout entière tournée vers l’amoindrissement de la perception positive de la Chrétienté.
21 février 2011, Paris
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"P.O" Le futur centre orthodoxe russe de Paris: Jean-Michel Wilmotte, architecte intérieur des villes
"P.O" Le futur centre spirituel et culturel quai Branly
"P.O" NOTRE EGLISE de PARIS
Rédigé par Cyril Semenoff-Tian-Chansky le 22 Février 2011 à 09:01
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25 commentaires
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Une brochure illustrée vient d’être éditée à l’occasion du 80 anniversaire de la fondation de l’Eglise Cathédrale des Trois saint Hiérarques à Paris.
* * *
Chers frères et sœurs,
Il y a quatre-vingts ans, un petit groupe d’orthodoxes russes, de ceux qui sous aucun prétexte n’acceptaient de rompre l’unité canonique avec l’Église-Mère en Russie, créaient, dans un sous-sol de la rue Pétel à Paris, la paroisse des Trois-Saints-Docteurs.
Depuis, bien des choses ont fondamentalement changé, mais la vie de l’église qu’ils ont fondée continue. Elle est faite des différents destins de nombreuses personnes qui, unies, célèbrent « d’une même voix et d’un même cœur » la gloire de Dieu, qui reçoivent les sacrements de l’Église et constituent une communauté eucharistique. La vie de cette église, comme la vie de chacun de nous, est faite d’un passé et d’un présent, à cette différence que la mémoire de l’Église avec une force particulière met en lumière et extrait du cours des événements ce qui a une valeur impérissable et extratemporelle, ce qui concerne le futur : la bienheureuse vie éternelle en Christ.
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Chers frères et sœurs,
Il y a quatre-vingts ans, un petit groupe d’orthodoxes russes, de ceux qui sous aucun prétexte n’acceptaient de rompre l’unité canonique avec l’Église-Mère en Russie, créaient, dans un sous-sol de la rue Pétel à Paris, la paroisse des Trois-Saints-Docteurs.
Depuis, bien des choses ont fondamentalement changé, mais la vie de l’église qu’ils ont fondée continue. Elle est faite des différents destins de nombreuses personnes qui, unies, célèbrent « d’une même voix et d’un même cœur » la gloire de Dieu, qui reçoivent les sacrements de l’Église et constituent une communauté eucharistique. La vie de cette église, comme la vie de chacun de nous, est faite d’un passé et d’un présent, à cette différence que la mémoire de l’Église avec une force particulière met en lumière et extrait du cours des événements ce qui a une valeur impérissable et extratemporelle, ce qui concerne le futur : la bienheureuse vie éternelle en Christ.
Effectivement, beaucoup de choses ont changé depuis la création de notre église. L’Église, en Russie et dans tous les pays constituant le territoire canonique de l’Église orthodoxe russe, a maintenant retrouvé sa pleine liberté que rien ne limite. Les dissensions qui ont fait tant de mal et entraîné tant de douleurs pour l’Église russe dans l’émigration sont maintenant du passé. En 2007, l’Église russe Hors-frontières et le Patriarcat de Moscou ont retrouvé l’unité. Des relations fraternelles s’établissent avec l’Archevêché des paroisses de tradition russe du Patriarcat œcuménique en France. Commun est aujourd’hui notre souci pastoral pour les enfants de l’Église orthodoxe qui, au cours de ces dernières années, arrivent en Europe occidentale et y restent, les uns pour un temps, les autres pour toujours.
Notre modeste église des Trois-Saints-Docteurs est aujourd’hui le centre de l’important diocèse de Chersonèse qui croît d’année en année. Bientôt sera choisi le projet architectural pour la nouvelle cathédrale qui doit être construite sur la rive gauche de la Seine. L’histoire s’écrit sous nos yeux.
Mais nous n’oublions pas notre passé. Cette petite brochure est là pour vous le rappeler ; elle rassemble des photographies dont beaucoup ont une valeur historique et qui nous parlent des quatre-vingts ans de l’histoire de notre église, de ses fondateurs, des prêtres qui y ont officié, de ses paroissiens, de ses personnalités remarquables et de lumineux souvenir qui ont tracé la voie qu’aujourd’hui nous nous efforçons de suivre. Que leur mémoire soit éternelle.
† NESTOR,
évêque de Chersonèse
...........................................................
« LA SAINTE CAVE »
La création de la paroisse des Trois Saints Hiérarques en 1931, dont nous célébrons le quatre vingtième anniversaire en février 2011, est liée aux circonstances politiques de cette époque. La plus grande partie de l’émigration russe se considéra dans l’impossibilité de rester dans l’obédience de l’Eglise Mère, persécutée en Russie et privée de toute liberté d’action par le pouvoir soviétique athée. Une petite minorité, en revanche, qui comprenait des laïcs et des clercs, parmi lesquels l’évêque Benjamin (Fedtchenkov), n’a pas suivi ce mouvement. Ils ont préféré, malgré tout, rester fidèles à leur Eglise : ils estimaient qu’on ne peut La quitter lorsqu’elle est sur la Croix. A ce groupe appartenaient le grand théologien orthodoxe du XX siècle Vladimir Nicolaevitch Lossky. Il rappelait que selon les saints canons, on peut quitter son Evêque que s’il se rend coupable d’hérésie et refuse d’y renoncer.
C’est ainsi que ce petit groupe, resté au sein du Patriarcat de Moscou, a fondé en 1931 la Communauté (Podvorije) des Trois Saints Hiérarques et de Saint Tikhon de Zadonsk, canoniquement rattachée au métropolite Eleuthère de Vilnius, alors Exarque du patriarche de Moscou pour l’Europe Occidentale…
La brochure contient, entre autre, le texte de la lettre du métropolite Euloge (Guéorguievsky) et de ses vicaires à Sa Sainteté le patriarche Alexis I (Simansky) du 29 août 1945 dans laquelle ils demandent la réunification des paroisses d’Europe Occidentale avec l’Eglise Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou), archives Jean Dufieux.
Notre modeste église des Trois-Saints-Docteurs est aujourd’hui le centre de l’important diocèse de Chersonèse qui croît d’année en année. Bientôt sera choisi le projet architectural pour la nouvelle cathédrale qui doit être construite sur la rive gauche de la Seine. L’histoire s’écrit sous nos yeux.
Mais nous n’oublions pas notre passé. Cette petite brochure est là pour vous le rappeler ; elle rassemble des photographies dont beaucoup ont une valeur historique et qui nous parlent des quatre-vingts ans de l’histoire de notre église, de ses fondateurs, des prêtres qui y ont officié, de ses paroissiens, de ses personnalités remarquables et de lumineux souvenir qui ont tracé la voie qu’aujourd’hui nous nous efforçons de suivre. Que leur mémoire soit éternelle.
† NESTOR,
évêque de Chersonèse
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« LA SAINTE CAVE »
La création de la paroisse des Trois Saints Hiérarques en 1931, dont nous célébrons le quatre vingtième anniversaire en février 2011, est liée aux circonstances politiques de cette époque. La plus grande partie de l’émigration russe se considéra dans l’impossibilité de rester dans l’obédience de l’Eglise Mère, persécutée en Russie et privée de toute liberté d’action par le pouvoir soviétique athée. Une petite minorité, en revanche, qui comprenait des laïcs et des clercs, parmi lesquels l’évêque Benjamin (Fedtchenkov), n’a pas suivi ce mouvement. Ils ont préféré, malgré tout, rester fidèles à leur Eglise : ils estimaient qu’on ne peut La quitter lorsqu’elle est sur la Croix. A ce groupe appartenaient le grand théologien orthodoxe du XX siècle Vladimir Nicolaevitch Lossky. Il rappelait que selon les saints canons, on peut quitter son Evêque que s’il se rend coupable d’hérésie et refuse d’y renoncer.
C’est ainsi que ce petit groupe, resté au sein du Patriarcat de Moscou, a fondé en 1931 la Communauté (Podvorije) des Trois Saints Hiérarques et de Saint Tikhon de Zadonsk, canoniquement rattachée au métropolite Eleuthère de Vilnius, alors Exarque du patriarche de Moscou pour l’Europe Occidentale…
La brochure contient, entre autre, le texte de la lettre du métropolite Euloge (Guéorguievsky) et de ses vicaires à Sa Sainteté le patriarche Alexis I (Simansky) du 29 août 1945 dans laquelle ils demandent la réunification des paroisses d’Europe Occidentale avec l’Eglise Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou), archives Jean Dufieux.
20 février 2011: Une église évangélique estonienne, fermée pendant près de 70 ans, a été inaugurée dimanche après restauration à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie, en présence du président de l'Estonie et d'autres responsables russes et estoniens.
"L'église de Saint Iohnann a été un centre symbolique de la vie de la communauté estonienne de Saint-Pétersbourg", a relevé le président estonien Toomas Hendrik Ilves.
La estonienne ministre de la Culture, Laine Jaenes, a estimé, lors d'une conférence de presse, que l'ouverture de cette église permettait la création d'un "pont très solide" entre la Russie et l'Estonie, deux pays aux relations difficiles depuis la chute de l'URSS....Suite AFP
"L'église de Saint Iohnann a été un centre symbolique de la vie de la communauté estonienne de Saint-Pétersbourg", a relevé le président estonien Toomas Hendrik Ilves.
La estonienne ministre de la Culture, Laine Jaenes, a estimé, lors d'une conférence de presse, que l'ouverture de cette église permettait la création d'un "pont très solide" entre la Russie et l'Estonie, deux pays aux relations difficiles depuis la chute de l'URSS....Suite AFP
Paula BOYER
En mars 2011, il saura s’il a remporté le concours du futur centre orthodoxe de Paris. ( Wilmotte & Associés et Mosproekt 2 Russie équipe binationale – n°73
Il y a trois ans, cet homme soucieux de faire cohabiter harmonieusement le passé et le présent avait réhabilité le Collège des Bernardins, à Paris
À gauche, contre les étagères, un grand panneau expose son dessin pour le futur centre orthodoxe russe de Paris, près du pont de l’Alma, sur l’emplacement de l’ancien siège de Météo France : les cinq bulbes en verre de l’église s’envolent au-dessus de murs en ardoise plantés dans un jardin de bouleaux.
Ce projet, en association avec un architecte russe Andreï Obolensky, est dans les dix finalistes sélectionnés parmi 109 participants au concours international. La décision finale est pour mars....
SUITE La Croix
"P.O" Le futur centre spirituel et culturel quai Branly
et NOTRE EGLISE de PARIS
En mars 2011, il saura s’il a remporté le concours du futur centre orthodoxe de Paris. ( Wilmotte & Associés et Mosproekt 2 Russie équipe binationale – n°73
Il y a trois ans, cet homme soucieux de faire cohabiter harmonieusement le passé et le présent avait réhabilité le Collège des Bernardins, à Paris
À gauche, contre les étagères, un grand panneau expose son dessin pour le futur centre orthodoxe russe de Paris, près du pont de l’Alma, sur l’emplacement de l’ancien siège de Météo France : les cinq bulbes en verre de l’église s’envolent au-dessus de murs en ardoise plantés dans un jardin de bouleaux.
Ce projet, en association avec un architecte russe Andreï Obolensky, est dans les dix finalistes sélectionnés parmi 109 participants au concours international. La décision finale est pour mars....
SUITE La Croix
"P.O" Le futur centre spirituel et culturel quai Branly
et NOTRE EGLISE de PARIS
L'Eglise orthodoxe roumaine a lancé vendredi une collecte de fonds pour la construction d'une gigantesque "Cathédrale du salut de la nation" au centre de Bucarest, un projet controversé initié par l'ancien patriarche Teoctist. "Des annonces invitant les fidèles à faire des dons seront placardées dans toutes les églises orthodoxes en Roumanie et à l'étranger", a déclaré l'évêque Ciprian Campineanul au cours d'une conférence de presse......Suite (AFP) BUCAREST
Le 15 février 2011, l'évêque Nestor de Chersonèse a rendu visite au cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France. C'était la première rencontre entre l'archevêque de Paris et Mgr Nestor depuis sa nomination comme évêque de Chersonèse. Il y a été question en particulier du renforcement des liens et de l'action commune des catholiques et des orthodoxes en France.....SUITE Eglise russe
Ukraine : Difficulté des séminaires à accueillir tous les candidats
L’AED en première ligne pour les aider
Dans certains séminaires d'Ukraine, on compte une place pour trois candidats, souligne l'évêque auxiliaire Jaroslav Pryryz, de l'éparchie grecque catholique de Sambir-Drohobych, en remerciant l'Association internationale Aide à l'Eglise en détresse (AED) pour son engagement dans la formation des futurs prêtres.
Mgr Pryryz précise que, dans certaines régions de l'Ukraine occidentale, près de la moitié des candidats au séminaire ne peuvent être acceptés par manque de places.
Il fait part de sa reconnaissance pour toutes les personnes et institutions qui, comme l'AED, contribuent à la subsistance des séminaires, comprenant « l'importance du rôle que peut avoir une vocation sacerdotale dans le monde d'aujourd'hui ». Suite ZENIT
L’AED en première ligne pour les aider
Dans certains séminaires d'Ukraine, on compte une place pour trois candidats, souligne l'évêque auxiliaire Jaroslav Pryryz, de l'éparchie grecque catholique de Sambir-Drohobych, en remerciant l'Association internationale Aide à l'Eglise en détresse (AED) pour son engagement dans la formation des futurs prêtres.
Mgr Pryryz précise que, dans certaines régions de l'Ukraine occidentale, près de la moitié des candidats au séminaire ne peuvent être acceptés par manque de places.
Il fait part de sa reconnaissance pour toutes les personnes et institutions qui, comme l'AED, contribuent à la subsistance des séminaires, comprenant « l'importance du rôle que peut avoir une vocation sacerdotale dans le monde d'aujourd'hui ». Suite ZENIT
Des centaines de croyants ont afflué jeudi à Saint-Pétersbourg pour embrasser une icône "miraculeuse" du dernier tsar de Russie Nicolas II, exécuté par les Bolchéviques et canonisé par l'Eglise orthodoxe en 2000.
"Je suis Russe et je suis orthodoxe et pour moi le saint-martyr Nicolas II est un symbole de la Russie", a dit Anatoli Krouglov, 65 ans, dans la queue menant à l'icône exposée dans un centre d'exposition au sud de l'ancienne capitale impériale russe.
Cette icône, représentant Nicolas II, est la réplique d'un original qui se trouve aux Etats-Unis, ramenée en Russie en 1998 et vénérée comme "miraculeuse" en raison de suintements de myrrhe.
Le patriarche de l'époque Alexis II avait fait mettre l'icône à bord d'un avion pour lui faire survoler les frontières de la Russie.
L'icône avait été exposée à Saint-Pétersbourg en 2000.... Suite La Croix AFP
En russe SPb
"Je suis Russe et je suis orthodoxe et pour moi le saint-martyr Nicolas II est un symbole de la Russie", a dit Anatoli Krouglov, 65 ans, dans la queue menant à l'icône exposée dans un centre d'exposition au sud de l'ancienne capitale impériale russe.
Cette icône, représentant Nicolas II, est la réplique d'un original qui se trouve aux Etats-Unis, ramenée en Russie en 1998 et vénérée comme "miraculeuse" en raison de suintements de myrrhe.
Le patriarche de l'époque Alexis II avait fait mettre l'icône à bord d'un avion pour lui faire survoler les frontières de la Russie.
L'icône avait été exposée à Saint-Pétersbourg en 2000.... Suite La Croix AFP
En russe SPb
Camille LE TALLEC (avec Sébastien Maillard)
Le ministre en charge des affaires européennes Laurent Wauquiez a exhorté l’Europe à « assumer ses valeurs et son histoire ». « L’Europe n’est pas une juxtaposition d’institutions administratives et de politiques publiques », a-t-il défendu. Elle est le fruit d’une « évolution sur plusieurs siècles », source d’un « modèle de société » et « de valeurs communes ».
Pour « redonner envie d’Europe », le ministre propose de « travailler sur les grands moments où l’Europe s’est imposée » : le « mouvement de christianisation, celui des Lumières » ont selon lui contribué à « forger une conscience commune ».
Le mois dernier, Laurent Wauquiez s’était ému de l’absence de mention des fêtes chrétiennes dans un agenda 2011 pour jeunes édité sous la responsabilité de la Commission européenne....SUITE La Crox
Le ministre en charge des affaires européennes Laurent Wauquiez a exhorté l’Europe à « assumer ses valeurs et son histoire ». « L’Europe n’est pas une juxtaposition d’institutions administratives et de politiques publiques », a-t-il défendu. Elle est le fruit d’une « évolution sur plusieurs siècles », source d’un « modèle de société » et « de valeurs communes ».
Pour « redonner envie d’Europe », le ministre propose de « travailler sur les grands moments où l’Europe s’est imposée » : le « mouvement de christianisation, celui des Lumières » ont selon lui contribué à « forger une conscience commune ».
Le mois dernier, Laurent Wauquiez s’était ému de l’absence de mention des fêtes chrétiennes dans un agenda 2011 pour jeunes édité sous la responsabilité de la Commission européenne....SUITE La Crox
M. Anissimov, responsable du service de presse de l’Eglise orthodoxe ukrainienne souhaite l’adoption d’une loi portant sur la restitution des biens ecclésiaux. Il a déclaré dans le cadre d’un entretien accordé à Interfax-Religion : « Les schismatiques du « patriarcat » de Kiev doivent restituer les biens mobiliers et immobiliers dont se sont emparés leurs représentants. Il est indispensable d’adopter une loi qui permette le retour à l’Eglise des biens expropriés y compris ceux dont les schismatiques se sont arbitrairement emparés. Fhilarète Denissenko, leader du "patriarcat" autoproclamé de Kiev a fait parvenir aux paroisses une circulaire promettant la damnation éternelle à tous ceux qui entreraient en contact avec des représentants de l’Eglise d’Ukraine. Les temps ont heureusement changé.
Il convient maintenant de faire parvenir au prétendu patriarche Philarète les appels des patriarcats de Constantinople, d’Alexandrie, de Jérusalem et de Moscou ainsi que des primats d’autres Eglises locales invitant les schismatiques à réintégrer l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. M. Denissenko dispose des moyens nécessaires pour promouvoir ses intérêts. En 1994, suite à l’échec électoral du président Léonid Kravtchouk, le leader des schismatiques s’est trouvé privé de protection politique.
Il convient maintenant de faire parvenir au prétendu patriarche Philarète les appels des patriarcats de Constantinople, d’Alexandrie, de Jérusalem et de Moscou ainsi que des primats d’autres Eglises locales invitant les schismatiques à réintégrer l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. M. Denissenko dispose des moyens nécessaires pour promouvoir ses intérêts. En 1994, suite à l’échec électoral du président Léonid Kravtchouk, le leader des schismatiques s’est trouvé privé de protection politique.
Les services juridiques de l’Etat s’étaient alors intéressés aux activités commerciales du « patriarcat de Kiev », ils furent étonnés de la quantité de sociétés-écran qu’il avait créées. Nous avons affaire à une structure financière pseudo ecclésiale d’envergure qui a soudoyé les réseaux commerciaux et les fonctionnaires et qui n’acceptera pas de disparaître. Tout y est passé : exportation de pétrole, importation au noir de voitures étrangères, fraude à l’aide humanitaire, recrutement de mercenaires.
L’Eglise est en Ukraine séparée de l’Etat. Le Président est tenu de faire respecter la constitution et les lois. Si les actes illégaux commis par le pouvoir précédent à l’égard de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine seront corrigés, ce qui est indispensable, les divisions de l’Eglise seront surmontées par des moyens ecclésiaux et non administratifs ».
Traduction "P.O."
L’Eglise est en Ukraine séparée de l’Etat. Le Président est tenu de faire respecter la constitution et les lois. Si les actes illégaux commis par le pouvoir précédent à l’égard de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine seront corrigés, ce qui est indispensable, les divisions de l’Eglise seront surmontées par des moyens ecclésiaux et non administratifs ».
Traduction "P.O."
Vladimir GOLOVANOW
L'Église Hors Frontières EHF (métropole autonome au sein du patriarcat de Moscou depuis 2007) et OCA l'Église Orthodoxe en Amérique (autocéphalie accordée par le patriarcat de Moscou en 1970 mais non reconnue par Constantinople) ont mis en place une commission mixte pour "résoudre les problèmes qui empêchaient la pleine communion Eucharistique dans le passé et voir comment nous pouvons prier et travailler ensemble dans le future"(*). Les première réunions les 5 et 6 octobre 2010 à New York ont donné lieu à la concélébration des vigiles et de la sainte Liturgie, alternativement dans une église de chaque juridiction, et ont abouti à un document commun qui doit être soumis aux Synodes des deux Églises (cf. communiqué OCA).
Nous pouvons nous réjouir en voyant ainsi surmonter plus de 80 ans de séparation et d'hostilité et, peut-être, en tirer des leçons !
L'Église Hors Frontières EHF (métropole autonome au sein du patriarcat de Moscou depuis 2007) et OCA l'Église Orthodoxe en Amérique (autocéphalie accordée par le patriarcat de Moscou en 1970 mais non reconnue par Constantinople) ont mis en place une commission mixte pour "résoudre les problèmes qui empêchaient la pleine communion Eucharistique dans le passé et voir comment nous pouvons prier et travailler ensemble dans le future"(*). Les première réunions les 5 et 6 octobre 2010 à New York ont donné lieu à la concélébration des vigiles et de la sainte Liturgie, alternativement dans une église de chaque juridiction, et ont abouti à un document commun qui doit être soumis aux Synodes des deux Églises (cf. communiqué OCA).
Nous pouvons nous réjouir en voyant ainsi surmonter plus de 80 ans de séparation et d'hostilité et, peut-être, en tirer des leçons !
Rappel historique:
L'orthodoxie a été représentée en Amérique dès 1794 par la juridiction de l'Eglise russe qui regroupait, en 1918, 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais); tous recevaient l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russes et toutes les Eglises locales envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe pour les paroisses américaines. L'un de ses primats les plus connus a été de 1898 à 1907 le futur saint patriarche Tikhon, qui fit en particulier terminer la traduction des textes liturgiques en anglais.
La situation changea après 1921, quand le patriarcat de Moscou tomba sous la coupe du régime bolchevique: dés début 1920 un décret du saint patriarche Tikhon octroyait une large autonomie aux diocèses situés en dehors de la Russie "jusqu'à ce que des communications normales soient rétablies". Quand St Tikhon fut incarcéré (1922) les évêques à l'étranger se basèrent sur ce décret pour organiser un "Synode hors frontières", mais en 1926 l'Église d'Amérique, comme l'Archevêché d'Europe occidentale, refusérent de suivre le Synode hors frontière dans sa rupture avec le patriarcat de Moscou, ce qui provoqua en Amériques (comme en Europe) une scission en trois groupes: la majeure partie de l'Église d'Amérique resta nominalement dans la juridiction du patriarcat, mais en s'auto-administrant, sous le nom de "Église grecque-catholique orthodoxe russe en Amérique", les dissidents se rattachaient majoritairement à l'Église Hors Frontière et quelques paroisses restaient sous l'administration directe du patriarche de Moscou. Dans le même temps, plusieurs Églises locales créaient leurs propres diocèses sur le même territoire…
L'Église Hors Frontière se renforce considérablement en Amériques après 1945, avec l'afflux de nouveaux émigrants et le transfert de son siège à New York (1950), mais sa rupture de communion avec le patriarcat ne permet pas d'union eucharistique avec l'Église d'Amérique. À partir de 1960 celle-ci entame des pourparlers avec son Église-mère et obtient l'autocéphalie en 1970. Elle participe à la création de la SCOBA (1960, Standing Conference of Canonical Orthodox Bishops in the Americas), qui réunit toutes les Églises canoniques d'Amérique et dont l'Église Hors Frontière ne fait pas partie alors que les paroisses du patriarcat y sont aussi représentées.
2007 voit se réaliser le miracle du retour de l'Église Hors Frontière au Patriarcat de Moscou et, en mai 2010, les prélats de l'Église Hors Frontière participent à la première Assemblée épiscopale des Amériques du Nord et Centrale, continuateur de la SCOBA, dans la cadre de la délégation du patriarcat de Moscou.
Un parallèle limité:
Il y a des ressemblances historiques entre les évolutions de la Métropole américaine et de l'Archevêché d'Europe occidentale (Daru): les deux ont rompu en même temps avec le Synode hors-frontières pour rester au patriarcat de Moscou, mais ils divergent ensuite.
- Le Métropole garde ce statut canonique, avec une totale autonomie de facto (un peu comme le diocèse de Souroge, en Grande Bretagne, et, dans une certaine mesure, celui de Bruxelles avec Mgr Basile (Krivocheine) et obtient l'autocéphalie en 1970.
Après la réunification de 2007 les voies d'une entente avec l'Église Hors Frontière sont explorées et nous verrons sur quelle organisation canonique cela peut déboucher.
- Daru rejoint le patriarcat de Constantinople à titre provisoire (Tomos de 1931 cité comme référence en 1999)… et ce provisoire anti-canonique semble maintenant voulu définitif… Aucune avancée vers les autres juridictions de tradition russe n'est envisagée et la réorganisation en Europe occidentale se fera probablement sans l'Archevêché…
Notons que le patriarcat de Constantinople semble accepter la superposition de ses propres diocèses, pourtant anti-canonique: si ici nous avons Daru et les métropoles grecques, en Amérique, outre la grande Métropole grecque, il ya des diocèses autonomes ukrainien, carpato-ruthène et albanais…
(*) Traduit de l'anglais par VG
L'orthodoxie a été représentée en Amérique dès 1794 par la juridiction de l'Eglise russe qui regroupait, en 1918, 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais); tous recevaient l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russes et toutes les Eglises locales envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe pour les paroisses américaines. L'un de ses primats les plus connus a été de 1898 à 1907 le futur saint patriarche Tikhon, qui fit en particulier terminer la traduction des textes liturgiques en anglais.
La situation changea après 1921, quand le patriarcat de Moscou tomba sous la coupe du régime bolchevique: dés début 1920 un décret du saint patriarche Tikhon octroyait une large autonomie aux diocèses situés en dehors de la Russie "jusqu'à ce que des communications normales soient rétablies". Quand St Tikhon fut incarcéré (1922) les évêques à l'étranger se basèrent sur ce décret pour organiser un "Synode hors frontières", mais en 1926 l'Église d'Amérique, comme l'Archevêché d'Europe occidentale, refusérent de suivre le Synode hors frontière dans sa rupture avec le patriarcat de Moscou, ce qui provoqua en Amériques (comme en Europe) une scission en trois groupes: la majeure partie de l'Église d'Amérique resta nominalement dans la juridiction du patriarcat, mais en s'auto-administrant, sous le nom de "Église grecque-catholique orthodoxe russe en Amérique", les dissidents se rattachaient majoritairement à l'Église Hors Frontière et quelques paroisses restaient sous l'administration directe du patriarche de Moscou. Dans le même temps, plusieurs Églises locales créaient leurs propres diocèses sur le même territoire…
L'Église Hors Frontière se renforce considérablement en Amériques après 1945, avec l'afflux de nouveaux émigrants et le transfert de son siège à New York (1950), mais sa rupture de communion avec le patriarcat ne permet pas d'union eucharistique avec l'Église d'Amérique. À partir de 1960 celle-ci entame des pourparlers avec son Église-mère et obtient l'autocéphalie en 1970. Elle participe à la création de la SCOBA (1960, Standing Conference of Canonical Orthodox Bishops in the Americas), qui réunit toutes les Églises canoniques d'Amérique et dont l'Église Hors Frontière ne fait pas partie alors que les paroisses du patriarcat y sont aussi représentées.
2007 voit se réaliser le miracle du retour de l'Église Hors Frontière au Patriarcat de Moscou et, en mai 2010, les prélats de l'Église Hors Frontière participent à la première Assemblée épiscopale des Amériques du Nord et Centrale, continuateur de la SCOBA, dans la cadre de la délégation du patriarcat de Moscou.
Un parallèle limité:
Il y a des ressemblances historiques entre les évolutions de la Métropole américaine et de l'Archevêché d'Europe occidentale (Daru): les deux ont rompu en même temps avec le Synode hors-frontières pour rester au patriarcat de Moscou, mais ils divergent ensuite.
- Le Métropole garde ce statut canonique, avec une totale autonomie de facto (un peu comme le diocèse de Souroge, en Grande Bretagne, et, dans une certaine mesure, celui de Bruxelles avec Mgr Basile (Krivocheine) et obtient l'autocéphalie en 1970.
Après la réunification de 2007 les voies d'une entente avec l'Église Hors Frontière sont explorées et nous verrons sur quelle organisation canonique cela peut déboucher.
- Daru rejoint le patriarcat de Constantinople à titre provisoire (Tomos de 1931 cité comme référence en 1999)… et ce provisoire anti-canonique semble maintenant voulu définitif… Aucune avancée vers les autres juridictions de tradition russe n'est envisagée et la réorganisation en Europe occidentale se fera probablement sans l'Archevêché…
Notons que le patriarcat de Constantinople semble accepter la superposition de ses propres diocèses, pourtant anti-canonique: si ici nous avons Daru et les métropoles grecques, en Amérique, outre la grande Métropole grecque, il ya des diocèses autonomes ukrainien, carpato-ruthène et albanais…
(*) Traduit de l'anglais par VG
Medvedev attendu au Vatican. Un enjeu œcuménique ?
Le président russe Dimitri Medvedev est à Rome, pour l’inauguration d’une année culturelle croisée italo-russe. Des entretiens avec les autorités politiques italiennes figurent sur son agenda mais aussi une visite jeudi matin au Vatican.
Le président Medvedev s’entretiendra avec Benoît XVI et ses principaux collaborateurs, et cela relance inévitablement les interrogations sur l’hypothèse d’une rencontre entre le Pape et le chef de l’Église orthodoxe russe, le Patriarche Cyrille 1er.
Le président russe Dimitri Medvedev est à Rome, pour l’inauguration d’une année culturelle croisée italo-russe. Des entretiens avec les autorités politiques italiennes figurent sur son agenda mais aussi une visite jeudi matin au Vatican.
Le président Medvedev s’entretiendra avec Benoît XVI et ses principaux collaborateurs, et cela relance inévitablement les interrogations sur l’hypothèse d’une rencontre entre le Pape et le chef de l’Église orthodoxe russe, le Patriarche Cyrille 1er.
Selon de nombreux experts, une telle perspective est aujourd’hui plus probable que dans le passé. Le climat est plus propice, le dialogue s’est intensifié, les remontrances sont rarement exprimées, après des années de tensions et d'accusations de prosélytisme. Aujourd’hui, les convergences entre les deux Églises sont fortes sur des dossiers comme les racines chrétiennes de l’Europe et les questions bioéthiques. Il y a quelques mois, deux journées de culture et de spiritualité russe se sont déroulées au Vatican, une initiative inédite. A cette occasion, Mgr Hilarion, président de la direction des relations extérieures du patriarcat de Moscou avait estimé qu’une rencontre entre les deux hommes était désormais possible. SuIte Radio Vatican
Le quotidien internet "Ejednevny Journal" consacre le 16 février au 80 anniversaire du professeur Nikita Struve un article de l'écrivain et culturologue Boris Kolymaguine.
"Parlons d'orthodoxie" se joint pour féliciter le professeur N.Struve et lui souhaiter un joyeux anniversaire!
"Parlons d'orthodoxie" se joint pour féliciter le professeur N.Struve et lui souhaiter un joyeux anniversaire!
Le président russe Dimitri Medvedev profitera de sa prochaine visite en Italie prévue les 16 et 17 février, où il doit s'entretenir avec son homologue et le premier ministre italiens, pour se rendre au Vatican et rencontrer le pape Benoît XVI, a annoncé jeudi le service de presse du Kremlin...Suite RIA novosti
Trois cents clichés réalisés par 170 photographes de 43 pays des cinq continents. Pendant deux semaines (du 14 au 25 février), la Cité de Calvin accueille une exposition qui a déjà sillonné l'Europe de l'Est. Ces photos inédites sont à voir en marge du Comité annuel du Conseil œcuménique des Eglises (COE), qui débute pour une semaine le mercredi 16....Suite Orthphoto
Le 12 février, mémoire des Trois Saints Docteurs (Basile le Grand, Grégoire le Théologie et Jean Chrysostome), la principale église du patriarcat de Moscou à Paris a célébré sa fête patronale. La liturgie solennelle a été présidée par l'évêque Nestor de Chersonèse, en concélébration avec l'évêque Michel de Genève (Église russe hors frontières). Cette année, la cathédrale des Trois-Saints-Docteurs fêtait le 80e anniversaire de sa fondation.
Pour cette occasion, une brochure en français (« Centre de l’orthodoxie russe en France, 1931-2011 – une histoire en photos ») retraçant en texte et en images l'histoire de l'église a été publiée et distribuée gratuitement à la fin de la liturgie. Suite ICI
A la liturgie ont été présents aussi, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, l'ambassadrice Eleonora Mitrofanova, déléguée permanente de la Fédération de Russie auprès de l’UNESCO, ainsi que de nombreux fidèles orthodoxes. Pendant la liturgie, Mgr Nestor a remis au diacre Nicolas Rehbinder, en signe de reconnaissance pour ses efforts au sein de la paroisse, le double orarion diaconal. Suite ICI
Pour cette occasion, une brochure en français (« Centre de l’orthodoxie russe en France, 1931-2011 – une histoire en photos ») retraçant en texte et en images l'histoire de l'église a été publiée et distribuée gratuitement à la fin de la liturgie. Suite ICI
A la liturgie ont été présents aussi, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, l'ambassadrice Eleonora Mitrofanova, déléguée permanente de la Fédération de Russie auprès de l’UNESCO, ainsi que de nombreux fidèles orthodoxes. Pendant la liturgie, Mgr Nestor a remis au diacre Nicolas Rehbinder, en signe de reconnaissance pour ses efforts au sein de la paroisse, le double orarion diaconal. Suite ICI
Le gouvernement de la région russe de Belgorod (ouest de la Russie) a annoncé lundi s'opposer à toute célébration dans des établissements publics de la Saint-Valentin, une fête "qui va à l'encontre de la culture russe"."Nous sommes contre l'implantation des fêtes catholiques dans notre région", 97% de la population locale se disant orthodoxe, a déclaré à l'AFP un responsable de l'administration de Belgorod, Nikolaï Bezloutski."Mais ceux qui voudront fêter la Saint-Valentin à titre privé le feront. Aucune punition n'est envisagée", a-t-il assuré ... Suite AFP
« L’exploit des martyrs est commun aux chrétiens de toutes les confessions. En URSS, ce sont les orthodoxes, les catholiques et les protestants qui furent persécutés. Ce n’était pas rare que des chrétiens de confessions différentes se trouvent dans la même cellule de prison. Les barrières confessionnelles disparaissaient alors, des différences doctrinales s’effaçaient. Ce qui unissait les chrétiens, à savoir l’amour du Christ, était bien plus important que ce qui les distinguait.
Je voudrais exprimer mon espoir que l’exemple des martyrs nous incitera aujourd’hui non seulement à vivre en Christ et à être fidèle à son Église, mais également à œuvrer pour surmonter les divisions entre les chrétiens. Ce qui nous unit est bien supérieur à ce qui nous sépare. Le péché est la cause des divisions ecclésiales, tandis que la sainteté est la source de l’union. Que le sang des martyrs du XXème siècle soit le gage de l’unité des chrétiens que nous attendons tous ». Mgr Hilarion (Alfeyev).
"P.O." Homélie du patriarche Cyrille pour le jour de la commémoration des Nouveaux Martyrs de Boutovo
Pendant le Carême pensons aux nouveaux martyrs
Je voudrais exprimer mon espoir que l’exemple des martyrs nous incitera aujourd’hui non seulement à vivre en Christ et à être fidèle à son Église, mais également à œuvrer pour surmonter les divisions entre les chrétiens. Ce qui nous unit est bien supérieur à ce qui nous sépare. Le péché est la cause des divisions ecclésiales, tandis que la sainteté est la source de l’union. Que le sang des martyrs du XXème siècle soit le gage de l’unité des chrétiens que nous attendons tous ». Mgr Hilarion (Alfeyev).
"P.O." Homélie du patriarche Cyrille pour le jour de la commémoration des Nouveaux Martyrs de Boutovo
Pendant le Carême pensons aux nouveaux martyrs
« De la foi dans la grande ville » : un entretien avec l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou
Site Pravoslavie i mir
L’esprit « club »
Il est bon que toutes les paroisses d’une grande agglomérations soient différentes et ne se ressemblent pas l’une à l’autre. Cependant l’esprit « club » présent dans certaines paroisses est de toute évidence un phénomène dangereux. Les gens se retrouvent dans ce genre de communautés selon des critères bien spécifiques. L’Eglise cesse d’être œcuménique dans ces communautés qui se transforment en « club » réunissant des membres intéressés par ceci ou par cela. Cela présente un danger. Chaque réunion eucharistique est un lieu où le plérôme de l’Eglise est présent.
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L’esprit « club »
Il est bon que toutes les paroisses d’une grande agglomérations soient différentes et ne se ressemblent pas l’une à l’autre. Cependant l’esprit « club » présent dans certaines paroisses est de toute évidence un phénomène dangereux. Les gens se retrouvent dans ce genre de communautés selon des critères bien spécifiques. L’Eglise cesse d’être œcuménique dans ces communautés qui se transforment en « club » réunissant des membres intéressés par ceci ou par cela. Cela présente un danger. Chaque réunion eucharistique est un lieu où le plérôme de l’Eglise est présent.
- Ces paroisses se transforment rapidement en « groupuscules » et nous voyons apparaître des fractions tels que les « artiomoviens », « les vorobieviens » et « les kotchetkoviens » (selon les noms de prêtres populaires en Russie).
Notre avenir dépend pour beaucoup de l’équilibre que nous trouverons entre unité et spécificité. Je n’ai rigoureusement rien contre les offices destinés aux enfants. En officier une dans une cathédrale de province a été une grande joie pour moi. Il est difficile pour les enfants de rester debout pendant deux heures ou plus, puis d’aller dans les clases de l’écoles du dimanche. En l’occurrence un office de une heure auquel les enfants participent très activement donne de bons résultats. Je suis heureux quand je vois des croyants qui se réunissent en communauté et se consacrent à un travail en commun.
Il en est autrement quand des chrétiens se regroupent en fonction de tel ou tel « profil » spécifique et choisissent pour ainsi dire « à la carte » les services religieux qui leur paraissent nécessaires. L’Eglise réunit des fidèles appelés par Dieu. L’Eglise locale, celles de Rome, de Corinthe, d’Ephèse, de Novo-Giréevo (une banlieue de Moscou)se sont formées le Jour du Seigneur, parce que c’est là qu’Elles sont et qu’Elles ont été appelées par le Seigneur. La « sélection » est déterminée par la communauté de la foi et un lieu de résidence commun.
Imaginons nous une paroisses dont les fidèles auraient en commun la foi orthodoxe et l’appartenance au même parti politique. Voilà, par exemple, la paroisse où vient faire ses dévotions M. Grégoire Yavlinsky et les membres de « Yabloko », le partir qu’il dirige. La paroisse est décorée des emblèmes du parti, les membres du conseil paroissial sont tous encartés. Voilà une autre églises, ce sont les croyants affiliés au parti communiste qui s’y sont regroupés. Ceci n’a rien à voir avec l’Eglise : les croyants laissent à la maison leur carte du parti.
Bien sûr, il existe des paroisses dont les fidèles sont unis par la foi ainsi que par certains autres traits ou intérêts communs. Ces communautés ne laissent pas venir à elles ceux qui leur paraissent « étrangers », cela a quelque chose d’aliénant et de dangereux. La proximité n’est pas dans les agglomérations un facteur aussi importants que dans les régions rurales.
- Est-ce que Moscou est une ville difficile pour un croyant ?
Je suis à Moscou depuis longtemps, j’y éprouve jusqu’à présent une sorte d’inconfort. Les cadences, les stress me fatiguent. Ce sont des pesanteurs constantes qui m’empêchent de me concentrer. A quel on est autre pendant les vacances, seul dans la forêt, tout y glorifie le Créateur, même si l’on a pas de voix on se joint à ce Gloria. Mais c’est à Moscou que ma vie s’est faite. Lorsque je vois par ma fenêtre des paysages urbains dont la nature est absente et qui relèvent de la science-fiction je ne reconnais pas la ville où je suis né. Je ne peux cependant m’empêcher d’aimer ce que je vois.
Les premiers chrétiens étaient des citadins. « Rural » et « païen » sont désignés en latin par un seul et même mot, paganus. C’est dans les villes que le christianisme a trouvé ses sources, il y a des sages pour dire que sa dernière période sera également urbaine.
Nous n’en sommes qu’au début de la renaissance de la foi en Russie. Mais pourquoi ne pas admettre qu’il s’agit d’un phénomène temporaire car il nous faut prendre conscience du fait que nous sommes dans ce monde une minorité en voie de disparition. Nous allons combattre jusqu'au bout pour la Sainte Russie, pour une Europe chrétienne. Entre-temps la civilisation évolue complètement à part de notre foi. Ne nous laissons pas impressionner par les statistiques qui sonnent si agréablement à nos oreilles : 78% des « Russiens » (habitants de la Fédération de Russie) se considèrent appartenir à la culture orthodoxe.( ?)
- La situation est-elle meilleure dans les campagnes ?
Ceux qui idéalisent la ruralité et disent que les campagnes sont plus chrétiennes que les mégalopoles n’ont pas raison. Tout lieu appartient à Dieu pour ceux qui Le glorifient à toute heure. Les grandes villes offrent des moyens faciles de fuir les difficultés relationnelles. Mais ces moyens véhiculent de graves tentations. Nous sommes parfois tentés d’abandonner la ville et d’aller vivre dans les campagnes. Mais ce n’est que fuir les difficultés qui existent dans les relations humaines.
- Comment définir l’essor spirituel ?
Notre développement spirituel consiste à nous imprégner de la Parole de Dieu, à rendre plus parfaites et différentes nos relations avec ceux qui nous entourent. Ce résultat peut être atteint par la participation aux sacrements, à la prière individuelle et collective. Nous portons en nous le levain d’une vie autre, d’une vie éternelle et cela nous permet de changer, de se conduire autrement que ce soit dans les transports en commun ou n’importe où ailleurs. Nous nous isolons facilement des autres et cela conduit le croyant à cesser de percevoir le prochain comme une image du Christ. Nous sommes maintenant capables de sélectionner nos proches, ils ne sont plus ceux qu la vie a placé à proximité de nous, ils sont devenus l’objet de notre choix. Nous préférons souvent à ceux qui vivent près de nous des habitants, par exemple, de Melbourne : grâce à Skype c’est si facile, peu coûteux et rapide. Il n’est pas difficile de se déconnecter d’un tel « prochain ». Internet nous permet de communiquer avec des interlocuteurs éloignés dans l’espace, et c’est très bien. Internet est en même temps un moyen de fuir ceux qui sont à coté de vous.
- La communication virtuelle comporte aussi des tentations : celle, par exemple, de quitter la conversation en débranchant tout simplement sa tablette ?
L’homme construit lui-même le modèle du monde dans lequel il veut vivre via internet. Nous en choisissons les habitants, nous en interdisons l’accès à ceux qui nous déplaisent, nous fuyons ainsi les problèmes superflus. Nous sommes les démiurges de cet univers virtuel. Un séjour prolongé dans le monde virtuel nous désocialise, nous transfère dans une irréalité par nous créée. Nos rapports au travail, à la vie, à la famille en deviennent superficiels.
- Y a-t-il une vision théologique de la chrétienté dans les grandes agglomérations ?
Nous avons la Philocalie des Pères du désert, l’expérience de ceux qui ont vécu dans des conditions totalement différentes. Cette expérience continue à nous être utile. Mais seuls peuvent y recourir des personnes mûres et qui en comprennent « le mode d’emploi ». La Philocalie ou d’autres textes des Pères de l’Eglise profitent peu à ceux qui n’ont pas accumulé dans la souffrance l’expérience spirituelle indispensable. Nous n’avons pas de Philocalie adaptées aux mégalopoles! Nous n’avons pas pris suffisamment conscience dans notre mission pastorale des conditions d’une part très confortables de l’autre traumatisantes de la vie citadine.
- Comment surmonter la fatigue dont nous souffrons dans les grandes villes ?
Vous avez raison, chaque prêtre peut, compte tenu de ses faiblesses, éprouver le désir de voir tous ses enfants spirituels, ils sont légion, qui, même à confesse, verbalisent leurs délires le laissent ne fût-ce qu’un peu tranquille. Ils ne veulent pas devenir adulte et exigent d’être traités en enfants béats. C’est d’ailleurs nous mêmes qui leur avons inculqués des comportements. Mais il nous arrive de devenir les témoins d’une repentance non feinte, et alors toute la fatigue disparaît. Nous devenons les témoins d’un miracle, celui de la libération de la souffrance. Quel bonheur que d’assister à cette renaissance !
Traduction pour "P.O." Nikita KRIVOCHEINE
Notre avenir dépend pour beaucoup de l’équilibre que nous trouverons entre unité et spécificité. Je n’ai rigoureusement rien contre les offices destinés aux enfants. En officier une dans une cathédrale de province a été une grande joie pour moi. Il est difficile pour les enfants de rester debout pendant deux heures ou plus, puis d’aller dans les clases de l’écoles du dimanche. En l’occurrence un office de une heure auquel les enfants participent très activement donne de bons résultats. Je suis heureux quand je vois des croyants qui se réunissent en communauté et se consacrent à un travail en commun.
Il en est autrement quand des chrétiens se regroupent en fonction de tel ou tel « profil » spécifique et choisissent pour ainsi dire « à la carte » les services religieux qui leur paraissent nécessaires. L’Eglise réunit des fidèles appelés par Dieu. L’Eglise locale, celles de Rome, de Corinthe, d’Ephèse, de Novo-Giréevo (une banlieue de Moscou)se sont formées le Jour du Seigneur, parce que c’est là qu’Elles sont et qu’Elles ont été appelées par le Seigneur. La « sélection » est déterminée par la communauté de la foi et un lieu de résidence commun.
Imaginons nous une paroisses dont les fidèles auraient en commun la foi orthodoxe et l’appartenance au même parti politique. Voilà, par exemple, la paroisse où vient faire ses dévotions M. Grégoire Yavlinsky et les membres de « Yabloko », le partir qu’il dirige. La paroisse est décorée des emblèmes du parti, les membres du conseil paroissial sont tous encartés. Voilà une autre églises, ce sont les croyants affiliés au parti communiste qui s’y sont regroupés. Ceci n’a rien à voir avec l’Eglise : les croyants laissent à la maison leur carte du parti.
Bien sûr, il existe des paroisses dont les fidèles sont unis par la foi ainsi que par certains autres traits ou intérêts communs. Ces communautés ne laissent pas venir à elles ceux qui leur paraissent « étrangers », cela a quelque chose d’aliénant et de dangereux. La proximité n’est pas dans les agglomérations un facteur aussi importants que dans les régions rurales.
- Est-ce que Moscou est une ville difficile pour un croyant ?
Je suis à Moscou depuis longtemps, j’y éprouve jusqu’à présent une sorte d’inconfort. Les cadences, les stress me fatiguent. Ce sont des pesanteurs constantes qui m’empêchent de me concentrer. A quel on est autre pendant les vacances, seul dans la forêt, tout y glorifie le Créateur, même si l’on a pas de voix on se joint à ce Gloria. Mais c’est à Moscou que ma vie s’est faite. Lorsque je vois par ma fenêtre des paysages urbains dont la nature est absente et qui relèvent de la science-fiction je ne reconnais pas la ville où je suis né. Je ne peux cependant m’empêcher d’aimer ce que je vois.
Les premiers chrétiens étaient des citadins. « Rural » et « païen » sont désignés en latin par un seul et même mot, paganus. C’est dans les villes que le christianisme a trouvé ses sources, il y a des sages pour dire que sa dernière période sera également urbaine.
Nous n’en sommes qu’au début de la renaissance de la foi en Russie. Mais pourquoi ne pas admettre qu’il s’agit d’un phénomène temporaire car il nous faut prendre conscience du fait que nous sommes dans ce monde une minorité en voie de disparition. Nous allons combattre jusqu'au bout pour la Sainte Russie, pour une Europe chrétienne. Entre-temps la civilisation évolue complètement à part de notre foi. Ne nous laissons pas impressionner par les statistiques qui sonnent si agréablement à nos oreilles : 78% des « Russiens » (habitants de la Fédération de Russie) se considèrent appartenir à la culture orthodoxe.( ?)
- La situation est-elle meilleure dans les campagnes ?
Ceux qui idéalisent la ruralité et disent que les campagnes sont plus chrétiennes que les mégalopoles n’ont pas raison. Tout lieu appartient à Dieu pour ceux qui Le glorifient à toute heure. Les grandes villes offrent des moyens faciles de fuir les difficultés relationnelles. Mais ces moyens véhiculent de graves tentations. Nous sommes parfois tentés d’abandonner la ville et d’aller vivre dans les campagnes. Mais ce n’est que fuir les difficultés qui existent dans les relations humaines.
- Comment définir l’essor spirituel ?
Notre développement spirituel consiste à nous imprégner de la Parole de Dieu, à rendre plus parfaites et différentes nos relations avec ceux qui nous entourent. Ce résultat peut être atteint par la participation aux sacrements, à la prière individuelle et collective. Nous portons en nous le levain d’une vie autre, d’une vie éternelle et cela nous permet de changer, de se conduire autrement que ce soit dans les transports en commun ou n’importe où ailleurs. Nous nous isolons facilement des autres et cela conduit le croyant à cesser de percevoir le prochain comme une image du Christ. Nous sommes maintenant capables de sélectionner nos proches, ils ne sont plus ceux qu la vie a placé à proximité de nous, ils sont devenus l’objet de notre choix. Nous préférons souvent à ceux qui vivent près de nous des habitants, par exemple, de Melbourne : grâce à Skype c’est si facile, peu coûteux et rapide. Il n’est pas difficile de se déconnecter d’un tel « prochain ». Internet nous permet de communiquer avec des interlocuteurs éloignés dans l’espace, et c’est très bien. Internet est en même temps un moyen de fuir ceux qui sont à coté de vous.
- La communication virtuelle comporte aussi des tentations : celle, par exemple, de quitter la conversation en débranchant tout simplement sa tablette ?
L’homme construit lui-même le modèle du monde dans lequel il veut vivre via internet. Nous en choisissons les habitants, nous en interdisons l’accès à ceux qui nous déplaisent, nous fuyons ainsi les problèmes superflus. Nous sommes les démiurges de cet univers virtuel. Un séjour prolongé dans le monde virtuel nous désocialise, nous transfère dans une irréalité par nous créée. Nos rapports au travail, à la vie, à la famille en deviennent superficiels.
- Y a-t-il une vision théologique de la chrétienté dans les grandes agglomérations ?
Nous avons la Philocalie des Pères du désert, l’expérience de ceux qui ont vécu dans des conditions totalement différentes. Cette expérience continue à nous être utile. Mais seuls peuvent y recourir des personnes mûres et qui en comprennent « le mode d’emploi ». La Philocalie ou d’autres textes des Pères de l’Eglise profitent peu à ceux qui n’ont pas accumulé dans la souffrance l’expérience spirituelle indispensable. Nous n’avons pas de Philocalie adaptées aux mégalopoles! Nous n’avons pas pris suffisamment conscience dans notre mission pastorale des conditions d’une part très confortables de l’autre traumatisantes de la vie citadine.
- Comment surmonter la fatigue dont nous souffrons dans les grandes villes ?
Vous avez raison, chaque prêtre peut, compte tenu de ses faiblesses, éprouver le désir de voir tous ses enfants spirituels, ils sont légion, qui, même à confesse, verbalisent leurs délires le laissent ne fût-ce qu’un peu tranquille. Ils ne veulent pas devenir adulte et exigent d’être traités en enfants béats. C’est d’ailleurs nous mêmes qui leur avons inculqués des comportements. Mais il nous arrive de devenir les témoins d’une repentance non feinte, et alors toute la fatigue disparaît. Nous devenons les témoins d’un miracle, celui de la libération de la souffrance. Quel bonheur que d’assister à cette renaissance !
Traduction pour "P.O." Nikita KRIVOCHEINE
« De la foi dans la grande ville » : un entretien avec l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou
site Pravoslavie i mir
Traduction Laurence Guillon pour "P.O."
- Père Nicolas, comment la vie dans la mégapole influence-t-elle l’homme, comment se fait-t-elle sentir dans ses relations avec les autres ?
- Dans la mégapole contemporaine, la sphère des relations interpersonnelles se rétrécit constamment, les gens, qui vivent dans la promiscuité constante, s’éloignent intérieurement les uns des autres. Il n’a pas entre les habitants de la grande ville les relations directes qui existent dans les campagnes ou les petites villes. Il est très difficile de survivre dans les conditions de la mégapole, si l’on entre dans une relation complexe avec tous ceux que l’on rencontre. Ce phénomène doit devenir l’objet d’une sérieuse réflexion théologique et pastorale. Il est quelquefois très difficile de rester simple, cordial, de dire à tous « bonjour » et de sourire. Survivre dans les conditions de notre désert urbain exige d’autres démarches et d’autres approches spirituelles. On ne peut l’ignorer. C’est le phénomène de l’homme pris dans la globalisation, dans des relations de plus en plus mécaniques.Il réclame une analyse pastorale attentive, compatissante et réfléchie. Et je ne suis pas sûr que nous nous soyons bien engagés dans cette voie.
site Pravoslavie i mir
Traduction Laurence Guillon pour "P.O."
- Père Nicolas, comment la vie dans la mégapole influence-t-elle l’homme, comment se fait-t-elle sentir dans ses relations avec les autres ?
- Dans la mégapole contemporaine, la sphère des relations interpersonnelles se rétrécit constamment, les gens, qui vivent dans la promiscuité constante, s’éloignent intérieurement les uns des autres. Il n’a pas entre les habitants de la grande ville les relations directes qui existent dans les campagnes ou les petites villes. Il est très difficile de survivre dans les conditions de la mégapole, si l’on entre dans une relation complexe avec tous ceux que l’on rencontre. Ce phénomène doit devenir l’objet d’une sérieuse réflexion théologique et pastorale. Il est quelquefois très difficile de rester simple, cordial, de dire à tous « bonjour » et de sourire. Survivre dans les conditions de notre désert urbain exige d’autres démarches et d’autres approches spirituelles. On ne peut l’ignorer. C’est le phénomène de l’homme pris dans la globalisation, dans des relations de plus en plus mécaniques.Il réclame une analyse pastorale attentive, compatissante et réfléchie. Et je ne suis pas sûr que nous nous soyons bien engagés dans cette voie.
- Les paroissiens ont-ils changé ? Les citadins se différencient-ils des villageois ?
- A une certaine période, j’ai vécu dix ans loin de Moscou. Quand je suis revenu, j’ai vu que, dans les églises, les gens étaient complètement différents. A l’époque soviétique, il n’y avait jamais eu, au sens social, tant de gens ordinaires dans les églises. C’étaient soit des personnes âgées, qui, par le fait des circonstances, retrouvaient le temps de participer à la vie de la paroisse et d’être religieusement actifs, soit des personnalités en quelque sorte héroïques, en partie affirmées et parfois même pas tout à fait normales. J’ai lu une fois dans un livre comment un prêtre disait à l’autre : « Je t’envie, il y a, chez toi, beaucoup de jeunes. » A quoi le second répondait : « Il n’y a pas de quoi m’envier, ce sont tous des malades mentaux. »
Mais à présent, sont apparus beaucoup de garçons, de filles et de personnes d’âge moyen, les mêmes gens, la même société que dans la rue. Et il s’avère que certains d’entre eux ont une vie spirituelle tout à fait consistante. Ce fut pour moi une découverte. Car sous le pouvoir soviétique, les visiteurs réguliers des églises étaient des gens qui n’étaient pas de ce monde, ils avaient tous la marque évidente de leur étrangeté. Il était parfois impossible de comprendre comment ils pouvaient survivre dans cette réalité de plomb. C’est peut-être ce qu’il y avait alors de plus lumineux.
A ce moment-là, on rencontrait très peu de gens activement investis dans la vie de la paroisse et, en même temps, actifs « dans le civil ». Habituellement, c’étaient des marginaux. Et là, on a vu apparaître une autre espèce de paroissiens, qui s’insèrent tout à fait normalement dans la société et ont une véritable vie spirituelle. Je pose rarement des questions pendant les confessions, et encore moins si elles n’ont pas de rapport direct avec ce qu’on me dit. Pourtant, il m’arrivait d’interroger quelquefois un pénitent qui m’intéressait : Et que faites-vous dans la vie ? Les réponses que j’ai reçues étaient pour moi, en majorité, inattendues : employé de banque, gestionnaire d’une firme commerciale et ainsi de suite.
D’après ce que j’entendais de la vie intérieure de ces gens, j’avais l’impression qu’ils devaient se chercher un travail aussi gratifiant que possible, au service des autres. Et je demandai parfois timidement : Et vous ne vous ennuyez pas, à la banque ?
La réponse me venait avec un regard perplexe : C’est un travail normal, on me paie bien. Il me semblait parfois être tombé dans une toute autre époque, pour laquelle j’avais déjà trop vieilli. A la période soviétique, beaucoup souffraient de l’impossibilité de se construire une vie professionnelle, une vie insérée dans la société et en accord avec ses convictions chrétiennes. La société était mécréante, toute manifestation extérieure de religiosité était impossible. Seuls quelques personnes d’exception arrivaient à ne pas se marginaliser et à rester dans le vif des évènements, sans pécher contre leur foi. C’était très difficile.
A présent, de tels exploits sont inutiles. On n’a plus à se cacher, on peut respirer à pleins poumons. Et pour ceux qui ont connu l’URSS, c’est un vrai bonheur. Mais cependant, dans la vie religieuse de beaucoup de chrétiens, fait défaut l’idée que leur travail doit servir son prochain.
"Les dangers de la mégapole pour la communauté".
- Aujourd’hui, les gens sont victimes d’une colossale surcharge informative et personnelle. Les laïcs aussi bien que les prêtres, dans les conditions de vie contemporaines, sont soumis à un surmenage d’informations et de communications.
- C’est exact. De plus, les prêtres, dans la mégapole, sont soumis souvent et facilement à des tentations que n’ont probablement pas ceux qui exercent dans les campagnes, ou au-delà des frontières, là où les paroissiens sont peu nombreux. Il n’y a pas de nécessité de ménager particulièrement chacun des fidèles : s’il se vexe et s’en va, la malheur n’est pas grand, d’autres prendront sa place. Si le contact ne passe pas entre le prêtre et le paroissien, ce dernier ira en voir un autre. A Moscou, il y en a des centaines. Il en trouvera facilement un autre qui lui conviendra mieux. Mais il y a toujours beaucoup plus de paroissiens que le prêtre n’a de forces à leur consacrer. En tant que pasteur, le prêtre en est déchiré de l’intérieur.
- Cela peut-il être surmonté ?
- Pour cela, il faut se trouver dans des conditions différentes, celles où toutes les brebis sont prises en compte. Grâce à mes relations avec mes confrères, je connais bien l’expérience des pasteurs qui sont nommés à l’étranger, où l’incompréhension entre le prêtre et son enfant spirituel peut avoir des conséquences tragiques pour le premier. La perte ou l’absence d’un marguillier peut être irremplaçable pour la survie de la communauté paroissiale. C’est pourquoi les prêtres des grandes villes sont peut-être gâtés par la vie. Et c’est sans doute pour cela qu’ils n’accordent pas assez attention aux gens.
- D’un autre côté, il nous arrive des plaintes de la province, le prêtre s’est montré grossier, et il n’y a qu’une seule église dans toute la ville, on ne peut aller nulle part ailleurs.
- Oui, la possibilité de choisir une église selon son cœur est un des avantages de la civilisation contemporaine. On voit émerger une sorte de marché des services religieux : il y a, à Moscou, une énorme quantité de paroisses et d’églises variées, on peut faire passer un « casting » et se choisir un père spirituel convenable.
C’est pratique. Cela répond parfaitement aux critères de la société de consommation.
- A une certaine période, j’ai vécu dix ans loin de Moscou. Quand je suis revenu, j’ai vu que, dans les églises, les gens étaient complètement différents. A l’époque soviétique, il n’y avait jamais eu, au sens social, tant de gens ordinaires dans les églises. C’étaient soit des personnes âgées, qui, par le fait des circonstances, retrouvaient le temps de participer à la vie de la paroisse et d’être religieusement actifs, soit des personnalités en quelque sorte héroïques, en partie affirmées et parfois même pas tout à fait normales. J’ai lu une fois dans un livre comment un prêtre disait à l’autre : « Je t’envie, il y a, chez toi, beaucoup de jeunes. » A quoi le second répondait : « Il n’y a pas de quoi m’envier, ce sont tous des malades mentaux. »
Mais à présent, sont apparus beaucoup de garçons, de filles et de personnes d’âge moyen, les mêmes gens, la même société que dans la rue. Et il s’avère que certains d’entre eux ont une vie spirituelle tout à fait consistante. Ce fut pour moi une découverte. Car sous le pouvoir soviétique, les visiteurs réguliers des églises étaient des gens qui n’étaient pas de ce monde, ils avaient tous la marque évidente de leur étrangeté. Il était parfois impossible de comprendre comment ils pouvaient survivre dans cette réalité de plomb. C’est peut-être ce qu’il y avait alors de plus lumineux.
A ce moment-là, on rencontrait très peu de gens activement investis dans la vie de la paroisse et, en même temps, actifs « dans le civil ». Habituellement, c’étaient des marginaux. Et là, on a vu apparaître une autre espèce de paroissiens, qui s’insèrent tout à fait normalement dans la société et ont une véritable vie spirituelle. Je pose rarement des questions pendant les confessions, et encore moins si elles n’ont pas de rapport direct avec ce qu’on me dit. Pourtant, il m’arrivait d’interroger quelquefois un pénitent qui m’intéressait : Et que faites-vous dans la vie ? Les réponses que j’ai reçues étaient pour moi, en majorité, inattendues : employé de banque, gestionnaire d’une firme commerciale et ainsi de suite.
D’après ce que j’entendais de la vie intérieure de ces gens, j’avais l’impression qu’ils devaient se chercher un travail aussi gratifiant que possible, au service des autres. Et je demandai parfois timidement : Et vous ne vous ennuyez pas, à la banque ?
La réponse me venait avec un regard perplexe : C’est un travail normal, on me paie bien. Il me semblait parfois être tombé dans une toute autre époque, pour laquelle j’avais déjà trop vieilli. A la période soviétique, beaucoup souffraient de l’impossibilité de se construire une vie professionnelle, une vie insérée dans la société et en accord avec ses convictions chrétiennes. La société était mécréante, toute manifestation extérieure de religiosité était impossible. Seuls quelques personnes d’exception arrivaient à ne pas se marginaliser et à rester dans le vif des évènements, sans pécher contre leur foi. C’était très difficile.
A présent, de tels exploits sont inutiles. On n’a plus à se cacher, on peut respirer à pleins poumons. Et pour ceux qui ont connu l’URSS, c’est un vrai bonheur. Mais cependant, dans la vie religieuse de beaucoup de chrétiens, fait défaut l’idée que leur travail doit servir son prochain.
"Les dangers de la mégapole pour la communauté".
- Aujourd’hui, les gens sont victimes d’une colossale surcharge informative et personnelle. Les laïcs aussi bien que les prêtres, dans les conditions de vie contemporaines, sont soumis à un surmenage d’informations et de communications.
- C’est exact. De plus, les prêtres, dans la mégapole, sont soumis souvent et facilement à des tentations que n’ont probablement pas ceux qui exercent dans les campagnes, ou au-delà des frontières, là où les paroissiens sont peu nombreux. Il n’y a pas de nécessité de ménager particulièrement chacun des fidèles : s’il se vexe et s’en va, la malheur n’est pas grand, d’autres prendront sa place. Si le contact ne passe pas entre le prêtre et le paroissien, ce dernier ira en voir un autre. A Moscou, il y en a des centaines. Il en trouvera facilement un autre qui lui conviendra mieux. Mais il y a toujours beaucoup plus de paroissiens que le prêtre n’a de forces à leur consacrer. En tant que pasteur, le prêtre en est déchiré de l’intérieur.
- Cela peut-il être surmonté ?
- Pour cela, il faut se trouver dans des conditions différentes, celles où toutes les brebis sont prises en compte. Grâce à mes relations avec mes confrères, je connais bien l’expérience des pasteurs qui sont nommés à l’étranger, où l’incompréhension entre le prêtre et son enfant spirituel peut avoir des conséquences tragiques pour le premier. La perte ou l’absence d’un marguillier peut être irremplaçable pour la survie de la communauté paroissiale. C’est pourquoi les prêtres des grandes villes sont peut-être gâtés par la vie. Et c’est sans doute pour cela qu’ils n’accordent pas assez attention aux gens.
- D’un autre côté, il nous arrive des plaintes de la province, le prêtre s’est montré grossier, et il n’y a qu’une seule église dans toute la ville, on ne peut aller nulle part ailleurs.
- Oui, la possibilité de choisir une église selon son cœur est un des avantages de la civilisation contemporaine. On voit émerger une sorte de marché des services religieux : il y a, à Moscou, une énorme quantité de paroisses et d’églises variées, on peut faire passer un « casting » et se choisir un père spirituel convenable.
C’est pratique. Cela répond parfaitement aux critères de la société de consommation.
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