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V.G.
D'après Dimitri Siniakov (maintenant hiéromoine Alexandre, recteur du séminaire russe d'Epinay s/Sénart)
Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes, cela n'implique-t-il pas que tous les autres mystères qu'ils célèbrent soient également valides? Pour quelle raison le Christ et son Esprit ne seraient-ils présents que dans le baptême?
Voici un éclairage de la doctrine de l'Eglise russe telle qu'elle est définie dans la "Déclaration sur les Principes régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe envers l'hétérodoxie"
D'après Dimitri Siniakov (maintenant hiéromoine Alexandre, recteur du séminaire russe d'Epinay s/Sénart)
Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes, cela n'implique-t-il pas que tous les autres mystères qu'ils célèbrent soient également valides? Pour quelle raison le Christ et son Esprit ne seraient-ils présents que dans le baptême?
Voici un éclairage de la doctrine de l'Eglise russe telle qu'elle est définie dans la "Déclaration sur les Principes régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe envers l'hétérodoxie"
A. LES DIFFERENTES APPROCHES THEOLOGIQUES
Dans son discoure précédant la publication de la "Déclaration" le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, président de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document explique la démarche qui a présidé à l'élaboration de ce document. Il part du principe que l'Eglise est un organisme universel, supérieur aux Eglises locales, et que c'est ainsi qu'elle doit être comprise par les théologiens qu'il cite Ce sont les frontières de cette Eglise, désignée dans le document par les expressions Eglise universelle, Eglise du Christ et Eglise orthodoxe, qui sont considérées différemment par différents courants théologiques. Et, remarquant qu'il n'y a pas d'unanimité chez les théologiens orthodoxes sur la question de l'unité ecclésiale, Mgr Philarète analyse les différentes solutions proposées.
1) Une approche "scolastique"
Exprimée surtout par l'archevêque Nicodème Milach (1), une première école use volontiers du concept occidental de ex opero operato et fonctionne avec les catégories de la forme et du contenu. Le baptême ne peut être célébré validement que dans l'Église, puisqu'il est institué par son Chef, le Seigneur Jésus Christ, mais il est également possible et valide - mais illicite - lorsqu'il est administré dans une communauté schismatique en vertu de la foi et de l'intention ferme de baptiser la personne au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et de l'intégrer dans
l'Église Catholique et Apostolique. En revanche, le baptême de ceux dont la foi en la Trinité est déformée n'est ni valide ni même chrétien.
Selon cette théorie les frontières de l'Église correspondent avec l'institution ecclésiale canonique, mais les communautés chrétiennes séparées ne sont pas considérées comme étrangères au Corps du Christ à cause de leur foi et de leur certitude d'être Église qui remplissent la forme vide des sacrements de ces communautés par la grâce divine.
Cette approche, répandue au XIXe siècle, présente un certain intérêt du point de vue canonique, mais elle est fortement influencée par la scolastique latine et Mgr Philarète la rejette pour son caractère formel et rationnel.
2) L'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion
La deuxième approche est bien connue chez nous car c'est celle de Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann(2), A. Kartachev (3) et P. Svetlov (4). Elle est présentée comme un refus de reconnaître au schisme une profondeur et un caractère absolu.
Il s'agit ici premièrement de l'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion. Formulée par les pères Afanassieff et Schmemann, elle considère toute église locale, assemblée autour de la célébration eucharistique et de la figure de son président, évêque, comme la manifestation du Corps du Christ dans un lieu donné, la seule manifestation possible de l'Église catholique. Du fait que ces églises catholiques dispersées dans le monde entier sont chacune réalisation intégrale de l'Église de Dieu dont l'unité est conditionnée uniquement par la participation au même pain et à la même coupe, elles sont parfaitement identiques entre elles; ainsi leur pluralité ne porte aucune atteinte à l'unité de l'Église, pas plus que la célébration de l'Eucharistie simultanément dans des endroits différents ne détruit l'unité du Corps du Christ. Les églises séparées, dans une telle approche, pourraient chacune constituer l'Église catholique de succession apostolique malgré l'absence de communion visible entre elles.
Le professeur Kartachev fonde sa théorie de l'existence après le schisme de deux églises égales sur l'étude de l'histoire du christianisme, et notamment sur l'expérience des ruptures de communion dans l'Église ancienne. Il mentionne les schismes entre les Églises orientales et occidentales au sujet de l'arianisme (IVe siècle), entre l'Église d'Alexandrie et celle d'Antioche de 431 à 433, entre Rome et l'Orient à propos de l'édit de l'empereur Zénon et du patriarche Acace de Constantinople (484-519), ainsi que le célèbre schisme de Photius. Il en conclut que «L'Église universelle, une et inséparable, invisible pour nous, mais visible aux yeux de Dieu, continue à exister sur Terre, dans le monde entier, surpassant infiniment les frontières relatives de nos séparations confessionnelles». Pour Kartachev, ce n'est pas l'annexion d'une Eglise à une autre qui peut mettre fin au schisme, mais la réconciliation, la pax ecclesiastica, de deux «parties» de l'Eglise universelle, dont l'unité profonde et ontologique n'est, au fond, jamais détruite.
Avec Kartachev nous sommes dans un contexte ecclésiologique très différent de celui de N. Afanassieff. Le premier est fortement marqué par l'universalisme ecclésial et assimile la catholicité à l'universalité; il crée une distinction entre l'Église universelle invisible et les églises locales, ses parties, qui ne sont pas capables d'en révéler l'unité profonde. Le second, en revanche, ne peut admettre aucune autre manifestation de l'unité de l'Église que celle d'une communauté précise unie par le Christ lui-même en la Divine Eucharistie.
La notion de schisme, pour le père Serge Boulgakov, n'existe qu'à l'intérieur de l'Eglise. «Les parties séparées de l'Eglise, avec l'existence du moins de la succession apostolique, se trouvent dans une communion mystique invisible par les sacrements visibles, bien que rendus inaccessibles pour les autres, que chacune des églises séparées célèbre». Les divisions historiques sont superficielles et n'anéantissent pas l'unité mystique du Corps du Christ. «Le chemin de l'unité de l'Orient et de l'Occident, conclut le père Boulgakov, passe non pas par l'union de Florence, ni par les tournois des théologiens, mais par l'union devant l'autel».
Mgr Philarète regroupe ces approches ecclésiologiques et les conteste car elles ne parviennent pas à exprimer correctement «l'unité de la vie de grâce dans l'Église». Il semble impossible au métropolite Philarète, à la suite de l'archevêque Hilarion Troitsky (5), d'admettre que «deux corps juxtaposés ou deux arbres puissent avoir entre eux un lien organique (...) Le membre coupé doit mourir et se décomposer». Toutefois cette objection ne peut se rapporter totalement qu'aux théories de Kartachev et de Svetlov, exprimées avec exactement les mêmes critères ecclésiologiques universalistes, à savoir l'assimilation du Corps du Christ à l'Église universelle, à l'intérieur de laquelle les Eglises locales ne sont que des «membres». Or, l'ecclésiologie eucharistique de N. Afanassieff et A. Schmemann part de principes différents, presque opposés.
3) Suivre saint Cyprien de Carthage (6)
La troisième approche exposée par Mgr Philarète est celle qui suit à la lettre la doctrine des schismes de saint Cyprien de Carthage est représentée en particulier par A. S. Khomiakov(7), le métropolite Antoine Khrapovitsky(8) et l'archevêque Hilarion Troitsky. Ils ne reconnaissent aucune valeur sacramentelle aux rites de baptême des chrétiens séparés mais, pour expliquer le décalage qui existe entre ce point de vue et la pratique la plus fréquente de l'Église (on ne rebaptise pas pour ne pas scandaliser les schismatiques et en empêcher le retour dans l'Eglise), ils admettent que ce vide sacramentel puisse être empli en rendant aux rites sans signification ecclésiologique leur sens mystique et leur validité lors du retour du schismatique dans le sein de la vrai Église par une «économie» mystique de l'Esprit. Les sacrements pourraient donc être administrés aussi bien de façon ordinaire qu'extraordinaire, c'est-à-dire visiblement et invisiblement. Par exemple, le baptême serait compris dans la chrismation, voire la confession seule, pour un schismatique qui est reçu dans l'Église par un de ces deux moyens.
Il est évident pour Mgr Philarète qu'une pareille interprétation de la pratique ecclésiale est difficilement acceptable: les mystères de l'Église sont trop fondamentaux dans la vie de grâce des membres de l'Église pour être objet d'une pareille économie qui viserait à faciliter le retour des chrétiens séparés dans l'unité ecclésiale. En apprenant de semblables raisons de leur réception dans l'Église par les sacrements autres que le baptême, ils seraient probablement indignés plutôt que soulagés.
4) La voie suivie par l'Eglise russe
Pour le Métropolite Philarète, la doctrine prônée par le document conciliaire dépasse les défauts et comble les manques des trois théories qu'il a exposées dans son Discours: ceci est expliqué en détail dans la deuxième partie du discours. B. «Les principes fondamentaux régissant les relations de l'Église Orthodoxe russe avec l'hétérodoxie» ([voir aussi]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/RELATIONS-DE-L-EGLISE-ORTHODOXE-AVEC-L-ENSEMBLE-DU-MONDE-CHRETIEN-ou-la-vision-orthodoxe-du-dialogue-OEcumenique_a2009.html )
La notion qu'a l'Église de sa propre nature définit sa relation envers les chrétiens des communautés séparées. La question du schisme ne peut être traitée séparément de celle de l'unité de l'Église, tout comme, dans le sens inverse, toute affirmation de l'unité du Corps du Christ nécessite une explication précise de l'existence, tout au long de l'histoire du christianisme, des ruptures entre ceux qui croient au même Seigneur Jésus-Christ. C'est cet objectif qui est posé dans le premier chapitre des "Principes", intitulé "Unité de l'Église et péché des séparations humaines". La Déclaration du Concile de 2000 suit un plan classique pour ce genre de documents qui part de l'étude de la doctrine sur l'unité de l'Église du Christ et se poursuit avec la profession du caractère anormal et douloureux des divisions entre les chrétiens et de la nécessité absolue pour la chrétienté d'aspirer à l'unité perdue. Le rôle de l'Orthodoxie dans le dialogue œcuménique est présenté comme la martyria, le témoignage catholique au sujet de la Tradition et de la foi apostoliques que les Églises orthodoxes ont conservée.
a) L'unité de l'Eglise.
L'unité de l'Église, de nature mystique différente de celle des corporations terrestres, est en deçà de toutes les frontières raciales, linguistiques et sociales. L'Église est le nouvel Homme, la descendance spirituelle du second Adam, la vigne qui a pour racine le Christ, le peuple de grâce et d'alliance. Son unité ne peut être qu'un don du ciel, divin et parfait; elle a été promise par le Christ à l'apôtre Pierre, elle est demandée par le Christ au Père dans la prière qui précède de quelques heures la Passion. L'Église est l'image de la Trinité Consubstantielle, car la multitude d'hommes de même nature y trouve son unité.
L'unité de l'Église a, pour le Concile, trois principes. Le premier et le plus important sont le Christ lui-même et l'Esprit: le Corps du Christ est un, car il n'a qu'un seul Chef et il est animé par un seul et même Esprit de Dieu. Le deuxième fondement de l'unité de l'Église est l'Eucharistie: c'est par la participation au même Pain et au même Calice que tous les fidèles, selon saint Paul, trouvent l'unité dans le Corps du Christ. Le troisième garant de l'unité est la succession apostolique de la hiérarchie ecclésiale et la Tradition d'origine apostolique. L'apostolicité de l'Église, pour le Concile, n'est autre chose que la succession apostolique du sacerdoce, par lequel «les dons de l'Esprit Saint sont communiqués aux fidèles». Cette hiérarchie d'origine apostolique est le garant de « la communion et de l'unité dans la vie de grâce».
«L'Eglise est de caractère universel; elle existe dans le monde en forme de diverses Eglises locales, mais l'unité de l'Eglise n'en est aucunement détruite». Dans la terminologie orthodoxe, l'expression «Eglise locale» désigne le plus souvent les Eglises autocéphales, patriarcats, archevêchés ou métropoles. Les Eglises autocéphales, comprenant plusieurs diocèses, sont présidées par un Primat et administrées par les Conciles locaux et le Synode, institution conciliaire permanente auprès du Primat. Le Concile de Moscou de 1917, rétablissant le Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, a défini le diocèse comme «une partie de l'Eglise orthodoxe russe» et l'Eglise locale de Russie comme une partie de l'Eglise orthodoxe universelle. De même le Règlement de l'Eglise orthodoxe russe promulgué par le Concile de 2000 considère que «l'Eglise orthodoxe russe se divise en diocèses, églises locales présidées par un évêque».
Alors que les Eglises autocéphales orthodoxes, indépendantes entre elles, sont unies par les liens de charité et de concorde, sans aucune structure canonique universelle, la situation à l'intérieur de ces Eglises autocéphales est différente: les diocèses qui en font partie sont régis par des institutions canoniques de type synodal et leur communion est garantie par la primauté d'un évêque. Le Concile de 2000 considère donc chacune des Eglises locales comme manifestation parfaite de l'Eglise du Christ sur la terre; dans l'annexe à la Déclaration il ira encore plus loin et affirmera que toute assemblée ecclésiale possède la plénitude de la catholicité de l'Eglise et constitue, en réalité, l'Eglise catholique: «Chaque partie de l'Eglise, même la plus petite, même réduite à un seul fidèle, peut être nommée catholique».
b) La transgression du précepte de l'unité
«L'Église orthodoxe est la véritable Église qui garde intactes la Tradition sacrée et la plénitude de la grâce salvifique de Dieu. Elle a préservé en intégrité et pureté l'héritage sacré des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît sa doctrine, sa structure liturgique et sa pratique spirituelle comme identiques à l'évangile des Apôtres et à la Tradition de l'Église ancienne».
Après avoir fait une telle déclaration, le Concile s'empresse d'expliquer que l'orthodoxie n'est pas une prérogative ou une épithète des Eglises orientales, mais une qualité intérieure de la doctrine et de la vie ecclésiales. L'orthodoxie signifie la fidélité absolue au kérygme apostolique et à la tradition patristique. Et comme le dit le métropolite Vladimir de Kiev, membre du Saint Synode et, bien entendu, du Concile de 2000, le fait que ce sont les Eglises orientales qui perpétuent l'Église catholique orthodoxe aujourd'hui n'a rien d'immuable ni de dogmatique: «Aujourd'hui l'Église orientale reste encore dans le sein de l'Église catholique, mais demain elle peut s'en écarter, tandis que l'Église catholique continuera à exister sur terre, peut-être, quelque part en Amérique ou au Japon».
Le document précise que ce n'est pas parce qu'une église est orthodoxe qu'elle ne peut être objet d'une critique et sujet de quelques erreurs historiques. «Il ne faut pas céder à la tentation d'ignorer les défauts et les non-réussites qui ont marqué l'histoire de l'Église». Notamment, l'on ne peut nier qu'à certaines époques de grandes parties du peuple de Dieu ont sombré dans l'hérésie. Combien de fois Constantinople fut-elle la scène de schismes et le berceau d'hérésies ! Alexandrie et Antioche ne pourraient se vanter d'avoir été moins souvent impliquées dans de fausses doctrines. Les Pères de l'Église donnent l'exemple d'autocritique et de réalisme historiques. Pour le Concile de 2000, cette expérience douloureuse d'hérésies et de schismes a justement forgé l'orthodoxie du peuple de Dieu; c'est au contact avec les doctrines erronées que furent formulés les dogmes catholiques et que l'Église a appris à être vigilante et à distinguer l'enseignement apostolique des égarements humains. «L'Église orthodoxe, témoignant humblement de la vérité dont elle est gardienne, garde également mémoire de toutes ses épreuves historiques».
c) Le «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu
Pour le Concile de 2000, le schisme est la séparation d'une communauté du plérôme de l'Église Orthodoxe. Le document sur l'hétérodoxie établit un parallèle entre un chrétien excommunié et un groupe schismatique de chrétiens. Lorsqu'un chrétien rompt les liens canoniques avec son Eglise locale et ne participe plus à son Eucharistie, il cesse d'être membre du Corps du Christ. Cependant, il garde un «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu et, à sa conversion, est reçu de nouveau à la communion sans être rebaptisé. De la même façon, les communautés séparées de l'Unité ecclésiale gardent avec le Corps du Christ un lien invisible. Ce lien est un gage de leur retour au sein de l'Église et de l'existence en elles d'une vie de grâce, quoique détériorée.
Le Concile proclame que le salut ne peut être trouvé que dans l'Église du Christ, qui est l'Église orthodoxe. Les hérésies sont «la conséquence de l'auto-affirmation et de l'enfermement égoïstes», contraires à l'Amour chrétien. Tous les schismes, même ceux qui ont pour cause autre chose que les différences doctrinales, aboutissent en fin de compte à des hérésies, car, séparées de l'unité de l'Église, les communautés schismatiques ne peuvent suivre le même sain développement théologique que l'Église et s'écartent progressivement de la tradition apostolique qui n'est réellement vivante que dans le Corps du Christ.
A l'instar d'un chrétien excommunié, les groupes séparés de l'Église conservent une communion imparfaite avec le Christ et la grâce de l'Esprit n'en est pas complètement absente. Ces chrétiens séparés ont en commun avec l'Église la confession du Christ comme Seigneur et Sauveur, la foi en Dieu Unique en trois personnes et «la piété sincère». Pour cette raison, à leur retour dans l'Église orthodoxe, les schismatiques ne sont pas nécessairement rebaptisés.
Le Concile confirme l'existence de trois formes de réception dans l'Église des chrétiens schismatiques: par le baptême, par la confirmation ou par la confession. Le degré de fidélité à la tradition patristique et conciliaire des communautés schismatiques est le critère qui définit la façon dont les chrétiens de ces groupes sont reçus dans l'Église. Le document souligne que l'évaluation de la mesure dans laquelle la grâce de l'Esprit peut être active en dehors de l'Église orthodoxe ne relève pas de la compétence d'un Concile, mais est le mystère de l'économie divine.
d) Les communautés séparées
La Déclaration énumère dans le paragraphe 1.13 les principales Eglises et communautés hétérodoxes - Coptes, Arméniens, Syro-Jacobites, Ethiopiens, Malabars, Catholiques Romains, et communautés issues de la Réforme -, mais ne donne aucune directive précise sur la façon dont il faut recevoir ces chrétiens dans l'Eglise orthodoxe, en se limitant à des affirmations générales.
En annexe à la Déclaration nous trouvons les analyses des relations entre l'Église orthodoxe russe et les «hétérodoxes», notamment, avec l'Église catholique romaine, les Églises préchalcédoniennes, avec les anglicans et les diverses branches de la Réforme. Ces textes décrivent la situation actuelle du dialogue des orthodoxes russes avec ces chrétiens et en esquissent brièvement l'histoire et quelques principes. L'annexe contient également un paragraphe, intitulé Participation aux organisations chrétiennes internationales et dialogue avec 'le mouvement œcuménique'. C'est une réponse à la douloureuse question de la participation de l'Église russe au Conseil œcuménique des Églises et aux autres organismes de ce genre. Le document présente l'histoire de cet engagement de l'Orthodoxie russe dans le mouvement œcuménique et souligne le sérieux avec lequel l'Église russe prend part au travail du COE. Le Concile y parle également de «la crise du mouvement œcuménique» et exige une révision complète des principes et des manières d'agir du mouvement œcuménique actuel que l'Église russe suppose être dominé par l'ecclésiologie protestante.
L'évaluation ecclésiologique précise de chacune des Églises hétérodoxes est absente des "Principes". Le texte mérite son titre, car le Concile se contente de tracer les grandes lignes de la réflexion sur l'approche des autres communautés chrétiennes, prises ensemble dans toute leur diversité.
Par ailleurs est intéressent de souligner la similitude dans le fond et la forme de l'article 1.13 avec le décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II: les deux documents s'accordent pour affirmer, avec pratiquement les mêmes expressions, que des communautés et Eglises locales entières ont fait scission avec l'Eglise des apôtres et se sont coupées de la communion catholique.
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Notes du rédacteur
(1) Mgr Nicodème Milach (1845-1915), évêque de Zara (Serbie) en 1890.1911. Canoniste et historien, auteur de nombreux ouvrages dont un manuel de droit canon orthodoxe (1890 traduit en allemand, bulgare, grec, et russe). Il s'est rendu célèbre par un manifeste en faveur des secondes noces du clergé (1907).
(2) Pères Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann: théologiens russes du XXe siècle appartenant à l'école théologique de l'Institut Saint Serge (Paris) appelée "école de Paris"
(3) Anton Vladimirovitch Kartachev (1875-1960) Dernier haut-procureur du Saint-Synode et ministre des affaires religieuses du gouvernement provisoire, théologien, historien de l'Église russe et activiste sociale. Il est membre fondateur et professeur de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris (1925-1960) où il eut e particulier Jean Meyendorff et Alexandre Schmemann comme étudiants.
(4) Père Paul (Pavel) Svetlov (1861-1945). Professeur à l'Académie théologique de Kiev avant la révolution.
(5) Saint néomartyre archevêque) Hilarion Troïtsky (1886-1929, canonisé en 1999). Intervint au Concile de 1917-18 en faveur du rétablissement du patriarcat. Adversaire résolu de "l'Eglise Renouvelée" et compagnon du saint patriarche Tikhon, emprisonné aux Solovki en 1923 puis transféré de camp en camps, il mourut à Leningrad en 1929.
(6) Saint martyre Cyprien de Carthage (200-258), évêque de Carthage, Père de l'Église, l'un des rares théologiens occidentaux des premiers siècles avec saint Augustin.
(7) Alexeï Stepanovitch Khomiakov (en 1804-1860) théologien, poète et philosophe russe. Connu comme théoricien du mouvement slavophile il oppose le développement spirituel du monde orthodoxe à la décadence des Catholiques et Protestants qu'il renvoi dos à dos
(8) Mgr Antoine Khrapovitsky (1863-1936) fut un grand représentant du monachisme savant de la période fin XIXe - début XXe siècle. Membre du Saint Synode (1912) il recueil le plus de voix à l'élection du patriarche par le concile de 1917-1918 (mais le sort désigna alors le saint patriarche Tikhon parmi les 3 candidats élus). Contraint à l'exil il fonde le synode hors frontière (1920) qui deviendra l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières.
Europaica Bulletin
Dans son discoure précédant la publication de la "Déclaration" le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, président de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document explique la démarche qui a présidé à l'élaboration de ce document. Il part du principe que l'Eglise est un organisme universel, supérieur aux Eglises locales, et que c'est ainsi qu'elle doit être comprise par les théologiens qu'il cite Ce sont les frontières de cette Eglise, désignée dans le document par les expressions Eglise universelle, Eglise du Christ et Eglise orthodoxe, qui sont considérées différemment par différents courants théologiques. Et, remarquant qu'il n'y a pas d'unanimité chez les théologiens orthodoxes sur la question de l'unité ecclésiale, Mgr Philarète analyse les différentes solutions proposées.
1) Une approche "scolastique"
Exprimée surtout par l'archevêque Nicodème Milach (1), une première école use volontiers du concept occidental de ex opero operato et fonctionne avec les catégories de la forme et du contenu. Le baptême ne peut être célébré validement que dans l'Église, puisqu'il est institué par son Chef, le Seigneur Jésus Christ, mais il est également possible et valide - mais illicite - lorsqu'il est administré dans une communauté schismatique en vertu de la foi et de l'intention ferme de baptiser la personne au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et de l'intégrer dans
l'Église Catholique et Apostolique. En revanche, le baptême de ceux dont la foi en la Trinité est déformée n'est ni valide ni même chrétien.
Selon cette théorie les frontières de l'Église correspondent avec l'institution ecclésiale canonique, mais les communautés chrétiennes séparées ne sont pas considérées comme étrangères au Corps du Christ à cause de leur foi et de leur certitude d'être Église qui remplissent la forme vide des sacrements de ces communautés par la grâce divine.
Cette approche, répandue au XIXe siècle, présente un certain intérêt du point de vue canonique, mais elle est fortement influencée par la scolastique latine et Mgr Philarète la rejette pour son caractère formel et rationnel.
2) L'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion
La deuxième approche est bien connue chez nous car c'est celle de Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann(2), A. Kartachev (3) et P. Svetlov (4). Elle est présentée comme un refus de reconnaître au schisme une profondeur et un caractère absolu.
Il s'agit ici premièrement de l'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion. Formulée par les pères Afanassieff et Schmemann, elle considère toute église locale, assemblée autour de la célébration eucharistique et de la figure de son président, évêque, comme la manifestation du Corps du Christ dans un lieu donné, la seule manifestation possible de l'Église catholique. Du fait que ces églises catholiques dispersées dans le monde entier sont chacune réalisation intégrale de l'Église de Dieu dont l'unité est conditionnée uniquement par la participation au même pain et à la même coupe, elles sont parfaitement identiques entre elles; ainsi leur pluralité ne porte aucune atteinte à l'unité de l'Église, pas plus que la célébration de l'Eucharistie simultanément dans des endroits différents ne détruit l'unité du Corps du Christ. Les églises séparées, dans une telle approche, pourraient chacune constituer l'Église catholique de succession apostolique malgré l'absence de communion visible entre elles.
Le professeur Kartachev fonde sa théorie de l'existence après le schisme de deux églises égales sur l'étude de l'histoire du christianisme, et notamment sur l'expérience des ruptures de communion dans l'Église ancienne. Il mentionne les schismes entre les Églises orientales et occidentales au sujet de l'arianisme (IVe siècle), entre l'Église d'Alexandrie et celle d'Antioche de 431 à 433, entre Rome et l'Orient à propos de l'édit de l'empereur Zénon et du patriarche Acace de Constantinople (484-519), ainsi que le célèbre schisme de Photius. Il en conclut que «L'Église universelle, une et inséparable, invisible pour nous, mais visible aux yeux de Dieu, continue à exister sur Terre, dans le monde entier, surpassant infiniment les frontières relatives de nos séparations confessionnelles». Pour Kartachev, ce n'est pas l'annexion d'une Eglise à une autre qui peut mettre fin au schisme, mais la réconciliation, la pax ecclesiastica, de deux «parties» de l'Eglise universelle, dont l'unité profonde et ontologique n'est, au fond, jamais détruite.
Avec Kartachev nous sommes dans un contexte ecclésiologique très différent de celui de N. Afanassieff. Le premier est fortement marqué par l'universalisme ecclésial et assimile la catholicité à l'universalité; il crée une distinction entre l'Église universelle invisible et les églises locales, ses parties, qui ne sont pas capables d'en révéler l'unité profonde. Le second, en revanche, ne peut admettre aucune autre manifestation de l'unité de l'Église que celle d'une communauté précise unie par le Christ lui-même en la Divine Eucharistie.
La notion de schisme, pour le père Serge Boulgakov, n'existe qu'à l'intérieur de l'Eglise. «Les parties séparées de l'Eglise, avec l'existence du moins de la succession apostolique, se trouvent dans une communion mystique invisible par les sacrements visibles, bien que rendus inaccessibles pour les autres, que chacune des églises séparées célèbre». Les divisions historiques sont superficielles et n'anéantissent pas l'unité mystique du Corps du Christ. «Le chemin de l'unité de l'Orient et de l'Occident, conclut le père Boulgakov, passe non pas par l'union de Florence, ni par les tournois des théologiens, mais par l'union devant l'autel».
Mgr Philarète regroupe ces approches ecclésiologiques et les conteste car elles ne parviennent pas à exprimer correctement «l'unité de la vie de grâce dans l'Église». Il semble impossible au métropolite Philarète, à la suite de l'archevêque Hilarion Troitsky (5), d'admettre que «deux corps juxtaposés ou deux arbres puissent avoir entre eux un lien organique (...) Le membre coupé doit mourir et se décomposer». Toutefois cette objection ne peut se rapporter totalement qu'aux théories de Kartachev et de Svetlov, exprimées avec exactement les mêmes critères ecclésiologiques universalistes, à savoir l'assimilation du Corps du Christ à l'Église universelle, à l'intérieur de laquelle les Eglises locales ne sont que des «membres». Or, l'ecclésiologie eucharistique de N. Afanassieff et A. Schmemann part de principes différents, presque opposés.
3) Suivre saint Cyprien de Carthage (6)
La troisième approche exposée par Mgr Philarète est celle qui suit à la lettre la doctrine des schismes de saint Cyprien de Carthage est représentée en particulier par A. S. Khomiakov(7), le métropolite Antoine Khrapovitsky(8) et l'archevêque Hilarion Troitsky. Ils ne reconnaissent aucune valeur sacramentelle aux rites de baptême des chrétiens séparés mais, pour expliquer le décalage qui existe entre ce point de vue et la pratique la plus fréquente de l'Église (on ne rebaptise pas pour ne pas scandaliser les schismatiques et en empêcher le retour dans l'Eglise), ils admettent que ce vide sacramentel puisse être empli en rendant aux rites sans signification ecclésiologique leur sens mystique et leur validité lors du retour du schismatique dans le sein de la vrai Église par une «économie» mystique de l'Esprit. Les sacrements pourraient donc être administrés aussi bien de façon ordinaire qu'extraordinaire, c'est-à-dire visiblement et invisiblement. Par exemple, le baptême serait compris dans la chrismation, voire la confession seule, pour un schismatique qui est reçu dans l'Église par un de ces deux moyens.
Il est évident pour Mgr Philarète qu'une pareille interprétation de la pratique ecclésiale est difficilement acceptable: les mystères de l'Église sont trop fondamentaux dans la vie de grâce des membres de l'Église pour être objet d'une pareille économie qui viserait à faciliter le retour des chrétiens séparés dans l'unité ecclésiale. En apprenant de semblables raisons de leur réception dans l'Église par les sacrements autres que le baptême, ils seraient probablement indignés plutôt que soulagés.
4) La voie suivie par l'Eglise russe
Pour le Métropolite Philarète, la doctrine prônée par le document conciliaire dépasse les défauts et comble les manques des trois théories qu'il a exposées dans son Discours: ceci est expliqué en détail dans la deuxième partie du discours. B. «Les principes fondamentaux régissant les relations de l'Église Orthodoxe russe avec l'hétérodoxie» ([voir aussi]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/RELATIONS-DE-L-EGLISE-ORTHODOXE-AVEC-L-ENSEMBLE-DU-MONDE-CHRETIEN-ou-la-vision-orthodoxe-du-dialogue-OEcumenique_a2009.html )
La notion qu'a l'Église de sa propre nature définit sa relation envers les chrétiens des communautés séparées. La question du schisme ne peut être traitée séparément de celle de l'unité de l'Église, tout comme, dans le sens inverse, toute affirmation de l'unité du Corps du Christ nécessite une explication précise de l'existence, tout au long de l'histoire du christianisme, des ruptures entre ceux qui croient au même Seigneur Jésus-Christ. C'est cet objectif qui est posé dans le premier chapitre des "Principes", intitulé "Unité de l'Église et péché des séparations humaines". La Déclaration du Concile de 2000 suit un plan classique pour ce genre de documents qui part de l'étude de la doctrine sur l'unité de l'Église du Christ et se poursuit avec la profession du caractère anormal et douloureux des divisions entre les chrétiens et de la nécessité absolue pour la chrétienté d'aspirer à l'unité perdue. Le rôle de l'Orthodoxie dans le dialogue œcuménique est présenté comme la martyria, le témoignage catholique au sujet de la Tradition et de la foi apostoliques que les Églises orthodoxes ont conservée.
a) L'unité de l'Eglise.
L'unité de l'Église, de nature mystique différente de celle des corporations terrestres, est en deçà de toutes les frontières raciales, linguistiques et sociales. L'Église est le nouvel Homme, la descendance spirituelle du second Adam, la vigne qui a pour racine le Christ, le peuple de grâce et d'alliance. Son unité ne peut être qu'un don du ciel, divin et parfait; elle a été promise par le Christ à l'apôtre Pierre, elle est demandée par le Christ au Père dans la prière qui précède de quelques heures la Passion. L'Église est l'image de la Trinité Consubstantielle, car la multitude d'hommes de même nature y trouve son unité.
L'unité de l'Église a, pour le Concile, trois principes. Le premier et le plus important sont le Christ lui-même et l'Esprit: le Corps du Christ est un, car il n'a qu'un seul Chef et il est animé par un seul et même Esprit de Dieu. Le deuxième fondement de l'unité de l'Église est l'Eucharistie: c'est par la participation au même Pain et au même Calice que tous les fidèles, selon saint Paul, trouvent l'unité dans le Corps du Christ. Le troisième garant de l'unité est la succession apostolique de la hiérarchie ecclésiale et la Tradition d'origine apostolique. L'apostolicité de l'Église, pour le Concile, n'est autre chose que la succession apostolique du sacerdoce, par lequel «les dons de l'Esprit Saint sont communiqués aux fidèles». Cette hiérarchie d'origine apostolique est le garant de « la communion et de l'unité dans la vie de grâce».
«L'Eglise est de caractère universel; elle existe dans le monde en forme de diverses Eglises locales, mais l'unité de l'Eglise n'en est aucunement détruite». Dans la terminologie orthodoxe, l'expression «Eglise locale» désigne le plus souvent les Eglises autocéphales, patriarcats, archevêchés ou métropoles. Les Eglises autocéphales, comprenant plusieurs diocèses, sont présidées par un Primat et administrées par les Conciles locaux et le Synode, institution conciliaire permanente auprès du Primat. Le Concile de Moscou de 1917, rétablissant le Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, a défini le diocèse comme «une partie de l'Eglise orthodoxe russe» et l'Eglise locale de Russie comme une partie de l'Eglise orthodoxe universelle. De même le Règlement de l'Eglise orthodoxe russe promulgué par le Concile de 2000 considère que «l'Eglise orthodoxe russe se divise en diocèses, églises locales présidées par un évêque».
Alors que les Eglises autocéphales orthodoxes, indépendantes entre elles, sont unies par les liens de charité et de concorde, sans aucune structure canonique universelle, la situation à l'intérieur de ces Eglises autocéphales est différente: les diocèses qui en font partie sont régis par des institutions canoniques de type synodal et leur communion est garantie par la primauté d'un évêque. Le Concile de 2000 considère donc chacune des Eglises locales comme manifestation parfaite de l'Eglise du Christ sur la terre; dans l'annexe à la Déclaration il ira encore plus loin et affirmera que toute assemblée ecclésiale possède la plénitude de la catholicité de l'Eglise et constitue, en réalité, l'Eglise catholique: «Chaque partie de l'Eglise, même la plus petite, même réduite à un seul fidèle, peut être nommée catholique».
b) La transgression du précepte de l'unité
«L'Église orthodoxe est la véritable Église qui garde intactes la Tradition sacrée et la plénitude de la grâce salvifique de Dieu. Elle a préservé en intégrité et pureté l'héritage sacré des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît sa doctrine, sa structure liturgique et sa pratique spirituelle comme identiques à l'évangile des Apôtres et à la Tradition de l'Église ancienne».
Après avoir fait une telle déclaration, le Concile s'empresse d'expliquer que l'orthodoxie n'est pas une prérogative ou une épithète des Eglises orientales, mais une qualité intérieure de la doctrine et de la vie ecclésiales. L'orthodoxie signifie la fidélité absolue au kérygme apostolique et à la tradition patristique. Et comme le dit le métropolite Vladimir de Kiev, membre du Saint Synode et, bien entendu, du Concile de 2000, le fait que ce sont les Eglises orientales qui perpétuent l'Église catholique orthodoxe aujourd'hui n'a rien d'immuable ni de dogmatique: «Aujourd'hui l'Église orientale reste encore dans le sein de l'Église catholique, mais demain elle peut s'en écarter, tandis que l'Église catholique continuera à exister sur terre, peut-être, quelque part en Amérique ou au Japon».
Le document précise que ce n'est pas parce qu'une église est orthodoxe qu'elle ne peut être objet d'une critique et sujet de quelques erreurs historiques. «Il ne faut pas céder à la tentation d'ignorer les défauts et les non-réussites qui ont marqué l'histoire de l'Église». Notamment, l'on ne peut nier qu'à certaines époques de grandes parties du peuple de Dieu ont sombré dans l'hérésie. Combien de fois Constantinople fut-elle la scène de schismes et le berceau d'hérésies ! Alexandrie et Antioche ne pourraient se vanter d'avoir été moins souvent impliquées dans de fausses doctrines. Les Pères de l'Église donnent l'exemple d'autocritique et de réalisme historiques. Pour le Concile de 2000, cette expérience douloureuse d'hérésies et de schismes a justement forgé l'orthodoxie du peuple de Dieu; c'est au contact avec les doctrines erronées que furent formulés les dogmes catholiques et que l'Église a appris à être vigilante et à distinguer l'enseignement apostolique des égarements humains. «L'Église orthodoxe, témoignant humblement de la vérité dont elle est gardienne, garde également mémoire de toutes ses épreuves historiques».
c) Le «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu
Pour le Concile de 2000, le schisme est la séparation d'une communauté du plérôme de l'Église Orthodoxe. Le document sur l'hétérodoxie établit un parallèle entre un chrétien excommunié et un groupe schismatique de chrétiens. Lorsqu'un chrétien rompt les liens canoniques avec son Eglise locale et ne participe plus à son Eucharistie, il cesse d'être membre du Corps du Christ. Cependant, il garde un «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu et, à sa conversion, est reçu de nouveau à la communion sans être rebaptisé. De la même façon, les communautés séparées de l'Unité ecclésiale gardent avec le Corps du Christ un lien invisible. Ce lien est un gage de leur retour au sein de l'Église et de l'existence en elles d'une vie de grâce, quoique détériorée.
Le Concile proclame que le salut ne peut être trouvé que dans l'Église du Christ, qui est l'Église orthodoxe. Les hérésies sont «la conséquence de l'auto-affirmation et de l'enfermement égoïstes», contraires à l'Amour chrétien. Tous les schismes, même ceux qui ont pour cause autre chose que les différences doctrinales, aboutissent en fin de compte à des hérésies, car, séparées de l'unité de l'Église, les communautés schismatiques ne peuvent suivre le même sain développement théologique que l'Église et s'écartent progressivement de la tradition apostolique qui n'est réellement vivante que dans le Corps du Christ.
A l'instar d'un chrétien excommunié, les groupes séparés de l'Église conservent une communion imparfaite avec le Christ et la grâce de l'Esprit n'en est pas complètement absente. Ces chrétiens séparés ont en commun avec l'Église la confession du Christ comme Seigneur et Sauveur, la foi en Dieu Unique en trois personnes et «la piété sincère». Pour cette raison, à leur retour dans l'Église orthodoxe, les schismatiques ne sont pas nécessairement rebaptisés.
Le Concile confirme l'existence de trois formes de réception dans l'Église des chrétiens schismatiques: par le baptême, par la confirmation ou par la confession. Le degré de fidélité à la tradition patristique et conciliaire des communautés schismatiques est le critère qui définit la façon dont les chrétiens de ces groupes sont reçus dans l'Église. Le document souligne que l'évaluation de la mesure dans laquelle la grâce de l'Esprit peut être active en dehors de l'Église orthodoxe ne relève pas de la compétence d'un Concile, mais est le mystère de l'économie divine.
d) Les communautés séparées
La Déclaration énumère dans le paragraphe 1.13 les principales Eglises et communautés hétérodoxes - Coptes, Arméniens, Syro-Jacobites, Ethiopiens, Malabars, Catholiques Romains, et communautés issues de la Réforme -, mais ne donne aucune directive précise sur la façon dont il faut recevoir ces chrétiens dans l'Eglise orthodoxe, en se limitant à des affirmations générales.
En annexe à la Déclaration nous trouvons les analyses des relations entre l'Église orthodoxe russe et les «hétérodoxes», notamment, avec l'Église catholique romaine, les Églises préchalcédoniennes, avec les anglicans et les diverses branches de la Réforme. Ces textes décrivent la situation actuelle du dialogue des orthodoxes russes avec ces chrétiens et en esquissent brièvement l'histoire et quelques principes. L'annexe contient également un paragraphe, intitulé Participation aux organisations chrétiennes internationales et dialogue avec 'le mouvement œcuménique'. C'est une réponse à la douloureuse question de la participation de l'Église russe au Conseil œcuménique des Églises et aux autres organismes de ce genre. Le document présente l'histoire de cet engagement de l'Orthodoxie russe dans le mouvement œcuménique et souligne le sérieux avec lequel l'Église russe prend part au travail du COE. Le Concile y parle également de «la crise du mouvement œcuménique» et exige une révision complète des principes et des manières d'agir du mouvement œcuménique actuel que l'Église russe suppose être dominé par l'ecclésiologie protestante.
L'évaluation ecclésiologique précise de chacune des Églises hétérodoxes est absente des "Principes". Le texte mérite son titre, car le Concile se contente de tracer les grandes lignes de la réflexion sur l'approche des autres communautés chrétiennes, prises ensemble dans toute leur diversité.
Par ailleurs est intéressent de souligner la similitude dans le fond et la forme de l'article 1.13 avec le décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II: les deux documents s'accordent pour affirmer, avec pratiquement les mêmes expressions, que des communautés et Eglises locales entières ont fait scission avec l'Eglise des apôtres et se sont coupées de la communion catholique.
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Notes du rédacteur
(1) Mgr Nicodème Milach (1845-1915), évêque de Zara (Serbie) en 1890.1911. Canoniste et historien, auteur de nombreux ouvrages dont un manuel de droit canon orthodoxe (1890 traduit en allemand, bulgare, grec, et russe). Il s'est rendu célèbre par un manifeste en faveur des secondes noces du clergé (1907).
(2) Pères Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann: théologiens russes du XXe siècle appartenant à l'école théologique de l'Institut Saint Serge (Paris) appelée "école de Paris"
(3) Anton Vladimirovitch Kartachev (1875-1960) Dernier haut-procureur du Saint-Synode et ministre des affaires religieuses du gouvernement provisoire, théologien, historien de l'Église russe et activiste sociale. Il est membre fondateur et professeur de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris (1925-1960) où il eut e particulier Jean Meyendorff et Alexandre Schmemann comme étudiants.
(4) Père Paul (Pavel) Svetlov (1861-1945). Professeur à l'Académie théologique de Kiev avant la révolution.
(5) Saint néomartyre archevêque) Hilarion Troïtsky (1886-1929, canonisé en 1999). Intervint au Concile de 1917-18 en faveur du rétablissement du patriarcat. Adversaire résolu de "l'Eglise Renouvelée" et compagnon du saint patriarche Tikhon, emprisonné aux Solovki en 1923 puis transféré de camp en camps, il mourut à Leningrad en 1929.
(6) Saint martyre Cyprien de Carthage (200-258), évêque de Carthage, Père de l'Église, l'un des rares théologiens occidentaux des premiers siècles avec saint Augustin.
(7) Alexeï Stepanovitch Khomiakov (en 1804-1860) théologien, poète et philosophe russe. Connu comme théoricien du mouvement slavophile il oppose le développement spirituel du monde orthodoxe à la décadence des Catholiques et Protestants qu'il renvoi dos à dos
(8) Mgr Antoine Khrapovitsky (1863-1936) fut un grand représentant du monachisme savant de la période fin XIXe - début XXe siècle. Membre du Saint Synode (1912) il recueil le plus de voix à l'élection du patriarche par le concile de 1917-1918 (mais le sort désigna alors le saint patriarche Tikhon parmi les 3 candidats élus). Contraint à l'exil il fonde le synode hors frontière (1920) qui deviendra l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières.
Europaica Bulletin
Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 11 Novembre 2011 à 12:54
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Nous apprenons de source fiable que la date de l'audience de référé (introduit par l'ACOR) devant le Premier Président de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a été fixée au 25 novembre.
Marie Genko
Saviez-vous que certains orthodoxes avaient installé des "Prie Dieu" dans leurs églises?"
Pour ma part, je l'ignorais.Voilà pourquoi il me semble intéressant de soumettre le texte suivant à l'appréciation des lecteurs de Parlons d'Orthodoxie: "L'efficacité liturgique" des bancs & chaises à l'église et leur impact dans la vie spirituelle (DOXA, saint Michael's skete, OCA)
* Paru dans le numéro de Pâques 1995 de DOXA, le trimestriel du skite St. Michael's (Orthodox Church of America)
Ancré dans la tradition liturgique Orthodoxe, et même axiomatique dans le Mouvement Liturgique moderne, c'est le principe de base que ce que nous faisons et disons dans le culte en assemblée a une influence directe sur ce que nous croyons, sur nos attitudes et notre comportement au quotidien - ndt: lex orandi, lex credendi! Cette influence est au demeurant un des effets voulus du culte liturgique. La Liturgie enseigne.
Saviez-vous que certains orthodoxes avaient installé des "Prie Dieu" dans leurs églises?"
Pour ma part, je l'ignorais.Voilà pourquoi il me semble intéressant de soumettre le texte suivant à l'appréciation des lecteurs de Parlons d'Orthodoxie: "L'efficacité liturgique" des bancs & chaises à l'église et leur impact dans la vie spirituelle (DOXA, saint Michael's skete, OCA)
* Paru dans le numéro de Pâques 1995 de DOXA, le trimestriel du skite St. Michael's (Orthodox Church of America)
Ancré dans la tradition liturgique Orthodoxe, et même axiomatique dans le Mouvement Liturgique moderne, c'est le principe de base que ce que nous faisons et disons dans le culte en assemblée a une influence directe sur ce que nous croyons, sur nos attitudes et notre comportement au quotidien - ndt: lex orandi, lex credendi! Cette influence est au demeurant un des effets voulus du culte liturgique. La Liturgie enseigne.
La Liturgie est conçue pour avoir un impact sur notre vie. Une mauvaise liturgie aura dès lors de mauvais effets. Un culte liturgique hérétique sème les semences de l'erreur. Des offices ennuyeux sèment l'ennui. Mais la Divine Liturgie célébrée dans la beauté de la sainteté rend manifeste la lumière de la vérité et inspire une vie de sainteté.
Peu de fidèles Orthodoxes en Occident nieraient de nos jours la validité du principe fondamental exposé ci-avant, en particulier lorsqu'il est question de l'usage de la langue vernaculaire dans nos offices liturgiques. Car comment la Parole pourrait pleinement porter fruit, si cette Parole sacrée est exclusivement exprimée dans une langue étrangère? Nous sommes bien conscients qu'autant la qualité de la prédication, l'excellence de l'enseignement, la beauté de l'iconographie, la splendeur du chant, etc, et que tout ce qui contribue à la célébration liturgique, influence aussi directement la pensée et l'art de vivre de ceux qui participent à cette Liturgie. Mais avons-nous réfléchi aux effets directs de la présence de rangées de bancs ou de chaises installées dans nos églises pour s'en servir durant la Divine Liturgie et les autres rites de l'Église?
Est-ce que ces sièges, que nous avons repris depuis pas si longtemps à l'imitation des Protestants et des Catholiques-romains (qui les tenaient eux-mêmes des Protestants), sont un accessoire liturgique sans conséquences? Est-ce que ces sièges apportent un changement significatif dans la vie de l'Église? Ou ne serait-ce qu'auprès de vieux réactionnaires râleurs que ça poserait problème, des gens qui voudraient faire obstruction au progrès dans l'Orthodoxie au nom d'un prétendu traditionalisme? En nous posant la question, est arrivée la pénible et inévitable conclusion que ces sièges apportaient une importante, très importante différence dans nos vies de Chrétiens Orthodoxes. Cela n'a absolument rien à voir avec des différences de juridictions, ou des courants d'opinion au sein de l'Église, ou d'étiquettes telles que "traditionaliste" et "moderniste." Par contre, cela concerne tout à fait la conception Orthodoxe du Corps du Christ, et la nature du culte liturgique....
Suite Saint Materne 6 novembre 2011
et A Call for Liturgical Renewal The Liturgical Effectiveness of Pews
Et en PDF ici
Peu de fidèles Orthodoxes en Occident nieraient de nos jours la validité du principe fondamental exposé ci-avant, en particulier lorsqu'il est question de l'usage de la langue vernaculaire dans nos offices liturgiques. Car comment la Parole pourrait pleinement porter fruit, si cette Parole sacrée est exclusivement exprimée dans une langue étrangère? Nous sommes bien conscients qu'autant la qualité de la prédication, l'excellence de l'enseignement, la beauté de l'iconographie, la splendeur du chant, etc, et que tout ce qui contribue à la célébration liturgique, influence aussi directement la pensée et l'art de vivre de ceux qui participent à cette Liturgie. Mais avons-nous réfléchi aux effets directs de la présence de rangées de bancs ou de chaises installées dans nos églises pour s'en servir durant la Divine Liturgie et les autres rites de l'Église?
Est-ce que ces sièges, que nous avons repris depuis pas si longtemps à l'imitation des Protestants et des Catholiques-romains (qui les tenaient eux-mêmes des Protestants), sont un accessoire liturgique sans conséquences? Est-ce que ces sièges apportent un changement significatif dans la vie de l'Église? Ou ne serait-ce qu'auprès de vieux réactionnaires râleurs que ça poserait problème, des gens qui voudraient faire obstruction au progrès dans l'Orthodoxie au nom d'un prétendu traditionalisme? En nous posant la question, est arrivée la pénible et inévitable conclusion que ces sièges apportaient une importante, très importante différence dans nos vies de Chrétiens Orthodoxes. Cela n'a absolument rien à voir avec des différences de juridictions, ou des courants d'opinion au sein de l'Église, ou d'étiquettes telles que "traditionaliste" et "moderniste." Par contre, cela concerne tout à fait la conception Orthodoxe du Corps du Christ, et la nature du culte liturgique....
Suite Saint Materne 6 novembre 2011
et A Call for Liturgical Renewal The Liturgical Effectiveness of Pews
Et en PDF ici
Le 8 novembre 2011, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a présidé une réunion de la Comission interconciliaire de l’Église orthodoxe russe sur les relations avec l’hétérodoxie et les autres religions. La réunion avait lieu au Département des relations ecclésiastiques extérieures.
Un document intitulé « Des mariages avec les hétérodoxes », élaboré en tenant compte des propositions des membres de la commission, a été examiné. Au cours du débat, un certain nombre d’additions et de modifications supplémentaires ont été apportées au document, approuvé dans son ensemble. Il sera présenté au Présidium de la Conférence interconciliaire.
Un document intitulé « Des mariages avec les hétérodoxes », élaboré en tenant compte des propositions des membres de la commission, a été examiné. Au cours du débat, un certain nombre d’additions et de modifications supplémentaires ont été apportées au document, approuvé dans son ensemble. Il sera présenté au Présidium de la Conférence interconciliaire.
Les membres de la commission poursuivront leurs travaux sur un projet de document consacré à « la prière pour les vivants et les défunts hétérodoxes », ainsi que sur une « Conception des relations interreligieuses de l’Église orthodoxe russe », préparée par le groupe de travail sur le rapport aux autres religions.
Prenaient part à la réunion l’archevêque Augustin de Lvov et de Galicie, l’archevêque Anastase de Kazan et du Tatarstan, l’archevêque Innocent de Vilnius et de Lituanie, l’archevêque Théophane de Berlin et d’Allemagne, l’évêque Alexandre de Bakou et d’Azerbaïdjan, l’archiprêtre Oleg Pelevine (représentant du métropolite Alexandre de Riga et de toute la Lettonie), l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, l’archiprêtre Maxime Kozlov, l’archiprêtre André Novikov, l’archiprêtre Valentin Asmous, l’archiprêtre Dimitri Sizonenko et le prêtre Maxime Pliakine.
Suite MOSPAT
Prenaient part à la réunion l’archevêque Augustin de Lvov et de Galicie, l’archevêque Anastase de Kazan et du Tatarstan, l’archevêque Innocent de Vilnius et de Lituanie, l’archevêque Théophane de Berlin et d’Allemagne, l’évêque Alexandre de Bakou et d’Azerbaïdjan, l’archiprêtre Oleg Pelevine (représentant du métropolite Alexandre de Riga et de toute la Lettonie), l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, l’archiprêtre Maxime Kozlov, l’archiprêtre André Novikov, l’archiprêtre Valentin Asmous, l’archiprêtre Dimitri Sizonenko et le prêtre Maxime Pliakine.
Suite MOSPAT
Dans une interview accordée depuis Kichinev lundi dernier à plusieurs chaînes russes le patriarche Cyrille a dit à propos du roman de Mikhaïl Boulgakov « Le Maître et Marguerite » (1) : « C’est un livre d’une admirable teneur littéraire. L’auteur a, le premier dans la période qui a suivi la révolution, alors que les libertés avaient été supprimées dans le pays, su décrire et analyser les forces des ténèbres qui s’étaient emparées de la société soviétique. Le roman montre la chute de « l’homme soviétique », sa déchéance morale, l’inversion du bien et du mal, la corruption et la vénalité qui régnaient sans partage.
Mais tout ceci ne pouvait être dit que sous la forme d’une parabole métaphysique. C’est d’ailleurs bien ce qui a fait de livre un ouvrage immortel.
Mais tout ceci ne pouvait être dit que sous la forme d’une parabole métaphysique. C’est d’ailleurs bien ce qui a fait de livre un ouvrage immortel.
Involontairement, les lecteurs du roman devaient prendre conscience d’eux-mêmes. Boulgakov a magnifiquement montré que la société de l’époque était régie par le diable et que celui-ci prévalait en tout. Les gloses sont très nombreuses en vue de décrypter le message que véhicule « Le Maître et Marguerite ». Certains estiment que Boulgakov, s’étant éloigné de l’église, avait délibérément altéré la narration évangélique, qu’il avait élaboré une sorte de mythe portant sur la vie de Jésus-Christ. C’était pour l’écrivain une manière de montrer qu’il ne se reconnaissait plus dans « le christianisme officiel ».
Je n’adhère pas à cette lecture l’étude la vie de Boulgakov m’a montré que l’écrivain n’avait pas la moindre intention d’adhérer au combat anti-religieux. En effet, bien que provenant d’une famille qui appartenait au clergé, Boulgakov n’était pas un croyant pratiquant. Mais qui peut dire qu’il n’avait plus la foi ? Boulgakov a connu les années des pires persécutions anti-chrétiennes. Comment, à l’époque, se consacrer à l’écriture d’un roman dont le Christ serait le personnage principal ?
Il est plus que possible que si le livre avait été rédigé dans un autre registre jamais nous n’aurions eu connaissance de son existence avant l’effondrement du régime soviétique. C’est sans hésiter que je conclus : Mikhaïl Boulgakov a connu une expérience spirituelle d’une immense intensité. Je dis tout cela abstraction faite de la corrélation du roman avec la foi orthodoxe ».
.........................................
"PO"
(1) "Le Maître et Marguerite" est un roman de Mikhaïl Boulgakov écrit entre 1928 et 1940.
Le Maître et Marguerite
Interfax religion
Je n’adhère pas à cette lecture l’étude la vie de Boulgakov m’a montré que l’écrivain n’avait pas la moindre intention d’adhérer au combat anti-religieux. En effet, bien que provenant d’une famille qui appartenait au clergé, Boulgakov n’était pas un croyant pratiquant. Mais qui peut dire qu’il n’avait plus la foi ? Boulgakov a connu les années des pires persécutions anti-chrétiennes. Comment, à l’époque, se consacrer à l’écriture d’un roman dont le Christ serait le personnage principal ?
Il est plus que possible que si le livre avait été rédigé dans un autre registre jamais nous n’aurions eu connaissance de son existence avant l’effondrement du régime soviétique. C’est sans hésiter que je conclus : Mikhaïl Boulgakov a connu une expérience spirituelle d’une immense intensité. Je dis tout cela abstraction faite de la corrélation du roman avec la foi orthodoxe ».
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"PO"
(1) "Le Maître et Marguerite" est un roman de Mikhaïl Boulgakov écrit entre 1928 et 1940.
Le Maître et Marguerite
Interfax religion
Le père Georges Mitrofanov, professeur à l’Académie de théologie de saint Pétersbourg, historien connu de l’Eglise, a accordé une interview exclusive au Fonds « Vozvrachtchenie ». Il s’ y agit, entre autre, de la dénomination des lieux (toponymie) en « Russie post russe ».
Début de l'interview du père Georges:" Faut-il continuer le combat pour les noms toponymiques historiques?"
Réponse du père Georges (traduction V. Golovanow)
"Pour la plupart nos contemporains ne voient tout simplement aucun intérêt à avoir une conscience historique de soi même.
Notre pays aurait dû depuis longtemps choisir entre d'une part une Russie orthodoxe ayant 900 ans d'ancienneté, qui est loin d'être idéale et présente bien des défauts, mais qui a suivi pendent 900 ans des valeurs claires sur les plans spirituel, moral et culturel, et d'autre part 70 ans de "soviétie", "bolchévie", - appelez cela comme voulez - période durant laquelle on a tenté de faire quelque chose de complètement différent de notre pays. Et on a tenté d'en faire un autre pays de façon systématique et, en général, plutôt avec succès. On a opposé à 900 ans de création cette période de 70 ans de destructions culturelle et spirituelle.
Début de l'interview du père Georges:" Faut-il continuer le combat pour les noms toponymiques historiques?"
Réponse du père Georges (traduction V. Golovanow)
"Pour la plupart nos contemporains ne voient tout simplement aucun intérêt à avoir une conscience historique de soi même.
Notre pays aurait dû depuis longtemps choisir entre d'une part une Russie orthodoxe ayant 900 ans d'ancienneté, qui est loin d'être idéale et présente bien des défauts, mais qui a suivi pendent 900 ans des valeurs claires sur les plans spirituel, moral et culturel, et d'autre part 70 ans de "soviétie", "bolchévie", - appelez cela comme voulez - période durant laquelle on a tenté de faire quelque chose de complètement différent de notre pays. Et on a tenté d'en faire un autre pays de façon systématique et, en général, plutôt avec succès. On a opposé à 900 ans de création cette période de 70 ans de destructions culturelle et spirituelle.
Comme résultat, il s'avère que de toutes les nombreuses promesses faites à notre peuple par les dirigeants communistes et qu'en règle générale ils n'ont pas été tenues, ils en une qu'ils ont réellement accomplie : ils ont crée un homme NOUVEAU. Un homme qui ne se sent pas de liens avec l'histoire russe, celle qui a précédé la période soviétique. Il peut même s’intéresser à cette histoire, mais comme on s'intéresse à quelque chose de lointain et d'exotiques.
Le point de non retour a été dépassé durant ces 20 dernières années et, maintenant, nous avons compris le prix de ces énormes pertes démographiques subies par notre pays durant la période soviétique: sur une longue période on ne s'est pas contenté de supprimer un grand nombre de Russes, mais en plus c'était les MEILLEURS qui étaient éliminés, ceux qui sont les porteurs de la mémoire historique. J'entends par là ce qu'on appelle l'élite: des nobles aux paysans, des intellectuels aux ouvriers, cette couche qui forme l'élite a été anéantie dans toutes les catégories sociales. Et elle na pas été anéantie par des extraterrestres, mais par d'autres Russes, les plus mauvais. Ces meilleurs n'ont pas eu d'enfants, alors que ces plus mauvais en ont eu et ils les ont élevés dans LEUR conception de l'histoire, du pays, etc.
Et ainsi s'est crée un certain type d'homme, pour qui le problème de la rupture de la continuité historique semble sans importance, car il n'en voit pas l'intérêt; il s'agit par exemple de la question du jugement à porter sur la période soviétique du point de vue moral, légal. Dans un pays où il n'y a pas eu de loi d'épuration après ce qu'il a enduré pendant la période communiste, où le communisme, qui a détruit le pays, n'est pas considéré comme un régime criminel (bien qu'il y ait eu une tentative en ce sen), dans un tel pays la question de la redénomination toponymique ne peut être pertinente. Parce que si les gens ne se rendent pas compte de l'essentiel, ce qui est secondaire dans leurs vies n'aura pas de signification.
Je pense que ces tentatives étaient justifiées au début des années 1990 parce qu'il s'agissait en fait d'essayer de percevoir s'il existe chez nous une opinion publique, si l'opinion publique est capable d'évaluer correctement ce qui se passe, si les gens sont capables de se prendre en main. Alors les manifestations devant l'hôtel d'Angleterre, la Maison Delvig(1) pouvaient faire espérer que c'était le début d'un mouvement de fond. Mais nous voyons maintenant que la Maison Delvig est littéralement écrasée par un énorme immeuble neuf construit derrière elle place sur la place Vladimir. Et nous comprenons que la tentative de rassembler nos contemporains à la fin des années 80-début 90, sous la bannière de la restauration de la mémoire historique, a été, somme toute, un échec.
Pour finir de répondre à votre question, pourquoi le retour des noms toponymiques n'est pas adapté à notre société, je peux dire que notre société possède une mentalité de pays du Tiers-Monde. Qu'est-ce qu'un pays du tiers monde? C'est un pays qui soit n'a pas d'histoire, ou bien avait une histoire avec laquelle une société moderne ne peut faire le lien. Par exemple, le monde arabe moderne de l'Egypte est complètement étranger à l'Egypte ancienne, même s'il fait visiter les pyramides qui lui rapportent de l'argent. Car l'histoire ancienne n'a aucun lien avec la vie des Arabes actuels en Egypte.
Quelque chose de similaire s'est passé chez nous, et nous devons maintenant parler, à mon avis, non pas de "Russie postsoviétique», mais de RUSSIE POSTRUSSE. Un nouveau pays est en train de naître, qui ne connait pas son passé historique, ce qui fait que ces 70 ans ont duré bien plus longtemps (non du point de vue chronologique, mais du fait de la gravité de la dégénérescence de notre conscience sociale) que n'auraient du durer 70 années normales. C'est pour cela que, pour la majorité de notre société, les tentatives de rendre les noms historiques aux rues et aux places ne semble pas pertinente";
(1) 1ères manifestations de masse qui ont eu lieu à Saint Petersbourg (alors Leningrad) en 1985 pour défendre des immeubles historiques voués à la démolition
* * *
Suite il a dit : «La société russe véhicule jusqu’à présent les mentalités de l’époque soviétique. Ce n’est de « Russie post soviétique » qu’il nous parler aujourd’hui mais d’un nouveau pays, hélas aliéné de son passé historique. Il y a eu un moment, au tout début des années 90, où le combat pour conférer de nouveaux noms aux rues et autres lieux (toponymie) avait eu des chances de devenir un véritable facteur de progrès. Nous pouvions espérer alors rejeter le passé communiste et atteindre nous-mêmes une sorte de transfiguration. Cela ne s’est pas fait car aux yeux de certains cela n’avait aucune importance, d’autres ne voulaient pas donner leur assentiment alors que pour l’écrasante majorité le problème était totalement indifférent.
Le communisme s’est décomposé en Russie, il s’est déguisé mais, en fait, il s’est maintenu. Il s’agit, bien sûr, du communisme vidé de son idéologie, de celui qui existait dans les années Brejnev. Notre peuple a tenté de se SUICIDER. Mais il était tellement grand et fort qu’il s’est raté tout en s’automutilant. L’idéologie totalitaire a réussi pour l’essentiel, elle a formé des êtres humains privés de tout idéal et qui s’en contentent parfaitement. L’idéologie totalitaire a pour prémisse que les gens ne peuvent avoir de convictions propres.
Un nouveau pays est en gestation. Mais comme il est difficile d’aimer ce pays où les chrétiens ont été persécutés, Comment peut-on être fier d’un pays où tant de gens de qualité ont été assassinés ?
L’hymne national actuel avait été composé à la commande d’un séminariste (Staline) exclu de son écoles qui a été privé des sacrements en 1918 sur décision du Concile local de l’Eglise orthodoxe russe. L’auteur de la musique est le général Alexandrov, dernier maître de chorale de la cathédrale du Christ Sauveur à son époque rénovationniste.
La canonisation des Néo-Martyrs n’est-elle pas en réalité un moyen de le vouer à l’oubli ? En effet, si l’on appréhende les nouveaux martyrs comme de véritables saints, comment continuer la vie tranquille que nous menons et dont nombreux rêvent au sein même de l’Eglise ? C’est chaque jour qu’il nous faut à tous avoir à l’esprit que l’URSS n’a pas simplement annihilé une masse immense d’hommes mais que ces victimes étaient les meilleurs d’entre nous. L’élite de chacune des couches sociales a été exterminée, noblesse, paysans, intellectuels et ouvriers. Ces élites disparues étaient les porteurs de notre mémoire historique. Ce ne sont pas des extraterrestres qui les ont tués mais d’autres russes, les pires d’entre nous. Ces victimes n’ont pas laissé de descendance. Alors que les enfants des pires ont été formés dans leur propre conception de l’histoire.
Il nous faudrait de toute évidence un "Nuremberg russe" mais la majorité de la société n’en ressent pas le besoin. Voilà pourquoi le procès intenté en 1991-92 au parti communiste s’est déroulé dans les semi vérités et c’est dans cet état d’esprit que nous continuons à vivre et que nous nous en contentons".
Texte complet de l’interview sur Fonds « Vozvrachtchenie » et Interfax-religion
Traduction "PO"
................................
"PO"- Un nouveau livre de l’archiprêtre Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle »
Lettre des membres du synode de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières à l’archiprêtre Georges Mitrofanov
Xenia Krivocheine Communisme et décommunisation: à propos du livre du père Georges Mitrofanov
Le point de non retour a été dépassé durant ces 20 dernières années et, maintenant, nous avons compris le prix de ces énormes pertes démographiques subies par notre pays durant la période soviétique: sur une longue période on ne s'est pas contenté de supprimer un grand nombre de Russes, mais en plus c'était les MEILLEURS qui étaient éliminés, ceux qui sont les porteurs de la mémoire historique. J'entends par là ce qu'on appelle l'élite: des nobles aux paysans, des intellectuels aux ouvriers, cette couche qui forme l'élite a été anéantie dans toutes les catégories sociales. Et elle na pas été anéantie par des extraterrestres, mais par d'autres Russes, les plus mauvais. Ces meilleurs n'ont pas eu d'enfants, alors que ces plus mauvais en ont eu et ils les ont élevés dans LEUR conception de l'histoire, du pays, etc.
Et ainsi s'est crée un certain type d'homme, pour qui le problème de la rupture de la continuité historique semble sans importance, car il n'en voit pas l'intérêt; il s'agit par exemple de la question du jugement à porter sur la période soviétique du point de vue moral, légal. Dans un pays où il n'y a pas eu de loi d'épuration après ce qu'il a enduré pendant la période communiste, où le communisme, qui a détruit le pays, n'est pas considéré comme un régime criminel (bien qu'il y ait eu une tentative en ce sen), dans un tel pays la question de la redénomination toponymique ne peut être pertinente. Parce que si les gens ne se rendent pas compte de l'essentiel, ce qui est secondaire dans leurs vies n'aura pas de signification.
Je pense que ces tentatives étaient justifiées au début des années 1990 parce qu'il s'agissait en fait d'essayer de percevoir s'il existe chez nous une opinion publique, si l'opinion publique est capable d'évaluer correctement ce qui se passe, si les gens sont capables de se prendre en main. Alors les manifestations devant l'hôtel d'Angleterre, la Maison Delvig(1) pouvaient faire espérer que c'était le début d'un mouvement de fond. Mais nous voyons maintenant que la Maison Delvig est littéralement écrasée par un énorme immeuble neuf construit derrière elle place sur la place Vladimir. Et nous comprenons que la tentative de rassembler nos contemporains à la fin des années 80-début 90, sous la bannière de la restauration de la mémoire historique, a été, somme toute, un échec.
Pour finir de répondre à votre question, pourquoi le retour des noms toponymiques n'est pas adapté à notre société, je peux dire que notre société possède une mentalité de pays du Tiers-Monde. Qu'est-ce qu'un pays du tiers monde? C'est un pays qui soit n'a pas d'histoire, ou bien avait une histoire avec laquelle une société moderne ne peut faire le lien. Par exemple, le monde arabe moderne de l'Egypte est complètement étranger à l'Egypte ancienne, même s'il fait visiter les pyramides qui lui rapportent de l'argent. Car l'histoire ancienne n'a aucun lien avec la vie des Arabes actuels en Egypte.
Quelque chose de similaire s'est passé chez nous, et nous devons maintenant parler, à mon avis, non pas de "Russie postsoviétique», mais de RUSSIE POSTRUSSE. Un nouveau pays est en train de naître, qui ne connait pas son passé historique, ce qui fait que ces 70 ans ont duré bien plus longtemps (non du point de vue chronologique, mais du fait de la gravité de la dégénérescence de notre conscience sociale) que n'auraient du durer 70 années normales. C'est pour cela que, pour la majorité de notre société, les tentatives de rendre les noms historiques aux rues et aux places ne semble pas pertinente";
(1) 1ères manifestations de masse qui ont eu lieu à Saint Petersbourg (alors Leningrad) en 1985 pour défendre des immeubles historiques voués à la démolition
* * *
Suite il a dit : «La société russe véhicule jusqu’à présent les mentalités de l’époque soviétique. Ce n’est de « Russie post soviétique » qu’il nous parler aujourd’hui mais d’un nouveau pays, hélas aliéné de son passé historique. Il y a eu un moment, au tout début des années 90, où le combat pour conférer de nouveaux noms aux rues et autres lieux (toponymie) avait eu des chances de devenir un véritable facteur de progrès. Nous pouvions espérer alors rejeter le passé communiste et atteindre nous-mêmes une sorte de transfiguration. Cela ne s’est pas fait car aux yeux de certains cela n’avait aucune importance, d’autres ne voulaient pas donner leur assentiment alors que pour l’écrasante majorité le problème était totalement indifférent.
Le communisme s’est décomposé en Russie, il s’est déguisé mais, en fait, il s’est maintenu. Il s’agit, bien sûr, du communisme vidé de son idéologie, de celui qui existait dans les années Brejnev. Notre peuple a tenté de se SUICIDER. Mais il était tellement grand et fort qu’il s’est raté tout en s’automutilant. L’idéologie totalitaire a réussi pour l’essentiel, elle a formé des êtres humains privés de tout idéal et qui s’en contentent parfaitement. L’idéologie totalitaire a pour prémisse que les gens ne peuvent avoir de convictions propres.
Un nouveau pays est en gestation. Mais comme il est difficile d’aimer ce pays où les chrétiens ont été persécutés, Comment peut-on être fier d’un pays où tant de gens de qualité ont été assassinés ?
L’hymne national actuel avait été composé à la commande d’un séminariste (Staline) exclu de son écoles qui a été privé des sacrements en 1918 sur décision du Concile local de l’Eglise orthodoxe russe. L’auteur de la musique est le général Alexandrov, dernier maître de chorale de la cathédrale du Christ Sauveur à son époque rénovationniste.
La canonisation des Néo-Martyrs n’est-elle pas en réalité un moyen de le vouer à l’oubli ? En effet, si l’on appréhende les nouveaux martyrs comme de véritables saints, comment continuer la vie tranquille que nous menons et dont nombreux rêvent au sein même de l’Eglise ? C’est chaque jour qu’il nous faut à tous avoir à l’esprit que l’URSS n’a pas simplement annihilé une masse immense d’hommes mais que ces victimes étaient les meilleurs d’entre nous. L’élite de chacune des couches sociales a été exterminée, noblesse, paysans, intellectuels et ouvriers. Ces élites disparues étaient les porteurs de notre mémoire historique. Ce ne sont pas des extraterrestres qui les ont tués mais d’autres russes, les pires d’entre nous. Ces victimes n’ont pas laissé de descendance. Alors que les enfants des pires ont été formés dans leur propre conception de l’histoire.
Il nous faudrait de toute évidence un "Nuremberg russe" mais la majorité de la société n’en ressent pas le besoin. Voilà pourquoi le procès intenté en 1991-92 au parti communiste s’est déroulé dans les semi vérités et c’est dans cet état d’esprit que nous continuons à vivre et que nous nous en contentons".
Texte complet de l’interview sur Fonds « Vozvrachtchenie » et Interfax-religion
Traduction "PO"
................................
"PO"- Un nouveau livre de l’archiprêtre Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle »
Lettre des membres du synode de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières à l’archiprêtre Georges Mitrofanov
Xenia Krivocheine Communisme et décommunisation: à propos du livre du père Georges Mitrofanov
V.G.
Les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire * (cf 1)
" L’Église orthodoxe a toujours été en faveur du dialogue tant pour des raisons théologiques que pour des raisons pastorales. Au cours de ces dernières années, elle a entamé un dialogue théologique avec un grand nombre d’Églises et de Confessions chrétiennes, dans la conviction qu’à travers ce dialogue elle donne un témoignage dynamique de ses trésors spirituels à tous ceux qui se trouvent en dehors de ses limites, et dans le but de préparer la voie conduisant vers l’unité." Ainsi commencent "les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire (Chambésy 1976) sur la participation au Mouvement œcuménique et dialogues théologiques bilatéraux, officiellement engagés avec les autres Églises chrétiennes" (titre officiel), qui ont été signés par tous les chefs des délégations, publiés par le Centre orthodoxe du Patriarcat œcuménique. (Les passages ont été mis en gras par le rédacteur) (…)
Les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire * (cf 1)
" L’Église orthodoxe a toujours été en faveur du dialogue tant pour des raisons théologiques que pour des raisons pastorales. Au cours de ces dernières années, elle a entamé un dialogue théologique avec un grand nombre d’Églises et de Confessions chrétiennes, dans la conviction qu’à travers ce dialogue elle donne un témoignage dynamique de ses trésors spirituels à tous ceux qui se trouvent en dehors de ses limites, et dans le but de préparer la voie conduisant vers l’unité." Ainsi commencent "les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire (Chambésy 1976) sur la participation au Mouvement œcuménique et dialogues théologiques bilatéraux, officiellement engagés avec les autres Églises chrétiennes" (titre officiel), qui ont été signés par tous les chefs des délégations, publiés par le Centre orthodoxe du Patriarcat œcuménique. (Les passages ont été mis en gras par le rédacteur) (…)
"Les dialogues théologiques bilatéraux actuels, annoncés par des Conférences panorthodoxes, sont l’expression de la décision unanime de toutes les très saintes Églises orthodoxes locales qui ont le devoir suprême de participer activement et avec continuité à leur déroulement ; ceci afin de ne pas mettre d’obstacle au témoignage unanime de l’Orthodoxie pour la gloire du Dieu Trinitaire.
(…)
La conclusion de tout dialogue théologique proclamé officiellement correspond à l’achèvement de la tâche de la Commission théologique mixte désignée à cet effet ; c’est alors que le Président de la Commission interorthodoxe soumet un rapport au Patriarche œcuménique, lequel, en accord également avec les Primats des saintes Églises orthodoxes locales, proclame la clôture du dialogue. Aucun dialogue n’est considéré comme achevé avant que sa fin ne soit proclamée par une telle décision panorthodoxe.
La décision panorthodoxe, au cas où un dialogue théologique s’achèverait avec succès, de rétablir la communion ecclésiale doit pouvoir se fonder sur l’unanimité de toutes les Églises orthodoxes locales."
Suit le compte rendu du dialogue avec les différentes confessions hétérodoxes: les Anglicans, les Vieux-Catholiques, Les Anciennes Eglises Orientales, les Catholiques romains, les Luthériens et les Réformés où chaque commission indique les points d'achoppements. Puis vient le compte rendu sur les relations avec le mouvement œcuménique qui commence par: " 1. L’Église orthodoxe, dans sa conviction intime et dans sa conscience ecclésiale d’être la détentrice et le témoin de la foi et de la tradition de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, croit fermement qu’elle occupe une place centrale dans le monde d’aujourd’hui pour ce qui touche au progrès de l’unité des chrétiens."
Points nécessitant une action immédiate
a). La nécessité de trouver au sein du Conseil œcuménique des Églises, de la Conférence des Églises européennes et des autres Organisations interchrétiennes les conditions nécessaires pour permettre aux Églises orthodoxes d’agir à égalité avec les autres membres des Organisations susmentionnées, sur la base de leur propre identité ecclésiologique et selon leur propre mode de pensée ; ce qui souvent n’est pas le cas, vu la structure et les principes de procédure qui régissent le fonctionnement des Organisations interecclésiales précitées.
Il faut en outre que soient élaborées, tant au sein du COE que des autres Organisations, de nouvelles dispositions nécessaires pour que l’Église orthodoxe puisse donner le témoignage et la contribution théologique qu’attendent d’elle ses partenaires du Mouvement œcuménique.
En ce qui concerne particulièrement les relations de l’Église orthodoxe avec le COE, il faut que soient appliqués également les autres points figurant dans les Desiderata de Sofia et dont on ne s’est pas encore soucié.
b) L’Église orthodoxe, dans sa participation au dialogue théologique multilatéral mené dans le cadre de la Commission « Foi et Constitution », doit trouver les moyens de coordonner ses efforts, notamment en ce qui concerne les critères ecclésiologiques de sa participation à ce dialogue multilatéral.
Ces textes donnent donc une position officielle des Églises, mais ils n'ont pas de portée canonique avant leur approbation par le Concile. Ils restent, à mon sens assez vagues, indicatifs et pas du tout contraignants.
Les principes fondamentaux régissant les relations de l’Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie ** (cf 2)
Promulgués par le Concile de l’Église russe (Concile épiscopal en 2000, Concile local en 2008) ces "Principes fondamentaux ont une portée canonique certaine; ils se référent aux textes précédents, mais vont aussi plus loin et sont plus précis. Je ne saurais trop "conseiller de les étudier entièrement et je n'en donne ci-dessous que quelques extraits à titre d'exemple (titres d'origine):
Ils commencent par une affirmation très claire:
"1. L'unité de l'Eglise et le péché des divisions humaines"
" 1.1. L'Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur Lui-même, l'Église que l'Esprit Saint a établie et qu'Il remplit, l'Église dont le Sauveur lui-même a dit : "Je bâtirai mon Église et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle " (Mt 16, 18). Elle est l'Église Une, Sainte, Universelle2 et Apostolique, gardienne et dispensatrice des Sacrements saints dans le monde entier, "colonne et fondement de la vérité " (1 Tm 3, 15). Elle porte en plénitude la responsabilité de diffuser la Vérité de l'Évangile du Christ, de même que la plénitude du pouvoir de témoigner de la "foi, transmise aux saints une fois pour toutes" (Jd 3) "
qui est réaffirmée plus loin:
" 1.18. L'Église orthodoxe est la véritable Église, dans laquelle sont conservées inaltérées la Sainte Tradition et la plénitude de la grâce salvatrice de Dieu. Elle a conservé dans leur totalité et dans toute leur pureté l'héritage des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît l'identité de sa doctrine, de sa structure liturgique et de sa pratique avec la prédication apostolique et la Tradition de l'Église Ancienne. "
Ils comportent des indictions précises, par exemple concernant les excommuniés:
"… Dans la vision de l'Église Ancienne, l'excommunication était l'exclusion de l'assemblée eucharistique. Mais la réception dans la communion ecclésiale d'un excommunié ne s'effectuait jamais par la réitération du baptême. La foi dans le caractère indélébile du baptême est confessée dans le Symbole de foi de Nicée-Constantinople: "Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés". La 47e règle des Apôtres déclare: "L'évêque ou le prêtre qui baptise de nouveau quelqu'un qui est vraiment baptisé... qu'il soit destitué".
1.11. En cela l'Église témoignait que l'excommunié conserve le "sceau" de l'appartenance au peuple de Dieu. Accueillant à nouveau l'excommunié, l'Église rend à la vie celui qui a déjà été baptisé par l'Esprit dans le Corps unique. Excluant de sa communion un de ses membres, marqué par elle du sceau au jour de son baptême, l'Église espère en son retour. Elle considère l'excommunication elle-même comme un moyen de renaissance spirituelle de l'excommunié."
ou pour les schismes:
" 1.14. Les erreurs et les hérésies apparaissent la conséquence d'une auto-affirmation et d'un isolement égoïstes. Toute scission, tout schisme entraînent à un degré ou à un autre la déchéance de la plénitude ecclésiale. La division, même si elle ne découle pas de raisons d'ordre doctrinal, est une atteinte à la doctrine de l'Église et en fin de compte conduit à une altération de la foi "
2. Efforts pour rétablir l'unité
2.1. L'objectif le plus important des relations que l'Église orthodoxe entretient avec l'hétérodoxie est le rétablissement de l'unité des chrétiens (Jn 17, 21), qui entre dans le dessein divin et appartient à l'essence même du christianisme. C'est une tâche d'importance primordiale pour l'Église orthodoxe à tous les niveaux de son existence." (…)
2.5. Absolument inacceptable (…) est la théorie dite "des branches", qui considère comme normale et providentielle l'existence du christianisme sous forme de "branches" distinctes (…)
2.8. Inacceptable, également la pensée que toutes les divisions sont des malentendus tragiques, que les désaccords ne paraissent inconciliables que par manque d'amour mutuel et de compréhension, qu'en dépit de toute la différence et de toute la dissemblance il y a une unité et un accord suffisants "sur l'essentiel ". Les séparations ne peuvent pas être ramenées à des passions humaines, à l'égoïsme, ni à plus forte raison aux circonstances culturelles, sociales ou politiques. L'affirmation selon laquelle ce qui distingue l'Église orthodoxe des communautés chrétiennes avec lesquelles elle n'est pas en communion sont des questions d'un caractère secondaire, est tout aussi inacceptable. On n'a pas le droit de réduire toutes les divisions et les désaccords aux seuls facteurs non théologiques."
(…)
2.12. L'unité de l'Église est avant tout unité et communion dans les sacrements. Mais l'authentique communion dans les sacrements n'a rien de commun avec la pratique appelée "intercommunion". L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint.
2.13. La restauration de l'unité chrétienne dans la foi et l'amour ne peut venir que d'en haut, comme un don du Dieu Tout-Puissant. La source de l'unité est en Dieu et pour cette raison les seuls efforts humains en vue de son rétablissement seront vains, car "si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que peinent les bâtisseurs" (Ps 126, 1). Seul notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a donné le commandement de l'unité peut nous donner la force de l'accomplir, car Il est "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14, 6). Et la tâche des chrétiens orthodoxes est de collaborer avec Dieu à l'œuvre du salut dans le Christ."
Suivent des indications très concrètes sur
3. Le témoignage orthodoxe face au monde hétérodoxe
4. Dialogue avec l'hétérodoxie
5. Dialogues multilatéraux et participation au travail des organisations inter-chrétiennes
6. Relations de l'Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie sur son propre territoire canonique, où le texte précise en particulier: " Reconnaissant aux chrétiens hétérodoxes le droit au témoignage et à la formation religieuse dans les groupes de population qui leur appartiennent traditionnellement, l'Église orthodoxe s'élève contre l'action missionnaire destructive des sectes."
7. Tâches internes liées aux dialogues avec l'hétérodoxie
* * *
Les "Principes Fondamentaux" se terminent par une " "Conclusion
Le millénaire qui s'achève a été marqué par la tragédie de la division, de l'hostilité et de l'aliénation mutuelle. Au XXe siècle les chrétiens divisés ont manifesté l'aspiration à retrouver l'unité dans l'Église du Christ. L'Église orthodoxe russe a répondu par son empressement à mener un dialogue de vérité et d'amour avec les chrétiens hétérodoxes, un dialogue inspiré par l'appel du Christ et par le terme voulu par Dieu de l'unité chrétienne. Et aujourd'hui, au seuil du troisième millénaire de la Nativité selon la chair de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, l'Église orthodoxe appelle de nouveau avec amour et instance tous ceux pour qui le nom de Jésus-Christ est béni au dessus de tout autre nom sous le ciel (Ac 4, 12), à la bienheureuse unité dans l'Église: "Notre bouche s'est ouverte vers vous... notre cœur est grand ouvert" (2 Co 6, 11)."
Suivie par une "Annexe: Histoire et spécificité des dialogues théologiques avec l'hétérodoxie":
Le texte reprend en l'actualisant et en la précisant la situation du dialogue avec les différentes confessions chrétiennes. C'est là qu'est affirmé "le maintien de la succession apostolique des ordinations" chez les Catholiques de même que "le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne." Les progrès du dialogue avec les Orthodoxes orientaux, les Vieux Catholiques, les Luthériens et les Anglicans sont soulignés (mais aussi les divergences internes chez ces derniers). Et le texte indique enfin les difficultés du "mouvement œcuménique":
"(…) Tout en participant au mouvement œcuménique, les orthodoxes proclament cependant d'une façon absolument claire et sans ambiguïté qu'ils ne partagent pas la conception hétérodoxe de l'œcuménisme. Pour les orthodoxes, l'important n'est pas ce que le mouvement œcuménique représente aujourd'hui, mais ce que le mouvement œcuménique pourrait être, pourrait devenir, grâce à l'action sage et patiente en lui du "levain" du témoignage orthodoxe.
Sur les principes qui régissent l'attitude de l'Église orthodoxe russe vis à vis de "l'unité œcuménique" et de ses formes institutionnelles, le prêtre martyr Hilarion (Troitzky) s'est exprimé, en réponse à l'un des leaders du mouvement œcuménique, et inspirateur de la fondation du Conseil œcuménique des Églises, Robert Gardiner. Après s'être livré dans sa réponse à une critique impitoyable de "l'ecclésiologie œcuménique " qu'apparemment partageait Gardiner, saint Hilarion conclu néanmoins sa lettre: "Ne croyez pas que mon désaccord catégorique avec votre conception de l'unité de l'Église soit une condamnation de l'idée même de conférence mondiale sur l'unité (prototype du COE); non, j'ai déjà dit ma pleine bienveillance dans la prière à l'égard de la conférence projetée. Mais je suis fermement convaincu que ce serait un immense pas sur la route de l'union si cette conférence affirmait avant tout la vérité sur l'unité de l'Église et ne considérait pas toutes les confessions et sectes chrétiennes modernes dans leur ensemble comme l'unique Église du Christ qui n'aurait perdu que son unité visible".
Et plus spécialement sur le COE:
" Le mouvement œcuménique contemporain est en état de crise. La cause en est l'affaiblissement de l'aspiration à l'unité, la baisse de la détermination et de la volonté nécessaires à la " conversion ", au renouvellement catholique. C'est précisément cela qui pousse au premier chef l'Église orthodoxe russe à reconsidérer son attitude à l'égard du Conseil œcuménique des Églises. Les tendances négatives apparues dans le COE ont pour résultat que l'Église orthodoxe russe se trouve dans la nécessité de se tenir prête à changer sa position à l'égard du COE. Au reste, une telle décision, ne doit pas être prise tant que n'auront pas été épuisés tous les moyens pour modifier le caractère du COE."
....................................
cf.1 Les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire *
cf.2 Les "Principes fondamentaux régissant les relations de l’Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie"
(…)
La conclusion de tout dialogue théologique proclamé officiellement correspond à l’achèvement de la tâche de la Commission théologique mixte désignée à cet effet ; c’est alors que le Président de la Commission interorthodoxe soumet un rapport au Patriarche œcuménique, lequel, en accord également avec les Primats des saintes Églises orthodoxes locales, proclame la clôture du dialogue. Aucun dialogue n’est considéré comme achevé avant que sa fin ne soit proclamée par une telle décision panorthodoxe.
La décision panorthodoxe, au cas où un dialogue théologique s’achèverait avec succès, de rétablir la communion ecclésiale doit pouvoir se fonder sur l’unanimité de toutes les Églises orthodoxes locales."
Suit le compte rendu du dialogue avec les différentes confessions hétérodoxes: les Anglicans, les Vieux-Catholiques, Les Anciennes Eglises Orientales, les Catholiques romains, les Luthériens et les Réformés où chaque commission indique les points d'achoppements. Puis vient le compte rendu sur les relations avec le mouvement œcuménique qui commence par: " 1. L’Église orthodoxe, dans sa conviction intime et dans sa conscience ecclésiale d’être la détentrice et le témoin de la foi et de la tradition de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, croit fermement qu’elle occupe une place centrale dans le monde d’aujourd’hui pour ce qui touche au progrès de l’unité des chrétiens."
Points nécessitant une action immédiate
a). La nécessité de trouver au sein du Conseil œcuménique des Églises, de la Conférence des Églises européennes et des autres Organisations interchrétiennes les conditions nécessaires pour permettre aux Églises orthodoxes d’agir à égalité avec les autres membres des Organisations susmentionnées, sur la base de leur propre identité ecclésiologique et selon leur propre mode de pensée ; ce qui souvent n’est pas le cas, vu la structure et les principes de procédure qui régissent le fonctionnement des Organisations interecclésiales précitées.
Il faut en outre que soient élaborées, tant au sein du COE que des autres Organisations, de nouvelles dispositions nécessaires pour que l’Église orthodoxe puisse donner le témoignage et la contribution théologique qu’attendent d’elle ses partenaires du Mouvement œcuménique.
En ce qui concerne particulièrement les relations de l’Église orthodoxe avec le COE, il faut que soient appliqués également les autres points figurant dans les Desiderata de Sofia et dont on ne s’est pas encore soucié.
b) L’Église orthodoxe, dans sa participation au dialogue théologique multilatéral mené dans le cadre de la Commission « Foi et Constitution », doit trouver les moyens de coordonner ses efforts, notamment en ce qui concerne les critères ecclésiologiques de sa participation à ce dialogue multilatéral.
Ces textes donnent donc une position officielle des Églises, mais ils n'ont pas de portée canonique avant leur approbation par le Concile. Ils restent, à mon sens assez vagues, indicatifs et pas du tout contraignants.
Les principes fondamentaux régissant les relations de l’Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie ** (cf 2)
Promulgués par le Concile de l’Église russe (Concile épiscopal en 2000, Concile local en 2008) ces "Principes fondamentaux ont une portée canonique certaine; ils se référent aux textes précédents, mais vont aussi plus loin et sont plus précis. Je ne saurais trop "conseiller de les étudier entièrement et je n'en donne ci-dessous que quelques extraits à titre d'exemple (titres d'origine):
Ils commencent par une affirmation très claire:
"1. L'unité de l'Eglise et le péché des divisions humaines"
" 1.1. L'Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur Lui-même, l'Église que l'Esprit Saint a établie et qu'Il remplit, l'Église dont le Sauveur lui-même a dit : "Je bâtirai mon Église et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle " (Mt 16, 18). Elle est l'Église Une, Sainte, Universelle2 et Apostolique, gardienne et dispensatrice des Sacrements saints dans le monde entier, "colonne et fondement de la vérité " (1 Tm 3, 15). Elle porte en plénitude la responsabilité de diffuser la Vérité de l'Évangile du Christ, de même que la plénitude du pouvoir de témoigner de la "foi, transmise aux saints une fois pour toutes" (Jd 3) "
qui est réaffirmée plus loin:
" 1.18. L'Église orthodoxe est la véritable Église, dans laquelle sont conservées inaltérées la Sainte Tradition et la plénitude de la grâce salvatrice de Dieu. Elle a conservé dans leur totalité et dans toute leur pureté l'héritage des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît l'identité de sa doctrine, de sa structure liturgique et de sa pratique avec la prédication apostolique et la Tradition de l'Église Ancienne. "
Ils comportent des indictions précises, par exemple concernant les excommuniés:
"… Dans la vision de l'Église Ancienne, l'excommunication était l'exclusion de l'assemblée eucharistique. Mais la réception dans la communion ecclésiale d'un excommunié ne s'effectuait jamais par la réitération du baptême. La foi dans le caractère indélébile du baptême est confessée dans le Symbole de foi de Nicée-Constantinople: "Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés". La 47e règle des Apôtres déclare: "L'évêque ou le prêtre qui baptise de nouveau quelqu'un qui est vraiment baptisé... qu'il soit destitué".
1.11. En cela l'Église témoignait que l'excommunié conserve le "sceau" de l'appartenance au peuple de Dieu. Accueillant à nouveau l'excommunié, l'Église rend à la vie celui qui a déjà été baptisé par l'Esprit dans le Corps unique. Excluant de sa communion un de ses membres, marqué par elle du sceau au jour de son baptême, l'Église espère en son retour. Elle considère l'excommunication elle-même comme un moyen de renaissance spirituelle de l'excommunié."
ou pour les schismes:
" 1.14. Les erreurs et les hérésies apparaissent la conséquence d'une auto-affirmation et d'un isolement égoïstes. Toute scission, tout schisme entraînent à un degré ou à un autre la déchéance de la plénitude ecclésiale. La division, même si elle ne découle pas de raisons d'ordre doctrinal, est une atteinte à la doctrine de l'Église et en fin de compte conduit à une altération de la foi "
2. Efforts pour rétablir l'unité
2.1. L'objectif le plus important des relations que l'Église orthodoxe entretient avec l'hétérodoxie est le rétablissement de l'unité des chrétiens (Jn 17, 21), qui entre dans le dessein divin et appartient à l'essence même du christianisme. C'est une tâche d'importance primordiale pour l'Église orthodoxe à tous les niveaux de son existence." (…)
2.5. Absolument inacceptable (…) est la théorie dite "des branches", qui considère comme normale et providentielle l'existence du christianisme sous forme de "branches" distinctes (…)
2.8. Inacceptable, également la pensée que toutes les divisions sont des malentendus tragiques, que les désaccords ne paraissent inconciliables que par manque d'amour mutuel et de compréhension, qu'en dépit de toute la différence et de toute la dissemblance il y a une unité et un accord suffisants "sur l'essentiel ". Les séparations ne peuvent pas être ramenées à des passions humaines, à l'égoïsme, ni à plus forte raison aux circonstances culturelles, sociales ou politiques. L'affirmation selon laquelle ce qui distingue l'Église orthodoxe des communautés chrétiennes avec lesquelles elle n'est pas en communion sont des questions d'un caractère secondaire, est tout aussi inacceptable. On n'a pas le droit de réduire toutes les divisions et les désaccords aux seuls facteurs non théologiques."
(…)
2.12. L'unité de l'Église est avant tout unité et communion dans les sacrements. Mais l'authentique communion dans les sacrements n'a rien de commun avec la pratique appelée "intercommunion". L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint.
2.13. La restauration de l'unité chrétienne dans la foi et l'amour ne peut venir que d'en haut, comme un don du Dieu Tout-Puissant. La source de l'unité est en Dieu et pour cette raison les seuls efforts humains en vue de son rétablissement seront vains, car "si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que peinent les bâtisseurs" (Ps 126, 1). Seul notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a donné le commandement de l'unité peut nous donner la force de l'accomplir, car Il est "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14, 6). Et la tâche des chrétiens orthodoxes est de collaborer avec Dieu à l'œuvre du salut dans le Christ."
Suivent des indications très concrètes sur
3. Le témoignage orthodoxe face au monde hétérodoxe
4. Dialogue avec l'hétérodoxie
5. Dialogues multilatéraux et participation au travail des organisations inter-chrétiennes
6. Relations de l'Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie sur son propre territoire canonique, où le texte précise en particulier: " Reconnaissant aux chrétiens hétérodoxes le droit au témoignage et à la formation religieuse dans les groupes de population qui leur appartiennent traditionnellement, l'Église orthodoxe s'élève contre l'action missionnaire destructive des sectes."
7. Tâches internes liées aux dialogues avec l'hétérodoxie
* * *
Les "Principes Fondamentaux" se terminent par une " "Conclusion
Le millénaire qui s'achève a été marqué par la tragédie de la division, de l'hostilité et de l'aliénation mutuelle. Au XXe siècle les chrétiens divisés ont manifesté l'aspiration à retrouver l'unité dans l'Église du Christ. L'Église orthodoxe russe a répondu par son empressement à mener un dialogue de vérité et d'amour avec les chrétiens hétérodoxes, un dialogue inspiré par l'appel du Christ et par le terme voulu par Dieu de l'unité chrétienne. Et aujourd'hui, au seuil du troisième millénaire de la Nativité selon la chair de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, l'Église orthodoxe appelle de nouveau avec amour et instance tous ceux pour qui le nom de Jésus-Christ est béni au dessus de tout autre nom sous le ciel (Ac 4, 12), à la bienheureuse unité dans l'Église: "Notre bouche s'est ouverte vers vous... notre cœur est grand ouvert" (2 Co 6, 11)."
Suivie par une "Annexe: Histoire et spécificité des dialogues théologiques avec l'hétérodoxie":
Le texte reprend en l'actualisant et en la précisant la situation du dialogue avec les différentes confessions chrétiennes. C'est là qu'est affirmé "le maintien de la succession apostolique des ordinations" chez les Catholiques de même que "le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne." Les progrès du dialogue avec les Orthodoxes orientaux, les Vieux Catholiques, les Luthériens et les Anglicans sont soulignés (mais aussi les divergences internes chez ces derniers). Et le texte indique enfin les difficultés du "mouvement œcuménique":
"(…) Tout en participant au mouvement œcuménique, les orthodoxes proclament cependant d'une façon absolument claire et sans ambiguïté qu'ils ne partagent pas la conception hétérodoxe de l'œcuménisme. Pour les orthodoxes, l'important n'est pas ce que le mouvement œcuménique représente aujourd'hui, mais ce que le mouvement œcuménique pourrait être, pourrait devenir, grâce à l'action sage et patiente en lui du "levain" du témoignage orthodoxe.
Sur les principes qui régissent l'attitude de l'Église orthodoxe russe vis à vis de "l'unité œcuménique" et de ses formes institutionnelles, le prêtre martyr Hilarion (Troitzky) s'est exprimé, en réponse à l'un des leaders du mouvement œcuménique, et inspirateur de la fondation du Conseil œcuménique des Églises, Robert Gardiner. Après s'être livré dans sa réponse à une critique impitoyable de "l'ecclésiologie œcuménique " qu'apparemment partageait Gardiner, saint Hilarion conclu néanmoins sa lettre: "Ne croyez pas que mon désaccord catégorique avec votre conception de l'unité de l'Église soit une condamnation de l'idée même de conférence mondiale sur l'unité (prototype du COE); non, j'ai déjà dit ma pleine bienveillance dans la prière à l'égard de la conférence projetée. Mais je suis fermement convaincu que ce serait un immense pas sur la route de l'union si cette conférence affirmait avant tout la vérité sur l'unité de l'Église et ne considérait pas toutes les confessions et sectes chrétiennes modernes dans leur ensemble comme l'unique Église du Christ qui n'aurait perdu que son unité visible".
Et plus spécialement sur le COE:
" Le mouvement œcuménique contemporain est en état de crise. La cause en est l'affaiblissement de l'aspiration à l'unité, la baisse de la détermination et de la volonté nécessaires à la " conversion ", au renouvellement catholique. C'est précisément cela qui pousse au premier chef l'Église orthodoxe russe à reconsidérer son attitude à l'égard du Conseil œcuménique des Églises. Les tendances négatives apparues dans le COE ont pour résultat que l'Église orthodoxe russe se trouve dans la nécessité de se tenir prête à changer sa position à l'égard du COE. Au reste, une telle décision, ne doit pas être prise tant que n'auront pas été épuisés tous les moyens pour modifier le caractère du COE."
....................................
cf.1 Les textes de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire *
cf.2 Les "Principes fondamentaux régissant les relations de l’Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie"
68% des Russes ont confiance en l’Eglise orthodoxe du pays. 12% éprouvent au contraire de la méfiance à son égard, indique un sondage publié par le service d’information religieux "Sreda". Si pour 30% des sondés l’orthodoxie devrait être religion d’Etat, 48% des Russes considèrent que l’Etat et l’Eglise doivent rester séparés. 53% apprécient le travail du patriarche russe orthodoxe Cyrille I alors que 40% estiment que son bilan est moyen APIC
L’Apocalypse sortie d’un camp de travail
Des parties d’une Bible, soigneusement et secrètement copiée à la main par des prisonniers chrétiens d’un camp de travail en Chine, sera exposée à l’Institut George W. Bush, à Dallas, a annoncé ce dernier le 4 novembre 2011, dans un communiqué.
Cette Bible a été assemblée il y a plus de 10 ans par une vingtaine de chrétiens chinois. "Ils ont été envoyés dans un camp de travail, au nord-ouest de la Chine, après avoir été arrêtés à la sortie d’un service religieux", a expliqué le président et fondateur de ChinaAid, Xiqiu "Bob" Fu.
Suite APIC
Des parties d’une Bible, soigneusement et secrètement copiée à la main par des prisonniers chrétiens d’un camp de travail en Chine, sera exposée à l’Institut George W. Bush, à Dallas, a annoncé ce dernier le 4 novembre 2011, dans un communiqué.
Cette Bible a été assemblée il y a plus de 10 ans par une vingtaine de chrétiens chinois. "Ils ont été envoyés dans un camp de travail, au nord-ouest de la Chine, après avoir été arrêtés à la sortie d’un service religieux", a expliqué le président et fondateur de ChinaAid, Xiqiu "Bob" Fu.
Suite APIC
Alexis Tchertkoff
Un événement d'échelle - l'exposition "la Russie Orthodoxe" au Manège de Moscou.
En mettant en exergue la diversité religieuse du pays, le président a souligné lors de sa visite de l’exposition que "l’Orthodoxe aide la Russie à lutter contre l’invasion du pays par des doctrines dangereuses et nuisibles"
Les modèles en 3D et les pages interactives de livres sur l'Orthodoxie, dont se servent facilement aussi bien les écoliers que les personnes âgés — montrent que l'Eglise orthodoxe russe, qui à déjà depuis longtemps célébré son millénaire, aspire à correspondre au temps présent en étant plus accessible et plus proche de ceux qu’Elle nourrit. Toute l’histoire de l'Orthodoxie russe est décrite sur des panneaux installés au manège et d’anciennes reliques côtoient les preuves du martyr des nouveaux confesseurs de la foi. Le patriarche Cyrille informe le chef de l'Etat sur tous les diocèses de l’Eglise russe, y compris ceux de l’étranger et ce, sur les six continents. Il existe même une paroisse en Antarctique.
Un événement d'échelle - l'exposition "la Russie Orthodoxe" au Manège de Moscou.
En mettant en exergue la diversité religieuse du pays, le président a souligné lors de sa visite de l’exposition que "l’Orthodoxe aide la Russie à lutter contre l’invasion du pays par des doctrines dangereuses et nuisibles"
Les modèles en 3D et les pages interactives de livres sur l'Orthodoxie, dont se servent facilement aussi bien les écoliers que les personnes âgés — montrent que l'Eglise orthodoxe russe, qui à déjà depuis longtemps célébré son millénaire, aspire à correspondre au temps présent en étant plus accessible et plus proche de ceux qu’Elle nourrit. Toute l’histoire de l'Orthodoxie russe est décrite sur des panneaux installés au manège et d’anciennes reliques côtoient les preuves du martyr des nouveaux confesseurs de la foi. Le patriarche Cyrille informe le chef de l'Etat sur tous les diocèses de l’Eglise russe, y compris ceux de l’étranger et ce, sur les six continents. Il existe même une paroisse en Antarctique.
Le début du deuxième millénaire de l'Eglise orthodoxe russe, telle que l’a exprimé Dmitri Medvedev, a été illuminé par une réelle acquisition de la foi. Les Russes restaurent les églises, et le schisme dans l'Orthodoxie (PM-EORHF) est surmonté. « Si nous parlons de ce qui s'est passé pendant ces 20 dernières années, du point de vue de mes expériences de chrétien orthodoxe, c'est tout juste un miracle. Franchement, je ne pouvais pas imaginer il y a 15 ou 20 ans que la restauration ou la découverte la foi par un grand nombre de nos concitoyens, iraient à un tel rythme », a déclaré Dmitri Medvedev.
Mais, en se remettant en marche vers l’église, il ne faut pas oublier les adeptes des autres religions traditionnelles de Russie. Ces dernières années, c’est cette vision d’esprit que l’état et le clergé cherchent à transmettre aux jeunes. Le projet éducatif sur l'éducation religieuse des élèves, a provoqué un débat passionné. Mais un an plus tard, le président et le patriarche sont tombés d'accord, que cette expérience fut un franc succès.
«Nous n'avons pas divisé les classes, comme cela a été souvent dit : vous diviserez les classes et ainsi ce ne seront plus des enfants d'un certain âge qui seront assis, mais ce seront des orthodoxes, des musulmans, des gens d'autres religions, des personnes qui ne se considèrent d’aucune confessions et cela se traduira par des affrontements. Mais cela ne s’est produit nulle part. Cela signifie que nous avons pris cette décision avec une approche équilibrée et nous avons créé une base normale, pour développer cette matière. » dit le président.
« Le système actuel d’enseignement des fondements de la culture religieuse et de laïcité morale - a une variante très claire : les gens peuvent choisir selon leurs croyances. Et nous savons à partir des statistiques, que c’est effectivement comme cela que ça se passe. Par conséquent, il n'existe aucun conflit entre l'enseignement de l'éthique religieuse dans les établissements d'enseignement laïc et le caractère démocratique et laïque de notre pays », - dit le primat l'Eglise orthodoxe russe.
Il y a encore une autre cause commune, dans laquelle sont associés l'Église et l'État : la création d’instituts, au sein des forces armées et navale, du clergé militaire. Ici, le travail ne fait que commencer, et il n’y a, à l’heure actuelle, que 19 prêtes qui ont intégré des régiments. C’est trop peu, estime le président, et il recommande au ministère de la Défense d’œuvrer encore plus activement dans cette direction. «C'est une entreprise extrêmement importante, - a déclaré Dmitri Medvedev. - Des conditions complexes peuvent engendrer des situations où nos jeunes ne peuvent trouver la paix sans présence de clergé à leur coté. Dans le même temps, les prêtres qui viennent servir au ministère de la Défense, doivent avoir des conditions de travail décentes pour leur ministère, d’autant plus que beaucoup d'entre eux ont des familles et des enfants.
Le chef de l’état a remercié le clergé pour son attitude positive et a exprimé l'espoir que d'autres projets conjoints entre l'Église et l'État seront couronnée de succès.
Vesti.ru
Russie: Medvedev qualifie de miracle la renaissance de l'Eglise orthodoxe
Mais, en se remettant en marche vers l’église, il ne faut pas oublier les adeptes des autres religions traditionnelles de Russie. Ces dernières années, c’est cette vision d’esprit que l’état et le clergé cherchent à transmettre aux jeunes. Le projet éducatif sur l'éducation religieuse des élèves, a provoqué un débat passionné. Mais un an plus tard, le président et le patriarche sont tombés d'accord, que cette expérience fut un franc succès.
«Nous n'avons pas divisé les classes, comme cela a été souvent dit : vous diviserez les classes et ainsi ce ne seront plus des enfants d'un certain âge qui seront assis, mais ce seront des orthodoxes, des musulmans, des gens d'autres religions, des personnes qui ne se considèrent d’aucune confessions et cela se traduira par des affrontements. Mais cela ne s’est produit nulle part. Cela signifie que nous avons pris cette décision avec une approche équilibrée et nous avons créé une base normale, pour développer cette matière. » dit le président.
« Le système actuel d’enseignement des fondements de la culture religieuse et de laïcité morale - a une variante très claire : les gens peuvent choisir selon leurs croyances. Et nous savons à partir des statistiques, que c’est effectivement comme cela que ça se passe. Par conséquent, il n'existe aucun conflit entre l'enseignement de l'éthique religieuse dans les établissements d'enseignement laïc et le caractère démocratique et laïque de notre pays », - dit le primat l'Eglise orthodoxe russe.
Il y a encore une autre cause commune, dans laquelle sont associés l'Église et l'État : la création d’instituts, au sein des forces armées et navale, du clergé militaire. Ici, le travail ne fait que commencer, et il n’y a, à l’heure actuelle, que 19 prêtes qui ont intégré des régiments. C’est trop peu, estime le président, et il recommande au ministère de la Défense d’œuvrer encore plus activement dans cette direction. «C'est une entreprise extrêmement importante, - a déclaré Dmitri Medvedev. - Des conditions complexes peuvent engendrer des situations où nos jeunes ne peuvent trouver la paix sans présence de clergé à leur coté. Dans le même temps, les prêtres qui viennent servir au ministère de la Défense, doivent avoir des conditions de travail décentes pour leur ministère, d’autant plus que beaucoup d'entre eux ont des familles et des enfants.
Le chef de l’état a remercié le clergé pour son attitude positive et a exprimé l'espoir que d'autres projets conjoints entre l'Église et l'État seront couronnée de succès.
Vesti.ru
Russie: Medvedev qualifie de miracle la renaissance de l'Eglise orthodoxe
" La Pensée Russe" le 30 octobre 2011
Marie GENKO
"Il me semble important d’évacuer cette fausse idée que les Russes, (et ceux qui leur sont extérieurs), se font d’un peuple russe "post soviétique".
Et ma première réaction est de dire que la nature humaine reste semblable à elle-même. Il est possible que chacun d’entre nous ait une certaine peine à se faire une idée juste du monde dans lequel nous vivons. Qu’il s’agissent des Russes, ou des Européens de l’Ouest, nous nous adaptons tous aux circonstances auxquelles nous sommes confrontés. Lorsque les contraintes, dues aux événements extérieurs changent, notre comportement change lui aussi, sans que notre nature profonde en soit altérée.
Marie GENKO
"Il me semble important d’évacuer cette fausse idée que les Russes, (et ceux qui leur sont extérieurs), se font d’un peuple russe "post soviétique".
Et ma première réaction est de dire que la nature humaine reste semblable à elle-même. Il est possible que chacun d’entre nous ait une certaine peine à se faire une idée juste du monde dans lequel nous vivons. Qu’il s’agissent des Russes, ou des Européens de l’Ouest, nous nous adaptons tous aux circonstances auxquelles nous sommes confrontés. Lorsque les contraintes, dues aux événements extérieurs changent, notre comportement change lui aussi, sans que notre nature profonde en soit altérée.
Le tempérament des peuples reste constant.
Parler d’une Russie " post soviétique " peut nous induire en erreur, car les Russes d’aujourd’hui sont pour moi les Russes d’hier et ceux de demain. J’aimerais citer l’exemple de l’Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale. La population allemande était décimée et exsangue, et c’est avec une certaine horreur qu’elle a pris conscience des crimes, dont sa patrie allemande s’était rendue coupable ! Ce fut un choc, qui a marqué la population allemande sur deux ou trois générations, et qui a sapé la belle confiance que ce peuple avait depuis bien des siècles en lui-même.
Je pense que c’est d’un mal similaire que les Russes souffrent aujourd’hui: La désintégration de l’URSS, et les crimes commis par les Communistes des différents pays soviétiques contres leurs propres compatriotes, sont un poids insupportable pour la conscience collective de ces peuples.
Simplement, dans les pays périphériques à la Russie elle-même, ces pays autrefois soviétiques, il est de bon ton de se voiler la face et d’accuser le grand frère russe de tous les maux, en oubliant commodément que les dirigeants locaux portent l’entière responsabilité de leurs actes et de leur engagement idéologique! Comme en Russie ils ont saigné à blanc leurs frères de sang.
En ce qui concerne la Russie, la conscience collective n’est pas prête, elle non plus, à admettre les crimes de ses prédécesseurs !
C’est probablement en grande partie de là que provient le malaise de la société russe, qui se voile la face au regard de ses propres exactions derrière le souvenir glorieux de la victoire de 1945. Mais d’autres facteurs, et non des moindres, entrent en ligne de jeu.
La génération des Russes d’aujourd’hui a assisté à l’effondrement d’un régime totalitaire athée, qui se voulait universel.
Cette génération, après 75 années derrière le rideau de fer, s’est trouvée brutalement confrontée à un monde extérieur totalement différent de celui auquel elle était préparée. Or ce monde extérieur est, lui aussi, en pleine mutation.
Je vais me borner à parler de l’Europe avec laquelle la Russie a une Histoire commune. Cette Europe, que découvrent les Russes d’aujourd’hui, elle est bien différente de celle qu’ils ont pu percevoir au travers de la Littérature ou dans leurs livres d’Histoire.
C’est une Europe qui se cherche au même titre que se cherche la Russie
Derrière la volonté effrénée de mondialisation des gouvernants européens, une nouvelle " weltanschauung " se met en place ! Et cette nouvelle conception du monde rejette délibérément les racines chrétiennes des nations européennes.
Certains auteurs russes ont raison d’écrire que les valeurs actuelles sont contradictoires et ne sont pas un tout cohérent en Russie. Mais il en va de même en Europe occidentale, où les vecteurs sont toutefois inversés: Je veux dire que la Foi chrétienne, après une longue et douloureuse parenthèse, semble renaître et être encouragée en Russie, lorsqu’en Europe occidentale bien des forces obscures s’activent au contraire pour étouffer le christianisme.
Si en Russie nous assistons au réveil de l’identité nationale russe, occultée par le marxisme, en Europe de l’Ouest tout est entrepris pour faire perdre leurs identités respectives aux Nations, et les faire entrer dans un moule mondialiste.En Russie, la population a dans l’ensemble toujours été en cohésion autour de ses dirigeants, en Europe au contraire les démocraties sont le théâtre d’une étonnante multitude de partis politiques souvent très semblables entres eux et qui font le jeu d’une instabilité périlleuse de la vie politique.
Enfin la Russie est sortie d’un carcan totalitaire, alors que les démocraties européennes, de plus en plus souvent victimes d’agitations
populaires incontrôlées, pourraient s’engager sur le chemin dangereux des régimes autoritaires. A l’inverse de la Russie, l’Europe ne se réclame plus des valeurs chrétiennes de ses princes fondateurs, mais elle se réclame de la déclaration des droits de l’homme rédigée et votée le 26 août 1789 par les révolutionnaires français régicides. C’est à cette déclaration que fait référence la convention européenne de la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, établie par le conseil de l’Europe à Rome en 1950 et entrée en vigueur en 1953.
La Russie est à la croisée des chemins : va-t-elle établir les fondements de ses lois et de sa justice sur les valeurs évangéliques, ou bien va-t-elle se laisser influencer et contraindre par les sirènes athées de l’Occident ?
Nous sommes tous parfaitement conscients du seuil de civilisation que la Russie moderne est appelée à franchir. Pour que la Russie puisse trouver la force de construire son propre destin, elle doit retrouver sa confiance en elle-même. Admettre ses faiblesses et ses erreurs passées, éprouver comme l’a fait le peuple allemand, l’horreur pour les crimes commis par ses prédécesseurs, voilà la seule issue possible. L’enjeu est de taille, car lorsque la conscience collective aura l’humilité de reconnaître les crimes de ses pères envers leur propre peuple, et en éprouver un repentir sincère, au lieu d’essayer de leur trouver des excuses, alors ceux-ci seront rangés dans les pages sombres de l’Histoire des peuples. Purifiée de ses fautes, la conscience collective retrouvera la confiance et la force nécessaires pour penser son avenir.
Est-il utile pour parvenir à cette fin d’éliminer d’emblée les symboles païens attachés aux célébrations de la victoire dans la grande guerre
patriotique?
Sergueï Tchapnin en semble convaincu dans son article, lorsqu’il dit: " Cette culture présente des traits très dangereux : préservation "du
personnage de l’ennemi"; présentation de la guerre sous forme d’une image d’Epinal. Oblitération complète de la guerre vécue en tant que tragédie "
Cette perception d'un culte laïc porteur de valeurs négatives est certainement une approche qui mérite réflexion. Les premiers martyrs
chrétiens furent ceux qui refusaient le culte rendu à César. Peut-être n’est-il pas trop tard pour que le peuple russe prenne conscience
des dangers que porte en lui-même un symbole purement païen. Pour les Européens cela me semble actuellement totalement utopique
Il nous reste à prier pour que la Russie redevienne véritablement orthodoxe, fière de sa foi et de sa culture. Qu’elle devienne un pays, qui ne sera plus jamais un géant aux pieds d’argiles, mais au contraire le socle d’un christianisme inébranlable. S’il suffit parfois d’un individu, et d’un seul, pour faire basculer le cours des choses. Nous devons espérer que la Russie sera cette Nation orthodoxe, qui inversera
la course du courant mondialiste athée.
Ce courant infernal, qui entraîne l’humanité vers sa perte. Parce qu’elle a tant souffert, peut-être le Seigneur permettra-t-Il, dans
Son infinie miséricorde, que la Russie orthodoxe devienne l’exemple que suivront les Nations, afin que le monde se sauve dans les voies du Christ.
Puissent tous les Saints de la terre russe lui venir en aide."
"РО" L’Eglise, la culture et le nationalisme en Russie
Marie GENKO: réflexion sur l'article de Serge Tchapnin
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" Русская мысль" , 30 октября 2011г.
НА ПЕРЕПУТЬЕ
Мария Генко
Важно устранить это ложное понятие «постсоветского мира», имеющееся в отношении России у других стран, а также у самих русских.
Разговор о «постсоветской России» может ввести нас в заблуждение, и неважно о ком идет речь - русских или западноевропейцах – мы всегда приспосабливаемся к тем обстоятельствам, с которыми мы сталкиваемся.
Когда меняются эти обстоятельства, поведение человека также меняется, без искажения его внутренного мира.
Темперамент народов остается постоянным, и сегодняшние русские люди - это те же самые русские, что были вчера и будут завтра.
Я хотела бы привести в пример Германию в конце второй мировой войны. Немецкое население было опустошено и обескровлено, и оно с ужасом ознакомилось с преступлениями своей собственной родины. Это было шок, который оставил свой отпечаток на двух или трех поколениях немецкого народа. Мне кажется, что той же болезнью страдают сегодня бывшие советские республики:
Развал СССР и преступления, совершенные коммунистами этих стран против своих соотечественников, является невыносимым бременем для общего сознания этих народов.
Надо подчеркнуть, что страны вокруг самой России, эти бывшие советские республики намеренно прячут свое бывшое лицо и обвиняют в собственных преступлениях своего старшего русского брата.
Таким образом, им удобно не вспоминать о том, что их местные правители несут полную ответственность за свои преступления и идеологию.
Эти республики утверждают, что они чисты в отношении своего коммунистического прошлого.
Что касается России, общественное сознание также неготово признать преступления своих предшественников.
Надо принять в расчет и другие мощные движущие силы: Нынешное поколение увидело распад тоталитарного атеистического строя, представлявшим себя универсальным для всего мира. И это поколение, после 75 лет проживания за железным занавесом, очутилось лицом к лицу с абсолютно другим миром, миром, отличным от того к чему его готовили. К тому же, этот внешный мир сам находится в процессе полного изменения.
Я напишу здесь только о Западной Европе, с которой у России давняя общая История. Эта Европа, открывающаяся перед нынешными русскими людьми, сильно отличается от той, которую они себе представляли через Литературу и Исторические сочинения. Это Европа, которая также, как и Россия, ищет саму себя.
Но надо иметь в виду, что некоторые направления России и Европы ведут в разные стороны.
Я хочу сказать что христианская вера, после длинного и мучительного подавления, воскресает и поощряется в России, в то время как в Западной Европе темные силы, наоборот, активизируются, чтобы душить Христианскую Веру.
Если в России мы видим возрождение русской национальной личности, приглушенное в течение долгого времени марксистко-ленинской властью, то в Западной Европе,на мой взгляд, предпринимается все возможное, чтобы каждая нация потеряла бы свою собственную личность и утонула в глобализации.
Наконец Россия скинула тоталитарный железный ошейник, в то время как западные европейские демократии, часто подвергающиеся неуправляемым народным беспокойствам, могут в будущем пойти по опасной дороге тоталитарного государственного строя. К тому же, в отличии от России, Европа больше не ссылается на христианские ценности своих князей-основателей, а ссылается на декларацию прав человека, написанной и утвержденной 26 августа 1789г. французсками цареубийцами.
Из-за безудержного желания глобализации у европейских политиков, в обществе устанавливается новое мировоззрение. И это новое мировоззрение сознательно отклоняется от христианских корней европейских наций.
Нынешние ценности наших обществ не являются связующими. Возможно, что каждому из нас затруднительно иметь ясную картину мира, в котором мы живем.
Россия находится на пересечение дорог. Восстановит ли она свои законы и свое правосудие на основе евангельских ценностей, или же попадет под влияние западных атеистических соблазнительниц ?
В статьях, опубликованных недавно в русской прессе, а также здесь, на страницах «Русской Мысли», мы смогли прочесть, о чем пишет русская интеллигенция, в лице Сергея Чапнина, и французская интеллигенция, такие как историк Николай Росс. И тот, и другой вполне осознают какой цивилизационный порог должна перейти современная Россия. Согласно Сергею Чапнину, необходимо исключить языческие символы секулярного поклонения, несущего в себе негативные ценности. Вспомним, что первыми христианскими мучениками были те, кто сопротивлялся культу Цезаря ! Наверное, Сергей Чапнин прав и стоит задуматься об этом.
Для Николая Росса, надо избавить Россию от всех ленинских, сталинских изображений, а также изображений других палачей русского народа. Я согласна с этим мнением и убеждена, что в день, когда общественное сознание смиренно признает преступления предыдущих поколений в отношении собственного народа и откровенно в них покается, тогда эти преступления навсегда скроются среди темных страниц Истории народов. Тогда, очищенное от своего постсоветского позора, общее сознание будет иметь силу построить себе светлое будущее.
Как мы все ей этого желаем, Россия больше никогда не должна быть колоссом на глиняных ногах, ей надо построить себя в своей собственной культуре на основе правды своей христианской веры.
Потому что она - многострадальная страна, может быть, Господь своей великой милостью позволит, чтобы Православная Россия стала бы примером, за котором будут следовать Нации. Да помогут ей всероссийские Святые.
Только на пути Христа мир сможет спасти себя.
Мария Генко Старосельская
Parler d’une Russie " post soviétique " peut nous induire en erreur, car les Russes d’aujourd’hui sont pour moi les Russes d’hier et ceux de demain. J’aimerais citer l’exemple de l’Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale. La population allemande était décimée et exsangue, et c’est avec une certaine horreur qu’elle a pris conscience des crimes, dont sa patrie allemande s’était rendue coupable ! Ce fut un choc, qui a marqué la population allemande sur deux ou trois générations, et qui a sapé la belle confiance que ce peuple avait depuis bien des siècles en lui-même.
Je pense que c’est d’un mal similaire que les Russes souffrent aujourd’hui: La désintégration de l’URSS, et les crimes commis par les Communistes des différents pays soviétiques contres leurs propres compatriotes, sont un poids insupportable pour la conscience collective de ces peuples.
Simplement, dans les pays périphériques à la Russie elle-même, ces pays autrefois soviétiques, il est de bon ton de se voiler la face et d’accuser le grand frère russe de tous les maux, en oubliant commodément que les dirigeants locaux portent l’entière responsabilité de leurs actes et de leur engagement idéologique! Comme en Russie ils ont saigné à blanc leurs frères de sang.
En ce qui concerne la Russie, la conscience collective n’est pas prête, elle non plus, à admettre les crimes de ses prédécesseurs !
C’est probablement en grande partie de là que provient le malaise de la société russe, qui se voile la face au regard de ses propres exactions derrière le souvenir glorieux de la victoire de 1945. Mais d’autres facteurs, et non des moindres, entrent en ligne de jeu.
La génération des Russes d’aujourd’hui a assisté à l’effondrement d’un régime totalitaire athée, qui se voulait universel.
Cette génération, après 75 années derrière le rideau de fer, s’est trouvée brutalement confrontée à un monde extérieur totalement différent de celui auquel elle était préparée. Or ce monde extérieur est, lui aussi, en pleine mutation.
Je vais me borner à parler de l’Europe avec laquelle la Russie a une Histoire commune. Cette Europe, que découvrent les Russes d’aujourd’hui, elle est bien différente de celle qu’ils ont pu percevoir au travers de la Littérature ou dans leurs livres d’Histoire.
C’est une Europe qui se cherche au même titre que se cherche la Russie
Derrière la volonté effrénée de mondialisation des gouvernants européens, une nouvelle " weltanschauung " se met en place ! Et cette nouvelle conception du monde rejette délibérément les racines chrétiennes des nations européennes.
Certains auteurs russes ont raison d’écrire que les valeurs actuelles sont contradictoires et ne sont pas un tout cohérent en Russie. Mais il en va de même en Europe occidentale, où les vecteurs sont toutefois inversés: Je veux dire que la Foi chrétienne, après une longue et douloureuse parenthèse, semble renaître et être encouragée en Russie, lorsqu’en Europe occidentale bien des forces obscures s’activent au contraire pour étouffer le christianisme.
Si en Russie nous assistons au réveil de l’identité nationale russe, occultée par le marxisme, en Europe de l’Ouest tout est entrepris pour faire perdre leurs identités respectives aux Nations, et les faire entrer dans un moule mondialiste.En Russie, la population a dans l’ensemble toujours été en cohésion autour de ses dirigeants, en Europe au contraire les démocraties sont le théâtre d’une étonnante multitude de partis politiques souvent très semblables entres eux et qui font le jeu d’une instabilité périlleuse de la vie politique.
Enfin la Russie est sortie d’un carcan totalitaire, alors que les démocraties européennes, de plus en plus souvent victimes d’agitations
populaires incontrôlées, pourraient s’engager sur le chemin dangereux des régimes autoritaires. A l’inverse de la Russie, l’Europe ne se réclame plus des valeurs chrétiennes de ses princes fondateurs, mais elle se réclame de la déclaration des droits de l’homme rédigée et votée le 26 août 1789 par les révolutionnaires français régicides. C’est à cette déclaration que fait référence la convention européenne de la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, établie par le conseil de l’Europe à Rome en 1950 et entrée en vigueur en 1953.
La Russie est à la croisée des chemins : va-t-elle établir les fondements de ses lois et de sa justice sur les valeurs évangéliques, ou bien va-t-elle se laisser influencer et contraindre par les sirènes athées de l’Occident ?
Nous sommes tous parfaitement conscients du seuil de civilisation que la Russie moderne est appelée à franchir. Pour que la Russie puisse trouver la force de construire son propre destin, elle doit retrouver sa confiance en elle-même. Admettre ses faiblesses et ses erreurs passées, éprouver comme l’a fait le peuple allemand, l’horreur pour les crimes commis par ses prédécesseurs, voilà la seule issue possible. L’enjeu est de taille, car lorsque la conscience collective aura l’humilité de reconnaître les crimes de ses pères envers leur propre peuple, et en éprouver un repentir sincère, au lieu d’essayer de leur trouver des excuses, alors ceux-ci seront rangés dans les pages sombres de l’Histoire des peuples. Purifiée de ses fautes, la conscience collective retrouvera la confiance et la force nécessaires pour penser son avenir.
Est-il utile pour parvenir à cette fin d’éliminer d’emblée les symboles païens attachés aux célébrations de la victoire dans la grande guerre
patriotique?
Sergueï Tchapnin en semble convaincu dans son article, lorsqu’il dit: " Cette culture présente des traits très dangereux : préservation "du
personnage de l’ennemi"; présentation de la guerre sous forme d’une image d’Epinal. Oblitération complète de la guerre vécue en tant que tragédie "
Cette perception d'un culte laïc porteur de valeurs négatives est certainement une approche qui mérite réflexion. Les premiers martyrs
chrétiens furent ceux qui refusaient le culte rendu à César. Peut-être n’est-il pas trop tard pour que le peuple russe prenne conscience
des dangers que porte en lui-même un symbole purement païen. Pour les Européens cela me semble actuellement totalement utopique
Il nous reste à prier pour que la Russie redevienne véritablement orthodoxe, fière de sa foi et de sa culture. Qu’elle devienne un pays, qui ne sera plus jamais un géant aux pieds d’argiles, mais au contraire le socle d’un christianisme inébranlable. S’il suffit parfois d’un individu, et d’un seul, pour faire basculer le cours des choses. Nous devons espérer que la Russie sera cette Nation orthodoxe, qui inversera
la course du courant mondialiste athée.
Ce courant infernal, qui entraîne l’humanité vers sa perte. Parce qu’elle a tant souffert, peut-être le Seigneur permettra-t-Il, dans
Son infinie miséricorde, que la Russie orthodoxe devienne l’exemple que suivront les Nations, afin que le monde se sauve dans les voies du Christ.
Puissent tous les Saints de la terre russe lui venir en aide."
"РО" L’Eglise, la culture et le nationalisme en Russie
Marie GENKO: réflexion sur l'article de Serge Tchapnin
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" Русская мысль" , 30 октября 2011г.
НА ПЕРЕПУТЬЕ
Мария Генко
Важно устранить это ложное понятие «постсоветского мира», имеющееся в отношении России у других стран, а также у самих русских.
Разговор о «постсоветской России» может ввести нас в заблуждение, и неважно о ком идет речь - русских или западноевропейцах – мы всегда приспосабливаемся к тем обстоятельствам, с которыми мы сталкиваемся.
Когда меняются эти обстоятельства, поведение человека также меняется, без искажения его внутренного мира.
Темперамент народов остается постоянным, и сегодняшние русские люди - это те же самые русские, что были вчера и будут завтра.
Я хотела бы привести в пример Германию в конце второй мировой войны. Немецкое население было опустошено и обескровлено, и оно с ужасом ознакомилось с преступлениями своей собственной родины. Это было шок, который оставил свой отпечаток на двух или трех поколениях немецкого народа. Мне кажется, что той же болезнью страдают сегодня бывшие советские республики:
Развал СССР и преступления, совершенные коммунистами этих стран против своих соотечественников, является невыносимым бременем для общего сознания этих народов.
Надо подчеркнуть, что страны вокруг самой России, эти бывшие советские республики намеренно прячут свое бывшое лицо и обвиняют в собственных преступлениях своего старшего русского брата.
Таким образом, им удобно не вспоминать о том, что их местные правители несут полную ответственность за свои преступления и идеологию.
Эти республики утверждают, что они чисты в отношении своего коммунистического прошлого.
Что касается России, общественное сознание также неготово признать преступления своих предшественников.
Надо принять в расчет и другие мощные движущие силы: Нынешное поколение увидело распад тоталитарного атеистического строя, представлявшим себя универсальным для всего мира. И это поколение, после 75 лет проживания за железным занавесом, очутилось лицом к лицу с абсолютно другим миром, миром, отличным от того к чему его готовили. К тому же, этот внешный мир сам находится в процессе полного изменения.
Я напишу здесь только о Западной Европе, с которой у России давняя общая История. Эта Европа, открывающаяся перед нынешными русскими людьми, сильно отличается от той, которую они себе представляли через Литературу и Исторические сочинения. Это Европа, которая также, как и Россия, ищет саму себя.
Но надо иметь в виду, что некоторые направления России и Европы ведут в разные стороны.
Я хочу сказать что христианская вера, после длинного и мучительного подавления, воскресает и поощряется в России, в то время как в Западной Европе темные силы, наоборот, активизируются, чтобы душить Христианскую Веру.
Если в России мы видим возрождение русской национальной личности, приглушенное в течение долгого времени марксистко-ленинской властью, то в Западной Европе,на мой взгляд, предпринимается все возможное, чтобы каждая нация потеряла бы свою собственную личность и утонула в глобализации.
Наконец Россия скинула тоталитарный железный ошейник, в то время как западные европейские демократии, часто подвергающиеся неуправляемым народным беспокойствам, могут в будущем пойти по опасной дороге тоталитарного государственного строя. К тому же, в отличии от России, Европа больше не ссылается на христианские ценности своих князей-основателей, а ссылается на декларацию прав человека, написанной и утвержденной 26 августа 1789г. французсками цареубийцами.
Из-за безудержного желания глобализации у европейских политиков, в обществе устанавливается новое мировоззрение. И это новое мировоззрение сознательно отклоняется от христианских корней европейских наций.
Нынешние ценности наших обществ не являются связующими. Возможно, что каждому из нас затруднительно иметь ясную картину мира, в котором мы живем.
Россия находится на пересечение дорог. Восстановит ли она свои законы и свое правосудие на основе евангельских ценностей, или же попадет под влияние западных атеистических соблазнительниц ?
В статьях, опубликованных недавно в русской прессе, а также здесь, на страницах «Русской Мысли», мы смогли прочесть, о чем пишет русская интеллигенция, в лице Сергея Чапнина, и французская интеллигенция, такие как историк Николай Росс. И тот, и другой вполне осознают какой цивилизационный порог должна перейти современная Россия. Согласно Сергею Чапнину, необходимо исключить языческие символы секулярного поклонения, несущего в себе негативные ценности. Вспомним, что первыми христианскими мучениками были те, кто сопротивлялся культу Цезаря ! Наверное, Сергей Чапнин прав и стоит задуматься об этом.
Для Николая Росса, надо избавить Россию от всех ленинских, сталинских изображений, а также изображений других палачей русского народа. Я согласна с этим мнением и убеждена, что в день, когда общественное сознание смиренно признает преступления предыдущих поколений в отношении собственного народа и откровенно в них покается, тогда эти преступления навсегда скроются среди темных страниц Истории народов. Тогда, очищенное от своего постсоветского позора, общее сознание будет иметь силу построить себе светлое будущее.
Как мы все ей этого желаем, Россия больше никогда не должна быть колоссом на глиняных ногах, ей надо построить себя в своей собственной культуре на основе правды своей христианской веры.
Потому что она - многострадальная страна, может быть, Господь своей великой милостью позволит, чтобы Православная Россия стала бы примером, за котором будут следовать Нации. Да помогут ей всероссийские Святые.
Только на пути Христа мир сможет спасти себя.
Мария Генко Старосельская
VENDREDI 18 NOVEMBRE 2011 À 17H
EGLISE ST LEU ST GILLES
Eglise St Leu St Gilles, 92, rue St Denis, m Etienne Marcel
CÉLÉBRATION SOLENNELLE EN COMMÉMORATION DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE STE HÉLÈNE À PARIS.
Chers frères et soeurs ! votre participation à l’organisation du repas fraternel avec la paroisse catholique de l’Eglise St Leu St Gilles est bienvenue . Contacter Alla Gouraud tel 0632494610
"PO" 4 Résultats pour RELIQUES DE STE HÉLÈNE
EGLISE ST LEU ST GILLES
Eglise St Leu St Gilles, 92, rue St Denis, m Etienne Marcel
CÉLÉBRATION SOLENNELLE EN COMMÉMORATION DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE STE HÉLÈNE À PARIS.
Chers frères et soeurs ! votre participation à l’organisation du repas fraternel avec la paroisse catholique de l’Eglise St Leu St Gilles est bienvenue . Contacter Alla Gouraud tel 0632494610
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Au début des années 1990, l’ambassade d’Ukraine à Paris a saisi le ministère français des Affaires Étrangères de demande officielle de modifier l’inscription sur une pierre tombale. Au lieu des mots « Anna, reine de France, princesse de Russie», les Ukrainiens proposaient d’inscrire « Anna, reine de France, princesse d’Ukraine ». Il s’agissait de la fille de Yaroslav le Sage que le roi de France Henri Ier épousa en secondes noces. Bien que le tombeau d’Anna Yaroslavna se trouve réellement en France, certains historiens prétendent qu’elle était rentrée en Russie à la mort de son son mari, le roi de France. Pourtant, on n’en trouve aucune mention dans les sources russes.
En fait, Anna Yaroslavna, la seconde épouse du roi Henri Ier, fut amenée en France en 1044. Le couple royal resta sans enfants pendant huit ans. En 1053 Anne mit au monde le fils Philippe grâce aux prières élevées par saint Vincent. Pour l’en remercier, Anna fit ériger en son honneur l’église Saint-Vincent à Senlis. Elle donna au roi encore deux fils : Robert (mort en bas âge) et Hugo plus tard devenu comte de Vermandois.
En fait, Anna Yaroslavna, la seconde épouse du roi Henri Ier, fut amenée en France en 1044. Le couple royal resta sans enfants pendant huit ans. En 1053 Anne mit au monde le fils Philippe grâce aux prières élevées par saint Vincent. Pour l’en remercier, Anna fit ériger en son honneur l’église Saint-Vincent à Senlis. Elle donna au roi encore deux fils : Robert (mort en bas âge) et Hugo plus tard devenu comte de Vermandois.
Henri I et Anne formaient vraisemblablement un couple uni parce que de nombreux édits accordant des faveurs et des apanages aux monastères et églises portent cette mention : « Avec le consentement de son épouse Anna » ou « En présence de son épouse Anna ». Henri I décéda en 1060 et Anna Yaroslavna se retira à Senlis. D’ailleurs, son parcours « royal » était loin d’être fini. Anna était alors âgée d’environ 35 ans et épousa deux ans plus tard le comte Raoul III de Valois, le plus puissant des Seigneurs de France qui n’hésita pas à consommer le divorce avec son épouse pour se marier avec Anna, chose absolument inouïe à cette époque. Le Pape Alexandre II excommunia Raoul et annula son mariage avec Anna mais le fier féodal n’y prêta aucune attention et connu 12 ans de mariage heureux avec Anna. Le fils d’Anna, le roi Philippe I qui était d’abord fort mécontent de ce mariage, finit par s’en accommoder et reçut le comte Raoul à la Cour. Les chroniqueurs notaient que le roi l’appelait même son beau-père.
On sait qu’Anna était l’une des plus affectionnées des reines de France. C’est plusieurs siècles durant que pendant leur sacre à Reims, les rois de France prêtaient serment sur l’Evangile de Reims, livre manuscrit en slavon d’église qu’Anna Yaroslavna avait ramené de Kiev.
"Voix de la Russie"
On sait qu’Anna était l’une des plus affectionnées des reines de France. C’est plusieurs siècles durant que pendant leur sacre à Reims, les rois de France prêtaient serment sur l’Evangile de Reims, livre manuscrit en slavon d’église qu’Anna Yaroslavna avait ramené de Kiev.
"Voix de la Russie"
V. Golovanow
La mission chrétienne
Extraits du discoure de réception du métropolite Hilarion de Volokolamsk au grade de docteur honoris causa de l’Université de Lugano (Suisse) 30.10.2011
L’Église du Christ est envoyée dans le monde annoncer le Royaume de Dieu. Ce ministère d’annonce de la bonne nouvelle est un attribut imprescriptible de l’Église, dans la mesure où il repose sur le commandement du Christ ressuscité à ses disciples : « Allez, enseignez à tous les peuples… » (Mt 28, 19). (..) Cependant, si l’on ne saurait mettre en doute le devoir d’annoncer la Bonne nouvelle, confié à l’Église par le Christ lui-même, la question de l’application concrète de ce commandement se pose à chaque nouvelle génération de chrétiens. (…)
Il importe de souligner que le rapport de l’Église au monde repose sur une dialectique. D’un côté, les Saintes Écritures expriment clairement le rejet du monde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde (…) car tout ce qu’il y a dans le monde, les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard, l’orgueil de la richesse, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde » (I Jn 2, 15-16). La notion même de « monde » a une connotation négative chez les apôtres Jean le Théologien et Paul, ainsi que dans les œuvres de nombreux ascètes chrétiens.
La mission chrétienne
Extraits du discoure de réception du métropolite Hilarion de Volokolamsk au grade de docteur honoris causa de l’Université de Lugano (Suisse) 30.10.2011
L’Église du Christ est envoyée dans le monde annoncer le Royaume de Dieu. Ce ministère d’annonce de la bonne nouvelle est un attribut imprescriptible de l’Église, dans la mesure où il repose sur le commandement du Christ ressuscité à ses disciples : « Allez, enseignez à tous les peuples… » (Mt 28, 19). (..) Cependant, si l’on ne saurait mettre en doute le devoir d’annoncer la Bonne nouvelle, confié à l’Église par le Christ lui-même, la question de l’application concrète de ce commandement se pose à chaque nouvelle génération de chrétiens. (…)
Il importe de souligner que le rapport de l’Église au monde repose sur une dialectique. D’un côté, les Saintes Écritures expriment clairement le rejet du monde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde (…) car tout ce qu’il y a dans le monde, les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard, l’orgueil de la richesse, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde » (I Jn 2, 15-16). La notion même de « monde » a une connotation négative chez les apôtres Jean le Théologien et Paul, ainsi que dans les œuvres de nombreux ascètes chrétiens.
D’un autre côté, « la fuite du monde », radicale et définitive, non seulement empêcherait l’Église de remplir pleinement son devoir missionnaire, mais risquerait même de provoquer un schisme à l’intérieur de l’Église. Dans l’épître déjà citée, l’apôtre Jean témoigne de l’amour sacrificiel de Dieu pour le monde qu’il a créé et réaffirme le commandement de l’amour du prochain, c’est-à-dire de l’autre (I Jn 4, 9, 20). Isaac le Syrien appelle dans ses œuvres à la compassion envers la création toute entière, y compris les démons.
L’approche véritablement chrétienne serait donc celle que proposait le grand penseur russe Vladimir Soloviev dans son commentaire du verset de Jean le Théologien « le monde entier est dominé par le Mauvais » (I Jn 5, 19) : il faut différencier le « monde » du « mauvais » dans lequel il demeure. Certes, le monde est soumis aux puissances du mal, mais n’est pas mauvais en soi (cf Fondements de la vie spirituelle). La mission du christianisme consiste justement à délivrer le monde de l’esclavage du mal.
L’époque du postmodernisme
L’époque du postmodernisme, qui débute, suivant la chronologie convenue, avec la catastrophe humanitaire des deux guerres mondiales, a vu la réalisation de la prophétie de F. Nietzsche sur « la mort de Dieu ». Depuis le processus de sécularisation, qui s’est poursuivi durant toute l’époque contemporaine, Dieu a cessé d’être le principe fondateur de l’existence dans la conscience collective des européens d’aujourd’hui. Le philosophe et théologien américain contemporain T. Altizer définit ainsi notre époque d’un point de vue religieux : « Les périodes de notre histoire où la conscience de la Divinité confinait à l’évidence, où la certitude morale d’une providence divine raisonnable sont définitivement révolues. Le nom de Dieu n’est déjà plus au centre de la vie et de la connaissance, il est prononcé à la périphérie, dans ces situations extrêmes où science et expérience sont impuissantes. Dieu devient de plus en plus pour nous le nom d’un mystère total et absolu, d’un mystère en présence duquel nous ne pouvons ni agir, ni parler [1]».
En même temps que la « mort de Dieu », nous observons dans la conscience des masses la fin de l’anthropocentrisme.(…) En même temps que les idéologies totalitaires, dont le communisme a été la dernière, l’homme moderne rejette toute tentative d’expliquer le monde, il nie la possibilité même de la vérité. Ainsi, l’homme postmoderne est-il un homme déçu. Il a renoncé à toute grande idée au nom de laquelle il aurait pu donner sa vie. Et sa vie a perdu tout sens. L’univers de l’homme contemporain, gravite autour de la liberté individuelle et des intérêts personnels, son but principal étant de consommer. Le principe du plaisir, dont s’inspire l’homme postmoderne est venu remplacer les impératifs religieux et moraux.
Le nihilisme contemporain comme négation d’un Dieu qui limiterait la liberté humaine, et comme négation de l’homme qui a renié Dieu au nom du progrès, ne propose aucune alternative, il se présente comme un vide. Ce vide peut et doit être rempli d'un contenu positif, correspondant à la nouvelle époque. Notre temps, suivant un sociologue contemporain, « rend possible le retour à grande échelle des valeurs religieuses. Le vide sans Dieu peut se transformer en vide POUR Dieu[2] ».
L’alternative chrétienne
Comme l’a démontré l’expérience de la Russie et d’autres pays d’Europe orientale longtemps soumis à une idéologie totalitaire, le christianisme peut proposer à l’homme moderne, sans illusion sur quelque système idéologique que ce soit, une réelle alternative. Il peut l’aider à trouver un sens nouveau et véritable à sa vie. Si certains, déçus par les idéaux soviétiques, se sont simplement mis à suivre les normes de la société de consommation ; beaucoup d’autres sont venus à l’Église et ont trouvé dans l’Évangile cet idéal véritable qui avait été remplacé par des idéaux fallacieux. L’expérience concrète de l’Église orthodoxe russe témoigne que le christianisme peut répondre aux questions existentielles de l’homme, et ce sans rejeter les acquis des temps modernes comme la liberté de la personne humaine et les droits de l’homme, mais en les ramenant à leurs racines chrétiennes et en leur communiquant par là-même une plus grande valeur.
En sens inverse, il serait profondément erroné d’adapter les vérités chrétiennes aux représentations instables de l’époque moderne sous le prétexte fallacieux que cette adaptation servirait la mission chrétienne. Force est de constater avec regret que certaines confessions chrétiennes se sont engagées sur cette voie. En appliquant à leurs communautés des phénomènes typiques du postmodernisme et par nature totalement séculiers, ils deviennent par là partie intégrante de la culture pluraliste postmoderne, incapables de proposer à l’homme contemporain une vraie alternative spirituelle.
Je voudrais insister sur ces vérités fondamentales du christianisme qui sont, à mon sens, indispensable à l’homme postmoderne: le Christianisme n’est pas une de ces idéologies abstraites qui indisposent tant nos contemporains. Le Christianisme est profondément concret, parce qu’au centre de son enseignement se dresse la Personne Vivante, le Dieu-Homme Jésus Christ. En lui, Divinité et humanité demeurent en harmonie, sans aucune restriction à la nature humaine. Les Pères de l’Église envisageaient le mystère de l’Incarnation divine dans toute sa paradoxale profondeur et sa radicalité. « Tout le mystère du salut, écrit saint Cyrille d’Alexandrie consiste dans la kénose et l’anéantissement du Fils de Dieu ». Dans la kénose divine, la liberté humaine et la dignité humaine, si chères au cœur de l’homme moderne, acquièrent un sens éminent. En Christ, la volonté divine cesse d’être une loi extérieure à l’homme qui devient le libre collaborateur de Dieu dans la transfiguration du monde. Ainsi, avec la christologie, la doctrine de l’homme, de sa dignité et de ses droits reçoit enfin son plein développement et la tâche de la mission chrétienne contemporaine dans les pays d’Europe et d’Amérique consiste justement à transmettre aux hommes cette doctrine.
Le christianisme ne se contente pas de poser en théorie le postulat du principe de liberté humaine en Christ : il le vit pleinement dans la liturgie, et c’est là sa force. Dans la vie liturgique communautaire, l’homme trouve une alternative à l’individualisme des villes contemporaines. Dans le sacrement de l’Eucharistie, il revit chaque fois l’union avec le Christ ressuscité, source d’une existence nouvelle. Dans cette unité réelle et non imaginaire, l’homme reçoit la faculté non seulement de vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes, mais aussi d’être leur porteur et donc de témoigner activement du Christ au monde qui l’entoure. Au siècle hautement technique des mass media visuels, ce n’est plus la parole, mais l’exemple visible qui a le pouvoir de convaincre nos contemporains.
Le dialogue inter-chrétien
Face aux tâches de la mission chrétienne dans le monde contemporain, l’absence d’unité entre Chrétiens est un scandale pour le monde entier et pour nos Églises. Néanmoins, et ce fait positif mérite d’être souligné, le dialogue inter-chrétien se développe à différents niveaux et dans différents domaine.
Avant tout, j’aimerais souligner les perspectives du dialogue entre orthodoxes et catholiques. L’élection de Benoît XVI au pontificat lui a donné une nouvelle impulsion. Avec son sens aigu et profond de la théologie, sa connaissance approfondie de la tradition orthodoxe, le pape est ouvert au dialogue avec les Églises orthodoxes, il a beaucoup fait et continue à faire pour l’unité des chrétiens. Nos relations avec l’Église catholique romaine se développent en parallèle dans plusieurs directions. C’est d’une part, le dialogue théologique, qui se poursuit depuis plusieurs décennies. Nous discutons des points qui nous séparent, comme l’uniatisme ou la primauté de l’évêque de Rome. Nous espérons que cette discussion aidera les deux parties à comprendre que la voie du rétablissement de l’unité passe par le retour à la foi de l’Église du premier millénaire. Alors aussi des divergences d’ordre théologique ou ecclésiologique, des différences de rite existaient, mais les chrétiens parvenaient à conserver l’unité.
Il serait bon que nous collaborions plus, non seulement en théologie, mais aussi dans des domaines concernant directement la vie de nos fidèles (…). Il existe de multiples possibilités pour la collaboration dans les domaines qui nous unissent déjà. Si nous parlons de l’orthodoxie et du catholicisme, nous ne pouvons pas ne pas remarquer que nos conceptions sociales sont très proches, que la doctrine morale des catholiques et celle des orthodoxes sont pratiquement identiques. Nous pouvons faire et dire beaucoup ensemble, sans attendre le moment où nos divergences seront surmontées. Ainsi pouvons-nous parler au monde de la famille chrétienne traditionnelle, de la valeur de la vie humaine, qui ne doit pas être interrompue dès l’instant de la conception dans le sein de la mère jusqu’au dernier jour.
Aujourd’hui, l’Église orthodoxe éprouve de plus en plus de difficultés à poursuivre sa collaboration avec les différentes dénominations protestantes. Il m'est pénible d'en parler, mais le dialogue que nous avons conduit avec les protestants durant des décennies est aujourd’hui menacé par les dérives que nous observons dans les communautés protestantes d’Occident et du Nord: je pense à la libéralisation continue dans le domaine de la théologie, de l’ecclésiologie et de la morale.
Nous sommes tous très las des belles paroles et des déclarations. Il faut parler franchement entre nous de ce qui nous préoccupe. Nous devons garder à l’esprit la tâche qui est la nôtre, la nécessité de l’unité chrétienne. Pourquoi cette tâche est-elle si essentielle ? Parce que chaque jour qui nous sépare nous prive des possibilités que nous aurions si nous étions unis. Aujourd’hui, des milliers de jeunes gens meurent parce qu’ils n’ont pas compris à quoi bon vivre, et nous ne le leur avons pas suggéré. Ils meurent de la drogue, de l’alcool ou du SIDA. Ensemble, nous aurions pu faire beaucoup plus pour eux. Nous devons réfléchir aux réels besoins des gens. (…)
Les persécutions contre les chrétiens et la christianophobie
Ces derniers temps, la montée alarmante des persécutions religieuses est devenue symptomatique de notre époque. Les chrétiens sont les premiers visés. A l’heure actuelle, ce terrible phénomène défie non seulement le christianisme mondial, mais encore toute l’humanité civilisée. Les chrétiens sont pourchassés au quotidien en Égypte, en Irak, en Inde, au Pakistan, en Indonésie, dans certains pays d’Asie et d’Afrique. En dehors des flux massifs de réfugiés dont parlent régulièrement les médias, il existe encore un problème dont personne ne veut parler: la dégradation de la société qui retourne à un stade primitif de haine et d’autodestruction.
(…) Malgré l’escalade de violence sans précédent contre les chrétiens d’Égypte au début du mois d’octobre, aucun pays d’Occident n’a fait véritablement pression sur le pouvoir militaire temporaire en place dans ce pays, personne n’a menacé de prendre des sanctions économiques. Les images qui ont choqué le monde entier, où l’on voit les militaires du Caire sur des blindés chargeant une pacifique manifestation copte, tirant sur des gens désarmés, restent hors du champ des préoccupations des politiques. Le discours du ministre égyptien de la sécurité, qui a nié le fait du recours aux armes contre les manifestants coptes n’a pas non plus été apprécié à sa juste valeur, pas plus que l’information sur la falsification du nombre des victimes et le type de blessures reçues. L’Église est en droit d’interroger le gouvernement de ses pays : jusqu’à quand ? Pourquoi leurs intérêts économiques dans ces pays leur sont-ils plus chers que la vie de milliers d’innocents tués uniquement parce qu’ils croient au Christ ?
Le christianisme, malgré son morcellement, est aujourd’hui obligé de s’unir pour défendre nos frères et sœurs souffrant dans différentes régions: sans cela, nous perdrons un peu plus de notre crédibilité aux yeux du monde. Au contraire, en défendant les nôtres, nous affermissons nos positions, nous resserrons les rangs, nous nous rapprochons les uns des autres.
J’évoquerais ici aussi un autre phénomène, généralement dénommé christianophobie. Le sécularisme occidental, malgré son pluralisme et sa tolérance déclarés, fait preuve d’intolérance envers le christianisme. Nourri de puissants moyens financiers, le sécularisme agressif fait tout pour discréditer l’Église, effacer le nom du Christ de la mémoire du peuple, niveler les principes de morale et de culture façonnés par le christianisme.
Le sécularisme agressif prend pour cible toutes les Églises, sans se préoccuper de leurs différences théologiques et liturgiques. Il tourne en dérision la conscience religieuse en tant que telle, se moque de la morale, popularisant le relativisme éthique et l’indifférentisme. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui comme jamais être solidaires et unis, collaborant activement et nous soutenant mutuellement.
Perspectives et objectifs
Comment les chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils résister à semblables conception et à l’offensive du sécularisme ? L’Écriture sainte parle clairement de l’apostasie (II Tes 2, 3) qui aura lieu, « mais il faut d’abord que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations » (Mc 13, 10). Nous vivons à une époque d’apostasie, les gens perdent la foi et l’amour parce que leur cœur est plus attaché aux biens terrestres, au confort, à l’aisance, aux plaisirs. Que faire dans cette situation ?
L’Église n’appartient pas à ce monde, et sa mission d’annonce de l’Évangile ne doit pas être évaluée suivant les critères de ce monde, d’après les notions de succès ou d’échec. Si le nombre des Chrétiens diminue, par exemple, en Europe occidentale, ils sont de plus en plus nombreux en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et dans différents pays d’Europe orientale. Il faut s’efforcer de comprendre ce qui attire les gens vers le Christianisme dans ces régions et comparer leurs motivations avec celles des européens qui s’éloignent aujourd’hui de la foi. Il nous faut avoir le courage de reconnaître que le développement historico-culturel de la civilisation occidentale est dans une impasse précisément parce qu’elle a renié le christianisme et rejeté ses valeurs. Nous ne savons plus nous réjouir, nous nous croyons malheureux parce que l’axe de nos intérêts est limité exclusivement aux biens terrestres qui, cependant, du fait même de leur temporalité sont incapables de communiquer à l’homme bonheur, joie ou plaisir.
L’exemple des Chrétiens coptes et irakiens, qui versent leur sang pour leur foi et sont persécutés, est particulièrement édifiant, pour nous européens. Beaucoup d’entre eux ont quelque chose à perdre, beaucoup de chrétiens de ces pays occupaient une place en vue, certains d’entre eux sont riches. Pourtant, la foi et l’identité conservent pour eux leur primordialité. Beaucoup d’entre nous, à la fin des années 80 et au début des années 90 du siècle dernier, doutions que les populations des anciennes républiques de l’Union soviétique reviendraient à la foi de leurs pères. C’est pourtant ce qui s’est produit. Pourquoi ? Grâce à l’héroïsme spirituel des nouveaux-martyrs et des confesseurs russes demeurés fidèles au Christ jusqu’à la fin, j’en suis convaincu.
Ainsi, la civilisation occidentale contemporaine s’enfonce dans une impasse dont ni la science, ni un management efficace, ni les technologies ne sauraient la tirer. La crise de la société n’est pas un phénomène objectif, elle part d’une crise spirituelle de la personne restée sans Dieu avec ses problèmes insolubles et ses questions. La crise de la personne réside dans le déplacement de l’image de Dieu à la simple individualité. L’homme a perdu son visage, il est devenu une unité abstraite de la société de consommation avec un certain nombre de besoins. Le témoignage chrétien doit traverser comme un rayon de lumière l’épaisseur des amoncellements intellectuels des dernières époques. Il doit parler à l’homme-personne, redire toute la dimension unique de chacun d’entre nous, en d’autres termes, remettre l’homme sur le piédestal sur lequel l’avait placé le sublime mystère de l’Incarnation divine.
(…)
Les Églises chrétiennes, en premier lieu l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les Églises orientales chrétiennes doivent aujourd’hui s’allier et agir de concert. Nous devons absolument former une alliance des Églises de tradition apostolique, nous permettant de discuter ensemble des problèmes et des défis du monde contemporain. Il faut également créer des structures d’information informelles, qui proposeraient une information objective, vérifiée et régulièrement mise à jour sur les évènements intéressant les destinées de l’Église et du monde. Les formes traditionnelles de collaboration entre les Églises sont aujourd’hui insuffisantes, nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien.
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[1] Long gone are those periods in our history when it was possible to have an innate sense of the actual identity of God, or a moral assurance as to the purpose or providence of God. No longer is the name of God evoked at the center of life and understanding; it is now spoken only at the peripheries, in those boundary situations where understanding and experience break down. God has increasingly and ever more comprehensively become for us a name of total and ultimate mystery, a mystery in the presence of which we can neither act nor speak (T. J. J. Altizer, The Descent into Hell. A Study of the Radical Reversal of the Christian Consciousness, The Seabury Press, N.-Y. 1979, р. 98).
[2] Il nostro tempo “lascia aperta anche l’ipotesi di un ricupero su vasta scala dei valori religiosi… Il vuoto di Dio può trasformarsi in vuoto per Dio” (G. Morra, Il quarto uomo. Postmodernità o crisi della modernità? Roma 1996, p. 127)
La conférence du métropolite Hilarion à l’Université de Lugano (Suisse)
L’approche véritablement chrétienne serait donc celle que proposait le grand penseur russe Vladimir Soloviev dans son commentaire du verset de Jean le Théologien « le monde entier est dominé par le Mauvais » (I Jn 5, 19) : il faut différencier le « monde » du « mauvais » dans lequel il demeure. Certes, le monde est soumis aux puissances du mal, mais n’est pas mauvais en soi (cf Fondements de la vie spirituelle). La mission du christianisme consiste justement à délivrer le monde de l’esclavage du mal.
L’époque du postmodernisme
L’époque du postmodernisme, qui débute, suivant la chronologie convenue, avec la catastrophe humanitaire des deux guerres mondiales, a vu la réalisation de la prophétie de F. Nietzsche sur « la mort de Dieu ». Depuis le processus de sécularisation, qui s’est poursuivi durant toute l’époque contemporaine, Dieu a cessé d’être le principe fondateur de l’existence dans la conscience collective des européens d’aujourd’hui. Le philosophe et théologien américain contemporain T. Altizer définit ainsi notre époque d’un point de vue religieux : « Les périodes de notre histoire où la conscience de la Divinité confinait à l’évidence, où la certitude morale d’une providence divine raisonnable sont définitivement révolues. Le nom de Dieu n’est déjà plus au centre de la vie et de la connaissance, il est prononcé à la périphérie, dans ces situations extrêmes où science et expérience sont impuissantes. Dieu devient de plus en plus pour nous le nom d’un mystère total et absolu, d’un mystère en présence duquel nous ne pouvons ni agir, ni parler [1]».
En même temps que la « mort de Dieu », nous observons dans la conscience des masses la fin de l’anthropocentrisme.(…) En même temps que les idéologies totalitaires, dont le communisme a été la dernière, l’homme moderne rejette toute tentative d’expliquer le monde, il nie la possibilité même de la vérité. Ainsi, l’homme postmoderne est-il un homme déçu. Il a renoncé à toute grande idée au nom de laquelle il aurait pu donner sa vie. Et sa vie a perdu tout sens. L’univers de l’homme contemporain, gravite autour de la liberté individuelle et des intérêts personnels, son but principal étant de consommer. Le principe du plaisir, dont s’inspire l’homme postmoderne est venu remplacer les impératifs religieux et moraux.
Le nihilisme contemporain comme négation d’un Dieu qui limiterait la liberté humaine, et comme négation de l’homme qui a renié Dieu au nom du progrès, ne propose aucune alternative, il se présente comme un vide. Ce vide peut et doit être rempli d'un contenu positif, correspondant à la nouvelle époque. Notre temps, suivant un sociologue contemporain, « rend possible le retour à grande échelle des valeurs religieuses. Le vide sans Dieu peut se transformer en vide POUR Dieu[2] ».
L’alternative chrétienne
Comme l’a démontré l’expérience de la Russie et d’autres pays d’Europe orientale longtemps soumis à une idéologie totalitaire, le christianisme peut proposer à l’homme moderne, sans illusion sur quelque système idéologique que ce soit, une réelle alternative. Il peut l’aider à trouver un sens nouveau et véritable à sa vie. Si certains, déçus par les idéaux soviétiques, se sont simplement mis à suivre les normes de la société de consommation ; beaucoup d’autres sont venus à l’Église et ont trouvé dans l’Évangile cet idéal véritable qui avait été remplacé par des idéaux fallacieux. L’expérience concrète de l’Église orthodoxe russe témoigne que le christianisme peut répondre aux questions existentielles de l’homme, et ce sans rejeter les acquis des temps modernes comme la liberté de la personne humaine et les droits de l’homme, mais en les ramenant à leurs racines chrétiennes et en leur communiquant par là-même une plus grande valeur.
En sens inverse, il serait profondément erroné d’adapter les vérités chrétiennes aux représentations instables de l’époque moderne sous le prétexte fallacieux que cette adaptation servirait la mission chrétienne. Force est de constater avec regret que certaines confessions chrétiennes se sont engagées sur cette voie. En appliquant à leurs communautés des phénomènes typiques du postmodernisme et par nature totalement séculiers, ils deviennent par là partie intégrante de la culture pluraliste postmoderne, incapables de proposer à l’homme contemporain une vraie alternative spirituelle.
Je voudrais insister sur ces vérités fondamentales du christianisme qui sont, à mon sens, indispensable à l’homme postmoderne: le Christianisme n’est pas une de ces idéologies abstraites qui indisposent tant nos contemporains. Le Christianisme est profondément concret, parce qu’au centre de son enseignement se dresse la Personne Vivante, le Dieu-Homme Jésus Christ. En lui, Divinité et humanité demeurent en harmonie, sans aucune restriction à la nature humaine. Les Pères de l’Église envisageaient le mystère de l’Incarnation divine dans toute sa paradoxale profondeur et sa radicalité. « Tout le mystère du salut, écrit saint Cyrille d’Alexandrie consiste dans la kénose et l’anéantissement du Fils de Dieu ». Dans la kénose divine, la liberté humaine et la dignité humaine, si chères au cœur de l’homme moderne, acquièrent un sens éminent. En Christ, la volonté divine cesse d’être une loi extérieure à l’homme qui devient le libre collaborateur de Dieu dans la transfiguration du monde. Ainsi, avec la christologie, la doctrine de l’homme, de sa dignité et de ses droits reçoit enfin son plein développement et la tâche de la mission chrétienne contemporaine dans les pays d’Europe et d’Amérique consiste justement à transmettre aux hommes cette doctrine.
Le christianisme ne se contente pas de poser en théorie le postulat du principe de liberté humaine en Christ : il le vit pleinement dans la liturgie, et c’est là sa force. Dans la vie liturgique communautaire, l’homme trouve une alternative à l’individualisme des villes contemporaines. Dans le sacrement de l’Eucharistie, il revit chaque fois l’union avec le Christ ressuscité, source d’une existence nouvelle. Dans cette unité réelle et non imaginaire, l’homme reçoit la faculté non seulement de vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes, mais aussi d’être leur porteur et donc de témoigner activement du Christ au monde qui l’entoure. Au siècle hautement technique des mass media visuels, ce n’est plus la parole, mais l’exemple visible qui a le pouvoir de convaincre nos contemporains.
Le dialogue inter-chrétien
Face aux tâches de la mission chrétienne dans le monde contemporain, l’absence d’unité entre Chrétiens est un scandale pour le monde entier et pour nos Églises. Néanmoins, et ce fait positif mérite d’être souligné, le dialogue inter-chrétien se développe à différents niveaux et dans différents domaine.
Avant tout, j’aimerais souligner les perspectives du dialogue entre orthodoxes et catholiques. L’élection de Benoît XVI au pontificat lui a donné une nouvelle impulsion. Avec son sens aigu et profond de la théologie, sa connaissance approfondie de la tradition orthodoxe, le pape est ouvert au dialogue avec les Églises orthodoxes, il a beaucoup fait et continue à faire pour l’unité des chrétiens. Nos relations avec l’Église catholique romaine se développent en parallèle dans plusieurs directions. C’est d’une part, le dialogue théologique, qui se poursuit depuis plusieurs décennies. Nous discutons des points qui nous séparent, comme l’uniatisme ou la primauté de l’évêque de Rome. Nous espérons que cette discussion aidera les deux parties à comprendre que la voie du rétablissement de l’unité passe par le retour à la foi de l’Église du premier millénaire. Alors aussi des divergences d’ordre théologique ou ecclésiologique, des différences de rite existaient, mais les chrétiens parvenaient à conserver l’unité.
Il serait bon que nous collaborions plus, non seulement en théologie, mais aussi dans des domaines concernant directement la vie de nos fidèles (…). Il existe de multiples possibilités pour la collaboration dans les domaines qui nous unissent déjà. Si nous parlons de l’orthodoxie et du catholicisme, nous ne pouvons pas ne pas remarquer que nos conceptions sociales sont très proches, que la doctrine morale des catholiques et celle des orthodoxes sont pratiquement identiques. Nous pouvons faire et dire beaucoup ensemble, sans attendre le moment où nos divergences seront surmontées. Ainsi pouvons-nous parler au monde de la famille chrétienne traditionnelle, de la valeur de la vie humaine, qui ne doit pas être interrompue dès l’instant de la conception dans le sein de la mère jusqu’au dernier jour.
Aujourd’hui, l’Église orthodoxe éprouve de plus en plus de difficultés à poursuivre sa collaboration avec les différentes dénominations protestantes. Il m'est pénible d'en parler, mais le dialogue que nous avons conduit avec les protestants durant des décennies est aujourd’hui menacé par les dérives que nous observons dans les communautés protestantes d’Occident et du Nord: je pense à la libéralisation continue dans le domaine de la théologie, de l’ecclésiologie et de la morale.
Nous sommes tous très las des belles paroles et des déclarations. Il faut parler franchement entre nous de ce qui nous préoccupe. Nous devons garder à l’esprit la tâche qui est la nôtre, la nécessité de l’unité chrétienne. Pourquoi cette tâche est-elle si essentielle ? Parce que chaque jour qui nous sépare nous prive des possibilités que nous aurions si nous étions unis. Aujourd’hui, des milliers de jeunes gens meurent parce qu’ils n’ont pas compris à quoi bon vivre, et nous ne le leur avons pas suggéré. Ils meurent de la drogue, de l’alcool ou du SIDA. Ensemble, nous aurions pu faire beaucoup plus pour eux. Nous devons réfléchir aux réels besoins des gens. (…)
Les persécutions contre les chrétiens et la christianophobie
Ces derniers temps, la montée alarmante des persécutions religieuses est devenue symptomatique de notre époque. Les chrétiens sont les premiers visés. A l’heure actuelle, ce terrible phénomène défie non seulement le christianisme mondial, mais encore toute l’humanité civilisée. Les chrétiens sont pourchassés au quotidien en Égypte, en Irak, en Inde, au Pakistan, en Indonésie, dans certains pays d’Asie et d’Afrique. En dehors des flux massifs de réfugiés dont parlent régulièrement les médias, il existe encore un problème dont personne ne veut parler: la dégradation de la société qui retourne à un stade primitif de haine et d’autodestruction.
(…) Malgré l’escalade de violence sans précédent contre les chrétiens d’Égypte au début du mois d’octobre, aucun pays d’Occident n’a fait véritablement pression sur le pouvoir militaire temporaire en place dans ce pays, personne n’a menacé de prendre des sanctions économiques. Les images qui ont choqué le monde entier, où l’on voit les militaires du Caire sur des blindés chargeant une pacifique manifestation copte, tirant sur des gens désarmés, restent hors du champ des préoccupations des politiques. Le discours du ministre égyptien de la sécurité, qui a nié le fait du recours aux armes contre les manifestants coptes n’a pas non plus été apprécié à sa juste valeur, pas plus que l’information sur la falsification du nombre des victimes et le type de blessures reçues. L’Église est en droit d’interroger le gouvernement de ses pays : jusqu’à quand ? Pourquoi leurs intérêts économiques dans ces pays leur sont-ils plus chers que la vie de milliers d’innocents tués uniquement parce qu’ils croient au Christ ?
Le christianisme, malgré son morcellement, est aujourd’hui obligé de s’unir pour défendre nos frères et sœurs souffrant dans différentes régions: sans cela, nous perdrons un peu plus de notre crédibilité aux yeux du monde. Au contraire, en défendant les nôtres, nous affermissons nos positions, nous resserrons les rangs, nous nous rapprochons les uns des autres.
J’évoquerais ici aussi un autre phénomène, généralement dénommé christianophobie. Le sécularisme occidental, malgré son pluralisme et sa tolérance déclarés, fait preuve d’intolérance envers le christianisme. Nourri de puissants moyens financiers, le sécularisme agressif fait tout pour discréditer l’Église, effacer le nom du Christ de la mémoire du peuple, niveler les principes de morale et de culture façonnés par le christianisme.
Le sécularisme agressif prend pour cible toutes les Églises, sans se préoccuper de leurs différences théologiques et liturgiques. Il tourne en dérision la conscience religieuse en tant que telle, se moque de la morale, popularisant le relativisme éthique et l’indifférentisme. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui comme jamais être solidaires et unis, collaborant activement et nous soutenant mutuellement.
Perspectives et objectifs
Comment les chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils résister à semblables conception et à l’offensive du sécularisme ? L’Écriture sainte parle clairement de l’apostasie (II Tes 2, 3) qui aura lieu, « mais il faut d’abord que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations » (Mc 13, 10). Nous vivons à une époque d’apostasie, les gens perdent la foi et l’amour parce que leur cœur est plus attaché aux biens terrestres, au confort, à l’aisance, aux plaisirs. Que faire dans cette situation ?
L’Église n’appartient pas à ce monde, et sa mission d’annonce de l’Évangile ne doit pas être évaluée suivant les critères de ce monde, d’après les notions de succès ou d’échec. Si le nombre des Chrétiens diminue, par exemple, en Europe occidentale, ils sont de plus en plus nombreux en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et dans différents pays d’Europe orientale. Il faut s’efforcer de comprendre ce qui attire les gens vers le Christianisme dans ces régions et comparer leurs motivations avec celles des européens qui s’éloignent aujourd’hui de la foi. Il nous faut avoir le courage de reconnaître que le développement historico-culturel de la civilisation occidentale est dans une impasse précisément parce qu’elle a renié le christianisme et rejeté ses valeurs. Nous ne savons plus nous réjouir, nous nous croyons malheureux parce que l’axe de nos intérêts est limité exclusivement aux biens terrestres qui, cependant, du fait même de leur temporalité sont incapables de communiquer à l’homme bonheur, joie ou plaisir.
L’exemple des Chrétiens coptes et irakiens, qui versent leur sang pour leur foi et sont persécutés, est particulièrement édifiant, pour nous européens. Beaucoup d’entre eux ont quelque chose à perdre, beaucoup de chrétiens de ces pays occupaient une place en vue, certains d’entre eux sont riches. Pourtant, la foi et l’identité conservent pour eux leur primordialité. Beaucoup d’entre nous, à la fin des années 80 et au début des années 90 du siècle dernier, doutions que les populations des anciennes républiques de l’Union soviétique reviendraient à la foi de leurs pères. C’est pourtant ce qui s’est produit. Pourquoi ? Grâce à l’héroïsme spirituel des nouveaux-martyrs et des confesseurs russes demeurés fidèles au Christ jusqu’à la fin, j’en suis convaincu.
Ainsi, la civilisation occidentale contemporaine s’enfonce dans une impasse dont ni la science, ni un management efficace, ni les technologies ne sauraient la tirer. La crise de la société n’est pas un phénomène objectif, elle part d’une crise spirituelle de la personne restée sans Dieu avec ses problèmes insolubles et ses questions. La crise de la personne réside dans le déplacement de l’image de Dieu à la simple individualité. L’homme a perdu son visage, il est devenu une unité abstraite de la société de consommation avec un certain nombre de besoins. Le témoignage chrétien doit traverser comme un rayon de lumière l’épaisseur des amoncellements intellectuels des dernières époques. Il doit parler à l’homme-personne, redire toute la dimension unique de chacun d’entre nous, en d’autres termes, remettre l’homme sur le piédestal sur lequel l’avait placé le sublime mystère de l’Incarnation divine.
(…)
Les Églises chrétiennes, en premier lieu l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les Églises orientales chrétiennes doivent aujourd’hui s’allier et agir de concert. Nous devons absolument former une alliance des Églises de tradition apostolique, nous permettant de discuter ensemble des problèmes et des défis du monde contemporain. Il faut également créer des structures d’information informelles, qui proposeraient une information objective, vérifiée et régulièrement mise à jour sur les évènements intéressant les destinées de l’Église et du monde. Les formes traditionnelles de collaboration entre les Églises sont aujourd’hui insuffisantes, nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien.
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[1] Long gone are those periods in our history when it was possible to have an innate sense of the actual identity of God, or a moral assurance as to the purpose or providence of God. No longer is the name of God evoked at the center of life and understanding; it is now spoken only at the peripheries, in those boundary situations where understanding and experience break down. God has increasingly and ever more comprehensively become for us a name of total and ultimate mystery, a mystery in the presence of which we can neither act nor speak (T. J. J. Altizer, The Descent into Hell. A Study of the Radical Reversal of the Christian Consciousness, The Seabury Press, N.-Y. 1979, р. 98).
[2] Il nostro tempo “lascia aperta anche l’ipotesi di un ricupero su vasta scala dei valori religiosi… Il vuoto di Dio può trasformarsi in vuoto per Dio” (G. Morra, Il quarto uomo. Postmodernità o crisi della modernità? Roma 1996, p. 127)
La conférence du métropolite Hilarion à l’Université de Lugano (Suisse)
Il est parfois reproché à P.O. de ne pas laisser s’exprimer les « inakomysliachtchie », ceux qui pensent « autrement ».
Pour essayer de nous dédouaner, voici le podcast d’une émission diffusée dimanche le 5 novembre sur les fréquences ondes courtes de Radio Free Europe - "Radio Liberty" (Свобода), reliquat de la guerre froide émettant de Prague et financé par le Congrès des Etats-Unis.
Il s’agit de la cathédrale Saint Nicolas. Les auditeurs pourront savourer la parfaite maîtrise du russe des intervenants, dont la "comtesse" Ouvaroff, quasi incompréhensible. L’animateur, Jacob Krotov, un prêtre non canonique (« Eglise autocéphale d’Ukraine ») massacre à souhait les noms de ses interlocuteurs. Le père Jean Gueit parle de « concubinage » (sojytelstvo) entre juridictions, et bien d’autres choses à l’avenant.
Pour essayer de nous dédouaner, voici le podcast d’une émission diffusée dimanche le 5 novembre sur les fréquences ondes courtes de Radio Free Europe - "Radio Liberty" (Свобода), reliquat de la guerre froide émettant de Prague et financé par le Congrès des Etats-Unis.
Il s’agit de la cathédrale Saint Nicolas. Les auditeurs pourront savourer la parfaite maîtrise du russe des intervenants, dont la "comtesse" Ouvaroff, quasi incompréhensible. L’animateur, Jacob Krotov, un prêtre non canonique (« Eglise autocéphale d’Ukraine ») massacre à souhait les noms de ses interlocuteurs. Le père Jean Gueit parle de « concubinage » (sojytelstvo) entre juridictions, et bien d’autres choses à l’avenant.
L’essentiel de l’argumentation développée par Michel Sollogoub, secrétaire du Conseil de l’Archevêché, revient à dire que l’Eglise russe est asservie à l’Etat et consiste de « marionnettes » manipulées par le gouvernement, etc. Gouvernement comportant essentiellement « les héritiers directs des assassins de nos ancêtres… ».
Les dispositions du droit civil et celles du droit canon sont passées au mixer au point d’en devenir indiscernables.
Enfin, deux de nos contributeurs, Séraphin Rehbinder et Nikita Krivochéine, sont nommément cités (en bonne part) par l’auteur d’un coup de fil bienveillant.
Nous espérons que ceux qui nous estiment de parti pris seront satisfaits de pouvoir écouter cette émission, si toutefois ils auront la patience d’aller jusqu’au bout. Et voici "Svoboda"
Les dispositions du droit civil et celles du droit canon sont passées au mixer au point d’en devenir indiscernables.
Enfin, deux de nos contributeurs, Séraphin Rehbinder et Nikita Krivochéine, sont nommément cités (en bonne part) par l’auteur d’un coup de fil bienveillant.
Nous espérons que ceux qui nous estiment de parti pris seront satisfaits de pouvoir écouter cette émission, si toutefois ils auront la patience d’aller jusqu’au bout. Et voici "Svoboda"
Eglise Notre-Dame d''Auvers, Place de l'Eglise, Auvers-sur-Oise, France. Renseignements: Père Gregor Prichodko, tél. : 06.82.64.67.17; mail : gregorpr@hotmail.com
Concert du Chœur du Séminaire orthodoxe russe en France sous la direction de Dimitri Garmonov. Au programme : chef-d’oeuvres du chant liturgique orthodoxe et chants traditionnels russes. Entrée libre. Panier à la sortie. Eglise chauffée!!!
Le président russe Dmitri Medvedev a qualifié samedi de miracle la renaissance de l'Eglise orthodoxe russe en 20 ans, lors d'une rencontre avec le Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies au forum-exposition "Russie orthodoxe" à Moscou."C'est un vrai miracle. A vrai dire, je ne pouvais pas imaginer il y a 15 ou 20 ans que la renaissance de la foi orthodoxe en Russie serait si rapide", a indiqué M.Medvedev.
"A présent, l'Eglise collabore fructueusement avec les institutions publiques et les organisations non gouvernementales russes grâce aux efforts de l'Etat et du patriarche. Ces dernières années, nous avons réussi à réaliser des projets importants dont nous avons longtemps discuté sans les mettre en œuvre pour différentes raisons", a noté le président russe.
"A présent, l'Eglise collabore fructueusement avec les institutions publiques et les organisations non gouvernementales russes grâce aux efforts de l'Etat et du patriarche. Ces dernières années, nous avons réussi à réaliser des projets importants dont nous avons longtemps discuté sans les mettre en œuvre pour différentes raisons", a noté le président russe.
Il a notamment salué l'intégration des éléments de la culture religieuse dans le programme scolaire. Les élèves de 10.000 écoles étudient cette discipline dans 21 entités de la Fédération de Russie, a précisé le président.
Les éléments de la culture religieuse seront enseignés dans toutes les écoles russes à partir de la prochaine année scolaire, a conclu M.Medvedev. SUITE Ria novosti
Д.Медведев назвал чудом быстрое возрождение православия в РФ
"Двадцать лет назад я не мог себе представить, что обретение веры для огромного числа наших сограждан пойдет такими темпами", — заявил президент на встрече с представителями православной общественности.
Он также отметил плодотворность сотрудничества Русской православной церкви с государственными и общественными институтами. По мнению главы государства, такой успех - во многом следствие усилий патриарха, священнослужителей, а также позиции государства.
К государственно-церковным начинаниями Д.Медведев отнес, прежде всего, введение в школьную программу основ религиозной культуры.
Российский лидер напомнил, что в настоящее время этот предмет изучается в 10 тыс. школ в 21 регионе страны. Кроме того, Д.Медведев намерен поручить министерству обороны активнее развивать деятельность священников в армии.
Les éléments de la culture religieuse seront enseignés dans toutes les écoles russes à partir de la prochaine année scolaire, a conclu M.Medvedev. SUITE Ria novosti
Д.Медведев назвал чудом быстрое возрождение православия в РФ
"Двадцать лет назад я не мог себе представить, что обретение веры для огромного числа наших сограждан пойдет такими темпами", — заявил президент на встрече с представителями православной общественности.
Он также отметил плодотворность сотрудничества Русской православной церкви с государственными и общественными институтами. По мнению главы государства, такой успех - во многом следствие усилий патриарха, священнослужителей, а также позиции государства.
К государственно-церковным начинаниями Д.Медведев отнес, прежде всего, введение в школьную программу основ религиозной культуры.
Российский лидер напомнил, что в настоящее время этот предмет изучается в 10 тыс. школ в 21 регионе страны. Кроме того, Д.Медведев намерен поручить министерству обороны активнее развивать деятельность священников в армии.
"La Croix" F.-X. M. (avec Parlons d’orthodoxie)
Le métropolite Volodimir de Kiev a été hospitalisé dimanche 30 octobre. Selon le service de presse de l’Église orthodoxe d’Ukraine (dans la juridiction du Patriarcat de Moscou), les médecins jugent son état de santé « préoccupant ».
Âgé de 76 ans, Volodimir était sorti de l’hôpital à la fin du mois de septembre après une opération faisant suite à une fracture du col du fémur. Cette intervention, menée avec succès, a eu lieu le 16 septembre dernier. Le clergé de l’Église orthodoxe d’Ukraine demande aux fidèles de prier avec ferveur pour le rétablissement de leur primat, qui dirige l’Église ukrainienne depuis 1992.
Le métropolite Volodimir de Kiev a été hospitalisé dimanche 30 octobre. Selon le service de presse de l’Église orthodoxe d’Ukraine (dans la juridiction du Patriarcat de Moscou), les médecins jugent son état de santé « préoccupant ».
Âgé de 76 ans, Volodimir était sorti de l’hôpital à la fin du mois de septembre après une opération faisant suite à une fracture du col du fémur. Cette intervention, menée avec succès, a eu lieu le 16 septembre dernier. Le clergé de l’Église orthodoxe d’Ukraine demande aux fidèles de prier avec ferveur pour le rétablissement de leur primat, qui dirige l’Église ukrainienne depuis 1992.
Juridiction automne au sein du Patriarcat de Moscou, l’Église orthodoxe d’Ukraine revêt une importance symbolique extrêmement forte au-delà de ses frontières, en particulier pour l’orthodoxie russe, qui tient son origine du baptême du grand prince Vladimir de Kiev en 988.
L’importance symbolique et stratégique de l’Église d’Ukraine
Selon la tradition, les envoyés du prince Vladimir de Kiev étaient revenus subjugués par les liturgies byzantines, ce qui l’incita à se tourner vers le christianisme byzantin. Sous la pression des invasions mongoles, cette métropole finit par s’installer à Moscou (1328), qui devint peu à peu le centre religieux de la Russie.
L’Ukraine s’impose également comme un lieu stratégique pour l’avenir du dialogue entre Rome et Moscou, du fait de la présence d’une importante communauté gréco-catholique dans le pays. Majoritaire en Ukraine, l’Église orthodoxe russe juge en effet la présence d’une Église catholique de rite byzantin comme une marque de prosélytisme sur son propre territoire canonique, même si les rapports entre orthodoxes et gréco-catholiques semblent se détendre.
De l’issue de ce processus de dialogue dépend la tenue d’une rencontre entre le patriarche Kirill de Moscou et Benoît XVI, qui serait une première historique, et qui pourrait, selon certains observateurs, survenir dans les mois ou les années à venir.
L’importance symbolique et stratégique de l’Église d’Ukraine
Selon la tradition, les envoyés du prince Vladimir de Kiev étaient revenus subjugués par les liturgies byzantines, ce qui l’incita à se tourner vers le christianisme byzantin. Sous la pression des invasions mongoles, cette métropole finit par s’installer à Moscou (1328), qui devint peu à peu le centre religieux de la Russie.
L’Ukraine s’impose également comme un lieu stratégique pour l’avenir du dialogue entre Rome et Moscou, du fait de la présence d’une importante communauté gréco-catholique dans le pays. Majoritaire en Ukraine, l’Église orthodoxe russe juge en effet la présence d’une Église catholique de rite byzantin comme une marque de prosélytisme sur son propre territoire canonique, même si les rapports entre orthodoxes et gréco-catholiques semblent se détendre.
De l’issue de ce processus de dialogue dépend la tenue d’une rencontre entre le patriarche Kirill de Moscou et Benoît XVI, qui serait une première historique, et qui pourrait, selon certains observateurs, survenir dans les mois ou les années à venir.
On apprend avec tristesse que l'archiprêtre Georges Drobot est décédé cette nuit vers 2 h 30 du matin.
MEMOIRE ETERNELLE !
P. Georges a beaucoup fait pour que le skite de Tous-les-Saints-russes de Mourmelon (Saint-Hilaire) poursuive sa mission après le décès du dernier moine — le P. Job, d'heureuse mémoire. Paralysé depuis plusieurs années, P. Georges avait dû abandonner toute activité, et c'est son fils P. André qui assure la vie liturgique au skite.
Nous sommes de tout cœur avec la famille Drobot, et prions pour le repos de l'âme de P. Georges dont c'était hier l'anniversaire de la naissance.Moinillon
MEMOIRE ETERNELLE !
P. Georges a beaucoup fait pour que le skite de Tous-les-Saints-russes de Mourmelon (Saint-Hilaire) poursuive sa mission après le décès du dernier moine — le P. Job, d'heureuse mémoire. Paralysé depuis plusieurs années, P. Georges avait dû abandonner toute activité, et c'est son fils P. André qui assure la vie liturgique au skite.
Nous sommes de tout cœur avec la famille Drobot, et prions pour le repos de l'âme de P. Georges dont c'était hier l'anniversaire de la naissance.Moinillon
L’archiprêtre mitré Georges Drobot est décédé, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2011, jour de la fête de l’icône Notre-Dame-de-Kazan, à la Maison russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, des suites d’une longue maladie. Il venait d’entrer dans sa 87e année. Prêtre et iconographe, spécialiste de la théologie de l’icône, le père Georges était le doyen du clergé de l’Archevêché en années de prêtrise, puisqu’il a accompli son ministère pastoral pendant cinquante-huit ans.
Le père Georges Drobot était né le 2 novembre 1925, à Kharkov, en Ukraine. Fils de Nicolas Drobot. Après l’invasion allemande en juin 1941, il est pris, avec les membres de sa famille, par les services du travail obligatoire et envoyé comme « ost-arbeiter » à Berlin. A la fin de la guerre, lui et son frère, Vsevolode, qui plus tard deviendra également prêtre aux Etats-Unis dans l’Eglise russe hors-frontières, évitent la rapatriement forcé en Union soviétique prévu selon une clause de la conférence de Yalta sur la restitution des soi disant « collaborateurs soviétiques ». Il connaît alors le sort des centaines de milliers de « D.P. » (displaced persons) qui doivent fuir à travers l’Europe pour éviter une mort certaine. Passant par l’Autriche et l’Italie, il arrive finalement à Paris et s’inscrit à l’Institut Saint-Serge, en 1948, où il a comme co-disciples, entre autres, Georges Wagner (futur archevêque), Michel Storojenko (futur protodiacre, puis évêque) ou encore Boris Bobrinskoy (par la suite protopresbytre et doyen de l’Institut). Ses maîtres à l’Institut sont surtout l’archimandrite Cyrpien Kern et le professeur Antoine Kartacheff. A Rome, puis à Paris, Georges Drobot apprend auprès de peintres d’icônes, dont certains issus des cercles des vieux-croyants, l’art de l’icône et il devient lui-même un iconographe de talent, dans la lignée des maîtres des XIVe-XVe siècles, au dessein sobre, maîtrisant parfaitement les techniques traditionnelles de la tempera et de l’or appliqué à la feuille. Après avoir terminé sa licence en théologie, il épouse Myrianne Tichonicky, la nièce du métropolite Vladimir qui dirigea l’Exarchat de 1946 à 1959. C’est le métropolite Vladimir qui l’ordonne au diaconat, le 4 décembre 1952 (fête de l’Entrée de la Mère de Dieu au temple), et à la prêtrise, le 19 janvier 1953 (fête de la Théophanie), à chaque fois en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, à Paris.
Après son ordination, le père Georges est envoyé comme prêtre dans l’Est de la France. Il est d’abord le recteur de la très modeste paroisse de Morhange, en Moselle, une communauté très pauvre d’ouvriers de la métallurgie, où les conditions de vie pour lui et sa famille sont extrêmement difficiles. En 1954, il reçoit aussi la responsabilité de la petite paroisse de la Sainte-Trinité, à Montbéliard, dans le Doubs, dont il s’occupera régulièrement jusqu’à la fin des années 1990. Il réalisera notamment l’iconostase de la chapelle orthodoxe installée en 1956, à son initiative, avec l’accord de la municipalité franc-comtoise, dans l’une des tours médiévales du château des Wurtemberg. De 1956 à 1963, le père Georges remplace le recteur de l’église Saint-Spyridon, à Rueil-Malmaison, puis, de 1963 à 1988, il succède au père Cyprien Kern comme recteur de l’église des Saints-Constantin-et-Hélène, à Clamart, tout en résidant auprès de l’Institut Saint-Serge, à Paris, où il célèbre régulièrement les offices de semaine pendant de longues années. Il travaille également à la ciergerie diocésaine, installée à l’époque sur la colline Saint-Serge, sous le petit appartement qu’il occupe avec sa famille et qui lui sert aussi à la fois d’atelier d’artiste et de salle de cours pour ses élèves. En 1974, il est élevé à la dignité d’archiprêtre par l’archevêque Georges (Tarassov) et dessert, pendant quelques mois, en 1979, l’église de la Transfiguration à Stockholm, après le décès de son recteur, l’évêque Stéphane (Timtchenko). Dans les années 1950-1960, il est membre du comité missionnaire diocésain de l’Archevêché et est un membre actif de l’association « Icône » avec laquelle il expose certaines de ses œuvres lors d’expositions à Paris. Il participe aussi à plusieurs reprises, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, aux pèlerinages diocésains en Terre Sainte, organisés à l’époque sous la conduite de l’évêque Romain (Zolotoff). Il se rend également en pèlerinage au Mont-Athos et dans les monastères de Serbie.
En 1973, le père Georges soutient une thèse de doctorat, à l’Institut catholique de Paris, sur la théologie de l’icône de la Nativité du Christ. Cette thèse sera ensuite publiée, en 1975, aux éditions de l’abbaye de Bellefontaine, sous le titre L’icône de la Nativite : un corollaire et un moyen de formulation du dogme de l’Incarnation (n° 15 série « Spiritualité orientale » ; 2e éd., 1980 ; 3e éd., 1996), et traduite également en italien. Il intervient lors des congrès de l’Action chrétienne des étudiants russes et publie dans les revues Vestnik RKhD et Contacts des articles sur le sens de l’icône. De longues années durant, il donne des cycles de conférences sur les icônes et assure des ateliers pratiques d’apprentissage de l’écriture de l’icône, à Paris, dans le cadre des Ateliers des beaux-arts de la Ville, mais aussi lors de stages dans d’autres villes de France et d’Europe ou auprès de communautés monastiques catholiques, comme les Petites Sœurs de Bethléem, et même à Moscou où il est invité, après la chute du régime soviétique, à restaurer les fresques de l’une des églises historiques de la capitale russe.
Très proche de la communauté des moniales de Bussy-en-Othe, où il s’arrête souvent sur la route qui le conduit de Paris à Montbéliard, et de son confesseur, l’archimandrite Job (1896-1986), qui vit seul en ermite, depuis 1945, au skit de Tous-les-Saints-Russes à Mourmelon-le-Grand, le père Georges avait promis à ce dernier de s’occuper du skit de Mourmelon après sa mort. Au milieu des années 1980, il supervise la construction d’une nouvelle église, selon le projet élaboré du vivant encore de père Job, par l’une de ses élèves, une iconographe finlandaise de confession luthérienne, Liisa Kuningas. L’église, tout en bois, est établie sur les modèles de l’architecture religieuse traditionnelle de la Russie du Nord. Elle est préparée en Finlande et ensuite assemblée à Mourmelon sur l’emplacement de l’ancienne chapelle du skit. Le père Georges et ses élèves assurent ensuite la réalisation de l’iconostase et des icônes intérieures. L’église est consacrée, en novembre 1988, par l’archevêque Georges (Wagner) qui nomme le père Georges responsable du skit avec le titre de « ktitor » (fondateur) de la nouvelle église. Pendant plus de dix ans, fidèle à l’engagement pris auprès du père Job d’empêcher la disparition de l’ermitage, le père Georges vient célébrer à Mourmelon régulièrement les dimanches et les jours de fêtes pour les fidèles orthodoxes d’origine diverses - Russes, mais aussi Serbes, Français et même Japonais -, disséminés dans cette partie de la plaine champenoise. A la fin des années 1990, le père Georges Drobot s’était installé, près de l’un de ses enfants, à Strasbourg. Le 2 novembre 2003 (le jour même où avait lieu l’ordination à la prêtrise de l’un de ses fils, le père André, dans l’église du skit de Mourmelon), l’archevêque Gabriel lui avait conféré la distinction de la mitre pour marquer le 50e anniversaire de son ordination à la prêtrise. Quelque mois plus tard, après une commotion cérébrale, le père Georges Drobot avait dû être hospitalisé et, paralysé depuis lors, il ne pouvait plus célébrer. Récemment, il avait été transféré de Strasbourg à la maison de retraite de Sainte-Geneviève-des-Bois, où il pouvait régulièrement assister à la liturgie dominicale et communier dans la chapelle de la Maison russe.
Le père Georges Drobot était marié, père de huit enfants, dont deux disparus tragiquement, et plusieurs fois grand-père. Mémoire éternelle !
Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale
..............................................................
ДРОБОТ Георгий (Георгий Николаевич)
(2 ноября 1925, Харьков)
Протоиерей, иконописец.
Сын отца Георгия (Дробота). Отец Г.Г. Дробота. В эмиграции во Франции. Окончил Богословский институт в Париже. В 1953 посвящен в диаконы. Настоятель православного прихода в Моранже (департамент Мозель) (1953—1955), затем настоятель церкви Святой Троицы в Монбельяре (департамент Ду). Исполнял также с 1957 обязанности настоятеля церкви Святого Спиридона Тримифунтского в Рюэль-Мальмезоне (под Парижем). Протоиерей. Член Епархиального миссионерского комитета. В 1960-е занялся иконописью, оформил храмы в Кламаре (под Парижем) и Мурмелоне (департамент Марна). Член Общества «Икона» в Париже.
В 1967 участник выставки современных икон, организованной на Сергиевском подворье по случаю 40-летия Общества «Икона». Выступал с докладами о русской иконе на собраниях Русского студенческого христианского движения (РСХД).
В 1973 защитил в Католическом институте диссертацию на звание доктора богословских наук на тему «Иконография Рождества Христова». Автор книги «Icône de la Nativité» (издана в Бегроль-ан-Мож, департамент Мен и Луара, 1975). В 1980-е настоятель храма Святых. Константина и Елены в Кламаре (под Парижем).
ПРАВОСЛАВИЕ И МИР
Православный скит всех святых, в земле Российской просиявших, в Мурмелоне (Франция)
Le père Georges Drobot était né le 2 novembre 1925, à Kharkov, en Ukraine. Fils de Nicolas Drobot. Après l’invasion allemande en juin 1941, il est pris, avec les membres de sa famille, par les services du travail obligatoire et envoyé comme « ost-arbeiter » à Berlin. A la fin de la guerre, lui et son frère, Vsevolode, qui plus tard deviendra également prêtre aux Etats-Unis dans l’Eglise russe hors-frontières, évitent la rapatriement forcé en Union soviétique prévu selon une clause de la conférence de Yalta sur la restitution des soi disant « collaborateurs soviétiques ». Il connaît alors le sort des centaines de milliers de « D.P. » (displaced persons) qui doivent fuir à travers l’Europe pour éviter une mort certaine. Passant par l’Autriche et l’Italie, il arrive finalement à Paris et s’inscrit à l’Institut Saint-Serge, en 1948, où il a comme co-disciples, entre autres, Georges Wagner (futur archevêque), Michel Storojenko (futur protodiacre, puis évêque) ou encore Boris Bobrinskoy (par la suite protopresbytre et doyen de l’Institut). Ses maîtres à l’Institut sont surtout l’archimandrite Cyrpien Kern et le professeur Antoine Kartacheff. A Rome, puis à Paris, Georges Drobot apprend auprès de peintres d’icônes, dont certains issus des cercles des vieux-croyants, l’art de l’icône et il devient lui-même un iconographe de talent, dans la lignée des maîtres des XIVe-XVe siècles, au dessein sobre, maîtrisant parfaitement les techniques traditionnelles de la tempera et de l’or appliqué à la feuille. Après avoir terminé sa licence en théologie, il épouse Myrianne Tichonicky, la nièce du métropolite Vladimir qui dirigea l’Exarchat de 1946 à 1959. C’est le métropolite Vladimir qui l’ordonne au diaconat, le 4 décembre 1952 (fête de l’Entrée de la Mère de Dieu au temple), et à la prêtrise, le 19 janvier 1953 (fête de la Théophanie), à chaque fois en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, à Paris.
Après son ordination, le père Georges est envoyé comme prêtre dans l’Est de la France. Il est d’abord le recteur de la très modeste paroisse de Morhange, en Moselle, une communauté très pauvre d’ouvriers de la métallurgie, où les conditions de vie pour lui et sa famille sont extrêmement difficiles. En 1954, il reçoit aussi la responsabilité de la petite paroisse de la Sainte-Trinité, à Montbéliard, dans le Doubs, dont il s’occupera régulièrement jusqu’à la fin des années 1990. Il réalisera notamment l’iconostase de la chapelle orthodoxe installée en 1956, à son initiative, avec l’accord de la municipalité franc-comtoise, dans l’une des tours médiévales du château des Wurtemberg. De 1956 à 1963, le père Georges remplace le recteur de l’église Saint-Spyridon, à Rueil-Malmaison, puis, de 1963 à 1988, il succède au père Cyprien Kern comme recteur de l’église des Saints-Constantin-et-Hélène, à Clamart, tout en résidant auprès de l’Institut Saint-Serge, à Paris, où il célèbre régulièrement les offices de semaine pendant de longues années. Il travaille également à la ciergerie diocésaine, installée à l’époque sur la colline Saint-Serge, sous le petit appartement qu’il occupe avec sa famille et qui lui sert aussi à la fois d’atelier d’artiste et de salle de cours pour ses élèves. En 1974, il est élevé à la dignité d’archiprêtre par l’archevêque Georges (Tarassov) et dessert, pendant quelques mois, en 1979, l’église de la Transfiguration à Stockholm, après le décès de son recteur, l’évêque Stéphane (Timtchenko). Dans les années 1950-1960, il est membre du comité missionnaire diocésain de l’Archevêché et est un membre actif de l’association « Icône » avec laquelle il expose certaines de ses œuvres lors d’expositions à Paris. Il participe aussi à plusieurs reprises, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, aux pèlerinages diocésains en Terre Sainte, organisés à l’époque sous la conduite de l’évêque Romain (Zolotoff). Il se rend également en pèlerinage au Mont-Athos et dans les monastères de Serbie.
En 1973, le père Georges soutient une thèse de doctorat, à l’Institut catholique de Paris, sur la théologie de l’icône de la Nativité du Christ. Cette thèse sera ensuite publiée, en 1975, aux éditions de l’abbaye de Bellefontaine, sous le titre L’icône de la Nativite : un corollaire et un moyen de formulation du dogme de l’Incarnation (n° 15 série « Spiritualité orientale » ; 2e éd., 1980 ; 3e éd., 1996), et traduite également en italien. Il intervient lors des congrès de l’Action chrétienne des étudiants russes et publie dans les revues Vestnik RKhD et Contacts des articles sur le sens de l’icône. De longues années durant, il donne des cycles de conférences sur les icônes et assure des ateliers pratiques d’apprentissage de l’écriture de l’icône, à Paris, dans le cadre des Ateliers des beaux-arts de la Ville, mais aussi lors de stages dans d’autres villes de France et d’Europe ou auprès de communautés monastiques catholiques, comme les Petites Sœurs de Bethléem, et même à Moscou où il est invité, après la chute du régime soviétique, à restaurer les fresques de l’une des églises historiques de la capitale russe.
Très proche de la communauté des moniales de Bussy-en-Othe, où il s’arrête souvent sur la route qui le conduit de Paris à Montbéliard, et de son confesseur, l’archimandrite Job (1896-1986), qui vit seul en ermite, depuis 1945, au skit de Tous-les-Saints-Russes à Mourmelon-le-Grand, le père Georges avait promis à ce dernier de s’occuper du skit de Mourmelon après sa mort. Au milieu des années 1980, il supervise la construction d’une nouvelle église, selon le projet élaboré du vivant encore de père Job, par l’une de ses élèves, une iconographe finlandaise de confession luthérienne, Liisa Kuningas. L’église, tout en bois, est établie sur les modèles de l’architecture religieuse traditionnelle de la Russie du Nord. Elle est préparée en Finlande et ensuite assemblée à Mourmelon sur l’emplacement de l’ancienne chapelle du skit. Le père Georges et ses élèves assurent ensuite la réalisation de l’iconostase et des icônes intérieures. L’église est consacrée, en novembre 1988, par l’archevêque Georges (Wagner) qui nomme le père Georges responsable du skit avec le titre de « ktitor » (fondateur) de la nouvelle église. Pendant plus de dix ans, fidèle à l’engagement pris auprès du père Job d’empêcher la disparition de l’ermitage, le père Georges vient célébrer à Mourmelon régulièrement les dimanches et les jours de fêtes pour les fidèles orthodoxes d’origine diverses - Russes, mais aussi Serbes, Français et même Japonais -, disséminés dans cette partie de la plaine champenoise. A la fin des années 1990, le père Georges Drobot s’était installé, près de l’un de ses enfants, à Strasbourg. Le 2 novembre 2003 (le jour même où avait lieu l’ordination à la prêtrise de l’un de ses fils, le père André, dans l’église du skit de Mourmelon), l’archevêque Gabriel lui avait conféré la distinction de la mitre pour marquer le 50e anniversaire de son ordination à la prêtrise. Quelque mois plus tard, après une commotion cérébrale, le père Georges Drobot avait dû être hospitalisé et, paralysé depuis lors, il ne pouvait plus célébrer. Récemment, il avait été transféré de Strasbourg à la maison de retraite de Sainte-Geneviève-des-Bois, où il pouvait régulièrement assister à la liturgie dominicale et communier dans la chapelle de la Maison russe.
Le père Georges Drobot était marié, père de huit enfants, dont deux disparus tragiquement, et plusieurs fois grand-père. Mémoire éternelle !
Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale
..............................................................
ДРОБОТ Георгий (Георгий Николаевич)
(2 ноября 1925, Харьков)
Протоиерей, иконописец.
Сын отца Георгия (Дробота). Отец Г.Г. Дробота. В эмиграции во Франции. Окончил Богословский институт в Париже. В 1953 посвящен в диаконы. Настоятель православного прихода в Моранже (департамент Мозель) (1953—1955), затем настоятель церкви Святой Троицы в Монбельяре (департамент Ду). Исполнял также с 1957 обязанности настоятеля церкви Святого Спиридона Тримифунтского в Рюэль-Мальмезоне (под Парижем). Протоиерей. Член Епархиального миссионерского комитета. В 1960-е занялся иконописью, оформил храмы в Кламаре (под Парижем) и Мурмелоне (департамент Марна). Член Общества «Икона» в Париже.
В 1967 участник выставки современных икон, организованной на Сергиевском подворье по случаю 40-летия Общества «Икона». Выступал с докладами о русской иконе на собраниях Русского студенческого христианского движения (РСХД).
В 1973 защитил в Католическом институте диссертацию на звание доктора богословских наук на тему «Иконография Рождества Христова». Автор книги «Icône de la Nativité» (издана в Бегроль-ан-Мож, департамент Мен и Луара, 1975). В 1980-е настоятель храма Святых. Константина и Елены в Кламаре (под Парижем).
ПРАВОСЛАВИЕ И МИР
Православный скит всех святых, в земле Российской просиявших, в Мурмелоне (Франция)
V.G.
La rencontre des religions à Assise n'est pas du « syncrétisme »
Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier se fait l’avocat des chrétiens d’Orient et souligne que la rencontre des religions à Assise est tout autre chose que du « syncrétisme ».
Le patriarche Bartholomée Ier a en effet pris la parole, ce jeudi matin, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, lors de la Journée d’Assise 2011 pour la justice et la paix dans le monde.
Il met en garde contre « la marginalisation accrue des communautés chrétiennes du Moyen-Orient » : « Dix ans après les événements dramatiques du 11 septembre, a-t-il commenté, et à l’heure où les « printemps arabes » n’ont pas mis fin aux tensions intercommunautaires, la place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë ».
La rencontre des religions à Assise n'est pas du « syncrétisme »
Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier se fait l’avocat des chrétiens d’Orient et souligne que la rencontre des religions à Assise est tout autre chose que du « syncrétisme ».
Le patriarche Bartholomée Ier a en effet pris la parole, ce jeudi matin, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, lors de la Journée d’Assise 2011 pour la justice et la paix dans le monde.
Il met en garde contre « la marginalisation accrue des communautés chrétiennes du Moyen-Orient » : « Dix ans après les événements dramatiques du 11 septembre, a-t-il commenté, et à l’heure où les « printemps arabes » n’ont pas mis fin aux tensions intercommunautaires, la place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë ».
Aux yeux du patriarche de Constantinople, l’esprit d’Assise « possède un sens tout à fait particulier, qui découle de la capacité même des religions à investir le champ sociétal pour y promouvoir de la paix
DÉCRYPTAGE: À l'invitation de Benoît XVI, 300 représentants des 13 grandes traditions religieuses étaient réunis, jeudi, à Assise. Lors de la rencontre «pour la paix» à Assise, Benoît XVI a tenté de sortir les religions du piège dans lequel elles se sont enfermées, c'est-à-dire l'idée que les religions sont les seules causes de violence et de guerre.
On savait Benoît XVI adversaire du risque de syncrétisme lié à des sommets interreligieux comme celui qu'il a présidé jeudi à Assise. Toutes les précautions ont été cette fois prises pour éviter une telle confusion.
Mais le plus fort de la rencontre a été la tentative de ce pape de sortir les religions du piège dans lequel elles se sont enfermées.
Ce piège, c'est accréditer l'idée que les religions sont aujourd'hui les seules causes possibles de violence et de guerre. Preuve implicite: les religions se réunissent pour affirmer que la violence est une déformation de… la religion !
Benoît XVI a fait exploser ce paradigme. Il a poussé à fond l'analyse des causes de la violence. Le terrorisme peut, certes, avoir une origine religieuse, mais la violence s'explique tout autant par le refus de Dieu… Avec, jeudi, l'athéisme d'État et aujourd'hui, l'athéisme pratique où «la violence devient une chose normale». Le Pape a changé la direction du projecteur en le braquant sur le monde «sans Dieu» également générateur de violence.
La seconde façon de sortir de ce piège a été d'élargir ce combat aux non-croyants. Non pas aux athées qui refusent Dieu mais aux agnostiques qui n'osent plus croire à Dieu.
C'était l'autre nouveauté de ce rassemblement. Avoir symboliquement invité des personnalités comme Julia Kristeva(1) au même titre que des leaders religieux pour sortir précisément d'une problématique exclusivement religieuse. Et ne plus «spécialiser» ce combat pour la paix qui n'est pas effectivement du seul ressort des religions (.Jean-Marie Guénois) Le Figaro
Pour Bartholomée Ier la place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë.
Auparavant plusieurs responsables religieux de premier plan - le dalaï-lama, absent, était excusé - avaient pris la parole. Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, a situé l'enjeu de cette rencontre: «La place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë. (…) Nous devons nous lever contre la déformation du message des religions, de ses symboles par les auteurs de la violence. (…) La seule manière de nous lever contre l'instrumentalisation belliciste des religions et condamner fermement les guerres et les conflits et de nous placer comme des médiateurs de paix et de réconciliation.» Le Ffigaro.
Plus de 200 délégations dont 176 de traditions non chrétiennes
Puissance invitante, Benoît XVI n’aura cessé, durant cette journée, de serrer des mains, celles des nombreuses délégations présentes : 176 délégués de traditions religieuses non chrétiennes et non juives (en 1986, ils n’étaient que 28), dont 67 bouddhistes de onze pays, 48 musulmans (ils n’étaient que onze en 1986). Sans oublier, une dizaine de représentants juifs et, évidemment, 31 délégations d’Églises, communautés ecclésiales et organisations chrétiennes mondiales.La Croix
À Paris, l’esprit d’Assise a soufflé aussi sur le Trocadéro
Trente personnalités religieuses se sont réunies jeudi 27 octobre sur l’esplanade des Droits de l’homme à Paris à l’occasion du 25e anniversaire de la rencontre interreligieuse d’Assise. Ils ont fait entendre un vibrant message pour la paix.
La Croix
(1) La seule femme, Julia Kristeva, non croyante déclarée, a appelé à un « humanisme féministe », et à passer de « l’ère du soupçon » à celle du « pari ». La Croix.
DÉCRYPTAGE: À l'invitation de Benoît XVI, 300 représentants des 13 grandes traditions religieuses étaient réunis, jeudi, à Assise. Lors de la rencontre «pour la paix» à Assise, Benoît XVI a tenté de sortir les religions du piège dans lequel elles se sont enfermées, c'est-à-dire l'idée que les religions sont les seules causes de violence et de guerre.
On savait Benoît XVI adversaire du risque de syncrétisme lié à des sommets interreligieux comme celui qu'il a présidé jeudi à Assise. Toutes les précautions ont été cette fois prises pour éviter une telle confusion.
Mais le plus fort de la rencontre a été la tentative de ce pape de sortir les religions du piège dans lequel elles se sont enfermées.
Ce piège, c'est accréditer l'idée que les religions sont aujourd'hui les seules causes possibles de violence et de guerre. Preuve implicite: les religions se réunissent pour affirmer que la violence est une déformation de… la religion !
Benoît XVI a fait exploser ce paradigme. Il a poussé à fond l'analyse des causes de la violence. Le terrorisme peut, certes, avoir une origine religieuse, mais la violence s'explique tout autant par le refus de Dieu… Avec, jeudi, l'athéisme d'État et aujourd'hui, l'athéisme pratique où «la violence devient une chose normale». Le Pape a changé la direction du projecteur en le braquant sur le monde «sans Dieu» également générateur de violence.
La seconde façon de sortir de ce piège a été d'élargir ce combat aux non-croyants. Non pas aux athées qui refusent Dieu mais aux agnostiques qui n'osent plus croire à Dieu.
C'était l'autre nouveauté de ce rassemblement. Avoir symboliquement invité des personnalités comme Julia Kristeva(1) au même titre que des leaders religieux pour sortir précisément d'une problématique exclusivement religieuse. Et ne plus «spécialiser» ce combat pour la paix qui n'est pas effectivement du seul ressort des religions (.Jean-Marie Guénois) Le Figaro
Pour Bartholomée Ier la place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë.
Auparavant plusieurs responsables religieux de premier plan - le dalaï-lama, absent, était excusé - avaient pris la parole. Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, a situé l'enjeu de cette rencontre: «La place des religions dans les fermentations du monde reste ambiguë. (…) Nous devons nous lever contre la déformation du message des religions, de ses symboles par les auteurs de la violence. (…) La seule manière de nous lever contre l'instrumentalisation belliciste des religions et condamner fermement les guerres et les conflits et de nous placer comme des médiateurs de paix et de réconciliation.» Le Ffigaro.
Plus de 200 délégations dont 176 de traditions non chrétiennes
Puissance invitante, Benoît XVI n’aura cessé, durant cette journée, de serrer des mains, celles des nombreuses délégations présentes : 176 délégués de traditions religieuses non chrétiennes et non juives (en 1986, ils n’étaient que 28), dont 67 bouddhistes de onze pays, 48 musulmans (ils n’étaient que onze en 1986). Sans oublier, une dizaine de représentants juifs et, évidemment, 31 délégations d’Églises, communautés ecclésiales et organisations chrétiennes mondiales.La Croix
À Paris, l’esprit d’Assise a soufflé aussi sur le Trocadéro
Trente personnalités religieuses se sont réunies jeudi 27 octobre sur l’esplanade des Droits de l’homme à Paris à l’occasion du 25e anniversaire de la rencontre interreligieuse d’Assise. Ils ont fait entendre un vibrant message pour la paix.
La Croix
(1) La seule femme, Julia Kristeva, non croyante déclarée, a appelé à un « humanisme féministe », et à passer de « l’ère du soupçon » à celle du « pari ». La Croix.
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