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L'archiprêtre Nicolas Cernokrak professeur à l'Institut de théologie Saint Serge parle de l'exégèse et des fondements de la formation théologique VIDÉO
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Décembre 2012 à 18:54
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Natalia Trouiller " La Vie"
Hospitalisé il y a quelques semaines au Liban, le patriarche grec-orthodoxe Ignace IV Hazim est mort hier Un décès qui fragilise encore la voix des chrétiens syriens, et qui continue la recomposition du panorama orthodoxe actuel.
C'est à l'âge de 92 ans que le patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, Sa Béatitude Ignace IV Hazim, est mort des suites d'une attaque cérébrale. Réfugié pour raisons de santé à Beyrouth, dans le quartier chrétien d'Achrafieh, le vieil homme n'aura pas vu la fin du conflit fratricide qui déchire la Syrie, le pays où il est né et où il a été élu il y a 33 ans à la tête de l'Eglise orthodoxe d'Antioche, qui compte environ un million de fidèles.
- Sa disparition est une perte tragique pour les chrétiens syriens. Sur les 1.8 millions de fidèles chrétiens en Syrie, plus de la moitié sont grec-orthodoxes. Déjà affaibli et malade, le patriarche Ignace avait élevé la voix contre toute intervention militaire étrangère en Syrie: "Les conséquences nuisibles de toute intervention étrangère dans nos affaires toucheraient aussi bien les chrétiens que les musulmans. La crise sanglante qui secoue la Syrie n'éloignera pas les chrétiens des musulmans". Un vœu pieu d'un patriarche bien peu écouté dans le chaos ambiant.
Hospitalisé il y a quelques semaines au Liban, le patriarche grec-orthodoxe Ignace IV Hazim est mort hier Un décès qui fragilise encore la voix des chrétiens syriens, et qui continue la recomposition du panorama orthodoxe actuel.
C'est à l'âge de 92 ans que le patriarche grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, Sa Béatitude Ignace IV Hazim, est mort des suites d'une attaque cérébrale. Réfugié pour raisons de santé à Beyrouth, dans le quartier chrétien d'Achrafieh, le vieil homme n'aura pas vu la fin du conflit fratricide qui déchire la Syrie, le pays où il est né et où il a été élu il y a 33 ans à la tête de l'Eglise orthodoxe d'Antioche, qui compte environ un million de fidèles.
- Sa disparition est une perte tragique pour les chrétiens syriens. Sur les 1.8 millions de fidèles chrétiens en Syrie, plus de la moitié sont grec-orthodoxes. Déjà affaibli et malade, le patriarche Ignace avait élevé la voix contre toute intervention militaire étrangère en Syrie: "Les conséquences nuisibles de toute intervention étrangère dans nos affaires toucheraient aussi bien les chrétiens que les musulmans. La crise sanglante qui secoue la Syrie n'éloignera pas les chrétiens des musulmans". Un vœu pieu d'un patriarche bien peu écouté dans le chaos ambiant.
- Sa disparition a également un impact dans la hiérarchie orthodoxe mondiale. Des quatre patriarcats les plus importants, ceux qui sont fondés sur des successions apostoliques directes, il y a d'abord celui de Constantinople, avec à sa tête Bartholomeos Ier, dont on ignore s'il pourra avoir un successeur, car à ce jour la Turquie maintient fermé le séminaire qui pourrait le former; le patriarcat copte d'Alexandrie, qui vient de voir Tawadros II accéder à la chaire de saint Marc, mais dont on ignore encore quel sera son rayonnement dans un pays sous le joug islamiste; vient ensuite celui d'Antioche, vacant depuis hier et dont on ne peut deviner comment ni quand une élection pourra se tenir sereinement; enfin, à Jérusalem, le patriarche Théophile III, coincé entre Israël et Palestine.
- Les cinq autres patriarcats sont dans l'ordre: celui de Moscou, avec Kirill Ier, le patriarcat serbe avec Irénée, le siège de Daniel de Roumanie, le siège vacant depuis un mois de Bulgarie et celui d'Elie II, catholicos de Géorgie. Autant dire que le rôle de facto de leader de la communauté orthodoxe mondiale échoit plus que jamais au cinquième patriarche, celui de Moscou, qui multiplie voyages et gestes en faveur des communautés orthodoxes moyen-orientales. SUITE "LA VIE"
- Les cinq autres patriarcats sont dans l'ordre: celui de Moscou, avec Kirill Ier, le patriarcat serbe avec Irénée, le siège de Daniel de Roumanie, le siège vacant depuis un mois de Bulgarie et celui d'Elie II, catholicos de Géorgie. Autant dire que le rôle de facto de leader de la communauté orthodoxe mondiale échoit plus que jamais au cinquième patriarche, celui de Moscou, qui multiplie voyages et gestes en faveur des communautés orthodoxes moyen-orientales. SUITE "LA VIE"
Le 5 décembre 2012, 75e anniversaire de l’exécution de Paul Florensky, célèbre prêtre et théologien, un monument à tous ceux qui ont souffert pour la foi sous le régime bolchevique a été inauguré dans la ville de Serguiev Possad.
Il est érigé sur un terrain où sera construit un musée qui sera dédié au père Paul. L’auteur du monument est Marie Tikhonov. Parmi les personnes venues assister à l’inauguration l’higoumène Andronik (Troubatchev), petit-fils du père Paul, les acteurs Basile Livanov et Nicolas Bourliaïev, des représentants du clergé du monastère Saint Daniel et de la laure Saint Serge ainsi que du ministère de la culture et des autorités régionales.
Patriarhia.ru
75-летие мученической кончины известного священника и богослова Павла Флоренского отмечено открытием памятного знака, посвященного всем пострадавшим за веру в годы большевистских репрессий. Памятный знак установлен 5 декабря на территории будущего музейного комплекса отца Павла в подмосковном Сергиевом Посаде. Автор проекта - член Московского союза художников Мария Тихонова.
Le Père Paul (Pavel) Florensky et ses enfants
Il est érigé sur un terrain où sera construit un musée qui sera dédié au père Paul. L’auteur du monument est Marie Tikhonov. Parmi les personnes venues assister à l’inauguration l’higoumène Andronik (Troubatchev), petit-fils du père Paul, les acteurs Basile Livanov et Nicolas Bourliaïev, des représentants du clergé du monastère Saint Daniel et de la laure Saint Serge ainsi que du ministère de la culture et des autorités régionales.
Patriarhia.ru
75-летие мученической кончины известного священника и богослова Павла Флоренского отмечено открытием памятного знака, посвященного всем пострадавшим за веру в годы большевистских репрессий. Памятный знак установлен 5 декабря на территории будущего музейного комплекса отца Павла в подмосковном Сергиевом Посаде. Автор проекта - член Московского союза художников Мария Тихонова.
Le Père Paul (Pavel) Florensky et ses enfants
"Sans l'amour nous sommes des cadavres et notre monde, des cimetières" - Patriarche IGNACE IV d'Antioche (1921-2012) Un grand deuil s’est abattu sur le plérôme de l’Eglise orthodoxe dans le monde ! Sa Béatitude IGNACE IV, primat de l'Eglise orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, est né au ciel à l'hôpital Saint Georges de Beyrouth, en ce jour où l’Eglise commémore Saint Sabas le Sanctifié. L’Eglise orthodoxe d'Antioche, celle où les chrétiens ont été pour la première fois désignés ainsi (Acte des Apôtres 11, 19-26) et qui a été fondée par les Coryphées des Apôtres, Saints Pierre et Paul, perd ainsi son primat et guide spirituel dans une période très douloureuse que traversent le Moyen Orient et la Syrie en particulier. Le plérôme de l’Eglise orthodoxe perd aussi en IGNACE IV d'Antioche une de ses plus grandes figures dirigeantes les plus marquantes.
Un grand deuil s’est abattu sur le plérôme de l’Eglise orthodoxe dans le monde ! Sa Béatitude IGNACE IV, primat de l'Eglise orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient, est né au ciel à l'hôpital Saint Georges de Beyrouth, en ce jour où l’Eglise commémore Saint Sabas le Sanctifié. L’Eglise orthodoxe d'Antioche, celle où les chrétiens ont été pour la première fois désignés ainsi (Acte des Apôtres 11, 19-26) et qui a été fondée par les Coryphées des Apôtres, Saints Pierre et Paul, perd ainsi son primat et guide spirituel dans une période très douloureuse que traversent le Moyen Orient et la Syrie en particulier. Le plérôme de l’Eglise orthodoxe perd aussi en IGNACE IV d'Antioche une de ses plus grandes figures dirigeantes les plus marquantes.
POUR LIRE l'intégralité du communiqué des évêques orthodoxes de France - LIEN PDF
POUR LIRE l'intégralité du communiqué des évêques orthodoxes de France - LIEN PDF
Dans un communiqué, les éditions du Cerf annoncent que le père dominicain Nicolas-Jean Sed, directeur général et directeur littéraire des éditions du Cerf, quittera ses fonctions à la fin du mois.
Le père Nicolas-Jean, qui fut l'élève d'Olivier Clément lorsqu'il était lycéen, entré aux éditions du Cerf en 1981, a été à l'origine de nombreux liens avec l'orthodoxie qu'il connait très bien, comme lors de la création et de la poursuite de la collection " Orthodoxie" et ou lors de la réception de nombreux représentants des Eglises orthodoxes, comme, ces dernières années, les patriarches Alexie II et Cyrille de Moscou (alors qu'il était, en 2007, métropolite), le patriarche œcuménique Bartholomée, le patriarche Daniel de Roumanie, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, le métropolite Amphiloque du Monténégro et du Littoral,, etc. Il a également, entre autres, récemment, beaucoup œuvré pour la tenue des Journées du livre orthodoxe en France. Son rôle a été très important aussi pour le développement ou la continuation de grandes initiatives éditoriales comme les "L'Histoire à vif " et « Patrimoines - Christianisme » "Sources chrétiennes" la TOB (traduction œcuménique de la Bible) ou encore la Bible d'Alexandrie (traduction de la Septante).
Le père Nicolas-Jean, qui fut l'élève d'Olivier Clément lorsqu'il était lycéen, entré aux éditions du Cerf en 1981, a été à l'origine de nombreux liens avec l'orthodoxie qu'il connait très bien, comme lors de la création et de la poursuite de la collection " Orthodoxie" et ou lors de la réception de nombreux représentants des Eglises orthodoxes, comme, ces dernières années, les patriarches Alexie II et Cyrille de Moscou (alors qu'il était, en 2007, métropolite), le patriarche œcuménique Bartholomée, le patriarche Daniel de Roumanie, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, le métropolite Amphiloque du Monténégro et du Littoral,, etc. Il a également, entre autres, récemment, beaucoup œuvré pour la tenue des Journées du livre orthodoxe en France. Son rôle a été très important aussi pour le développement ou la continuation de grandes initiatives éditoriales comme les "L'Histoire à vif " et « Patrimoines - Christianisme » "Sources chrétiennes" la TOB (traduction œcuménique de la Bible) ou encore la Bible d'Alexandrie (traduction de la Septante).
Le 14 novembre 2009, à la liturgie dans la chapelle du séminaire orthodoxe russe à Épinay-sous-Sénart, le jour de son inauguration, l'archevêque Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a remis une haute distinction de l'Église orthodoxe russe, l'ordre de Saint Serge de Radonège, au Père Nicolas-Jean Sed, dominicain, directeur des Éditions du Cerf.
"C'est une immense joie pour moi d'accomplir une demande personnelle du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et de remettre une haute distinction de l'Église orthodoxe russe à notre cher ami, le père Nicolas-Jean Sed, pour sa contribution à l'amitié entre nos Églises et pour son immense travail de publication d'œuvres orthodoxes en langue française", a déclaré Mgr Hilarion. Lien ICI et Orthodoxie.com
Nicolas-Jean Sed a été en outre :
- Membre et Président (de 1993 à 1995) du Conseil d'administration de Chemins Actuels de l'Édition religieuse de 1992 à 2004 (coopérative interprofessionnelle des libraires et éditeurs religieux) ;
- Membre du Conseil de surveillance des PVC (Publications de la Vie Catholique : La Vie, Télérama, La Procure, DDB, etc.) de 1995 à 2003 ;
- Président de l'Association internationale des Éditeurs et Libraires Catholiques d'Europe (ELCE) de 1998 à 2010.
Son successeur au sein du Directoire des Éditions du Cerf, que préside Éric T. de Clermont- Tonnerre, sera nommé dans les prochaines semaines. Actua litte
"C'est une immense joie pour moi d'accomplir une demande personnelle du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et de remettre une haute distinction de l'Église orthodoxe russe à notre cher ami, le père Nicolas-Jean Sed, pour sa contribution à l'amitié entre nos Églises et pour son immense travail de publication d'œuvres orthodoxes en langue française", a déclaré Mgr Hilarion. Lien ICI et Orthodoxie.com
Nicolas-Jean Sed a été en outre :
- Membre et Président (de 1993 à 1995) du Conseil d'administration de Chemins Actuels de l'Édition religieuse de 1992 à 2004 (coopérative interprofessionnelle des libraires et éditeurs religieux) ;
- Membre du Conseil de surveillance des PVC (Publications de la Vie Catholique : La Vie, Télérama, La Procure, DDB, etc.) de 1995 à 2003 ;
- Président de l'Association internationale des Éditeurs et Libraires Catholiques d'Europe (ELCE) de 1998 à 2010.
Son successeur au sein du Directoire des Éditions du Cerf, que préside Éric T. de Clermont- Tonnerre, sera nommé dans les prochaines semaines. Actua litte
V.G.
Partie 2 « mort sur la Croix »
Il reste encore un aspect de la confession à envisager: quand nous venons à Dieu, que nous Le prions, que nous confessons devant Lui nos péchés avec plus ou moins d'ardeur, nous n'entendons de Sa part aucun mot de reproche ou de réconciliation. Il est comme muet. Il faut une grande sensibilité de l'âme pour ressentir si nous sommes réconciliés avec Dieu ou pas. On voit bien quelle est la différence entre la simple confession et la véritable réconciliation: lorsque l'on s'adresse un homme que nous avons peiné, insulté ou négligé, il peut nous écouter et nous dire: « J'ai été trahi par ton amitié, je ne te fais plus confiance ». Ou encore: « Non, je ne peux pas te pardonner, tu m'as blessé trop profondément, tu m'as peiné trop cruellement; ne pense pas qu'avec de simples mots tu puisses changer mon état, guérir mon âme ! Il faudra que tu me démontres, peut-être pendant un temps assez long et avec des signes visibles, la sincérité de tes mots, que tu as honte et que tu regrettes. Notre amitié est mise à rude épreuve ».
Il faut véritablement que nous réfléchissions là dessus: parce qu'à peine avons-nous dit nos péchés à Dieu, montré notre « repentir », dit tous nos regrets, nous attendons trop facilement que Dieu nous pardonne. Bien sûr qu'Il nous pardonne ! N'est-Il pas Dieu ? N'est-ce pas pour cela qu'Il a vécu, qu'Il a enseigné et qu'Il est mort sur la Croix ?
Partie 2 « mort sur la Croix »
Il reste encore un aspect de la confession à envisager: quand nous venons à Dieu, que nous Le prions, que nous confessons devant Lui nos péchés avec plus ou moins d'ardeur, nous n'entendons de Sa part aucun mot de reproche ou de réconciliation. Il est comme muet. Il faut une grande sensibilité de l'âme pour ressentir si nous sommes réconciliés avec Dieu ou pas. On voit bien quelle est la différence entre la simple confession et la véritable réconciliation: lorsque l'on s'adresse un homme que nous avons peiné, insulté ou négligé, il peut nous écouter et nous dire: « J'ai été trahi par ton amitié, je ne te fais plus confiance ». Ou encore: « Non, je ne peux pas te pardonner, tu m'as blessé trop profondément, tu m'as peiné trop cruellement; ne pense pas qu'avec de simples mots tu puisses changer mon état, guérir mon âme ! Il faudra que tu me démontres, peut-être pendant un temps assez long et avec des signes visibles, la sincérité de tes mots, que tu as honte et que tu regrettes. Notre amitié est mise à rude épreuve ».
Il faut véritablement que nous réfléchissions là dessus: parce qu'à peine avons-nous dit nos péchés à Dieu, montré notre « repentir », dit tous nos regrets, nous attendons trop facilement que Dieu nous pardonne. Bien sûr qu'Il nous pardonne ! N'est-Il pas Dieu ? N'est-ce pas pour cela qu'Il a vécu, qu'Il a enseigné et qu'Il est mort sur la Croix ?
Voilà, c'est ce mot « mort sur la Croix » que nous oublions trop facilement. Sur ce sujet, saint Séraphim de Sarov a eu un jour une discussion qui devrait nous toucher profondément. Saint Séraphim disait que lorsque nous demandons à Dieu de nous pardonner avec repentir, Il le fera d'une manière certaine puisqu'il ne nous rejette pas, mais il faut se rappeler le prix qu'Il a payé pour obtenir le pouvoir de nous pardonner. Il a le pouvoir de nous pardonner parce qu'Il est mort pour nous; Il a le pouvoir de nous pardonner parce qu'Il pourrait considérer chacun de nous comme Son bourreau. Oui, littéralement nous participons à Sa crucifixion et littéralement Il peut dire de nous: « Pardonne leur Père, car ils ne savent pas ce qu'ils font... ».
À l'époque, les gens ne savaient pas ce qu'ils faisaient, pouvons-nous en dire autant aujourd'hui ? Ne savons-nous pas ce que dit l'évangile ? Ne savons-nous pas que le Christ n'est pas mort que pour nous, mais aussi à cause de nous ? Ne savons-nous pas que si mon péché, grand ou petit, n'existait pas, Il n'aurait pas eu a mourir ? Que s'il n'y avait eu qu'un seul pécheur sur la terre (c'est ce que nous rapporte un saint père), le Christ serait mort pour le sauver, lui uniquement. Ainsi, à chaque fois que je tue mon âme, que je me souille, que je deviens un traître, je ne trahis pas que Dieu, mais mon prochain et moi-même, à chaque fois je deviens responsable de la mort du Christ, le Fils de Dieu devenu Fils de l'homme.
Les "petits péchés"
Tout ceci doit nous donner la possibilité et l'obligation de prendre la mesure de chacun de nos péchés, parce qu'en fin de compte il n'y a pas de petit ou de grand péché. Bien sûr, il y a des péchés qui peuvent tuer notre âme en une fois et d'autre moins meurtriers, mais ils représentent tous notre part dans la crucifixion du Christ. Il nous semble si facile de nous séparer de nos péchés ! D'un grand péché, c'est sans doute possible; s'il nous a frappés véritablement au creux de l'âme, on peut s'en repentir profondément, tragiquement. Mais pour les petits, il nous semble suffisant de dire « Seigneur, pardonne-moi » et de se sentir pardonné. Dans la vie d'un saint russe, un fol en Christ, on raconte l'histoire suivante. Deux femmes viennent voir le saint, la première avec un grand péché, qui l'a profondément blessée, dont elle se repend et qu'elle pleure amèrement; l'autre avec beaucoup de petits en disant: « Et quoi ? Je suis pécheresse, ce sont de petits péchés ! Est-ce si important ? ». Le fol en Christ dit à la première: « Vas dans le champ voisin, trouve la plus grosse pierre que tu puisses porter et rapporte la moi ». À la seconde: « Remplis ton tablier avec toutes les petites pierres que tu trouveras sur le chemin et reviens me voir ». Les deux femmes firent ce qu'il leur avait demandé et revinrent ensuite. Le saint dit à la première: « Rapporte ta pierre là où tu l'as trouvée »; et à la seconde: « remets chaque pierre là où tu l'as prise ». Les deux partirent. La première revint rapidement car elle retrouva facilement l'endroit d'où elle avait pris la grosse pierre, tandis que la seconde revint tard avec son tablier rempli de pierres en disant: « Je ne sais plus où je les ai prises ». Et le saint leur dit: « Il en va de même avec les péchés: si tu te repens sincèrement d'un grand péché, c'est comme si tu remettais le gros caillou à sa place; mais pour se défaire d'une multitude de petites pierres, tu ne retrouveras jamais l'endroit où tu les a prises ».
Il faut donc avoir à l'esprit, que cela n'a aucun sens de se poser la question de savoir si tel ou tel péché vaut la peine que l'on s'en repente, parce que nous ne savons pas si nous pourrons nous débarrasser de ce petit péché que nous avons commis. Par un petit ou par un grand – peu importe, nous avons franchi la frontière, nous sommes passés du domaine de la lumière dans celui des ténèbres, et nous ne pouvons pas en revenir tout blanc et sans tâches. Encore une fois, je le répète: pour que la confession soit purification, il faut qu'elle soit parfaite réconciliation.
"Le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas; le mal que je ne voudrais pas faire je le fais en permanence"
Maintenant, réconciliation en quoi et avec qui ? Le plus souvent, quand nous venons à la confession, nous pensons qu'il suffit principalement de se réconcilier avec Dieu et que pour cela il suffit de tout Lui dire, ou du moins autant que l'on en est capable, pour qu'Il nous dise: « Bon, Je te pardonne ! ». Cela n'est pas suffisant ! Cela n'est pas suffisant parce que la plupart de nos péchés consistent à mépriser, à peiner et à faire perdre espoir à l'un de nos proches; et la réconciliation devrait commencer par la réconciliation avec celui devant qui nous sommes fautifs. Dieu ne peut pardonner ce que nous avons fait à notre prochain, tant que nous n'avons rien fait pour nous réconcilier avec lui. C'est pourquoi, aux vêpres du pardon par exemple, il est totalement vain de dire à quelqu'un « pardonne-moi » et s'entendre répondre « que Dieu te pardonne », si auparavant nous ne sommes pas venus rencontrer ceux devant qui nous avons une dette et que nous avons peinés, que nous ne leur avons pas confessé la honte que nous ressentons de leur avoir manqué de confiance et de les avoir trahis.
Pour finir notre réconciliation doit avoir lieu avec nous-mêmes, pas seulement avec Dieu et avec notre prochain; c'est à dire que nous devons quitter cet état partagé, éclaté, éparpillé qui est le notre en permanence pour se sentir réunifié et guéri. Souvenez-vous de l'apôtre Paul qui dit: le bien que je voudrais faire, je ne fais pas; le mal que je ne voudrais pas faire je le fais en permanence (Rm 7,19). Il y a réellement en nous une séparation: une séparation entre nos pensées justes et sincères et les désirs de notre cœur; entre notre élan vers le bien et notre attirance vers le mal.
PARTIE 1
À l'époque, les gens ne savaient pas ce qu'ils faisaient, pouvons-nous en dire autant aujourd'hui ? Ne savons-nous pas ce que dit l'évangile ? Ne savons-nous pas que le Christ n'est pas mort que pour nous, mais aussi à cause de nous ? Ne savons-nous pas que si mon péché, grand ou petit, n'existait pas, Il n'aurait pas eu a mourir ? Que s'il n'y avait eu qu'un seul pécheur sur la terre (c'est ce que nous rapporte un saint père), le Christ serait mort pour le sauver, lui uniquement. Ainsi, à chaque fois que je tue mon âme, que je me souille, que je deviens un traître, je ne trahis pas que Dieu, mais mon prochain et moi-même, à chaque fois je deviens responsable de la mort du Christ, le Fils de Dieu devenu Fils de l'homme.
Les "petits péchés"
Tout ceci doit nous donner la possibilité et l'obligation de prendre la mesure de chacun de nos péchés, parce qu'en fin de compte il n'y a pas de petit ou de grand péché. Bien sûr, il y a des péchés qui peuvent tuer notre âme en une fois et d'autre moins meurtriers, mais ils représentent tous notre part dans la crucifixion du Christ. Il nous semble si facile de nous séparer de nos péchés ! D'un grand péché, c'est sans doute possible; s'il nous a frappés véritablement au creux de l'âme, on peut s'en repentir profondément, tragiquement. Mais pour les petits, il nous semble suffisant de dire « Seigneur, pardonne-moi » et de se sentir pardonné. Dans la vie d'un saint russe, un fol en Christ, on raconte l'histoire suivante. Deux femmes viennent voir le saint, la première avec un grand péché, qui l'a profondément blessée, dont elle se repend et qu'elle pleure amèrement; l'autre avec beaucoup de petits en disant: « Et quoi ? Je suis pécheresse, ce sont de petits péchés ! Est-ce si important ? ». Le fol en Christ dit à la première: « Vas dans le champ voisin, trouve la plus grosse pierre que tu puisses porter et rapporte la moi ». À la seconde: « Remplis ton tablier avec toutes les petites pierres que tu trouveras sur le chemin et reviens me voir ». Les deux femmes firent ce qu'il leur avait demandé et revinrent ensuite. Le saint dit à la première: « Rapporte ta pierre là où tu l'as trouvée »; et à la seconde: « remets chaque pierre là où tu l'as prise ». Les deux partirent. La première revint rapidement car elle retrouva facilement l'endroit d'où elle avait pris la grosse pierre, tandis que la seconde revint tard avec son tablier rempli de pierres en disant: « Je ne sais plus où je les ai prises ». Et le saint leur dit: « Il en va de même avec les péchés: si tu te repens sincèrement d'un grand péché, c'est comme si tu remettais le gros caillou à sa place; mais pour se défaire d'une multitude de petites pierres, tu ne retrouveras jamais l'endroit où tu les a prises ».
Il faut donc avoir à l'esprit, que cela n'a aucun sens de se poser la question de savoir si tel ou tel péché vaut la peine que l'on s'en repente, parce que nous ne savons pas si nous pourrons nous débarrasser de ce petit péché que nous avons commis. Par un petit ou par un grand – peu importe, nous avons franchi la frontière, nous sommes passés du domaine de la lumière dans celui des ténèbres, et nous ne pouvons pas en revenir tout blanc et sans tâches. Encore une fois, je le répète: pour que la confession soit purification, il faut qu'elle soit parfaite réconciliation.
"Le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas; le mal que je ne voudrais pas faire je le fais en permanence"
Maintenant, réconciliation en quoi et avec qui ? Le plus souvent, quand nous venons à la confession, nous pensons qu'il suffit principalement de se réconcilier avec Dieu et que pour cela il suffit de tout Lui dire, ou du moins autant que l'on en est capable, pour qu'Il nous dise: « Bon, Je te pardonne ! ». Cela n'est pas suffisant ! Cela n'est pas suffisant parce que la plupart de nos péchés consistent à mépriser, à peiner et à faire perdre espoir à l'un de nos proches; et la réconciliation devrait commencer par la réconciliation avec celui devant qui nous sommes fautifs. Dieu ne peut pardonner ce que nous avons fait à notre prochain, tant que nous n'avons rien fait pour nous réconcilier avec lui. C'est pourquoi, aux vêpres du pardon par exemple, il est totalement vain de dire à quelqu'un « pardonne-moi » et s'entendre répondre « que Dieu te pardonne », si auparavant nous ne sommes pas venus rencontrer ceux devant qui nous avons une dette et que nous avons peinés, que nous ne leur avons pas confessé la honte que nous ressentons de leur avoir manqué de confiance et de les avoir trahis.
Pour finir notre réconciliation doit avoir lieu avec nous-mêmes, pas seulement avec Dieu et avec notre prochain; c'est à dire que nous devons quitter cet état partagé, éclaté, éparpillé qui est le notre en permanence pour se sentir réunifié et guéri. Souvenez-vous de l'apôtre Paul qui dit: le bien que je voudrais faire, je ne fais pas; le mal que je ne voudrais pas faire je le fais en permanence (Rm 7,19). Il y a réellement en nous une séparation: une séparation entre nos pensées justes et sincères et les désirs de notre cœur; entre notre élan vers le bien et notre attirance vers le mal.
PARTIE 1
La Russie modifie le projet de l'église orthodoxe quai Branly
Après des heures de réunions au sommet, le projet de construction de la grande église orthodoxe russe à Paris, cher aux yeux de Vladimir Poutine et lancé par Nicolas Sarkozy, va être interrompu. Ce mercredi, la Fédération de Russie devrait suspendre sa demande de permis de construire, déposée en mai dernier à la Préfecture de Paris. À terme, l'église (située à l'angle de l'avenue Rapp et du quai Branly, dans le VIIe arrondissement), sera bien érigée, et un nouveau permis de construire sera redéposé. Mais, entre-temps, le projet va être repensé: selon les autorités des deux pays, «il n'est pas faisable en l'état».
«La Fédération de Russie estime être confrontée à des problèmes techniques et la France a fait savoir que cette église, telle qu'imaginée par les architectes, détonne dans son environnement», confie un proche du dossier.
Selon les esquisses présentées au public à la résidence de l'ambassadeur, en mars 2011, le projet mort-né se caractérisait par cinq bulbes dorés, dont le plus haut culminait à 27 mètres. Au-dessous de ces bulbes, sans lesquels il n'y a pas d'édifice orthodoxe, une sorte de toit de verre ondulé était prévu. Il était censé faire écho au voile de la Vierge Marie. Le tout détonnait et se voyait depuis la tour Eiffel. L'architecte français Jean-Michel Wilmotte ainsi que plusieurs autres architectes ayant participé au concours vont s'atteler à un nouveau projet. Wilmotte est bien connu du Kremlin: il vient de remporter, avec Antoine Grumbach et Sergueï Tkachenko, le concours pour le Grand Moscou
Après des heures de réunions au sommet, le projet de construction de la grande église orthodoxe russe à Paris, cher aux yeux de Vladimir Poutine et lancé par Nicolas Sarkozy, va être interrompu. Ce mercredi, la Fédération de Russie devrait suspendre sa demande de permis de construire, déposée en mai dernier à la Préfecture de Paris. À terme, l'église (située à l'angle de l'avenue Rapp et du quai Branly, dans le VIIe arrondissement), sera bien érigée, et un nouveau permis de construire sera redéposé. Mais, entre-temps, le projet va être repensé: selon les autorités des deux pays, «il n'est pas faisable en l'état».
«La Fédération de Russie estime être confrontée à des problèmes techniques et la France a fait savoir que cette église, telle qu'imaginée par les architectes, détonne dans son environnement», confie un proche du dossier.
Selon les esquisses présentées au public à la résidence de l'ambassadeur, en mars 2011, le projet mort-né se caractérisait par cinq bulbes dorés, dont le plus haut culminait à 27 mètres. Au-dessous de ces bulbes, sans lesquels il n'y a pas d'édifice orthodoxe, une sorte de toit de verre ondulé était prévu. Il était censé faire écho au voile de la Vierge Marie. Le tout détonnait et se voyait depuis la tour Eiffel. L'architecte français Jean-Michel Wilmotte ainsi que plusieurs autres architectes ayant participé au concours vont s'atteler à un nouveau projet. Wilmotte est bien connu du Kremlin: il vient de remporter, avec Antoine Grumbach et Sergueï Tkachenko, le concours pour le Grand Moscou
«Le compromis d'aujourd'hui permet à tout le monde de sauver la face et de continuer à avancer», juge un connaisseur. C'est d'autant plus vrai que le contexte diplomatique est particulier: le 27 novembre, à Paris, s'ouvre une semaine franco-russe, avec une rencontre entre le premier ministre russe Dmitri Medvedev et son homologue français, Jean-Marc Ayrault.
SUITE Le Figaro
Pour en savoir plus sur les projets ICI
Jean-Michel Wilmotte est un architecte urbaniste et designer français né en 1948 à Soissons en Picardie Biographie (Moscou, 22 000 m2.- Kiev "Business Park" , tours et Palais des glaces, 600 000 m2 - Pékin (Chine) etc....)
SUITE Le Figaro
Pour en savoir plus sur les projets ICI
Jean-Michel Wilmotte est un architecte urbaniste et designer français né en 1948 à Soissons en Picardie Biographie (Moscou, 22 000 m2.- Kiev "Business Park" , tours et Palais des glaces, 600 000 m2 - Pékin (Chine) etc....)
Le centre culturel et spirituel russe ainsi qu’une nouvelle cathédrale orthodoxe seront construits à Paris pour 2016.
Un projet de l’ensemble revu sera présenté déjà dans deux mois. L’architecte français Jean-Michel Wilmotte dont le projet a obtenu la deuxième place pendant le concours y participera également.
Au printemps 2010, la Russie a emporté un appel d'offres pour l’achat d’un terrain quai Branly près de la tour Eiffel. Le projet d’une église et d’un centre culturel et spirituel élaboré par des architectes russes et français sous la direction de l’architecte espagnol Manuel Nunies Janovsky a été sélectionné lors d’un concours international.
Un projet de l’ensemble revu sera présenté déjà dans deux mois. L’architecte français Jean-Michel Wilmotte dont le projet a obtenu la deuxième place pendant le concours y participera également.
Au printemps 2010, la Russie a emporté un appel d'offres pour l’achat d’un terrain quai Branly près de la tour Eiffel. Le projet d’une église et d’un centre culturel et spirituel élaboré par des architectes russes et français sous la direction de l’architecte espagnol Manuel Nunies Janovsky a été sélectionné lors d’un concours international.
Cependant, le maire de la ville de Paris Bertrand Delanoë a déclaré ce projet comme détonnant dans ce quartier classé. La Russie a suspendu sa demande de permis de construire et annoncé que le projet serait repensé.
Selon les précisions de M. Orlov, ambassadeur de Russie en France, le projet sera réélaboré et une nouvelle demande de permis de construire sera déposée au maximum dans deux mois. Il faudra du temps pour l’examen du nouveau projet. « J’espère qu’avant la visite du président Hollande à Moscou le printemps prochain nous aurons obtenu le permis de construire. Les travaux commenceront l’année prochaine et seront terminés en 2016 ».
Российский духовный центр в Париже будет построен к 2016 году - irn.ru
Selon les précisions de M. Orlov, ambassadeur de Russie en France, le projet sera réélaboré et une nouvelle demande de permis de construire sera déposée au maximum dans deux mois. Il faudra du temps pour l’examen du nouveau projet. « J’espère qu’avant la visite du président Hollande à Moscou le printemps prochain nous aurons obtenu le permis de construire. Les travaux commenceront l’année prochaine et seront terminés en 2016 ».
Российский духовный центр в Париже будет построен к 2016 году - irn.ru
Vladimir GOLOVANOW
Une belle unanimité
Les représentants des religions catholique, protestante, orthodoxe et juive ont réaffirmé jeudi au cours d'une audition devant la commission des lois de l'Assemblée nationale leur opposition au projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, à l'exception des bouddhistes qui ne se prononcent pas et souhaitent un référendum. Le Métropolite Joseph (Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale) est intervenu en tant que représentant de l'AEOF (Assemblée des évêques orthodoxes de France) et, dans une courte mais très belle intervention, il a rappelé les bases essentielles de la position orthodoxe sur le mariage. Mettant en garde contre un « totalitarisme de l’égalité », il a invité à trouver des solutions pour une égalité ouverte et plurielle (1) et s'est prononcé pour "le retrait du projet de loi afin d'organiser un débat national sur le sujet"(2). Son intervention est disponible ICI
Une belle unanimité
Les représentants des religions catholique, protestante, orthodoxe et juive ont réaffirmé jeudi au cours d'une audition devant la commission des lois de l'Assemblée nationale leur opposition au projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, à l'exception des bouddhistes qui ne se prononcent pas et souhaitent un référendum. Le Métropolite Joseph (Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale) est intervenu en tant que représentant de l'AEOF (Assemblée des évêques orthodoxes de France) et, dans une courte mais très belle intervention, il a rappelé les bases essentielles de la position orthodoxe sur le mariage. Mettant en garde contre un « totalitarisme de l’égalité », il a invité à trouver des solutions pour une égalité ouverte et plurielle (1) et s'est prononcé pour "le retrait du projet de loi afin d'organiser un débat national sur le sujet"(2). Son intervention est disponible ICI
Rappelons que, le 13 novembre 2012, "le projet de loi du gouvernement sur le mariage civil a fait l'objet d'un échange /avec le Premier Ministre/ lors duquel Mgr Emmanuel /le président de l'AEOF/ a expliqué au Premier Ministre les fondements de la position prise par les évêques orthodoxes de France, marquant des réserves fortes sur ce projet, lors de leur réunion du 2 octobre dernier. Il a réaffirmé la nécessité pour les autorités publiques d'organiser, sur un sujet d'une telle importance sociétale une très large concertation. En effet, un débat national sur un sujet qui risque de diviser les français est nécessaire pour éclairer les différents enjeux et implications qu'une telle réforme du mariage risque d'engendrer sur la conception du couple, de la famille, de la filiation, du droit patrimonial etc." (3)
Les fondements de la position orthodoxes sur le mariage
Le communiqué de la réunion de l'AEOF le 2 octobre mentionné ci-dessus explique:
Citation :
"Le mariage est une institution traditionnelle pluriséculaire qui structure société, famille et relations interpersonnelles. Dans une perspective orthodoxe et chrétienne, il s’agit d’une communion fondée par le Créateur (Genèse 1-2), bénie par le Christ (Jean 2) et dont la fin est double : participer avec Dieu à son œuvre créatrice (la « procréation »), tout en approfondissant l’union d’amour et de service mutuel entre un homme et une femme, dont la vocation et le destin sont de devenir «une seule chair» dans le monde et pour l’éternité.
En plus de sa dimension théologique, la question de la forme et de la nature du mariage est éminemment « sociétale » et renvoie à la notion du couple, à la conception de la famille, de la filiation, du droit à l’adoption, à l’éducation des enfants, [la conception] de l’altérité, des régimes matrimoniaux, etc. Pour l’Église orthodoxe, l’ontologie du mariage se fonde sur la complémentarité homme-femme. Alors que le PACS prévoit déjà l’union civile entre des personnes du même sexe, la notion traditionnelle et fondamentale du mariage – avec sa propre terminologie – doit être préservée, afin de marquer une distinction claire et nette entre des unions civiles et la vocation du couple hétérosexuel. Les évêques orthodoxes de France comptent publier prochainement une déclaration sur les fondements de la conception chrétienne orthodoxe du mariage.
Les évêques orthodoxes condamnent fermement tout ce qui peut porter atteinte, directement ou indirectement, ici et là, é la dignité des religions, à leurs symboles et à leurs référents essentiels. Toute atteinte à une religion est une atteinte à toutes les religions et, en premier et en dernier lieu, à la personne humaine." (4)
En relation avec cette question, Orthodoxie.com avait publié en 2005 une très intéressante étude du père Marc-Antoine Costa de Beauregard: "Essai d'une interprétation chrétienne de la question homosexuelle".(5).
Appel à la mobilisation
Et, pour finir, voici l'appel du Doyenné de l'Eglise de Serbie dans le Sud-ouest de la France: "Le Doyenné saint Jean-Cassien soutien et participera avec plusieurs prêtres et fidèles pour la défense de la Famille et de l’Enfant, venez nous rejoindre!" (7)
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Les fondements de la position orthodoxes sur le mariage
Le communiqué de la réunion de l'AEOF le 2 octobre mentionné ci-dessus explique:
Citation :
"Le mariage est une institution traditionnelle pluriséculaire qui structure société, famille et relations interpersonnelles. Dans une perspective orthodoxe et chrétienne, il s’agit d’une communion fondée par le Créateur (Genèse 1-2), bénie par le Christ (Jean 2) et dont la fin est double : participer avec Dieu à son œuvre créatrice (la « procréation »), tout en approfondissant l’union d’amour et de service mutuel entre un homme et une femme, dont la vocation et le destin sont de devenir «une seule chair» dans le monde et pour l’éternité.
En plus de sa dimension théologique, la question de la forme et de la nature du mariage est éminemment « sociétale » et renvoie à la notion du couple, à la conception de la famille, de la filiation, du droit à l’adoption, à l’éducation des enfants, [la conception] de l’altérité, des régimes matrimoniaux, etc. Pour l’Église orthodoxe, l’ontologie du mariage se fonde sur la complémentarité homme-femme. Alors que le PACS prévoit déjà l’union civile entre des personnes du même sexe, la notion traditionnelle et fondamentale du mariage – avec sa propre terminologie – doit être préservée, afin de marquer une distinction claire et nette entre des unions civiles et la vocation du couple hétérosexuel. Les évêques orthodoxes de France comptent publier prochainement une déclaration sur les fondements de la conception chrétienne orthodoxe du mariage.
Les évêques orthodoxes condamnent fermement tout ce qui peut porter atteinte, directement ou indirectement, ici et là, é la dignité des religions, à leurs symboles et à leurs référents essentiels. Toute atteinte à une religion est une atteinte à toutes les religions et, en premier et en dernier lieu, à la personne humaine." (4)
En relation avec cette question, Orthodoxie.com avait publié en 2005 une très intéressante étude du père Marc-Antoine Costa de Beauregard: "Essai d'une interprétation chrétienne de la question homosexuelle".(5).
Appel à la mobilisation
Et, pour finir, voici l'appel du Doyenné de l'Eglise de Serbie dans le Sud-ouest de la France: "Le Doyenné saint Jean-Cassien soutien et participera avec plusieurs prêtres et fidèles pour la défense de la Famille et de l’Enfant, venez nous rejoindre!" (7)
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Saint Colomban entraîna à sa suite de nombreux moines irlandais qui vinrent évangéliser le nord et l'est de la France actuelle. Saint Gall était l'un d'entre eux. Avec saint Colomban, il fonda l'abbaye de Luxeuil. Il se sépara de son maître quand celui-ci dut s'enfuir en Italie à cause des persécutions royales. Saint Gall partit également et vécut en ermite près du lac de Constance en Suisse, là où s'éleva un monastère puis la ville qui prit son nom en Suisse: Saint Gall C’est au IVe siècle que nous trouvons les premiers indices sûrs de l’existence d’une communauté chrétienne avec la mention de St Amand, communauté probablement entièrement détruite lors de l’invasion des Alamans (Ve siècle).
La ville de Saint-Gall a fêté cette année les 1400 ans de sa fondation par le moine irlandais Gall. Cet événement constitue le point de départ de l’enquête diffusée du 3 au 7 décembre sur la station romande Espace 2, dans "A vue d’esprit". Une façon de mieux connaître l’élan des moines irlandais qui, sous l’impulsion de Colomban, vraie tornade évangélisatrice, ont investi le continent européen du 6e au 9e siècle.
La ville de Saint-Gall a fêté cette année les 1400 ans de sa fondation par le moine irlandais Gall. Cet événement constitue le point de départ de l’enquête diffusée du 3 au 7 décembre sur la station romande Espace 2, dans "A vue d’esprit". Une façon de mieux connaître l’élan des moines irlandais qui, sous l’impulsion de Colomban, vraie tornade évangélisatrice, ont investi le continent européen du 6e au 9e siècle.
"Gall est, en Suisse, le plus connu des pèlerins de la foi, venus d’Irlande. C’est lui qui a donné son nom à la ville qui célèbre cette année les 14 siècles de son arrivée, en l’an 612. Mais Gall est d’abord un disciple de Colomban, ce moine qui, au 5e siècle, aborde le continent avec un seul idéal: marcher pour le Christ", indique le Centre catholique de Radio et Télévision (CCRT) dans un communiqué diffusé le 30 novembre.
Empreint d’une spiritualité celtique ascétique, Colomban va fonder plusieurs monastères dans les Vosges, pérégriner en Allemagne et en Suisse pour finir sa vie à Bobbio, en Italie. A sa mort, plus de 60 monastères se revendiquent de son ordre.
L’émission "A vue d’esprit" revient sur cette aventure spirituelle exceptionnelle. La série, diffusée du 3 au 7 décembre (16h30-17h), a été réalisée par deux journalistes du CCRT: Evelyne Oberson et Bernard Litzler.
Gall, un dissident
Gall quitte Colomban en 612, pour suivre son chemin personnel. C’est le point de départ de la série radiophonique. Pourtant Colomban et son ordre monastique marquent durablement le christianisme médiéval. A la fois prédicateurs et ermites, ces moines redonnent un élan à la vie religieuse par leur ferveur, leur goût pour l’étude et leur dépassement. SUITE Apic
Empreint d’une spiritualité celtique ascétique, Colomban va fonder plusieurs monastères dans les Vosges, pérégriner en Allemagne et en Suisse pour finir sa vie à Bobbio, en Italie. A sa mort, plus de 60 monastères se revendiquent de son ordre.
L’émission "A vue d’esprit" revient sur cette aventure spirituelle exceptionnelle. La série, diffusée du 3 au 7 décembre (16h30-17h), a été réalisée par deux journalistes du CCRT: Evelyne Oberson et Bernard Litzler.
Gall, un dissident
Gall quitte Colomban en 612, pour suivre son chemin personnel. C’est le point de départ de la série radiophonique. Pourtant Colomban et son ordre monastique marquent durablement le christianisme médiéval. A la fois prédicateurs et ermites, ces moines redonnent un élan à la vie religieuse par leur ferveur, leur goût pour l’étude et leur dépassement. SUITE Apic
C’est avec la bénédiction de Mgr Innocent, archevêque de Vilnius et de Lituanie que les offices reprennent à partir de décembre dans la cathédrale Saint Alexandre à Vilnius. La cathédrale a été bâtie en 1890 dans un faubourg de Vilnius nommé Novy Svet. Un gymnase paroissial existait auprès de la cathédrale qui avait été érigée en la mémoire de l’empereur Alexandre III.
A partir de 1937 une communauté du cloître Sainte Marie-Madeleine s’y était installée. En 1944 le lieu fût partiellement détruit par des bombardements et reconstruit par les moniales. En 1959 les autorités décident de fermer le monastère ; une colonie pénitentiaire pour adolescentes est installée dans le cloître.
A partir de 1937 une communauté du cloître Sainte Marie-Madeleine s’y était installée. En 1944 le lieu fût partiellement détruit par des bombardements et reconstruit par les moniales. En 1959 les autorités décident de fermer le monastère ; une colonie pénitentiaire pour adolescentes est installée dans le cloître.
Pendant plus d’un demi-siècle la cathédrale reste à l’abandon. Des travaux de ravalement et de restauration y ont été effectués qui se sont achevés en septembre 2012.
Le site du diocèse de Vilnius annonce que la première divine liturgie sera officiée dans la cathédrale le 6 décembre, jour du Saint protecteur de ce lieu.
Traduction "PO" Lien en russe ICI
Le site du diocèse de Vilnius annonce que la première divine liturgie sera officiée dans la cathédrale le 6 décembre, jour du Saint protecteur de ce lieu.
Traduction "PO" Lien en russe ICI
V.G.
La confession, celle dont nous parlons aujourd'hui, consiste à revenir à la vie: pas juste se laver, prendre une douche et sentir que le passé n'est plus; non – nous parlons maintenant de réconciliation. Pas une simple réconciliation avec sa conscience: « Je ne suis plus le même, je ne veux plus de ça et je ne le ferai plus ! » – une réconciliation avec Dieu, que nous avons trahi, que nous avons abandonné pour nous choisir un autre maître, un autre pasteur. - Mgr Antoine
Dans la suite " PO" au sujet des "Sept questions sur la première confession" de Mgr Panteleimon de Smolensk et de Viazma (2) je propose deux discussions que Mgr Antoine a eues avec ses paroissiens le 30 décembre 1989 lors d’une veillée de préparation à la confession avant la fête de Noël (3) qui, à mon sens, nous font aller plus loin dans l'appréhension du sens de la confession.
Partie 1: Se débarrasser des anciens péchés pour faire de la place aux nouveaux
Prendre pour thème de discussion la confession avec des personnes qui sont nées et qui ont été éduquées dans l'Église, pourrait sembler complètement inutile. D'un autre côté quand on constate jusqu'à quel point certaines confessions peuvent être stériles (je parle ici des vôtres comme des miennes), il apparaît encore une fois nécessaire de se poser la question: qu'est que la confession ? Pourquoi nous confesser, à quoi cela nous oblige-t-il, et où cela peut-il nous mener ?
La confession, celle dont nous parlons aujourd'hui, consiste à revenir à la vie: pas juste se laver, prendre une douche et sentir que le passé n'est plus; non – nous parlons maintenant de réconciliation. Pas une simple réconciliation avec sa conscience: « Je ne suis plus le même, je ne veux plus de ça et je ne le ferai plus ! » – une réconciliation avec Dieu, que nous avons trahi, que nous avons abandonné pour nous choisir un autre maître, un autre pasteur. - Mgr Antoine
Dans la suite " PO" au sujet des "Sept questions sur la première confession" de Mgr Panteleimon de Smolensk et de Viazma (2) je propose deux discussions que Mgr Antoine a eues avec ses paroissiens le 30 décembre 1989 lors d’une veillée de préparation à la confession avant la fête de Noël (3) qui, à mon sens, nous font aller plus loin dans l'appréhension du sens de la confession.
Partie 1: Se débarrasser des anciens péchés pour faire de la place aux nouveaux
Prendre pour thème de discussion la confession avec des personnes qui sont nées et qui ont été éduquées dans l'Église, pourrait sembler complètement inutile. D'un autre côté quand on constate jusqu'à quel point certaines confessions peuvent être stériles (je parle ici des vôtres comme des miennes), il apparaît encore une fois nécessaire de se poser la question: qu'est que la confession ? Pourquoi nous confesser, à quoi cela nous oblige-t-il, et où cela peut-il nous mener ?
Quand je repense aux confessions, les miennes et celles que j'ai entendues, trop souvent la confession se réduit à un moment où nous désirons nous débarrasser d'un lourd fardeau, du poids pénible de nos anciens péchés afin que la vie devienne plus facile à vivre. Si je reprends les paroles d'un petit garçon à qui sa sœur demandait ce qui lui donnait envie de se confesser: « se débarrasser des anciens péchés pour faire de la place aux nouveaux... » Je pense que cela ne concerne pas seulement ce jeune garçon, mais aussi beaucoup d'adultes. On vient à la confession pour alléger sa conscience, pour se libérer du poids du passé; mais qui vient pour faire sincèrement la paix avec Dieu, avec sa propre conscience et avec ses proches, en finir définitivement avec le passé et commencer réellement une nouvelle vie ?
Cette question chacun de nous doit se la poser, pas seulement pour se faire un avis, mais pour s'accuser réellement si, comme le petit garçon, il vient déposer un lourd fardeau pour que la vie aille mieux, et non pas pour en finir avec les péchés du passé. Quand je parle des « péchés du passé », je ne parle pas de tout ce qu'il nous reste à corriger – pour cela il faut une vie entière – mais je parle de tous nos péchés qui nous apparaissent comme tels, de tout notre péché qui est arrivé à notre conscience, qui nous apparaît dans toute sa laideur, qui nous est devenu insupportable et que nous voulons écarter; pas seulement mettre de côté, mais détruire pour qu'il ne soit plus.
Qui d'entre nous a un jour vécu une telle expérience?
A ce propos, il y a un passage remarquable dans l'œuvre de saint Barsanuphe le Grand (2), qui nous met très justement en accusation et qui dit que si l'on se rend réellement compte de l'horreur d'un péché particulier qui nous retenait prisonnier, si réellement nous rejetons du tréfonds de notre âme l'horreur que ce péché y a instillé, alors arrive le moment où nous pouvons pleurer sur ce péché, pas seulement les larmes de nos yeux, mais les larmes de notre cœur par un repentir de tout notre être: il nous apparaît alors clairement que nous ne pourrons plus jamais retourner à ce péché. Saint Barsanuphe dit que c'est seulement alors que nous pouvons considérer que notre péché est pardonné. Il dit même plus: si nous avons vécu cette expérience, si la vision de notre péché dans toute son horreur nous a réellement retournés, si elle nous en a dégoûtés au point que nous ressentons en nous-mêmes que jamais plus nous ne pourrons y revenir, alors nous pouvons nous considérer comme pardonnés par Dieu. Et il ajoute que ce n'est plus la peine d'aller confesser ce péché à un prêtre, car Dieu l'a déjà pardonné, purifié et guéri et qu'il ne peut plus y avoir d'autre pardon, purification et guérison. Se pose ici une seconde question. Qui d'entre nous a un jour vécu une telle expérience vis à vis d'un quelconque de ses péchés, qui a vu ce péché comme le meurtre de son âme, comme le meurtre de son prochain, comme sa froide et consciente participation au meurtre du Christ ? C'est une question que nous ne pouvons éluder, car nous revenons régulièrement nous confesser des mêmes péchés. Comment se fait-il que nous ne les ressentions pas ? Qu'ils comptent si peu pour nous ? Que, si nous comprenons vraiment ce qu'est le péché, nous puissions y revenir aussi froidement ?
Nous choisissons le péché
L'apôtre Paul nous dit que la question n'est pas dans l'importance du péché, mais que nous choisissions le péché. Je pense que l'on pourrait se représenter les choses de la manière suivante: il y a une rivière qui coule entre la domaine du Christ et le domaine de Satan. Par endroit elle est étroite, peu profonde et on peut la traverser à pied, à d'autres endroits elle est profonde, rapide et large. La question n'est pas de savoir où nous avons traversé, mais de comprendre que nous avons quitté le domaine du Royaume du Christ et de Dieu pour le domaine de Satan. C'est à la fois aussi simple et terrible. Le péché – c'est le choix entre Dieu et Son adversaire, entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres. Ce n'est peut-être pas un choix partisan, dans la mesure où on ne dit pas: « Oui, je rejette Dieu et Son Christ et je choisis le camp de Son adversaire. » Mais c'est un choix dans la mesure où je me dis: « Ça passera ! Ce n'est pas grave ! Je me donne un répit, je passe pour un temps dans l'autre camp, là où ma conscience ne me fera pas de reproches, parce que dans le camp des ténèbres, je ne me verrai pas aussi sombre que si j'étais encore dans le camp de la lumière. »
Voilà en quoi consiste le péché; et à chaque fois que nous y succombons, nous nous mettons dans cette situation. Parfois par méchanceté et sciemment contre Dieu, parfois involontairement ou par insouciance. On se dit que l'on « pourra toujours revenir ! » Oui, on pourra revenir, mais ce n'est pas si facile; oui, on peut retraverser la rivière, à la nage ou parfois à pied, mais dans quel état sommes-nous alors ? Nous ne revenons pas tels que nous étions avant de nous couper de notre amitié avec Dieu et de rejoindre le camp de Ses adversaires, de Ses meurtriers; nous revenons éclaboussés, salis, blessés et parfois très profondément. La confession, celle dont nous parlons aujourd'hui, consiste à revenir à la vie: pas juste se laver, prendre une douche et sentir que le passé n'est plus; non – nous parlons maintenant de réconciliation. Pas une simple réconciliation avec sa conscience: « Je ne suis plus le même, je ne veux plus de ça et je ne le ferai plus ! » – une réconciliation avec Dieu, que nous avons trahi, que nous avons abandonné pour nous choisir un autre maître, un autre pasteur.
La confession – réconciliation
Nous savons ce qu'est la réconciliation dans la vie courante, quand nous nous sommes fâchés avec quelqu'un, ou même quand cette personne n'est pas au courant que nous avons médit derrière son dos, menti à son sujet, propagé des rumeurs la concernant... Qu'elle soit au courant ou pas, nous devons aller la trouver et lui dire: « Tu me considérais comme un ami, tu as toujours agi envers moi, tu as toujours témoigné pour moi comme un ami fidèle: et bien moi non ! Je t'ai trahi, je t'ai trahi comme Judas a trahi le Christ; je me suis détourné de toi comme Pierre s'est détourné du Christ en voyant le danger, mais moi je n'étais pas en danger. Rien ne me menaçait, j'étais juste fasciné par quelque chose de mensonger, je voulais quelque chose de plus que ton amitié, quelque chose de plus que ma pureté physique et spirituelle. »
Voilà l'état d'esprit dans lequel nous devrions nous confesser, et que nous ayons péché en peu ou en beaucoup. Car la taille de notre péché ne se mesure pas de manière objective, mais à l'aune de l'amour que nous avons ou que nous n'avons pas. Contre une personne que nous aimons profondément, le moindre manquement, la moindre parole ou action qui pourrait la chagriner nous paraît une catastrophe et nous inquiète profondément. Mais si nous aimons peu cette personne, on pense: « Bah quoi ! Ça passera ! Ça s'oubliera ! Est-ce si important ? Est-ce que nos relations sont si pures, si harmonieuses et claires que cela puisse les refroidir ou les interrompre ? » Alors on envisage la réconciliation avec froideur: « se réconcilier ? À quoi bon, quand il suffit de se calmer... ». C'est en cela que se résume la question de la confession: est-ce que l'on vient sincèrement et intimement se réconcilier ou bien est-ce que l'on attend simplement que la vie nous soit moins douloureuse, plus facile et plus agréable.
A suivre
Traduction: père Nicolas Kisselhoff, "Paroisse orthodoxe de Compiègne Bulletin n° 4 Avril 2008" http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2008/004%20Avril%202008.pdf Titres intermédiaires et notes de VG
* * *
Notes de la partie 1:
(1) Mgr Antoine (Bloom), métropolite de Souroge (1914-2003), Anthony de Sourozh en anglais (http://www.metropolit-anthony.orc.ru/eng/), a gouverné le diocèse du patriarcat de Moscou qui recouvre la grande Bretagne pendant 45 ans (1957-2003). Théologien réputé, il fut une figure importante de l'Orthodoxie contemporaine surtout en Occident. Il fut en effet, avec Mgr Basile (Krivocheine) de Bruxelles, l'un des prélats de l'émigration qui restèrent toujours fidèle à leur Eglise – le patriarcat de Moscou, malgré toutes les difficultés que cela représentait. Tous deux trouvaient en effet impensable de choisir la facilité en condamnant ceux qui étaient obligés de subir le joug athée pour rester avec leurs ouailles (cela ressort parfaitement d'un dialogue entre les deux prélats dont je n'arrive plus à retrouver la référence.) Mgr Antoine a aussi été un grand missionnaire qui a beaucoup fait pour le développement de son diocèse en particulier par la conversion de nombreux Anglican.
(2) Sept questions sur la première confession
(3) Traduction: père Nicolas Kisselhoff "Paroisse orthodoxe de Compiègne Bulletin n° 4 Avril 2008" http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2008/004%20Avril%202008.pdf.
Titres intermédiaires et notes de VG
(4) La Correspondance des saints BARSANUPHE LE GRAND et JEAN DE GAZA (VIe siècle) est un ouvrage précieux de conseils spirituels et pratiques pour les moines. 850 lettres nous sont parvenues, elles sont éditées en français aux Sources chrétiennes en cinq volumes
..................................................;
Mgr Antoine de Souroge : Le but de la confession et l'essence du péché
Les archives audio du métropolite Antoine de Surozh sur internet
Mgr Antoine(Bloom) 1914 -2003: LE SACREMENT DE LA GUERISON
Cette question chacun de nous doit se la poser, pas seulement pour se faire un avis, mais pour s'accuser réellement si, comme le petit garçon, il vient déposer un lourd fardeau pour que la vie aille mieux, et non pas pour en finir avec les péchés du passé. Quand je parle des « péchés du passé », je ne parle pas de tout ce qu'il nous reste à corriger – pour cela il faut une vie entière – mais je parle de tous nos péchés qui nous apparaissent comme tels, de tout notre péché qui est arrivé à notre conscience, qui nous apparaît dans toute sa laideur, qui nous est devenu insupportable et que nous voulons écarter; pas seulement mettre de côté, mais détruire pour qu'il ne soit plus.
Qui d'entre nous a un jour vécu une telle expérience?
A ce propos, il y a un passage remarquable dans l'œuvre de saint Barsanuphe le Grand (2), qui nous met très justement en accusation et qui dit que si l'on se rend réellement compte de l'horreur d'un péché particulier qui nous retenait prisonnier, si réellement nous rejetons du tréfonds de notre âme l'horreur que ce péché y a instillé, alors arrive le moment où nous pouvons pleurer sur ce péché, pas seulement les larmes de nos yeux, mais les larmes de notre cœur par un repentir de tout notre être: il nous apparaît alors clairement que nous ne pourrons plus jamais retourner à ce péché. Saint Barsanuphe dit que c'est seulement alors que nous pouvons considérer que notre péché est pardonné. Il dit même plus: si nous avons vécu cette expérience, si la vision de notre péché dans toute son horreur nous a réellement retournés, si elle nous en a dégoûtés au point que nous ressentons en nous-mêmes que jamais plus nous ne pourrons y revenir, alors nous pouvons nous considérer comme pardonnés par Dieu. Et il ajoute que ce n'est plus la peine d'aller confesser ce péché à un prêtre, car Dieu l'a déjà pardonné, purifié et guéri et qu'il ne peut plus y avoir d'autre pardon, purification et guérison. Se pose ici une seconde question. Qui d'entre nous a un jour vécu une telle expérience vis à vis d'un quelconque de ses péchés, qui a vu ce péché comme le meurtre de son âme, comme le meurtre de son prochain, comme sa froide et consciente participation au meurtre du Christ ? C'est une question que nous ne pouvons éluder, car nous revenons régulièrement nous confesser des mêmes péchés. Comment se fait-il que nous ne les ressentions pas ? Qu'ils comptent si peu pour nous ? Que, si nous comprenons vraiment ce qu'est le péché, nous puissions y revenir aussi froidement ?
Nous choisissons le péché
L'apôtre Paul nous dit que la question n'est pas dans l'importance du péché, mais que nous choisissions le péché. Je pense que l'on pourrait se représenter les choses de la manière suivante: il y a une rivière qui coule entre la domaine du Christ et le domaine de Satan. Par endroit elle est étroite, peu profonde et on peut la traverser à pied, à d'autres endroits elle est profonde, rapide et large. La question n'est pas de savoir où nous avons traversé, mais de comprendre que nous avons quitté le domaine du Royaume du Christ et de Dieu pour le domaine de Satan. C'est à la fois aussi simple et terrible. Le péché – c'est le choix entre Dieu et Son adversaire, entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres. Ce n'est peut-être pas un choix partisan, dans la mesure où on ne dit pas: « Oui, je rejette Dieu et Son Christ et je choisis le camp de Son adversaire. » Mais c'est un choix dans la mesure où je me dis: « Ça passera ! Ce n'est pas grave ! Je me donne un répit, je passe pour un temps dans l'autre camp, là où ma conscience ne me fera pas de reproches, parce que dans le camp des ténèbres, je ne me verrai pas aussi sombre que si j'étais encore dans le camp de la lumière. »
Voilà en quoi consiste le péché; et à chaque fois que nous y succombons, nous nous mettons dans cette situation. Parfois par méchanceté et sciemment contre Dieu, parfois involontairement ou par insouciance. On se dit que l'on « pourra toujours revenir ! » Oui, on pourra revenir, mais ce n'est pas si facile; oui, on peut retraverser la rivière, à la nage ou parfois à pied, mais dans quel état sommes-nous alors ? Nous ne revenons pas tels que nous étions avant de nous couper de notre amitié avec Dieu et de rejoindre le camp de Ses adversaires, de Ses meurtriers; nous revenons éclaboussés, salis, blessés et parfois très profondément. La confession, celle dont nous parlons aujourd'hui, consiste à revenir à la vie: pas juste se laver, prendre une douche et sentir que le passé n'est plus; non – nous parlons maintenant de réconciliation. Pas une simple réconciliation avec sa conscience: « Je ne suis plus le même, je ne veux plus de ça et je ne le ferai plus ! » – une réconciliation avec Dieu, que nous avons trahi, que nous avons abandonné pour nous choisir un autre maître, un autre pasteur.
La confession – réconciliation
Nous savons ce qu'est la réconciliation dans la vie courante, quand nous nous sommes fâchés avec quelqu'un, ou même quand cette personne n'est pas au courant que nous avons médit derrière son dos, menti à son sujet, propagé des rumeurs la concernant... Qu'elle soit au courant ou pas, nous devons aller la trouver et lui dire: « Tu me considérais comme un ami, tu as toujours agi envers moi, tu as toujours témoigné pour moi comme un ami fidèle: et bien moi non ! Je t'ai trahi, je t'ai trahi comme Judas a trahi le Christ; je me suis détourné de toi comme Pierre s'est détourné du Christ en voyant le danger, mais moi je n'étais pas en danger. Rien ne me menaçait, j'étais juste fasciné par quelque chose de mensonger, je voulais quelque chose de plus que ton amitié, quelque chose de plus que ma pureté physique et spirituelle. »
Voilà l'état d'esprit dans lequel nous devrions nous confesser, et que nous ayons péché en peu ou en beaucoup. Car la taille de notre péché ne se mesure pas de manière objective, mais à l'aune de l'amour que nous avons ou que nous n'avons pas. Contre une personne que nous aimons profondément, le moindre manquement, la moindre parole ou action qui pourrait la chagriner nous paraît une catastrophe et nous inquiète profondément. Mais si nous aimons peu cette personne, on pense: « Bah quoi ! Ça passera ! Ça s'oubliera ! Est-ce si important ? Est-ce que nos relations sont si pures, si harmonieuses et claires que cela puisse les refroidir ou les interrompre ? » Alors on envisage la réconciliation avec froideur: « se réconcilier ? À quoi bon, quand il suffit de se calmer... ». C'est en cela que se résume la question de la confession: est-ce que l'on vient sincèrement et intimement se réconcilier ou bien est-ce que l'on attend simplement que la vie nous soit moins douloureuse, plus facile et plus agréable.
A suivre
Traduction: père Nicolas Kisselhoff, "Paroisse orthodoxe de Compiègne Bulletin n° 4 Avril 2008" http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2008/004%20Avril%202008.pdf Titres intermédiaires et notes de VG
* * *
Notes de la partie 1:
(1) Mgr Antoine (Bloom), métropolite de Souroge (1914-2003), Anthony de Sourozh en anglais (http://www.metropolit-anthony.orc.ru/eng/), a gouverné le diocèse du patriarcat de Moscou qui recouvre la grande Bretagne pendant 45 ans (1957-2003). Théologien réputé, il fut une figure importante de l'Orthodoxie contemporaine surtout en Occident. Il fut en effet, avec Mgr Basile (Krivocheine) de Bruxelles, l'un des prélats de l'émigration qui restèrent toujours fidèle à leur Eglise – le patriarcat de Moscou, malgré toutes les difficultés que cela représentait. Tous deux trouvaient en effet impensable de choisir la facilité en condamnant ceux qui étaient obligés de subir le joug athée pour rester avec leurs ouailles (cela ressort parfaitement d'un dialogue entre les deux prélats dont je n'arrive plus à retrouver la référence.) Mgr Antoine a aussi été un grand missionnaire qui a beaucoup fait pour le développement de son diocèse en particulier par la conversion de nombreux Anglican.
(2) Sept questions sur la première confession
(3) Traduction: père Nicolas Kisselhoff "Paroisse orthodoxe de Compiègne Bulletin n° 4 Avril 2008" http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2008/004%20Avril%202008.pdf.
Titres intermédiaires et notes de VG
(4) La Correspondance des saints BARSANUPHE LE GRAND et JEAN DE GAZA (VIe siècle) est un ouvrage précieux de conseils spirituels et pratiques pour les moines. 850 lettres nous sont parvenues, elles sont éditées en français aux Sources chrétiennes en cinq volumes
..................................................;
Mgr Antoine de Souroge : Le but de la confession et l'essence du péché
Les archives audio du métropolite Antoine de Surozh sur internet
Mgr Antoine(Bloom) 1914 -2003: LE SACREMENT DE LA GUERISON
Traduction Dmitriy Garmonov
Est-il dangereux que l’Eglise soit considérée comme une Eglise d’Etat ? Au début du XXIe siècle, cette question a été posée lors d’une conférence au métropolite Antoine de Souroge. Aujourd’hui , le philosophe orthodoxe Arkady Mahler donne sa réponse à la même question.
Le métropolite Antoine de Souroge a clairement exprimé ses craintes à propos de la domination de l’Eglise par l’Etat. L’Eglise orthodoxe est en effet une entité autonome qui a sa conception du monde et qui poursuit sa mission historique. Elle n’a besoin d’aucune tutelle. Malgré la disparition de différents pays ou nations, l’Eglise orthodoxe existera toujours. Comme ce fut le cas dans tous les empires anciens et modernes à partir du Babylone jusqu’à l’URSS et les Etats-Unis, même s’ils semblent être éternels, l’Eglise ne doit donc pas se mettre en dépendance de facteurs sociaux passagers et fluctuants.
Dans la chrétienté, il n’y a qu’un point de vue qui est celui du renforcement de la communauté, conception chrétienne du rôle historique de l’Eglise en tant qu’Arche du salut universel.
Est-il dangereux que l’Eglise soit considérée comme une Eglise d’Etat ? Au début du XXIe siècle, cette question a été posée lors d’une conférence au métropolite Antoine de Souroge. Aujourd’hui , le philosophe orthodoxe Arkady Mahler donne sa réponse à la même question.
Le métropolite Antoine de Souroge a clairement exprimé ses craintes à propos de la domination de l’Eglise par l’Etat. L’Eglise orthodoxe est en effet une entité autonome qui a sa conception du monde et qui poursuit sa mission historique. Elle n’a besoin d’aucune tutelle. Malgré la disparition de différents pays ou nations, l’Eglise orthodoxe existera toujours. Comme ce fut le cas dans tous les empires anciens et modernes à partir du Babylone jusqu’à l’URSS et les Etats-Unis, même s’ils semblent être éternels, l’Eglise ne doit donc pas se mettre en dépendance de facteurs sociaux passagers et fluctuants.
Dans la chrétienté, il n’y a qu’un point de vue qui est celui du renforcement de la communauté, conception chrétienne du rôle historique de l’Eglise en tant qu’Arche du salut universel.
Autre question : quelle conclusion pourrait en tirer ?
Tout dépend des buts que nous nous fixons : soit garder l’Eglise orthodoxe comme une subculture qui se reproduit d’une manière, pour ainsi dire, héréditaire, devenant une « ethnie » menacée, soit, selon le dernier commandement du Christ (Mt. 28,19) « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».
Ces buts sont divergents et l’Eglise orthodoxe s’en tient au deuxième. Ainsi, quelle que soit l’attitude de l’Eglise orthodoxe envers le monde déchu qu’on ne doit pas aimer :
« N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde » (2 Jn,15). L’Eglise n’a qu’un seul chemin à suivre pour convertir le monde au Christ, c’est notamment de profiter des moyens inhérents à ce monde, et l’Etat en est l’un des plus efficaces.
L’attitude du christianisme orthodoxe à l’égard de l’institution même de l’Etat a une importance clé dans toutes les discussions sur la politique chrétienne. Il est vraiment étrange que certains auteurs qui se présentent en chrétiens ignorent cette attitude comme s’ils l’ ignoraient délibérément . La parole du saint apôtre Pierre révèle cette attitude : « Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine : soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche à l'ignorance des insensés. Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde, aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. » (1P 2 :13-17)
Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul s’exprime de la même manière :
« Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu n'avoir pas à craindre l'autorité ? Fais le bien et tu en recevras des éloges ; car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal ; car ce n'est pas pour rien qu'elle porte le glaive : elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. Aussi doit-on se soumettre non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience. N'est-ce pas pour cela même que vous payez les impôts ? Car il s'agit de fonctionnaires qui s'appliquent de par Dieu à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l'impôt, l'impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur. » (Rm 13,1-7)
Ces mots semblent justifier tout tyrannie. Mais Saint Jean Chrysostome explique qu’il ne s’agit pas de toutes les autorités, mais du principe même du pouvoir étatique établi par Dieu.
Par conséquent, le chrétien pourrait s’opposer à tel ou tel régime politique s’il le perçoit hostile par rapport au christianisme, mais en aucun cas il ne peut être l’adversaire du pouvoir étatique en tant que tel. Le fait que tous les hommes sont portés au péché et ont besoin d’un contrôle extérieur fait justifier cette attitude par les apôtres et les Pères de l’Eglise. L’Etat est le seul institut social possédant le monopole du maintien de l’ordre et il est donc la dernière frontière entre l’anarchie et la paix. Dans son commentaire de la Deuxième épître du saint apôtre Paul aux Thessaloniciens (2 Th 2 :7), saint Jean Chrysostome écrit que, l’unique force ajournant l’arrivée de l’Antéchrist est le pouvoir de Rome qui par sa force et ses lois interdit l’arbitraire. L’Etat nous protège également contre toute sorte de criminalité, d’extrémisme politique, des dangers provenant d’autres pays. Ainsi l’Eglise éprouve toujours du respect à l’égard de l’Etat et de ses lois. Le vrai chrétien doit donc soutenir l’Etat et ne peut aucunement être anarchiste.
Cette position a été exprimée dans le document du Concile local de 2000 intitulé « Les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise orthodoxe russe » : « L’anarchie, c’est-à-dire l’absence d’organisation étatique et sociale dans les formes convenables, ainsi que l’appel à l’anarchie et les tentatives pour l’établir, sont contraires à la vision chrétienne du monde ». (III : 2, Eglise et Etat)
Le chrétien doit toujours réfléchir s’il veut participer à des mouvements visant à changer le pouvoir en place quelles seraient les conséquences de son action : il est bien probable que ces changements puissent complètement détruire l’Etat comme ce fut le cas plusieurs fois dans l’histoire à commencer par 1917 en Russie.
Tout dépend des buts que nous nous fixons : soit garder l’Eglise orthodoxe comme une subculture qui se reproduit d’une manière, pour ainsi dire, héréditaire, devenant une « ethnie » menacée, soit, selon le dernier commandement du Christ (Mt. 28,19) « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».
Ces buts sont divergents et l’Eglise orthodoxe s’en tient au deuxième. Ainsi, quelle que soit l’attitude de l’Eglise orthodoxe envers le monde déchu qu’on ne doit pas aimer :
« N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde » (2 Jn,15). L’Eglise n’a qu’un seul chemin à suivre pour convertir le monde au Christ, c’est notamment de profiter des moyens inhérents à ce monde, et l’Etat en est l’un des plus efficaces.
L’attitude du christianisme orthodoxe à l’égard de l’institution même de l’Etat a une importance clé dans toutes les discussions sur la politique chrétienne. Il est vraiment étrange que certains auteurs qui se présentent en chrétiens ignorent cette attitude comme s’ils l’ ignoraient délibérément . La parole du saint apôtre Pierre révèle cette attitude : « Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine : soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche à l'ignorance des insensés. Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde, aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. » (1P 2 :13-17)
Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul s’exprime de la même manière :
« Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu n'avoir pas à craindre l'autorité ? Fais le bien et tu en recevras des éloges ; car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal ; car ce n'est pas pour rien qu'elle porte le glaive : elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. Aussi doit-on se soumettre non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience. N'est-ce pas pour cela même que vous payez les impôts ? Car il s'agit de fonctionnaires qui s'appliquent de par Dieu à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l'impôt, l'impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur. » (Rm 13,1-7)
Ces mots semblent justifier tout tyrannie. Mais Saint Jean Chrysostome explique qu’il ne s’agit pas de toutes les autorités, mais du principe même du pouvoir étatique établi par Dieu.
Par conséquent, le chrétien pourrait s’opposer à tel ou tel régime politique s’il le perçoit hostile par rapport au christianisme, mais en aucun cas il ne peut être l’adversaire du pouvoir étatique en tant que tel. Le fait que tous les hommes sont portés au péché et ont besoin d’un contrôle extérieur fait justifier cette attitude par les apôtres et les Pères de l’Eglise. L’Etat est le seul institut social possédant le monopole du maintien de l’ordre et il est donc la dernière frontière entre l’anarchie et la paix. Dans son commentaire de la Deuxième épître du saint apôtre Paul aux Thessaloniciens (2 Th 2 :7), saint Jean Chrysostome écrit que, l’unique force ajournant l’arrivée de l’Antéchrist est le pouvoir de Rome qui par sa force et ses lois interdit l’arbitraire. L’Etat nous protège également contre toute sorte de criminalité, d’extrémisme politique, des dangers provenant d’autres pays. Ainsi l’Eglise éprouve toujours du respect à l’égard de l’Etat et de ses lois. Le vrai chrétien doit donc soutenir l’Etat et ne peut aucunement être anarchiste.
Cette position a été exprimée dans le document du Concile local de 2000 intitulé « Les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise orthodoxe russe » : « L’anarchie, c’est-à-dire l’absence d’organisation étatique et sociale dans les formes convenables, ainsi que l’appel à l’anarchie et les tentatives pour l’établir, sont contraires à la vision chrétienne du monde ». (III : 2, Eglise et Etat)
Le chrétien doit toujours réfléchir s’il veut participer à des mouvements visant à changer le pouvoir en place quelles seraient les conséquences de son action : il est bien probable que ces changements puissent complètement détruire l’Etat comme ce fut le cas plusieurs fois dans l’histoire à commencer par 1917 en Russie.
Le régime actuel en Russie est bienveillant envers l’Eglise orthodoxe.
Le chrétien qui néglige cette bienveillance et préfère la lutte pour une démocratie ou même une révolution rompt avec toute la tradition biblique et patristique. Là, il faut faire un choix : soit l’apôtre Paul, Pierre ou saint Jean le Chrysostome, soit Rousseau, Foucault et Popper. Le chrétien est certes en droit de lutter pour la démocratie, les droits de l’homme, mais toutes ces valeurs ne peuvent pas dépasser la force de l’ordre étatique, surtout si cet Etat est bienveillant envers l’Eglise.
On revient à la réponse du métropolite Antoine. Il dit, pour l’essentiel : « L’expérience de l’Eglise montre qu’il n’est pas avantageux d’être sous la protection de l’Etat. Par gratitude ou de nécessité, le fait d’être protégé contraint l’Eglise à prendre telle ou telle position ».
Si nous acceptons cette idée, alors il faut reconnaître que l’Eglise s’est trompé au IV siècle quand les empereurs Constantin et Théodore ont porté le christianisme au rang de religion officielle de l’Empire. Aurait-elle du refuser ?
Aux trois premiers siècles, dans des conditions de persécutions incessantes, les évêques ne pouvaient même pas se réunir pour un Concile afin d’élaborer un Symbole de foi commun. C’est à l’initiative de l’empereur Constantin que le Premier Concile œcuménique s’est réuni en 325. Il a payé tous les frais de voyage et de séjour des évêques. Tous les autres Conciles œcuméniques furent réunis de la même manière.
Outre le travail dogmatique, l’empire Romain contribuait à la mission chrétienne accomplissant ainsi le dernier commandement du Christ. En Russie également, si le prince Vladimir n’avait pas fait du christianisme une religion officielle, nous n’aurions pas pu nous considérer chrétiens. Ainsi ne pas apprécier le rôle important de l’Etat, surtout impérial, dans la mission chrétienne est, à mon avis, antihistorique.
Autrement appelée « la symphonie », cette union avec l’Etat était avantageuse pour l’Eglise lui permettait d’accomplir sa mission dans la paix.
Dans toute son histoire, l’Eglise orthodoxe n’a jamais mis sa doctrine en dépendance ou au service des autorités. Si le pouvoir se mettait à soutenir une hérésie, l’Eglise en la personne de ses meilleurs représentants réagissait immédiatement en critiquant les tyrans, même si cela provoquait des nouvelles persécutions. Chrysostome lui-même exprimait ses dissensions avec le couple impérial. Cela lui valu d’être exilé dans le Caucase. Mais cela n’est pas un argument contre l’union de l’Eglise avec l’Etat. Il ne s’agit en l’occurrence que des errements du pouvoir.
On avance souvent un autre argument : les relations « symphoniques » de l’Eglise avec l’Etat sont une caractéristique proprement orthodoxe.
Elles se développaient en Byzance et en Russie bien qu’en Occident le catholicisme et le protestantisme menaient leur mission d’une façon indépendante. Mais cette opinion est également antihistorique. En réalité, l’Eglise catholique romaine ayant transgressé plusieurs canons ecclésiaux est devenue elle-même un Etat théocratique avec son territoire, son armée et sa monnaie. L’Eglise orthodoxe ne l’a jamais fait. La propagation du catholicisme dans le monde a été rendue possible grâce au soutien dont il a bénéficié de la part des Empires espagnol et portugais entre lesquels le pape Alexandre VI a, en 1494, divisé la planète. En Europe la prépondérance du catholicisme est due à la puissance du Saint Empire Romain, des Habsbourg et du Royaume de Pologne qui se considéraient eux même comme étant le bard armé du Vatican. En France le catholicisme a résisté aux huguenots exclusivement grâce à l’Etat, auteur de la Saint Barthélemy (1572) et au siège de La Rochelle (1627).
Pour ce qui est du luthéranisme, il a vaincu en Europe du Nord exclusivement grâce au soutien des princes allemands et des rois scandinaves dont les objectifs n’étaient en rien religieux mais exclusivement de nature politique. Les calvinistes ont, pour leur part, mis en place à Genève leur propre théocratie, avec même une inquisition « maison ». On pourrait citer en exemple les innombrables les sectes protestantes qui ont envahi les Etats-Unis et qui envoient leurs prédicateurs de par le monde entier. Mais est-ce que l’Orthodoxie aurait quelque chose à envier à ces entités ? Aux Etats-Unis ainsi qu’en Angleterre où a vécu le métropolite Antoine l’orthodoxie a une position marginale comparable à celle de plusieurs entités protestantes.
L’Eglise orthodoxe considère que la mission est sa tâche première et, par conséquent, le maintien de la position dominante de l’orthodoxie sur le territoire de Russie ainsi que la bienveillance de l’Etat lui sont nécessaires. Sinon, les orthodoxes devraient accepter, selon l’expression du métropolite Antoine, le statut d’ « émigrants libres » qui signifie que la paroisse la plus proche se situe à des centaines de kilomètres, que chaque église peut devenir l’objet d’un procès judiciaire ou d’une adjudication à l’égal des autres communautés religieuses sans aucune garantie de succès. Ce sont des paroisses où les fidèles se connaissent depuis 20 ans et où il n’y aura pas de nouveaux paroissiens dans les 20 ans qui suivent. Le patriarcat de Constantinople, par exemple, est actuellement dans une situation beaucoup plus difficile : il est protégé par une enceinte de barbelés, un drapeau avec le Croissant y flotte. Cela a été rendu possible par qui la défaite de l’Empire orthodoxe par les tenants d’une autre religion. Près de cinq siècles plus tard, en 1917, un autre Empire orthodoxe, le seul qui restait dans le monde, a été détruit. Son Eglise a vécu une véritable catastrophe.
Si nous ne sommes pas prêts à devenir une institution marginale sur le territoire de notre pays, nous devons refuser l’idée du vice de la « symphonie » de l’Eglise avec la Fédération de Russie. Il est impossible de revendiquer la réprobation du régime communiste, l’interdiction des avortements, l’introduction des « Fondements de la culture orthodoxe » dans l’école, la construction de nouvelles églises et, en même temps, de mépriser cet Etat et de se rappeler des liturgies clandestines. Il faut apprécier ce moment où nous avons la possibilité de la construction de nouvelles églises sur des lieux où pourraient se situer un centre commercial ou un hôtel, bien que célébrer la liturgie clandestine soit toujours possible.
En outre, il faut jeter un coup d’œil sur la carte du monde orthodoxe pour bien valoriser cette coopération.
Depuis des centenaires, tous les patriarcats anciens se situent sur le territoire de civilisations hétérodoxes en pleine dépendance de ces Etats. En Europe, tous les Etats orthodoxes sont entre l’Orient hétérodoxe et l’Occident sécularisé. Dans une telle situation, il n’y a qu’un Etat, la Fédération de Russie, où aucune intervention de l’extérieur n’est possible dans l’avenir.
A apprécier que, dans la ville, on peut choisir librement une église parmi d’autres, parler de la portée définitive de l’orthodoxie dans son pays, participer librement dans des projets communs de l’Eglise et de l’Etat et savoir que personne ne tient à y faire une « république Kosovo ». Tout cela n’est possible que grâce à l’Etat qui reconnaît l’orthodoxie comme une de ses valeurs essentielles.
Ainsi, toutes les craintes à propos de la domination de l’Eglise par l’Etat n’ont aucun fondement. S’il existe des gens qui estiment voir les paroisses de l’Eglise orthodoxe russe comme cellules du Parti au pouvoir, cela s’explique par leur vision du monde. De même que chaque personne qui vient à l’Eglise en l’imaginant comme soit une secte totalitaire soit un Parti politique, commet une grande erreur.
En recourant à l’Etat, l’Eglise ne vise pas à construire un utopique Royaume de Dieu sur terre, mais tente de résoudre des tâches assez pragmatiques – garantir à chaque fidèle la possibilité de se sentir plus à l’aise et à déclarer sa foi. Si un recteur de paroisse estime qu’il n’a vraiment pas besoin de l’aide de l’Etat, qu’il se pose une question : pourquoi l’Etat permet-il que cette paroisse existe au lieu de transmettre ce territoire à d’autres personnes afin de l’utiliser plus « productivement » ?
Аркадий Малер: "Церковь под защитой" Православие и мир
Un livre d'Arkady Mahler " Constant le Grand"
Le chrétien qui néglige cette bienveillance et préfère la lutte pour une démocratie ou même une révolution rompt avec toute la tradition biblique et patristique. Là, il faut faire un choix : soit l’apôtre Paul, Pierre ou saint Jean le Chrysostome, soit Rousseau, Foucault et Popper. Le chrétien est certes en droit de lutter pour la démocratie, les droits de l’homme, mais toutes ces valeurs ne peuvent pas dépasser la force de l’ordre étatique, surtout si cet Etat est bienveillant envers l’Eglise.
On revient à la réponse du métropolite Antoine. Il dit, pour l’essentiel : « L’expérience de l’Eglise montre qu’il n’est pas avantageux d’être sous la protection de l’Etat. Par gratitude ou de nécessité, le fait d’être protégé contraint l’Eglise à prendre telle ou telle position ».
Si nous acceptons cette idée, alors il faut reconnaître que l’Eglise s’est trompé au IV siècle quand les empereurs Constantin et Théodore ont porté le christianisme au rang de religion officielle de l’Empire. Aurait-elle du refuser ?
Aux trois premiers siècles, dans des conditions de persécutions incessantes, les évêques ne pouvaient même pas se réunir pour un Concile afin d’élaborer un Symbole de foi commun. C’est à l’initiative de l’empereur Constantin que le Premier Concile œcuménique s’est réuni en 325. Il a payé tous les frais de voyage et de séjour des évêques. Tous les autres Conciles œcuméniques furent réunis de la même manière.
Outre le travail dogmatique, l’empire Romain contribuait à la mission chrétienne accomplissant ainsi le dernier commandement du Christ. En Russie également, si le prince Vladimir n’avait pas fait du christianisme une religion officielle, nous n’aurions pas pu nous considérer chrétiens. Ainsi ne pas apprécier le rôle important de l’Etat, surtout impérial, dans la mission chrétienne est, à mon avis, antihistorique.
Autrement appelée « la symphonie », cette union avec l’Etat était avantageuse pour l’Eglise lui permettait d’accomplir sa mission dans la paix.
Dans toute son histoire, l’Eglise orthodoxe n’a jamais mis sa doctrine en dépendance ou au service des autorités. Si le pouvoir se mettait à soutenir une hérésie, l’Eglise en la personne de ses meilleurs représentants réagissait immédiatement en critiquant les tyrans, même si cela provoquait des nouvelles persécutions. Chrysostome lui-même exprimait ses dissensions avec le couple impérial. Cela lui valu d’être exilé dans le Caucase. Mais cela n’est pas un argument contre l’union de l’Eglise avec l’Etat. Il ne s’agit en l’occurrence que des errements du pouvoir.
On avance souvent un autre argument : les relations « symphoniques » de l’Eglise avec l’Etat sont une caractéristique proprement orthodoxe.
Elles se développaient en Byzance et en Russie bien qu’en Occident le catholicisme et le protestantisme menaient leur mission d’une façon indépendante. Mais cette opinion est également antihistorique. En réalité, l’Eglise catholique romaine ayant transgressé plusieurs canons ecclésiaux est devenue elle-même un Etat théocratique avec son territoire, son armée et sa monnaie. L’Eglise orthodoxe ne l’a jamais fait. La propagation du catholicisme dans le monde a été rendue possible grâce au soutien dont il a bénéficié de la part des Empires espagnol et portugais entre lesquels le pape Alexandre VI a, en 1494, divisé la planète. En Europe la prépondérance du catholicisme est due à la puissance du Saint Empire Romain, des Habsbourg et du Royaume de Pologne qui se considéraient eux même comme étant le bard armé du Vatican. En France le catholicisme a résisté aux huguenots exclusivement grâce à l’Etat, auteur de la Saint Barthélemy (1572) et au siège de La Rochelle (1627).
Pour ce qui est du luthéranisme, il a vaincu en Europe du Nord exclusivement grâce au soutien des princes allemands et des rois scandinaves dont les objectifs n’étaient en rien religieux mais exclusivement de nature politique. Les calvinistes ont, pour leur part, mis en place à Genève leur propre théocratie, avec même une inquisition « maison ». On pourrait citer en exemple les innombrables les sectes protestantes qui ont envahi les Etats-Unis et qui envoient leurs prédicateurs de par le monde entier. Mais est-ce que l’Orthodoxie aurait quelque chose à envier à ces entités ? Aux Etats-Unis ainsi qu’en Angleterre où a vécu le métropolite Antoine l’orthodoxie a une position marginale comparable à celle de plusieurs entités protestantes.
L’Eglise orthodoxe considère que la mission est sa tâche première et, par conséquent, le maintien de la position dominante de l’orthodoxie sur le territoire de Russie ainsi que la bienveillance de l’Etat lui sont nécessaires. Sinon, les orthodoxes devraient accepter, selon l’expression du métropolite Antoine, le statut d’ « émigrants libres » qui signifie que la paroisse la plus proche se situe à des centaines de kilomètres, que chaque église peut devenir l’objet d’un procès judiciaire ou d’une adjudication à l’égal des autres communautés religieuses sans aucune garantie de succès. Ce sont des paroisses où les fidèles se connaissent depuis 20 ans et où il n’y aura pas de nouveaux paroissiens dans les 20 ans qui suivent. Le patriarcat de Constantinople, par exemple, est actuellement dans une situation beaucoup plus difficile : il est protégé par une enceinte de barbelés, un drapeau avec le Croissant y flotte. Cela a été rendu possible par qui la défaite de l’Empire orthodoxe par les tenants d’une autre religion. Près de cinq siècles plus tard, en 1917, un autre Empire orthodoxe, le seul qui restait dans le monde, a été détruit. Son Eglise a vécu une véritable catastrophe.
Si nous ne sommes pas prêts à devenir une institution marginale sur le territoire de notre pays, nous devons refuser l’idée du vice de la « symphonie » de l’Eglise avec la Fédération de Russie. Il est impossible de revendiquer la réprobation du régime communiste, l’interdiction des avortements, l’introduction des « Fondements de la culture orthodoxe » dans l’école, la construction de nouvelles églises et, en même temps, de mépriser cet Etat et de se rappeler des liturgies clandestines. Il faut apprécier ce moment où nous avons la possibilité de la construction de nouvelles églises sur des lieux où pourraient se situer un centre commercial ou un hôtel, bien que célébrer la liturgie clandestine soit toujours possible.
En outre, il faut jeter un coup d’œil sur la carte du monde orthodoxe pour bien valoriser cette coopération.
Depuis des centenaires, tous les patriarcats anciens se situent sur le territoire de civilisations hétérodoxes en pleine dépendance de ces Etats. En Europe, tous les Etats orthodoxes sont entre l’Orient hétérodoxe et l’Occident sécularisé. Dans une telle situation, il n’y a qu’un Etat, la Fédération de Russie, où aucune intervention de l’extérieur n’est possible dans l’avenir.
A apprécier que, dans la ville, on peut choisir librement une église parmi d’autres, parler de la portée définitive de l’orthodoxie dans son pays, participer librement dans des projets communs de l’Eglise et de l’Etat et savoir que personne ne tient à y faire une « république Kosovo ». Tout cela n’est possible que grâce à l’Etat qui reconnaît l’orthodoxie comme une de ses valeurs essentielles.
Ainsi, toutes les craintes à propos de la domination de l’Eglise par l’Etat n’ont aucun fondement. S’il existe des gens qui estiment voir les paroisses de l’Eglise orthodoxe russe comme cellules du Parti au pouvoir, cela s’explique par leur vision du monde. De même que chaque personne qui vient à l’Eglise en l’imaginant comme soit une secte totalitaire soit un Parti politique, commet une grande erreur.
En recourant à l’Etat, l’Eglise ne vise pas à construire un utopique Royaume de Dieu sur terre, mais tente de résoudre des tâches assez pragmatiques – garantir à chaque fidèle la possibilité de se sentir plus à l’aise et à déclarer sa foi. Si un recteur de paroisse estime qu’il n’a vraiment pas besoin de l’aide de l’Etat, qu’il se pose une question : pourquoi l’Etat permet-il que cette paroisse existe au lieu de transmettre ce territoire à d’autres personnes afin de l’utiliser plus « productivement » ?
Аркадий Малер: "Церковь под защитой" Православие и мир
Un livre d'Arkady Mahler " Constant le Grand"
Vladimir Golovanow
Serge Tchapnine (*), donne son point de vue sur la crise dans l'Eglise et il remet les choses au point en montrant les différents points de vue qui coexistent dans l'Eglise russe. Cela change des discours habituels où on n'entend qu'un seul point de vue qui prétend parler au nom de toute l'Eglise, voire même être seul dépositaire de la Vérité.
Serge Tchapnine commence par calmer le jeu en disant qu'on ne peut parler de véritable crise de l'Eglise: "Disons que les progrès tranquilles que nous avons connus ces vingt dernières années ont caché une vraie question: l'Eglise se trouve petit à petit marginalisée car elle s'est tenue à l'écart des questions qui agitent la société". Depuis les manifestations de décembre dernier le problème est remonté à la surface et Serge Tchapnine y voit trois raisons:
1. L'absence de théologie: cette pensée de Dieu devrait unir le cœur et l'esprit, alors qu'actuellement elle est "considérée comme une science ou comme l'activité professionnelle des professeurs de théologie".
Serge Tchapnine (*), donne son point de vue sur la crise dans l'Eglise et il remet les choses au point en montrant les différents points de vue qui coexistent dans l'Eglise russe. Cela change des discours habituels où on n'entend qu'un seul point de vue qui prétend parler au nom de toute l'Eglise, voire même être seul dépositaire de la Vérité.
Serge Tchapnine commence par calmer le jeu en disant qu'on ne peut parler de véritable crise de l'Eglise: "Disons que les progrès tranquilles que nous avons connus ces vingt dernières années ont caché une vraie question: l'Eglise se trouve petit à petit marginalisée car elle s'est tenue à l'écart des questions qui agitent la société". Depuis les manifestations de décembre dernier le problème est remonté à la surface et Serge Tchapnine y voit trois raisons:
1. L'absence de théologie: cette pensée de Dieu devrait unir le cœur et l'esprit, alors qu'actuellement elle est "considérée comme une science ou comme l'activité professionnelle des professeurs de théologie".
2. L'Eglise projette une image "inadéquate": "trop de personnes parlent au nom de l'Eglise alors qu'ils n'y ont pas leur place. Ils devraient promouvoir la victoire du prolétariat au Komsomol et écrire des dénonciations contre "les ennemis du peuple". Ils donnent une bien piètre image de la vie spirituelle et intellectuelle de l'Eglise car rien dans leur activité ne témoigne du Christ. Ce n'est que jongleries avec les mots et jeu à une primitive idéologie orthodoxo-patriotique". Sur ce point l'analyse de Serge Tchapnine se rapproche des thèses que développe le père Georges Mitrofanov,
3. L'illusion de l'unité de l'Eglise continue Serge Tchapnine: il y a actuellement plusieurs groupes importants dans l'Eglise, avec leurs propres systèmes de pensées et, parfois, des positions idéologiques rigides. Ils ne communiquent pas entre eux depuis longtemps et, ces derniers temps, un conflit aigu se dessine clairement. Pourtant nous DEVONS être unis et tout Chrétien tend naturellement à l'unité. Ce problème ne peut être réglé par ni un effort intellectuel ni par une volonté administrative. Il ne peut qu'être "dépassé" en Christ, mais pour cela il faut faire personnellement un exploit moral. En sommes-nous capables aujourd'hui? Là est la question"
De quels groupes s'agit-il?
Serge Tchapnine pense que la classification tripartite traditionnelle "droite-centre-gauche" est trop simple mais la prend pour point de départ de son analyse: "Il semblerait que nous ayons une droite puissante et nombreuse. Mais qui compose cette droite? Sont-ils vraiment traditionalistes et conservateurs? Difficile de l'affirmer sérieusement alors que trois générations ont été élevées uniquement sur des traditions soviétiques. Passer aux traditions chrétiennes est en fait une simulation artificielle, peut-être même sincère, mais qui reste une mascarade.
En face il y aurait donc une aile libérale. Mais elle ne demande pas de réforme, ne cherche pas à avoir un programme, n'a pas de leaders. C'est un groupe peu nombreux qui ne pourra pas jouer un grand rôle dans un avenir prévisible. Et quid du centre? C'est la "majorité silencieuse" que personne n'a songé à interroger jusqu'ici et qui n'a pas encore eu la possibilité de s'exprimer…
Se réfèrant ensuite aux derniers sondages et études sociologiques, malheureusement sans préciser lesquelles, Serge Tchapnine estime que l'Eglise représente environ 40% de la population puis, sans plus développer ce point, il propose une analyse plus fouillée des groupes en présence:
"Pour revenir au classement "droite-centre-gauche", on peut aussi prendre une autre approche. Si on prend uniquement ceux qui participent activement à la vie de l'Eglise, le tableau est tout autre: ceux qui sont baptisé "libéraux" constituent en fait un centre libéral-conservateur. Ce sont d'abord les prêtres de paroisses de Moscou et St Petersbourg parmi lesquels les élus connus sont, par exemple, les archiprêtres Alexis Ouminsky et Georges Mitrofanov. Ils sont suivis par la plupart des professeurs des instituts religieux. A leur droite se trouvent les clercs et laïcs qui suivent la stricte tradition monachique, aujourd'hui bien peu nombreuse. A gauche, les paroisses et les communautés qui s'occupent principalement de catéchisation et de mission dans les villes de plus d'un million d'habitants."
Cette approche me déçoit par son manque de précision: que représentent "ceux qui participent activement à la vie de l'Eglise"? Où sont passés ceux qui "donnent une bien piètre image de la vie spirituelle et intellectuelle de l'Eglise"? Ceux qui forment les "milices orthodoxes" et arrachent les T-shirts "Pussy Riot"? Je pense que ceux "qui prétendent faire de l'Eglise une subculture normative" (cf. père Pierre Meschtcherinov, http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Defense-de-la-desecclesialisation_a1878.html) dépassent largement cette droite "qui suit la stricte tradition monachique" et se retrouvent bien dans "la droite puissante et nombreuse. … traditionaliste et conservatrice" dont il était question plus haut.
Mais Serge Tchapnine revient sur la position unitaire de l'Eglise et sur le grand travail réalisé pour la faire avancer: "Comme ces différents groupes n'ont pas de position claire, on peut se poser la question: que signifie la position unique de l'Eglise? Il est clair qu'il ne peut y en avoir pour la plupart des questions non-dogmatiques (personne n'a supprimé la liberté d'opinion). Mais même lorsqu'un point de vue officiel de l'Eglise est formulé il faut se rappeler que tous ne sont pas prêts à le partager. L'Eglise promulgue un grand nombre d'excellents documents, qui pourraient améliorer la vie de l'Eglise, mais la plupart restent lettre morte. L'une des tâches essentielles seraient donc d'analyse pourquoi cela se passe ainsi et de faire que ces décisions soient effectivement mises en ouvre, contribuant ainsi à l'affermissement de l'Eglise et à son dialogue interne."
A suivre: Serge Tchapnine revient ensuite plus précisément sur les réactions face à l'offensive médiatique et l'affaire Pussy Riot". Je me propose de le reprendre dans un prochain billet…
(*) Serge Tchapnine est rédacteur en chef de «La revue du patriarcat de Moscou» (Журнал Московской Патриархии»), professeur à l’université orthodoxe Saint Tikhon- Cf
3. L'illusion de l'unité de l'Eglise continue Serge Tchapnine: il y a actuellement plusieurs groupes importants dans l'Eglise, avec leurs propres systèmes de pensées et, parfois, des positions idéologiques rigides. Ils ne communiquent pas entre eux depuis longtemps et, ces derniers temps, un conflit aigu se dessine clairement. Pourtant nous DEVONS être unis et tout Chrétien tend naturellement à l'unité. Ce problème ne peut être réglé par ni un effort intellectuel ni par une volonté administrative. Il ne peut qu'être "dépassé" en Christ, mais pour cela il faut faire personnellement un exploit moral. En sommes-nous capables aujourd'hui? Là est la question"
De quels groupes s'agit-il?
Serge Tchapnine pense que la classification tripartite traditionnelle "droite-centre-gauche" est trop simple mais la prend pour point de départ de son analyse: "Il semblerait que nous ayons une droite puissante et nombreuse. Mais qui compose cette droite? Sont-ils vraiment traditionalistes et conservateurs? Difficile de l'affirmer sérieusement alors que trois générations ont été élevées uniquement sur des traditions soviétiques. Passer aux traditions chrétiennes est en fait une simulation artificielle, peut-être même sincère, mais qui reste une mascarade.
En face il y aurait donc une aile libérale. Mais elle ne demande pas de réforme, ne cherche pas à avoir un programme, n'a pas de leaders. C'est un groupe peu nombreux qui ne pourra pas jouer un grand rôle dans un avenir prévisible. Et quid du centre? C'est la "majorité silencieuse" que personne n'a songé à interroger jusqu'ici et qui n'a pas encore eu la possibilité de s'exprimer…
Se réfèrant ensuite aux derniers sondages et études sociologiques, malheureusement sans préciser lesquelles, Serge Tchapnine estime que l'Eglise représente environ 40% de la population puis, sans plus développer ce point, il propose une analyse plus fouillée des groupes en présence:
"Pour revenir au classement "droite-centre-gauche", on peut aussi prendre une autre approche. Si on prend uniquement ceux qui participent activement à la vie de l'Eglise, le tableau est tout autre: ceux qui sont baptisé "libéraux" constituent en fait un centre libéral-conservateur. Ce sont d'abord les prêtres de paroisses de Moscou et St Petersbourg parmi lesquels les élus connus sont, par exemple, les archiprêtres Alexis Ouminsky et Georges Mitrofanov. Ils sont suivis par la plupart des professeurs des instituts religieux. A leur droite se trouvent les clercs et laïcs qui suivent la stricte tradition monachique, aujourd'hui bien peu nombreuse. A gauche, les paroisses et les communautés qui s'occupent principalement de catéchisation et de mission dans les villes de plus d'un million d'habitants."
Cette approche me déçoit par son manque de précision: que représentent "ceux qui participent activement à la vie de l'Eglise"? Où sont passés ceux qui "donnent une bien piètre image de la vie spirituelle et intellectuelle de l'Eglise"? Ceux qui forment les "milices orthodoxes" et arrachent les T-shirts "Pussy Riot"? Je pense que ceux "qui prétendent faire de l'Eglise une subculture normative" (cf. père Pierre Meschtcherinov, http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Defense-de-la-desecclesialisation_a1878.html) dépassent largement cette droite "qui suit la stricte tradition monachique" et se retrouvent bien dans "la droite puissante et nombreuse. … traditionaliste et conservatrice" dont il était question plus haut.
Mais Serge Tchapnine revient sur la position unitaire de l'Eglise et sur le grand travail réalisé pour la faire avancer: "Comme ces différents groupes n'ont pas de position claire, on peut se poser la question: que signifie la position unique de l'Eglise? Il est clair qu'il ne peut y en avoir pour la plupart des questions non-dogmatiques (personne n'a supprimé la liberté d'opinion). Mais même lorsqu'un point de vue officiel de l'Eglise est formulé il faut se rappeler que tous ne sont pas prêts à le partager. L'Eglise promulgue un grand nombre d'excellents documents, qui pourraient améliorer la vie de l'Eglise, mais la plupart restent lettre morte. L'une des tâches essentielles seraient donc d'analyse pourquoi cela se passe ainsi et de faire que ces décisions soient effectivement mises en ouvre, contribuant ainsi à l'affermissement de l'Eglise et à son dialogue interne."
A suivre: Serge Tchapnine revient ensuite plus précisément sur les réactions face à l'offensive médiatique et l'affaire Pussy Riot". Je me propose de le reprendre dans un prochain billet…
(*) Serge Tchapnine est rédacteur en chef de «La revue du patriarcat de Moscou» (Журнал Московской Патриархии»), professeur à l’université orthodoxe Saint Tikhon- Cf
Traduction pour "PO" Elena Lavanant
Il est évident que le regard actuel sur l’Eglise est loin d’être serein. Le temps de la placidité jubilaire est révolu. Qui en porte la responsabilité ? Des libéraux insidieux ? Des journalistes véreux ? Des fonctionnaires de l’Administration du Président ? Oublions un instant les théories du complot chères à nos cœurs, et réfléchissons à nos propres problèmes. Sommes-nous des, chrétiens orthodoxes dignes de ce nom ? Voici ce qu’en pense Serge Tchapnine, le rédacteur en chef de « La Revue du Patriarcat de Moscou ».
La crise : point d’entrée
— Aujourd’hui on parle beaucoup de la crise dans l’Eglise. Quelle est son acuité, sa nature ?
— Soyons honnêtes : ces vingt dernières années ont été relativement calmes pour les orthodoxes de Russie. La vie ecclésiale semble évoluer d’une manière satisfaisante et à-coups : on restaure des églises, des cours de catéchisme sont mis en place, on voit des aumôniers dans l’armée, d’autres participent, avec des paroissiens, au travail social. Et dans le même temps on observe une autre tendance, celle de la marginalisation des orthodoxes, liée pour beaucoup à leur distanciation des problèmes qui préoccupent la société. Ces deux tendances coexistaient paradoxalement, alors qu’il est évident qu’elles étaient antagoniques. Est-ce que les tensions vont s’aggraver, à quoi cela mènera-t-il ? Il y a un an on pouvait ne pas y penser. Mais suite à plusieurs événements de ces derniers mois, à commencer par les meetings de protestation à la suite des élections de décembre 2011, ce problème s’est posé avec beaucoup plus d’acuité.
Il est évident que le regard actuel sur l’Eglise est loin d’être serein. Le temps de la placidité jubilaire est révolu. Qui en porte la responsabilité ? Des libéraux insidieux ? Des journalistes véreux ? Des fonctionnaires de l’Administration du Président ? Oublions un instant les théories du complot chères à nos cœurs, et réfléchissons à nos propres problèmes. Sommes-nous des, chrétiens orthodoxes dignes de ce nom ? Voici ce qu’en pense Serge Tchapnine, le rédacteur en chef de « La Revue du Patriarcat de Moscou ».
La crise : point d’entrée
— Aujourd’hui on parle beaucoup de la crise dans l’Eglise. Quelle est son acuité, sa nature ?
— Soyons honnêtes : ces vingt dernières années ont été relativement calmes pour les orthodoxes de Russie. La vie ecclésiale semble évoluer d’une manière satisfaisante et à-coups : on restaure des églises, des cours de catéchisme sont mis en place, on voit des aumôniers dans l’armée, d’autres participent, avec des paroissiens, au travail social. Et dans le même temps on observe une autre tendance, celle de la marginalisation des orthodoxes, liée pour beaucoup à leur distanciation des problèmes qui préoccupent la société. Ces deux tendances coexistaient paradoxalement, alors qu’il est évident qu’elles étaient antagoniques. Est-ce que les tensions vont s’aggraver, à quoi cela mènera-t-il ? Il y a un an on pouvait ne pas y penser. Mais suite à plusieurs événements de ces derniers mois, à commencer par les meetings de protestation à la suite des élections de décembre 2011, ce problème s’est posé avec beaucoup plus d’acuité.
Je désignerais trois problèmes de l’Eglise moderne.
Le premier est « l’absence » de théologie. Il est raisonnable de réfléchir à Dieu, de Le glorifier, de construire sa propre vie spirituelle – telle est la mission de tout chrétien orthodoxe. Ceci est raisonnable, car cela se fait dans l’association du cœur et de l’esprit. Pourtant la théologie est perçue aujourd’hui surtout comme une discipline scientifique ou une « occupation professionnelle ».
Le deuxième problème consiste dans le fait que dans l’espace public l’Eglise n’est pas en adéquation avec elle-même. Une multitude de gens très différents interviennent en son nom. Plus précisément, nombreux sont ceux qui se sont trompés de porte. Ils devraient militer, à l’instar des jeunesses communistes, pour la victoire du prolétariat, ou dénoncer « les ennemis du peuple ». Bien évidemment, si on les prend comme exemple de la vie spirituelle et intellectuelle dans l’Eglise Orthodoxe Russe, le constat serait triste : dans ce qu’ils font rien qui soit témoignant du Christ, convaincant, intelligible. Ils jonglent avec les mots et véhiculer une idéologie orthodoxe-patriotique primitive.
Le troisième problème est ce lui de l’illusion de l’unité ecclésiale. Il y a actuellement plusieurs groupes dans l’Eglise, avec leurs propres systèmes d’opinions et suivant parfois une ligne idéologique stricte. Ils ne communiquent plus depuis longtemps entre eux, et ces derniers temps leurs conflits ne cessent de s’aggraver. Pourtant l’unité nous est un devoir, et y aspirer est le souhait naturel de tout chrétien. Comment faire ? Tous nos conflits, divergences et contradictions ne peuvent être vaincus par un effort intellectuel ou une volonté administrative. Le problème ne peut pas être résolu, il ne peut qu’être « levé » dans le Christ, mais pour cela nous avons besoins d’un exploit moral personnel, cela ne peut être atteint que par l’amour. En sommes-nous capables aujourd’hui ? Là est la question.
— De quels groupes s’agit-il ? De « libéraux » et de « conservateurs » ?
— Il est difficile d’inscrire notre société religieuse dans le schéma ternaire traditionnel : droite-centre-gauche. Toutefois, il peut être utilisé pour désigner les particularités du rapport des forces à l’intérieur de l’Eglise. Il semblerait qu’on puisse parler avec certitude d’une droite forte et importante. Mais qui sont ces gens de droite ? Sont-ils vraiment des traditionalistes et des conservateurs ? Difficile d’en parler sérieusement après trois générations de Russes qui ont grandi dans la tradition soviétique, et le retour vers les valeurs chrétiennes n’est qu’une reconstitution certes sincère et pieuse Il semblerait qu’il y ait une aile libérale au sein de l’Eglise. Pourtant, elle n’exige aucune réforme, elle n’a pas de programme et ne cherche pas à en élaborer un. Elle n’a pas de leaders, c’est un groupe peu nombreux qui ne jouera un rôle important ni aujourd’hui, ni dans un proche avenir. Et le centre, c’est quoi ? C’est une « majorité silencieuse » que personne n’a pensé à consulter et qui donc n’a pas encore eu l’opportunité de se prononcer.
Cependant, ces derniers temps on observe un intérêt croissant à l’égard des études sociologiques et de l’histoire de l’Eglise. Il s’avère que les fidèles sont moins nombreux qu’on ne le pensait. Bien évidemment, ils ne représentent ni 80%, ni 50% de la population. Et même s’il ne s’agit que de 40%, c’est beaucoup. De toute façon les orthodoxes sont la communauté religieuse la plus importante de la Russie actuelle. Nous devons continuer de scruter ces « 40% », pour essayer de comprendre quelle est l’intensité de leur foi.
Pour en revenir au schéma « droite-centre-gauche », on peut avoir une approche différente. Si l’on s’appuie sur ceux qui participent activement à la vie de l’Eglise, le tableau sera différent. Ceux qu’on appelle aujourd’hui « des libéraux » constituent en fait le centre libéral-conservateur. C’est, en premier lieu, le clergé des paroisses de Moscou et de Saint-Pétersbourg, dont les représentants les plus connus sont actuellement les archiprêtres Alexis Ouminski et Georges Mitrofanov. Il y là également les enseignants de la plupart des séminaires. A droite se situent le clergé et les laïcs orientés vers la tradition monacale se faisant rare de nos jours. A gauche se trouvent les paroisses et les cercles intellectuels qui s’occupent principalement de catéchisation et de mission auprès de la population des villes de plus d’un million d’habitants.
Aucun de ces groupes n’ayant de prise de position nette la question se pose : quelle est l’attitude concertée de l’Eglise ? Il est évident que pour la plupart des questions non dogmatiques elle n’existe pas (personne n’a encore aboli la liberté d’opinion). Même lorsque l’Eglise formule un point de vue officiel tout le monde ne sera pas disposé à le faire sien. L’Eglise adopte beaucoup de textes capables d’améliorer la vie ecclésiale. Mais la plupart d’entre eux sont inopérants. Notre tâche est d’en analyser les causes et de faire en sorte qu’ils soient opérationnels contribuant ainsi au renforcement de l’Eglise et au dialogue en son sein.
— Est-ce que les événements de ces derniers mois concernent l’ensemble de la société, où ce ne sont que des jeux inhérents à la « classe créatrice » composée de journalistes et de passionnés des réseaux sociaux ? Les sondages montrent que l’opinion de la majorité vis-à-vis de l’Eglise ne change presque pas.
— Je pense qu’il s’agit de processus réels, non imaginés par les médias. Pour ceux qui perçoivent l’Eglise comme une autorité, pour ses membres comme pour ses adversaires, l’essentiel n’a pas changé. Les groupes en présence ont clarifié leurs positions. D’autre part, l’impact de tels événements sur la société n’est pas immédiat. C’est pourquoi on ne peut pas dire que les sondages effectués au printemps ou en été 2012 reflètent la situation dans son ensemble. Bien des choses dépendent du comportement serein, non discordant des orthodoxes. Ni la société, ni nos frères dans la foi n’attendent de nous un manque de sérénité. Mais on nous provoque et nous « suivons ». Finalement tout le monde est perdant.
Le fait que l’Eglise a tout à coup acquis tant d’importance pour ceux qui s’en distanciaient auparavant me surprend. Non parce qu’on « aime les persécutés ». Dans un contexte de critiques persistantes de l’Eglise les gens font un choix avec leur cœur. Ils disent : « Nous ne comprenons pas très bien ce qu’est l’activité publique de l’Eglise, nous ne pouvons pas analyser les propos que tiennent à son sujet les médias, mais nous venons dans un lieu saint et nous sentons que l’Eglise est notre foyer ». Ils se confessent pour la première fois, communient, amènent leurs enfants qui depuis leur baptême n’ont jamais remis les pieds dans une église. Si à ce moment nous nous adressons à la personne pour lui dire : « Tu as raison. Maintenant tu dois devenir un membre de la communauté, accepter les sacrements, participer à la vie paroissiale », il se peut que l’Eglise devienne plus forte et plus nombreuse.
— Mais cette tendance est absente de l’espace médiatique. Par contre, on nous serine tous les jours « qu’untel a annoncé sa rupture avec le Patriarcat de Moscou ».
— A mon avis, c’est un problème artificiel, qui n’a rien à voir avec la réalité. Tout ce que j’ai eu l’occasion d’entendre à ce sujet est très bizarre. Quitter l’Eglise est un acte très émotionnel et infantile... ce n’est qu’un geste impulsif. Par exemple, une femme appartenant à l’une des paroisses moscovites a déclaré publiquement son départ. Mais peu de temps après, sur la demande de l’archiprêtre de cette église, elle a publié un communiqué dans lequel elle avouait ne pas avoir communié pendant cinq ans. Selon les normes canoniques elle s’est séparée de l’Eglise depuis longtemps, et maintenant elle utilise ce prétexte pour annoncer sa décision.
Bien évidemment, on peut réfléchir à sa propre appartenance à l’Eglise Grecque, Géorgienne ou Américaine. Mais le Christ est partout, le calice de la célébration eucharistique est le même pour tout le monde. Quel est le sens d’un changement de juridiction ?
* * *
Pourquoi nous blâme-t-on ?
— A votre avis, qui veut souffler sur le feu ?
— Je ne vois pas quelles forces en Russie pourraient profiter des tendances anticléricales... Notre situation est unique. Pourquoi critique-t-on les chrétiens en Occident ? En premier lieu, pour leur fidélité aux Evangiles. On leur dit : « Nous avons des principes démocratiques, la défense des minorités, les droits de l’homme, et avec vos principes chrétiens vous ne vous inscrivez pas dans notre société. Votre christianisme viole nos lois ». Et qu’est-ce qu’on dit chez nous ? « Chrétiens, regardez-vous : vous suivez mal l’idéal évangélique ». Ces critiques sont un pur bonheur pour nous ! Cela veut dire que même ceux qui s’opposeraient à l’Eglise ont des notions de l’ Evangile.Mais ces derniers temps nous « nous blindons » : on nous pique, et nous faisons mine de ne pas nous en apercevoir. Pourtant si l’Eglise devient sensible aux critiques, si nous apprenons à reconnaître nos torts réels, l’opinion changera en notre faveur. On nous invite au dialogue, et nous le refusons. Mais si nous l’acceptions, nous y gagnerions beaucoup.
— Souvent au lieu de nous inviter au dialogue on nous injurie...
— Oui, des chrétiens sont maltraités, insultés et parfois frappés. Mais lorsque la réaction des chrétiens eux-mêmes consiste à insulter et à frapper, c’est terrible. Malheureusement, ces derniers mois nous avons assisté à de telles réactions. C’est regrettable. Les orthodoxes doivent trouver un « programme d’action positif », il faut communiquer ouvertement et apprendre à dialoguer avec des personnes aux opinions très différentes, leur expliquer quelle est notre espérance, comment nous comprenons l’Eglise à laquelle nous appartenons. Et en parlant du Christ il nous faut raconter avec vigueur, effort spirituel et émotionnel ce que représente le Christ pour chacun d’entre nous. J’observe de plus en plus souvent que dans un espace public le témoignage du prêtre sur la foi et l’Eglise n’est pas entendu, il se perd. Dans une certaine mesure, cela est compréhensible : le public perçoit un tel sermon comme une « obligation professionnelle » du prêtre. Avons-nous suffisamment de laïcs qui pourraient soutenir le clergé en témoignant de leur foi ?
* * *
L’esprit de la loi, c’est la volonté du législateur
— L’affaire de la « prière punk » a cristallisé les divergences d’opinion dans la société. Certains préconisent un châtiment pénal des participantes, d’autres affirment qu’il n’y a pas matière à poursuites judiciaires. Cela témoigne de l’ambiguïté juridique de cette affaire.
— Pourquoi le comportement de ces jeunes femmes a été qualifié comme infraction pénale ? Quelle est la différence entre « petit délit » (Code d’infractions administratives) et « hooliganisme » (Code pénal) ? Il est clair que l’un des critères a été « l’incitation à la haine religieuse ». Mais ces jeunes femmes ont affirmé qu’elles n’avaient pas l’intention d’offenser les croyants. Il est également difficile de qualifier de hooliganisme leurs textes et les actes qu’elles ont commis. Quant au tribunal, à charge, il a tenté de le « prouver » avec l’aide de « victimes » et d’expertises, et finalement il y est parvenu. Pourtant il ne s’agit que d’intention. Comment peut-on prouver l’existence d’une intention si les accusées affirment qu’elles n’en avaient pas ? L’argumentation du tribunal est parfaitement indéfendable.
Je considère que le verdict du tribunal de Khamovniki est une iniquité. Et ce n’est pas un problème de l’Eglise, c’est celui du système judiciaire. Malheureusement, tout en connaissant les problèmes des tribunaux en Russie, l’Eglise a finalement décidé d’entamer une action en justice.
Et puis nous voyons que cette norme qui ne fonctionne pas dans sa rédaction actuelle est toujours maintenue dans la loi. Est-ce que quelqu’un s’en est aperçu et est disposé à présenter une initiative législative ? Non. Il faut introduire dans la loi des définitions de la haine religieuse, cerner les limites de cette notion ainsi que des actes qui peuvent être qualifiés comme tels.Mais la chose la plus importante pour toute notre société est d’arriver à s’entendre sur le fait (en dehors de tout problème juridique, politique ou social) qu’une église, son espace liturgique ne peut en aucun cas devenir un lieu qui accueille des manifestations d’art contemporain. La profanation ou la destruction d’images et symboles saints ne peut pas être un acte de création, et les objets sacrés bafoués n’acquièrent pas une « nouvelle qualité » et n’en deviennent pas des objets d’art.
Propos recueillis par Timour Chtchoukine "Voda Jivaia" Photo Stanislav Martchenko
Тимур Щукин "Диалог вместо скандала", Фотограф: Станислав Марченко
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"PO" Une interview de Serge Tchapnine: Guerre d’information contre l’Eglise ?
La vie chrétienne en Russie : un nouveau souffle?
L’Eglise, la culture et le nationalisme en Russie
Sergueï Tchapnine: "L’Unité de la Foi"
Le premier est « l’absence » de théologie. Il est raisonnable de réfléchir à Dieu, de Le glorifier, de construire sa propre vie spirituelle – telle est la mission de tout chrétien orthodoxe. Ceci est raisonnable, car cela se fait dans l’association du cœur et de l’esprit. Pourtant la théologie est perçue aujourd’hui surtout comme une discipline scientifique ou une « occupation professionnelle ».
Le deuxième problème consiste dans le fait que dans l’espace public l’Eglise n’est pas en adéquation avec elle-même. Une multitude de gens très différents interviennent en son nom. Plus précisément, nombreux sont ceux qui se sont trompés de porte. Ils devraient militer, à l’instar des jeunesses communistes, pour la victoire du prolétariat, ou dénoncer « les ennemis du peuple ». Bien évidemment, si on les prend comme exemple de la vie spirituelle et intellectuelle dans l’Eglise Orthodoxe Russe, le constat serait triste : dans ce qu’ils font rien qui soit témoignant du Christ, convaincant, intelligible. Ils jonglent avec les mots et véhiculer une idéologie orthodoxe-patriotique primitive.
Le troisième problème est ce lui de l’illusion de l’unité ecclésiale. Il y a actuellement plusieurs groupes dans l’Eglise, avec leurs propres systèmes d’opinions et suivant parfois une ligne idéologique stricte. Ils ne communiquent plus depuis longtemps entre eux, et ces derniers temps leurs conflits ne cessent de s’aggraver. Pourtant l’unité nous est un devoir, et y aspirer est le souhait naturel de tout chrétien. Comment faire ? Tous nos conflits, divergences et contradictions ne peuvent être vaincus par un effort intellectuel ou une volonté administrative. Le problème ne peut pas être résolu, il ne peut qu’être « levé » dans le Christ, mais pour cela nous avons besoins d’un exploit moral personnel, cela ne peut être atteint que par l’amour. En sommes-nous capables aujourd’hui ? Là est la question.
— De quels groupes s’agit-il ? De « libéraux » et de « conservateurs » ?
— Il est difficile d’inscrire notre société religieuse dans le schéma ternaire traditionnel : droite-centre-gauche. Toutefois, il peut être utilisé pour désigner les particularités du rapport des forces à l’intérieur de l’Eglise. Il semblerait qu’on puisse parler avec certitude d’une droite forte et importante. Mais qui sont ces gens de droite ? Sont-ils vraiment des traditionalistes et des conservateurs ? Difficile d’en parler sérieusement après trois générations de Russes qui ont grandi dans la tradition soviétique, et le retour vers les valeurs chrétiennes n’est qu’une reconstitution certes sincère et pieuse Il semblerait qu’il y ait une aile libérale au sein de l’Eglise. Pourtant, elle n’exige aucune réforme, elle n’a pas de programme et ne cherche pas à en élaborer un. Elle n’a pas de leaders, c’est un groupe peu nombreux qui ne jouera un rôle important ni aujourd’hui, ni dans un proche avenir. Et le centre, c’est quoi ? C’est une « majorité silencieuse » que personne n’a pensé à consulter et qui donc n’a pas encore eu l’opportunité de se prononcer.
Cependant, ces derniers temps on observe un intérêt croissant à l’égard des études sociologiques et de l’histoire de l’Eglise. Il s’avère que les fidèles sont moins nombreux qu’on ne le pensait. Bien évidemment, ils ne représentent ni 80%, ni 50% de la population. Et même s’il ne s’agit que de 40%, c’est beaucoup. De toute façon les orthodoxes sont la communauté religieuse la plus importante de la Russie actuelle. Nous devons continuer de scruter ces « 40% », pour essayer de comprendre quelle est l’intensité de leur foi.
Pour en revenir au schéma « droite-centre-gauche », on peut avoir une approche différente. Si l’on s’appuie sur ceux qui participent activement à la vie de l’Eglise, le tableau sera différent. Ceux qu’on appelle aujourd’hui « des libéraux » constituent en fait le centre libéral-conservateur. C’est, en premier lieu, le clergé des paroisses de Moscou et de Saint-Pétersbourg, dont les représentants les plus connus sont actuellement les archiprêtres Alexis Ouminski et Georges Mitrofanov. Il y là également les enseignants de la plupart des séminaires. A droite se situent le clergé et les laïcs orientés vers la tradition monacale se faisant rare de nos jours. A gauche se trouvent les paroisses et les cercles intellectuels qui s’occupent principalement de catéchisation et de mission auprès de la population des villes de plus d’un million d’habitants.
Aucun de ces groupes n’ayant de prise de position nette la question se pose : quelle est l’attitude concertée de l’Eglise ? Il est évident que pour la plupart des questions non dogmatiques elle n’existe pas (personne n’a encore aboli la liberté d’opinion). Même lorsque l’Eglise formule un point de vue officiel tout le monde ne sera pas disposé à le faire sien. L’Eglise adopte beaucoup de textes capables d’améliorer la vie ecclésiale. Mais la plupart d’entre eux sont inopérants. Notre tâche est d’en analyser les causes et de faire en sorte qu’ils soient opérationnels contribuant ainsi au renforcement de l’Eglise et au dialogue en son sein.
— Est-ce que les événements de ces derniers mois concernent l’ensemble de la société, où ce ne sont que des jeux inhérents à la « classe créatrice » composée de journalistes et de passionnés des réseaux sociaux ? Les sondages montrent que l’opinion de la majorité vis-à-vis de l’Eglise ne change presque pas.
— Je pense qu’il s’agit de processus réels, non imaginés par les médias. Pour ceux qui perçoivent l’Eglise comme une autorité, pour ses membres comme pour ses adversaires, l’essentiel n’a pas changé. Les groupes en présence ont clarifié leurs positions. D’autre part, l’impact de tels événements sur la société n’est pas immédiat. C’est pourquoi on ne peut pas dire que les sondages effectués au printemps ou en été 2012 reflètent la situation dans son ensemble. Bien des choses dépendent du comportement serein, non discordant des orthodoxes. Ni la société, ni nos frères dans la foi n’attendent de nous un manque de sérénité. Mais on nous provoque et nous « suivons ». Finalement tout le monde est perdant.
Le fait que l’Eglise a tout à coup acquis tant d’importance pour ceux qui s’en distanciaient auparavant me surprend. Non parce qu’on « aime les persécutés ». Dans un contexte de critiques persistantes de l’Eglise les gens font un choix avec leur cœur. Ils disent : « Nous ne comprenons pas très bien ce qu’est l’activité publique de l’Eglise, nous ne pouvons pas analyser les propos que tiennent à son sujet les médias, mais nous venons dans un lieu saint et nous sentons que l’Eglise est notre foyer ». Ils se confessent pour la première fois, communient, amènent leurs enfants qui depuis leur baptême n’ont jamais remis les pieds dans une église. Si à ce moment nous nous adressons à la personne pour lui dire : « Tu as raison. Maintenant tu dois devenir un membre de la communauté, accepter les sacrements, participer à la vie paroissiale », il se peut que l’Eglise devienne plus forte et plus nombreuse.
— Mais cette tendance est absente de l’espace médiatique. Par contre, on nous serine tous les jours « qu’untel a annoncé sa rupture avec le Patriarcat de Moscou ».
— A mon avis, c’est un problème artificiel, qui n’a rien à voir avec la réalité. Tout ce que j’ai eu l’occasion d’entendre à ce sujet est très bizarre. Quitter l’Eglise est un acte très émotionnel et infantile... ce n’est qu’un geste impulsif. Par exemple, une femme appartenant à l’une des paroisses moscovites a déclaré publiquement son départ. Mais peu de temps après, sur la demande de l’archiprêtre de cette église, elle a publié un communiqué dans lequel elle avouait ne pas avoir communié pendant cinq ans. Selon les normes canoniques elle s’est séparée de l’Eglise depuis longtemps, et maintenant elle utilise ce prétexte pour annoncer sa décision.
Bien évidemment, on peut réfléchir à sa propre appartenance à l’Eglise Grecque, Géorgienne ou Américaine. Mais le Christ est partout, le calice de la célébration eucharistique est le même pour tout le monde. Quel est le sens d’un changement de juridiction ?
* * *
Pourquoi nous blâme-t-on ?
— A votre avis, qui veut souffler sur le feu ?
— Je ne vois pas quelles forces en Russie pourraient profiter des tendances anticléricales... Notre situation est unique. Pourquoi critique-t-on les chrétiens en Occident ? En premier lieu, pour leur fidélité aux Evangiles. On leur dit : « Nous avons des principes démocratiques, la défense des minorités, les droits de l’homme, et avec vos principes chrétiens vous ne vous inscrivez pas dans notre société. Votre christianisme viole nos lois ». Et qu’est-ce qu’on dit chez nous ? « Chrétiens, regardez-vous : vous suivez mal l’idéal évangélique ». Ces critiques sont un pur bonheur pour nous ! Cela veut dire que même ceux qui s’opposeraient à l’Eglise ont des notions de l’ Evangile.Mais ces derniers temps nous « nous blindons » : on nous pique, et nous faisons mine de ne pas nous en apercevoir. Pourtant si l’Eglise devient sensible aux critiques, si nous apprenons à reconnaître nos torts réels, l’opinion changera en notre faveur. On nous invite au dialogue, et nous le refusons. Mais si nous l’acceptions, nous y gagnerions beaucoup.
— Souvent au lieu de nous inviter au dialogue on nous injurie...
— Oui, des chrétiens sont maltraités, insultés et parfois frappés. Mais lorsque la réaction des chrétiens eux-mêmes consiste à insulter et à frapper, c’est terrible. Malheureusement, ces derniers mois nous avons assisté à de telles réactions. C’est regrettable. Les orthodoxes doivent trouver un « programme d’action positif », il faut communiquer ouvertement et apprendre à dialoguer avec des personnes aux opinions très différentes, leur expliquer quelle est notre espérance, comment nous comprenons l’Eglise à laquelle nous appartenons. Et en parlant du Christ il nous faut raconter avec vigueur, effort spirituel et émotionnel ce que représente le Christ pour chacun d’entre nous. J’observe de plus en plus souvent que dans un espace public le témoignage du prêtre sur la foi et l’Eglise n’est pas entendu, il se perd. Dans une certaine mesure, cela est compréhensible : le public perçoit un tel sermon comme une « obligation professionnelle » du prêtre. Avons-nous suffisamment de laïcs qui pourraient soutenir le clergé en témoignant de leur foi ?
* * *
L’esprit de la loi, c’est la volonté du législateur
— L’affaire de la « prière punk » a cristallisé les divergences d’opinion dans la société. Certains préconisent un châtiment pénal des participantes, d’autres affirment qu’il n’y a pas matière à poursuites judiciaires. Cela témoigne de l’ambiguïté juridique de cette affaire.
— Pourquoi le comportement de ces jeunes femmes a été qualifié comme infraction pénale ? Quelle est la différence entre « petit délit » (Code d’infractions administratives) et « hooliganisme » (Code pénal) ? Il est clair que l’un des critères a été « l’incitation à la haine religieuse ». Mais ces jeunes femmes ont affirmé qu’elles n’avaient pas l’intention d’offenser les croyants. Il est également difficile de qualifier de hooliganisme leurs textes et les actes qu’elles ont commis. Quant au tribunal, à charge, il a tenté de le « prouver » avec l’aide de « victimes » et d’expertises, et finalement il y est parvenu. Pourtant il ne s’agit que d’intention. Comment peut-on prouver l’existence d’une intention si les accusées affirment qu’elles n’en avaient pas ? L’argumentation du tribunal est parfaitement indéfendable.
Je considère que le verdict du tribunal de Khamovniki est une iniquité. Et ce n’est pas un problème de l’Eglise, c’est celui du système judiciaire. Malheureusement, tout en connaissant les problèmes des tribunaux en Russie, l’Eglise a finalement décidé d’entamer une action en justice.
Et puis nous voyons que cette norme qui ne fonctionne pas dans sa rédaction actuelle est toujours maintenue dans la loi. Est-ce que quelqu’un s’en est aperçu et est disposé à présenter une initiative législative ? Non. Il faut introduire dans la loi des définitions de la haine religieuse, cerner les limites de cette notion ainsi que des actes qui peuvent être qualifiés comme tels.Mais la chose la plus importante pour toute notre société est d’arriver à s’entendre sur le fait (en dehors de tout problème juridique, politique ou social) qu’une église, son espace liturgique ne peut en aucun cas devenir un lieu qui accueille des manifestations d’art contemporain. La profanation ou la destruction d’images et symboles saints ne peut pas être un acte de création, et les objets sacrés bafoués n’acquièrent pas une « nouvelle qualité » et n’en deviennent pas des objets d’art.
Propos recueillis par Timour Chtchoukine "Voda Jivaia" Photo Stanislav Martchenko
Тимур Щукин "Диалог вместо скандала", Фотограф: Станислав Марченко
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"PO" Une interview de Serge Tchapnine: Guerre d’information contre l’Eglise ?
La vie chrétienne en Russie : un nouveau souffle?
L’Eglise, la culture et le nationalisme en Russie
Sergueï Tchapnine: "L’Unité de la Foi"
Mercredi 12 décembre 2012 à 20h
Conservatoire Russe de Paris Serge Rachmaninoff
Vladimir Konovaloff: Monseigneur Serge : quelques aspects de sa vie
Basile de Tiesenhausen: Dix ans de travail d’Eglise avec Mgr Serge
Archiprêtre Nicolas Rehbinder: Vision de Mgr Serge pour l’avenir de l’Archevêché : projet d’une Eglise locale à statut d’autonomie
Mgr Nestor Evêque de Chersonèse: Mes années passées dans l’Archevêché sous l’autorité de Mgr Serge
26, Avenue de New York 75116 PARIS - Métro : Alma Marceau – RER C : Pont de l’Alma - Entrée Libre
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OLTR – Association pour l’Orthodoxie Locale de Tradition Russe – 13 rue Lindet – 75015 Paris
Conservatoire Russe de Paris Serge Rachmaninoff
Vladimir Konovaloff: Monseigneur Serge : quelques aspects de sa vie
Basile de Tiesenhausen: Dix ans de travail d’Eglise avec Mgr Serge
Archiprêtre Nicolas Rehbinder: Vision de Mgr Serge pour l’avenir de l’Archevêché : projet d’une Eglise locale à statut d’autonomie
Mgr Nestor Evêque de Chersonèse: Mes années passées dans l’Archevêché sous l’autorité de Mgr Serge
26, Avenue de New York 75116 PARIS - Métro : Alma Marceau – RER C : Pont de l’Alma - Entrée Libre
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OLTR – Association pour l’Orthodoxie Locale de Tradition Russe – 13 rue Lindet – 75015 Paris
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a adressé une lettre au cardinal André Vingt-Trois, Président de la Conférence des évêques de France dans laquelle il exprimait le soutien et la volonté du Patriarcat de Moscou de travailler ensembler au nom de la défense des valeurs chrétiennes. Le texte de la lettre est reproduit ci-dessous :
Éminence !
Ma lettre fait écho à l’inquiétude que suscitent les renseignements arrivant de France sur le projet de loi prévoyant la légalisation des mariages homosexuels élaboré par le Parti socialiste au pouvoir. J’aimerais exprimer par la présente ma solidarité et mon soutien à Votre position conséquente et sans compromis qui met en évidence le point de vue vraiment chrétien sur ce problème.
Éminence !
Ma lettre fait écho à l’inquiétude que suscitent les renseignements arrivant de France sur le projet de loi prévoyant la légalisation des mariages homosexuels élaboré par le Parti socialiste au pouvoir. J’aimerais exprimer par la présente ma solidarité et mon soutien à Votre position conséquente et sans compromis qui met en évidence le point de vue vraiment chrétien sur ce problème.
Nous observons avec regret l’érosion des principes moraux dans la vie privée et publique qui se produit dans un pays ayant de profondes racines chrétiennes. J’aimerais assurer Votre Éminence de ce que le Patriarcat de Moscou est prêt à agir en commun avec la Conférence des évêques de France pour la défense des valeurs éthiques de l’Évangile.
Il est heureux que les Français demeurés fidèles à la morale traditionnelle ne soient pas restés indifférents à une initiative des autorités françaises inacceptable pour les chrétiens. Les nombreuses manifestations qui se sont déroulées récemment dans plusieurs villes de la République contre la légalisation des unions de personnes du même sexe. J’espère que les forces saines de la société française continueront à défendre activement la morale traditionnelle.
Je profite de l’occasion pour souhaiter à Votre Éminence meilleure santé, forces morales, fermeté et aide de Dieu dans Vos labeurs.
Avec mon affection dans le Seigneur,
Hilarion, métropolite de Volokolamsk
Président du Département
Des relations ecclésiastiques extérieures
Du Patriarcat de Moscou
suite: mospat.ru
Il est heureux que les Français demeurés fidèles à la morale traditionnelle ne soient pas restés indifférents à une initiative des autorités françaises inacceptable pour les chrétiens. Les nombreuses manifestations qui se sont déroulées récemment dans plusieurs villes de la République contre la légalisation des unions de personnes du même sexe. J’espère que les forces saines de la société française continueront à défendre activement la morale traditionnelle.
Je profite de l’occasion pour souhaiter à Votre Éminence meilleure santé, forces morales, fermeté et aide de Dieu dans Vos labeurs.
Avec mon affection dans le Seigneur,
Hilarion, métropolite de Volokolamsk
Président du Département
Des relations ecclésiastiques extérieures
Du Patriarcat de Moscou
suite: mospat.ru
V.G.
La seconde assemblée plénière de la CI s'est tenue les 22-23 novembre 2012, dans la salle des Conciles de la cathédrale du Christ Sauveur sous la présidence du Patriarche Cyrille. Cela nous donne l'occasion de faire une rapide analyse des travaux de cet institution originale dans l'Eglise. La CI est un nouvel organisme conciliaire qui est très mal connu en Occident, y compris des Orthodoxes. Rappelons que c'est là un organe délibératif permanent, créé par le Concile local de janvier 2009 (1) pour associer en permanence le Peuple orthodoxe au processus conciliaire. Elle comprend 144 membres nommés par le Saint synode pour quatre ans: 54 évêques, 59 autres clercs, 7 moines et 25 laïcs (2) et représente ainsi un concile local réduit. L'assemblée plénière s'était réunie la première fois en le 28 janvier 2011 et il y a eu cinq réunions du "présidium" (30 membres représentant aussi la diversité de l'Eglise sous la présidence du patriarche) et un intense travail en commissions.
Institution consultative originale, la CI a pour mission de se pencher sur différentes questions soumises par le concile, qui portent sur la vie interne et la mission de l'Église, et de préparer des projets de documents pour les délibérations du concile épiscopal, voire du concile local.
La seconde assemblée plénière de la CI s'est tenue les 22-23 novembre 2012, dans la salle des Conciles de la cathédrale du Christ Sauveur sous la présidence du Patriarche Cyrille. Cela nous donne l'occasion de faire une rapide analyse des travaux de cet institution originale dans l'Eglise. La CI est un nouvel organisme conciliaire qui est très mal connu en Occident, y compris des Orthodoxes. Rappelons que c'est là un organe délibératif permanent, créé par le Concile local de janvier 2009 (1) pour associer en permanence le Peuple orthodoxe au processus conciliaire. Elle comprend 144 membres nommés par le Saint synode pour quatre ans: 54 évêques, 59 autres clercs, 7 moines et 25 laïcs (2) et représente ainsi un concile local réduit. L'assemblée plénière s'était réunie la première fois en le 28 janvier 2011 et il y a eu cinq réunions du "présidium" (30 membres représentant aussi la diversité de l'Eglise sous la présidence du patriarche) et un intense travail en commissions.
Institution consultative originale, la CI a pour mission de se pencher sur différentes questions soumises par le concile, qui portent sur la vie interne et la mission de l'Église, et de préparer des projets de documents pour les délibérations du concile épiscopal, voire du concile local.
Ses thèmes de travail sont très variés comme on peut en juger d'après les titres des commissions: cela va de sujets strictement ecclésiaux (questions théologiques, droit canon, vie paroissiale, monastères, relations avec les autres confessions et les autres religions…) à des questions sociétales (relations de l'Eglise, de l'état et de la société, information de l'Eglise et relations avec les media…).
Il est important de souligner à quel point le processus d'élaboration des documents par la CI implique le Peuple de Dieu: outre les 144 membres de la Conférence plénière, les 13 commissions auditionnent une cinquantaine d'experts extérieurs puis, après accord du présidium, les projets sont soumis à un débat ouvert via Internet (3) et les diocèses. Comme l'écrit l’archiprêtre Paul Velikanov (4), l'institution de la CI "marque le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de notre Eglise, peut-être même de celle des autres Eglises". C’est en effet la première fois que l’Eglise se dote ainsi d'un organisme représentatif du Peuple de Dieu permanent et ses deux premières réunions plénières, qui ont été préparées par un intense travail des commissions spécialisées, montre que "l'Eglise s’est mise à réfléchir aux questions qu’elle se pose elle-même avec lucidité au lieu de s’employer à répondre à des questions posées du dehors. Et cela sans faire appel à des réponses à l’emporte-pièce, passe-partout et langue de bois... Chacun des documents validés a trait à la vie réelle de l’Eglise et non au combat que se livrent virtuellement le Christ et l’Antéchrist" continue le père Paul.
Deux ans de débats (5)
21 documents ont été débattus en deux ans et demi (la statistique s'arrête mi 2012, les premiers documents ont été publiés en janvier 2010 (6)) et ils ont fait l'objet de plus de 4400 commentaires sur le site bogoslov.ru (ibid. 3) et ce chiffre peut être multiplié par 2 ou 3 pour tenir compte des débats sur le site dédié de la CI.
C'est le document portant sur "L'usage du slavon" qui vient en tête des commentaires (plus de 1519 sur bogslov.ru), devant "l'identification électronique des personnes" (1291) et "Règles des monastères et des moines" (1055). Les documents les moins commentés ont été "L'organisation du travail missionnaire" (2 commentaires!), "Position de l'Eglise face au blasphème volontaire" (4 commentaires … avant l'affaire "Pussy Riot"!) et "L'action sociétale des Orthodoxes" (6 commentaires).
Le père Velikanov fait aussi une analyse qualitative des commentaires, en particulier sur l'usage du slavon qui a été le plus riche (7): il s'agit principalement d'un dialogue de sourds entre deux camps opposés, chacun argumentant sa position, avec force citations des Ecritures et des Pères sans jamais chercher à comprendre ses opposants ou à trouver un accord. L'auteur regrette qu'il n'y ait pratiquement aucune participation de membres du clergé et souligne que, si ce débat devait mesurer le degré de "réception" du document, on devrait considérer qu'il est rejeté…
Il est à noter qu'une part importante de commentaires et propositions est attendue des diocèses et, dans son rapport ouvrant la seconde assemblée plénière de la CI (8), le patriarche Cyrile en a fait ressortir 51 (sur 240) dont l'apport a été particulièrement significatif (aucun diocèse de l'étranger n'est cité…)
Ce débat sert en fait à terminer la rédaction du document en commission de rédaction qui le transmet pour approbation en Assemblée plénière puis au Saint synode et au concile pour validation finale et promulgation. Tous les documents sont disponibles en permanence sur le site de la CI
Premier résultats
Ouvrant la seconde assemblée plénière de la CI, le patriarche Cyrile a présenté un bilan des travaux (8):
- Deux documents préparés par la CI ont été adoptés par le Saint synode du 27/12 2011. Il s'agit de documents organisant l'action de l'Eglise dans la société (catéchisation et mission) qui ont ensuite été transmis à l'ensemble de l'Eglise pour servir de base à l'organisation concrète du travail sur le terrain.
- Le document sur la participation des clercs aux élections politiques a fait l'objet d'une procédure accélérée entre le synode, la CI et le Haut Conseil ecclésial.
- Le document sur les monastères a été renvoyé en commission devant la vague de réactions négatives qu'il a soulevé.
- La procédure d’élection du Patriarche a fait l'objet de 4 propositions diffusées et discutées en 2010. L'Assemblée plénière a décidé de les transmettre pour décision au concile épiscopal de 2013.
- Un débat très intéressant a porté sur la répartition des responsabilités entre les conciles épiscopaux et locaux: les conciles épiscopaux ont la responsabilité de proclamer la Vérité de l'Eglise, mais c'est le Peuple de Dieu qui "reçoit" cette Vérité et c'est donc le concile local, qui représente le Peuple de Dieu, qui veille à la pureté de la foi et au respect des canons. L'Assemblée plénière a décidé de transmettre ce texte au concile épiscopal de 2013.
- De même sont transmis au concile le document "sur la réforme du droit de la famille et la justice des mineurs", "Position de l’Église suite à l’apparition et aux perspectives de développement des nouvelles technologies d’identification de la personnalité" et "Conception écologique de l’Église orthodoxe russe".
- Le texte "de la participation de l'Eglise russe à la réadaptation des narco-dépendants" a été transmis au Saint Synode.
Apprendre à dialoguer
"En répondant aux défis de notre époque, la CI montre un exemple d'approche raisonnable des processus en cours, dit le patriarche (ibid. 8). Loin d'un rejet catégorique du point de vue de l'autre, il s'agit d'une approche réfléchie des problèmes, pour construire un dialogue avec l'adversaire le plus passionné ou simplement avec celui dont le point de vue est seulement un peu différent.Des controverses animées se déroulent en commissions, des polémiques aigues surgissent aussi dans les débats du présidium, mais ensuite on prend en compte tous les points "pour" et "contre" et le projet passe à la commission de rédaction. Et il peut y avoir une nouvelle discussion animée lorsque le projet passe en discussion publique.
Apprendre dialoguer aidera nos fidèles à vaincre la peur. Rappelons-nous les évènements révolutionnaires d'il y 95 ans et les pages sanglantes de l'histoire de l'Eglise russe. Le dernier siècle nous a fait connaitre la multitude des confesseurs de la foi chrétienne, mais de nos jours encore bien des croyants ont du mal à témoigner de leur foi et afficher son christianisme aujourd'hui demande aussi du courage: effet, dans certains milieux aujourd'hui, comme avant la révolution et comme après la révolution, il se forme des stéréotypes qui collent au croyant une image de rétrograde, démodé, et être Chrétien peut être un handicap dans la société…
… La CI permet de voir, comprendre et transmettre aux autres, s'il le faut, le message précieux et authentique de l'Eglise. Elle donne à chaque Chrétien les moyens de s'affirmer en développant la culture du débat non seulement parmi les membres de l'Eglise, mais aussi dans l'ensemble de la société. Si nous savons entendre les arguments des autres, nous serons aussi capables de débattre avec ceux qui sont encore indifférents, étrangers à l'idéal Evangélique ou qui tentent de discuter avec nous "sur les rudiments du monde" (Col. 2:8).
Et le patriarche conclu en insistant sur l'importance d'impliquer les médias dans ce processus… J'espère pour ma part que ma courte explication amorcera un intérêt des médias francophones pour cette incontestable avancée de la conciliarité dans l'Orthodoxie.
.....................................
(1)
(2) Liste complète sur
(3) et Bogoslov
(4)
(5)
(6) n'ai pas trouvé de statistiques complète concernant les deux sites, mais un article portant sur 8 documents débattus en 2010 montre que les commentaires sur le site dédié de la CI (cf. 3 ci-dessus) sont à chaque fois 2 à 3 fois plus nombreux que ceux de bogoslov.ru
(7)
(8)
(9) Extraits traduits par VG
Il est important de souligner à quel point le processus d'élaboration des documents par la CI implique le Peuple de Dieu: outre les 144 membres de la Conférence plénière, les 13 commissions auditionnent une cinquantaine d'experts extérieurs puis, après accord du présidium, les projets sont soumis à un débat ouvert via Internet (3) et les diocèses. Comme l'écrit l’archiprêtre Paul Velikanov (4), l'institution de la CI "marque le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de notre Eglise, peut-être même de celle des autres Eglises". C’est en effet la première fois que l’Eglise se dote ainsi d'un organisme représentatif du Peuple de Dieu permanent et ses deux premières réunions plénières, qui ont été préparées par un intense travail des commissions spécialisées, montre que "l'Eglise s’est mise à réfléchir aux questions qu’elle se pose elle-même avec lucidité au lieu de s’employer à répondre à des questions posées du dehors. Et cela sans faire appel à des réponses à l’emporte-pièce, passe-partout et langue de bois... Chacun des documents validés a trait à la vie réelle de l’Eglise et non au combat que se livrent virtuellement le Christ et l’Antéchrist" continue le père Paul.
Deux ans de débats (5)
21 documents ont été débattus en deux ans et demi (la statistique s'arrête mi 2012, les premiers documents ont été publiés en janvier 2010 (6)) et ils ont fait l'objet de plus de 4400 commentaires sur le site bogoslov.ru (ibid. 3) et ce chiffre peut être multiplié par 2 ou 3 pour tenir compte des débats sur le site dédié de la CI.
C'est le document portant sur "L'usage du slavon" qui vient en tête des commentaires (plus de 1519 sur bogslov.ru), devant "l'identification électronique des personnes" (1291) et "Règles des monastères et des moines" (1055). Les documents les moins commentés ont été "L'organisation du travail missionnaire" (2 commentaires!), "Position de l'Eglise face au blasphème volontaire" (4 commentaires … avant l'affaire "Pussy Riot"!) et "L'action sociétale des Orthodoxes" (6 commentaires).
Le père Velikanov fait aussi une analyse qualitative des commentaires, en particulier sur l'usage du slavon qui a été le plus riche (7): il s'agit principalement d'un dialogue de sourds entre deux camps opposés, chacun argumentant sa position, avec force citations des Ecritures et des Pères sans jamais chercher à comprendre ses opposants ou à trouver un accord. L'auteur regrette qu'il n'y ait pratiquement aucune participation de membres du clergé et souligne que, si ce débat devait mesurer le degré de "réception" du document, on devrait considérer qu'il est rejeté…
Il est à noter qu'une part importante de commentaires et propositions est attendue des diocèses et, dans son rapport ouvrant la seconde assemblée plénière de la CI (8), le patriarche Cyrile en a fait ressortir 51 (sur 240) dont l'apport a été particulièrement significatif (aucun diocèse de l'étranger n'est cité…)
Ce débat sert en fait à terminer la rédaction du document en commission de rédaction qui le transmet pour approbation en Assemblée plénière puis au Saint synode et au concile pour validation finale et promulgation. Tous les documents sont disponibles en permanence sur le site de la CI
Premier résultats
Ouvrant la seconde assemblée plénière de la CI, le patriarche Cyrile a présenté un bilan des travaux (8):
- Deux documents préparés par la CI ont été adoptés par le Saint synode du 27/12 2011. Il s'agit de documents organisant l'action de l'Eglise dans la société (catéchisation et mission) qui ont ensuite été transmis à l'ensemble de l'Eglise pour servir de base à l'organisation concrète du travail sur le terrain.
- Le document sur la participation des clercs aux élections politiques a fait l'objet d'une procédure accélérée entre le synode, la CI et le Haut Conseil ecclésial.
- Le document sur les monastères a été renvoyé en commission devant la vague de réactions négatives qu'il a soulevé.
- La procédure d’élection du Patriarche a fait l'objet de 4 propositions diffusées et discutées en 2010. L'Assemblée plénière a décidé de les transmettre pour décision au concile épiscopal de 2013.
- Un débat très intéressant a porté sur la répartition des responsabilités entre les conciles épiscopaux et locaux: les conciles épiscopaux ont la responsabilité de proclamer la Vérité de l'Eglise, mais c'est le Peuple de Dieu qui "reçoit" cette Vérité et c'est donc le concile local, qui représente le Peuple de Dieu, qui veille à la pureté de la foi et au respect des canons. L'Assemblée plénière a décidé de transmettre ce texte au concile épiscopal de 2013.
- De même sont transmis au concile le document "sur la réforme du droit de la famille et la justice des mineurs", "Position de l’Église suite à l’apparition et aux perspectives de développement des nouvelles technologies d’identification de la personnalité" et "Conception écologique de l’Église orthodoxe russe".
- Le texte "de la participation de l'Eglise russe à la réadaptation des narco-dépendants" a été transmis au Saint Synode.
Apprendre à dialoguer
"En répondant aux défis de notre époque, la CI montre un exemple d'approche raisonnable des processus en cours, dit le patriarche (ibid. 8). Loin d'un rejet catégorique du point de vue de l'autre, il s'agit d'une approche réfléchie des problèmes, pour construire un dialogue avec l'adversaire le plus passionné ou simplement avec celui dont le point de vue est seulement un peu différent.Des controverses animées se déroulent en commissions, des polémiques aigues surgissent aussi dans les débats du présidium, mais ensuite on prend en compte tous les points "pour" et "contre" et le projet passe à la commission de rédaction. Et il peut y avoir une nouvelle discussion animée lorsque le projet passe en discussion publique.
Apprendre dialoguer aidera nos fidèles à vaincre la peur. Rappelons-nous les évènements révolutionnaires d'il y 95 ans et les pages sanglantes de l'histoire de l'Eglise russe. Le dernier siècle nous a fait connaitre la multitude des confesseurs de la foi chrétienne, mais de nos jours encore bien des croyants ont du mal à témoigner de leur foi et afficher son christianisme aujourd'hui demande aussi du courage: effet, dans certains milieux aujourd'hui, comme avant la révolution et comme après la révolution, il se forme des stéréotypes qui collent au croyant une image de rétrograde, démodé, et être Chrétien peut être un handicap dans la société…
… La CI permet de voir, comprendre et transmettre aux autres, s'il le faut, le message précieux et authentique de l'Eglise. Elle donne à chaque Chrétien les moyens de s'affirmer en développant la culture du débat non seulement parmi les membres de l'Eglise, mais aussi dans l'ensemble de la société. Si nous savons entendre les arguments des autres, nous serons aussi capables de débattre avec ceux qui sont encore indifférents, étrangers à l'idéal Evangélique ou qui tentent de discuter avec nous "sur les rudiments du monde" (Col. 2:8).
Et le patriarche conclu en insistant sur l'importance d'impliquer les médias dans ce processus… J'espère pour ma part que ma courte explication amorcera un intérêt des médias francophones pour cette incontestable avancée de la conciliarité dans l'Orthodoxie.
.....................................
(1)
(2) Liste complète sur
(3) et Bogoslov
(4)
(5)
(6) n'ai pas trouvé de statistiques complète concernant les deux sites, mais un article portant sur 8 documents débattus en 2010 montre que les commentaires sur le site dédié de la CI (cf. 3 ci-dessus) sont à chaque fois 2 à 3 fois plus nombreux que ceux de bogoslov.ru
(7)
(8)
(9) Extraits traduits par VG
Le père Michel Ossorgine a été rappelé à Dieu le 24 novembre 2012. Mémoire éternelle, Vetchnaïa pamjatj! L'équipe de rédaction "PO" exprime ses condoléances à sa famille, ses proches, ses paroissiens.
Mon voyage dans l’ancien domaine de la famille Ossorgine dans le gouvernement de Kalouga a commencé le jour de la fête de l'Exaltation de la Croix du Seigneur (avant la révolution ce domaine s’appelait Sergueïevo, et précédemment encore – Karovo).
Le village de Koltsovo est situé à trente quatre kilomètres de Kalouga.
Nous atteignîmes Koltsovo le soir. J’avais si longtemps cherché cet endroit ! Ce village est disséminé sur les bords élevés de la rivière Oka. C’est ici, dans ce petit coin de Russie, d’une particulière beauté, que la religieuse, Séraphima (dans le monde Antonina Mikhaïlovna Ossorguina) (1901-1985), a passé ses années d’enfance et de jeunesse. C’est elle qui m’a enseigné la langue russe. Nous fîmes connaissance en France. J’étais à l’époque un jeune étudiant de l’institut Saint Serge, institut de théologie russe à Paris, et je fus son élève de 1971 à 1973 dans le monastère de l’Intercession de la Mère de Dieu, à Bussy en Othe en Bourgogne, situé à deux cents kilomètres au sud de Paris. Dans ma vie, elle fut à la fois mon enseignante préférée et la meilleure d’entre eux.
Je fus l’un des derniers élèves de Mère (Matouchka) Séraphima alors qu’elle avait déjà pris le voile et reçu la tonsure monastique dans le monastère de l’Intercession.
Mon voyage dans l’ancien domaine de la famille Ossorgine dans le gouvernement de Kalouga a commencé le jour de la fête de l'Exaltation de la Croix du Seigneur (avant la révolution ce domaine s’appelait Sergueïevo, et précédemment encore – Karovo).
Le village de Koltsovo est situé à trente quatre kilomètres de Kalouga.
Nous atteignîmes Koltsovo le soir. J’avais si longtemps cherché cet endroit ! Ce village est disséminé sur les bords élevés de la rivière Oka. C’est ici, dans ce petit coin de Russie, d’une particulière beauté, que la religieuse, Séraphima (dans le monde Antonina Mikhaïlovna Ossorguina) (1901-1985), a passé ses années d’enfance et de jeunesse. C’est elle qui m’a enseigné la langue russe. Nous fîmes connaissance en France. J’étais à l’époque un jeune étudiant de l’institut Saint Serge, institut de théologie russe à Paris, et je fus son élève de 1971 à 1973 dans le monastère de l’Intercession de la Mère de Dieu, à Bussy en Othe en Bourgogne, situé à deux cents kilomètres au sud de Paris. Dans ma vie, elle fut à la fois mon enseignante préférée et la meilleure d’entre eux.
Je fus l’un des derniers élèves de Mère (Matouchka) Séraphima alors qu’elle avait déjà pris le voile et reçu la tonsure monastique dans le monastère de l’Intercession.
Je me souviens comme nous étions assis ensemble et comme nous bavardions l’été dans le jardin du monastère. J’étais un élève impatient, mais elle au contraire avait une patience infinie. Je me souviens comme nous analysions ensemble un jour un récit de Soljenitsyne, « Le caneton », et malgré un laps de quarante années j’ai très bien retenu ce charmant récit. J’ai cherché à Moscou un livre le contenant et, grâce à Dieu, je l’ai trouvé.
Notre voiture s’était arrêtée à côté du clocher de l’église de l’Intercession de la Mère de Dieu,
située dans l’ancien domaine des Ossorguine. Lui seul a survécu à la merveilleuse église construite au début du XIXème siècle par la volonté de Maria Karr, l’épouse du premier propriétaire de ce domaine (décédée après avoir revêtu l’habit monastique et pris le nom de Mère Eupraxie). Le clocher très abîmé, envahi de buissons, avec ses colonnes et ses frontons, n’a pourtant rien perdu de sa grandeur initiale. Il fut un temps, où dix cloches chantaient dans ce clocher. La plus importante d’entre ces cloches pesait deux tonnes et demie. Elles furent toutes les victimes de la campagne de confiscation des métaux durant les premières années du pouvoir soviétique. La grande croix en verre qui couronnait le clocher a elle aussi disparu. Érigée en l’an 1900, elle inondait de sa lumière tout l’environnement proche. Aujourd’hui, seule sa carcasse métallique lui a survécu.
J’ai ouvert le livre de Serge Schmemann (le fils du Père Alexandre Schmemann) à la page où se trouve le plan d’ensemble de la propriété et j’ai essayé de repérer les lieux. A une dizaine de mètres du clocher se trouvait l’école de la paroisse. A présent elle est devenue une maison de repos dépendant de l’usine de turbines de Kalouga. Deux femmes, employées dans cette maison de repos, Lydia et Tamara se sont approchées de nous. Un moment donné j’ai laissé tomber :
« Ils ont démoli l’église et n’ont laissé que le clocher… » Lydia qui lisait le livre de Serge Schmemann, réagit immédiatement :
« Mais ce n’est pas nous qui avons détruit l’église ! » - « Oui, je sais --leur ai-je répondu – je ne vous accuse pas ».
A Sergueievo, l’église subsista jusqu’en 1952. Les communistes donnèrent l’ordre de la détruire, sous le prétexte d’un besoin de briques pour la construction d’un dépôt. Le sacrilège fut commis par un ivrogne local, le paysan Prokhor, qui échangea des centaines de briques contre un litre de vodka. Lorsque Prokhor démoli l’église les anciens du village le menacèrent de lui trancher la tête s’il touchait au clocher. Ainsi le clocher fut sauvé et Prokhor mourut dans sa maison lors d’une de ses habituelles crises d’ivrognerie.
Mère Séraphima, qui fut la dernière survivante des enfants de Michel Ossorguine, n’était pas au courant de la démolition de l’église. En 1982 elle écrivait :
« L’église est-elle conservée à Sergueievo ? Nous savons qu’elle l’était toujours en 1931, mais nous ne possédons plus aucune information depuis ».
A une centaine de mètres du clocher se trouve le parc de tilleuls entourant la demeure du domaine. Pour la première fois de ma vie, je pus voir toute une forêt de vieux et imposants tilleuls. La clôture du parc a disparu, mais l’allée principale qui le traverse dans toute sa longueur, se distingue parfaitement jusqu’à ce jour. « L’allée de Cupidon » ombragée, longue de trois cents mètres est particulièrement belle.
Nous dûmes déployer beaucoup d’efforts pour retrouver, au milieu des épais fourrés, des buttes de briques et d’autres matériaux de construction. C’est tout ce qui reste des dimensions imposantes de la demeure de cette propriété. Demeure fortifiée, construite au temps de Catherine la Grande par le général Vassily Kar (1730-1806). D’après des informations datant de 1841, cette propriété de 8327 hectares, comprenait des forêts, des champs, des rivières et huit villages habités par des serfs, dont le nombre était de 600 âmes. Serge Kar, le fils du général, vendit en 1843 la propriété familiale d’une étrange façon. Il jouait aux cartes dans un club anglais à Moscou et il annonça tout d’un coup d’une voix forte à toute la salle, qu’il vendait sa propriété pour six cent mille roubles.
Aussitôt fusa la réponse : « J’achète! ». C’est ainsi que Sergueïevo devint la propriété de Mikhaïl Guerassimovitch Ossorguine, grand-père du dernier possédant de la propriété, Mikhaïl Mikhaïlovitch Ossorguine.
Loin du nid de gentilhomme
Mikhaïl Ossorguine et sa famille furent chassés de Sergueïevo en octobre 1918 en tant « qu’ennemis et exploiteurs du peuple » La demeure fut entièrement détruite par un incendie en 1923. La version officielle fut la suivante : l’incendie fut provoqué par des réactionnaires membres d’une bande d’ex Blancs. En réalité les circonstances furent différentes. Les paysans détestaient les membres de la commune du village, qui occupaient la demeure après la révolution et qui s’étaient emparé des meilleures terres et des meilleurs outils. C’est la raison pour laquelle ils mirent le feu à une habitation occupée par les communistes, lorsque ces derniers s’absentèrent pour fêter le premier mai.
Nous savons que Mikhaïl Ossorguine, profondément croyant, n’était pas indifférents aux besoins des paysans. Il fonda une école paroissiale à Sergueïevo (1887) et créa la fraternité de Sainte Juliana pour venir en aide aux fidèles nécessiteux. L’exil des Ossorguine de Sergueïevo eu lieu en octobre 1918. Mikhaïl Mikhaïlovitch adressa quelques paroles à ceux qui se pressaient autour des calèches. Il désigna tout ce qui l’entourait, le bâtiment central, les ailes, le parc de tilleuls et il dit :
« Je sais que ces évènements sont passagers. Prenez soin de tout. Il est possible de créer ici un merveilleux sanatorium, ou une maison de soins. Servez vous de cette demeure, mais ne la détruisez pas ! » Déjà, durant les années de la première guerre mondiale, les Ossorguine avaient transformé leur maison en hôpital. Beaucoup de femmes pleuraient. Il s’inclina dans quatre directions et dit : « Pardonnez-moi, s’il m’est arrivé de faire du tort ou d’offenser l’un d’entre vous ». Les paysans essuyaient leurs larmes. Enfin les calèches se mirent en marche. De nombreux paysans accompagnèrent les Ossorguine jusqu’à la gare de chemin de fer de Fersikov et les aidèrent à charger leurs bagages dans le train.
Après leur expulsion de Sergueïevo, les Ossorguine vivaient dans les environs de Moscou. Et en 1931, grâce à l’aide de Catherine Pechkov, la femme de Maxime Gorki, ils réussirent à obtenir un passeport et partir pour Paris, où ils retrouvèrent les trois aînés de leurs enfants, Mikhaïl, Serge et Sophie- et leurs petits-enfants. En 1931 treize membres de la famille Ossorguine purent émigrer à l’étranger. Parmi ces treize émigrés, trois sont encore vivants aujourd’hui : l’archiprêtre Mikhaïl Ossorguine, fils de Georges Ossorguine et d’Alexandra Galitzine, et deux des enfants de Juliana Mikhaïlovna Samarina : Mikhaïl Sergueïevitch Samarine et Juliana Sergueïevna Samarina. Un livre de souvenirs de l’archiprêtre Mikhaïl Mikhaïlovitch, l’aîné, se prépare à être publié ; ces souvenirs ont été rédigés par ses proches et sa petite fille, Juliana Sergueïevna.
Le prince Gregory Troubetzkoy (1873-1929), parent des Ossorguine écrivit :
« La perte de foyers familiaux, semblables à celui de Sergueïevo, a été une perte irremplaçable pour la Russie. Et la seule consolation est qu’il est impossible de détruire sans laisser de trace les bonnes semences, qui durant de longues années ensemençaient une terre fertile » Leur souvenir se transmet jusqu’à présent de génération en génération !
J’ai prié dans ce clocher en ruines afin que le Seigneur me permette de reconstruire la magnifique église de Sergueïevo, dans laquelle tant de générations de paysans et d’aristocrates russes ont servi ensemble « Le seigneur de toutes choses ».
Traduit pour « Parlons d’orthodoxie » par Marie Genko
Photo des archives de Serge Schmemann
L’auteur du récit est l’archiprêtre Sava Mikhaïlidis Revue « Orthodoxie et époque contemporaine » N°11 (27) année 2009
Père Michel Ossorguine. Histoire d'une famille - Les Russes sans la Russie. 28 août 2011 RTR PLANETA
Notre voiture s’était arrêtée à côté du clocher de l’église de l’Intercession de la Mère de Dieu,
située dans l’ancien domaine des Ossorguine. Lui seul a survécu à la merveilleuse église construite au début du XIXème siècle par la volonté de Maria Karr, l’épouse du premier propriétaire de ce domaine (décédée après avoir revêtu l’habit monastique et pris le nom de Mère Eupraxie). Le clocher très abîmé, envahi de buissons, avec ses colonnes et ses frontons, n’a pourtant rien perdu de sa grandeur initiale. Il fut un temps, où dix cloches chantaient dans ce clocher. La plus importante d’entre ces cloches pesait deux tonnes et demie. Elles furent toutes les victimes de la campagne de confiscation des métaux durant les premières années du pouvoir soviétique. La grande croix en verre qui couronnait le clocher a elle aussi disparu. Érigée en l’an 1900, elle inondait de sa lumière tout l’environnement proche. Aujourd’hui, seule sa carcasse métallique lui a survécu.
J’ai ouvert le livre de Serge Schmemann (le fils du Père Alexandre Schmemann) à la page où se trouve le plan d’ensemble de la propriété et j’ai essayé de repérer les lieux. A une dizaine de mètres du clocher se trouvait l’école de la paroisse. A présent elle est devenue une maison de repos dépendant de l’usine de turbines de Kalouga. Deux femmes, employées dans cette maison de repos, Lydia et Tamara se sont approchées de nous. Un moment donné j’ai laissé tomber :
« Ils ont démoli l’église et n’ont laissé que le clocher… » Lydia qui lisait le livre de Serge Schmemann, réagit immédiatement :
« Mais ce n’est pas nous qui avons détruit l’église ! » - « Oui, je sais --leur ai-je répondu – je ne vous accuse pas ».
A Sergueievo, l’église subsista jusqu’en 1952. Les communistes donnèrent l’ordre de la détruire, sous le prétexte d’un besoin de briques pour la construction d’un dépôt. Le sacrilège fut commis par un ivrogne local, le paysan Prokhor, qui échangea des centaines de briques contre un litre de vodka. Lorsque Prokhor démoli l’église les anciens du village le menacèrent de lui trancher la tête s’il touchait au clocher. Ainsi le clocher fut sauvé et Prokhor mourut dans sa maison lors d’une de ses habituelles crises d’ivrognerie.
Mère Séraphima, qui fut la dernière survivante des enfants de Michel Ossorguine, n’était pas au courant de la démolition de l’église. En 1982 elle écrivait :
« L’église est-elle conservée à Sergueievo ? Nous savons qu’elle l’était toujours en 1931, mais nous ne possédons plus aucune information depuis ».
A une centaine de mètres du clocher se trouve le parc de tilleuls entourant la demeure du domaine. Pour la première fois de ma vie, je pus voir toute une forêt de vieux et imposants tilleuls. La clôture du parc a disparu, mais l’allée principale qui le traverse dans toute sa longueur, se distingue parfaitement jusqu’à ce jour. « L’allée de Cupidon » ombragée, longue de trois cents mètres est particulièrement belle.
Nous dûmes déployer beaucoup d’efforts pour retrouver, au milieu des épais fourrés, des buttes de briques et d’autres matériaux de construction. C’est tout ce qui reste des dimensions imposantes de la demeure de cette propriété. Demeure fortifiée, construite au temps de Catherine la Grande par le général Vassily Kar (1730-1806). D’après des informations datant de 1841, cette propriété de 8327 hectares, comprenait des forêts, des champs, des rivières et huit villages habités par des serfs, dont le nombre était de 600 âmes. Serge Kar, le fils du général, vendit en 1843 la propriété familiale d’une étrange façon. Il jouait aux cartes dans un club anglais à Moscou et il annonça tout d’un coup d’une voix forte à toute la salle, qu’il vendait sa propriété pour six cent mille roubles.
Aussitôt fusa la réponse : « J’achète! ». C’est ainsi que Sergueïevo devint la propriété de Mikhaïl Guerassimovitch Ossorguine, grand-père du dernier possédant de la propriété, Mikhaïl Mikhaïlovitch Ossorguine.
Loin du nid de gentilhomme
Mikhaïl Ossorguine et sa famille furent chassés de Sergueïevo en octobre 1918 en tant « qu’ennemis et exploiteurs du peuple » La demeure fut entièrement détruite par un incendie en 1923. La version officielle fut la suivante : l’incendie fut provoqué par des réactionnaires membres d’une bande d’ex Blancs. En réalité les circonstances furent différentes. Les paysans détestaient les membres de la commune du village, qui occupaient la demeure après la révolution et qui s’étaient emparé des meilleures terres et des meilleurs outils. C’est la raison pour laquelle ils mirent le feu à une habitation occupée par les communistes, lorsque ces derniers s’absentèrent pour fêter le premier mai.
Nous savons que Mikhaïl Ossorguine, profondément croyant, n’était pas indifférents aux besoins des paysans. Il fonda une école paroissiale à Sergueïevo (1887) et créa la fraternité de Sainte Juliana pour venir en aide aux fidèles nécessiteux. L’exil des Ossorguine de Sergueïevo eu lieu en octobre 1918. Mikhaïl Mikhaïlovitch adressa quelques paroles à ceux qui se pressaient autour des calèches. Il désigna tout ce qui l’entourait, le bâtiment central, les ailes, le parc de tilleuls et il dit :
« Je sais que ces évènements sont passagers. Prenez soin de tout. Il est possible de créer ici un merveilleux sanatorium, ou une maison de soins. Servez vous de cette demeure, mais ne la détruisez pas ! » Déjà, durant les années de la première guerre mondiale, les Ossorguine avaient transformé leur maison en hôpital. Beaucoup de femmes pleuraient. Il s’inclina dans quatre directions et dit : « Pardonnez-moi, s’il m’est arrivé de faire du tort ou d’offenser l’un d’entre vous ». Les paysans essuyaient leurs larmes. Enfin les calèches se mirent en marche. De nombreux paysans accompagnèrent les Ossorguine jusqu’à la gare de chemin de fer de Fersikov et les aidèrent à charger leurs bagages dans le train.
Après leur expulsion de Sergueïevo, les Ossorguine vivaient dans les environs de Moscou. Et en 1931, grâce à l’aide de Catherine Pechkov, la femme de Maxime Gorki, ils réussirent à obtenir un passeport et partir pour Paris, où ils retrouvèrent les trois aînés de leurs enfants, Mikhaïl, Serge et Sophie- et leurs petits-enfants. En 1931 treize membres de la famille Ossorguine purent émigrer à l’étranger. Parmi ces treize émigrés, trois sont encore vivants aujourd’hui : l’archiprêtre Mikhaïl Ossorguine, fils de Georges Ossorguine et d’Alexandra Galitzine, et deux des enfants de Juliana Mikhaïlovna Samarina : Mikhaïl Sergueïevitch Samarine et Juliana Sergueïevna Samarina. Un livre de souvenirs de l’archiprêtre Mikhaïl Mikhaïlovitch, l’aîné, se prépare à être publié ; ces souvenirs ont été rédigés par ses proches et sa petite fille, Juliana Sergueïevna.
Le prince Gregory Troubetzkoy (1873-1929), parent des Ossorguine écrivit :
« La perte de foyers familiaux, semblables à celui de Sergueïevo, a été une perte irremplaçable pour la Russie. Et la seule consolation est qu’il est impossible de détruire sans laisser de trace les bonnes semences, qui durant de longues années ensemençaient une terre fertile » Leur souvenir se transmet jusqu’à présent de génération en génération !
J’ai prié dans ce clocher en ruines afin que le Seigneur me permette de reconstruire la magnifique église de Sergueïevo, dans laquelle tant de générations de paysans et d’aristocrates russes ont servi ensemble « Le seigneur de toutes choses ».
Traduit pour « Parlons d’orthodoxie » par Marie Genko
Photo des archives de Serge Schmemann
L’auteur du récit est l’archiprêtre Sava Mikhaïlidis Revue « Orthodoxie et époque contemporaine » N°11 (27) année 2009
Père Michel Ossorguine. Histoire d'une famille - Les Russes sans la Russie. 28 août 2011 RTR PLANETA
Pour la première fois depuis l’effondrement du Bloc soviétique, une exposition offre le bilan des échanges intellectuels franco-russes. Malgré les bouleversements de l’histoire, les contacts n’ont jamais cessé de 1917 à 1991. Fruit de la collaboration entre les deux pays dans la cadre de « L’année France-Russie 2012, langues et littératures », l’exposition réunit plus de trois cents pièces bénéficiant de l’ouverture exceptionnelle des archives de la Fédération de Russie et de l’accès à des fonds méconnus en France. Ces regards croisés viennent éclairer d’un jour nouveau un siècle mouvementé marqué par des idéologies antagonistes. Correspondances et manuscrits, photographies, dessins et bien d’autres documents encore racontent une histoire à la fois intime et publique, officielle et non-officielle. Ces archives évoquent des destins singuliers : émigrés ayant fui la révolution bolchévique, compagnons de route séduits par l’utopie révolutionnaire, dissidents de l’ère brejnévienne, intellectuels français revenus de leurs illusions. Ils permettent de retrouver les œuvres et personnalités de nombreux écrivains et artistes, acteurs de cette histoire partagée.
Programme détaillé sur le site France-Russie2012.com
Programme détaillé sur le site France-Russie2012.com
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