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Par Vladimir GOLOVANOV
Jubilé orthodoxe au Japon
L'Eglise orthodoxe du Japon (site en japonais pour les curieux), autonome au sein du patriarcat de Moscou, a fêté cette année un double jubilé: le 40e anniversaire de son statut d'Eglise autonome et le 40ème anniversaire de la canonisation en 1970 de Saint Nicolas du Japon 1836-1912, égal aux apôtres. (voici son icône)
Le développement de cette Église est une illustration typique de ce que le père Jean Meyendorf définissait comme "le but canonique et missionnaire du patriarcat de Moscou" (1): fonder une Église pour les autochtones et lui donner l'autonomie, voir l'autocéphalie les cas échéant. En effet, l'Orthodoxie fut développée au Japon à partir de 1861 par le père hièromoine Nicolas Kassatkin, qui devait être canonisé en 1970. Missionnaire infatigable, il traduisit le Nouveau Testament et les principaux textes liturgiques, et fonda un centre missionnaire particulièrement dynamique (1870) où 20 000 personnes furent baptisées en quelques années. On lui doit aussi la majestueuse cathédrale de la Résurrection, au centre de Tokyo (1891, reconstruite après le tremblement de terre de 1923); elle s'appelle d'ailleurs toujours en japonais Nikolaï-do, "la maison de Nicolas". Sacré évêque en 1880, il fut nommé à la tête du diocèse de Tokyo et du Japons à sa création (1906) et resta à sa tête jusqu'é ce que le Seigneur le rappelle à Lui (1912).
Son diocèse se vit reconnaître le statut d'Église autonome par le patriarcat de Moscou en 1970.
L'Eglise est actuellement composée de trois diocèses (Tokyo, Kyoto, Sendaï), et compte 150 paroisses pour environ 30 000 fidèles, 40 clercs japonais formés au séminaire de Tokyo (fondé par Saint Nicolas en 1829) et une communauté monastique depuis 2005. L'Église publie un journal en japonais: Seikyo-Jiho ("Messager orthodoxe"). Depuis mai 2000 son primat est le métropolite Daniel (Jude NASHIRO), Japonais de souche lui aussi et l'Église orthodoxe du Japon fait partie du Conseil œcuménique des Églises (COE) depuis 1973.
Une délégation dirigée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, responsable du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, s'est rendue au Japon pour la commémoration du double jubilé. Des liturgies eucharistiques solennelles ont été célébrées à l'église Notre Dame de Toute Protection (Pokrov) d'Osaka (10 octobre 2010) et à Tokyo (12 octobre), dans l'Église Saint Alexandre Nevsky, consacrée en 2008, qui fait partie du métochion du patriarcat de Moscou à Tokyo. Dans leurs homélies, Mgr Daniel et Mgr Hilarion ont souligné le rôle essentiel de ce métochion qui symbolise l'unité et la communion des enfants des Églises de Russie et du Japon, et qui est aussi "une maison pour tous les orthodoxes russophones du Japon". J'imagine que mes lecteurs comprendront que, en traduisant cela, je ne pense pas uniquement au Japon, mais aussi au rôle que sera appelé à jouer chez nous, au bord de la Seine, le futur Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe
(1)"Son but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle". In nécrologie de p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow)
L'Eglise est actuellement composée de trois diocèses (Tokyo, Kyoto, Sendaï), et compte 150 paroisses pour environ 30 000 fidèles, 40 clercs japonais formés au séminaire de Tokyo (fondé par Saint Nicolas en 1829) et une communauté monastique depuis 2005. L'Église publie un journal en japonais: Seikyo-Jiho ("Messager orthodoxe"). Depuis mai 2000 son primat est le métropolite Daniel (Jude NASHIRO), Japonais de souche lui aussi et l'Église orthodoxe du Japon fait partie du Conseil œcuménique des Églises (COE) depuis 1973.
Une délégation dirigée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, responsable du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, s'est rendue au Japon pour la commémoration du double jubilé. Des liturgies eucharistiques solennelles ont été célébrées à l'église Notre Dame de Toute Protection (Pokrov) d'Osaka (10 octobre 2010) et à Tokyo (12 octobre), dans l'Église Saint Alexandre Nevsky, consacrée en 2008, qui fait partie du métochion du patriarcat de Moscou à Tokyo. Dans leurs homélies, Mgr Daniel et Mgr Hilarion ont souligné le rôle essentiel de ce métochion qui symbolise l'unité et la communion des enfants des Églises de Russie et du Japon, et qui est aussi "une maison pour tous les orthodoxes russophones du Japon". J'imagine que mes lecteurs comprendront que, en traduisant cela, je ne pense pas uniquement au Japon, mais aussi au rôle que sera appelé à jouer chez nous, au bord de la Seine, le futur Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe
(1)"Son but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle". In nécrologie de p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow)
Rédigé par Vladimir Golovanow le 18 Septembre 2012 à 09:24
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Si la nature elle-même induit l’idée de la prière, les hommes aussi ont marqué de leur empreinte, la foi qui les animait. Et c’est ainsi qu’une quantité de chapelles et églises orthodoxes – avant que les Ottomans n’étendent ici leur empire – furent creusées dans la pierre ou même bâties au cœur des villages. Dans une église troglodyte où l’on reste muet devant l’iconographie encore si vive du Christ et des apôtres.
Marcher sur les sentiers de la Cappadoce, région historique d’Asie mineure, en plein cœur de la Turquie, c’est comme arpenter une autre planète où la géologie a fait tant et si bien que rien ne saurait nous être familier, si ce n’est, entre les incroyables surgissements rocheux, quelque petit champ d’une vigne plus ou moins abandonnée, une douce prairie telle un havre d’humidité bienfaisante ou bien un morceau de terre cultivé par un vieux paysan qui occupe ainsi sa journée à biner, sarcler, gratter le sol pour en tirer de jolies courges ou quelques tomates et poivrons savoureux.
Marcher sur les sentiers de la Cappadoce, région historique d’Asie mineure, en plein cœur de la Turquie, c’est comme arpenter une autre planète où la géologie a fait tant et si bien que rien ne saurait nous être familier, si ce n’est, entre les incroyables surgissements rocheux, quelque petit champ d’une vigne plus ou moins abandonnée, une douce prairie telle un havre d’humidité bienfaisante ou bien un morceau de terre cultivé par un vieux paysan qui occupe ainsi sa journée à biner, sarcler, gratter le sol pour en tirer de jolies courges ou quelques tomates et poivrons savoureux.
Là-haut, en cette matinée où se dessine nettement au loin le plus grand volcan de la région – le mont Erciyes qui culmine à 3 916 mètres et dont on perçoit le chapeau enneigé –, le soleil tape déjà avec une certaine franchise, ce qui laisse augurer des heures… transpirantes !
Les pigeonniers source de richesse
L’équipée avance sans mollir le long de la vallée Rouge (ou rousse ou rose, selon la lumière), appelée ainsi en raison de la couleur de la pierre et de la terre. À la pause, notre guide, Ali Bumin (son nom veut dire « chouette », en turc), 43 ans, ancien professeur d’histoire, explique : « Vous êtes en ce moment sur un territoire qui a vu passer environ vingt-trois civilisations. Et bien, malgré tout ce temps, la fleur de jujubier y sent toujours aussi bon ! »
S’approche alors un homme avec sa binette sur le dos. Il s’enquiert de savoir de quel pays viennent les randonneurs. Mais sans doute a-t-il déjà deviné : les Français sont les plus férus de marche à pied. Quant aux Allemands ou bien aux Canadiens, ils préfèrent, paraît-il, faire la Cappadoce en autobus. Ce qui, hélas pour eux, risque de les tenir éloignés des sites les plus fantastiques.
M. Muzaffer, tel est son nom, raconte qu’il cultive ici la terre de ses ancêtres, et qu’il possède un pigeonnier. Taillées dans la roche à l’aide de morceaux d’obsidienne, une pierre issue des irruptions volcaniques, ces demeures de pigeons ont fait la richesse du pays durant des siècles : d’une part, les oiseaux et leurs œufs composaient la nourriture protéinée des populations locales, d’autre part, la fiente de ces volatiles assurait aux champs une fertilité enviée de la Turquie entière.
Reliefs oniriques
Frigiens, Assyriens, Hitites, Perses, tous ont su s’adapter à ce paysage qui peut paraître hostile, avec ses pics et ses pointes comme autant d’aspérités qu’il faut contourner sans arrêt, mais qui ont l’immense mérite de faire rire ou de faire rêver.La vallée de l’amour, autre sentier autour de Göreme, en est un exemple criant. Car l’on y passe de formes arrondies évoquant à merveille le corps féminin à d’autres viriles sculptures naturelles. La dépression la plus profonde s’appelle la vallée aux Moines. Encapuchonnés, comme marchant par petits groupes le dos légèrement voûté, le bréviaire en mains, ils sont en réalité totalement immobiles puisqu’ils ne sont que placides rochers entre lesquels l’érosion a fait de siècles en siècles son lent travail de sape.
Si la nature elle-même induit l’idée de la prière, les hommes aussi ont marqué de leur empreinte, la foi qui les animait. Et c’est ainsi qu’une quantité de chapelles et églises orthodoxes – avant que les Ottomans n’étendent ici leur empire – furent creusées dans la pierre ou même bâties au cœur des villages. « On en a dénombré plus de 3 500 dans toute la Cappadoce », assure notre guide, lui-même ému par la présence de ces chrétiens des premiers siècles, grecs pour la grande majorité, qui devaient souvent se cacher des envahisseurs.
Un patrimoine façonné par les Grecs
Aujourd’hui, la Turquie est officiellement un pays laïque, néanmoins de plus en plus islamisé, ce qui ne réjouit guère Ali qui affirme que sa génération n’est pas dans cet état d’esprit, lui-même se sentant plus proche du chamanisme, lequel, issu de la Sibérie, s’était autrefois introduit par l’Est jusqu’en Asie mineure.
Toujours est-il que sur les chemins de la Cappadoce, les promeneurs s’émerveillent de voir combien demeurent en bon état apparent tous ces vestiges de ferveur. Dans une église troglodyte où l’on reste muet devant l’iconographie encore si vive du Christ et des apôtres, Ali annonce, implacable : « Vous serez parmi les derniers à pouvoir jouir de ce spectacle unique, car en 2016, nombre d’églises seront fermées aux visiteurs. ».....SUITE "La Croix"
LOUIS de COURCY à GÖREME (Turquie)
Les pigeonniers source de richesse
L’équipée avance sans mollir le long de la vallée Rouge (ou rousse ou rose, selon la lumière), appelée ainsi en raison de la couleur de la pierre et de la terre. À la pause, notre guide, Ali Bumin (son nom veut dire « chouette », en turc), 43 ans, ancien professeur d’histoire, explique : « Vous êtes en ce moment sur un territoire qui a vu passer environ vingt-trois civilisations. Et bien, malgré tout ce temps, la fleur de jujubier y sent toujours aussi bon ! »
S’approche alors un homme avec sa binette sur le dos. Il s’enquiert de savoir de quel pays viennent les randonneurs. Mais sans doute a-t-il déjà deviné : les Français sont les plus férus de marche à pied. Quant aux Allemands ou bien aux Canadiens, ils préfèrent, paraît-il, faire la Cappadoce en autobus. Ce qui, hélas pour eux, risque de les tenir éloignés des sites les plus fantastiques.
M. Muzaffer, tel est son nom, raconte qu’il cultive ici la terre de ses ancêtres, et qu’il possède un pigeonnier. Taillées dans la roche à l’aide de morceaux d’obsidienne, une pierre issue des irruptions volcaniques, ces demeures de pigeons ont fait la richesse du pays durant des siècles : d’une part, les oiseaux et leurs œufs composaient la nourriture protéinée des populations locales, d’autre part, la fiente de ces volatiles assurait aux champs une fertilité enviée de la Turquie entière.
Reliefs oniriques
Frigiens, Assyriens, Hitites, Perses, tous ont su s’adapter à ce paysage qui peut paraître hostile, avec ses pics et ses pointes comme autant d’aspérités qu’il faut contourner sans arrêt, mais qui ont l’immense mérite de faire rire ou de faire rêver.La vallée de l’amour, autre sentier autour de Göreme, en est un exemple criant. Car l’on y passe de formes arrondies évoquant à merveille le corps féminin à d’autres viriles sculptures naturelles. La dépression la plus profonde s’appelle la vallée aux Moines. Encapuchonnés, comme marchant par petits groupes le dos légèrement voûté, le bréviaire en mains, ils sont en réalité totalement immobiles puisqu’ils ne sont que placides rochers entre lesquels l’érosion a fait de siècles en siècles son lent travail de sape.
Si la nature elle-même induit l’idée de la prière, les hommes aussi ont marqué de leur empreinte, la foi qui les animait. Et c’est ainsi qu’une quantité de chapelles et églises orthodoxes – avant que les Ottomans n’étendent ici leur empire – furent creusées dans la pierre ou même bâties au cœur des villages. « On en a dénombré plus de 3 500 dans toute la Cappadoce », assure notre guide, lui-même ému par la présence de ces chrétiens des premiers siècles, grecs pour la grande majorité, qui devaient souvent se cacher des envahisseurs.
Un patrimoine façonné par les Grecs
Aujourd’hui, la Turquie est officiellement un pays laïque, néanmoins de plus en plus islamisé, ce qui ne réjouit guère Ali qui affirme que sa génération n’est pas dans cet état d’esprit, lui-même se sentant plus proche du chamanisme, lequel, issu de la Sibérie, s’était autrefois introduit par l’Est jusqu’en Asie mineure.
Toujours est-il que sur les chemins de la Cappadoce, les promeneurs s’émerveillent de voir combien demeurent en bon état apparent tous ces vestiges de ferveur. Dans une église troglodyte où l’on reste muet devant l’iconographie encore si vive du Christ et des apôtres, Ali annonce, implacable : « Vous serez parmi les derniers à pouvoir jouir de ce spectacle unique, car en 2016, nombre d’églises seront fermées aux visiteurs. ».....SUITE "La Croix"
LOUIS de COURCY à GÖREME (Turquie)
Le 4 septembre 2012, à la veille de sa visite primatiale au Japon, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a répondu aux questions des correspondants des grands médias japonais reçus à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel.
Compagnie de télévision NHK : Cette année, nous célébrons le 100e anniversaire de la mort de saint Nicolas du Japon. Quels sont les enjeux de la visite de Votre Sainteté au Japon ? Quelle appréciation donnerait Votre Sainteté de la vie de saint Nicolas du Japon ? Pensez-vous que sa vie contienne des éléments de modernité et si oui, quel est leur sens pour aujourd’hui ? Aucun traité de paix n’a à ce jour été signé, malheureusement, entre la Russie et le Japon. Par ailleurs, le président V. Poutine espère beaucoup des relations russo-japonaises. Sainteté, quelles sont, selon vous, les perspectives de développement des relations russo-japonaises ?
Patriarche Cyrille : Je commencerais par la fin et dirais qu’à mon avis nos perspectives de relations bilatérales sont excellentes. Nous sommes voisins, nous vivons les uns à côté des autres, beaucoup de choses nous lient, et l’Église orthodoxe est l’un de ces liens. Saint Nicolas est arrivé à Hokkaido il y a 150 ans, et c’est là qu’a commencé la magnifique mission qui a conduit à la création de l’Église orthodoxe japonaise.
Compagnie de télévision NHK : Cette année, nous célébrons le 100e anniversaire de la mort de saint Nicolas du Japon. Quels sont les enjeux de la visite de Votre Sainteté au Japon ? Quelle appréciation donnerait Votre Sainteté de la vie de saint Nicolas du Japon ? Pensez-vous que sa vie contienne des éléments de modernité et si oui, quel est leur sens pour aujourd’hui ? Aucun traité de paix n’a à ce jour été signé, malheureusement, entre la Russie et le Japon. Par ailleurs, le président V. Poutine espère beaucoup des relations russo-japonaises. Sainteté, quelles sont, selon vous, les perspectives de développement des relations russo-japonaises ?
Patriarche Cyrille : Je commencerais par la fin et dirais qu’à mon avis nos perspectives de relations bilatérales sont excellentes. Nous sommes voisins, nous vivons les uns à côté des autres, beaucoup de choses nous lient, et l’Église orthodoxe est l’un de ces liens. Saint Nicolas est arrivé à Hokkaido il y a 150 ans, et c’est là qu’a commencé la magnifique mission qui a conduit à la création de l’Église orthodoxe japonaise.
J’aimerais souligner qu’à cette époque les relations entre le Japon et la Russie étaient très compliquées. L’archevêque Nicolas a traversé les dures années de la guerre russo-japonaise. Il semblait qu’il ne pouvait rien arriver de pire : les deux pays étaient en état de guerre. Et ce n’était pas une guerre sur le papier : on se tirait dessus. L’archevêque Nicolas, qui vivait au Japon, partageait la vie du peuple japonais. Personne ne voyait en lui un représentant d’un état ennemi. Il était réellement un ambassadeur, pas un simple émissaire de paix, mais un ambassadeur qui montrait respect et amour envers le peuple japonais malgré le contexte politique difficile et même dangereux.
Cela montre que les liens religieux entre les deux peuples ont un grand potentiel. Les hommes politiques œuvrent suivant les principes du pragmatisme politique. Les économistes, les hommes d’affaires sont mûs par les concepts de bénéfice, de plus-value. Les liens spirituels et culturels concernent les cœurs. Ces liens se mettent en place au niveau du cœur humain, c’est pourquoi on peut parvenir à une véritable réconciliation entre des peuples avec la participation active de la religion.
J’accorde une grande importance à ma visite. D’abord parce qu’elle me permettra de prier avec les orthodoxes japonais, de me souvenir d’un grand homme, d’un saint qui a consacré toute sa vie au Japon, qui s’est identifié au peuple japonais, qui a porté au peuple japonais la foi orthodoxe.
Par ailleurs, cette visite me permettra de visiter les lieux où vécut saint Nicolas et qui nous intéressent, nous en Russie. Mon voyage commencera par Hakodaté. J’arriverai à Hokkaido et referai le chemin de l’archevêque Nicolas.
J’ai l’intention de me rendre à Sendai, là où le peuple japonais a subi de plein fouet la violence des eaux. Vous savez que plusieurs églises orthodoxes ont été détruites. Sendai est le centre du diocèse oriental-japonais de l’Église orthodoxe au Japon et j’aimerais redire mon soutien au peuple japonais, prier avec les gens, commémorer les victimes, soutenir ceux qui ont perdu des parents et des proches.
Je présume que j’aurai des rencontres avec les représentants des autorités à Hokkaido et à Sendai. J’attends également de rencontrer Sa Majesté l’Empereur du Japon. En 2000, mon prédécesseur avait rencontré l’Empereur du Japon, et cette rencontre avait suscité une réaction très positive dans le monde entier, particulièrement en Russie. J’aimerais rencontrer cet homme remarquable qui apporte une si grande contribution à l’instauration de relations amicales entre les peuples.
Compagnie de télévision NHK: En Russie comme au Japon, l’Église est séparée de l’état suivant la Constitution. En même temps, l’Église orthodoxe russe influence visiblement fortement la politique du président V. Poutine. L’Église, dans l’Empire russe, était religion d’état. Ensuite, du temps de l’URSS, elle a été persécutée par le régime athéiste. Forte d’une histoire aussi complexe, comment l’Église orthodoxe russe définit-elle actuellement ses rapports avec l’état ? En quoi, suivant l’Église, consiste la responsabilité politique et sociale de l’Église en tant que principale communauté religieuse en Russie ?
Patriarche Cyrille: L’histoire de l’Église orthodoxe russe est particulièrement dramatique. Avant la révolution, sous l’Empire, elle était incluse – indépendamment de sa volonté, pratiquement par la contrainte – à l’appareil étatique dont elle faisait partie. L’empereur était le chef de l’Église, toutes les décisions prises au nom de l’Église l’étaient en fait par les autorités civiles. Le statut de l’Église comme Église d’état, avec la participation active de l’état dans la direction de l’Église, lui a fait le plus grand tort. D’une certaine façon, le fait même de la révolution peut être rattaché au fait que l’Église n’avait pas, à l’époque, la possibilité de s’adresser librement à son peuple, y compris de dire la vérité sur la situation politique et économique, d’adresser au peuple une parole de réconciliation et de soutien : c’était interdit. Le tsar parlait au nom de l’Église.
Après la révolution, l’Église a été pratiquement anéantie. Des dizaines de milliers de prêtres, d’évêques, de moines, de moniales, des centaines de milliers de fidèles ont subi des répressions, et ensuite, pour la plupart, été fusillés. Leur seule faute était de ne pas correspondre aux normes idéologiques mises en place par l’état. Ils étaient considérés comme des ennemis idéologiques du régime. Aucune autre communauté religieuse du monde n’a autant souffert. Il s’agit pratiquement d’un génocide, de l’élimination des orthodoxes en Russie, dans l’ex-Union Soviétique.
Lorsque la Russie, de même que l’Ukraine, la Biélorussie et d’autres pays sont devenus des états libres, nous avons compris qu’était venu le temps où nous pouvions mettre en place un modèle convenable de relations entre l’Église et l’état. Nous avons clairement perçu que l’Église ne devait être imbriquée dans l’état, qu’il ne devait pas y avoir étatisation de l’Église, car la perte de la liberté dans la prise de décisions revient pour l’Église à diminuer ses moyens d’influence sur la société. Nous avons élaboré les principes de relations entre l’Église et l’état qui supposent leur autonomie, leur non-ingérence mutuelle dans les affaires des uns et des autres. En tant qu’Église, nous sommes libres de parler en notre nom, indépendamment de la position de l’état. Nos opinions se rejoignent sur un grand nombre de points, mais il y a des questions où elles ne coïncident pas tout à fait et d’autres sur lesquelles nous sommes en opposition. C’est ainsi que j’ai demandé il y a quelques temps que l’on introduise à la législation un certain nombre de positions concernant la défense de la famille, de l’enfance, concernant les avortements. Mes demandes n’ont pas été totalement entendues. C’est pourquoi lorsque l’on dit qu’en Russie l’Église est étroitement liée à l’état, ce n’est pas vrai, cela n’existe pas.
Quelle est la situation ? Nous collaborons sur certains problèmes tant au niveau fédéral qu’au niveau local. Nous collaborons dans la restauration des monuments culturels, dans l’éducation morale de la génération montante, nous collaborons dans le domaine de la culture. Notre collaboration dans le domaine social est particulièrement importante en ce moment. Nous collaborons également sur le plan du travail avec la jeunesse, c’est-à-dire dans les domaines où l’Église croit possible de collaborer.
Nous n’avons pas pour objectif d’influencer la politique des hommes d’état. Mais nous nous adressons au peuple, y compris aux autorités, nous leur adressons notre parole. Nous portons à notre peuple certaines valeurs, en premier lieu, naturellement, des valeurs morales, et nous insistons sur le fait que le principe moral doit être à la base de toute politique. La politique sans base morale ne profite ni à ceux qui mettent en place cette politique, ni à ceux qui sont l’objet de cette politique. C’est pourquoi, lorsqu’on parle de l’influence de l’Église sur la vie politique, c’est d’influence morale et non politique qu’il s’agit.
Il y a eu une époque, après la chute de l’Union Soviétique, où l’on nous conseillait vivement d’entrer en politique. La société cherchait alors une alternative au parti communiste. Il n’y avait rien pour le remplacer car il n’y avait pas d’autres partis. On s’est adressé à l’Église pour lui demander d’entrer en politique, d’envoyer des représentants au parlement ; on nous proposait même de choisir un candidat au poste de Président. Nous avons décliné toutes ces propositions, malgré les critiques de ceux qui disaient qu’à une heure difficile de l’histoire nous abandonnions notre peuple en rejetant toute responsabilité politique. Nous répondions que nous ne pouvions pas, que nos convictions nous interdisaient d’accepter des responsabilités politiques.
L’Église n’est pas un organisme politique. D’un autre côté, en exerçant une influence morale sur les rapports publics et personnels, l’Église influence indirectement la politique. Je pense qu’elle influence aussi la vie sociale. D’une certaine façon, elle influence aussi la manière de mener les affaires. Il y a des règles morales élaborées par l’Église que nous prêchons activement, parce que nous estimons que les affaires doivent aussi être fondées sur des principes moraux : il est intolérable de multiplier le mensonge, de commettre des crimes en menant une activité économique. En d’autres termes, l’Église est concernée par toutes les sphères d’activité publique, mais elle n’est pas concernée de façon pragmatique. Elle ne se fixe pas pour but d’obtenir certains privilèges, d’élargir son influence, elle aspire à porter aux gens la parole de la vérité chrétienne en se fondant sur l’Évangile. Telle est notre position.
Nos détracteurs colportent souvent des histoire, des histoires qui se répandent dans le monde entier car les clichés se répandent très facilement. Les clichés n’exigent pas d’effort intellectuel. On vous propose un cliché : l’Église en Russie est imbriquée dans l’état. Et les gens s’en vont répétant : « Vous savez, en Russie l’Église est imbriquée dans l’état ». Ou encore : « L’Église influence Poutine ». Donc c’est vrai, l’Église influence Poutine. En fait, peut-être l’Église a-t-elle une influence sur sa personne d’un point de vue chrétien, je n’en sais rien, je n’ai jamais mesuré le niveau de cette influence. D’autant que nous voulons influencer tout le monde, les hommes politiques comme les gens simples pour que le principe moral qu’enseigne l’Église soit intégré dans la conscience de notre peuple.
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Journal national « Iomiouri » : Sainteté, permettez-nous de vous poser la question suivante. La Russie est en plein développement économique, elle s’affirme politiquement et élargit son influence dans le monde tandis que grandit son importance culturelle. Quel rôle joue l’Église orthodoxe russe dans ce processus ? A quel point collabore-t-elle activement avec les Églises orthodoxes d’autres pays, par exemple de Grèce ou de Serbie ? Aide-t-elle à la restauration des églises ou à relever les sanctuaires de ces pays ?
Patriarche Cyrille: L’Église russe rassemble les fidèles orthodoxes de la Fédération de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, des Pays Baltes, soit d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, du Kazakhstan et des républiques asiatiques de l’ex-URSS. Par ailleurs, nous avons une très grande diaspora, on avance différents chiffres, mais ce sont plusieurs millions de personnes dispersées dans le monde entier. Nous avons la responsabilité pastorale de toutes ces personnes.
Concernant la diaspora, nous construisons des églises, nous ouvrons des écoles, nous participons avec l’état au travail culturel en aidant les gens à apprendre le russe. Dans beaucoup de pays nous aidons nos gens à s’intégrer dans la société où ils vivent. Notre approche est la suivante : nous sommes contre l’assimilation, nous sommes contre le fait que les Russes qui vivent en Amérique, en Allemagne ou ailleurs cessent d’être des Russes. Nous voulons qu’ils restent Russes, porteurs de la langue russe, orthodoxes. Mais nous sommes pour le fait qu’ils soient aptes à travailler et à vivre dans leurs nouvelles sociétés, qu’ils en connaissent les lois et soient prêts à les observer, qu’ils trouvent du travail et travaillent chacun selon sa spécialité. Il arrive souvent qu’un médecin à l’étranger ne puisse pas travailler en tant que médecin, de même que beaucoup d’autres spécialistes, qui ne sont pas considérés comme suffisamment qualifiés par les sociétés locales. En d’autres termes, nous nous efforçons de veiller sur nos gens de la diaspora.
Nous ne relions pas directement ce travail avec le renforcement du rôle et de l’importance de la Fédération de Russie dans les relations internationales parce que notre travail, encore une fois, n’est pas politique. Nous nous préoccupons des âmes humaines, des consciences humaines, de la culture. Nous le faisions même aux temps difficiles de l’Union soviétique. Nous continuons à le faire dans les conditions de liberté, peut-être plus efficacement et à plus grande envergure.
Quant aux relations avec les autres Églises orthodoxes, elles ont toujours existé. Même pendant la Seconde guerre mondiale nous avons maintenu nos relations avec les orthodoxes d’Orient. Dès la fin de la guerre, le patriarche Alexis I, mon prédécesseur, a rendu visite aux Patriarcats du Proche-Orient. Nous avons toujours agi de concert avec les Églises orthodoxes locales, y compris durant la période soviétique, et nous poursuivons ce travail maintenant. Et lorsqu’il se produit un malheur quelque part, nous nous efforçons de venir en aide.
Actuellement, l’Église serbe souffre beaucoup, particulièrement au Kosovo, de la destruction des monuments chrétiens, des églises, des monastères. Les Serbes vivent dans un environnement hostile, ils risquent souvent leur vie. C’est pourquoi nous aspirons à les soutenir, nous collectons des fonds pour la restauration des monuments, pour la construction d’un séminaire au Kosovo, pour différents projets sociaux, comme le projet dit « Cantine populaire » afin de nourrir les gens qui en ont besoin. Nous continuerons à l’avenir, car nous sommes solidaires des orthodoxes qui traversent des difficultés, même s’ils sont loin de la Russie.
J’aimerais dire la même chose de la Grèce. La Grèce est un pays européen naguère encore prospère. Elle traverse aujourd’hui une crise extrêmement grave. Bien qu’il y ait des gens riches en Grèce, et des gens à revenus moyens, beaucoup sont devenus pauvres. L’Église orthodoxe grecque nourrit ces pauvres, les gens qui n’ont plus de toit, qui ont tout perdu. Nous récoltons des fonds pour soutenir l’Église grecque dans son aide aux malheureux.......
SUITE Mospat
Cela montre que les liens religieux entre les deux peuples ont un grand potentiel. Les hommes politiques œuvrent suivant les principes du pragmatisme politique. Les économistes, les hommes d’affaires sont mûs par les concepts de bénéfice, de plus-value. Les liens spirituels et culturels concernent les cœurs. Ces liens se mettent en place au niveau du cœur humain, c’est pourquoi on peut parvenir à une véritable réconciliation entre des peuples avec la participation active de la religion.
J’accorde une grande importance à ma visite. D’abord parce qu’elle me permettra de prier avec les orthodoxes japonais, de me souvenir d’un grand homme, d’un saint qui a consacré toute sa vie au Japon, qui s’est identifié au peuple japonais, qui a porté au peuple japonais la foi orthodoxe.
Par ailleurs, cette visite me permettra de visiter les lieux où vécut saint Nicolas et qui nous intéressent, nous en Russie. Mon voyage commencera par Hakodaté. J’arriverai à Hokkaido et referai le chemin de l’archevêque Nicolas.
J’ai l’intention de me rendre à Sendai, là où le peuple japonais a subi de plein fouet la violence des eaux. Vous savez que plusieurs églises orthodoxes ont été détruites. Sendai est le centre du diocèse oriental-japonais de l’Église orthodoxe au Japon et j’aimerais redire mon soutien au peuple japonais, prier avec les gens, commémorer les victimes, soutenir ceux qui ont perdu des parents et des proches.
Je présume que j’aurai des rencontres avec les représentants des autorités à Hokkaido et à Sendai. J’attends également de rencontrer Sa Majesté l’Empereur du Japon. En 2000, mon prédécesseur avait rencontré l’Empereur du Japon, et cette rencontre avait suscité une réaction très positive dans le monde entier, particulièrement en Russie. J’aimerais rencontrer cet homme remarquable qui apporte une si grande contribution à l’instauration de relations amicales entre les peuples.
Compagnie de télévision NHK: En Russie comme au Japon, l’Église est séparée de l’état suivant la Constitution. En même temps, l’Église orthodoxe russe influence visiblement fortement la politique du président V. Poutine. L’Église, dans l’Empire russe, était religion d’état. Ensuite, du temps de l’URSS, elle a été persécutée par le régime athéiste. Forte d’une histoire aussi complexe, comment l’Église orthodoxe russe définit-elle actuellement ses rapports avec l’état ? En quoi, suivant l’Église, consiste la responsabilité politique et sociale de l’Église en tant que principale communauté religieuse en Russie ?
Patriarche Cyrille: L’histoire de l’Église orthodoxe russe est particulièrement dramatique. Avant la révolution, sous l’Empire, elle était incluse – indépendamment de sa volonté, pratiquement par la contrainte – à l’appareil étatique dont elle faisait partie. L’empereur était le chef de l’Église, toutes les décisions prises au nom de l’Église l’étaient en fait par les autorités civiles. Le statut de l’Église comme Église d’état, avec la participation active de l’état dans la direction de l’Église, lui a fait le plus grand tort. D’une certaine façon, le fait même de la révolution peut être rattaché au fait que l’Église n’avait pas, à l’époque, la possibilité de s’adresser librement à son peuple, y compris de dire la vérité sur la situation politique et économique, d’adresser au peuple une parole de réconciliation et de soutien : c’était interdit. Le tsar parlait au nom de l’Église.
Après la révolution, l’Église a été pratiquement anéantie. Des dizaines de milliers de prêtres, d’évêques, de moines, de moniales, des centaines de milliers de fidèles ont subi des répressions, et ensuite, pour la plupart, été fusillés. Leur seule faute était de ne pas correspondre aux normes idéologiques mises en place par l’état. Ils étaient considérés comme des ennemis idéologiques du régime. Aucune autre communauté religieuse du monde n’a autant souffert. Il s’agit pratiquement d’un génocide, de l’élimination des orthodoxes en Russie, dans l’ex-Union Soviétique.
Lorsque la Russie, de même que l’Ukraine, la Biélorussie et d’autres pays sont devenus des états libres, nous avons compris qu’était venu le temps où nous pouvions mettre en place un modèle convenable de relations entre l’Église et l’état. Nous avons clairement perçu que l’Église ne devait être imbriquée dans l’état, qu’il ne devait pas y avoir étatisation de l’Église, car la perte de la liberté dans la prise de décisions revient pour l’Église à diminuer ses moyens d’influence sur la société. Nous avons élaboré les principes de relations entre l’Église et l’état qui supposent leur autonomie, leur non-ingérence mutuelle dans les affaires des uns et des autres. En tant qu’Église, nous sommes libres de parler en notre nom, indépendamment de la position de l’état. Nos opinions se rejoignent sur un grand nombre de points, mais il y a des questions où elles ne coïncident pas tout à fait et d’autres sur lesquelles nous sommes en opposition. C’est ainsi que j’ai demandé il y a quelques temps que l’on introduise à la législation un certain nombre de positions concernant la défense de la famille, de l’enfance, concernant les avortements. Mes demandes n’ont pas été totalement entendues. C’est pourquoi lorsque l’on dit qu’en Russie l’Église est étroitement liée à l’état, ce n’est pas vrai, cela n’existe pas.
Quelle est la situation ? Nous collaborons sur certains problèmes tant au niveau fédéral qu’au niveau local. Nous collaborons dans la restauration des monuments culturels, dans l’éducation morale de la génération montante, nous collaborons dans le domaine de la culture. Notre collaboration dans le domaine social est particulièrement importante en ce moment. Nous collaborons également sur le plan du travail avec la jeunesse, c’est-à-dire dans les domaines où l’Église croit possible de collaborer.
Nous n’avons pas pour objectif d’influencer la politique des hommes d’état. Mais nous nous adressons au peuple, y compris aux autorités, nous leur adressons notre parole. Nous portons à notre peuple certaines valeurs, en premier lieu, naturellement, des valeurs morales, et nous insistons sur le fait que le principe moral doit être à la base de toute politique. La politique sans base morale ne profite ni à ceux qui mettent en place cette politique, ni à ceux qui sont l’objet de cette politique. C’est pourquoi, lorsqu’on parle de l’influence de l’Église sur la vie politique, c’est d’influence morale et non politique qu’il s’agit.
Il y a eu une époque, après la chute de l’Union Soviétique, où l’on nous conseillait vivement d’entrer en politique. La société cherchait alors une alternative au parti communiste. Il n’y avait rien pour le remplacer car il n’y avait pas d’autres partis. On s’est adressé à l’Église pour lui demander d’entrer en politique, d’envoyer des représentants au parlement ; on nous proposait même de choisir un candidat au poste de Président. Nous avons décliné toutes ces propositions, malgré les critiques de ceux qui disaient qu’à une heure difficile de l’histoire nous abandonnions notre peuple en rejetant toute responsabilité politique. Nous répondions que nous ne pouvions pas, que nos convictions nous interdisaient d’accepter des responsabilités politiques.
L’Église n’est pas un organisme politique. D’un autre côté, en exerçant une influence morale sur les rapports publics et personnels, l’Église influence indirectement la politique. Je pense qu’elle influence aussi la vie sociale. D’une certaine façon, elle influence aussi la manière de mener les affaires. Il y a des règles morales élaborées par l’Église que nous prêchons activement, parce que nous estimons que les affaires doivent aussi être fondées sur des principes moraux : il est intolérable de multiplier le mensonge, de commettre des crimes en menant une activité économique. En d’autres termes, l’Église est concernée par toutes les sphères d’activité publique, mais elle n’est pas concernée de façon pragmatique. Elle ne se fixe pas pour but d’obtenir certains privilèges, d’élargir son influence, elle aspire à porter aux gens la parole de la vérité chrétienne en se fondant sur l’Évangile. Telle est notre position.
Nos détracteurs colportent souvent des histoire, des histoires qui se répandent dans le monde entier car les clichés se répandent très facilement. Les clichés n’exigent pas d’effort intellectuel. On vous propose un cliché : l’Église en Russie est imbriquée dans l’état. Et les gens s’en vont répétant : « Vous savez, en Russie l’Église est imbriquée dans l’état ». Ou encore : « L’Église influence Poutine ». Donc c’est vrai, l’Église influence Poutine. En fait, peut-être l’Église a-t-elle une influence sur sa personne d’un point de vue chrétien, je n’en sais rien, je n’ai jamais mesuré le niveau de cette influence. D’autant que nous voulons influencer tout le monde, les hommes politiques comme les gens simples pour que le principe moral qu’enseigne l’Église soit intégré dans la conscience de notre peuple.
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Journal national « Iomiouri » : Sainteté, permettez-nous de vous poser la question suivante. La Russie est en plein développement économique, elle s’affirme politiquement et élargit son influence dans le monde tandis que grandit son importance culturelle. Quel rôle joue l’Église orthodoxe russe dans ce processus ? A quel point collabore-t-elle activement avec les Églises orthodoxes d’autres pays, par exemple de Grèce ou de Serbie ? Aide-t-elle à la restauration des églises ou à relever les sanctuaires de ces pays ?
Patriarche Cyrille: L’Église russe rassemble les fidèles orthodoxes de la Fédération de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, des Pays Baltes, soit d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, du Kazakhstan et des républiques asiatiques de l’ex-URSS. Par ailleurs, nous avons une très grande diaspora, on avance différents chiffres, mais ce sont plusieurs millions de personnes dispersées dans le monde entier. Nous avons la responsabilité pastorale de toutes ces personnes.
Concernant la diaspora, nous construisons des églises, nous ouvrons des écoles, nous participons avec l’état au travail culturel en aidant les gens à apprendre le russe. Dans beaucoup de pays nous aidons nos gens à s’intégrer dans la société où ils vivent. Notre approche est la suivante : nous sommes contre l’assimilation, nous sommes contre le fait que les Russes qui vivent en Amérique, en Allemagne ou ailleurs cessent d’être des Russes. Nous voulons qu’ils restent Russes, porteurs de la langue russe, orthodoxes. Mais nous sommes pour le fait qu’ils soient aptes à travailler et à vivre dans leurs nouvelles sociétés, qu’ils en connaissent les lois et soient prêts à les observer, qu’ils trouvent du travail et travaillent chacun selon sa spécialité. Il arrive souvent qu’un médecin à l’étranger ne puisse pas travailler en tant que médecin, de même que beaucoup d’autres spécialistes, qui ne sont pas considérés comme suffisamment qualifiés par les sociétés locales. En d’autres termes, nous nous efforçons de veiller sur nos gens de la diaspora.
Nous ne relions pas directement ce travail avec le renforcement du rôle et de l’importance de la Fédération de Russie dans les relations internationales parce que notre travail, encore une fois, n’est pas politique. Nous nous préoccupons des âmes humaines, des consciences humaines, de la culture. Nous le faisions même aux temps difficiles de l’Union soviétique. Nous continuons à le faire dans les conditions de liberté, peut-être plus efficacement et à plus grande envergure.
Quant aux relations avec les autres Églises orthodoxes, elles ont toujours existé. Même pendant la Seconde guerre mondiale nous avons maintenu nos relations avec les orthodoxes d’Orient. Dès la fin de la guerre, le patriarche Alexis I, mon prédécesseur, a rendu visite aux Patriarcats du Proche-Orient. Nous avons toujours agi de concert avec les Églises orthodoxes locales, y compris durant la période soviétique, et nous poursuivons ce travail maintenant. Et lorsqu’il se produit un malheur quelque part, nous nous efforçons de venir en aide.
Actuellement, l’Église serbe souffre beaucoup, particulièrement au Kosovo, de la destruction des monuments chrétiens, des églises, des monastères. Les Serbes vivent dans un environnement hostile, ils risquent souvent leur vie. C’est pourquoi nous aspirons à les soutenir, nous collectons des fonds pour la restauration des monuments, pour la construction d’un séminaire au Kosovo, pour différents projets sociaux, comme le projet dit « Cantine populaire » afin de nourrir les gens qui en ont besoin. Nous continuerons à l’avenir, car nous sommes solidaires des orthodoxes qui traversent des difficultés, même s’ils sont loin de la Russie.
J’aimerais dire la même chose de la Grèce. La Grèce est un pays européen naguère encore prospère. Elle traverse aujourd’hui une crise extrêmement grave. Bien qu’il y ait des gens riches en Grèce, et des gens à revenus moyens, beaucoup sont devenus pauvres. L’Église orthodoxe grecque nourrit ces pauvres, les gens qui n’ont plus de toit, qui ont tout perdu. Nous récoltons des fonds pour soutenir l’Église grecque dans son aide aux malheureux.......
SUITE Mospat
L’Église orthodoxe bulgare se prépare à canoniser prochainement une centaine de martyrs du régime athée de la seconde partie du XXème siècle.
Le métropolite de Lovtcha Gabriel, chef de la commission des canonisations auprès du Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare, a annoncé que les évêques, lors de la session du Saint-Synode de la fin du mois de septembre, examineront les listes des noms des martyrs présentés par les diocèses et fixera la date de la canonisation. Hormis les 100 martyrs connus, il est suggéré de canoniser également le groupe des martyrs inconnus, afin de préserver ainsi la mémoire des nombreux martyrs disparus sans trace au cours de cette période. Il est possible que la canonisation ait lieu à la fin de cette année, mais certains évêques proposent de la fixer à 2013, ce qui permettrait d’étendre et de préciser la liste des néomartyrs. Orthodoxie.com
Le métropolite de Lovtcha Gabriel, chef de la commission des canonisations auprès du Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare, a annoncé que les évêques, lors de la session du Saint-Synode de la fin du mois de septembre, examineront les listes des noms des martyrs présentés par les diocèses et fixera la date de la canonisation. Hormis les 100 martyrs connus, il est suggéré de canoniser également le groupe des martyrs inconnus, afin de préserver ainsi la mémoire des nombreux martyrs disparus sans trace au cours de cette période. Il est possible que la canonisation ait lieu à la fin de cette année, mais certains évêques proposent de la fixer à 2013, ce qui permettrait d’étendre et de préciser la liste des néomartyrs. Orthodoxie.com
Le patriarche Cyrille a demandé au président Poutine de ne pas priver l'église du droit de recevoir des terrains gouvernementaux gratuitement, a écrit mardi le quotidien russe Vedomosti.
La seconde lecture des projets d’amendement du Code civil est prévue pour cet automne. Le projet "affecte les intérêts légitimes des organisations religieuses" de diverses confessions, s'inquiète le patriarche Cyrille dans une lettre adressée à Vladimir Poutine, dont le quotidien s’est procuré une copie. Et notamment le droit des églises, mosquées et synagogues à disposer d’un terrain.Dans la majorité des cas, les parcelles appartiennent à l'Etat ou aux municipalités et depuis 2010, elles peuvent être offertes aux institutions religieuses ou mises gratuitement à leur disposition à long terme.
La seconde lecture des projets d’amendement du Code civil est prévue pour cet automne. Le projet "affecte les intérêts légitimes des organisations religieuses" de diverses confessions, s'inquiète le patriarche Cyrille dans une lettre adressée à Vladimir Poutine, dont le quotidien s’est procuré une copie. Et notamment le droit des églises, mosquées et synagogues à disposer d’un terrain.Dans la majorité des cas, les parcelles appartiennent à l'Etat ou aux municipalités et depuis 2010, elles peuvent être offertes aux institutions religieuses ou mises gratuitement à leur disposition à long terme.
Le nouveau projet de loi les prive justement d'une telle possibilité, écrit le patriarche Cyrille: les propriétaires des édifices situés sur un terrain gouvernemental ou municipal auront seulement le droit de le racheter et l'utilisation gratuite se transformera en une implantation payante. Cette situation pourrait entraîner une "redistribution" des terres, avertit le patriarche, car la majorité des organisations religieuses renoncerait à ses droits sur le terrain faute de pouvoir le payer.
Ni l'agence de statistiques Rosstat ni l'Agence de gestion des biens de l'Etat ne disposent d'informations sur le nombre d'institutions religieuses et les biens qu’elles possèdent. Pour cette raison, il est impossible de calculer les pertes potentielles du système de mise à disposition gratuite des terrains.
D'autres dispositions du projet de loi préoccupent également le patriarche Cyrille. Par exemple, l'adoption éventuelle de normes sur la faillite et la nomination d'un administrateur judiciaire pour les institutions religieuses. L'Etat "ne peut pas s'ingérer dans l'activité intérieure des organisations religieuses", rappelle le patriarche. "Il ne faut pas non plus imposer aux institutions religieuses les exigences habituelles qui s’appliquent aux personnes morales", y compris les règles de formation et de détermination des compétences des organismes de gestion ou encore les notions d'"affiliation" et de "personne dirigeante".
Un autre problème préoccupe l'Eglise orthodoxe russe : l'apparition de nouvelles académies religieuses et monastères. D'après le projet de loi, un minimum de 10 personnes doit s'y associer pour qu’elles soient reconnues - une organisation religieuse centralisée a le "droit de créer à titre de nouvelle organisation religieuse seulement un organisme dirigeant ou de supervision". SUITE RIA novosti
Ni l'agence de statistiques Rosstat ni l'Agence de gestion des biens de l'Etat ne disposent d'informations sur le nombre d'institutions religieuses et les biens qu’elles possèdent. Pour cette raison, il est impossible de calculer les pertes potentielles du système de mise à disposition gratuite des terrains.
D'autres dispositions du projet de loi préoccupent également le patriarche Cyrille. Par exemple, l'adoption éventuelle de normes sur la faillite et la nomination d'un administrateur judiciaire pour les institutions religieuses. L'Etat "ne peut pas s'ingérer dans l'activité intérieure des organisations religieuses", rappelle le patriarche. "Il ne faut pas non plus imposer aux institutions religieuses les exigences habituelles qui s’appliquent aux personnes morales", y compris les règles de formation et de détermination des compétences des organismes de gestion ou encore les notions d'"affiliation" et de "personne dirigeante".
Un autre problème préoccupe l'Eglise orthodoxe russe : l'apparition de nouvelles académies religieuses et monastères. D'après le projet de loi, un minimum de 10 personnes doit s'y associer pour qu’elles soient reconnues - une organisation religieuse centralisée a le "droit de créer à titre de nouvelle organisation religieuse seulement un organisme dirigeant ou de supervision". SUITE RIA novosti
Chers Frères et Sœurs,
Avec la bénédiction de Son Éminence l' évêque de Chersonèse, Nestor, la fête en mémoire de Saint Alexis d' Ugine sera organisée les 15 et 16 septembre 2012 à Ugine, en l’église Saint Nicolas et Saint Alexis, à l’adresse suivante: 38, avenue Paul-Girod - 73400 Ugine
Depuis avril 2012, l'église est dédiée aux grands saints Nicolas le thaumaturge et Alexis d' Ugine.
Le 15 septembre à 18h, seront célébrées les vêpres solennelles en l' honneur du Saint et juste Alexis d' Ugine Le lendemain, 16 septembre, la Divine Liturgie sera célébrée à 10h.
C'est pourquoi nous vous invitons à venir et participer nombreux aux prières communes. Nous vous remercions pour votre contribution au partage festif organisé sur place à la fin de l'office (thé, café, gâteaux salés et sucrés)Contact pour informations:Alexis Daboncourt
Avec la bénédiction de Son Éminence l' évêque de Chersonèse, Nestor, la fête en mémoire de Saint Alexis d' Ugine sera organisée les 15 et 16 septembre 2012 à Ugine, en l’église Saint Nicolas et Saint Alexis, à l’adresse suivante: 38, avenue Paul-Girod - 73400 Ugine
Depuis avril 2012, l'église est dédiée aux grands saints Nicolas le thaumaturge et Alexis d' Ugine.
Le 15 septembre à 18h, seront célébrées les vêpres solennelles en l' honneur du Saint et juste Alexis d' Ugine Le lendemain, 16 septembre, la Divine Liturgie sera célébrée à 10h.
C'est pourquoi nous vous invitons à venir et participer nombreux aux prières communes. Nous vous remercions pour votre contribution au partage festif organisé sur place à la fin de l'office (thé, café, gâteaux salés et sucrés)Contact pour informations:Alexis Daboncourt
Les Russes d'Ugine et l'église orthodoxe Saint-Nicolas
P.O." a récemment publié le récit de la visite effectuée par Monseigneur Nestor, évêque de Chersonèse, qui a vénéré les reliques du juste prêtre Alexis d’Ugine, canonisé par le patriarcat de Constantinople. Le texte qui suit raconte la vie de la communauté d'Ugine au cours des dernières décennies (Traduction V.Golovanow)
2000 Russes viennent à Ugine
Le 13 septembre 1923, Ivan Tistchenko, un cosaque de la stanitsa d’Ouroubskaïa au Kouban, arrive sur le quai de la gare d’Ugine en Savoie. Il a vingt-quatre ans. Il ne sait pas que 2500 autres Russes vont le suivre. Il ne sait pas qu’il va travailler aux aciéries d’Ugine jusqu’à sa retraite, s’y marier trois fois et mourir en 1990 à l’age de 91 ans. Il s’est enrôlé dans l’armée des cosaques du Kouban puis rejoindra l’armée blanche et la suivra dans sa retraite en Crimée.
Il s’embarquera entre le 31 octobre et le 3 novembre 1920 à Théodossia et avec ses 145 000 compagnons de l’armée Wrangel, il gagnera Gallipoli dans l’attente d’une reconquête de la Russie. L’histoire en décidera autrement et les émigrés vont essaimer vers l’Europe, notamment la Bulgarie et l’Estonie où ils retrouveront d’autres Russes réfugiés venant du Nord, Moscou, Saint-Pétersbourg ou Pskov. Pendant plusieurs années, ils vont survivre comme ils peuvent, certains sont bûcherons, d’autres mineurs ou récolteurs de tourbe. Certains vont fonder une famille, d’autres poursuivre leurs études. Leur vie est le plus souvent misérable.
A la même époque, dans les Alpes, plusieurs entreprises cherchent de la main d’œuvre pour leurs usines. La grande saignée de la première guerre mondiale les oblige à recruter à l’étranger. L’existence de nombreux Russes vivant dans des conditions difficiles en Europe de l’Est les incite à ouvrir des bureaux de recrutement à Sofia en Bulgarie et à Tallin en Estonie. C’est ainsi que de 1923 à 1931, 2000 salariés russes vont venir à Ugine en Savoie où les Aciéries vont leur fournir un contrat de travail, un logement et l’occasion de commencer une nouvelle vie dans une nouvelle patrie. La plupart d’entre eux sont des militaires dont une très grande proportion d’officiers. Tous, du général au cosaque, vont débuter comme manœuvres et ils s’acquitteront avec courage et discipline de leur nouveau métier dans des conditions matérielles difficiles. Ils nourrissent l’espoir de repartir bientôt se battre contre un régime qui ne devrait pas durer et ils vont former une communauté vivante et très présente à Ugine.
Très vite on crée une école pour enseigner le russe aux enfants, un cercle, une bibliothèque, une école de musique et de danse, un orchestre, une troupe de théâtre. Mais avant tout, les Russes demandent à la direction de l’usine un local pour installer une église....SUITE
P.O." a récemment publié le récit de la visite effectuée par Monseigneur Nestor, évêque de Chersonèse, qui a vénéré les reliques du juste prêtre Alexis d’Ugine, canonisé par le patriarcat de Constantinople. Le texte qui suit raconte la vie de la communauté d'Ugine au cours des dernières décennies (Traduction V.Golovanow)
2000 Russes viennent à Ugine
Le 13 septembre 1923, Ivan Tistchenko, un cosaque de la stanitsa d’Ouroubskaïa au Kouban, arrive sur le quai de la gare d’Ugine en Savoie. Il a vingt-quatre ans. Il ne sait pas que 2500 autres Russes vont le suivre. Il ne sait pas qu’il va travailler aux aciéries d’Ugine jusqu’à sa retraite, s’y marier trois fois et mourir en 1990 à l’age de 91 ans. Il s’est enrôlé dans l’armée des cosaques du Kouban puis rejoindra l’armée blanche et la suivra dans sa retraite en Crimée.
Il s’embarquera entre le 31 octobre et le 3 novembre 1920 à Théodossia et avec ses 145 000 compagnons de l’armée Wrangel, il gagnera Gallipoli dans l’attente d’une reconquête de la Russie. L’histoire en décidera autrement et les émigrés vont essaimer vers l’Europe, notamment la Bulgarie et l’Estonie où ils retrouveront d’autres Russes réfugiés venant du Nord, Moscou, Saint-Pétersbourg ou Pskov. Pendant plusieurs années, ils vont survivre comme ils peuvent, certains sont bûcherons, d’autres mineurs ou récolteurs de tourbe. Certains vont fonder une famille, d’autres poursuivre leurs études. Leur vie est le plus souvent misérable.
A la même époque, dans les Alpes, plusieurs entreprises cherchent de la main d’œuvre pour leurs usines. La grande saignée de la première guerre mondiale les oblige à recruter à l’étranger. L’existence de nombreux Russes vivant dans des conditions difficiles en Europe de l’Est les incite à ouvrir des bureaux de recrutement à Sofia en Bulgarie et à Tallin en Estonie. C’est ainsi que de 1923 à 1931, 2000 salariés russes vont venir à Ugine en Savoie où les Aciéries vont leur fournir un contrat de travail, un logement et l’occasion de commencer une nouvelle vie dans une nouvelle patrie. La plupart d’entre eux sont des militaires dont une très grande proportion d’officiers. Tous, du général au cosaque, vont débuter comme manœuvres et ils s’acquitteront avec courage et discipline de leur nouveau métier dans des conditions matérielles difficiles. Ils nourrissent l’espoir de repartir bientôt se battre contre un régime qui ne devrait pas durer et ils vont former une communauté vivante et très présente à Ugine.
Très vite on crée une école pour enseigner le russe aux enfants, un cercle, une bibliothèque, une école de musique et de danse, un orchestre, une troupe de théâtre. Mais avant tout, les Russes demandent à la direction de l’usine un local pour installer une église....SUITE
De l'Evangile selon saint Matthieu (Mt 22, 1-14): Le Seigneur dit cette parabole : Il en va du Royaume des cieux comme d’un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. Mais eux ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs chargés de dire aux invités : « Voici j’ai apprêté mon banquet ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont égorgés, tout est prêt, venez aux noces. » Mais eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres, saisissant les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère ; il envoya ses troupes, fit périr ces assassins et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : « La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux places d’où partent les chemins et convoquez à la noce tous ceux que vous trouverez. » Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons. Et la salle de noces fut remplie de convives. Entré pour regarder les convives, le roi aperçut là un homme qui ne portait pas de vêtement de noce. « Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir de vêtement de noce ? » Celui-ci resta muet. Alors le roi dit aux servants : « Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. » Certes, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.
* * *
Alors il dit à ses serviteurs : « La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux places d’où partent les chemins et convoquez à la noce tous ceux que vous trouverez. » Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons. Et la salle de noces fut remplie de convives. Entré pour regarder les convives, le roi aperçut là un homme qui ne portait pas de vêtement de noce. « Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir de vêtement de noce ? » Celui-ci resta muet. Alors le roi dit aux servants : « Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. » Certes, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.
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La parabole que nous venons d’entendre montre, frères et sœurs, que l’invitation qui nous est faite par Dieu, notre Créateur, est aussi gratuite qu’elle est exigeante. La multitude des êtres humains est appelée à prendre part aux noces du Fils de Dieu, mais tous ne seront pas dans l’état qu’exige un festin aussi extraordinaire. Tous nous sommes attendus au banquet eschatologique, mais nous devons nous y rendre dans des habits décents et convenables que réclame la participation à la table vivifiante de la Trinité elle-même.
Il ne faudrait pas nous offusquer, chers amis, du fait que le Seigneur nous rappelle la nécessité d’être adéquatement parés pour le repas éternel du Royaume, il faudrait plutôt nous réjouir de savoir que tous – bons et mauvais, gentils et méchants – tous, nous sommes conviés, de façon totalement gratuite, aux noces du Verbe de Dieu, et tous nous avons le temps et les moyens de revêtir les habits appropriés en y rajoutant même quelques petits bijoux spirituels – fruits de l’amour actif pour Dieu et le prochain.
Quand saint Siméon le Nouveau Théologien – une grande figure de l’Eglise en Orient ayant vécu à la charnière du premier et du deuxième millénaire – relit cette parabole, il se laisse impressionner surtout par le choix de l’épouse pour le Fils unique de Dieu (choix qui n’est pas précisé dans la parabole, mais que la tradition patristique devine aisément) et admire l’extrême humilité et philanthropie du Père. « De qui prend-il la fille pour faire les noces de son Fils ? Vous voulez le savoir ? Mais la grandeur de sa condescendance déroute ma pensée ; je veux le dire et je tremble de le faire […]. C’est la fille de celui qui s’est révolté contre lui, de celui qui a commis meurtre et adultère, autant dire d’un meurtrier et d’un adultère qu’il s’est procurée à lui-même comme épouse ! Tu vois le caractère incomparable et indicible de sa bonté et de sa condescendance ! Tu vois l’excès de son amour pour les hommes ! Tu vois l’immensité de sa charité et de sa bienfaisance ! Apprends donc maintenant avec moi, qui que tu sois, toi qui as une haute opinion de toi-même, à t’abaisser, à modérer tes prétentions, à ne jamais t’élever au-dessus de personne, serais-tu même le plus impérial de tous les empereurs, plus illustre que les sommités, plus riche que tous les riches, lorsque tu vois le Seigneur et Maître de l’univers, le Saint des saints, le Dieu bienheureux et seul souverain, celui qui habite la lumière inaccessible et plus qu’inexprimable, condescendre au point de se procurer la descendante du révolté comme épouse pour son Fils unique, pour l’invisible, l’incompréhensible, l’insondable, l’auteur et le créateur de l’univers, à cause de toi et de ton salut » (Ethique I, 9 : SC 122, p. 247-249).
Porter une robe nuptiale pour le jour où l’univers transfiguré et refaçonné célébrera le mariage du Verbe créateur avec l’Eglise son épouse n’est pas trop demander à ceux qui ont été comblés de tant de grâces par le Père céleste. Ce n’est pas lui qui fermera la porte de ce festin eschatologique devant ceux qu’il a aimés au point de les avoir purifiés par le sang de son Fils unique. Être à la table du Roi des siècles, cela ne vaut-il pas la peine de vendre tout ce qu’on possède pour n’acheter que ce vêtement et se présenter ainsi, en toute simplicité et humilité, devant Celui qui nous a faits et avoir part à sa joie et à son amour de Père ? Je vous souhaite, frères et sœurs, que vous ne vous souciez que d’une chose : vous procurer l’habit nuptial, cousu de charité, de foi et d’espérance, pour pouvoir demeurer éternellement au festin vivifiant du Fils auquel vous êtes conviés par le Père céleste.
Séminaire orthodoxe russe
Il ne faudrait pas nous offusquer, chers amis, du fait que le Seigneur nous rappelle la nécessité d’être adéquatement parés pour le repas éternel du Royaume, il faudrait plutôt nous réjouir de savoir que tous – bons et mauvais, gentils et méchants – tous, nous sommes conviés, de façon totalement gratuite, aux noces du Verbe de Dieu, et tous nous avons le temps et les moyens de revêtir les habits appropriés en y rajoutant même quelques petits bijoux spirituels – fruits de l’amour actif pour Dieu et le prochain.
Quand saint Siméon le Nouveau Théologien – une grande figure de l’Eglise en Orient ayant vécu à la charnière du premier et du deuxième millénaire – relit cette parabole, il se laisse impressionner surtout par le choix de l’épouse pour le Fils unique de Dieu (choix qui n’est pas précisé dans la parabole, mais que la tradition patristique devine aisément) et admire l’extrême humilité et philanthropie du Père. « De qui prend-il la fille pour faire les noces de son Fils ? Vous voulez le savoir ? Mais la grandeur de sa condescendance déroute ma pensée ; je veux le dire et je tremble de le faire […]. C’est la fille de celui qui s’est révolté contre lui, de celui qui a commis meurtre et adultère, autant dire d’un meurtrier et d’un adultère qu’il s’est procurée à lui-même comme épouse ! Tu vois le caractère incomparable et indicible de sa bonté et de sa condescendance ! Tu vois l’excès de son amour pour les hommes ! Tu vois l’immensité de sa charité et de sa bienfaisance ! Apprends donc maintenant avec moi, qui que tu sois, toi qui as une haute opinion de toi-même, à t’abaisser, à modérer tes prétentions, à ne jamais t’élever au-dessus de personne, serais-tu même le plus impérial de tous les empereurs, plus illustre que les sommités, plus riche que tous les riches, lorsque tu vois le Seigneur et Maître de l’univers, le Saint des saints, le Dieu bienheureux et seul souverain, celui qui habite la lumière inaccessible et plus qu’inexprimable, condescendre au point de se procurer la descendante du révolté comme épouse pour son Fils unique, pour l’invisible, l’incompréhensible, l’insondable, l’auteur et le créateur de l’univers, à cause de toi et de ton salut » (Ethique I, 9 : SC 122, p. 247-249).
Porter une robe nuptiale pour le jour où l’univers transfiguré et refaçonné célébrera le mariage du Verbe créateur avec l’Eglise son épouse n’est pas trop demander à ceux qui ont été comblés de tant de grâces par le Père céleste. Ce n’est pas lui qui fermera la porte de ce festin eschatologique devant ceux qu’il a aimés au point de les avoir purifiés par le sang de son Fils unique. Être à la table du Roi des siècles, cela ne vaut-il pas la peine de vendre tout ce qu’on possède pour n’acheter que ce vêtement et se présenter ainsi, en toute simplicité et humilité, devant Celui qui nous a faits et avoir part à sa joie et à son amour de Père ? Je vous souhaite, frères et sœurs, que vous ne vous souciez que d’une chose : vous procurer l’habit nuptial, cousu de charité, de foi et d’espérance, pour pouvoir demeurer éternellement au festin vivifiant du Fils auquel vous êtes conviés par le Père céleste.
Séminaire orthodoxe russe
Les questions sont posées par le journaliste Dimitri Kisselev
Rossya :- Votre Sainteté, l’Eglise a du faire face ces derniers temps à de nombreuses agressions. Je crois qu’il s’agit là d’une manifestation d’anomie, c’est-à-dire d’absence dans la société de valeurs et de points de repères. Cette notion a été décrite au XIX siècle par le sociologue français Emile Durkheim. N’avez-vous pas le sentiment que notre société s’est immergée dans cet état d’anomie ?
Le patriarche Cyrille : - Pour répondre brièvement : ce qui s’est passé et ce qui continue à se produire n’est pas un phénomène fortuit. Je ne peux pas m’empêcher de penser que l’adversaire tâte pour ainsi dire le terrain en lançant ces escarmouches. Comme si quelqu’un sentait le besoin de mesurer l’intensité de la foi et la fidélité des croyants à l’orthodoxie dans notre pays. De nombreux compatriotes ont mis une croix sur la faculté de notre peuple à s’organiser, à défendre ses valeurs, à combattre pour ses idées. Je m’abstiendrai de citer les prises de position humiliantes pour notre peuple de certains personnages qui se considèrent appartenir à « la classe créative ». Ils portent sur notre peuple un regard condescendant. Le séjour récent en Russie de la Ceinture de la Vierge et tout ce dont nous avons été alors témoins sont à la source de ce déchaînement. Des millions de fidèles ont afflué pour vénérer la sainte relique. Certains ont réagi à cette immense manifestation de foi en se disant que le temps était venu pour eux de « quantifier » la ferveur religieuse de notre peuple.
Rossya :- Votre Sainteté, l’Eglise a du faire face ces derniers temps à de nombreuses agressions. Je crois qu’il s’agit là d’une manifestation d’anomie, c’est-à-dire d’absence dans la société de valeurs et de points de repères. Cette notion a été décrite au XIX siècle par le sociologue français Emile Durkheim. N’avez-vous pas le sentiment que notre société s’est immergée dans cet état d’anomie ?
Le patriarche Cyrille : - Pour répondre brièvement : ce qui s’est passé et ce qui continue à se produire n’est pas un phénomène fortuit. Je ne peux pas m’empêcher de penser que l’adversaire tâte pour ainsi dire le terrain en lançant ces escarmouches. Comme si quelqu’un sentait le besoin de mesurer l’intensité de la foi et la fidélité des croyants à l’orthodoxie dans notre pays. De nombreux compatriotes ont mis une croix sur la faculté de notre peuple à s’organiser, à défendre ses valeurs, à combattre pour ses idées. Je m’abstiendrai de citer les prises de position humiliantes pour notre peuple de certains personnages qui se considèrent appartenir à « la classe créative ». Ils portent sur notre peuple un regard condescendant. Le séjour récent en Russie de la Ceinture de la Vierge et tout ce dont nous avons été alors témoins sont à la source de ce déchaînement. Des millions de fidèles ont afflué pour vénérer la sainte relique. Certains ont réagi à cette immense manifestation de foi en se disant que le temps était venu pour eux de « quantifier » la ferveur religieuse de notre peuple.
De jauger dans quelle mesure notre peuple est en mesure de se défendre. Là est, selon moi, la cause profonde des provocations auxquelles nous avons du faire face. Leurs instigateurs ont pu constater qu’ils n’avaient pas affaire à une masse impersonnelle et amorphe mais à un peuple disposé à défendre ses valeurs sacrées.
Rossya : - Ces agressions ne visent pas seulement l’Eglise elles ont pour cible toutes les valeurs authentiques. Font l’objet de cette campagne de dévalorisation l’Eglise, les victimes de la NKVD, la vie humaine, notre passé. Tout ceci suscite plus que du chagrin, c’est indigne !
Le patriarche Cyrille : - Vous avez parfaitement raison. Mais il convient d’ajouter qu’il s’agit d’une campagne qui vise le noyau même de notre civilisation, de notre code culturel. La notion de sainteté a toujours été primordiale dans la vie du peuple. D’où la dénomination « Sainte Russie ». Dénomination qui ne se fondait pas sur le nombre de nos églises : notre vie était placée toute entière sous le signe du sacré et de la sainteté. C’est précisément contre ces notions essentielles, les fondements de nos vies, que sont portées ces attaques.
Mais vous avez raison, c’est à notre échelle de valeurs que l’on s’en prend. Vous venez d’évoquer Durkheim, un penseur qui était très attentif à l’état moral de la société. Il disait que la morale représente à la fois un minimum indispensable et un impératif rigoureux. C’est le pain quotidien de la société qui, si elle en est privée, part en lambeaux. Durkheim avait raison : on ne saurait nier, or c’est précisément ce que l’on fait si souvent, l’importance de la dimension éthique dans les relations sociales. C’est le droit qui serait à la base de tout, c’est la loi qui seraient le ciment de la société. Or, le droit se fonde sur la crainte du châtiment. Nous sommes condamnés à être unis car si nous outrepassions les règles du vivre ensemble nous serions punis. Mais c’est la morale qui est le véritable moteur du vivre ensemble. Elle est la force de cohésion qui nous tient unis. La morale est la valeur fondamentale sans laquelle la communauté humaine vient à se désagréger.
Précisons que ceux qui nient l’existence de Dieu sont ceux qui estiment que la morale est un phénomène mouvant et qu’elle relève de la culture. Si le contexte social vient à changer, la culture et partant la morale s’en trouvent modifiés. En réalité il n’en est rien. Nous avons aujourd’hui le sentiment que tout est mis en œuvre pour ébranler les fondements éthiques du peuple. Mais en vain. Différents instituts de sondage nous disent que la majorité absolue de notre population rejette le blasphème. Le taux de ceux qui approuvent le sacrilège reste dans la marge de l’erreur statistique. La majorité absolue de notre peuple se prononce pour une législation qui freinerait la propagation du péché. Le sentiment éthique est chez nous bien vivant.
Rossya : - Votre Sainteté, l’une des accusations que l’on entend le plus fréquemment consiste à dire que l’Eglise a fusionné avec l’Etat. Comment réagissez-vous à ces affirmations ?
Le patriarche Cyrille : - Ce ne sont que des inventions. Il s’agit là d’une pure élucubration pour ainsi dire « sur mesure ». Pour s’attaquer à l’Eglise il convient de disposer d’arrières philosophiques solides, ces positions de tir, il faut les préparer. Une fable a été inventée, celle de la fusion de l’Eglise et de l’Etat et de la cléricalisation de notre vie. Le but est de démontrer que cette fusion permettrait à l’Eglise de prétendre à diriger vos consciences et votre libre arbitre. C’est là une idéologie mensongère qui tend à se substituer à l’idéologie communiste. On en conclut que l’Eglise est une menace pour nos libertés et qu’elle voudrait contrôler nos consciences.
Essayons d’analyser tout ceci. La fusion avec l’Etat ? Référons nous aux « Fondements de la doctrine sociale de l’Eglise ». Avant de disserter à propos de cette prétendue fusion les journalistes auraient été bien inspirés de parcourir ce document qui traite, entre autre, des relations Eglise-Etat. L’Eglise défend son indépendance, elle estime que c’est seulement libre qu’elle est à même d’exercer son ministère spirituel. Toute étatisation, toute cléricalisation présentent un très grand danger pour la mission de l’Eglise. Souvenons nous de la situation avant la révolution de 1917. Il y avait fusion. Ceci de par la volonté de l’Etat qui s’était approprié l’Eglise. Trouvez moi un seul document, une seule déclaration, une seule intervention du patriarche qui permettraient de nos jours de conclure qu’il y a fusion.
D’où tout cela vient-il ? Au cours des vingt dernières années notre Eglise, celle que l’on accusait de passivité et de ne pas être à la hauteur de sa mission a obtenu d’excellents résultats dans l’instruction religieuse du peuple. Notre pays devient un pays orthodoxe. Nous voyons aujourd’hui dans nos églises aux offices de Pâques et lors des grandes fêtes des fidèles qui ont énormément changé. Ce sont des femmes et des hommes d’âge moyen avec des enfants dans leurs bras, ce sont des jeunes, des adolescents, des personnes âgées, c’est notre peuple.
Comment dans ces conditions doit se comporter un homme politique croyant s’il lui faut dialoguer avec l’Eglise ? Devrait-il faire abstraction de ses convictions ? Il s’adresse à l’Eglise étant le fils de l’Eglise. Son attitude est bienveillante. Faudrait-il conclure de la prière commune du Président ou du Premier ministre avec le patriarche, une ou deux fois l’an, que l’on peut parler d’amalgame ? Pourquoi devrions-nous priver ces croyants précis du droit de prier avec leur patriarche ? Ces images médiatisées suscitent des sentiments d’agression chez ceux qui ne veulent pas que l’Eglise soit plus forte.
Lorsqu’on montre le patriarche à la base des sous marins nucléaires de Velioutchinsk nos adversaires en concluent qu’il y amalgame Eglise-Etat. Pourquoi alors ne pas parler de fusion similaire aux Etats-Unis lorsque nous voyons des aumôniers au sein des unités américaines positionnées en Afghanistan ? Des aumôniers ayant un statut de militaires exercent au sein des unités de la plupart des armées européennes et personne ne vient en l’occurence nous parler de fusion. Le patriarche s’était rendu dans cette base navale à l’invitation des militaires afin de leur exprimer sa gratitude. Il y était parmi ses fidèles car la majorité des marins sont croyants. De quel amalgame pourrait-il s’agir ? Il s’agit d’une simple visite pastorale. Mais certains médias disent : regardez, l’Eglise et l’Etat font un. Les notions sont inversées, c’est la christianisation de notre société qui effraye nos adversaires. Voila sur quoi se fonde cet état d’esprit, c’est la peur de ce que l’orthodoxie qui avait été démantelée sous le régime soviétique a su retrouver une présence opérante dans la vie du peuple. Nous sommes encore loin de ce que nous souhaitons. Tout ce tapage a pour but de freiner notre élan. Mais nous allons persévérer.
Rossya : - Vous vous êtes récemment rendu en Pologne. Dans quelle mesure avez-vous réussi à panser les plaies que nous a léguées l’histoire ?
Le patriarche Cyrille : - Il n’y a sans doute pas deux autres nations en Europe qui ressentent aussi lourdement le poids du passé. Les plaies sont délibérément ravivées et cela nuit aux relations qui se sont établies de nos jours. Chacune des deux parties recense méticuleusement les moindres manquements de l’autre et s’emploie à établir un bilan qui lui soit positif. Chacune des deux partie est convaincue avoir souffert plus que l’autre, ceci sur fond de haine réciproque. Attitude qu’il sera difficile de modifier quels que soient les efforts déployés par les historiens. Il s’en suit que nous devrions remuer sans cesse le fer dans les plaies héritées de l’histoire. Pourquoi ne pas essayer de trouver une posture nouvelle dans nos relations ? Le Seigneur nous a prescrit de toujours vivre ensemble, de partager les valeurs chrétiennes qui sont les nôtres. Serions-nous incapables de bâtir nos relations sur de nouveaux fondements ? L’idée nous est venue de dire aux historiens de garder pour eux leur problématique car nous voulons commencer une nouvelle page dans nos relations. Mais il faut bien qu’il y ait un acte de réconciliation. Un dialogue de trois ans avec l’Eglise catholique de Pologne nous a permis de conclure que le mot clé de cette réconciliation devait être « Pardon ! ». Obéissant à la volonté du Sauveur Lui-même deux nations chrétiennes, deux communautés chrétiennes sollicitent le pardon l’une de l’autre. Nous tenons à montrer dans nos relations bilatérales que nous sommes fidèles au Christ, aux principes de l’Evangile. Car c’est au nom des valeurs évangéliques que nous nous sollicitons le pardon mutuel.
J’ai été frappé, lors de mon séjour en Pologne, par l’enthousiasme avec lequel les Polonais ont reçu ce message adressé par deux Eglises à leurs deux peuples. Une hostilité subsiste, bien sûr, mais elle est négligeable. Le message porte deux signatures, celle de Mgr Yuzef Mihalik et la mienne. La cérémonie de la signature a eu lieu dans un endroit symbolique, le Palais royal. Les bases sont désormais là, j’en suis persuadé, qui nous aiderons à tourner une page pénible de notre histoire commune. Nous avons hérité du passé les accusations que nous nous lançons réciproquement. Il nous est indispensable de commencer un nouveau chapitre dans les relations entre deux nations chrétiennes. Nous avons tous deux à faire face aux défis qui sont lancés à la culture chrétienne en Europe. Nous sommes unis dans la défense des valeurs morales chrétiennes que nous avons évoquées en nous souvenant des paroles visionnaires du fondateur de la sociologie.
Rossya : - Votre Sainteté, le 4 novembre sera le 400 anniversaire de la victoire remportée à Moscou par les Russes sur les Polonais. Cette date est en Russie une fête nationale solennellement célébrée. Comment imaginez-vous le texte du message de félicitations que nous sommes susceptibles de recevoir de Varsovie ?
Le patriarche Cyrille : -Pourquoi pas ? De même que je peux imaginer le texte du message que Moscou enverrait à Varsovie à l’occasion du rétablissement de l’indépendance et de l’intégralité territoriale de la Pologne. Lorsque les obstacles psychologiques ont été supprimés et qu’une volonté de réconciliation se manifeste des deux cotés tout ceci est parfaitement envisageable. Fêter la victoire des armes russes n’implique pas de triompher sur l’ennemi. Nous célébrons notre victoire et non la défaite des Polonais, non leur échec militaire. Un véritable guerrier éprouve toujours du respect à l’égard de son adversaire. La célébration de notre victoire il y a 400 ans et la fin des « temps troubles » dans notre histoire ne signifient en rien une attitude irrévérencieuse à l’égard de l’autre partie. Ce n’est pas ses échecs que allons célébrer.
Rossya : - Votre Sainteté, nous vous remercions.
Traduction Nikita Krivocheine
"Rossya" et Taday.ru
Rossya : - Ces agressions ne visent pas seulement l’Eglise elles ont pour cible toutes les valeurs authentiques. Font l’objet de cette campagne de dévalorisation l’Eglise, les victimes de la NKVD, la vie humaine, notre passé. Tout ceci suscite plus que du chagrin, c’est indigne !
Le patriarche Cyrille : - Vous avez parfaitement raison. Mais il convient d’ajouter qu’il s’agit d’une campagne qui vise le noyau même de notre civilisation, de notre code culturel. La notion de sainteté a toujours été primordiale dans la vie du peuple. D’où la dénomination « Sainte Russie ». Dénomination qui ne se fondait pas sur le nombre de nos églises : notre vie était placée toute entière sous le signe du sacré et de la sainteté. C’est précisément contre ces notions essentielles, les fondements de nos vies, que sont portées ces attaques.
Mais vous avez raison, c’est à notre échelle de valeurs que l’on s’en prend. Vous venez d’évoquer Durkheim, un penseur qui était très attentif à l’état moral de la société. Il disait que la morale représente à la fois un minimum indispensable et un impératif rigoureux. C’est le pain quotidien de la société qui, si elle en est privée, part en lambeaux. Durkheim avait raison : on ne saurait nier, or c’est précisément ce que l’on fait si souvent, l’importance de la dimension éthique dans les relations sociales. C’est le droit qui serait à la base de tout, c’est la loi qui seraient le ciment de la société. Or, le droit se fonde sur la crainte du châtiment. Nous sommes condamnés à être unis car si nous outrepassions les règles du vivre ensemble nous serions punis. Mais c’est la morale qui est le véritable moteur du vivre ensemble. Elle est la force de cohésion qui nous tient unis. La morale est la valeur fondamentale sans laquelle la communauté humaine vient à se désagréger.
Précisons que ceux qui nient l’existence de Dieu sont ceux qui estiment que la morale est un phénomène mouvant et qu’elle relève de la culture. Si le contexte social vient à changer, la culture et partant la morale s’en trouvent modifiés. En réalité il n’en est rien. Nous avons aujourd’hui le sentiment que tout est mis en œuvre pour ébranler les fondements éthiques du peuple. Mais en vain. Différents instituts de sondage nous disent que la majorité absolue de notre population rejette le blasphème. Le taux de ceux qui approuvent le sacrilège reste dans la marge de l’erreur statistique. La majorité absolue de notre peuple se prononce pour une législation qui freinerait la propagation du péché. Le sentiment éthique est chez nous bien vivant.
Rossya : - Votre Sainteté, l’une des accusations que l’on entend le plus fréquemment consiste à dire que l’Eglise a fusionné avec l’Etat. Comment réagissez-vous à ces affirmations ?
Le patriarche Cyrille : - Ce ne sont que des inventions. Il s’agit là d’une pure élucubration pour ainsi dire « sur mesure ». Pour s’attaquer à l’Eglise il convient de disposer d’arrières philosophiques solides, ces positions de tir, il faut les préparer. Une fable a été inventée, celle de la fusion de l’Eglise et de l’Etat et de la cléricalisation de notre vie. Le but est de démontrer que cette fusion permettrait à l’Eglise de prétendre à diriger vos consciences et votre libre arbitre. C’est là une idéologie mensongère qui tend à se substituer à l’idéologie communiste. On en conclut que l’Eglise est une menace pour nos libertés et qu’elle voudrait contrôler nos consciences.
Essayons d’analyser tout ceci. La fusion avec l’Etat ? Référons nous aux « Fondements de la doctrine sociale de l’Eglise ». Avant de disserter à propos de cette prétendue fusion les journalistes auraient été bien inspirés de parcourir ce document qui traite, entre autre, des relations Eglise-Etat. L’Eglise défend son indépendance, elle estime que c’est seulement libre qu’elle est à même d’exercer son ministère spirituel. Toute étatisation, toute cléricalisation présentent un très grand danger pour la mission de l’Eglise. Souvenons nous de la situation avant la révolution de 1917. Il y avait fusion. Ceci de par la volonté de l’Etat qui s’était approprié l’Eglise. Trouvez moi un seul document, une seule déclaration, une seule intervention du patriarche qui permettraient de nos jours de conclure qu’il y a fusion.
D’où tout cela vient-il ? Au cours des vingt dernières années notre Eglise, celle que l’on accusait de passivité et de ne pas être à la hauteur de sa mission a obtenu d’excellents résultats dans l’instruction religieuse du peuple. Notre pays devient un pays orthodoxe. Nous voyons aujourd’hui dans nos églises aux offices de Pâques et lors des grandes fêtes des fidèles qui ont énormément changé. Ce sont des femmes et des hommes d’âge moyen avec des enfants dans leurs bras, ce sont des jeunes, des adolescents, des personnes âgées, c’est notre peuple.
Comment dans ces conditions doit se comporter un homme politique croyant s’il lui faut dialoguer avec l’Eglise ? Devrait-il faire abstraction de ses convictions ? Il s’adresse à l’Eglise étant le fils de l’Eglise. Son attitude est bienveillante. Faudrait-il conclure de la prière commune du Président ou du Premier ministre avec le patriarche, une ou deux fois l’an, que l’on peut parler d’amalgame ? Pourquoi devrions-nous priver ces croyants précis du droit de prier avec leur patriarche ? Ces images médiatisées suscitent des sentiments d’agression chez ceux qui ne veulent pas que l’Eglise soit plus forte.
Lorsqu’on montre le patriarche à la base des sous marins nucléaires de Velioutchinsk nos adversaires en concluent qu’il y amalgame Eglise-Etat. Pourquoi alors ne pas parler de fusion similaire aux Etats-Unis lorsque nous voyons des aumôniers au sein des unités américaines positionnées en Afghanistan ? Des aumôniers ayant un statut de militaires exercent au sein des unités de la plupart des armées européennes et personne ne vient en l’occurence nous parler de fusion. Le patriarche s’était rendu dans cette base navale à l’invitation des militaires afin de leur exprimer sa gratitude. Il y était parmi ses fidèles car la majorité des marins sont croyants. De quel amalgame pourrait-il s’agir ? Il s’agit d’une simple visite pastorale. Mais certains médias disent : regardez, l’Eglise et l’Etat font un. Les notions sont inversées, c’est la christianisation de notre société qui effraye nos adversaires. Voila sur quoi se fonde cet état d’esprit, c’est la peur de ce que l’orthodoxie qui avait été démantelée sous le régime soviétique a su retrouver une présence opérante dans la vie du peuple. Nous sommes encore loin de ce que nous souhaitons. Tout ce tapage a pour but de freiner notre élan. Mais nous allons persévérer.
Rossya : - Vous vous êtes récemment rendu en Pologne. Dans quelle mesure avez-vous réussi à panser les plaies que nous a léguées l’histoire ?
Le patriarche Cyrille : - Il n’y a sans doute pas deux autres nations en Europe qui ressentent aussi lourdement le poids du passé. Les plaies sont délibérément ravivées et cela nuit aux relations qui se sont établies de nos jours. Chacune des deux parties recense méticuleusement les moindres manquements de l’autre et s’emploie à établir un bilan qui lui soit positif. Chacune des deux partie est convaincue avoir souffert plus que l’autre, ceci sur fond de haine réciproque. Attitude qu’il sera difficile de modifier quels que soient les efforts déployés par les historiens. Il s’en suit que nous devrions remuer sans cesse le fer dans les plaies héritées de l’histoire. Pourquoi ne pas essayer de trouver une posture nouvelle dans nos relations ? Le Seigneur nous a prescrit de toujours vivre ensemble, de partager les valeurs chrétiennes qui sont les nôtres. Serions-nous incapables de bâtir nos relations sur de nouveaux fondements ? L’idée nous est venue de dire aux historiens de garder pour eux leur problématique car nous voulons commencer une nouvelle page dans nos relations. Mais il faut bien qu’il y ait un acte de réconciliation. Un dialogue de trois ans avec l’Eglise catholique de Pologne nous a permis de conclure que le mot clé de cette réconciliation devait être « Pardon ! ». Obéissant à la volonté du Sauveur Lui-même deux nations chrétiennes, deux communautés chrétiennes sollicitent le pardon l’une de l’autre. Nous tenons à montrer dans nos relations bilatérales que nous sommes fidèles au Christ, aux principes de l’Evangile. Car c’est au nom des valeurs évangéliques que nous nous sollicitons le pardon mutuel.
J’ai été frappé, lors de mon séjour en Pologne, par l’enthousiasme avec lequel les Polonais ont reçu ce message adressé par deux Eglises à leurs deux peuples. Une hostilité subsiste, bien sûr, mais elle est négligeable. Le message porte deux signatures, celle de Mgr Yuzef Mihalik et la mienne. La cérémonie de la signature a eu lieu dans un endroit symbolique, le Palais royal. Les bases sont désormais là, j’en suis persuadé, qui nous aiderons à tourner une page pénible de notre histoire commune. Nous avons hérité du passé les accusations que nous nous lançons réciproquement. Il nous est indispensable de commencer un nouveau chapitre dans les relations entre deux nations chrétiennes. Nous avons tous deux à faire face aux défis qui sont lancés à la culture chrétienne en Europe. Nous sommes unis dans la défense des valeurs morales chrétiennes que nous avons évoquées en nous souvenant des paroles visionnaires du fondateur de la sociologie.
Rossya : - Votre Sainteté, le 4 novembre sera le 400 anniversaire de la victoire remportée à Moscou par les Russes sur les Polonais. Cette date est en Russie une fête nationale solennellement célébrée. Comment imaginez-vous le texte du message de félicitations que nous sommes susceptibles de recevoir de Varsovie ?
Le patriarche Cyrille : -Pourquoi pas ? De même que je peux imaginer le texte du message que Moscou enverrait à Varsovie à l’occasion du rétablissement de l’indépendance et de l’intégralité territoriale de la Pologne. Lorsque les obstacles psychologiques ont été supprimés et qu’une volonté de réconciliation se manifeste des deux cotés tout ceci est parfaitement envisageable. Fêter la victoire des armes russes n’implique pas de triompher sur l’ennemi. Nous célébrons notre victoire et non la défaite des Polonais, non leur échec militaire. Un véritable guerrier éprouve toujours du respect à l’égard de son adversaire. La célébration de notre victoire il y a 400 ans et la fin des « temps troubles » dans notre histoire ne signifient en rien une attitude irrévérencieuse à l’égard de l’autre partie. Ce n’est pas ses échecs que allons célébrer.
Rossya : - Votre Sainteté, nous vous remercions.
Traduction Nikita Krivocheine
"Rossya" et Taday.ru
Traduction N. Vedere
Dans la région de Kemerovo, un groupe de chercheurs comprenant des collaborateurs de l’Administration pénitentiaire, des représentants du diocèse de Kemerovo et d'historiens a retrouvé dans cette région de nombreuses sépultures de déportés des camps du NKVD.
L'agence de presse régionale explique que «le but de l'expédition dont les recherches se fondaient sur les archives et les souvenirs des anciens, était de retrouver les endroits où ont été inhumés les prêtres – prisonniers de l'unité de Siblag, en vue d'y ériger plus tard, des croix de commémoratives».
Pendant la vague de répression des années 30, cinq clercs de l'Eglise Orthodoxe ont été fusillés dans les camps sibériens du NKVD, dix-neuf encore sont morts pendant leur incarcération. Ils ont tous été canonisés en tant que martyrs.
Dans la région de Kemerovo, un groupe de chercheurs comprenant des collaborateurs de l’Administration pénitentiaire, des représentants du diocèse de Kemerovo et d'historiens a retrouvé dans cette région de nombreuses sépultures de déportés des camps du NKVD.
L'agence de presse régionale explique que «le but de l'expédition dont les recherches se fondaient sur les archives et les souvenirs des anciens, était de retrouver les endroits où ont été inhumés les prêtres – prisonniers de l'unité de Siblag, en vue d'y ériger plus tard, des croix de commémoratives».
Pendant la vague de répression des années 30, cinq clercs de l'Eglise Orthodoxe ont été fusillés dans les camps sibériens du NKVD, dix-neuf encore sont morts pendant leur incarcération. Ils ont tous été canonisés en tant que martyrs.
Des recherches ont été menées dans la région des camps de Novo Ivanovka, Iaia, Orlovo-Rosovo et Piervomaiskiy, ainsi que dans la ville de Mariinska. Au cours de l'expédition des cavités ont été retrouvées dans le sol ce qui permis ainsi de délimiter les lieux d'inhumation en masse des prisonniers du Siblag. Actuellement, la question de l'exhumation des corps enterrés dans les tombes communes ne se pose pas.
Au fur et à mesure des expéditions, il a été décidé d'ériger pas moins de cinq croix de commémoration. Plus de la moitié d'entre elles vont être installées en 2013, au nord de la région, tandis que les autres le seront après recherches dans sud de la région.
Intrefax religion
Au fur et à mesure des expéditions, il a été décidé d'ériger pas moins de cinq croix de commémoration. Plus de la moitié d'entre elles vont être installées en 2013, au nord de la région, tandis que les autres le seront après recherches dans sud de la région.
Intrefax religion
"Lumière de l'orthodoxie" est une nouvelle émission sur Radio Notre-Dame. Elle est présentée par Victor Loupan. Alain Durel y anime la rubrique "Philokalia" (culture et spiritualité). Le père Alexandre Siniakov, recteur du Séminaire orthodoxe russe en France, y commente l'Evangile du jour. D'une durée d'une demi-heure, l'émission est diffusée le dimanche à 20 heures et rediffusée le lundi à 15 heures
Lien Orthodoxie.com
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Les défenseurs des droits de l’homme craignent que les actions de la mouvance intégriste ne provoquent des affrontements sanglants. Il s’agit en particulier des « scieurs de croix » d’une part et des « détachements orthodoxes », de l’autre, qui s’en prennent aux tee shirts « sacrilèges ». Ces derniers temps toute une série de scandales ont éclaté autour de l’Eglise orthodoxe russe. « Fontanka.ru » s’en est entretenu avec l’archiprêtre Georges Mitrofanov.
p. G.Mitrofanov – J’ai le sentiment qu’aucune des parties en présence ne procède à une analyse poussée de ses propres positions. La société russe est très fatiguée, elle n’a pas assez la foi, elle bouillonne. Tous ces mouvements ne dépasseront pas les limites du petit hooliganisme. Les « scieurs de croix » ne souffrent pas, heureusement, la comparaison avec les anarchistes des années 70 du XIX siècle. La vie spirituelle et l’horizon de nos contemporains ont perdu de leur envergure. S’il s’agit des « détachements orthodoxes populaires », ils ne sont qu’une pâle imitation des « détachements de volontaires auxiliaires de la milice » de l’époque soviétique. Tout ce qui est en train de se passer montre que nous appréhendons d’une manière très superficielle la vie religieuse, morale et politique de la Russie.
p. G.Mitrofanov – J’ai le sentiment qu’aucune des parties en présence ne procède à une analyse poussée de ses propres positions. La société russe est très fatiguée, elle n’a pas assez la foi, elle bouillonne. Tous ces mouvements ne dépasseront pas les limites du petit hooliganisme. Les « scieurs de croix » ne souffrent pas, heureusement, la comparaison avec les anarchistes des années 70 du XIX siècle. La vie spirituelle et l’horizon de nos contemporains ont perdu de leur envergure. S’il s’agit des « détachements orthodoxes populaires », ils ne sont qu’une pâle imitation des « détachements de volontaires auxiliaires de la milice » de l’époque soviétique. Tout ce qui est en train de se passer montre que nous appréhendons d’une manière très superficielle la vie religieuse, morale et politique de la Russie.
Fontanka.ru: - Quelle est la vision du clergé ?
p. G.M. : - J’ai à maintes reprises dit que les orthodoxes avaient oublié le Christ. Les clichés laïcs, disons le soviétiques, se sont substitués, cela même dans les milieux d’Eglise, à la foi chrétienne. Imaginez-vous des « vigiles populaires orthodoxes » qui malmèneraient les pharisiens à l’époque de Jésus ?
F.ru. : - Cependant, des hommes d’Eglise aussi réputés que l’archiprêtre Vsevolod Tchapline interviennent ces derniers temps au nom de la défense de la foi contre le sacrilège laïc. N’est-ce pas lui qui a approuvé l’activité des « vigiles populaires orthodoxes » ?
p. G.M. : - Ma réponse sera sans doute un peu brutale. Mais je ne crains pas de dire que de mon point de vue, celui d’un prêtre orthodoxe, les prises de positions du père Vsevolod offensent bien plus les fidèles orthodoxes que l’action du groupe punk. En effet, les Pussy Riots se sont produites d’une manière fugace alors que le père Vsevolod intervient de jour en jour et chacune de ses déclarations me fait rougir de honte pour notre Eglise orthodoxe russe.
F.ru. : - Cependant les déclarations du père Vsevolod Tchapline sont perçues par la majorité comme étant l’expression des vues officielles de l’Eglise ?
p. G.M. : - Cela s’explique par les fonctions qu’occupe le père Vsevolod. Alors qu’il n’est par le porte-parole officiel de l’Eglise.
F.ru. : - Pourquoi, en l’occurrence, ses prises de positions ne suscitent pas de démentis émanant des structures ecclésiales ? Les voix d’autres représentants du clergé ne se sont pas fait entendre ?
p. G.M. : - Il m’est difficile de vous répondre. J’admets que le père Vsevolod n’est plus tout à fait en contact avec la réalité ce qui expliquerait ses fréquentes et tapageuses interventions. Il n’a pas l’expérience d’un recteur de paroisse. Toute sa vie s’est passée au sein de divers services synodaux, toute sa vie il a appartenu à « la nomenclature » de l’Eglise. Jamais il n’a enseigné dans des lycées religieux ou dans des écoles de théologie. Aussi, les médias et l’Internet ont peu à peu évincé de son champ de vision la vie russe telle qu’elle existe, celle de l’Eglise et celle de la société. Lorsque vos activités ne sont que médiatiques on peut se laisser allez à modeler le monde tel qu’on voudrait le voir, à en faire un monde virtuel. Cette vision, pour attrayante qu’elle puisse être, n’a cependant rien de commun avec le monde réel.
Voilà plus de vingt ans que j’enseigne à l’Académie de théologie de Saint Pétersbourg et que je suis en charge d’une paroisse. C’est sans hésiter que je peux dire que ce ne sont ni les Pussy Riots, ni les propensions pédophiles de Gabriel García Márquez ou de Vladimir Nabokov qui sont les problèmes qui se posent en premier dans notre vie en Eglise. Ce ne sont pas eux qui sapent les fondements de notre société. Lorsque j’entends un prêtre affirmer ce genre de choses deux explications me viennent à l’esprit : soit leur auteur a perdu le sens des réalités, soit il s’agit d’un cynisme qui cache une profonde indifférence à l’égard des difficultés quotidiennes de nos contemporains.
F.ru : - Puisqu’il s’agit de la réalité quotidienne que direz-vous de la sentence prononcée dans le procès des Pussy Riots ? Que pensez-vous de la réaction de l’Eglise à ce procès ?
p. G.M. : - L’Eglise a fait part de sa réaction une heure et demi après que la sentence aie été prononcée. Le Conseil ecclésial suprême a publié une déclaration approuvant la sentence mais appelant à la miséricorde. Le texte ne précisait pas ce à quoi l’Eglise s’attendait. Personnellement, je considère que cette déclaration venait avec beaucoup de retard et qu’elle n’était pas sans ambiguïté. Voila plusieurs mois que cette situation existe. Déjà en avril j’avais suggéré une solution qui me paraissait parfaitement acceptable du point de vue de l’Eglise : libérer ces trois « ballerines » sous une caution versée par l’Eglise rendant ainsi deux mères à leurs enfants. Si elles avaient accepté cette proposition elles auraient de par là même fait acte de contrition. En refusant elle auraient manifesté leur rejet. Mais l’Eglise aurait agi comme elle doit toujours le faire dans des cas semblables. En effet, délibérément ou non elles ont offensé le Seigneur. Mais le Seigneur et son Eglise sont miséricordieux. Nous, les serviteurs de Dieu, devons rappeler à ceux qui offensent Dieu que le Seigneur est clément et que nous sommes disposés à manifester cette clémence. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi des vigiles sont considérés comme partie civile dans ce procès. Ce ne sont que des salariés qui, de surcroît, n’ont pas été à la hauteur de leur tâche. Une histoire de rien du tout nous a fait trébucher avec nos positions officielles et mordre la poussière aux yeux de tous. La responsabilité de ceux qui, au vu des fonctions qui sont les leurs, prennent le risque de parler au nom de l’Eglise est très lourde.
F.ru. : Les critiques de l’Eglise se réfèrent de plus en plus souvent aux périodes les plus sombres du catholicisme, l’inquisition, la chasse au sorcières, la mise des ouvrages à l’index. L’archiprêtre Dimitri Smirnov, responsable du Département de l’aumônerie militaire du Saint Synode, vient de suggérer de soumettre à expertises l’œuvre écrite de Lénine pour établir si il ne s’agit pas d’une idéologie extrémiste ?
p. G.M. : - Sommes nous des pasteurs ou des fonctionnaires d’une nouveau service « d’agitation et de propagande » ? Ce n’est pas scruter les écrits de Lénine qu’il nous faut. C’est enseigner les fondements de la foi orthodoxe que nous devons. Deux siècles se sont passés mais nous pouvons, aujourd’hui encore, appliquer à la vie ecclésiale ce qu’en avait dit Nicolas Leskov « La Russie est baptisée mais elle n’est pas éclairée ». Qu’est ce que les livres de Lénine et leur extrémisme viennent faire là dedans ? Je ne peux qu’être étonné par le père Dimitri Smirnov, recteur de huit paroisses de la capitale et responsable d’un important service du synode (service, soit dit en passant, dont nous ne connaissons pas les fonctions exactes). La situation dans nos Forces Armées devient de plus en révoltante et amorale. Je ne vois pas du tout en quoi et comment l’Eglise remédie à cet état de fait. Les malversations prospèrent, les militaires sont systématiquement humiliés, leurs droits sont brimés. Au lieu de chercher à remédier à tout cela le père Dimitri aimerait que des experts épluchent les écrits de Lénine.
F.ru. : - Peut-on s’attendre à l’ouverture d’un débat au sein de l’Eglise avec ceux dont nous venons de parler, avec ceux qui agissent au détriment de l’Eglise ?
p. G.M. : - Il nous faut, enfin, nous débarrasser de l’esprit triomphaliste qui nous a aveuglé ces vingt dernières années. Nous devons admettre que de nombreux défauts de la société sont le reflet des faiblesses inhérentes à l’Eglise. Mettons nous à parler de nos défauts avec regret, à en éprouver de la douleur, du repentir. Parlons en nous-mêmes, ne laissons pas la parole à ceux pour qui l’Eglise est une entité étrangère et hostile. Un tel débat, commençons le au plus vite, fera se manifester ceux qui souhaitent surmonter ces défauts. Ne laissons pas la situation se détériorer, ne laissons pas l’Eglise se diviser et hâtons l’amorce d’une véritable renaissance ecclésiale. La stagnation se perpétuera tant que nous n’accepterons pas le principe de la glasnost. Sinon notre isba sera remplie de détritus « à ras bord », les saletés se metterons à déborder de partout…
Interview de Ekaterina Semykina pour "Fontanka.ru" «Православной церкви пора выносить сор из избы»
Traduction Nikita Krivochéine
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Parlons d'orthodoxie L’archiprêtre Georges Mitrofanov
p. G.M. : - J’ai à maintes reprises dit que les orthodoxes avaient oublié le Christ. Les clichés laïcs, disons le soviétiques, se sont substitués, cela même dans les milieux d’Eglise, à la foi chrétienne. Imaginez-vous des « vigiles populaires orthodoxes » qui malmèneraient les pharisiens à l’époque de Jésus ?
F.ru. : - Cependant, des hommes d’Eglise aussi réputés que l’archiprêtre Vsevolod Tchapline interviennent ces derniers temps au nom de la défense de la foi contre le sacrilège laïc. N’est-ce pas lui qui a approuvé l’activité des « vigiles populaires orthodoxes » ?
p. G.M. : - Ma réponse sera sans doute un peu brutale. Mais je ne crains pas de dire que de mon point de vue, celui d’un prêtre orthodoxe, les prises de positions du père Vsevolod offensent bien plus les fidèles orthodoxes que l’action du groupe punk. En effet, les Pussy Riots se sont produites d’une manière fugace alors que le père Vsevolod intervient de jour en jour et chacune de ses déclarations me fait rougir de honte pour notre Eglise orthodoxe russe.
F.ru. : - Cependant les déclarations du père Vsevolod Tchapline sont perçues par la majorité comme étant l’expression des vues officielles de l’Eglise ?
p. G.M. : - Cela s’explique par les fonctions qu’occupe le père Vsevolod. Alors qu’il n’est par le porte-parole officiel de l’Eglise.
F.ru. : - Pourquoi, en l’occurrence, ses prises de positions ne suscitent pas de démentis émanant des structures ecclésiales ? Les voix d’autres représentants du clergé ne se sont pas fait entendre ?
p. G.M. : - Il m’est difficile de vous répondre. J’admets que le père Vsevolod n’est plus tout à fait en contact avec la réalité ce qui expliquerait ses fréquentes et tapageuses interventions. Il n’a pas l’expérience d’un recteur de paroisse. Toute sa vie s’est passée au sein de divers services synodaux, toute sa vie il a appartenu à « la nomenclature » de l’Eglise. Jamais il n’a enseigné dans des lycées religieux ou dans des écoles de théologie. Aussi, les médias et l’Internet ont peu à peu évincé de son champ de vision la vie russe telle qu’elle existe, celle de l’Eglise et celle de la société. Lorsque vos activités ne sont que médiatiques on peut se laisser allez à modeler le monde tel qu’on voudrait le voir, à en faire un monde virtuel. Cette vision, pour attrayante qu’elle puisse être, n’a cependant rien de commun avec le monde réel.
Voilà plus de vingt ans que j’enseigne à l’Académie de théologie de Saint Pétersbourg et que je suis en charge d’une paroisse. C’est sans hésiter que je peux dire que ce ne sont ni les Pussy Riots, ni les propensions pédophiles de Gabriel García Márquez ou de Vladimir Nabokov qui sont les problèmes qui se posent en premier dans notre vie en Eglise. Ce ne sont pas eux qui sapent les fondements de notre société. Lorsque j’entends un prêtre affirmer ce genre de choses deux explications me viennent à l’esprit : soit leur auteur a perdu le sens des réalités, soit il s’agit d’un cynisme qui cache une profonde indifférence à l’égard des difficultés quotidiennes de nos contemporains.
F.ru : - Puisqu’il s’agit de la réalité quotidienne que direz-vous de la sentence prononcée dans le procès des Pussy Riots ? Que pensez-vous de la réaction de l’Eglise à ce procès ?
p. G.M. : - L’Eglise a fait part de sa réaction une heure et demi après que la sentence aie été prononcée. Le Conseil ecclésial suprême a publié une déclaration approuvant la sentence mais appelant à la miséricorde. Le texte ne précisait pas ce à quoi l’Eglise s’attendait. Personnellement, je considère que cette déclaration venait avec beaucoup de retard et qu’elle n’était pas sans ambiguïté. Voila plusieurs mois que cette situation existe. Déjà en avril j’avais suggéré une solution qui me paraissait parfaitement acceptable du point de vue de l’Eglise : libérer ces trois « ballerines » sous une caution versée par l’Eglise rendant ainsi deux mères à leurs enfants. Si elles avaient accepté cette proposition elles auraient de par là même fait acte de contrition. En refusant elle auraient manifesté leur rejet. Mais l’Eglise aurait agi comme elle doit toujours le faire dans des cas semblables. En effet, délibérément ou non elles ont offensé le Seigneur. Mais le Seigneur et son Eglise sont miséricordieux. Nous, les serviteurs de Dieu, devons rappeler à ceux qui offensent Dieu que le Seigneur est clément et que nous sommes disposés à manifester cette clémence. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi des vigiles sont considérés comme partie civile dans ce procès. Ce ne sont que des salariés qui, de surcroît, n’ont pas été à la hauteur de leur tâche. Une histoire de rien du tout nous a fait trébucher avec nos positions officielles et mordre la poussière aux yeux de tous. La responsabilité de ceux qui, au vu des fonctions qui sont les leurs, prennent le risque de parler au nom de l’Eglise est très lourde.
F.ru. : Les critiques de l’Eglise se réfèrent de plus en plus souvent aux périodes les plus sombres du catholicisme, l’inquisition, la chasse au sorcières, la mise des ouvrages à l’index. L’archiprêtre Dimitri Smirnov, responsable du Département de l’aumônerie militaire du Saint Synode, vient de suggérer de soumettre à expertises l’œuvre écrite de Lénine pour établir si il ne s’agit pas d’une idéologie extrémiste ?
p. G.M. : - Sommes nous des pasteurs ou des fonctionnaires d’une nouveau service « d’agitation et de propagande » ? Ce n’est pas scruter les écrits de Lénine qu’il nous faut. C’est enseigner les fondements de la foi orthodoxe que nous devons. Deux siècles se sont passés mais nous pouvons, aujourd’hui encore, appliquer à la vie ecclésiale ce qu’en avait dit Nicolas Leskov « La Russie est baptisée mais elle n’est pas éclairée ». Qu’est ce que les livres de Lénine et leur extrémisme viennent faire là dedans ? Je ne peux qu’être étonné par le père Dimitri Smirnov, recteur de huit paroisses de la capitale et responsable d’un important service du synode (service, soit dit en passant, dont nous ne connaissons pas les fonctions exactes). La situation dans nos Forces Armées devient de plus en révoltante et amorale. Je ne vois pas du tout en quoi et comment l’Eglise remédie à cet état de fait. Les malversations prospèrent, les militaires sont systématiquement humiliés, leurs droits sont brimés. Au lieu de chercher à remédier à tout cela le père Dimitri aimerait que des experts épluchent les écrits de Lénine.
F.ru. : - Peut-on s’attendre à l’ouverture d’un débat au sein de l’Eglise avec ceux dont nous venons de parler, avec ceux qui agissent au détriment de l’Eglise ?
p. G.M. : - Il nous faut, enfin, nous débarrasser de l’esprit triomphaliste qui nous a aveuglé ces vingt dernières années. Nous devons admettre que de nombreux défauts de la société sont le reflet des faiblesses inhérentes à l’Eglise. Mettons nous à parler de nos défauts avec regret, à en éprouver de la douleur, du repentir. Parlons en nous-mêmes, ne laissons pas la parole à ceux pour qui l’Eglise est une entité étrangère et hostile. Un tel débat, commençons le au plus vite, fera se manifester ceux qui souhaitent surmonter ces défauts. Ne laissons pas la situation se détériorer, ne laissons pas l’Eglise se diviser et hâtons l’amorce d’une véritable renaissance ecclésiale. La stagnation se perpétuera tant que nous n’accepterons pas le principe de la glasnost. Sinon notre isba sera remplie de détritus « à ras bord », les saletés se metterons à déborder de partout…
Interview de Ekaterina Semykina pour "Fontanka.ru" «Православной церкви пора выносить сор из избы»
Traduction Nikita Krivochéine
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Parlons d'orthodoxie L’archiprêtre Georges Mitrofanov
Le représentant de l’Eglise orthodoxe russe auprès du Conseil de l’Europe a appelé les dirigeants et l’opinion des pays membres du Conseil à défendre les croyants de toute sorte d’agressions.
L’higoumène Philippe (Riabych), représentant de l’Eglise orthodoxe russe après du Conseil de l’Europe, a appelé les dirigeants et l’opinion des ces pays à assurer la liberté des citoyens croyants et, tout particulièrement, à défendre les communautés religieuses.
« Sous prétexte de la liberté de parole et celle de réunion, la liberté des croyants ainsi que leur espace privé, tels que définis par la loi, sont violées. J’appelle le Conseil de l’Europe, les pays membres à défendre et à garantir la liberté des croyants », a-t-il déclaré dans le cadre de la consultation annuelle qui a eu lieu sous l’égide du Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Cette rencontre, à Durrës (Albanie), a été consacrée à la dimension religieuse du dialogue interculturel. L’intervention de l’higoumène Philippe est publiée sur le site de la représentation de l’Eglise orthodoxe russe à Strasbourg.
L’higoumène Philippe (Riabych), représentant de l’Eglise orthodoxe russe après du Conseil de l’Europe, a appelé les dirigeants et l’opinion des ces pays à assurer la liberté des citoyens croyants et, tout particulièrement, à défendre les communautés religieuses.
« Sous prétexte de la liberté de parole et celle de réunion, la liberté des croyants ainsi que leur espace privé, tels que définis par la loi, sont violées. J’appelle le Conseil de l’Europe, les pays membres à défendre et à garantir la liberté des croyants », a-t-il déclaré dans le cadre de la consultation annuelle qui a eu lieu sous l’égide du Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Cette rencontre, à Durrës (Albanie), a été consacrée à la dimension religieuse du dialogue interculturel. L’intervention de l’higoumène Philippe est publiée sur le site de la représentation de l’Eglise orthodoxe russe à Strasbourg.
En parlant de l’importance du système des valeurs surtout pour les jeunes gens commençant leur vie dans la société, l’higoumène Philippe a remarqué que « la collision sérieuse des différentes conceptions des valeurs sur lesquelles se basait la vie de la société se produisait actuellement dans le monde : qu’est-ce qui est permis et qu’est-ce qui ne l’est pas ? »
« Les croyants ont leur point de vue qui est parfois contraire à celui de certains autres groupes de la société. Ces groupes, quoique peu nombreux mais solidaires, veulent discréditer les communautés religieuses afin d’instaurer une nouvelle norme de la vie sociale et privée. Pour faire aboutir la révolution des valeurs dans la société, ils ont choisi une stratégie agressive avec les provocations, la déconsidération, le mensonge .
Malheureusement, des actes agressifs et blessants sous forme de différentes performances, actions publiques et d’autres, se produisent de plus en plus souvent contre les communautés religieuses. Des évènements similaires se sont déjà produits en France, en Italie, en Espagne, en Norvège, en Russie, en Ukraine ainsi que dans d’autres pays », a constaté le prêtre.
Un grand nombre de citoyens des pays européens estiment que leur vie religieuse est étroitement liée à leur dignité d’individu. Aujourd’hui, on voit une nouvelle vague d’interventions dans l’espace qui est celui des croyants et qui doit être protégé par la loi sur la liberté de conscience.
« Les objets de ces transgressions sont des symboles religieux, des lieux du culte, des cimetières, des lieux saints. Lors de la période soviétique, nous avons appris que, après avoir abattu les croix et profané des synagogues et des mosquées, on commençait à abattre les hommes », a rappelé l’higoumène Philippe.
Dans le cadre des consultations auprès du Conseil de l’Europe, les représentants des différentes organisations internationales européennes, des religions traditionnelles, des Académies et des médias se réunissent pour discuter des questions liées au respect des droits de l’homme.
Rousskaia Linia
Игумен Филипп (Рябых): «Под предлогом свободы слова и собраний сегодня нарушается свобода верующих»
Traduction D. Garmonov
....................................................
Hégoumène Philippe (Riabykh): Table ronde "Orthodoxie et Etat russe: dialogue ou instrumentalisation ?" à l’Université de Strasbourg
L’higoumène Philippe (Riabykh) : « C’est notre peuple multiethnique qui a gagné la guerre »
Session de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise orthodoxe et l’Eglise catholique
« Les croyants ont leur point de vue qui est parfois contraire à celui de certains autres groupes de la société. Ces groupes, quoique peu nombreux mais solidaires, veulent discréditer les communautés religieuses afin d’instaurer une nouvelle norme de la vie sociale et privée. Pour faire aboutir la révolution des valeurs dans la société, ils ont choisi une stratégie agressive avec les provocations, la déconsidération, le mensonge .
Malheureusement, des actes agressifs et blessants sous forme de différentes performances, actions publiques et d’autres, se produisent de plus en plus souvent contre les communautés religieuses. Des évènements similaires se sont déjà produits en France, en Italie, en Espagne, en Norvège, en Russie, en Ukraine ainsi que dans d’autres pays », a constaté le prêtre.
Un grand nombre de citoyens des pays européens estiment que leur vie religieuse est étroitement liée à leur dignité d’individu. Aujourd’hui, on voit une nouvelle vague d’interventions dans l’espace qui est celui des croyants et qui doit être protégé par la loi sur la liberté de conscience.
« Les objets de ces transgressions sont des symboles religieux, des lieux du culte, des cimetières, des lieux saints. Lors de la période soviétique, nous avons appris que, après avoir abattu les croix et profané des synagogues et des mosquées, on commençait à abattre les hommes », a rappelé l’higoumène Philippe.
Dans le cadre des consultations auprès du Conseil de l’Europe, les représentants des différentes organisations internationales européennes, des religions traditionnelles, des Académies et des médias se réunissent pour discuter des questions liées au respect des droits de l’homme.
Rousskaia Linia
Игумен Филипп (Рябых): «Под предлогом свободы слова и собраний сегодня нарушается свобода верующих»
Traduction D. Garmonov
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Hégoumène Philippe (Riabykh): Table ronde "Orthodoxie et Etat russe: dialogue ou instrumentalisation ?" à l’Université de Strasbourg
L’higoumène Philippe (Riabykh) : « C’est notre peuple multiethnique qui a gagné la guerre »
Session de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise orthodoxe et l’Eglise catholique
Le responsable de l’un des Départements du saint Synode applaudit la destruction d’un des plus grands monuments de Lénine dans le Caucase Nord.
L’archiprêtre Dimitri Smirnov responsable du Département des relations avec les Forces armées et les services de maintien de l’ordre au patriarcat de Moscou, salue la destruction d’une immense statue de Lénine dans la ville de Mozdok. Le prêtre écrit dans son blog : « Un groupe de héros a fait chuter cette idole. A signaler que, pendant lors de sa chute, sa caboche de bronze s’est décollée. » Le père Dimitri a rappelé qu’avant 1958 une des églises les plus majestueuses de la région se trouvait à cet emplacement.
« Cette église avait 72 mètres de hauteur, mais en 1958 les soviets l’ont dynamitée. Elle était consacrée à la Mère de Dieu, à son icône de la Dormition vénérée comme celle de Mozdok après plusieurs miracles et autres manifestations de la force divine. Ensuite, selon l’habitude bolchevique, on l’a remplacée par le plus grand monument à Lénine dans le Caucase. Voilà que des héros l’ont renversé », a déclaré le père Dimitri.
L’archiprêtre Dimitri Smirnov responsable du Département des relations avec les Forces armées et les services de maintien de l’ordre au patriarcat de Moscou, salue la destruction d’une immense statue de Lénine dans la ville de Mozdok. Le prêtre écrit dans son blog : « Un groupe de héros a fait chuter cette idole. A signaler que, pendant lors de sa chute, sa caboche de bronze s’est décollée. » Le père Dimitri a rappelé qu’avant 1958 une des églises les plus majestueuses de la région se trouvait à cet emplacement.
« Cette église avait 72 mètres de hauteur, mais en 1958 les soviets l’ont dynamitée. Elle était consacrée à la Mère de Dieu, à son icône de la Dormition vénérée comme celle de Mozdok après plusieurs miracles et autres manifestations de la force divine. Ensuite, selon l’habitude bolchevique, on l’a remplacée par le plus grand monument à Lénine dans le Caucase. Voilà que des héros l’ont renversé », a déclaré le père Dimitri.
« Le matin, après avoir découvert les dégâts, les autorités locales fort émues ont parlé d’un acte de hooliganisme,ce qui n’est pas le cas. La justice historique est rétablie. Il y a trop de ces statues dans tout le pays. Il faudrait d’ailleurs se rappeler de l’attitude de Lénine à l’égard des caucasiens (on peut trouver des phrases abominables de Lénine à propos des Tchétchènes qu’on n’a même pas envie de répéter). »
« Effrayées par une telle situation, les autorités locales ont trouvé un bouc émissaire, en la personne d’un jeune homme, Anatoly Souchov. A cette occasion, pour le compromettre, on lui a même mis à la dérobée une grenade dans son grenier et on lui a proposé un choix : soit il assume la responsabilité de cet acte, soit, comme d’ordinaire, on l’accuse de détenir des explosifs. Actuellement, comme on me l’a communiqué, il se trouve aux arrêts à domicile », a déclaré le prêtre.
« Gloire à Dieu, il n’est pas en prison, mais tout de même cet homme n’est en rien coupable ou suspect. J’appelle à soutenir ce jeune homme qui peut souffrir dans cette affaire très simple, lui dont la culpabilité n’est aucunement établie », ajoute le père Dimitri.
Le responsable du Département synodal à exprimé l’espoir que le peuple russe commençait à y voir clair, « c’est lentement, mais inexorablement que l’occupation communiste disparaît ». « Encore une idole a été démontée, je vous en félicite ! », a conclu le prêtre.
Site « Russkaya Linia »
Traduction Dimitri Garmonov
« Effrayées par une telle situation, les autorités locales ont trouvé un bouc émissaire, en la personne d’un jeune homme, Anatoly Souchov. A cette occasion, pour le compromettre, on lui a même mis à la dérobée une grenade dans son grenier et on lui a proposé un choix : soit il assume la responsabilité de cet acte, soit, comme d’ordinaire, on l’accuse de détenir des explosifs. Actuellement, comme on me l’a communiqué, il se trouve aux arrêts à domicile », a déclaré le prêtre.
« Gloire à Dieu, il n’est pas en prison, mais tout de même cet homme n’est en rien coupable ou suspect. J’appelle à soutenir ce jeune homme qui peut souffrir dans cette affaire très simple, lui dont la culpabilité n’est aucunement établie », ajoute le père Dimitri.
Le responsable du Département synodal à exprimé l’espoir que le peuple russe commençait à y voir clair, « c’est lentement, mais inexorablement que l’occupation communiste disparaît ». « Encore une idole a été démontée, je vous en félicite ! », a conclu le prêtre.
Site « Russkaya Linia »
Traduction Dimitri Garmonov
L'église en bois, dédiée à la Nativité de la Mère de Dieu, qui sera érigée dans le parc du Séminaire orthodoxe russe à Epinay-sous-Sénart, arrivera cette semaine.
Les rondins et les planches de sapin, les bulbes et les six cloches seront livrés à Epinay par trois camions, partis de Tver (en Russie) le jour de la Dormition de la Mère de Dieu selon le calendrier julien (28 août dernier). Il faudra ensuite entre trois et quatre semaines pour que la structure de l'église soit remontée sur les fondations qui sont déjà prêtes.
Installation des icônes complémentaires sur l'iconostase de l'église du séminaire
Emilie van Taack, une iconographe française. Les fresques du séminaire russe d'Epinay sous Sénart
Les rondins et les planches de sapin, les bulbes et les six cloches seront livrés à Epinay par trois camions, partis de Tver (en Russie) le jour de la Dormition de la Mère de Dieu selon le calendrier julien (28 août dernier). Il faudra ensuite entre trois et quatre semaines pour que la structure de l'église soit remontée sur les fondations qui sont déjà prêtes.
Installation des icônes complémentaires sur l'iconostase de l'église du séminaire
Emilie van Taack, une iconographe française. Les fresques du séminaire russe d'Epinay sous Sénart
Selon le site du ministère des Affaires étrangères, Konstantine Dolgov, commissaire aux droits de l’Homme, de la démocratie et de la primauté du droit a fait un commentaire sur le procès de « Pussy Riot » lors d’un entretien, le mardi 5 septembre, avec M. François Zimeray, ambassadeur de France chargé des Droits de l’Homme.
Au cours de cet entretien François Zimeray a exposé la position de la France quant au verdict prononcé à l’issue du procès des « Pussy Riot ». Il a insisté sur la sévérité de la sentence. Selon le site, la partie russe a donné des explications exhaustives. « Cette sentence ne justifie en rien les accusations venant de l’Occident sur la violation de la liberté de la parole. Le verdict a été prononcé après vérification scrupuleuse de tous les faits dans le cadre de la législation en vigueur. Il peut être reconsidéré selon la procédure existante ».
Au cours de cet entretien François Zimeray a exposé la position de la France quant au verdict prononcé à l’issue du procès des « Pussy Riot ». Il a insisté sur la sévérité de la sentence. Selon le site, la partie russe a donné des explications exhaustives. « Cette sentence ne justifie en rien les accusations venant de l’Occident sur la violation de la liberté de la parole. Le verdict a été prononcé après vérification scrupuleuse de tous les faits dans le cadre de la législation en vigueur. Il peut être reconsidéré selon la procédure existante ».
« Les partenaires étrangers ont été appelés à éviter des appréciations faites à des fins politiques puisqu’elles sont considérées comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Russie », - a souligné le ministère des Affaires étrangères.
L’ambassadeur français a confirmé que les décisions des autorités judiciaires indépendantes doivent être respectées.
Les actes illégitimes des participants du groupe punk sont entrés en contradiction avec la loi et les valeurs de la société. Ils ont lésé les droits et les sentiments des millions des fidèles orthodoxes ayant fait objet de la réprobation publique.
Interfax religion
Traduction Elena Tastevin
L’ambassadeur français a confirmé que les décisions des autorités judiciaires indépendantes doivent être respectées.
Les actes illégitimes des participants du groupe punk sont entrés en contradiction avec la loi et les valeurs de la société. Ils ont lésé les droits et les sentiments des millions des fidèles orthodoxes ayant fait objet de la réprobation publique.
Interfax religion
Traduction Elena Tastevin
Le dimanche 5 septembre 2010, jour de la mémoire de saint Irénée de Lyon et fête de tous les saints de la ville de Moscou, Mgr Nestor Sirotenko a été ordonné évêque de Caphes, auxiliaire du diocèse de Chersonèse, lors de la divine liturgie à la cathédrale Christ Sauveur de Moscou.
L'ordination a été présidée par le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, en concélébration avec le métropolite Hilarion de Volokolamsk, l'archevêque Innocent de Chersonèse, l'évêque Michel de Genève et plusieurs autres évêques. Le patriarche Théodore d'Alexandrie et de toute l'Afrique a concélébré la liturgie eucharistique.
De très nombreux fidèles du diocèse ont fait le voyage de Moscou afin de pouvoir prier lors de l'office d'ordination.
Le groupe de rédaction, les contributeurs et les auteurs de « Parlons d’orthodoxie » félicitent de tout cœur Monseigneur Nestor qui, hier le 4 septembre s’est souvenu de son anniversaire de naissance en ce monde et aujourd’hui, le 5, coïncidence non fortuite, célèbre le deuxième anniversaire de son ordination épiscopale.
Que le Seigneur lui accorde Son aide dans la poursuite de cette difficile mission, pour le plus grand bien de l’orthodoxie de tradition russe dans plusieurs pays de l’Union et la Suisse
L'ordination a été présidée par le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, en concélébration avec le métropolite Hilarion de Volokolamsk, l'archevêque Innocent de Chersonèse, l'évêque Michel de Genève et plusieurs autres évêques. Le patriarche Théodore d'Alexandrie et de toute l'Afrique a concélébré la liturgie eucharistique.
De très nombreux fidèles du diocèse ont fait le voyage de Moscou afin de pouvoir prier lors de l'office d'ordination.
Le groupe de rédaction, les contributeurs et les auteurs de « Parlons d’orthodoxie » félicitent de tout cœur Monseigneur Nestor qui, hier le 4 septembre s’est souvenu de son anniversaire de naissance en ce monde et aujourd’hui, le 5, coïncidence non fortuite, célèbre le deuxième anniversaire de son ordination épiscopale.
Que le Seigneur lui accorde Son aide dans la poursuite de cette difficile mission, pour le plus grand bien de l’orthodoxie de tradition russe dans plusieurs pays de l’Union et la Suisse
Des inconnus ont incendié avant l'aube une porte du couvent de Latroun en Israël et inscrit des graffitis anti-chrétiens sur les murs, selon des sources policières.
"Une porte en bois du couvent a été entièrement brûlée par des inconnus et des slogans anti-chrétiens tel que 'Jésus est un singe' ont été inscrits sur les murs de l'édifice", à l'ouest de Jérusalem sur la route de Tel-Aviv, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.
Des ultras de la colonisation israélienne mènent depuis des mois ce qu'ils appellent une politique du "prix à payer", qui consiste à se venger sur des villageois palestiniens, des lieux de culte musulmans et chrétiens des décisions gouvernementales qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts.
"Une porte en bois du couvent a été entièrement brûlée par des inconnus et des slogans anti-chrétiens tel que 'Jésus est un singe' ont été inscrits sur les murs de l'édifice", à l'ouest de Jérusalem sur la route de Tel-Aviv, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.
Des ultras de la colonisation israélienne mènent depuis des mois ce qu'ils appellent une politique du "prix à payer", qui consiste à se venger sur des villageois palestiniens, des lieux de culte musulmans et chrétiens des décisions gouvernementales qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts.
Le 20 février, des graffitis ont été découverts sur les murs d'une église baptiste à Jérusalem-Ouest. Treize jours auparavant, des inconnus ont inscrit "Mort aux chrétiens" et "Le prix à payer" sur un mur d'enceinte du monastère de la Croix à Jérusalem-Ouest, la partie juive de la Ville sainte. SUITE AFP
* * *
Des extrémistes juifs sont soupçonnés d'avoir récemment profané plusieurs lieux de culte chrétiens et musulmans pour se venger après l'évacuation forcée de leurs colonies.
Frère Louis a eu la frayeur de sa vie. Réveillé en pleine nuit par un autre moine qui criait au feu dans le monastère de Latroun, à une vingtaine de kiomètres à l'ouest de Jérusalem, il s'est précipité hors du dortoir. «Je suis sorti et j'ai vu la porte principale de l'église en feu. Heureusement nous avions un extincteur, sinon tout serait parti en fumée», raconte-t-il, encore sous le choc.
Sur les murs autour de la porte en bois en partie calcinée des inconnus ont signé leur acte en badigeonnant à la peinture orange: «Jésus est un singe». De l'autre côté était inscrit le nom de Migron, une colonie sauvage israélienne de Cisjordanie évacuée dimanche par la police.
Selon les enquêteurs, cette inscription tend à prouver que l'incendie volontaire est sans doute le fait de petits groupes d'ultras de droite israéliens. Ces extrémistes, très actifs en Cisjordanie, pratiquent depuis des mois ce qu'ils appellent une politique du «prix à payer» qui consiste à se venger par des agressions ou des actes de vandalisme visant des Palestiniens ainsi que des lieux de culte musulmans ou chrétiens des décisions du gouvernement qu'ils jugent hostiles à la colonisation. Un activiste de cette tendance, Baruch Marzel, a ainsi établi un lien avec l'attaque contre le monastère. «Nous avons prévenu que l'évacuation de Migron allait provoquer la colère», affirme-t-il.
"Nous prenons cette enquête très au sérieux"
Précision importante, l'attaque de Latroun n'est pas un fait isolé. En février, des graffitis antichrétiens avaient été badigeonnés sur les murs d'une église baptiste et du monastère de la Croix à Jérusalem. Les évêques catholiques de Terre sainte ont dénoncé cette série de profanations. SUITE AFP
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Des extrémistes juifs sont soupçonnés d'avoir récemment profané plusieurs lieux de culte chrétiens et musulmans pour se venger après l'évacuation forcée de leurs colonies.
Frère Louis a eu la frayeur de sa vie. Réveillé en pleine nuit par un autre moine qui criait au feu dans le monastère de Latroun, à une vingtaine de kiomètres à l'ouest de Jérusalem, il s'est précipité hors du dortoir. «Je suis sorti et j'ai vu la porte principale de l'église en feu. Heureusement nous avions un extincteur, sinon tout serait parti en fumée», raconte-t-il, encore sous le choc.
Sur les murs autour de la porte en bois en partie calcinée des inconnus ont signé leur acte en badigeonnant à la peinture orange: «Jésus est un singe». De l'autre côté était inscrit le nom de Migron, une colonie sauvage israélienne de Cisjordanie évacuée dimanche par la police.
Selon les enquêteurs, cette inscription tend à prouver que l'incendie volontaire est sans doute le fait de petits groupes d'ultras de droite israéliens. Ces extrémistes, très actifs en Cisjordanie, pratiquent depuis des mois ce qu'ils appellent une politique du «prix à payer» qui consiste à se venger par des agressions ou des actes de vandalisme visant des Palestiniens ainsi que des lieux de culte musulmans ou chrétiens des décisions du gouvernement qu'ils jugent hostiles à la colonisation. Un activiste de cette tendance, Baruch Marzel, a ainsi établi un lien avec l'attaque contre le monastère. «Nous avons prévenu que l'évacuation de Migron allait provoquer la colère», affirme-t-il.
"Nous prenons cette enquête très au sérieux"
Précision importante, l'attaque de Latroun n'est pas un fait isolé. En février, des graffitis antichrétiens avaient été badigeonnés sur les murs d'une église baptiste et du monastère de la Croix à Jérusalem. Les évêques catholiques de Terre sainte ont dénoncé cette série de profanations. SUITE AFP
Perplexio
5-8 septembre 2012 - XXe Colloque œcuménique international de Bose
A l'occasion du XXe Colloque oecuménique international de spiritualité orthodoxe au monastère de Bose est-il permis d'aborder une question majeure dans le rapprochement avec Rome mais qui reste toutefois un tabou paradoxal ?
Il s'agit de l'eucharistie, dont les évêques s'accordent à souligner l'importance et notamment l'un des intervenants de ce colloque dont la communication traitera de : "La célébration eucharistique est, par excellence, un sacrifice de louange offert au Père, dans lequel l'assemblée des croyants entraîne la création entière et toute l'histoire de l'humanité" ("L'eucharistie et la création" : évêque Antoine de Boryspol, Kiev).
L'eucharistie, dont l'un des aspects est maintenu sous le boisseau, parfois par des partisans de l’œcuménisme à tout prix, parfois par des érudits qui sont capables de publier 1300 pages sur ses pratiques sans effleurer cette particularité : celle de l'exclusion de fait, de la privation de fait de la sainte communion aux petits baptisés catholiques, c'est à dire qu'on le veuille ou non de leur excommunication de fait dès leur baptême et pour de longues années.
5-8 septembre 2012 - XXe Colloque œcuménique international de Bose
A l'occasion du XXe Colloque oecuménique international de spiritualité orthodoxe au monastère de Bose est-il permis d'aborder une question majeure dans le rapprochement avec Rome mais qui reste toutefois un tabou paradoxal ?
Il s'agit de l'eucharistie, dont les évêques s'accordent à souligner l'importance et notamment l'un des intervenants de ce colloque dont la communication traitera de : "La célébration eucharistique est, par excellence, un sacrifice de louange offert au Père, dans lequel l'assemblée des croyants entraîne la création entière et toute l'histoire de l'humanité" ("L'eucharistie et la création" : évêque Antoine de Boryspol, Kiev).
L'eucharistie, dont l'un des aspects est maintenu sous le boisseau, parfois par des partisans de l’œcuménisme à tout prix, parfois par des érudits qui sont capables de publier 1300 pages sur ses pratiques sans effleurer cette particularité : celle de l'exclusion de fait, de la privation de fait de la sainte communion aux petits baptisés catholiques, c'est à dire qu'on le veuille ou non de leur excommunication de fait dès leur baptême et pour de longues années.
Voici quelques interrogations non limitatives parmi d'autres, qu'il est licite de se poser dans un esprit fraternel.
1°) Concernant l'excommunication de fait des petits baptisés catholiques dès leur baptême
- Comment se fait-il que cette situation perdure depuis la fin du XIIème siècle, alors qu'ils avaient été admis à la Sainte Eucharistie jusque là ?
- On peut s'interroger sur les raisons précises qui ont conduit à cet interminable ostracisme, puisque la lettre synodale de Eudes de Sully, qui a généré ce rejet d'une partie de l'assemblée, la plus humble, la plus vulnérable, la moins apte à se défendre, est regrettablement péremptoire et sans argument. Ce n'est d'ailleurs pas d'interdit à proprement parler dont il est fait état, c'est plus enrobé : il est affirmé simplement que l'eucharistie n'est pas nécessaire aux petits baptisés pour leur salut, sous-entendant que puisqu'ils n'en n'ont ni la nécessité ni le besoin pour être sauvés, elle leur est inutile. Plus tard l'anathème pourra être jeté sur ceux qui ne pensent pas ainsi.
Aucun catholique interrogé, membre du clergé ou laïc, n'est en mesure de justifier un tel rejet de fait de nos jours, autrement que par la subordination de la participation à la Sainte Eucharistie au niveau intellectuel du futur communiant, en l'occurrence à son "âge de raison". Ce qui est en contradiction complète avec l'esprit des évangiles, et qui est un argument apparu après coup, comme une justification a posteriori de la lettre synodale en question. Conséquence : les enfants ne sont admis actuellement aux Saint Dons en France que vers l'âge de neuf ans rarement plus tôt.
Ne s'agit-il pas au fond d'une mise en cause de la grâce eucharistique, formulée de façon disons contournée pour rester mesuré.
Comment ne pas y voir un déni de cette grâce eucharistique qui est le plus grand, le plus impensable de tous les dons que Dieu a fait aux hommes ?
- Le pape de Rome Jean-Paul II avait déclaré : "Avec les orthodoxes ce n'est pas la juridiction que je veux mais la communion".
Mais comment rétablir l'eucharistie commune sans abolir préalablement ce manquement fait à ceux qui ne peuvent se défendre ? En effet, puisque les orthodoxes n'ont jamais excommuniés leurs petits baptisés - qui communient dès leur baptême et sont bien sûr dispensés du jeûne pendant leur enfance - , rien ne s'opposerait canoniquement une fois l'union réalisée, à ce que les petits catholiques viennent communier dans l'Église orthpdoxe tout en restant catholiques, au cas où leur exclusion serait maintenue dans leur propre Église natale ? Les choses sont liées.
2°) Quelques interrogations collatérales sur les pratiques
Comment arriver à une eucharistie commune si Rome non seulement ne met pas fin à cet ostracisme, mais encore si elle ne rétablit pas les saints dons sous les deux espèces véritablement pain et vin ? En effet en raison de sa consistance actuelle on ne voit pas comment l'unique espèce pourrait être donnée telle quelle sans risque à des tout-petits. Le Christ avait tout prévu !
Rappelons pour mémoire que Rome pratique la communion dissociée : l'une sous les deux espèces réservées au clergé; l'autre sous une seule espèce comme l'on sait, pour le peuple. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas le célébrant de proclamer depuis l'autel à l'assemblée le "Buvez-en TOUS" ordonné par le Christ Lui-même.
La question doit aussi être posée de la consécration des espèces en leur totalité dans l'église lors de la célébration au cours de laquelle elles seront consommées et non pas préalablement à l'extérieur puis livrées déjà consacrées comme cela arrive paraît-il.
Rappelons aussi chez nos frères la tradition de l'anonymat du communiant, lequel de nos jours peut être baptisé ou non. En effet les non-baptisés sont admis, les petits baptisés eux n'ont pas cette chance, comprenne qui pourra. D'autre part chaque laïc se donne à lui-même l'eucharistie ce qui est explicitement interdit chez nous (cf. In Trullo), qui avons la joie d'être appelés au calice chacun personnellement par son nom de baptême, et ce même lors des grands pèlerinages où la foule est dense.
3°) En conclusion
- Pourquoi la question majeure du rejet des petits baptisés catholiques est-elle systématiquement occultée par les instances œcuméniques qui insistent parallèlement sur le rétablissement de la communion commune ? Pourquoi ce silence, ce barrage de non-dit entre les chrétiens occidentaux et orientaux dans leurs nombreux colloques, débats, semaines liturgiques et autres tables rondes depuis 70 ans ? Malgré quelques exceptions, dont le regretté Dom Lambert Beauduin.
- Quand, où et par qui les nombreuse implications, conséquences et suites pédagogiques d'une éventuelle union auraient-elle été examinées ?
Le moment n'est-il pas venu de mettre fraternellement sur la table en plein jour cette affaire délicate et douloureuse sur laquelle il y a beaucoup à dire et d'y passer tout le temps nécessaire ? N'y a-t-il pas urgence à en débattre sérieusement en profondeur plutôt que de continuer à se satisfaire de vœux pieux ? Ne serait-il pas légitime de restituer le droit à la grâce eucharistique à ceux que le Christ a voulu proches de Lui ? Ce qui contribuerait peut-être collatéralement à remplir un peu plus les églises.
N'est-ce pas une simple question d'honnêteté vis-à-vis des petits laissés-pour-compte mais aussi de nous-mêmes les uns vis-à-vis des autres, ainsi que vis-à-vis des générations futures ?
Ces mots sont gravés sur l'autel d'une chapelle latérale dans une église (catholique) de Vannes : "On est baptisé pour communier". 1er septembre 2012
1°) Concernant l'excommunication de fait des petits baptisés catholiques dès leur baptême
- Comment se fait-il que cette situation perdure depuis la fin du XIIème siècle, alors qu'ils avaient été admis à la Sainte Eucharistie jusque là ?
- On peut s'interroger sur les raisons précises qui ont conduit à cet interminable ostracisme, puisque la lettre synodale de Eudes de Sully, qui a généré ce rejet d'une partie de l'assemblée, la plus humble, la plus vulnérable, la moins apte à se défendre, est regrettablement péremptoire et sans argument. Ce n'est d'ailleurs pas d'interdit à proprement parler dont il est fait état, c'est plus enrobé : il est affirmé simplement que l'eucharistie n'est pas nécessaire aux petits baptisés pour leur salut, sous-entendant que puisqu'ils n'en n'ont ni la nécessité ni le besoin pour être sauvés, elle leur est inutile. Plus tard l'anathème pourra être jeté sur ceux qui ne pensent pas ainsi.
Aucun catholique interrogé, membre du clergé ou laïc, n'est en mesure de justifier un tel rejet de fait de nos jours, autrement que par la subordination de la participation à la Sainte Eucharistie au niveau intellectuel du futur communiant, en l'occurrence à son "âge de raison". Ce qui est en contradiction complète avec l'esprit des évangiles, et qui est un argument apparu après coup, comme une justification a posteriori de la lettre synodale en question. Conséquence : les enfants ne sont admis actuellement aux Saint Dons en France que vers l'âge de neuf ans rarement plus tôt.
Ne s'agit-il pas au fond d'une mise en cause de la grâce eucharistique, formulée de façon disons contournée pour rester mesuré.
Comment ne pas y voir un déni de cette grâce eucharistique qui est le plus grand, le plus impensable de tous les dons que Dieu a fait aux hommes ?
- Le pape de Rome Jean-Paul II avait déclaré : "Avec les orthodoxes ce n'est pas la juridiction que je veux mais la communion".
Mais comment rétablir l'eucharistie commune sans abolir préalablement ce manquement fait à ceux qui ne peuvent se défendre ? En effet, puisque les orthodoxes n'ont jamais excommuniés leurs petits baptisés - qui communient dès leur baptême et sont bien sûr dispensés du jeûne pendant leur enfance - , rien ne s'opposerait canoniquement une fois l'union réalisée, à ce que les petits catholiques viennent communier dans l'Église orthpdoxe tout en restant catholiques, au cas où leur exclusion serait maintenue dans leur propre Église natale ? Les choses sont liées.
2°) Quelques interrogations collatérales sur les pratiques
Comment arriver à une eucharistie commune si Rome non seulement ne met pas fin à cet ostracisme, mais encore si elle ne rétablit pas les saints dons sous les deux espèces véritablement pain et vin ? En effet en raison de sa consistance actuelle on ne voit pas comment l'unique espèce pourrait être donnée telle quelle sans risque à des tout-petits. Le Christ avait tout prévu !
Rappelons pour mémoire que Rome pratique la communion dissociée : l'une sous les deux espèces réservées au clergé; l'autre sous une seule espèce comme l'on sait, pour le peuple. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas le célébrant de proclamer depuis l'autel à l'assemblée le "Buvez-en TOUS" ordonné par le Christ Lui-même.
La question doit aussi être posée de la consécration des espèces en leur totalité dans l'église lors de la célébration au cours de laquelle elles seront consommées et non pas préalablement à l'extérieur puis livrées déjà consacrées comme cela arrive paraît-il.
Rappelons aussi chez nos frères la tradition de l'anonymat du communiant, lequel de nos jours peut être baptisé ou non. En effet les non-baptisés sont admis, les petits baptisés eux n'ont pas cette chance, comprenne qui pourra. D'autre part chaque laïc se donne à lui-même l'eucharistie ce qui est explicitement interdit chez nous (cf. In Trullo), qui avons la joie d'être appelés au calice chacun personnellement par son nom de baptême, et ce même lors des grands pèlerinages où la foule est dense.
3°) En conclusion
- Pourquoi la question majeure du rejet des petits baptisés catholiques est-elle systématiquement occultée par les instances œcuméniques qui insistent parallèlement sur le rétablissement de la communion commune ? Pourquoi ce silence, ce barrage de non-dit entre les chrétiens occidentaux et orientaux dans leurs nombreux colloques, débats, semaines liturgiques et autres tables rondes depuis 70 ans ? Malgré quelques exceptions, dont le regretté Dom Lambert Beauduin.
- Quand, où et par qui les nombreuse implications, conséquences et suites pédagogiques d'une éventuelle union auraient-elle été examinées ?
Le moment n'est-il pas venu de mettre fraternellement sur la table en plein jour cette affaire délicate et douloureuse sur laquelle il y a beaucoup à dire et d'y passer tout le temps nécessaire ? N'y a-t-il pas urgence à en débattre sérieusement en profondeur plutôt que de continuer à se satisfaire de vœux pieux ? Ne serait-il pas légitime de restituer le droit à la grâce eucharistique à ceux que le Christ a voulu proches de Lui ? Ce qui contribuerait peut-être collatéralement à remplir un peu plus les églises.
N'est-ce pas une simple question d'honnêteté vis-à-vis des petits laissés-pour-compte mais aussi de nous-mêmes les uns vis-à-vis des autres, ainsi que vis-à-vis des générations futures ?
Ces mots sont gravés sur l'autel d'une chapelle latérale dans une église (catholique) de Vannes : "On est baptisé pour communier". 1er septembre 2012
« En cette époque de faire-semblant, je m’efforce de rester intègre », une interview avec l’archiprêtre Georges Mitrofanov
Revue "Neskoutchny sad"
Traduction abrégée Nikita Krivochéine
NS : Quels sont, père Georges, vos rapports avec l’internet ? Quelles sont vos sources d’informations ?
p.G.M. : Je passe au moins deux heures par jour devant mon ordinateur. Je ne regarde presque pas la télévision, et surtout pas les journaux télévisés. Et, bien sûr, il y a toujours les livres. La lecture nous aide à penser de par nous-mêmes. Mes contacts avec les élèves de l’Académie de théologie de Saint-Pétersbourg le confirment. Internet nous offre une information en temps réel. Surtout ne pas laisser s’asservir par l’ordinateur.
A mes 54 ans le sujet qui me passionne le plus est l’histoire de l’Eglise orthodoxe russe. Je peux trouver tout ce qui m’intéresse dans les livres et dans les archives. Le destin de l’Union soviétique et même celui de la Fédération de Russie ne sont pas le premier de mes soucis.A l’époque Vladimir Soloviev avait questionné la Russie : « Quel Orient souhaite-tu être, celui de Xerxès, ou celui du Christ ? ». Gloire à Dieu, cette question n’a plus lieu d’être dans notre pays. Il est évident que lorsque nous étions un Etat communiste totalitaire et maintenant alors que nous sommes devenus un pays libre régi par la ploutocratie nous avons préféré dans les deux cas l’Orient de Xerxès.
Revue "Neskoutchny sad"
Traduction abrégée Nikita Krivochéine
NS : Quels sont, père Georges, vos rapports avec l’internet ? Quelles sont vos sources d’informations ?
p.G.M. : Je passe au moins deux heures par jour devant mon ordinateur. Je ne regarde presque pas la télévision, et surtout pas les journaux télévisés. Et, bien sûr, il y a toujours les livres. La lecture nous aide à penser de par nous-mêmes. Mes contacts avec les élèves de l’Académie de théologie de Saint-Pétersbourg le confirment. Internet nous offre une information en temps réel. Surtout ne pas laisser s’asservir par l’ordinateur.
A mes 54 ans le sujet qui me passionne le plus est l’histoire de l’Eglise orthodoxe russe. Je peux trouver tout ce qui m’intéresse dans les livres et dans les archives. Le destin de l’Union soviétique et même celui de la Fédération de Russie ne sont pas le premier de mes soucis.A l’époque Vladimir Soloviev avait questionné la Russie : « Quel Orient souhaite-tu être, celui de Xerxès, ou celui du Christ ? ». Gloire à Dieu, cette question n’a plus lieu d’être dans notre pays. Il est évident que lorsque nous étions un Etat communiste totalitaire et maintenant alors que nous sommes devenus un pays libre régi par la ploutocratie nous avons préféré dans les deux cas l’Orient de Xerxès.
La Russie a renié le Christ. Maintenant la même question se pose à l’Eglise : veut-elle être l’églises de Xerxès ou Celle du Christ ? L’Eglise à laquelle le Christ a dit : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé ... ». Il m’importe plus, surtout aujourd’hui, de me préserver en tant que chrétien que de méditer en m’inspirant d’une information fugace du destin du pays où j’habite.
N.S. : Dites-vous que le chrétien ne doit pas aujourd’hui ne fût-ce qu’essayer de comprendre ce qui se passe dans notre vie politique et économique ?
p. G.M. Ma réponse sera simple : il ne se passe rigoureusement rien autour de nous. Nous sommes dans une époque de faire-semblant. Au XX siècle la Russie a perdu un très grand nombre de personnes honnêtes, sincères et conséquentes pour qui le parole et les actes ne faisaient qu’un. Nous sommes maintenant dans une société où le faire-semblant est devenu le mode d’existence du moindre effort. D’une société stable, telle qu’elle était avant la révolution de 1917 nous sommes passés à l’édification du communisme. Tous ou presque montaient aux tribunes pour y déclarer qu’ils bâtissaient le communisme, sans même comprendre ce que cela veut dire. Les slogans qu’ils éructaient étaient pour eux un mode de survie. De nos jours ce sont d’autres, parfois d’ailleurs les mêmes, qui ne jurent que par la Sainte ou par la grande Russie. Les mots se dévalorisent vite et toute initiative se voit rapidement privée de sa portée spirituelle. Nous sommes dans une époque de jeux de rôles, cela dans la vie politique, comme dans nos existences quotidiennes et c’est ce m’effraye. Il m’est difficile d’opérer un choix entre les récents mouvement de protestation et les meetings en soutien du pouvoir en place. La droite et la gauche me sont toutes deux étrangères et en même temps tout à fait connues. J’ai le sentiment que ces formes là de la vie politique sont en voie d’extinction.
N.S. : Il ne nous reste donc qu’à lire des livres et d’aller à l’église ?
p. G.M. : « Aller à l’église » est une expression que je déteste. Si nous « allons » à l’église , cela signifie que nous sommes hors de l’Eglise. L’Eglise, ce sont les chrétiens qui croient en le Christ. Je ne peux « aller en moi-même ». Soit j’existe, soit je ne suis plus. Piotr Tchaadaev disait au XIX siècle « il n’existe qu’une seule façon d’être chrétien, c’est de l’être entièrement ».
N.S. : Vous menez une vie simple, dans une HLM de la banlieue de Saint-Pétersbourg. Vous n’avez pas de voiture, de datcha, vous vous déplacez en transports publics…
p. G.M.: Cela n’a aucune importance. A mes yeux la perte de l’Eglise ne commence pas par savoir si un prêtre ou un évêque possèdent des biens terrestres ou sont affublés de tel ou tel défaut. La perte de l’Eglise survient lorsqu’un chrétien n’est plus à même de se contraindre à cesser de vivre en non chrétien. De nos jours il nous arrive de devenir chrétien en acceptant de participer à un jeu de rôle nommé « office orthodoxe ». Il ne s’agit donc pas « d’aller » à l’église mais d’être l’Eglise, cela au sein de sa famille, de sa paroisse et du cercle social auquel on appartient. Cela compte bien plus à mes yeux que des projets portant sur l’éducation, l’enseignement, religieux, la révolution, etc.
N.S. : Est-ce que vos proches partagent ces vues ?
p.G.M. : Nous parlons politique à la maison. Mon épouse est quelqu'un de très impressionnable et de très sensible. Son analyse de la vie moderne est quasi shakespearienne. Nous sommes d’accord en cela. Je suis né à Leningrad en 1958. Ma mère était documentaliste, mon père officier et ancien combattant. Mes parents se sont séparés alors que je n’avais pas encore deux ans. J’ai vécu toute ma jeunesse dans un appartement communautaire avec ma maman et ma grand-mère paralysée. J’éprouvais de l’hostilité à l’égard de mon père : il avant abandonné sa famille et il servait un régime qui avait détruit ma Russie. Je rêvais de fonder lorsque j’aurais grandi un foyer comme ceux qui existaient avant la révolution, un foyer traditionnel et orthodoxe. Ma femme a quitté son poste dans les archives afin d’éviter à notre fils d’aller dans les crèches et les jardins d’enfants que nous avions connus nous-mêmes. Nous tenions à éduquer notre fils et notre fille d’une manière non soviétique. Ils ont été formés dans un esprit de dévotion à l’égard des livres, de tout ce qui est culture. Ce sont des orthodoxes pratiquants. Notre fille est devenue médecin, notre fils soutient une thèse d’histoire médiévale. Ma famille évoque pour moi la vie des foyers de l’intelligentsia russe du début du XX siècle.
N.S. : Parlez-nous de votre paroisse, l’église Saints Pierre et Paul, située dans le centre-ville.
p.G.M.: Ce n’est que pendant deux ans que j’ai été en charge d’une paroisse très nombreuse, celle du cimetière Saint Séraphin de Sarov. Ces sept dernières années je suis le recteur de la paroisse Saints Pierre et Paul. Les fidèles viennent essentiellement de l’Université pédagogique. Ils sont tous instruits. Nous comptons près de 70 paroissiens fidèles, essentiellement des personnes de mon âge, c’est à dire entre 40 et 50 ans. La situation de l’Eglise leur tient à coeur. Tous participent aux Assemblées de la paroisse, nous nous efforçons de nous conformer aux décisions du Concile de 1917. Des contacts étroits existent entre nous. Je me perçois comme étant un paroissien parmi les autres. Mes homélies sont toujours improvisées, malheureusement souvent trop longues.
Je ne suis ni un ascète, ni un anachorète, ni un mystique, ni un grand savant. J’aspire simplement à être honnête avec mes paroissiens. Le problème essentiel de notre vie, de la vie de l’Eglise en particulier, c’est notre incapacité à parler vrai. Il nous faut cesser de mentir les uns aux autres et surtout à nous-mêmes pour pouvoir nous débarasser du monde illusoire dans lequel nous vivons.
N.S. : Trouvez-vous dans l’histoire des précédents à la situation qui est aujourd’hui la nôtre ? Ne percevez-vous pas autour de nous le retour de l’esprit de 1917 ? Ne craignez-vous pas d’être puni pour les choses très courageuses que vous dites ?
p. G.M. : Il y a trois, après la sortie de mon livre «La tragédie de la Russie : les sujets interdits de l’Histoire du XXe siècle» on m’a traité de tous les noms d’oiseau : traître « vlassovien » en soutane et dissident féroce. Je pense qu’il y a quelque chose de très authentique dans l’altérité de l’intellectuel. L’intellectuel rejette tout ce qui est hypocrite. L’essentiel est de rester soi-même, d’être un intellectuel dans le sens noble de ce terme.
Vous avez mentionné l’esprit de 1917. Comment ne pas évoquer le néo-communiste Serge Oudaltsov. Il prétend appartenir à « l’idée russe », alors que il n’est qu’un anarchiste pur sang, de ceux qui ont fomenté la révolution de 1905 et qui ont fait celle de 1917. Ces gens représentent la minorité. Il est difficile aujourd’hui de faire des analogies.
Vous avez parlé de provocations. L’hiver dernier je suis allé à Paris pour y présenter mon dernier livre « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle » . Il y avait dans l’assistance des adversaires du patriarcat de Moscou appartenant à l’archevêché du patriarcat de Constantinople ainsi que des fidèles de l’Eglise orthodoxe russe. J’ai essayé d’expliquer les problèmes auxquels nous nous heurtons. Au cours du débat qui a suivi les fidèles du patriarcat de Moscou ont dit à leurs détracteurs « Vous voulez essayez de nous prouver que le patriarcat de Moscou est une entité étatisée, totalitaire et bureaucratique vivant dans l’unanimisme et le mensonge. Mais qu’en savez-vous ? Vous avez devant vous un prêtre appartenant au patriarcat de Moscou. Il est à la tête d’une chaire de l’Académie de théologie, il est membre de la commission synodale de canonisation ainsi de l’Assemblée inter conciliaire. Ce n’est pas quelqu'un en marge de l’Eglise, loin de là. Vous l’entendez exposer des vues qui contredisent la vision officielle. Il intervient systématiquement à la radio et à la télévision, il publie des livres. N’est-ce pas une preuve de ce que les choses ne vont pas si mal en Russie et au sein de l’Eglise russe ? » .
Les adversaires du patriarcat de Moscou ont répliqué : « Est-ce que de tels prêtres sont nombreux en Russie ? On laisse peut-être faire celui là pour donner le change et créer l’impression que le patriarcat le tolère afin de montrer qu’il existe en son sein une authentique liberté d’opinion ? »
Je ne tiens pas à approfondir. Que vaudrai-je en tant que chrétien si j’acceptai de penser à mon Eglise en ces termes ?
Revue "Neskoutchny sad"
Личность и Церковь: "Я хочу, по крайней мере, быть честным"
N.S. : Dites-vous que le chrétien ne doit pas aujourd’hui ne fût-ce qu’essayer de comprendre ce qui se passe dans notre vie politique et économique ?
p. G.M. Ma réponse sera simple : il ne se passe rigoureusement rien autour de nous. Nous sommes dans une époque de faire-semblant. Au XX siècle la Russie a perdu un très grand nombre de personnes honnêtes, sincères et conséquentes pour qui le parole et les actes ne faisaient qu’un. Nous sommes maintenant dans une société où le faire-semblant est devenu le mode d’existence du moindre effort. D’une société stable, telle qu’elle était avant la révolution de 1917 nous sommes passés à l’édification du communisme. Tous ou presque montaient aux tribunes pour y déclarer qu’ils bâtissaient le communisme, sans même comprendre ce que cela veut dire. Les slogans qu’ils éructaient étaient pour eux un mode de survie. De nos jours ce sont d’autres, parfois d’ailleurs les mêmes, qui ne jurent que par la Sainte ou par la grande Russie. Les mots se dévalorisent vite et toute initiative se voit rapidement privée de sa portée spirituelle. Nous sommes dans une époque de jeux de rôles, cela dans la vie politique, comme dans nos existences quotidiennes et c’est ce m’effraye. Il m’est difficile d’opérer un choix entre les récents mouvement de protestation et les meetings en soutien du pouvoir en place. La droite et la gauche me sont toutes deux étrangères et en même temps tout à fait connues. J’ai le sentiment que ces formes là de la vie politique sont en voie d’extinction.
N.S. : Il ne nous reste donc qu’à lire des livres et d’aller à l’église ?
p. G.M. : « Aller à l’église » est une expression que je déteste. Si nous « allons » à l’église , cela signifie que nous sommes hors de l’Eglise. L’Eglise, ce sont les chrétiens qui croient en le Christ. Je ne peux « aller en moi-même ». Soit j’existe, soit je ne suis plus. Piotr Tchaadaev disait au XIX siècle « il n’existe qu’une seule façon d’être chrétien, c’est de l’être entièrement ».
N.S. : Vous menez une vie simple, dans une HLM de la banlieue de Saint-Pétersbourg. Vous n’avez pas de voiture, de datcha, vous vous déplacez en transports publics…
p. G.M.: Cela n’a aucune importance. A mes yeux la perte de l’Eglise ne commence pas par savoir si un prêtre ou un évêque possèdent des biens terrestres ou sont affublés de tel ou tel défaut. La perte de l’Eglise survient lorsqu’un chrétien n’est plus à même de se contraindre à cesser de vivre en non chrétien. De nos jours il nous arrive de devenir chrétien en acceptant de participer à un jeu de rôle nommé « office orthodoxe ». Il ne s’agit donc pas « d’aller » à l’église mais d’être l’Eglise, cela au sein de sa famille, de sa paroisse et du cercle social auquel on appartient. Cela compte bien plus à mes yeux que des projets portant sur l’éducation, l’enseignement, religieux, la révolution, etc.
N.S. : Est-ce que vos proches partagent ces vues ?
p.G.M. : Nous parlons politique à la maison. Mon épouse est quelqu'un de très impressionnable et de très sensible. Son analyse de la vie moderne est quasi shakespearienne. Nous sommes d’accord en cela. Je suis né à Leningrad en 1958. Ma mère était documentaliste, mon père officier et ancien combattant. Mes parents se sont séparés alors que je n’avais pas encore deux ans. J’ai vécu toute ma jeunesse dans un appartement communautaire avec ma maman et ma grand-mère paralysée. J’éprouvais de l’hostilité à l’égard de mon père : il avant abandonné sa famille et il servait un régime qui avait détruit ma Russie. Je rêvais de fonder lorsque j’aurais grandi un foyer comme ceux qui existaient avant la révolution, un foyer traditionnel et orthodoxe. Ma femme a quitté son poste dans les archives afin d’éviter à notre fils d’aller dans les crèches et les jardins d’enfants que nous avions connus nous-mêmes. Nous tenions à éduquer notre fils et notre fille d’une manière non soviétique. Ils ont été formés dans un esprit de dévotion à l’égard des livres, de tout ce qui est culture. Ce sont des orthodoxes pratiquants. Notre fille est devenue médecin, notre fils soutient une thèse d’histoire médiévale. Ma famille évoque pour moi la vie des foyers de l’intelligentsia russe du début du XX siècle.
N.S. : Parlez-nous de votre paroisse, l’église Saints Pierre et Paul, située dans le centre-ville.
p.G.M.: Ce n’est que pendant deux ans que j’ai été en charge d’une paroisse très nombreuse, celle du cimetière Saint Séraphin de Sarov. Ces sept dernières années je suis le recteur de la paroisse Saints Pierre et Paul. Les fidèles viennent essentiellement de l’Université pédagogique. Ils sont tous instruits. Nous comptons près de 70 paroissiens fidèles, essentiellement des personnes de mon âge, c’est à dire entre 40 et 50 ans. La situation de l’Eglise leur tient à coeur. Tous participent aux Assemblées de la paroisse, nous nous efforçons de nous conformer aux décisions du Concile de 1917. Des contacts étroits existent entre nous. Je me perçois comme étant un paroissien parmi les autres. Mes homélies sont toujours improvisées, malheureusement souvent trop longues.
Je ne suis ni un ascète, ni un anachorète, ni un mystique, ni un grand savant. J’aspire simplement à être honnête avec mes paroissiens. Le problème essentiel de notre vie, de la vie de l’Eglise en particulier, c’est notre incapacité à parler vrai. Il nous faut cesser de mentir les uns aux autres et surtout à nous-mêmes pour pouvoir nous débarasser du monde illusoire dans lequel nous vivons.
N.S. : Trouvez-vous dans l’histoire des précédents à la situation qui est aujourd’hui la nôtre ? Ne percevez-vous pas autour de nous le retour de l’esprit de 1917 ? Ne craignez-vous pas d’être puni pour les choses très courageuses que vous dites ?
p. G.M. : Il y a trois, après la sortie de mon livre «La tragédie de la Russie : les sujets interdits de l’Histoire du XXe siècle» on m’a traité de tous les noms d’oiseau : traître « vlassovien » en soutane et dissident féroce. Je pense qu’il y a quelque chose de très authentique dans l’altérité de l’intellectuel. L’intellectuel rejette tout ce qui est hypocrite. L’essentiel est de rester soi-même, d’être un intellectuel dans le sens noble de ce terme.
Vous avez mentionné l’esprit de 1917. Comment ne pas évoquer le néo-communiste Serge Oudaltsov. Il prétend appartenir à « l’idée russe », alors que il n’est qu’un anarchiste pur sang, de ceux qui ont fomenté la révolution de 1905 et qui ont fait celle de 1917. Ces gens représentent la minorité. Il est difficile aujourd’hui de faire des analogies.
Vous avez parlé de provocations. L’hiver dernier je suis allé à Paris pour y présenter mon dernier livre « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle » . Il y avait dans l’assistance des adversaires du patriarcat de Moscou appartenant à l’archevêché du patriarcat de Constantinople ainsi que des fidèles de l’Eglise orthodoxe russe. J’ai essayé d’expliquer les problèmes auxquels nous nous heurtons. Au cours du débat qui a suivi les fidèles du patriarcat de Moscou ont dit à leurs détracteurs « Vous voulez essayez de nous prouver que le patriarcat de Moscou est une entité étatisée, totalitaire et bureaucratique vivant dans l’unanimisme et le mensonge. Mais qu’en savez-vous ? Vous avez devant vous un prêtre appartenant au patriarcat de Moscou. Il est à la tête d’une chaire de l’Académie de théologie, il est membre de la commission synodale de canonisation ainsi de l’Assemblée inter conciliaire. Ce n’est pas quelqu'un en marge de l’Eglise, loin de là. Vous l’entendez exposer des vues qui contredisent la vision officielle. Il intervient systématiquement à la radio et à la télévision, il publie des livres. N’est-ce pas une preuve de ce que les choses ne vont pas si mal en Russie et au sein de l’Eglise russe ? » .
Les adversaires du patriarcat de Moscou ont répliqué : « Est-ce que de tels prêtres sont nombreux en Russie ? On laisse peut-être faire celui là pour donner le change et créer l’impression que le patriarcat le tolère afin de montrer qu’il existe en son sein une authentique liberté d’opinion ? »
Je ne tiens pas à approfondir. Que vaudrai-je en tant que chrétien si j’acceptai de penser à mon Eglise en ces termes ?
Revue "Neskoutchny sad"
Личность и Церковь: "Я хочу, по крайней мере, быть честным"
Par Mgr Ambroise (Cantacuzène) de Vevey (*)
"Actuellement, on peut observer que de toutes parts, des attaques sont portées contre l'Église du Christ et le troupeau de Dieu. Quand une lutte ouverte ou des persécutions s'exercent contre l'Eglise, l'ennemi du genre humain est manifeste et l'on voit tout de suite de quel côté il faut se défendre. Le danger s'accroît considérablement quand vient la «douce pression» de l'accommodement progressif à ce monde. Elle s'impose peu à peu, insensiblement, car on ne saurait appeler apostasie aucun élément de cette pression pris séparément, mais la conjonction de ces «détails» révèle soudain combien nous nous éloignons de l'Eglise, si l'on ne demeure constamment vigilant.
"Actuellement, on peut observer que de toutes parts, des attaques sont portées contre l'Église du Christ et le troupeau de Dieu. Quand une lutte ouverte ou des persécutions s'exercent contre l'Eglise, l'ennemi du genre humain est manifeste et l'on voit tout de suite de quel côté il faut se défendre. Le danger s'accroît considérablement quand vient la «douce pression» de l'accommodement progressif à ce monde. Elle s'impose peu à peu, insensiblement, car on ne saurait appeler apostasie aucun élément de cette pression pris séparément, mais la conjonction de ces «détails» révèle soudain combien nous nous éloignons de l'Eglise, si l'on ne demeure constamment vigilant.
Mais le plus terrible et le plus affligeant, c'est «ceux qui viennent vêtus de peaux de brebis et qui au-dedans sont des loups ravisseurs», c'est-à-dire ceux qui se donnent pour zélateurs de l'Orthodoxie et qui, profitant de leur haute position dans l'Eglise, s'efforcent de détruire de l'intérieur l'Eglise du Christ, en se soumettant «aux princes et aux fils des hommes» ou bien en enseignant la compromission avec les hérésies par une fausse piété au nom de l'amour mutuel et de la piété ou encore par l'esprit de domination humaine."
Source: extrait de Moinillon
(*) Mgr Ambroise de Vevey (1947-2009), Église russe hors frontières, était le fils du prince Pierre Cantacuzène et d'Olga Orlov. Un temps professeur après des études de droit à Lausanne, il est devenu lecteur, à Vevey, en 1972, diacre et prêtre en 1978, recteur de la paroisse de Lausanne-Vevey à partir de 1978, protopresbytre en 1991, a reçu la tonsure monastique et a été consacré évêque de Vevey en 1993. De 2000 à 2006, il fut évêque de Genève et d'Europe occidentale
Source: extrait de Moinillon
(*) Mgr Ambroise de Vevey (1947-2009), Église russe hors frontières, était le fils du prince Pierre Cantacuzène et d'Olga Orlov. Un temps professeur après des études de droit à Lausanne, il est devenu lecteur, à Vevey, en 1972, diacre et prêtre en 1978, recteur de la paroisse de Lausanne-Vevey à partir de 1978, protopresbytre en 1991, a reçu la tonsure monastique et a été consacré évêque de Vevey en 1993. De 2000 à 2006, il fut évêque de Genève et d'Europe occidentale
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