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OLTR "SOIREE A LA MEMOIRE DE MGR SERGE (KONOVALOFF) 1941-2003 " - Pour le 10ème anniversaire de sa mort
"Parlons d’orthodoxie" a publié les interventions de Mgr Nestor de Chersonèse et du père Nicolas Rehbinder à la Table ronde de l’OLTR consacrée au dixième anniversaire du rappel à Dieu de Monseigneur Serge (Konovaloff).
Ce n’est que récemment que Monsieur Basile de Tiesenhausen nous a fait parvenir par courrier les textes sur lesquels il s’est fondé dans son intervention et qu’il a exposés dans leur intégralité. Il a fallu soumettre ces pages à un logiciel de reconnaissance de texte : nous prions les lecteurs d’excuser les inévitables bugs. Nous ne disposons pas encore de l’intervention émouvante de Vladimir Konovaloff, le fils du défunt archevêque.
Le Survol du début à nos jours
Surtout et après le XIX° siècle les émigrants d’origine russe qui sont venus en Europe Occidentale et plus particulièrement en France ont éprouvé le besoin de ne pas rompre le lien spirituel et affectif avec l’Eglise dans laquelle ils avaient été baptisés et de pouvoir vivre dans la communion de la foi et des traditions selon lesquelles ils avaient été élevés.Ils ont organisé la pratique de leur foi, construits des églises, réunis des communautés, formé des paroisses et enfin continué d’éduquer leur descendance dans ce qui était leur religion et leurs traditions.
"Parlons d’orthodoxie" a publié les interventions de Mgr Nestor de Chersonèse et du père Nicolas Rehbinder à la Table ronde de l’OLTR consacrée au dixième anniversaire du rappel à Dieu de Monseigneur Serge (Konovaloff).
Ce n’est que récemment que Monsieur Basile de Tiesenhausen nous a fait parvenir par courrier les textes sur lesquels il s’est fondé dans son intervention et qu’il a exposés dans leur intégralité. Il a fallu soumettre ces pages à un logiciel de reconnaissance de texte : nous prions les lecteurs d’excuser les inévitables bugs. Nous ne disposons pas encore de l’intervention émouvante de Vladimir Konovaloff, le fils du défunt archevêque.
Le Survol du début à nos jours
Surtout et après le XIX° siècle les émigrants d’origine russe qui sont venus en Europe Occidentale et plus particulièrement en France ont éprouvé le besoin de ne pas rompre le lien spirituel et affectif avec l’Eglise dans laquelle ils avaient été baptisés et de pouvoir vivre dans la communion de la foi et des traditions selon lesquelles ils avaient été élevés.Ils ont organisé la pratique de leur foi, construits des églises, réunis des communautés, formé des paroisses et enfin continué d’éduquer leur descendance dans ce qui était leur religion et leurs traditions.
Les lieux de culte, dont ils avaient été à l’origine (ne serait-ce que par leur présence ) et plus que souvent réalisateurs avec la contribution de compatriotes de Russie, plus ou moins haut placés, étaient vécus comme les leurs et les témoins de leur foi et de leurs traditions . Les leurs qu’ils transmettaient à leur descendance avec l’objectif que cette foi et ces traditions , qui devaient y être célébrées , ne soient pas dévoyées et dispersées.
Les événements historiques (la révolution russe, le pouvoir athée) ont fait que cet ensemble homogène, à l’origine, sur le plan de la religion a réagi différemment et cherché des solutions qui se sont révélées ni homogènes ni identiques.
- les uns sous l’impulsion du Métropolite Euloge ont cherché « une liberté provisoire » dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople tout en proclamant que le départ de l’Eglise Russe n’était que momentané et que leur solution leur conservait une canonicité ainsi non contestée.
- d’autres tels l’EORHF se sont constitués en ensemble autonome et indépendant drapés dans leur conviction de détenir la vérité. Ils ne furent pas reconnus par les autres Eglises.
- d’autres enfin sont resté dans le cadre où ils étaient en priant pour que le temps leur permette de revivre normalement, (paroisses du Patriarcat de Moscou)
Le temps a passé pour tous avec ses événements, ses hauts et ses bas.
- avant de mourir le Métropolite Euloge et ses évêques ont voulu mettre un terme au mot « provisoire », qui avait été la clé de voûte de leur existence avec Constantinople, et sont revenus dans le Patriarcat de Moscou. Mgr Euloge faisait la paix de son âme avec l’Eglise russe.
- Au décès du Métropolite Euloge l’Archevêque Vladimir(Tichonitsky ), pour des raisons diverses et des justifications discutées par certains, s’est rétracté et a maintenu l’Archevêché dans la juridiction de Constantinople. Décision dans laquelle il a été suivi par l’Assemblée Générale convoquée pour l’occasion et qui a estimé « que l’Eglise russe n'était pas encore libérée du pouvoir athée. » (c’était trop tôt)
- Quelques années plus tard en 1965 le Patriarche Œcuménique Athënagoras, après avoir soupesé le vrai et le faux, le mauvais et le bon pour le futur a unilatéralement décrété que « son provisoire » avec l’Archevêché avait atteint son terme et justifiant ainsi à posteriori la décision du Métropolite Euloge de revenir dans le Patriarcat de Moscou, annonçait que le temps était venu pour l’Archevêché de revenir au sein de son Eglise Mère ( ainsi clairement désignée ). L’Archevêché, qui n’avait pas été consulté, ne l’entendit pas de cette oreille, et pour la deuxième fois, plutôt que de reconnaître de près ou de loin une subordination réelle ou présumée au pouvoir athée à la tête de l’Union soviétique refusa d’obéir à Constantinople et de revenir au sein de l’Eglise Russe accusée de vivre au gré du pouvoir rouge et s'auto proclama indépendant.
- Le temps passant, en 1971, l’Archevêché constatant que l’indépendance unilatéralement autoproclamée était difficile à vivre dans l’Eglise orthodoxe et tel les bourgeois de Calais a demandé que Constantinople le reprenne acceptant au passage une position de vicariat, de fait, de la Métropole grecque de France.
Le temps continuant de passer le régime politique soviétique s’effondrait et l'Eglise russe retrouvait son indépendance (que ses ennemis contestent parfois), son autorité et peut être son pouvoir.
Cela dura jusqu’en 1995 avec l’élection de l’Archevêque Serge. Avec une réussite (il était à moitié belge ) et simplicité chevillées au corps l’Archevêque Serge :
- remis de l’ordre, après des compromis avec Constantinople, dans les statuts de l’Archevêché datant de l’époque de Mgr Euloge et devenus obsolètes
- rétabli la communion eucharistique avec le Patriarcat de Moscou
- obtint le rétablissement de la position d’origine de l’Archevêché auprès de Constantinople (exarchat)
-travailla au retour de l’unité au sein des orthodoxes en Europe Occidentale.Ces orthodoxes vivant toujours en trois entités séparées et s'ignorant plus ou moins les unes les autres. Mgr Serge poussa son action jusqu’au projet d’une Métropole auto -administrée dont le projet de statuts , apparemment accepté par le Patriarcat de Moscou, était une mine de concessions, de celui-ci, calquées sur les nouveaux statuts de l’Archevêché. L’Archevêque Serge fut emporté par le destin avant de finaliser son rêve.
En 2003, après le décès de l’Archevêque Serge, le Patriarche de toutes les Russies Alexis II qui avait été convaincu par les idées de Mgr Serge essaya de poursuivre et de concrétiser le rêve de Mgr Serge en y apportant le poids de sa propre position et en reprenant nombre des objectifs :
- ’Archevêché de Mgr Gabriel ( archevêque nouvellement élu ) repoussa de toutes ses forces l’appel du Patriarche Alexis II au risque, qui se réalisa, de créer la division en son sein .
- l’EORHF elle, si dogmatique et rigoriste dans le temps, prêta une oreille réaliste et pragmatique ( bien que parfois source de divisions en son propre sein ) entamant un processus de discussions avec le PM. Discussions qui aboutirent à un acte d’UNION qui a été signé le 17 mai 2007.
L’Archevêché entraîné, par Mgr Gabriel, dans son opposition renoua avec des méthodes que certains dirent issues des pratiques soviétiques dans la gestion de sa population dite de « fidèles » restant sourd et aveugle aux appels de beaucoup.
Cette population c’est quoi aujourd'hui ?
Ce sont les descendants de l’Archevêché de 1927 puis de 1939 globalement assimilés dans leurs pays d’adoption ( via des études locales, des mariages mixtes ....). Ils se divisent un peu schématiquement en :
• ceux qui sont restés fidèles aux principes de leurs ascendants, leur foi et leurs traditions
• ceux qui s'estimant plus nationaux que les nationaux de leurs nouveaux pays et qui éprouvent le besoin de donner des gages à leur nouvelle appartenance. Qui en bons occidentaux veulent créer, à l’image de Vatican 2, une nouvelle orthodoxie plus moderne plus ancrée dans leur pays et en un mot différente de la vieille orthodoxie pratiquée encore dans la Russie « profonde »
• les convertis qui se partagent entre les deux précédents
• les nouveaux arrivés, de plus en plus nombreux, des pays de l’est habitués et fidèles à la tradition russe
Les premiers estiment que les lieux de culte crées par leurs ancêtres doivent correspondre aux habitudes et traditions de ces ancêtres et sont leur « propriété ».
Les autres ne veulent pas (ou ne peuvent pas) créer des lieux de cultes pour développer leurs religion « modernisée » et estiment que leur position d’aujourd’hui leur donne le droit d'arracher aux précédents les lieux de culte et de les adapter à leurs nouvelles conceptions de culte et de célébrations.(vieille loi du coucou qui fait ses œufs dans le nid du voisin en vue de chasser les oisillons d'origine, légitimes )
C’est dans ce contexte, qui ne date pas d’aujourd’hui, que Mgr Serge a su maintenir la paix, les équilibres et la juste expression de chacun.
C'est dans ce même contexte que son successeur solidement tenu par « qui t’a fait roi » n’a pas pu ( ou voulu ) respecter les engagements pris lors de son élection et qui a fait ( ou fait faire ) le « ménage » pour éliminer toute opposition dans les instances dirigeantes ou influentes de l’Archevêché. Des homélies émouvantes exprimant son amour de la Russie du slavon et du Patriarcat de Moscou étaient suivies de mesures discriminatoires à l’égard de tous ceux soupçonnés de sympathie envers le « russe ».
Cela a créé un climat délétère où les croyants ne se retrouvent plus et où nombre de fidèles pensent qu’il est (peut-être) temps d’oublier les querelles et autres ambitions personnelles pour retrouver les chemins enseignés par l’Eglise Orthodoxe. Mais pour ce faire peut-être faut-il revoir plus en détail les différentes périodes de cette histoire.
* * *
1995-2003: LA VIE de TOUS les JOURS
Le décès imprévu et soudain de SEm l’Archevêque Georges (Wagner) trouva une situation où aucune succession n’avait été préparée. Devant la vacuité l’Archimandrite Serge (Konovaloff) enseignant en Belgique et peu connu dans l’Archevêché fut sollicité pour présenter sa candidature. Il se fit prier, ne se sentant aucunement préparé à une telle tâche, puis accepta et fut élu par l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché du 31 mai 1999. Il fut confirmé par Constantinople au siège d’Eucarpie
Bien que n’ayant pas eu un parcours, comparable à celui de Mgr Georges, qui l’aurait préparé à diriger et gérer une entité aussi diversifiée et étendue que l’Archevêché le nouvel Archevêque SEm l’Archevêque Serge a :
- après son élection, énormément travaillé la théologie. Domaine où il ne voulait pas devenir le « prisonnier » tant de ses collaborateurs ( clercs ou laïcs ) que de ses interlocuteurs extérieurs
- fait confiance à son bon sens, aux sentiments que lui inspirait sa conscience et à ses collaborateurs et conseillers dont il s’était entouré et qu’il n’hésitait pas à consulter (sans suivre obligatoirement leurs avis ou suggestions)
Dans ce cadre :
- il était profondément pénétré de son origine russe et des aspirations de son âme. Cette origine et son attachement à celle-ci avaient été un élément déterminant pour le décider à accepter de présenter sa candidature, à la fonction d’Archevêque dirigeant, lorsqu’il avait reçu, au décès de Mgr Georges, la vague d’appels.
- L’Eglise russe représentait pour lui, par son histoire, sa dimension géographique et démographique une base que les avatars de la révolution russe ne pouvaient effacer d'un trait de plume.
- Il souffrait des divisions déchirant les fidèles orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale. Ceux de l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, du Patriarcat de Moscou et de l’Archevêché
- Il fut rapidement troublé par ce qui lui apparut comme une insuffisance d’organisation, de logique et de clarté dans le fonctionnement de l’Archevêché
SEm l’Archevêque Serge craignant de s’embrouiller, dans des opérations trop nombreuses soumises à trop d’interlocuteurs, voulu faire preuve de :
- simplicité
- bon sens
- détermination dans un nombre limité de démarches et de décisions prises, en totale concertation avec les instances élues de l’Archevêché ( le Conseil de l’Archevêché et l’Assemblée Générale ) et en pratiquant la délégation notamment à l’Administration Diocésaine statutairement chargée d’être le bras séculier de ses décisions.
Très rapidement il fixa quatre objectifs prioritaires :
- Pouvoir s’appuyer sur des outils de travail pratiques, logiques et en conformité aux lois des pays où se situait l’Archevêché. Le premier d’entre eux devait être les « statuts de l’archevêché »
- Rétablir la situation vis-à-vis du Patriarcat Œcuménique. La subordination crée en 1971 via la « réacceptation » de l’Archevêché dans la juridiction de Constantinople ne lui apparaissait ni historiquement ni objectivement acceptables.
- Surmonter « l'anomalie » des « non relations » de l’Archevêché avec l’Eglise de Russie. Anomalie accentuée par les changements politiques intervenus en Russie avec leurs conséquences sur l’indépendance du patriarcat de Moscou.
- Maintenir la paix et l’unité au sein de l’Archevêché
Les étapes dans la réalisation de ces objectifs furent :
1) La refonte des statuts et la restauration de la position d’Exarque. SEm l’Archevêque Serge nomma une commission chargée d’étudier et de présenter un projet de nouveaux statuts. Dans le cahier des charges que Mgr Serge fixait pour ce projet il y avait :
- coordonner les obligations et contraintes légales des pays où l’Archevêché était présent avec les obligations et contraintes de l’orthodoxie de tradition russe et les recommandations du Concile de Moscou de 1917-18
- répondre aux demandes spécifiques du Patriarcat de Constantinople
Dans cette commission Mgr Serge souhaita des représentants des diverses sensibilités existant dans l’Archevêché dont celle du père Jean Gueit le très actif secrétaire général de la « Fraternité », et celle d’Antoine Nivière futur rédacteur du SOP.
Les projets qui se succédèrent furent soumis à un juriste spécialisé du droit des associations cultuelles et aux débats du Conseil de l’Archevêché avant d’aborder les discussions avec la pointilleuse Commission des Eparchies du Saint Synode du Patriarcat de Œcuménique.
Après l'approbation de tous, y compris du Patriarche Bartholomée lui-même le projet fut soumis à l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché qui l’approuva à une très large majorité le 7 février 1998.(compte rendu en annexe 35)
Les discussions, ci-dessus, à Constantinople avaient mis en évidence les frustrations résultant du changement de positionnement de l’Archevêché au sein du Patriarcat de Œcuménique survenus en 1965 - 1971. C’est en réunion, dans son bureau, que le Patriarche Bartholomée demanda à Mgr Serge de lui proposer un nouveau texte de «Tomos» redéfinissant la position de l’Archevêché.
De retour à Paris Mgr Serge désigna une commission spéciale qui fut chargée de travailler sur un tel projet et de proposer un texte au Conseil. Après débats dans les différentes instances de l’Archevêché, des discussions délicates avec SEm le Métropolite de France Jérémie, directement concerné par l’évolution proposée, un projet fut adressé au Patriarche Bartholomée. Ce projet donna lieu, à nouveau, à de nombreux débats avec la Commission des Eparchies au cours des voyages de la délégation de l’Archevêché accompagnant à Constantinople Mgr Serge et Mgr Jérémie.
Le texte finalement accepté fut conditionné par Constantinople à une nouvelle modification des statuts de l’Archevêché, qui venaient juste d’être acceptés par le Patriarche Œcuménique. Cette nouvelle modification fut soumise à une Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché qui la vota le 1° mai 1999.
La voie était enfin libre à la « Promulgation » officielle du « Tomos » (en annexe 36 ) rétablissant l’Exarchat. Elle eu lieu le 20 juin 1999 ( voir ci-dessous le chapitre « TOMOS » en présence du représentant du Patriarche Œcuménique, le Métropolite de Philadelphie Méliton secrétaire du Saint Synode de Constantinople, et du Métropolite Jérémie des Gaules.
2) Surmonter « l’anomalie » des non relations avec le Patriarcat de Moscou. Pour cela SEm l’Archevêque Serge prit, dès 1995, contact ( en accord avec le Patriarche Bartholomée) avec le Patriarche de Moscou. Une délégation comprenant entre autres les pères Boris Bobrinskoy et Jean Gueit prit le chemin de Moscou. La diligence de cette délégation aboutit à une invitation du Patriarche de Moscou pour une visite officielle de l’Archevêque des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale à Moscou. SEm l’Archevêque Serge y fut accompagné, entre autre, par les pères Boris Bobrinskoy et Eugène Czapiuk.
Le rétablissement de la communion eucharistique qui fut alors proclamée, ouvrait la voie à des relations ecclésiales normales dont le développement ne pouvait se faire que dans un cadre correspondant à un consensus général au sein de l’Archevêché.
C’est ainsi qu’après débats au sein du Conseil de l’Archevêché l’Archevêque Serge créait une commission spéciale « Avenir de l’Archevêché » dont déjà seul le nom était évocateur. Il y réunissait les représentants de tous les courants de pensées de l’Archevêché. Cette commission travailla pendant plusieurs années et nourrit le Conseil et l’ordonnancement des pensées de Mgr Serge ; avec entre autres, un document résumant en dix points les commandements estimés fondamentaux pour l’Archevêché et pour son avenir. Ce document allait servir les entretiens qui ponctuèrent la politique et l'action de communication menées par l’Archevêque Serge tant à Constantinople qu’à Moscou.
L’Archevêque Serge ayant rétabli la situation de l’Archevêché tant à l’égard du Patriarcat de Constantinople qu’à celui de Moscou avait ouvert la voie aux grands règlements futurs de l’orthodoxie en Europe Occidentale
3) Sur le plan intérieur la situation trouvée par Mgr Serge présentait d’autres formes de difficultés.
- La population du clergé se décomposait en :
Origines russes, fidèle à la tradition russe et souhaitant la conserver. Cette fraction vieillissante avait un renouvellement insuffisant qui ne pouvait être compensé que par une arrivée de sang neuf venant de Russie et ne pouvait être réalisée uniquement par les transfuges fuyant leur pays et parfois de qualité douteuse.
• origines russes, partisane d’une « orthodoxie occidentalisée et modernisée ». Dans cette fraction se retrouvaient différentes tranches d’âge dont les plus jeunes nourris dès leur jeunesse et études locales par leurs relations dans toutes les couches de la société « moderne ». Ils avaient un grand besoin de d’affirmer une personnalité nouvelle avec une tradition « orthodoxe occidentalisée » et le mythe volontairement imprécis et porteur de I’ « Eglise locale ». Ils assuraient ainsi une liaison quasi naturelle avec toutes les tendances comme celles de l'ECOF ou des uniates.
• origines nationales, soit de convertis du catholicisme soit de mouvances non canoniques
• C’est ce clergé qui avait la charge de gérer, les fidèles historiques de l’Archevêché et les flux migratoires venant de l’est, avec parmi les problèmes celui des langues. Non seulement pour les célébrations mais aussi pour les confessions et la simple communication, si importantes pour les déracinés.
La population des fidèles, comme indiqué ci-dessus subissait des évolutions importantes. Les changements politiques à l’est avaient provoqué un afflux totalement imprévu de fidèles slaves en provenance de Russie, Moldavie, Ukraine .... Ces fidèles plutôt réfugiés économiques que politiques ne disposaient souvent d’aucune formation spirituelle et ecclésiastique et surtout pas de situation légale et se trouvaient sans travail, ni logement, ni argent. Même si les paroisses de l’Archevêché ne pouvaient faire face à tous les besoins matériels leur devoir était de manifester à l’égard de la misère de leurs frères un accueil fraternel avec le maximum de chaleur humaine et spirituelle. Les paroisses et les prêtres se devaient d’accueillir cette population et lui donner une éducation spirituelle élémentaire et de base. L’Archevêque Serge y était d’autant plus sensible que nombre de paroisses furent remplies jusqu’à représenter une majorité des présents lors des célébrations des fêtes dans des églises comme la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Paris,celle de Liège, Marseille, Stockholm Population, ne parlant pas ou mal le français ou le suédois ou..., et pour laquelle l’accueil de base consistait dans la communication spirituelle et laïque dans leur langue natale le « russe ». Il faut noter que ces fidèles s’ils remplissaient les lieux de cultes, n’en assuraient pas la gestion qui restait aux mains des « locaux »
Le maintien de l’unité et de la cohésion au sein de l’Archevêché fut réussi dans ce contexte difficile par Mgr Serge.
Il le fut grâce à :
- sa grande sensibilité et sa bonté qui dans certains cas , disaient ses détracteurs, s’assimilait à de la faiblesse. Mgr Serge cherchait à comprendre ses interlocuteurs et savait les écouter et entendre. Ses qualités de polyglotte étaient un atout supplémentaire.
-Sa volonté de sélectionner un nombre d’objectifs limités et de focaliser ses forces sur ceux-ci quitte à laisser faire un certain de choses qu'il réprouvait comme les «expériences novatrices » ponctuelles et personnelles de certains. La lutte contre cela lui paraissait secondaire face au besoin des démunis.
- Sa décision de répondre à l’appel de fidèles orthodoxes désespérés même si les solutions apportées n'étaient pas totalement bordées ( économiquement ou administrativement ). Comme par exemple l’ouverture de plusieurs paroisses en Espagne . L’expérience montra que des débuts acrobatiques se régularisèrent dans un sens positif dans une spiritualité générale.
Dans cette démarche, parfois artisanale, parfois chaotique mais toujours avec amour et dans la même direction Mgr Serge :
-fit construire des églises ( Belfort, Saint Louis, Bussy en Othe ,.... ) et même s’il n’eut pas le temps de les consacrer toutes lui-même il en fut à la base et l’animateur des promoteurs et réalisateurs matériels.
- contrôla l’essentiel de la qualité des ordinations résistant aux pressions qui ne manquaient pas pour accélérer le mouvement des ordinations de non russes d’origine.
Et s’il ne pu récolter tous les fruits de son action de fond, suite à son décès brutal le 22 janvier 2003 il n’en laissa pas moins à son successeur, un archevêché dont la paix, l’unité et la cohésion étaient indiscutables et indiscutées.
* * *
LA COMMISSION « AVENIR de l’ARCHEVÊCHE »
Cette Commission initialement chargée du concept de l’Eglise Locale s’est vue confier par le Conseil de l’Archevêché du 5 mars 2001 (annexe37) la réflexion sur l’Avenir de l’Archevêché. Cette commission composée initialement des pères Wladimir Yagello (rapporteur), Jean Gueit, Nicolas Rehbinder, Nicolas Ozoline, Alexis Struve, Jivko Panev, et de Michel et Pierre Sollogoub, Michel Milkovitch, Joss van Rossum, et Nikita Struve s’est vue renforcée plus tard des pères Gabriel ( le futur archevêque), Théodore van der Voort, Matias, et de Vadim Tichonicky, et Daniel Vilanova. (on y voyait le futur noyau dur de l’équipe proche du futur Archevêque. Équipe qui allait récuser plus tard les conclusions auxquelles ils avaient contribues)
Cette commission a activement travaillé en de nombreuses réunions et au Conseil de l’Archevêché du 13 novembre 2002 ( annexe 38 ) le rapporteur le père Wladimir Yagello annonçait que le document final était quasiment terminé et le père Jean Gueit tenait à rajouter que « au lieu d’un document présentant des positions opposées la commission avait évolué vers un document consensuel » Au Conseil du 8 janvier 2003 ( annexe 39 ) , le dernier Conseil de Mgr Serge , le rapporteur informait les membres du Conseil qu’ils devaient être en possession du Compte Rendu final de la Commission. Ce dernier avait fait l’objet d’un envoi spécial à tous les membres du Conseil de l’Archevêché. Ce compte rendu fut l'objet d’une discussion approfondie notée dans le compte rendu de ce Conseil.
Dans ses conclusions la Commission avait entre autre élaboré les « Fondamentaux de l’Archevêché» Ces Fondamentaux dans leur rédaction précisaient pour l’Archevêché :
• Ses bases canoniques et historiques .
A l’origine sous l’autorité de l’Eglise Russe l’Archevêché a été successivement :
- à la demande de SEm le Métropolite Euloge accepté provisoirement (1931 ) dans le Patriarcat de Constantinople sous la forme d’un Exarchat.
- à la suite ( 1965 ) de la fermeture de l’Exarchat par le Patriarche Œcuménique Athënagoras et sa recommandation ( refusée par l’Archevêché ) à l’Archevêché de rejoindre le Patriarcat de Moscou, l’Archevêché s’est proclamé « Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes de France et d’Europe Occidentale indépendant de toute juridiction ».
- réintégré 1971 ) sous la juridiction de Constantinople en qualité « d’organisme ecclésial unifié » sous l’autorité de fait de la Métropole Grecque de France
-depuis 1999 l’Archevêché a de nouveau retrouvé son statut d’Exarchat du Patriarche Œcuménique et est administré par ses statuts, votés par l'Assemblée Générale de l’Archevêché en 1998 / 99 et reconnus comme la seule référence administrative par le Patriarche Œcuménique.
• Sa réalité d’être le successeur légal et le continuateur direct de « l’Administration provisoire des paroisses russes en Europe Occidentales » fondée par le Saint
Patriarche Tikhon de Moscou et confiée à l’Archevêque Euloge ( décret du 8-4- 1921 ) avec l’accord du Saint Métropolite Benjamin de Pétrograd.
• Sa volonté de préserver l’héritage légué par ses fondateurs en particulier sur les plans de :
• respect de la doctrine et du droit canon de l’Eglise Orthodoxe
• respect des règles de l’Eglise Orthodoxe dans la vie liturgique, pastorale, canonique, et spirituelle en suivant la tradition russe. Règles telles qu’elles sont contenues dans le recueil des Saints Apôtres, Saints Conciles locaux et des Pères de l’Eglise ainsi que des actes et décisions du Concile de Moscou de 1917-18
• sa vocation géographique et européenne
• la pluriethnicité et de l’usage des langues locales dans ses paroisses
• de son autonomie d’administration, de gestion et d’élection de son primat
• Sa volonté de respecter les juridictions orthodoxes apparues postérieurement sur les mêmes territoires que ceux sur lesquels s’était créé et développée en premier l’Archevêché et de coopérer avec les Instances locales notamment l’AEOF.
• Sa volonté de se voir reconnue l’existence d’une structure avec son statut propre et un Archevêque élu par l’Assemblée Générale de l’Archevêché et confirmé ensuite par le Saint Synode du Patriarcat. Cet Archevêque, dirigeant l’Archevêché composé de Diocèses avec leurs Evêques Diocésains (élus par l‘Assemblée Générale de l'Archevêché ) et qui constituent le Synode de l’Archevêché.
C’est sur la base de ces fondamentaux, qui avaient obtenus l’accord des instances dirigeantes de l’Archevêché de l’époque, des résultats des discussions de l’Archevêque Serge avec le Patriarcat de Moscou que fut travaillé le projet de statut de Métropole rassemblant les paroisses du Patriarcat de Moscou, en Europe Occidentale avec l'Archevêché.
Ce projet fut mis à la disposition de tous lors de l’interview accordé le 24 octobre 2004 par le Métropolite Cyrille de Smolensk à un journaliste ( Victor Loupan ). Ce projet ( en annexe 40 ): ne représente pas un document finalisé mais un projet tendant à préciser les contours et le fonctionnement d’un objectif
• a été un travail commun entre l’Archevêque Serge et le Patriarcat de Moscou. Il montre les points de convergence et d’accord entre les deux parties.
• ne concerne que la discussion entre deux parties alors qu’aujourd’hui les discussions entre le Patriarcat de Moscou et l’EORHF ont fait rentrer un troisième interlocuteur. L’Acte de Communion Eucharistique et d’Union qui fut signé le 17 mai 2007 a repris bien des points du document travaillé entre Mgr Serge et le Patriarcat de Moscou.
• la lettre du 1-4-2003 du Patriarche de Moscou Alexis II y reprenait et étendait les grands objectifs et tendances qui apparaissaient dans le cadre de ce projet de Métropole. Elle montre que nombre d’idées de la Commission « Avenir de l’Archevêché »et de Mgr Serge ont été acceptées, sinon adoptées, par l’Eglise Russe.
• ne représente pas un statut terminé mais l’étape d’un travail qui a été interrompu par le décès prématuré de l’Archevêque Serge prouvait la faisabilité de la chose qui dépassait largement le cadre de la simple fusion des paroisses de l’Archevêché avec celles du Patriarcat de Moscou en Europe Occidentale.
Il est en quelque sorte le testament qui n’a pas fini d’être rédigé par l’archevêque Serge
* * *
LES RELATIONS avec CONSTANTINOPLE
Les débuts.
Dès son élection le 31-5-1993, son intronisation (27-6-1993 ) et la constitution de son équipe les relations directes ou indirectes avec Constantinople ont pris une place considérable.
Dès le Conseil du 20-9-1994 il fut question :
- du voyage du Patriarche Œcuménique Bartholomée prévu en France en novembre 1995
- du projet de Mgr Serge d’avoir des évêques auxiliaires ( en Norvège, Belgique et en France ) et de la demande qu’en ferait Mgr Serge au Patriarche Œcuménique
- de la lettre reçue de Constantinople disant : on vous accorde une grande autonomie, mais vous devez commémorer dans l’ordre le Patriarche Bartholomée, le Métropolite Jérémie et enfin l’Archevêque Serge et les relations avec Constantinople passeront par le Métropolite Jérémie.
-après de nombreux débats l’Archevêque Serge délégua le 21 mars 1995 deux de ses collaborateurs auprès du Métropolite Jérémie pour préciser un certains nombre de points ( compte rendu de la réunion du 21-3-1995 en annexe 41). Parmi les sujets abordés il y eu :
- la demande faite pour que Mgr Serge puisse avoir le titre de Métropolite . La réponse fut que cela n’était plus possible car il ne peut y avoir qu'un seul Métropolite sur le même territoire. Et lui il y était déjà.
- la « prééminence » du Métropolite grec sur l’Archevêché dans chaque pays où était présent l’Archevêché fut précisée par Mgr Jérémie.
- pour l’élection d’évêques auxiliaires pour l’Archevêché Mgr Jérémie déclara que pour la France ( candidature du protodiacre Michel ) il ne s’y opposerait pas, mais pour la Belgique et la Norvège ( candidatures des archimandrites Gabriel et Johan ) cela serait aux métropolites Pantéléimon et Paul de faire part au Patriarche de leur avis. Pour ces deux pays l’avis personnel de Mgr Jérémie serait défavorable pour ne pas compliquer inutilement les futures organisations locales. En fait les deux Métropolites émirent un véto.
La venue du Patriarche Bartholomée en France 1° - 9 novembre 1995
Après le départ du Patriarche Mgr Serge réunit ses proches collaborateurs pour que soit établi une espèce de compte rendu de l’événement. Les points notés dans ce papier tenu par Mgr Serge furent :
■ La visite n’a pas été un grand événement « populaire »
■ La partie « Archevêché » s’est plutôt bien passée sans maladresses majeures à déplorer
■ Constantinople a semblé vouloir donner satisfactions aux demandes de l’Archevêché (place de l’Archevêque dans les célébrations, propos tenus par le Patriarche ...)
■ Cette visite a servi de révélateur éclatant à la considération accordée extérieurement à l’Archevêché
■ La Métropole grecque a eu le monopole des relations avec les médias et a refusé d’y associer l’Archevêché
■ Une discrimination nette dans les invitations et traitements aux différentes cérémonies et manifestations ( a titre d’exemple à la cérémonie du Louvre le nombre d’invitations réservées à l’Archevêché s’est révélé extrêmement limité en comparaison avec d’autres - Fraternité - par exemple )
■ Mgr Serge et Michel ont été écartés de la visite à Lourdes
Dans ses quelques 40 allocutions prononcées au cours de son voyage Le Patriarche Bartholomée a qualifié avec sa rigueur habituelle « son admiration et exprimé ses éloges » mérités a-t-il dit pour l’Archevêché pour ne pas avoir oublié les racines russes, la spiritualité russe et conservé l’héritage des pères . Cela tout en offrant la possibilité d’une « insertion » locale « en elle » ( elle l’Eglise de l’Archevêché.). Le Patriarche Œcuménique a conclu « votre présence au sein du Patriarcat de Constantinople lui offre des éléments fondamentaux bien plus importants que ce qui apparaît à première vue » et « nous remercions Dieu d’avoir accordé au Trône Œcuménique la grâce de compter en son sein cette précieuse part d’héritage »
* * *
Le « TOMOS »
Après les, laborieuses, discussions pour l’acceptation par Constantinople, des nouveaux statuts de l’Archevêché, l’accord final pour ces statuts fut fêté le 3 décembre 1997 dans le bureau même du Patriarche. C’est dans ce climat d’euphorie que fut soulevé par un des membres de la délégation de l’Archevêché le problème de la « dépendance » de fait de l’Archevêché vis-à-vis de la Métropole de France ( Mgr Jérémie était présent ). Le Patriarche accepta les remarques faites et dit même « je suis au courant » et il dit à Mgr Serge « proposez moi quelque chose . Je suis d’accord pour que vous soyez associés à la rédaction du texte qui définira votre large autonomie » Un compte rendu de ce voyage fut rédigé et un exemplaire remis à Mgr Jérémie.
C’est ainsi que le 16 décembre 1997 le Conseil de l’Archevêché créait un groupe de travail pour élaborer une proposition pour le Conseil. Furent désignés pour participer à ce Groupe de Travail : les pères Boris Bobrinskoy, Nicolas Ozoline, Nicolas Rehbinder et Michel Milkovitch, Antoine Nivière, Serge Obolensky, Vadim Tichonicky, Basile de Tiesenhausen.
Le 26 février 1998 le groupe présentait au Conseil un texte ayant obtenu le consensus de tous ses membres. Les points qui - de l’avis du groupe - devaient, d’après eux, figurer obligatoirement dans le texte final qui serait élaboré à Constantinople étaient :
• maintien de l’unité de l'Archevêché avec à sa tête un Archevêque dirigeant portant le nom de sa charge
• maintien de l’organisation ecclésiastique ( Concile de Moscou de 1917-18)
• conservation de nos traditions
• élection par une Assemblée Générale de l’Archevêché de son Archevêque dirigeant et de ses Evêques
• dépendance directe du Trône Œcuménique
• relation privilégiée avec le Patriarcat de Moscou
• relation privilégiée avec le Métropolite Grec de France
• relations paritaires avec les autres Métropolites Grecs en Europe Occidentale
• que les textes officiels qui nous sont adressés de Constantinople, le soient en français.
Les points clés furent longuement débattus aux Conseils et celui du 10 mars 1998, après approbation chargea une délégation composée du père Boris Bobrinskoy, et de B. de Tiesenhausen de présenter au Métropolite Jérémie et discuter avec lui le document de synthèse élaboré par le Conseil et intitulé « Situation de l’Archevêché dans l’obédience de Constantinople ».
Le document fut présenté au Métropolite Jérémie le 24 mars 1998 et lu ligne par ligne par le père Boris et chaque mot commenté.
Le Compte Rendu de cette entrevue, établi pour Mgr Serge mentionne les réactions de Mgr Jérémie :
• le Patriarche Œcuménique attend la démarche que vous commencez aujourd’hui. Mgr Méliton me l’a rappelé
• Votre nouveau statut de l’Archevêché a été le premier pas
• ( Votre idée a été annoncée au Patriarche lors de votre venue en
décembre 1997 et elle a été acceptée. Cela a été un geste de la part du Patriarche Œcuménique
• Depuis longtemps j’ai cherché à vous faire donner une dépendance directe du Saint Trône
• Votre document est un bon travail.
• Je pense que nous avons abouti.
En conclusion Mgr Jérémie s’est engagé à traduire le texte remis, en grec, le faire parvenir au Patriarche et de demander à Constantinople que tous les textes officiels ( ceux qui font foi ) soient écrits, aussi ,en français. Et finalement de demander des dates possibles pour des rencontres au Phanar.
Une date fut donnée pour le 30 juillet 1998. Date qui fut reportée le 28-7-1998 au 2-8-1998 puis aux 10-13 octobre 1998. L’Archevêché ayant rappelé que le Patriarche Œcuménique avait accepté que l’Archevêché soit associé à la rédaction du texte proposa qu’il y ait le déplacement de une ou deux personnes avant la séance plénière pour préparer le travail. Cette proposition fut déclinée à la raison que cela n’était pas en usage à Constantinople., tout comme fut repoussée la demande de communiquer à l’Archevêché, avant la réunion plénière, le texte, en français, préparé par la Commission des Eparchies à partir de la note envoyée par l’Archevêché ( via Mgr Jérémie ).
La date du 10 octobre fut reportée aux 19-20 octobre 1998.
Le 5 octobre Mgr Jérémie convoquait Mgr Serge et le secrétaire de l’Archevêché pour leur faire part que le texte de « Tomos » préparé présenté au Saint Synode avait suscité des « incompréhensions » et que c’était cela qui avait provoqué les reports précédents. Que Mgr Jérémie avait du se rendre à Constantinople pour faire du « lobying » et que maintenant les principaux problèmes étaient réglés. Mgr Serge n’a pas su lesquels mais a reinsisté sur le problème de langue et de traduction lors des prochaines réunions au Phanar.
Les réunions se succédèrent les 19 et 20 octobre avec des discussions où le problème de langue devint aigu. (le diacre traducteur désigné par le Phanar s’étant révélé insuffisant ce fut le Métropolite Jérémie qui assura - fort bien - le rôle de traducteur - interprète.). Cela ne régla pas complètement la difficulté de discuter sur des textes écrits en grec et de plus modifiés d’heure en heure.
La délégation de l’Archevêché quitta Constantinople à charge pour celui-ci d’adresser par courrier le projet censé être la synthèse des discussions. Cette synthèse arriva à l’Archevêché le 23 novembre 1998 en grec. Après traduction par Mgr Jérémie et discussions internes le secrétaire de l’Archevêché adressait par courrier recommandé avec accusé réception une lettre au Président de la Commission Synodale des Eparchies le Métropolite Joachim de Chalcédoine pour lui :
• communiquer la dernière version du texte en grec et en français traduite et revue par le Métropolite Jérémie
• rappeler l’engagement pris par le secrétaire Synodal le Métropolite Méliton de proposer des dates (proches ) à l’Archevêché pour la fixation définitive de ces deux textes
• confirmer que, à l’une des dates à proposer par Mgr Méliton, Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se rendront à Constantinople pour signer conjointement ( Mgr Méliton et Mgr Serge ) les deux textes.
• confirmer que dès que l’Archevêché sera en possession de ces deux textes signés il aura à convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire.Celle-ci devant prendre connaissance du texte du projet de « Tomos » et aura à procéder aux adaptations correspondantes des statuts de l’Archevêché Parmi ces adaptations il y aura les modifications demandées par Constantinople des articles 33 et 44 de ces statuts.
• Rappeler qu'à l’issue de l’Assemblée Générale l’Archevêché l’informera de l’adoption des points ci-dessus afin que SS le Patriarche puisse comme convenu en octobre envoyer à l’Archevêché le « Tomos » officialisant la nouvelle position de notre Archevêché au sein du Patriarcat Œcuménique.
La date de finalisation du texte fut fixée aux 8 et 9 février 1999 et les documents « finaux » du projet de « Tomos » furent signés au Phanar le 9 février 1999 par l’Archevêque Serge et le Métropolite Méliton en présence du Métropolite Jérémie et du secrétaire de l’Archevêché.
L’Assemblée Générale Extraordinaire, de modifications des statuts, (compte rendu en lieu le 1° mai 1999 et le 3 mai l’Archevêque Serge en rendait compte ( annexe 48 ) au Patriarche Bortholomée en lui demandant la confirmation de la date retenue pour la proclamation officielle à Paris de ce « Tomos ». Cette date - le 20 juin 1999 - fut confirmée et le Métropolite Méliton désigné, par Constantinople, pour effectuer au nom du Patriarche Œcuménique la lecture du « Tomos » du haut de l’Ambon de la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Paris.
Le 19 juin 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché accueillirent Mgr Méliton à l’aéroport de Paris . Au cours du déjeuner qui suivi Mgr Méliton remit au secrétaire une enveloppe en disant « c’est le texte de la proclamation que je vais lire demain ». Après déjeuner le secrétaire ouvrit l’enveloppe et y trouva un texte seulement . La comparaison visuelle entre ce texte et celui signé le 9 février 1999 au Phanar par Mgr Serge et Mgr Méliton montrait beaucoup de différences évidentes. Mgr Jérémie alerté constatait des différences graves et nombreuses inacceptables par l’Archevêché. Mgr Serge alerté appelait au téléphone tous les membres du Conseil de l’Archevêché et leur demandait de donner au secrétaire le pouvoir de rediscuter le texte, accepter éventuellement un compromis, et au pire annuler toutes les cérémonies de proclamation du lendemain. Tous les membres du Conseil donnèrent verbalement ce pouvoir à Mgr Serge et à partir de 22 heures du samedi 19 juin le secrétaire, Mgr Jérémie et Mgr Méliton « négocièrent » à l’hôtel Médéric ( à coté de Daru ) où était descendu Mgr Méliton. Vers 2 heures du matin, après de nombreux appels téléphoniques de Mgr Méliton, à quelqu’un, un compromis fut accepté et signé entre le secrétaire et Mgr Méliton et la proclamation ne fut pas annulée.
Le 20 juin 1999 vers le milieu de la Liturgie précédant la proclamation le secrétaire de Mgr Jérémie apportait le texte - au propre - du compromis qui devait être lu par Mgr Méliton.
Ce texte fut lu à la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky de Paris en présence d’une foule de fidèles très nombreuse et de nombreux médias, radios et télévisions. Ce texte, signé uniquement du secrétaire de l’Archevêché et du Métropolite Méliton, fut lu et proclamé sans modification .Après un discours ( annexe 51 )prononcé par le Métropolite Méliton, délégué du Patriarche Œcuménique Mgr Serge y répondit par une courte déclaration. Dès la fin de la cérémonie Mgr Méliton promis à Mgr Serge de lui faire parvenir, dans les jours qui viennent, un exemplaire signé de tous les membres du Saint Synode et du Patriarche Œcuménique.
Le 18 octobre 1999 une enveloppe froissée du Patriarcat arriva en courrier simple à l’Archevêché. Mais....le texte, en grec exclusivement contenu dans l'enveloppe n’était pas celui proclamé, ni sur les dix points essentiels ni sur le préambule, mais à quelques détails près un nouveau texte très proche de celui qui avait été apporté de Constantinople, par le Métropolite Méliton, le 19 juin 1999.Des remarques sur ce texte furent rédigées avec Mgr Serge.
De nouveau il y eu des rencontres avec Mgr Jérémie, très gêné, des appels téléphoniques directs au Patriarche Bartholomée. Le 11 novembre 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se retrouvaient à Constantinople dans le bureau du Patriarche Œcuménique en sa présence et celle de Mgr Méliton. Entrevue orageuse au cours de laquelle Constantinople défendait « sa version » et l’Archevêché défendait d’abord le premier texte signé par Mgr Serge et Mgr Méliton puis le compromis signé à Paris. Entrevue au cours de laquelle était mise sur la sellette la méthode employée par Constantinople. Finalement l’argument décisif fut que le texte proclamé avait été enregistré par tous les médias, radios et autres télévisions. Le Patriarche trancha.. Le texte définitif sera le texte enregistré au moment de la proclamation. Le Patriarche s’engagea à le faire parvenir, rapidement, avec toutes les signatures à l’Archevêché.
Le 27 décembre 1999 n’ayant rien vu venir Mgr Serge osait une relance timide.
Le texte définitivement signé et correspondant à celui proclamé arriva début 2000, toujours seulement en grec, clôturant dans l’aigreur cette affaire qui publiquement était traitée comme un triomphe. Mais à l’horizon débutait l’affaire de Rome.
Après la proclamation de l’Exarchat Mgr Serge demanda une entrevue au Patriarche et revint à la charge pour insister auprès du Patriarche Bartholomée afin d’obtenir l’autorisation d'élever son ami l’archimandrite Gabriel au rang d’évêque. S’appuyant sur les termes du « Tomos » Mgr Serge obtint satisfaction et le 9 janvier 2001 un fax de Constantinople informait l’Archevêque Serge de l’élection par le Saint Synode du nouvel évêque de Comane Gabriel. Ce fax, provoquait l’irritation de l’Archevêché surpris que les procédures prévues par les statuts n’aient pas été observées et amenait le Conseil de l’Archevêché du 5 février 2001 à en débattre. Le compte Rendu de ce Conseil mentionne :
« Cette information a été diffusée par Constantinople à d'autres personnes et a suscité des critiques sur l’inobservation par Constantinople des règles qu’ils avaient eux-mêmes approuvées et auxquelles nous sommes attachés.
Afin de rétablir tant que cela se peut les règles de nos statuts et faire participer notre Assemblée Générale Mgr Serge propose de :
• porter le sujet à l'ordre du jour de l’Assemblée Générale
• joindre une note explicative à la convocation lancée pour /’Assemblée.
Dans sa lettre de « remerciements » adressée au Patriarche Œcuménique Mgr Serge a rappelé « les Contraintes imposées par nos statuts bénis par le Saint Trône Œcuménique »
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LES RELATIONS CONSTANTINOPLE / ARCHEVÊCHE / MOSCOU
le Tribunal du Phanar
Aux cérémonies du 70° anniversaire le 12 février le Métropolite Cyrille exprima le souhait de rencontrer les membres du Conseil de l’Archevêché pour un échange de points de vue. Le principe en fut accepté par Mgr Serge et la rencontre eu lieu le 13 février 2001 dans les locaux de l’Archevêché 12 rue Daru. Elle eu lieu entre le Métropolite Cyrille accompagné de l’évêque Innokenti et Mgr Serge entouré de l’évêque Paul, des pères Boris Bobrinskoy,Anatole Rakovitch, Nicolas Cernokrak, Nicolas Rehbinder, Vladimir Yagello et des laïcs Marie Milkovitch, Oleg Lavroff, Serge Obolensky.Nikita Struve, Vadim Tichonicky, et B. de Tiesenhausen
Le compte rendu du Conseii de l’Archevêché du 5 mars 2001 ( annexe 37 )relate cette rencontre de la manière suivante : Cette réunion a eu lieu en présence de tous les membres du Conseil à l’exclusion de SExc. Michel et du père Gabriel qui n’ont pu être contactés le 12 février 2001 lorsque cette réunion a été convoquée. Au cours de cette réunion : SEm Mgr Serge a fait l’historique des relations de l’Archevêché avec le patriarcat de Moscou et constaté le pas en arrière qui a été accompli par l’action du père Michel Ossorguine et ses conséquences. Il avait semblé à l’archevêché que la réunion du 6 décembre 2000 à Genève avait permis de guérir les plaies trop apparentes.
Les réactions ultérieures tant du père Michel que celles de Sem le Métropolite Cyrille à notre note d'information ont montré qu’il n’en était rien.
SEm Mgr Cyrille a rappelé la position du Patriarcat de Moscou (Il a demandé que cette appellation soit remplacée par celle de l’Eglise de Russie ) vis-à-vis de ce qu’il considère la position canonique de /’,Archevêché qu’il estime devoir retourner dans le giron de l’Eglise Mère ( c'est-à-dire l’Eglise de Russie ). Ceci étant dit Mgr Cyrille estime que l‘Archevêché doit choisir entre deux alternatives : l’autocéphalie par le biais d’une Eglise Locale englobant tous les orthodoxes de la zone géographique de l’Archevêché. SEm Mgr Cyrille s’empresse de penser qu’il s’agit d’une vision illusoire si l’on tient compte des politiques actuelles des autres Patriarcats sur ces territoires. Une autonomie au sein d’une entité ayant à sa tête SEm Mgr Serge et formée par la réunion de l’Archevêché et Diocèses russes sur le même territoire, autonomie que l’Eglise de Russie est prête à reconnaître et accorder. Et propose que tous ces problèmes soient étudiés par des rencontres de Commissions à créer. SEm Mgr Cyrille qui avait été « froissé » par la publication du communiqué de I’Archevêché sur la réunion du 6 décembre 2000 émet la demande que celle du 13 février fasse l’objet d’un accord réciproque préalable à toute diffusion
Quelques jours plus tard Mgr Serge reçu un appel téléphonique comminatoire le convoquant toutes affaires cessantes à Constantinople.
Le compte rendu du Conseil Extraordinaire de l'Archevêché du 2 avril 2001 qui suivit relate ainsi cette affaire :SEm Mgr Serge rend compte du voyage qu’il a effectué à Constantinople des 25 au 28 mars 2001, accompagné du père Gabriel et du secrétaire de l’Archevêché. SEm Mgr Jérémie qui avait transmis l’invitation du Patriarcat Œcuménique, participait au voyage. Les rencontres, toutes en présence de SEm Mgr Jérémie et qui ont eu lieu au Phanar, ont été :- d’abord une audience chez SS le Patriarche Œcuménique ensuite une comparution devant la commission des Eparchies présidée par SEm le Métropolite de Chalcédoine Mgr Joachim. a) le sujet et le débat « Nous avons des informations du Patriarcat de Moscou sur le passage de l’Archevêché sous l'omophore du Patriarcat de Moscou. Le premier pas a été le passage de la paroisse de Saint Nicolas à Rome. Passage qui a été fait avec l’approbation de Mgr Serge »
Cette information - a dit SEm Mgr Joachim - nous a été donnée par SEm Mgr Cyrille lors de notre rencontre bilatérale à Berlin.
a) SEm Mgr Serge invité à s’expliquer a fait un exposé chronologique détaillé de tous~ les événements pour lesquels des courriers avaient, régulièrement et avec précision, informé le Patriarche Œcuménique
• S’en est suivi un très long débat qui a surtout été une interrogation sur :
le pourquoi et le comment des diverses relations et dispositions prises à l’égard du père Michel Ossorguine, la primauté ou non des lois canoniques et ecclésiastiques sur les lois et jurisprudences en vigueur dans les pays d’Europe Occidentale et l’intérêt d’introduire ces notions dans les statuts des paroisses, la nécessité de maintenir des sanctions à l’égard du père Michel
• pourquoi SEm Mgr Serge a-t-il accepté de concélébrer avec SEm Mgr Cyrille à Pétel
• les thèmes de I’Assemblée Générale Ordinaire du 1° mai 2001
........
b) Les demandes de certains membres de la Commission des Eparchies.
• qu’une lettre soit écrite au Patriarche Alexis II pour lui signifier que l‘Archevêché n’accepte pas ce qui s’est passé et qu’il refuse toute répétition de cas semblables et plus particulièrement pour des cas comme celui du père Michel. SEm Mgr Serge demande à SEm Mgr Méliton à l’origine de cette demande de lui proposer un projet de texte.
• Qu’aucune communication à /',Assemblée Générale (de I’Archevêché ) du 1° mai n’ait lieu sur ce sujet sans échange préalable avec Constantinople et son accord.
......
c) Les conclusions de SEm Mgr Serge à la Commission :
• les propos cités comme ayant été ceux de SEm Mgr Cyrille à Berlin sont inexacts et tous les participants à la réunion du 13 février 2001 peuvent en témoigner
• la proposition faite par SEm Mgr Cyrille était de donner à l’Archevêché une réelle autonomie avec un statut identique à celui de l’Ukraine,
• l’objectif de l’Archevêché, et donc de lui-même est de , conserver la plus grande unité possible de l’Archevêché, de conserver et respecter l’héritage qui nous a été transmis, tout cela dans le respect de l’Orthodoxie et de la loyauté.
• Une partie des demandes de la Commission des Eparchies et des remarques de Sa Sainteté témoignent d’une grande méconnaissance des réalités et sont impossibles à réaliser dans la forme demandée.
......
d) Remarques de Sa Sainteté le patriarche Œcuménique.
• Aujourd’hui l’impression a été crée au Patriarcat Œcuménique que l’Exarchat veut partir à Moscou
• Je ne sais pas quelle sera la suite mais l’avis du Saint Synode est que la situation avec l’Exarchat n'est pas brillante. J’ai des informations ( il montre le SOP )
• Une demande de la paroisse de Florence est parvenue à SEm Mgr Guennadios pour accueillir cette paroisse dans le diocèse grec - pour la sauver de Moscou !
• Il faut trancher avec la plus grande fermeté
• Dites à SEm Mgr Cyrille que vous n’avez rien à discuter avec lui et qu’il ne revienne plus à Daru
• La proposition de SEm Mgr Cyrille ne sert pas l’Orthodoxie comme elle est conçue à Constantinople. C’est une volonté de nuire à Constantinople en renforçant la puissance de Moscou.
• Moscou conteste tous les canons
• C’est Constantinople qui a donné les Tomos d’autocéphalie aux Eglises autocéphales. Ces Tomos définissent les limites territoriales de ces Eglises autocéphales.
..........
e) Débat du Conseil.
Après un débat intense le Conseil estime que :
• les propos qu’aurait tenu SEm Mgr Cyrille sont inexacts et ne peuvent être qu’une provocation destinée à semer le trouble dans la situation et dans les relations de !'Archevêché et de Constantinople.
L’organisation de « l’invitation » de SEm Mgr Serge à Constantinople et des entrevues imposées ne correspond pas :
au rang, responsabilités et autonomie de l’Exarchat aux formes habituellement en vigueur dans les relations entre nous
• ne nous paraît pas conforme à l’équité et surtout la vérité
• Qu’il est indispensable que Mgr Serge adresse à SS le Patriarche Œcuménique un courrier pour exprimer :
• son trouble et sa tristesse devant des réactions hâtives et prématurées face à des provocations inexactes son impossibilité de répondre positivement et dans la précipitation à toutes les suggestions de certains membres de la Commission des Eparchies. Ne serait ce que vis-à-vis de la prochaine Assemblée Générale et de l’impossibilité de ne pas répondre aux questions qui risquent d’être posées.
• Que la loyauté manifestée par I Archevêché à l’égard du Patriarcat Œcuménique a été irréprochable.
* * *
En conclusion :
Le Conseil envoya une délégation composée de O. Lavroff, N. Struve et B. de Tiesenhausen pour interroger Mgr Cyrille sur les propos qui lui avaient été prêtés par Mgr Méliton. Mgr Cyrille nia avec énergie avoir tenu de tels propos en argumentant qu’il était facile pour Constantinople d’interroger en direct certains participants ( à la réunion du 13 février ) dont il ( Constantinople ) ne pouvait douter et avec lesquels il était en contact.
Le Conseil mandata le secrétaire de l’Archevêché pour solliciter un rendez vous du Patriarche Œcuménique et de lui « expliquer d’homme à homme » ce qui était en train de se passer. Cette rencontre eu lieu en tête à tête des 5 au 9 juillet 2001 à Constantinople. A l’issue de deux longues entrevues le Patriarche Oecuménique :
• leva toutes ses interdictions de rencontres avec les responsables du Patriarcat de Moscou
• décida de présenter ses « regrets » à Mgr Serge pour l'organisation du « Tribunal » dont il avait été la victime et, pour le faire, de l’inviter à venir passer quelques jours de vacances avec lui en Turquie. Cela fut fait. Mgr Serge en fut ému et reconnaissant. Mais il avait été marqué et des convictions acquises.
Un compte rendu très complet de ces discussions fut remis, à titre personnel, à Mgr Serge
Il restait l’interrogation, qui troubla Mgr Serge jusqu’à son décès. Qui avait été à la base de cette « désinformation et intoxication» manifestement destinée à semer le trouble et la discorde dans les relations entre l’Archevêché , Constantinople et Moscou ? Pourquoi Constantinople avait « profité (ou organisé )» de cela pour dramatiser à ce point ?
LA PROPRIETE de NICE
Lorsque l’Archevêque Serge nomma en 2001 le père Wladimir Yagello recteur de la paroisse de Nice celui-ci fit un inventaire des archives stockées dans l’église de Nice et trouva les documents patrimoniaux définissant le propriétaire des lieux. Le père Wladimir apporta une copie de ces documents à l’Archevêque Serge qui décida de les faire examiner de plus près par un groupe de travail constitué autour du secrétaire de l’Archevêché et comportant le trésorier de l’Archevêché, le père Wladimir, le notaire de l’Archevêché et un avocat. ( le père Wladimir recommanda un avocat apparenté à des familles d’origine russe et fréquentant une paroisse francophone de la banlieue parisienne )
Au bout de plusieurs réunions, recherches de documents complémentaires et divers travaux le groupe de travail remis ses conclusions en 2002 à Mgr Serge. Le point central en était le « bail emphytéotique » - devenu plus tard de notoriété publique - qui fut signé à l’époque dans l’étude d’un notaire niçois. Suivant ce bail l’empereur de Russie Nicolas Il avait donné jusqu’en 2008 à l’Administration Ecclésiastique Diocésaine de Saint Pétersbourg, dont dépendait à l’époque l’entité orthodoxe de Nice, un terrain en vue de la construction d’une église orthodoxe russe à Nice et moyennant des conditions très précises listées dans le texte du bail. Ce bail a paru, aux professionnels du groupe de travail, incontestable et valide. Le propriétaire semblait indiscutablement devoir être à partir de 2008 l’Etat russe.
Ne sachant rien de la connaissance de l’Etat russe sur ce bail et sur ses intentions et ne voulant pas réveiller « le chat qui dort » Mgr Serge classa le dossier - en attendant - et mourut quelques semaines après cette décision.
LA PROPRIETE de BIARRITZ
Au décès du père Jean Baïkov recteur de Biarritz dans les années 80 l’Archevêque Georges ( Wagner ) envoya un de ses « missi dominici » pour faire le point sur la situation de la paroisse. Ce « missi dominici » constata que :
-la paroisse avait vécu dans une osmose totale avec le père Jean. Ses comptes privés et ceux de la paroisse étaient totalement imbriqués et mélangés et le père Jean finançait l’église avec sa retraite.
Sur le plan administratif et patrimonial l’église était ( depuis toujours ) enregistrée auprès de toutes les autorités publiques ( le Trésor public, le Service des Impôts, le Cadastre,les Hypothèques, ...) comme étant la propriété de « l'Ancien Empire Russe ». Les papiers des administrations arrivaient au nom de ce propriétaire qui n’était pas contesté par la paroisse ( l’association cultuelle orthodoxe locale ) et qui payait les impôts fonciers au nom de ce propriétaire.
A l’époque l’Archevêque Georges en pris acte et ne fit rien.
Lorsque son successeur l’Archevêque Serge nomma le père Georges Monjoch à Biarritz il lui demanda une remise en ordre administrative et le sujet revint à la surface. Devant la situation Mgr Serge consulta son Administration Diocésaine et demanda au père Georges de consulter un notaire local pour s’informer de ce qu’il fallait faire. Le notaire recommanda de faire jouer la loi trentenaire pour transcrire la propriété au nom de l’association cultuelle orthodoxe locale. Le notaire se proposa pour mener cette opération qui lui fut confiée. Le notaire fit ce qui lui semblait bon et informa l’association cultuelle que dorénavant elle était « propriétaire des locaux et terrains » ?
Le notaire fit il cette opération suivant toutes les règles ? Personne ne vérifia.
L’ASSEMBLEE des EVÊQUES ORTHODOXES de France
A son arrivée à la tête de l’Archevêché Mgr Serge découvrit le « Comité Inter- épiscopal » qui réunissait les évêques des différentes juridictions orthodoxes en France et qui était présidé par le Métropolite Jérémie Métropolite de la Métropole grecque de France . Organisme informel le Comité , à la fin de 1994, étudiait la possibilité de se donner une « personne morale » et travaillait à la rédaction de statuts.
LA FIN
Le 2 décembre 2002 V. Konovaloff (le fils de Mgr Serge ) appelait le secrétaire de l’Archevêché vers 21 h. pour donner le résultat des examens médicaux passés par son père. Le diagnostic était : « tumeur très importante non opérable. Il faudra faire de la chimiothérapie mais V. Konovaloff précisait que des rencontres étaient prévues tant avec
le chirurgien que le médecin traitant.
Devant l’évolution des choses l'Administration Diocésaine a insisté pour que Mgr Serge signe une délégation de pouvoir1 « en cas de ... ». Cela fut fait le 16 décembre 2002 malgré les réserves de l’Archevêque Serge sur le bénéficiaire, l’évêque Gabriel.
Lorsque ce bulletin fut connu à Saint Serge plusieurs personnes, séparément, informèrent l’Administration Diocésaine que N. Schmémann manifestait à qui voulait l’entendre qu’il fallait exiger de suite la démission de l’Archevêque non seulement de son poste de Recteur de TITO mais aussi d’Archevêque tête de l'Archevêché. Qu’un aussi grand malade ne pouvait être à ces postes importants.
Le 13 janvier 2003 Mgr Serge informa l’Administration que « la pression » de N. Schmémann devenait insupportable et qu’il avait fixé une rencontre , avec elle et le père Boris Bobrinskoy doyen de l’ITO, le 22 janvier matin pour crever l’abcès.( sans autres témoins )
Le 21 janvier au retour de la réunion de l’AEOF Mgr Serge, très nerveux, confiait au secrétaire de l’Archevêché à quel point il appréhendait la rencontre du 22 janvier mais confirmait qu’il ne voulait pas d’autre témoin que le père Boris car il voulait parler « sans détours » En fin d’après midi Mgr Serge appelait le secrétaire, dans son appartement où il se reposait, pour finalement demander au secrétaire d’être présent à la réunion avec N. Schmémann et d’en faire un compte rendu écrit. Le secrétaire trouvait Mgr Serge éprouvé et pessimiste.
Le 22 janvier 2003 le secrétaire arrivé en avance vit successivement arriver dans le bureau de l’Administration Diocésaine N. Schmémann et le père Boris. Un quart d’heure après l’heure fixée Mgr Serge n’était pas là.
Le secrétaire allait voir dans le bureau de Mgr Serge : personne. Il alla donc chercher mère Silouane ( du monastère de Bussy ) qui s’occupait de Mgr Serge , et qui habitait provisoirement dans la maison en face, lui demanda les clés de l’appartement de Mgr Serge et ils s’y rendirent de suite. Ils découvrirent dans l’une des pièces, par terre, le corps de l’Archevêque Serge.
* * *
L’HERITAGE
A son décès imprévu le modeste Archevêque Serge laissait en héritage à son successeur des résultats, de dix ans passés à la tête de l’Archevêché, dont peu de ses prédécesseurs ont pu être comblés. SEm l’Archevêque Serge a :
* pratiqué pour tous ses grands travaux la méthode de la conciliarité et de la participation de tous les courants de pensée existants dans l’Archevêché. Ayant veillé à ce que tous ces courants figurent au Conseil de l’Archevêché il a aussi veillé pour que tous participent aux commissions préparant les grands tournants. Par exemple les statuts de l’Archevêché, le document pré - Tomos réinstaurant l’Exarchat, les orientations souhaitées pour l’Archevêché (par la Commission Avenir de l’Archevêché et précisées par le père Jean Gueit comme un document de consensus ).
- mené à terme et avec succès la refonte des statuts de l’Archevêché qui avait été « essayée » plusieurs fois avant lui et n’avait jamais abouti. Refonte compliquée car devant conjuguer les exigences de l’Eglise, des législations des divers pays où était présent l’Archevêché et aussi celles du Patriarcat de Constantinople. C’est celles-ci qui ont donné lieu au plus grand nombre de réunions et de tractations difficiles pour le groupe emmené pour cela à Istanbul par Mgr Serge
obtenu la réinstauration de la position d’Exarque, du Trône Patriarcal, pour Mgr Serge et par subsidiarité celle d'exarchat pour l’Archevêché. Position non accordée par Constantinople à ses deux prédécesseurs. L’Archevêché ayant été au contraire réduit en 1971 à la position de vicariat de fait de la Métropole grecque de France.
- réalisé le rétablissement des relations et de communion eucharistique avec l’Eglise Orthodoxe russe ouvrant la voie à la pacification et l'unité entre les orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale . Ces orthodoxes divisées par les effets de la révolution russe et le pouvoir athée en Russie. Division qui avait donné lieu, de fait à trois juridictions :
• l’Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale dans l’obédience du Patriarcat de Constantinople
• l’Archevêché de Chersonèse faisant partie du Patriarcat de Moscou
• l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières autocéphale mais non reconnue par les Eglises canoniques.
L’action de Mgr Serge auprès des deux autres entités ci-dessus devait servir de détonateur à la vision du Patriarcat de Moscou (lettre du 1-4-2003 du Patriarche Alexis II ) et aux discussions entre l’EORHF et le PM, qui ont abouti le 17 mai 2007 à la signature d’un Acte d’Union rétablissant l’union entre ces deux Eglises.
Laissé à son décès imprévu - le 22 janvier 2003 - un Archevêché fonctionnant correctement dans l’unité et en paix avec lui-même malgré l’agitation des modernistes qui lui étaient hostiles et dont le futur montrera qu’ils n’attendaient que sa disparition.
Les événements historiques (la révolution russe, le pouvoir athée) ont fait que cet ensemble homogène, à l’origine, sur le plan de la religion a réagi différemment et cherché des solutions qui se sont révélées ni homogènes ni identiques.
- les uns sous l’impulsion du Métropolite Euloge ont cherché « une liberté provisoire » dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople tout en proclamant que le départ de l’Eglise Russe n’était que momentané et que leur solution leur conservait une canonicité ainsi non contestée.
- d’autres tels l’EORHF se sont constitués en ensemble autonome et indépendant drapés dans leur conviction de détenir la vérité. Ils ne furent pas reconnus par les autres Eglises.
- d’autres enfin sont resté dans le cadre où ils étaient en priant pour que le temps leur permette de revivre normalement, (paroisses du Patriarcat de Moscou)
Le temps a passé pour tous avec ses événements, ses hauts et ses bas.
- avant de mourir le Métropolite Euloge et ses évêques ont voulu mettre un terme au mot « provisoire », qui avait été la clé de voûte de leur existence avec Constantinople, et sont revenus dans le Patriarcat de Moscou. Mgr Euloge faisait la paix de son âme avec l’Eglise russe.
- Au décès du Métropolite Euloge l’Archevêque Vladimir(Tichonitsky ), pour des raisons diverses et des justifications discutées par certains, s’est rétracté et a maintenu l’Archevêché dans la juridiction de Constantinople. Décision dans laquelle il a été suivi par l’Assemblée Générale convoquée pour l’occasion et qui a estimé « que l’Eglise russe n'était pas encore libérée du pouvoir athée. » (c’était trop tôt)
- Quelques années plus tard en 1965 le Patriarche Œcuménique Athënagoras, après avoir soupesé le vrai et le faux, le mauvais et le bon pour le futur a unilatéralement décrété que « son provisoire » avec l’Archevêché avait atteint son terme et justifiant ainsi à posteriori la décision du Métropolite Euloge de revenir dans le Patriarcat de Moscou, annonçait que le temps était venu pour l’Archevêché de revenir au sein de son Eglise Mère ( ainsi clairement désignée ). L’Archevêché, qui n’avait pas été consulté, ne l’entendit pas de cette oreille, et pour la deuxième fois, plutôt que de reconnaître de près ou de loin une subordination réelle ou présumée au pouvoir athée à la tête de l’Union soviétique refusa d’obéir à Constantinople et de revenir au sein de l’Eglise Russe accusée de vivre au gré du pouvoir rouge et s'auto proclama indépendant.
- Le temps passant, en 1971, l’Archevêché constatant que l’indépendance unilatéralement autoproclamée était difficile à vivre dans l’Eglise orthodoxe et tel les bourgeois de Calais a demandé que Constantinople le reprenne acceptant au passage une position de vicariat, de fait, de la Métropole grecque de France.
Le temps continuant de passer le régime politique soviétique s’effondrait et l'Eglise russe retrouvait son indépendance (que ses ennemis contestent parfois), son autorité et peut être son pouvoir.
Cela dura jusqu’en 1995 avec l’élection de l’Archevêque Serge. Avec une réussite (il était à moitié belge ) et simplicité chevillées au corps l’Archevêque Serge :
- remis de l’ordre, après des compromis avec Constantinople, dans les statuts de l’Archevêché datant de l’époque de Mgr Euloge et devenus obsolètes
- rétabli la communion eucharistique avec le Patriarcat de Moscou
- obtint le rétablissement de la position d’origine de l’Archevêché auprès de Constantinople (exarchat)
-travailla au retour de l’unité au sein des orthodoxes en Europe Occidentale.Ces orthodoxes vivant toujours en trois entités séparées et s'ignorant plus ou moins les unes les autres. Mgr Serge poussa son action jusqu’au projet d’une Métropole auto -administrée dont le projet de statuts , apparemment accepté par le Patriarcat de Moscou, était une mine de concessions, de celui-ci, calquées sur les nouveaux statuts de l’Archevêché. L’Archevêque Serge fut emporté par le destin avant de finaliser son rêve.
En 2003, après le décès de l’Archevêque Serge, le Patriarche de toutes les Russies Alexis II qui avait été convaincu par les idées de Mgr Serge essaya de poursuivre et de concrétiser le rêve de Mgr Serge en y apportant le poids de sa propre position et en reprenant nombre des objectifs :
- ’Archevêché de Mgr Gabriel ( archevêque nouvellement élu ) repoussa de toutes ses forces l’appel du Patriarche Alexis II au risque, qui se réalisa, de créer la division en son sein .
- l’EORHF elle, si dogmatique et rigoriste dans le temps, prêta une oreille réaliste et pragmatique ( bien que parfois source de divisions en son propre sein ) entamant un processus de discussions avec le PM. Discussions qui aboutirent à un acte d’UNION qui a été signé le 17 mai 2007.
L’Archevêché entraîné, par Mgr Gabriel, dans son opposition renoua avec des méthodes que certains dirent issues des pratiques soviétiques dans la gestion de sa population dite de « fidèles » restant sourd et aveugle aux appels de beaucoup.
Cette population c’est quoi aujourd'hui ?
Ce sont les descendants de l’Archevêché de 1927 puis de 1939 globalement assimilés dans leurs pays d’adoption ( via des études locales, des mariages mixtes ....). Ils se divisent un peu schématiquement en :
• ceux qui sont restés fidèles aux principes de leurs ascendants, leur foi et leurs traditions
• ceux qui s'estimant plus nationaux que les nationaux de leurs nouveaux pays et qui éprouvent le besoin de donner des gages à leur nouvelle appartenance. Qui en bons occidentaux veulent créer, à l’image de Vatican 2, une nouvelle orthodoxie plus moderne plus ancrée dans leur pays et en un mot différente de la vieille orthodoxie pratiquée encore dans la Russie « profonde »
• les convertis qui se partagent entre les deux précédents
• les nouveaux arrivés, de plus en plus nombreux, des pays de l’est habitués et fidèles à la tradition russe
Les premiers estiment que les lieux de culte crées par leurs ancêtres doivent correspondre aux habitudes et traditions de ces ancêtres et sont leur « propriété ».
Les autres ne veulent pas (ou ne peuvent pas) créer des lieux de cultes pour développer leurs religion « modernisée » et estiment que leur position d’aujourd’hui leur donne le droit d'arracher aux précédents les lieux de culte et de les adapter à leurs nouvelles conceptions de culte et de célébrations.(vieille loi du coucou qui fait ses œufs dans le nid du voisin en vue de chasser les oisillons d'origine, légitimes )
C’est dans ce contexte, qui ne date pas d’aujourd’hui, que Mgr Serge a su maintenir la paix, les équilibres et la juste expression de chacun.
C'est dans ce même contexte que son successeur solidement tenu par « qui t’a fait roi » n’a pas pu ( ou voulu ) respecter les engagements pris lors de son élection et qui a fait ( ou fait faire ) le « ménage » pour éliminer toute opposition dans les instances dirigeantes ou influentes de l’Archevêché. Des homélies émouvantes exprimant son amour de la Russie du slavon et du Patriarcat de Moscou étaient suivies de mesures discriminatoires à l’égard de tous ceux soupçonnés de sympathie envers le « russe ».
Cela a créé un climat délétère où les croyants ne se retrouvent plus et où nombre de fidèles pensent qu’il est (peut-être) temps d’oublier les querelles et autres ambitions personnelles pour retrouver les chemins enseignés par l’Eglise Orthodoxe. Mais pour ce faire peut-être faut-il revoir plus en détail les différentes périodes de cette histoire.
* * *
1995-2003: LA VIE de TOUS les JOURS
Le décès imprévu et soudain de SEm l’Archevêque Georges (Wagner) trouva une situation où aucune succession n’avait été préparée. Devant la vacuité l’Archimandrite Serge (Konovaloff) enseignant en Belgique et peu connu dans l’Archevêché fut sollicité pour présenter sa candidature. Il se fit prier, ne se sentant aucunement préparé à une telle tâche, puis accepta et fut élu par l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché du 31 mai 1999. Il fut confirmé par Constantinople au siège d’Eucarpie
Bien que n’ayant pas eu un parcours, comparable à celui de Mgr Georges, qui l’aurait préparé à diriger et gérer une entité aussi diversifiée et étendue que l’Archevêché le nouvel Archevêque SEm l’Archevêque Serge a :
- après son élection, énormément travaillé la théologie. Domaine où il ne voulait pas devenir le « prisonnier » tant de ses collaborateurs ( clercs ou laïcs ) que de ses interlocuteurs extérieurs
- fait confiance à son bon sens, aux sentiments que lui inspirait sa conscience et à ses collaborateurs et conseillers dont il s’était entouré et qu’il n’hésitait pas à consulter (sans suivre obligatoirement leurs avis ou suggestions)
Dans ce cadre :
- il était profondément pénétré de son origine russe et des aspirations de son âme. Cette origine et son attachement à celle-ci avaient été un élément déterminant pour le décider à accepter de présenter sa candidature, à la fonction d’Archevêque dirigeant, lorsqu’il avait reçu, au décès de Mgr Georges, la vague d’appels.
- L’Eglise russe représentait pour lui, par son histoire, sa dimension géographique et démographique une base que les avatars de la révolution russe ne pouvaient effacer d'un trait de plume.
- Il souffrait des divisions déchirant les fidèles orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale. Ceux de l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, du Patriarcat de Moscou et de l’Archevêché
- Il fut rapidement troublé par ce qui lui apparut comme une insuffisance d’organisation, de logique et de clarté dans le fonctionnement de l’Archevêché
SEm l’Archevêque Serge craignant de s’embrouiller, dans des opérations trop nombreuses soumises à trop d’interlocuteurs, voulu faire preuve de :
- simplicité
- bon sens
- détermination dans un nombre limité de démarches et de décisions prises, en totale concertation avec les instances élues de l’Archevêché ( le Conseil de l’Archevêché et l’Assemblée Générale ) et en pratiquant la délégation notamment à l’Administration Diocésaine statutairement chargée d’être le bras séculier de ses décisions.
Très rapidement il fixa quatre objectifs prioritaires :
- Pouvoir s’appuyer sur des outils de travail pratiques, logiques et en conformité aux lois des pays où se situait l’Archevêché. Le premier d’entre eux devait être les « statuts de l’archevêché »
- Rétablir la situation vis-à-vis du Patriarcat Œcuménique. La subordination crée en 1971 via la « réacceptation » de l’Archevêché dans la juridiction de Constantinople ne lui apparaissait ni historiquement ni objectivement acceptables.
- Surmonter « l'anomalie » des « non relations » de l’Archevêché avec l’Eglise de Russie. Anomalie accentuée par les changements politiques intervenus en Russie avec leurs conséquences sur l’indépendance du patriarcat de Moscou.
- Maintenir la paix et l’unité au sein de l’Archevêché
Les étapes dans la réalisation de ces objectifs furent :
1) La refonte des statuts et la restauration de la position d’Exarque. SEm l’Archevêque Serge nomma une commission chargée d’étudier et de présenter un projet de nouveaux statuts. Dans le cahier des charges que Mgr Serge fixait pour ce projet il y avait :
- coordonner les obligations et contraintes légales des pays où l’Archevêché était présent avec les obligations et contraintes de l’orthodoxie de tradition russe et les recommandations du Concile de Moscou de 1917-18
- répondre aux demandes spécifiques du Patriarcat de Constantinople
Dans cette commission Mgr Serge souhaita des représentants des diverses sensibilités existant dans l’Archevêché dont celle du père Jean Gueit le très actif secrétaire général de la « Fraternité », et celle d’Antoine Nivière futur rédacteur du SOP.
Les projets qui se succédèrent furent soumis à un juriste spécialisé du droit des associations cultuelles et aux débats du Conseil de l’Archevêché avant d’aborder les discussions avec la pointilleuse Commission des Eparchies du Saint Synode du Patriarcat de Œcuménique.
Après l'approbation de tous, y compris du Patriarche Bartholomée lui-même le projet fut soumis à l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché qui l’approuva à une très large majorité le 7 février 1998.(compte rendu en annexe 35)
Les discussions, ci-dessus, à Constantinople avaient mis en évidence les frustrations résultant du changement de positionnement de l’Archevêché au sein du Patriarcat de Œcuménique survenus en 1965 - 1971. C’est en réunion, dans son bureau, que le Patriarche Bartholomée demanda à Mgr Serge de lui proposer un nouveau texte de «Tomos» redéfinissant la position de l’Archevêché.
De retour à Paris Mgr Serge désigna une commission spéciale qui fut chargée de travailler sur un tel projet et de proposer un texte au Conseil. Après débats dans les différentes instances de l’Archevêché, des discussions délicates avec SEm le Métropolite de France Jérémie, directement concerné par l’évolution proposée, un projet fut adressé au Patriarche Bartholomée. Ce projet donna lieu, à nouveau, à de nombreux débats avec la Commission des Eparchies au cours des voyages de la délégation de l’Archevêché accompagnant à Constantinople Mgr Serge et Mgr Jérémie.
Le texte finalement accepté fut conditionné par Constantinople à une nouvelle modification des statuts de l’Archevêché, qui venaient juste d’être acceptés par le Patriarche Œcuménique. Cette nouvelle modification fut soumise à une Assemblée Générale Extraordinaire de l’Archevêché qui la vota le 1° mai 1999.
La voie était enfin libre à la « Promulgation » officielle du « Tomos » (en annexe 36 ) rétablissant l’Exarchat. Elle eu lieu le 20 juin 1999 ( voir ci-dessous le chapitre « TOMOS » en présence du représentant du Patriarche Œcuménique, le Métropolite de Philadelphie Méliton secrétaire du Saint Synode de Constantinople, et du Métropolite Jérémie des Gaules.
2) Surmonter « l’anomalie » des non relations avec le Patriarcat de Moscou. Pour cela SEm l’Archevêque Serge prit, dès 1995, contact ( en accord avec le Patriarche Bartholomée) avec le Patriarche de Moscou. Une délégation comprenant entre autres les pères Boris Bobrinskoy et Jean Gueit prit le chemin de Moscou. La diligence de cette délégation aboutit à une invitation du Patriarche de Moscou pour une visite officielle de l’Archevêque des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale à Moscou. SEm l’Archevêque Serge y fut accompagné, entre autre, par les pères Boris Bobrinskoy et Eugène Czapiuk.
Le rétablissement de la communion eucharistique qui fut alors proclamée, ouvrait la voie à des relations ecclésiales normales dont le développement ne pouvait se faire que dans un cadre correspondant à un consensus général au sein de l’Archevêché.
C’est ainsi qu’après débats au sein du Conseil de l’Archevêché l’Archevêque Serge créait une commission spéciale « Avenir de l’Archevêché » dont déjà seul le nom était évocateur. Il y réunissait les représentants de tous les courants de pensées de l’Archevêché. Cette commission travailla pendant plusieurs années et nourrit le Conseil et l’ordonnancement des pensées de Mgr Serge ; avec entre autres, un document résumant en dix points les commandements estimés fondamentaux pour l’Archevêché et pour son avenir. Ce document allait servir les entretiens qui ponctuèrent la politique et l'action de communication menées par l’Archevêque Serge tant à Constantinople qu’à Moscou.
L’Archevêque Serge ayant rétabli la situation de l’Archevêché tant à l’égard du Patriarcat de Constantinople qu’à celui de Moscou avait ouvert la voie aux grands règlements futurs de l’orthodoxie en Europe Occidentale
3) Sur le plan intérieur la situation trouvée par Mgr Serge présentait d’autres formes de difficultés.
- La population du clergé se décomposait en :
Origines russes, fidèle à la tradition russe et souhaitant la conserver. Cette fraction vieillissante avait un renouvellement insuffisant qui ne pouvait être compensé que par une arrivée de sang neuf venant de Russie et ne pouvait être réalisée uniquement par les transfuges fuyant leur pays et parfois de qualité douteuse.
• origines russes, partisane d’une « orthodoxie occidentalisée et modernisée ». Dans cette fraction se retrouvaient différentes tranches d’âge dont les plus jeunes nourris dès leur jeunesse et études locales par leurs relations dans toutes les couches de la société « moderne ». Ils avaient un grand besoin de d’affirmer une personnalité nouvelle avec une tradition « orthodoxe occidentalisée » et le mythe volontairement imprécis et porteur de I’ « Eglise locale ». Ils assuraient ainsi une liaison quasi naturelle avec toutes les tendances comme celles de l'ECOF ou des uniates.
• origines nationales, soit de convertis du catholicisme soit de mouvances non canoniques
• C’est ce clergé qui avait la charge de gérer, les fidèles historiques de l’Archevêché et les flux migratoires venant de l’est, avec parmi les problèmes celui des langues. Non seulement pour les célébrations mais aussi pour les confessions et la simple communication, si importantes pour les déracinés.
La population des fidèles, comme indiqué ci-dessus subissait des évolutions importantes. Les changements politiques à l’est avaient provoqué un afflux totalement imprévu de fidèles slaves en provenance de Russie, Moldavie, Ukraine .... Ces fidèles plutôt réfugiés économiques que politiques ne disposaient souvent d’aucune formation spirituelle et ecclésiastique et surtout pas de situation légale et se trouvaient sans travail, ni logement, ni argent. Même si les paroisses de l’Archevêché ne pouvaient faire face à tous les besoins matériels leur devoir était de manifester à l’égard de la misère de leurs frères un accueil fraternel avec le maximum de chaleur humaine et spirituelle. Les paroisses et les prêtres se devaient d’accueillir cette population et lui donner une éducation spirituelle élémentaire et de base. L’Archevêque Serge y était d’autant plus sensible que nombre de paroisses furent remplies jusqu’à représenter une majorité des présents lors des célébrations des fêtes dans des églises comme la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Paris,celle de Liège, Marseille, Stockholm Population, ne parlant pas ou mal le français ou le suédois ou..., et pour laquelle l’accueil de base consistait dans la communication spirituelle et laïque dans leur langue natale le « russe ». Il faut noter que ces fidèles s’ils remplissaient les lieux de cultes, n’en assuraient pas la gestion qui restait aux mains des « locaux »
Le maintien de l’unité et de la cohésion au sein de l’Archevêché fut réussi dans ce contexte difficile par Mgr Serge.
Il le fut grâce à :
- sa grande sensibilité et sa bonté qui dans certains cas , disaient ses détracteurs, s’assimilait à de la faiblesse. Mgr Serge cherchait à comprendre ses interlocuteurs et savait les écouter et entendre. Ses qualités de polyglotte étaient un atout supplémentaire.
-Sa volonté de sélectionner un nombre d’objectifs limités et de focaliser ses forces sur ceux-ci quitte à laisser faire un certain de choses qu'il réprouvait comme les «expériences novatrices » ponctuelles et personnelles de certains. La lutte contre cela lui paraissait secondaire face au besoin des démunis.
- Sa décision de répondre à l’appel de fidèles orthodoxes désespérés même si les solutions apportées n'étaient pas totalement bordées ( économiquement ou administrativement ). Comme par exemple l’ouverture de plusieurs paroisses en Espagne . L’expérience montra que des débuts acrobatiques se régularisèrent dans un sens positif dans une spiritualité générale.
Dans cette démarche, parfois artisanale, parfois chaotique mais toujours avec amour et dans la même direction Mgr Serge :
-fit construire des églises ( Belfort, Saint Louis, Bussy en Othe ,.... ) et même s’il n’eut pas le temps de les consacrer toutes lui-même il en fut à la base et l’animateur des promoteurs et réalisateurs matériels.
- contrôla l’essentiel de la qualité des ordinations résistant aux pressions qui ne manquaient pas pour accélérer le mouvement des ordinations de non russes d’origine.
Et s’il ne pu récolter tous les fruits de son action de fond, suite à son décès brutal le 22 janvier 2003 il n’en laissa pas moins à son successeur, un archevêché dont la paix, l’unité et la cohésion étaient indiscutables et indiscutées.
* * *
LA COMMISSION « AVENIR de l’ARCHEVÊCHE »
Cette Commission initialement chargée du concept de l’Eglise Locale s’est vue confier par le Conseil de l’Archevêché du 5 mars 2001 (annexe37) la réflexion sur l’Avenir de l’Archevêché. Cette commission composée initialement des pères Wladimir Yagello (rapporteur), Jean Gueit, Nicolas Rehbinder, Nicolas Ozoline, Alexis Struve, Jivko Panev, et de Michel et Pierre Sollogoub, Michel Milkovitch, Joss van Rossum, et Nikita Struve s’est vue renforcée plus tard des pères Gabriel ( le futur archevêque), Théodore van der Voort, Matias, et de Vadim Tichonicky, et Daniel Vilanova. (on y voyait le futur noyau dur de l’équipe proche du futur Archevêque. Équipe qui allait récuser plus tard les conclusions auxquelles ils avaient contribues)
Cette commission a activement travaillé en de nombreuses réunions et au Conseil de l’Archevêché du 13 novembre 2002 ( annexe 38 ) le rapporteur le père Wladimir Yagello annonçait que le document final était quasiment terminé et le père Jean Gueit tenait à rajouter que « au lieu d’un document présentant des positions opposées la commission avait évolué vers un document consensuel » Au Conseil du 8 janvier 2003 ( annexe 39 ) , le dernier Conseil de Mgr Serge , le rapporteur informait les membres du Conseil qu’ils devaient être en possession du Compte Rendu final de la Commission. Ce dernier avait fait l’objet d’un envoi spécial à tous les membres du Conseil de l’Archevêché. Ce compte rendu fut l'objet d’une discussion approfondie notée dans le compte rendu de ce Conseil.
Dans ses conclusions la Commission avait entre autre élaboré les « Fondamentaux de l’Archevêché» Ces Fondamentaux dans leur rédaction précisaient pour l’Archevêché :
• Ses bases canoniques et historiques .
A l’origine sous l’autorité de l’Eglise Russe l’Archevêché a été successivement :
- à la demande de SEm le Métropolite Euloge accepté provisoirement (1931 ) dans le Patriarcat de Constantinople sous la forme d’un Exarchat.
- à la suite ( 1965 ) de la fermeture de l’Exarchat par le Patriarche Œcuménique Athënagoras et sa recommandation ( refusée par l’Archevêché ) à l’Archevêché de rejoindre le Patriarcat de Moscou, l’Archevêché s’est proclamé « Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes de France et d’Europe Occidentale indépendant de toute juridiction ».
- réintégré 1971 ) sous la juridiction de Constantinople en qualité « d’organisme ecclésial unifié » sous l’autorité de fait de la Métropole Grecque de France
-depuis 1999 l’Archevêché a de nouveau retrouvé son statut d’Exarchat du Patriarche Œcuménique et est administré par ses statuts, votés par l'Assemblée Générale de l’Archevêché en 1998 / 99 et reconnus comme la seule référence administrative par le Patriarche Œcuménique.
• Sa réalité d’être le successeur légal et le continuateur direct de « l’Administration provisoire des paroisses russes en Europe Occidentales » fondée par le Saint
Patriarche Tikhon de Moscou et confiée à l’Archevêque Euloge ( décret du 8-4- 1921 ) avec l’accord du Saint Métropolite Benjamin de Pétrograd.
• Sa volonté de préserver l’héritage légué par ses fondateurs en particulier sur les plans de :
• respect de la doctrine et du droit canon de l’Eglise Orthodoxe
• respect des règles de l’Eglise Orthodoxe dans la vie liturgique, pastorale, canonique, et spirituelle en suivant la tradition russe. Règles telles qu’elles sont contenues dans le recueil des Saints Apôtres, Saints Conciles locaux et des Pères de l’Eglise ainsi que des actes et décisions du Concile de Moscou de 1917-18
• sa vocation géographique et européenne
• la pluriethnicité et de l’usage des langues locales dans ses paroisses
• de son autonomie d’administration, de gestion et d’élection de son primat
• Sa volonté de respecter les juridictions orthodoxes apparues postérieurement sur les mêmes territoires que ceux sur lesquels s’était créé et développée en premier l’Archevêché et de coopérer avec les Instances locales notamment l’AEOF.
• Sa volonté de se voir reconnue l’existence d’une structure avec son statut propre et un Archevêque élu par l’Assemblée Générale de l’Archevêché et confirmé ensuite par le Saint Synode du Patriarcat. Cet Archevêque, dirigeant l’Archevêché composé de Diocèses avec leurs Evêques Diocésains (élus par l‘Assemblée Générale de l'Archevêché ) et qui constituent le Synode de l’Archevêché.
C’est sur la base de ces fondamentaux, qui avaient obtenus l’accord des instances dirigeantes de l’Archevêché de l’époque, des résultats des discussions de l’Archevêque Serge avec le Patriarcat de Moscou que fut travaillé le projet de statut de Métropole rassemblant les paroisses du Patriarcat de Moscou, en Europe Occidentale avec l'Archevêché.
Ce projet fut mis à la disposition de tous lors de l’interview accordé le 24 octobre 2004 par le Métropolite Cyrille de Smolensk à un journaliste ( Victor Loupan ). Ce projet ( en annexe 40 ): ne représente pas un document finalisé mais un projet tendant à préciser les contours et le fonctionnement d’un objectif
• a été un travail commun entre l’Archevêque Serge et le Patriarcat de Moscou. Il montre les points de convergence et d’accord entre les deux parties.
• ne concerne que la discussion entre deux parties alors qu’aujourd’hui les discussions entre le Patriarcat de Moscou et l’EORHF ont fait rentrer un troisième interlocuteur. L’Acte de Communion Eucharistique et d’Union qui fut signé le 17 mai 2007 a repris bien des points du document travaillé entre Mgr Serge et le Patriarcat de Moscou.
• la lettre du 1-4-2003 du Patriarche de Moscou Alexis II y reprenait et étendait les grands objectifs et tendances qui apparaissaient dans le cadre de ce projet de Métropole. Elle montre que nombre d’idées de la Commission « Avenir de l’Archevêché »et de Mgr Serge ont été acceptées, sinon adoptées, par l’Eglise Russe.
• ne représente pas un statut terminé mais l’étape d’un travail qui a été interrompu par le décès prématuré de l’Archevêque Serge prouvait la faisabilité de la chose qui dépassait largement le cadre de la simple fusion des paroisses de l’Archevêché avec celles du Patriarcat de Moscou en Europe Occidentale.
Il est en quelque sorte le testament qui n’a pas fini d’être rédigé par l’archevêque Serge
* * *
LES RELATIONS avec CONSTANTINOPLE
Les débuts.
Dès son élection le 31-5-1993, son intronisation (27-6-1993 ) et la constitution de son équipe les relations directes ou indirectes avec Constantinople ont pris une place considérable.
Dès le Conseil du 20-9-1994 il fut question :
- du voyage du Patriarche Œcuménique Bartholomée prévu en France en novembre 1995
- du projet de Mgr Serge d’avoir des évêques auxiliaires ( en Norvège, Belgique et en France ) et de la demande qu’en ferait Mgr Serge au Patriarche Œcuménique
- de la lettre reçue de Constantinople disant : on vous accorde une grande autonomie, mais vous devez commémorer dans l’ordre le Patriarche Bartholomée, le Métropolite Jérémie et enfin l’Archevêque Serge et les relations avec Constantinople passeront par le Métropolite Jérémie.
-après de nombreux débats l’Archevêque Serge délégua le 21 mars 1995 deux de ses collaborateurs auprès du Métropolite Jérémie pour préciser un certains nombre de points ( compte rendu de la réunion du 21-3-1995 en annexe 41). Parmi les sujets abordés il y eu :
- la demande faite pour que Mgr Serge puisse avoir le titre de Métropolite . La réponse fut que cela n’était plus possible car il ne peut y avoir qu'un seul Métropolite sur le même territoire. Et lui il y était déjà.
- la « prééminence » du Métropolite grec sur l’Archevêché dans chaque pays où était présent l’Archevêché fut précisée par Mgr Jérémie.
- pour l’élection d’évêques auxiliaires pour l’Archevêché Mgr Jérémie déclara que pour la France ( candidature du protodiacre Michel ) il ne s’y opposerait pas, mais pour la Belgique et la Norvège ( candidatures des archimandrites Gabriel et Johan ) cela serait aux métropolites Pantéléimon et Paul de faire part au Patriarche de leur avis. Pour ces deux pays l’avis personnel de Mgr Jérémie serait défavorable pour ne pas compliquer inutilement les futures organisations locales. En fait les deux Métropolites émirent un véto.
La venue du Patriarche Bartholomée en France 1° - 9 novembre 1995
Après le départ du Patriarche Mgr Serge réunit ses proches collaborateurs pour que soit établi une espèce de compte rendu de l’événement. Les points notés dans ce papier tenu par Mgr Serge furent :
■ La visite n’a pas été un grand événement « populaire »
■ La partie « Archevêché » s’est plutôt bien passée sans maladresses majeures à déplorer
■ Constantinople a semblé vouloir donner satisfactions aux demandes de l’Archevêché (place de l’Archevêque dans les célébrations, propos tenus par le Patriarche ...)
■ Cette visite a servi de révélateur éclatant à la considération accordée extérieurement à l’Archevêché
■ La Métropole grecque a eu le monopole des relations avec les médias et a refusé d’y associer l’Archevêché
■ Une discrimination nette dans les invitations et traitements aux différentes cérémonies et manifestations ( a titre d’exemple à la cérémonie du Louvre le nombre d’invitations réservées à l’Archevêché s’est révélé extrêmement limité en comparaison avec d’autres - Fraternité - par exemple )
■ Mgr Serge et Michel ont été écartés de la visite à Lourdes
Dans ses quelques 40 allocutions prononcées au cours de son voyage Le Patriarche Bartholomée a qualifié avec sa rigueur habituelle « son admiration et exprimé ses éloges » mérités a-t-il dit pour l’Archevêché pour ne pas avoir oublié les racines russes, la spiritualité russe et conservé l’héritage des pères . Cela tout en offrant la possibilité d’une « insertion » locale « en elle » ( elle l’Eglise de l’Archevêché.). Le Patriarche Œcuménique a conclu « votre présence au sein du Patriarcat de Constantinople lui offre des éléments fondamentaux bien plus importants que ce qui apparaît à première vue » et « nous remercions Dieu d’avoir accordé au Trône Œcuménique la grâce de compter en son sein cette précieuse part d’héritage »
* * *
Le « TOMOS »
Après les, laborieuses, discussions pour l’acceptation par Constantinople, des nouveaux statuts de l’Archevêché, l’accord final pour ces statuts fut fêté le 3 décembre 1997 dans le bureau même du Patriarche. C’est dans ce climat d’euphorie que fut soulevé par un des membres de la délégation de l’Archevêché le problème de la « dépendance » de fait de l’Archevêché vis-à-vis de la Métropole de France ( Mgr Jérémie était présent ). Le Patriarche accepta les remarques faites et dit même « je suis au courant » et il dit à Mgr Serge « proposez moi quelque chose . Je suis d’accord pour que vous soyez associés à la rédaction du texte qui définira votre large autonomie » Un compte rendu de ce voyage fut rédigé et un exemplaire remis à Mgr Jérémie.
C’est ainsi que le 16 décembre 1997 le Conseil de l’Archevêché créait un groupe de travail pour élaborer une proposition pour le Conseil. Furent désignés pour participer à ce Groupe de Travail : les pères Boris Bobrinskoy, Nicolas Ozoline, Nicolas Rehbinder et Michel Milkovitch, Antoine Nivière, Serge Obolensky, Vadim Tichonicky, Basile de Tiesenhausen.
Le 26 février 1998 le groupe présentait au Conseil un texte ayant obtenu le consensus de tous ses membres. Les points qui - de l’avis du groupe - devaient, d’après eux, figurer obligatoirement dans le texte final qui serait élaboré à Constantinople étaient :
• maintien de l’unité de l'Archevêché avec à sa tête un Archevêque dirigeant portant le nom de sa charge
• maintien de l’organisation ecclésiastique ( Concile de Moscou de 1917-18)
• conservation de nos traditions
• élection par une Assemblée Générale de l’Archevêché de son Archevêque dirigeant et de ses Evêques
• dépendance directe du Trône Œcuménique
• relation privilégiée avec le Patriarcat de Moscou
• relation privilégiée avec le Métropolite Grec de France
• relations paritaires avec les autres Métropolites Grecs en Europe Occidentale
• que les textes officiels qui nous sont adressés de Constantinople, le soient en français.
Les points clés furent longuement débattus aux Conseils et celui du 10 mars 1998, après approbation chargea une délégation composée du père Boris Bobrinskoy, et de B. de Tiesenhausen de présenter au Métropolite Jérémie et discuter avec lui le document de synthèse élaboré par le Conseil et intitulé « Situation de l’Archevêché dans l’obédience de Constantinople ».
Le document fut présenté au Métropolite Jérémie le 24 mars 1998 et lu ligne par ligne par le père Boris et chaque mot commenté.
Le Compte Rendu de cette entrevue, établi pour Mgr Serge mentionne les réactions de Mgr Jérémie :
• le Patriarche Œcuménique attend la démarche que vous commencez aujourd’hui. Mgr Méliton me l’a rappelé
• Votre nouveau statut de l’Archevêché a été le premier pas
• ( Votre idée a été annoncée au Patriarche lors de votre venue en
décembre 1997 et elle a été acceptée. Cela a été un geste de la part du Patriarche Œcuménique
• Depuis longtemps j’ai cherché à vous faire donner une dépendance directe du Saint Trône
• Votre document est un bon travail.
• Je pense que nous avons abouti.
En conclusion Mgr Jérémie s’est engagé à traduire le texte remis, en grec, le faire parvenir au Patriarche et de demander à Constantinople que tous les textes officiels ( ceux qui font foi ) soient écrits, aussi ,en français. Et finalement de demander des dates possibles pour des rencontres au Phanar.
Une date fut donnée pour le 30 juillet 1998. Date qui fut reportée le 28-7-1998 au 2-8-1998 puis aux 10-13 octobre 1998. L’Archevêché ayant rappelé que le Patriarche Œcuménique avait accepté que l’Archevêché soit associé à la rédaction du texte proposa qu’il y ait le déplacement de une ou deux personnes avant la séance plénière pour préparer le travail. Cette proposition fut déclinée à la raison que cela n’était pas en usage à Constantinople., tout comme fut repoussée la demande de communiquer à l’Archevêché, avant la réunion plénière, le texte, en français, préparé par la Commission des Eparchies à partir de la note envoyée par l’Archevêché ( via Mgr Jérémie ).
La date du 10 octobre fut reportée aux 19-20 octobre 1998.
Le 5 octobre Mgr Jérémie convoquait Mgr Serge et le secrétaire de l’Archevêché pour leur faire part que le texte de « Tomos » préparé présenté au Saint Synode avait suscité des « incompréhensions » et que c’était cela qui avait provoqué les reports précédents. Que Mgr Jérémie avait du se rendre à Constantinople pour faire du « lobying » et que maintenant les principaux problèmes étaient réglés. Mgr Serge n’a pas su lesquels mais a reinsisté sur le problème de langue et de traduction lors des prochaines réunions au Phanar.
Les réunions se succédèrent les 19 et 20 octobre avec des discussions où le problème de langue devint aigu. (le diacre traducteur désigné par le Phanar s’étant révélé insuffisant ce fut le Métropolite Jérémie qui assura - fort bien - le rôle de traducteur - interprète.). Cela ne régla pas complètement la difficulté de discuter sur des textes écrits en grec et de plus modifiés d’heure en heure.
La délégation de l’Archevêché quitta Constantinople à charge pour celui-ci d’adresser par courrier le projet censé être la synthèse des discussions. Cette synthèse arriva à l’Archevêché le 23 novembre 1998 en grec. Après traduction par Mgr Jérémie et discussions internes le secrétaire de l’Archevêché adressait par courrier recommandé avec accusé réception une lettre au Président de la Commission Synodale des Eparchies le Métropolite Joachim de Chalcédoine pour lui :
• communiquer la dernière version du texte en grec et en français traduite et revue par le Métropolite Jérémie
• rappeler l’engagement pris par le secrétaire Synodal le Métropolite Méliton de proposer des dates (proches ) à l’Archevêché pour la fixation définitive de ces deux textes
• confirmer que, à l’une des dates à proposer par Mgr Méliton, Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se rendront à Constantinople pour signer conjointement ( Mgr Méliton et Mgr Serge ) les deux textes.
• confirmer que dès que l’Archevêché sera en possession de ces deux textes signés il aura à convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire.Celle-ci devant prendre connaissance du texte du projet de « Tomos » et aura à procéder aux adaptations correspondantes des statuts de l’Archevêché Parmi ces adaptations il y aura les modifications demandées par Constantinople des articles 33 et 44 de ces statuts.
• Rappeler qu'à l’issue de l’Assemblée Générale l’Archevêché l’informera de l’adoption des points ci-dessus afin que SS le Patriarche puisse comme convenu en octobre envoyer à l’Archevêché le « Tomos » officialisant la nouvelle position de notre Archevêché au sein du Patriarcat Œcuménique.
La date de finalisation du texte fut fixée aux 8 et 9 février 1999 et les documents « finaux » du projet de « Tomos » furent signés au Phanar le 9 février 1999 par l’Archevêque Serge et le Métropolite Méliton en présence du Métropolite Jérémie et du secrétaire de l’Archevêché.
L’Assemblée Générale Extraordinaire, de modifications des statuts, (compte rendu en lieu le 1° mai 1999 et le 3 mai l’Archevêque Serge en rendait compte ( annexe 48 ) au Patriarche Bortholomée en lui demandant la confirmation de la date retenue pour la proclamation officielle à Paris de ce « Tomos ». Cette date - le 20 juin 1999 - fut confirmée et le Métropolite Méliton désigné, par Constantinople, pour effectuer au nom du Patriarche Œcuménique la lecture du « Tomos » du haut de l’Ambon de la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Paris.
Le 19 juin 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché accueillirent Mgr Méliton à l’aéroport de Paris . Au cours du déjeuner qui suivi Mgr Méliton remit au secrétaire une enveloppe en disant « c’est le texte de la proclamation que je vais lire demain ». Après déjeuner le secrétaire ouvrit l’enveloppe et y trouva un texte seulement . La comparaison visuelle entre ce texte et celui signé le 9 février 1999 au Phanar par Mgr Serge et Mgr Méliton montrait beaucoup de différences évidentes. Mgr Jérémie alerté constatait des différences graves et nombreuses inacceptables par l’Archevêché. Mgr Serge alerté appelait au téléphone tous les membres du Conseil de l’Archevêché et leur demandait de donner au secrétaire le pouvoir de rediscuter le texte, accepter éventuellement un compromis, et au pire annuler toutes les cérémonies de proclamation du lendemain. Tous les membres du Conseil donnèrent verbalement ce pouvoir à Mgr Serge et à partir de 22 heures du samedi 19 juin le secrétaire, Mgr Jérémie et Mgr Méliton « négocièrent » à l’hôtel Médéric ( à coté de Daru ) où était descendu Mgr Méliton. Vers 2 heures du matin, après de nombreux appels téléphoniques de Mgr Méliton, à quelqu’un, un compromis fut accepté et signé entre le secrétaire et Mgr Méliton et la proclamation ne fut pas annulée.
Le 20 juin 1999 vers le milieu de la Liturgie précédant la proclamation le secrétaire de Mgr Jérémie apportait le texte - au propre - du compromis qui devait être lu par Mgr Méliton.
Ce texte fut lu à la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky de Paris en présence d’une foule de fidèles très nombreuse et de nombreux médias, radios et télévisions. Ce texte, signé uniquement du secrétaire de l’Archevêché et du Métropolite Méliton, fut lu et proclamé sans modification .Après un discours ( annexe 51 )prononcé par le Métropolite Méliton, délégué du Patriarche Œcuménique Mgr Serge y répondit par une courte déclaration. Dès la fin de la cérémonie Mgr Méliton promis à Mgr Serge de lui faire parvenir, dans les jours qui viennent, un exemplaire signé de tous les membres du Saint Synode et du Patriarche Œcuménique.
Le 18 octobre 1999 une enveloppe froissée du Patriarcat arriva en courrier simple à l’Archevêché. Mais....le texte, en grec exclusivement contenu dans l'enveloppe n’était pas celui proclamé, ni sur les dix points essentiels ni sur le préambule, mais à quelques détails près un nouveau texte très proche de celui qui avait été apporté de Constantinople, par le Métropolite Méliton, le 19 juin 1999.Des remarques sur ce texte furent rédigées avec Mgr Serge.
De nouveau il y eu des rencontres avec Mgr Jérémie, très gêné, des appels téléphoniques directs au Patriarche Bartholomée. Le 11 novembre 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se retrouvaient à Constantinople dans le bureau du Patriarche Œcuménique en sa présence et celle de Mgr Méliton. Entrevue orageuse au cours de laquelle Constantinople défendait « sa version » et l’Archevêché défendait d’abord le premier texte signé par Mgr Serge et Mgr Méliton puis le compromis signé à Paris. Entrevue au cours de laquelle était mise sur la sellette la méthode employée par Constantinople. Finalement l’argument décisif fut que le texte proclamé avait été enregistré par tous les médias, radios et autres télévisions. Le Patriarche trancha.. Le texte définitif sera le texte enregistré au moment de la proclamation. Le Patriarche s’engagea à le faire parvenir, rapidement, avec toutes les signatures à l’Archevêché.
Le 27 décembre 1999 n’ayant rien vu venir Mgr Serge osait une relance timide.
Le texte définitivement signé et correspondant à celui proclamé arriva début 2000, toujours seulement en grec, clôturant dans l’aigreur cette affaire qui publiquement était traitée comme un triomphe. Mais à l’horizon débutait l’affaire de Rome.
Après la proclamation de l’Exarchat Mgr Serge demanda une entrevue au Patriarche et revint à la charge pour insister auprès du Patriarche Bartholomée afin d’obtenir l’autorisation d'élever son ami l’archimandrite Gabriel au rang d’évêque. S’appuyant sur les termes du « Tomos » Mgr Serge obtint satisfaction et le 9 janvier 2001 un fax de Constantinople informait l’Archevêque Serge de l’élection par le Saint Synode du nouvel évêque de Comane Gabriel. Ce fax, provoquait l’irritation de l’Archevêché surpris que les procédures prévues par les statuts n’aient pas été observées et amenait le Conseil de l’Archevêché du 5 février 2001 à en débattre. Le compte Rendu de ce Conseil mentionne :
« Cette information a été diffusée par Constantinople à d'autres personnes et a suscité des critiques sur l’inobservation par Constantinople des règles qu’ils avaient eux-mêmes approuvées et auxquelles nous sommes attachés.
Afin de rétablir tant que cela se peut les règles de nos statuts et faire participer notre Assemblée Générale Mgr Serge propose de :
• porter le sujet à l'ordre du jour de l’Assemblée Générale
• joindre une note explicative à la convocation lancée pour /’Assemblée.
Dans sa lettre de « remerciements » adressée au Patriarche Œcuménique Mgr Serge a rappelé « les Contraintes imposées par nos statuts bénis par le Saint Trône Œcuménique »
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LES RELATIONS CONSTANTINOPLE / ARCHEVÊCHE / MOSCOU
le Tribunal du Phanar
Aux cérémonies du 70° anniversaire le 12 février le Métropolite Cyrille exprima le souhait de rencontrer les membres du Conseil de l’Archevêché pour un échange de points de vue. Le principe en fut accepté par Mgr Serge et la rencontre eu lieu le 13 février 2001 dans les locaux de l’Archevêché 12 rue Daru. Elle eu lieu entre le Métropolite Cyrille accompagné de l’évêque Innokenti et Mgr Serge entouré de l’évêque Paul, des pères Boris Bobrinskoy,Anatole Rakovitch, Nicolas Cernokrak, Nicolas Rehbinder, Vladimir Yagello et des laïcs Marie Milkovitch, Oleg Lavroff, Serge Obolensky.Nikita Struve, Vadim Tichonicky, et B. de Tiesenhausen
Le compte rendu du Conseii de l’Archevêché du 5 mars 2001 ( annexe 37 )relate cette rencontre de la manière suivante : Cette réunion a eu lieu en présence de tous les membres du Conseil à l’exclusion de SExc. Michel et du père Gabriel qui n’ont pu être contactés le 12 février 2001 lorsque cette réunion a été convoquée. Au cours de cette réunion : SEm Mgr Serge a fait l’historique des relations de l’Archevêché avec le patriarcat de Moscou et constaté le pas en arrière qui a été accompli par l’action du père Michel Ossorguine et ses conséquences. Il avait semblé à l’archevêché que la réunion du 6 décembre 2000 à Genève avait permis de guérir les plaies trop apparentes.
Les réactions ultérieures tant du père Michel que celles de Sem le Métropolite Cyrille à notre note d'information ont montré qu’il n’en était rien.
SEm Mgr Cyrille a rappelé la position du Patriarcat de Moscou (Il a demandé que cette appellation soit remplacée par celle de l’Eglise de Russie ) vis-à-vis de ce qu’il considère la position canonique de /’,Archevêché qu’il estime devoir retourner dans le giron de l’Eglise Mère ( c'est-à-dire l’Eglise de Russie ). Ceci étant dit Mgr Cyrille estime que l‘Archevêché doit choisir entre deux alternatives : l’autocéphalie par le biais d’une Eglise Locale englobant tous les orthodoxes de la zone géographique de l’Archevêché. SEm Mgr Cyrille s’empresse de penser qu’il s’agit d’une vision illusoire si l’on tient compte des politiques actuelles des autres Patriarcats sur ces territoires. Une autonomie au sein d’une entité ayant à sa tête SEm Mgr Serge et formée par la réunion de l’Archevêché et Diocèses russes sur le même territoire, autonomie que l’Eglise de Russie est prête à reconnaître et accorder. Et propose que tous ces problèmes soient étudiés par des rencontres de Commissions à créer. SEm Mgr Cyrille qui avait été « froissé » par la publication du communiqué de I’Archevêché sur la réunion du 6 décembre 2000 émet la demande que celle du 13 février fasse l’objet d’un accord réciproque préalable à toute diffusion
Quelques jours plus tard Mgr Serge reçu un appel téléphonique comminatoire le convoquant toutes affaires cessantes à Constantinople.
Le compte rendu du Conseil Extraordinaire de l'Archevêché du 2 avril 2001 qui suivit relate ainsi cette affaire :SEm Mgr Serge rend compte du voyage qu’il a effectué à Constantinople des 25 au 28 mars 2001, accompagné du père Gabriel et du secrétaire de l’Archevêché. SEm Mgr Jérémie qui avait transmis l’invitation du Patriarcat Œcuménique, participait au voyage. Les rencontres, toutes en présence de SEm Mgr Jérémie et qui ont eu lieu au Phanar, ont été :- d’abord une audience chez SS le Patriarche Œcuménique ensuite une comparution devant la commission des Eparchies présidée par SEm le Métropolite de Chalcédoine Mgr Joachim. a) le sujet et le débat « Nous avons des informations du Patriarcat de Moscou sur le passage de l’Archevêché sous l'omophore du Patriarcat de Moscou. Le premier pas a été le passage de la paroisse de Saint Nicolas à Rome. Passage qui a été fait avec l’approbation de Mgr Serge »
Cette information - a dit SEm Mgr Joachim - nous a été donnée par SEm Mgr Cyrille lors de notre rencontre bilatérale à Berlin.
a) SEm Mgr Serge invité à s’expliquer a fait un exposé chronologique détaillé de tous~ les événements pour lesquels des courriers avaient, régulièrement et avec précision, informé le Patriarche Œcuménique
• S’en est suivi un très long débat qui a surtout été une interrogation sur :
le pourquoi et le comment des diverses relations et dispositions prises à l’égard du père Michel Ossorguine, la primauté ou non des lois canoniques et ecclésiastiques sur les lois et jurisprudences en vigueur dans les pays d’Europe Occidentale et l’intérêt d’introduire ces notions dans les statuts des paroisses, la nécessité de maintenir des sanctions à l’égard du père Michel
• pourquoi SEm Mgr Serge a-t-il accepté de concélébrer avec SEm Mgr Cyrille à Pétel
• les thèmes de I’Assemblée Générale Ordinaire du 1° mai 2001
........
b) Les demandes de certains membres de la Commission des Eparchies.
• qu’une lettre soit écrite au Patriarche Alexis II pour lui signifier que l‘Archevêché n’accepte pas ce qui s’est passé et qu’il refuse toute répétition de cas semblables et plus particulièrement pour des cas comme celui du père Michel. SEm Mgr Serge demande à SEm Mgr Méliton à l’origine de cette demande de lui proposer un projet de texte.
• Qu’aucune communication à /',Assemblée Générale (de I’Archevêché ) du 1° mai n’ait lieu sur ce sujet sans échange préalable avec Constantinople et son accord.
......
c) Les conclusions de SEm Mgr Serge à la Commission :
• les propos cités comme ayant été ceux de SEm Mgr Cyrille à Berlin sont inexacts et tous les participants à la réunion du 13 février 2001 peuvent en témoigner
• la proposition faite par SEm Mgr Cyrille était de donner à l’Archevêché une réelle autonomie avec un statut identique à celui de l’Ukraine,
• l’objectif de l’Archevêché, et donc de lui-même est de , conserver la plus grande unité possible de l’Archevêché, de conserver et respecter l’héritage qui nous a été transmis, tout cela dans le respect de l’Orthodoxie et de la loyauté.
• Une partie des demandes de la Commission des Eparchies et des remarques de Sa Sainteté témoignent d’une grande méconnaissance des réalités et sont impossibles à réaliser dans la forme demandée.
......
d) Remarques de Sa Sainteté le patriarche Œcuménique.
• Aujourd’hui l’impression a été crée au Patriarcat Œcuménique que l’Exarchat veut partir à Moscou
• Je ne sais pas quelle sera la suite mais l’avis du Saint Synode est que la situation avec l’Exarchat n'est pas brillante. J’ai des informations ( il montre le SOP )
• Une demande de la paroisse de Florence est parvenue à SEm Mgr Guennadios pour accueillir cette paroisse dans le diocèse grec - pour la sauver de Moscou !
• Il faut trancher avec la plus grande fermeté
• Dites à SEm Mgr Cyrille que vous n’avez rien à discuter avec lui et qu’il ne revienne plus à Daru
• La proposition de SEm Mgr Cyrille ne sert pas l’Orthodoxie comme elle est conçue à Constantinople. C’est une volonté de nuire à Constantinople en renforçant la puissance de Moscou.
• Moscou conteste tous les canons
• C’est Constantinople qui a donné les Tomos d’autocéphalie aux Eglises autocéphales. Ces Tomos définissent les limites territoriales de ces Eglises autocéphales.
..........
e) Débat du Conseil.
Après un débat intense le Conseil estime que :
• les propos qu’aurait tenu SEm Mgr Cyrille sont inexacts et ne peuvent être qu’une provocation destinée à semer le trouble dans la situation et dans les relations de !'Archevêché et de Constantinople.
L’organisation de « l’invitation » de SEm Mgr Serge à Constantinople et des entrevues imposées ne correspond pas :
au rang, responsabilités et autonomie de l’Exarchat aux formes habituellement en vigueur dans les relations entre nous
• ne nous paraît pas conforme à l’équité et surtout la vérité
• Qu’il est indispensable que Mgr Serge adresse à SS le Patriarche Œcuménique un courrier pour exprimer :
• son trouble et sa tristesse devant des réactions hâtives et prématurées face à des provocations inexactes son impossibilité de répondre positivement et dans la précipitation à toutes les suggestions de certains membres de la Commission des Eparchies. Ne serait ce que vis-à-vis de la prochaine Assemblée Générale et de l’impossibilité de ne pas répondre aux questions qui risquent d’être posées.
• Que la loyauté manifestée par I Archevêché à l’égard du Patriarcat Œcuménique a été irréprochable.
* * *
En conclusion :
Le Conseil envoya une délégation composée de O. Lavroff, N. Struve et B. de Tiesenhausen pour interroger Mgr Cyrille sur les propos qui lui avaient été prêtés par Mgr Méliton. Mgr Cyrille nia avec énergie avoir tenu de tels propos en argumentant qu’il était facile pour Constantinople d’interroger en direct certains participants ( à la réunion du 13 février ) dont il ( Constantinople ) ne pouvait douter et avec lesquels il était en contact.
Le Conseil mandata le secrétaire de l’Archevêché pour solliciter un rendez vous du Patriarche Œcuménique et de lui « expliquer d’homme à homme » ce qui était en train de se passer. Cette rencontre eu lieu en tête à tête des 5 au 9 juillet 2001 à Constantinople. A l’issue de deux longues entrevues le Patriarche Oecuménique :
• leva toutes ses interdictions de rencontres avec les responsables du Patriarcat de Moscou
• décida de présenter ses « regrets » à Mgr Serge pour l'organisation du « Tribunal » dont il avait été la victime et, pour le faire, de l’inviter à venir passer quelques jours de vacances avec lui en Turquie. Cela fut fait. Mgr Serge en fut ému et reconnaissant. Mais il avait été marqué et des convictions acquises.
Un compte rendu très complet de ces discussions fut remis, à titre personnel, à Mgr Serge
Il restait l’interrogation, qui troubla Mgr Serge jusqu’à son décès. Qui avait été à la base de cette « désinformation et intoxication» manifestement destinée à semer le trouble et la discorde dans les relations entre l’Archevêché , Constantinople et Moscou ? Pourquoi Constantinople avait « profité (ou organisé )» de cela pour dramatiser à ce point ?
LA PROPRIETE de NICE
Lorsque l’Archevêque Serge nomma en 2001 le père Wladimir Yagello recteur de la paroisse de Nice celui-ci fit un inventaire des archives stockées dans l’église de Nice et trouva les documents patrimoniaux définissant le propriétaire des lieux. Le père Wladimir apporta une copie de ces documents à l’Archevêque Serge qui décida de les faire examiner de plus près par un groupe de travail constitué autour du secrétaire de l’Archevêché et comportant le trésorier de l’Archevêché, le père Wladimir, le notaire de l’Archevêché et un avocat. ( le père Wladimir recommanda un avocat apparenté à des familles d’origine russe et fréquentant une paroisse francophone de la banlieue parisienne )
Au bout de plusieurs réunions, recherches de documents complémentaires et divers travaux le groupe de travail remis ses conclusions en 2002 à Mgr Serge. Le point central en était le « bail emphytéotique » - devenu plus tard de notoriété publique - qui fut signé à l’époque dans l’étude d’un notaire niçois. Suivant ce bail l’empereur de Russie Nicolas Il avait donné jusqu’en 2008 à l’Administration Ecclésiastique Diocésaine de Saint Pétersbourg, dont dépendait à l’époque l’entité orthodoxe de Nice, un terrain en vue de la construction d’une église orthodoxe russe à Nice et moyennant des conditions très précises listées dans le texte du bail. Ce bail a paru, aux professionnels du groupe de travail, incontestable et valide. Le propriétaire semblait indiscutablement devoir être à partir de 2008 l’Etat russe.
Ne sachant rien de la connaissance de l’Etat russe sur ce bail et sur ses intentions et ne voulant pas réveiller « le chat qui dort » Mgr Serge classa le dossier - en attendant - et mourut quelques semaines après cette décision.
LA PROPRIETE de BIARRITZ
Au décès du père Jean Baïkov recteur de Biarritz dans les années 80 l’Archevêque Georges ( Wagner ) envoya un de ses « missi dominici » pour faire le point sur la situation de la paroisse. Ce « missi dominici » constata que :
-la paroisse avait vécu dans une osmose totale avec le père Jean. Ses comptes privés et ceux de la paroisse étaient totalement imbriqués et mélangés et le père Jean finançait l’église avec sa retraite.
Sur le plan administratif et patrimonial l’église était ( depuis toujours ) enregistrée auprès de toutes les autorités publiques ( le Trésor public, le Service des Impôts, le Cadastre,les Hypothèques, ...) comme étant la propriété de « l'Ancien Empire Russe ». Les papiers des administrations arrivaient au nom de ce propriétaire qui n’était pas contesté par la paroisse ( l’association cultuelle orthodoxe locale ) et qui payait les impôts fonciers au nom de ce propriétaire.
A l’époque l’Archevêque Georges en pris acte et ne fit rien.
Lorsque son successeur l’Archevêque Serge nomma le père Georges Monjoch à Biarritz il lui demanda une remise en ordre administrative et le sujet revint à la surface. Devant la situation Mgr Serge consulta son Administration Diocésaine et demanda au père Georges de consulter un notaire local pour s’informer de ce qu’il fallait faire. Le notaire recommanda de faire jouer la loi trentenaire pour transcrire la propriété au nom de l’association cultuelle orthodoxe locale. Le notaire se proposa pour mener cette opération qui lui fut confiée. Le notaire fit ce qui lui semblait bon et informa l’association cultuelle que dorénavant elle était « propriétaire des locaux et terrains » ?
Le notaire fit il cette opération suivant toutes les règles ? Personne ne vérifia.
L’ASSEMBLEE des EVÊQUES ORTHODOXES de France
A son arrivée à la tête de l’Archevêché Mgr Serge découvrit le « Comité Inter- épiscopal » qui réunissait les évêques des différentes juridictions orthodoxes en France et qui était présidé par le Métropolite Jérémie Métropolite de la Métropole grecque de France . Organisme informel le Comité , à la fin de 1994, étudiait la possibilité de se donner une « personne morale » et travaillait à la rédaction de statuts.
LA FIN
Le 2 décembre 2002 V. Konovaloff (le fils de Mgr Serge ) appelait le secrétaire de l’Archevêché vers 21 h. pour donner le résultat des examens médicaux passés par son père. Le diagnostic était : « tumeur très importante non opérable. Il faudra faire de la chimiothérapie mais V. Konovaloff précisait que des rencontres étaient prévues tant avec
le chirurgien que le médecin traitant.
Devant l’évolution des choses l'Administration Diocésaine a insisté pour que Mgr Serge signe une délégation de pouvoir1 « en cas de ... ». Cela fut fait le 16 décembre 2002 malgré les réserves de l’Archevêque Serge sur le bénéficiaire, l’évêque Gabriel.
Lorsque ce bulletin fut connu à Saint Serge plusieurs personnes, séparément, informèrent l’Administration Diocésaine que N. Schmémann manifestait à qui voulait l’entendre qu’il fallait exiger de suite la démission de l’Archevêque non seulement de son poste de Recteur de TITO mais aussi d’Archevêque tête de l'Archevêché. Qu’un aussi grand malade ne pouvait être à ces postes importants.
Le 13 janvier 2003 Mgr Serge informa l’Administration que « la pression » de N. Schmémann devenait insupportable et qu’il avait fixé une rencontre , avec elle et le père Boris Bobrinskoy doyen de l’ITO, le 22 janvier matin pour crever l’abcès.( sans autres témoins )
Le 21 janvier au retour de la réunion de l’AEOF Mgr Serge, très nerveux, confiait au secrétaire de l’Archevêché à quel point il appréhendait la rencontre du 22 janvier mais confirmait qu’il ne voulait pas d’autre témoin que le père Boris car il voulait parler « sans détours » En fin d’après midi Mgr Serge appelait le secrétaire, dans son appartement où il se reposait, pour finalement demander au secrétaire d’être présent à la réunion avec N. Schmémann et d’en faire un compte rendu écrit. Le secrétaire trouvait Mgr Serge éprouvé et pessimiste.
Le 22 janvier 2003 le secrétaire arrivé en avance vit successivement arriver dans le bureau de l’Administration Diocésaine N. Schmémann et le père Boris. Un quart d’heure après l’heure fixée Mgr Serge n’était pas là.
Le secrétaire allait voir dans le bureau de Mgr Serge : personne. Il alla donc chercher mère Silouane ( du monastère de Bussy ) qui s’occupait de Mgr Serge , et qui habitait provisoirement dans la maison en face, lui demanda les clés de l’appartement de Mgr Serge et ils s’y rendirent de suite. Ils découvrirent dans l’une des pièces, par terre, le corps de l’Archevêque Serge.
* * *
L’HERITAGE
A son décès imprévu le modeste Archevêque Serge laissait en héritage à son successeur des résultats, de dix ans passés à la tête de l’Archevêché, dont peu de ses prédécesseurs ont pu être comblés. SEm l’Archevêque Serge a :
* pratiqué pour tous ses grands travaux la méthode de la conciliarité et de la participation de tous les courants de pensée existants dans l’Archevêché. Ayant veillé à ce que tous ces courants figurent au Conseil de l’Archevêché il a aussi veillé pour que tous participent aux commissions préparant les grands tournants. Par exemple les statuts de l’Archevêché, le document pré - Tomos réinstaurant l’Exarchat, les orientations souhaitées pour l’Archevêché (par la Commission Avenir de l’Archevêché et précisées par le père Jean Gueit comme un document de consensus ).
- mené à terme et avec succès la refonte des statuts de l’Archevêché qui avait été « essayée » plusieurs fois avant lui et n’avait jamais abouti. Refonte compliquée car devant conjuguer les exigences de l’Eglise, des législations des divers pays où était présent l’Archevêché et aussi celles du Patriarcat de Constantinople. C’est celles-ci qui ont donné lieu au plus grand nombre de réunions et de tractations difficiles pour le groupe emmené pour cela à Istanbul par Mgr Serge
obtenu la réinstauration de la position d’Exarque, du Trône Patriarcal, pour Mgr Serge et par subsidiarité celle d'exarchat pour l’Archevêché. Position non accordée par Constantinople à ses deux prédécesseurs. L’Archevêché ayant été au contraire réduit en 1971 à la position de vicariat de fait de la Métropole grecque de France.
- réalisé le rétablissement des relations et de communion eucharistique avec l’Eglise Orthodoxe russe ouvrant la voie à la pacification et l'unité entre les orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale . Ces orthodoxes divisées par les effets de la révolution russe et le pouvoir athée en Russie. Division qui avait donné lieu, de fait à trois juridictions :
• l’Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale dans l’obédience du Patriarcat de Constantinople
• l’Archevêché de Chersonèse faisant partie du Patriarcat de Moscou
• l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières autocéphale mais non reconnue par les Eglises canoniques.
L’action de Mgr Serge auprès des deux autres entités ci-dessus devait servir de détonateur à la vision du Patriarcat de Moscou (lettre du 1-4-2003 du Patriarche Alexis II ) et aux discussions entre l’EORHF et le PM, qui ont abouti le 17 mai 2007 à la signature d’un Acte d’Union rétablissant l’union entre ces deux Eglises.
Laissé à son décès imprévu - le 22 janvier 2003 - un Archevêché fonctionnant correctement dans l’unité et en paix avec lui-même malgré l’agitation des modernistes qui lui étaient hostiles et dont le futur montrera qu’ils n’attendaient que sa disparition.
Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 18 Janvier 2013 à 18:23
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Derrière les barreaux de la prison de Bialystok, avec une patience digne des moines orthodoxes, une dizaine de détenues apprennent l’art des icônes dans le cadre d’un programme de réinsertion sociale lancé dans ce grand pénitencier de l’est de la Pologne.
“C’est ma première icône de la Vierge”, dit fièrement Malgorzata Zablocka-Jaronczyk, 47 ans, en s’appliquant comme une écolière à parachever l’auréole d’une Vierge qu’elle dit déjà “prier”, bien qu’elle ne soit pas encore finie. “Je n’ai jamais su peindre. Ça ne m’a jamais trop intéressée. Et là, je commence à faire des progrès, je le vois moi-même, je suis assez contente de ce que je fais”, dit cette femme qui a encore huit ans à passer derrière les barreaux, après en avoir déjà purgé huit autres d’une peine de 24 ans réduite d’un tiers.
“On peut utiliser deux couleurs pour faire l’auréole. Cela donne un très bon effet. C’était une technique courante au XVIIe et XVIIIe siècles, pratiquée seulement en Russie pour écrire les icônes”, explique à ses disciples l’iconographe Jan Grigoruk.
“C’est ma première icône de la Vierge”, dit fièrement Malgorzata Zablocka-Jaronczyk, 47 ans, en s’appliquant comme une écolière à parachever l’auréole d’une Vierge qu’elle dit déjà “prier”, bien qu’elle ne soit pas encore finie. “Je n’ai jamais su peindre. Ça ne m’a jamais trop intéressée. Et là, je commence à faire des progrès, je le vois moi-même, je suis assez contente de ce que je fais”, dit cette femme qui a encore huit ans à passer derrière les barreaux, après en avoir déjà purgé huit autres d’une peine de 24 ans réduite d’un tiers.
“On peut utiliser deux couleurs pour faire l’auréole. Cela donne un très bon effet. C’était une technique courante au XVIIe et XVIIIe siècles, pratiquée seulement en Russie pour écrire les icônes”, explique à ses disciples l’iconographe Jan Grigoruk.
“On peut utiliser deux couleurs pour faire l’auréole. Cela donne un très bon effet. C’était une technique courante au XVIIe et XVIIIe siècles, pratiquée seulement en Russie pour écrire les icônes”, explique à ses disciples l’iconographe Jan Grigoruk.
Pendant tout le mois de décembre, M. Grigoruk, iconographe du Musée des icônes de Suprasl (nord-est), haut lieu du culte orthodoxe en Pologne, venait trois fois par semaine pour diriger le stage à la prison.
“Dites bien ‘écrire’, car dans le langage spécialisé, on dit écrire une icône et non peindre”, précise-t-il. Outre la technique, il enseigne le langage des icônes, leur histoire et leur symbolique.
“Au début, les détenues venaient participer à l’atelier plus pour tuer le temps, certaines en récompense pour bonne conduite, car la direction a dû choisir parmi près de 70 prisonnières celles qui le méritaient”, explique-t-il à l’AFP.
“Toute personne qui écrit une icône subit un vrai changement spirituel”, affirme-il. “Ecrire une icône, c’est déjà une forme de prière. Cela ne peut pas être juste un métier pour gagner sa vie”.
Dans de nombreuses prisons, la peinture est une activité très répandue. Mais l’écriture des icônes permet d’associer le côté artistique au spirituel.Le stage apporte un peu de sérénité aux détenues. Justyna Gierasimiuk, 31 ans, condamnée à un an de prison, attend le stage avec impatience: “Oh oui, ça me calme, ça me calme vraiment et Dieu sait qu’on en a besoin: il nous arrive bien des fois d’être agressives dans nos cellules”.....SUITE AFP
Pendant tout le mois de décembre, M. Grigoruk, iconographe du Musée des icônes de Suprasl (nord-est), haut lieu du culte orthodoxe en Pologne, venait trois fois par semaine pour diriger le stage à la prison.
“Dites bien ‘écrire’, car dans le langage spécialisé, on dit écrire une icône et non peindre”, précise-t-il. Outre la technique, il enseigne le langage des icônes, leur histoire et leur symbolique.
“Au début, les détenues venaient participer à l’atelier plus pour tuer le temps, certaines en récompense pour bonne conduite, car la direction a dû choisir parmi près de 70 prisonnières celles qui le méritaient”, explique-t-il à l’AFP.
“Toute personne qui écrit une icône subit un vrai changement spirituel”, affirme-il. “Ecrire une icône, c’est déjà une forme de prière. Cela ne peut pas être juste un métier pour gagner sa vie”.
Dans de nombreuses prisons, la peinture est une activité très répandue. Mais l’écriture des icônes permet d’associer le côté artistique au spirituel.Le stage apporte un peu de sérénité aux détenues. Justyna Gierasimiuk, 31 ans, condamnée à un an de prison, attend le stage avec impatience: “Oh oui, ça me calme, ça me calme vraiment et Dieu sait qu’on en a besoin: il nous arrive bien des fois d’être agressives dans nos cellules”.....SUITE AFP
Philippe Edel partie (1)
En octobre 1953 est décédée et discrètement enterrée, à Kinel-Tcherkassy dans la région de Samara, Vera Karlovna Bojanus, celle qui fut – jusqu’à la Révolution d’Octobre – Mère Nina, l’higoumène du monastère Saint-Sauveur et Sainte Euphrosyne de Polotsk. En 2003, pour le cinquantième anniversaire de sa mort, les moniales de Polotsk firent près de deux milles kilomètres pour aller restaurer la tombe de leur ancienne mère supérieure. Elles ont également fait rééditer à Moscou son recueil de pensées : "Наши беседы о жизни" D’où vint et qui fut cette femme qui reste encore aujourd’hui vénérée par sa communauté ?
Inscrite sur la liste des émigrés et – à ce titre – dépossédée de tous ses biens, la famille Bojanus se réfugia d’abord dans la partie badoise du comté, puis à Darmstadt, où le père trouva un emploi au service du landgraviat de Hesse-Darmstadt. D’Allemagne où ils poursuivirent leurs études, les deux frères choisirent ensuite de partir pour la Russie pour y trouver une situation, comme le firent à l’époque d’autres compatriotes d’Alsace. La Russie n’était en effet pas « terra incognita » pour les Alsaciens, déjà avant la Révolution de 1789. Strasbourg était même la deuxième ville française en nombre d’expatriés installés ou ayant séjourné dans la Russie du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Ce séjour en Russie est attesté pour 80 individus avec ou sans famille venant de la capitale alsacienne. Des villes du royaume, seule Paris, avec environ 350 ressortissants enregistrés, dépassait Strasbourg qui était elle-même suivie par Lyon, avec près de 70 émigrés.
En octobre 1953 est décédée et discrètement enterrée, à Kinel-Tcherkassy dans la région de Samara, Vera Karlovna Bojanus, celle qui fut – jusqu’à la Révolution d’Octobre – Mère Nina, l’higoumène du monastère Saint-Sauveur et Sainte Euphrosyne de Polotsk. En 2003, pour le cinquantième anniversaire de sa mort, les moniales de Polotsk firent près de deux milles kilomètres pour aller restaurer la tombe de leur ancienne mère supérieure. Elles ont également fait rééditer à Moscou son recueil de pensées : "Наши беседы о жизни" D’où vint et qui fut cette femme qui reste encore aujourd’hui vénérée par sa communauté ?
Inscrite sur la liste des émigrés et – à ce titre – dépossédée de tous ses biens, la famille Bojanus se réfugia d’abord dans la partie badoise du comté, puis à Darmstadt, où le père trouva un emploi au service du landgraviat de Hesse-Darmstadt. D’Allemagne où ils poursuivirent leurs études, les deux frères choisirent ensuite de partir pour la Russie pour y trouver une situation, comme le firent à l’époque d’autres compatriotes d’Alsace. La Russie n’était en effet pas « terra incognita » pour les Alsaciens, déjà avant la Révolution de 1789. Strasbourg était même la deuxième ville française en nombre d’expatriés installés ou ayant séjourné dans la Russie du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Ce séjour en Russie est attesté pour 80 individus avec ou sans famille venant de la capitale alsacienne. Des villes du royaume, seule Paris, avec environ 350 ressortissants enregistrés, dépassait Strasbourg qui était elle-même suivie par Lyon, avec près de 70 émigrés.
Selon la base de données allemande d’Erik Amburger, ce sont même 111 individus originaires d’Alsace qui s’installèrent en Russie durant la même période. Parmi les noms les plus connus, on peut citer Jean Daniel Schumacher (1690-1761), bibliothécaire du tsar Pierre Ier et secrétaire de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg ; François Armand Lafermière (1737-1796), secrétaire du chancelier impérial, bibliothécaire et professeur de littérature française auprès du grand-duc Paul, le futur tsar Paul Ier ; ou le baron Louis Henri de Nicolay (1737-1820) qui présida l’Académie des sciences à Saint-Pétersbourg de 1798 à 1803. Il convient aussi de citer deux vagues d’émigration collective qui y ont conduit des centaines de familles originaires du nord de l’Alsace en Russie, notamment dans la région de Saratov au bord de la Volga entre 1763 et 1769, et dans la région du Kutchurgan près de la mer Noire entre 1805 et 1808. Dans ces deux régions, des villages portant les noms de « Strassburg », « Elsass », « Frankreich » et « Franzosen » rappelaient cette présence jusqu’au début du XXe siècle.
Carl Ludwig Bojanus, le grand-père de l’higoumène Nina, se fixa donc en 1810, à l’âge de 25 ans, à Saint-Pétersbourg pour y travailler comme représentant d’une maison de négoce de Hesse
. C’est donc là que naquit en 1818 son fils, qui fut baptisé sous les prénoms Carl Heinrich à la paroisse luthérienne de la ville, mais qui devint célèbre sous le nom de Karl Karlovitch Bojanus. Celui-ci eut une nombreuse descendance : d’abord trois fils – Maximilian, Nikolaï et Karl – d’un premier mariage avec une Germano-Balte, Charlotte Mollenhauer, puis trois autres fils et deux filles – Alexeï, Alexander, Semen, Lubov et Vera – d’un second mariage avec une noble orthodoxe russe, Olga Semenovna Khlustina. Celle-ci était la veuve de Denis Denissovitch Davydov, le fils d’un poète et héros de la guerre de 1812 contre Napoléon qui inspirera le personnage de Vassili Denissov dans le roman Guerre et Paix de Léon Tolstoï. Olga était elle-même issue d’une illustre famille noble originaire de Kalouga, les Khlustine. Durant sa jeunesse, elle vécut plusieurs années à Paris chez sa tante, la comtesse de Circourt. La nature sensible et l’esprit vif d’Olga la firent remarquée du poète Lamartine qui lui dédia un poème intitulé « A la spirituelle Olga ». Femme intelligente et instruite, maîtrisant quatre langues, Olga assista activement son mari dans ses activités homéopathiques comme secrétaire et traductrice et eut une influence déterminante sur la formation et le destin de ses enfants, et notamment sa fille Vera.
Carl Ludwig Bojanus, le grand-père de l’higoumène Nina, se fixa donc en 1810, à l’âge de 25 ans, à Saint-Pétersbourg pour y travailler comme représentant d’une maison de négoce de Hesse
. C’est donc là que naquit en 1818 son fils, qui fut baptisé sous les prénoms Carl Heinrich à la paroisse luthérienne de la ville, mais qui devint célèbre sous le nom de Karl Karlovitch Bojanus. Celui-ci eut une nombreuse descendance : d’abord trois fils – Maximilian, Nikolaï et Karl – d’un premier mariage avec une Germano-Balte, Charlotte Mollenhauer, puis trois autres fils et deux filles – Alexeï, Alexander, Semen, Lubov et Vera – d’un second mariage avec une noble orthodoxe russe, Olga Semenovna Khlustina. Celle-ci était la veuve de Denis Denissovitch Davydov, le fils d’un poète et héros de la guerre de 1812 contre Napoléon qui inspirera le personnage de Vassili Denissov dans le roman Guerre et Paix de Léon Tolstoï. Olga était elle-même issue d’une illustre famille noble originaire de Kalouga, les Khlustine. Durant sa jeunesse, elle vécut plusieurs années à Paris chez sa tante, la comtesse de Circourt. La nature sensible et l’esprit vif d’Olga la firent remarquée du poète Lamartine qui lui dédia un poème intitulé « A la spirituelle Olga ». Femme intelligente et instruite, maîtrisant quatre langues, Olga assista activement son mari dans ses activités homéopathiques comme secrétaire et traductrice et eut une influence déterminante sur la formation et le destin de ses enfants, et notamment sa fille Vera.
Née à Moscou, Vera Karlovna Bojanus était donc la benjamine de cette grande fratrie. Enfant tardive – à sa naissance, son père avait 58 ans et sa mère 39 – elle fut d’abord éduquée à domicile, au domaine familial de Klutchi, près de Kinel-Tcherkassy
. Puis, elle fit des études de pédagogie à l’Académie de Kazan et de philologie à l’université de Londres. Très jeune, sous l’influence de sa mère, de son père spirituel l’archimandrite Séraphin (Mechtcheriakov) et de l’archevêque Vladimir (Bogoïavlensky), Vera se découvrit une vocation religieuse. De 1895 à 1899, la famille Bojanus déménagea à Tiflis, en Georgie, à cause de la maladie du père. Avec sa mère, elle y ouvrit une école religieuse du dimanche. Mais elle ne fit le choix de la vie monastique dans la foi orthodoxe qu’après la mort de son père, sans doute par respect pour celui-ci, baptisé dans la confession luthérienne. Il est intéressant de noter que, comme moniale, elle choisit le nom de sœur Nina, en référence au fait qu’elle était la neuvième de la fratrie, incluant – outre ses quatre frères et sœur – les trois demi-frères protestants, ainsi que la première fille de sa mère, Ekaterina Denissova Davydova.
* * *
Elle entra d’abord dans un monastère du diocèse de Varsovie, puis, après avoir prononcé ses vœux perpétuels, intégrera celui de la Sainte Trinité à Riga. En 1904, elle entra dans un des plus anciens monastères orthodoxes slaves, celui de Polotsk en Biélorussie, fondé au début du XIIe siècle par la princesse Euphrosyne et dédié au Saint-Sauveur et à cette princesse, devenue sainte patronne de la Biélorussie. Elle en assura la fonction d’abbesse sans être nommée, vu son jeune âge (29 ans). Sous son impulsion, l’école dépendant du monastère fut transformée en institut pédagogique pour la formation des institutrices du diocèse. Elle fit construire pour l’école un nouveau bâtiment moderne en pierre – qui existe toujours – et qui fut visité à plusieurs reprises par le grand-duc Constantin, frère du tsar. Elle y introduisit et y enseigna les langues étrangères et la peinture. Comme elle attacha une importance particulière à l’éducation spirituelle et morale de ses élèves, elle mena avec elles des conversations sur la foi et la vie selon l’Evangile. En 1913, elle publia ces « conversations » en recueil. Pour le mérite de son travail, elle fut décorée de la Croix pectorale d’argent. Le 31 août 1914, sur décision du Saint Synode, l’évêque de Polotsk et de Vitebsk l’ordonna higoumène du monastère, à 38 ans. Pendant la Première Guerre mondiale, l’école fut transformée en hôpital militaire d’une capacité de 250 blessés, où elle s’investit personnellement dans le soin des blessés.
Après la Révolution d’Octobre, alors que les bolcheviks fermèrent églises et monastères et persécutèrent religieux et fidèles, elle se réfugia dans sa région natale de Samara, d’abord chez sa sœur Lubov, puis chez des amis. Sa situation était très fragile dans le nouvel Etat à l’athéisme militant. Menacée d’être fusillée, elle mettait en danger ses parents et amis par son statut de religieuse. Comprenant l’irréversibilité de la situation, elle s’y adapta en décidant – en s’appuyant sur son certificat d’infirmière militaire – d’étudier la médecine à Samara. Diplômée, elle exerça comme médecin généraliste dans un hôpital de la ville. Pour éviter les arrestations et la famine, elle vécut, à 40 km de Samara, dans une petite maison du village d’Alexeïevka. Il y subsistait une petite église où elle pouvait discrètement se recueillir. En 1935, après la destruction de l’église par les bolcheviks, elle revint à Samara où elle travailla au service pédiatrique de la polyclinique jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle s’occupa beaucoup de ses neveux et nièces, à qui elle transmettait sa foi et plusieurs choisirent le métier de médecin. En 1948, elle fut accueillie chez une amie d’enfance à Kinel-Tcherkassy, le village de son enfance où elle vécut jusqu’à la fin de sa vie.
Il est intéressant de constater que, tout comme elle, son père et son oncle à Wilna, presque tous ses enfants devinrent célèbres dans leurs domaines de spécialité. Parmi ses trois premiers demi-frères, tous médecins homéopathes, deux exercèrent des responsabilités dans plusieurs organisations russes : Karl Karlovitch junior devint secrétaire de la Société homéopathique d’Odessa et un des piliers du dispensaire homéopathique de la ville. Quant à Nikolaï Karlovitch, il présida la Société homéopathique de Moscou, puis devint trésorier de la section de Moscou de la Société théosophique de Russie. C’est lui qui traduisit le premier en russe les ouvrages de Rudolf Steiner, le père de l’anthroposophie.
Parmi ses trois frères directs, deux devinrent fonctionnaires. Alexeï Karlovitch Bojanus, qui fut camarade de lycée de Ilia, un des fils de Léon Tolstoï, entra au ministère de l’Intérieur à Saint-Pétersbourg (1910). Il devint un spécialiste des zemstvos créées par la réforme administrative du tsar Alexandre II et publia en 1911 un ouvrage de référence sur le sujet. Le second frère, Alexandre Karlovitch, exerça dans la fonction publique principalement à Samara. Quant à sa sœur Lubov Karlovna, elle créa une écurie de chevaux de course dans le domaine de Klutchi et devint une cavalière hors pair qui remporta plusieurs compétitions internationales d’équitation, notamment en Angleterre avant la Révolution.
. Puis, elle fit des études de pédagogie à l’Académie de Kazan et de philologie à l’université de Londres. Très jeune, sous l’influence de sa mère, de son père spirituel l’archimandrite Séraphin (Mechtcheriakov) et de l’archevêque Vladimir (Bogoïavlensky), Vera se découvrit une vocation religieuse. De 1895 à 1899, la famille Bojanus déménagea à Tiflis, en Georgie, à cause de la maladie du père. Avec sa mère, elle y ouvrit une école religieuse du dimanche. Mais elle ne fit le choix de la vie monastique dans la foi orthodoxe qu’après la mort de son père, sans doute par respect pour celui-ci, baptisé dans la confession luthérienne. Il est intéressant de noter que, comme moniale, elle choisit le nom de sœur Nina, en référence au fait qu’elle était la neuvième de la fratrie, incluant – outre ses quatre frères et sœur – les trois demi-frères protestants, ainsi que la première fille de sa mère, Ekaterina Denissova Davydova.
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Elle entra d’abord dans un monastère du diocèse de Varsovie, puis, après avoir prononcé ses vœux perpétuels, intégrera celui de la Sainte Trinité à Riga. En 1904, elle entra dans un des plus anciens monastères orthodoxes slaves, celui de Polotsk en Biélorussie, fondé au début du XIIe siècle par la princesse Euphrosyne et dédié au Saint-Sauveur et à cette princesse, devenue sainte patronne de la Biélorussie. Elle en assura la fonction d’abbesse sans être nommée, vu son jeune âge (29 ans). Sous son impulsion, l’école dépendant du monastère fut transformée en institut pédagogique pour la formation des institutrices du diocèse. Elle fit construire pour l’école un nouveau bâtiment moderne en pierre – qui existe toujours – et qui fut visité à plusieurs reprises par le grand-duc Constantin, frère du tsar. Elle y introduisit et y enseigna les langues étrangères et la peinture. Comme elle attacha une importance particulière à l’éducation spirituelle et morale de ses élèves, elle mena avec elles des conversations sur la foi et la vie selon l’Evangile. En 1913, elle publia ces « conversations » en recueil. Pour le mérite de son travail, elle fut décorée de la Croix pectorale d’argent. Le 31 août 1914, sur décision du Saint Synode, l’évêque de Polotsk et de Vitebsk l’ordonna higoumène du monastère, à 38 ans. Pendant la Première Guerre mondiale, l’école fut transformée en hôpital militaire d’une capacité de 250 blessés, où elle s’investit personnellement dans le soin des blessés.
Après la Révolution d’Octobre, alors que les bolcheviks fermèrent églises et monastères et persécutèrent religieux et fidèles, elle se réfugia dans sa région natale de Samara, d’abord chez sa sœur Lubov, puis chez des amis. Sa situation était très fragile dans le nouvel Etat à l’athéisme militant. Menacée d’être fusillée, elle mettait en danger ses parents et amis par son statut de religieuse. Comprenant l’irréversibilité de la situation, elle s’y adapta en décidant – en s’appuyant sur son certificat d’infirmière militaire – d’étudier la médecine à Samara. Diplômée, elle exerça comme médecin généraliste dans un hôpital de la ville. Pour éviter les arrestations et la famine, elle vécut, à 40 km de Samara, dans une petite maison du village d’Alexeïevka. Il y subsistait une petite église où elle pouvait discrètement se recueillir. En 1935, après la destruction de l’église par les bolcheviks, elle revint à Samara où elle travailla au service pédiatrique de la polyclinique jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle s’occupa beaucoup de ses neveux et nièces, à qui elle transmettait sa foi et plusieurs choisirent le métier de médecin. En 1948, elle fut accueillie chez une amie d’enfance à Kinel-Tcherkassy, le village de son enfance où elle vécut jusqu’à la fin de sa vie.
Il est intéressant de constater que, tout comme elle, son père et son oncle à Wilna, presque tous ses enfants devinrent célèbres dans leurs domaines de spécialité. Parmi ses trois premiers demi-frères, tous médecins homéopathes, deux exercèrent des responsabilités dans plusieurs organisations russes : Karl Karlovitch junior devint secrétaire de la Société homéopathique d’Odessa et un des piliers du dispensaire homéopathique de la ville. Quant à Nikolaï Karlovitch, il présida la Société homéopathique de Moscou, puis devint trésorier de la section de Moscou de la Société théosophique de Russie. C’est lui qui traduisit le premier en russe les ouvrages de Rudolf Steiner, le père de l’anthroposophie.
Parmi ses trois frères directs, deux devinrent fonctionnaires. Alexeï Karlovitch Bojanus, qui fut camarade de lycée de Ilia, un des fils de Léon Tolstoï, entra au ministère de l’Intérieur à Saint-Pétersbourg (1910). Il devint un spécialiste des zemstvos créées par la réforme administrative du tsar Alexandre II et publia en 1911 un ouvrage de référence sur le sujet. Le second frère, Alexandre Karlovitch, exerça dans la fonction publique principalement à Samara. Quant à sa sœur Lubov Karlovna, elle créa une écurie de chevaux de course dans le domaine de Klutchi et devint une cavalière hors pair qui remporta plusieurs compétitions internationales d’équitation, notamment en Angleterre avant la Révolution.
Un destin étonnant est aussi celui de son plus proche frère, Semen Karlovitch, de deux ans son aîné. Il devint célèbre comme spécialiste de la phonétique russe en Angleterre, sous le nom retranscrit à la mode occidentale de Simon Charles Boyanus.
De son père, il hérita la rigueur scientifique, l’anglophilie et l’amitié du grand lexicographe Vladimir Dahl. Mais c’est à sa mère polyglotte qu’il devait sa passion pour les langues. Tout jeune, il apprit l’anglais avec un précepteur dans le domaine familial. Après des études de langue et littérature anglaises à l’université de Saint-Pétersbourg, il travailla à l’Institut de philosophie et de linguistique de la capitale, y devint professeur de philologie anglaise et collabora avec le grand académicien Lev Chtcherba. Il participa ainsi à la création des premières écoles de langues étrangères de Russie, à Moscou et Leningrad. En 1924, Semen Karlovitch fut autorisé à aller approfondir ses connaissances en phonétique à l’University College de Londres. En 1926, il publia à Moscou un manuel de prononciation de l’anglais pour les étudiants russes, puis, en collaboration avec V.K. Müller, deux dictionnaires russe-anglais et anglais-russe qui parurent à Moscou et connurent un grand succès. En 1934, il fut autorisé à revenir à Londres, où il obtint le poste de lecteur de phonétique russe à la School of Slavonic Studies. En 1942, alors qu’il fut mis à la retraire, il ouvrit à 71 ans à Londres sa propre école, la Boyanus School of Russian. Parallèlement, il enseigna à Oxford, où il mourut d’une crise cardiaque, dix ans plus tard, en plein cours
Ce qui est particulièrement saisissant quand on étudie la vie et l’œuvre de l’higoumène Nina et celles des autres membres de sa famille, c’est l’incroyable énergie et la capacité de travail inépuisable dont ils firent preuve. Les malheurs et les difficultés qu’ils connurent, notamment suite à la Révolution française de 1789, puis de celle d’Octobre 1917, n’entamèrent pas leur détermination mais ils firent preuve d’une grande capacité d’adaptation aux situations nouvelles. Ils puisaient certainement leurs forces dans l’éducation reçue au sein d’une famille chrétienne très soudée, liant rigueur, simplicité et dévouement, mais aussi ouverture sur le monde
Philippe Edel est membre du Conseil de la Faculté d’histoire de l’Université de Strasbourg et secrétaire de l’Union Internationale des Alsaciens
De son père, il hérita la rigueur scientifique, l’anglophilie et l’amitié du grand lexicographe Vladimir Dahl. Mais c’est à sa mère polyglotte qu’il devait sa passion pour les langues. Tout jeune, il apprit l’anglais avec un précepteur dans le domaine familial. Après des études de langue et littérature anglaises à l’université de Saint-Pétersbourg, il travailla à l’Institut de philosophie et de linguistique de la capitale, y devint professeur de philologie anglaise et collabora avec le grand académicien Lev Chtcherba. Il participa ainsi à la création des premières écoles de langues étrangères de Russie, à Moscou et Leningrad. En 1924, Semen Karlovitch fut autorisé à aller approfondir ses connaissances en phonétique à l’University College de Londres. En 1926, il publia à Moscou un manuel de prononciation de l’anglais pour les étudiants russes, puis, en collaboration avec V.K. Müller, deux dictionnaires russe-anglais et anglais-russe qui parurent à Moscou et connurent un grand succès. En 1934, il fut autorisé à revenir à Londres, où il obtint le poste de lecteur de phonétique russe à la School of Slavonic Studies. En 1942, alors qu’il fut mis à la retraire, il ouvrit à 71 ans à Londres sa propre école, la Boyanus School of Russian. Parallèlement, il enseigna à Oxford, où il mourut d’une crise cardiaque, dix ans plus tard, en plein cours
Ce qui est particulièrement saisissant quand on étudie la vie et l’œuvre de l’higoumène Nina et celles des autres membres de sa famille, c’est l’incroyable énergie et la capacité de travail inépuisable dont ils firent preuve. Les malheurs et les difficultés qu’ils connurent, notamment suite à la Révolution française de 1789, puis de celle d’Octobre 1917, n’entamèrent pas leur détermination mais ils firent preuve d’une grande capacité d’adaptation aux situations nouvelles. Ils puisaient certainement leurs forces dans l’éducation reçue au sein d’une famille chrétienne très soudée, liant rigueur, simplicité et dévouement, mais aussi ouverture sur le monde
Philippe Edel est membre du Conseil de la Faculté d’histoire de l’Université de Strasbourg et secrétaire de l’Union Internationale des Alsaciens
Dans la lettre Patriarcale datée du 16 janvier 2013, Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er annonce que, par décision du Saint Synode, la demande de mise à la retraite de son Eminence, l’Archevêque Gabriel de Comane a bien été acceptée.
Son Éminence, le Métropolite Emmanuel de France est officiellement nommé Locum tenens de l’Exarchat Patriarcal du Trône Œcuménique pour les Paroisses Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale", conformément à la demande formulée en ce sens par le Conseil de l’Archevêché. A partir de maintenant et jusqu’à l’élection du nouvel Archevêque, il convient de commémorer dans les célébrations liturgiques le nom de son Éminence le Métropolite Emmanuel de France en tant que Locum tenens du Trône archiépiscopal
Son Éminence, le Métropolite Emmanuel de France est officiellement nommé Locum tenens de l’Exarchat Patriarcal du Trône Œcuménique pour les Paroisses Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale", conformément à la demande formulée en ce sens par le Conseil de l’Archevêché. A partir de maintenant et jusqu’à l’élection du nouvel Archevêque, il convient de commémorer dans les célébrations liturgiques le nom de son Éminence le Métropolite Emmanuel de France en tant que Locum tenens du Trône archiépiscopal
Le Conseil de l’Archevêché se réunira prochainement sous la présidence du Métropolite Emmanuel afin d’arrêter la date de l’Assemblée Générale Extraordinaire chargée d’élire le nouvel Archevêque et les modalités de désignation des candidats conformément aux § 41 et 42 des statuts de l’Archevêché. Les modalités de désignation des délégués laïcs des paroisses seront également communiqués dans les meilleurs délais.b
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Vera GAUFMAN
Le séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève d’Épinay-sous-Sénart a ouvert ses portes il y a trois ans. L’établissement forme des prêtres pour les paroisses de l’église orthodoxe russe à l’étranger. Le Courrier de Russie est allé regarder derrière ses murs.
J’arrive à la station Brunoy vers midi, après trente minutes de RER depuis Châtelet. Dans cette ville de banlieue parisienne, personne ne connaît ni la rue Sainte Geneviève ni le séminaire orthodoxe. Jusqu’au chauffeur de bus qui pourtant passe devant chaque jour. Il faut dire que le lieu n’est pas évident à trouver : le séminaire est situé dans un ancien couvent auquel les gens ne font plus attention. En arrivant, on ne s’attend pas à entendre parler russe.
Chez les sœurs
Je suis accueillie par deux séminaristes, Victor Smirnov et Ion Dimitrov. Souriants, ils ne cessent de plaisanter. Pas vraiment l’image que l’on se fait des hommes en soutane… Est-ce l’effet des croissants français du petit déjeuner ?
Victor, blond, a l’air typiquement russe. Ion est tout l’inverse : peau mate, barbe et cheveux noirs. Tous deux en dernière année, ils terminent leur thèse – et c’est le seul sujet qui parvient à les assombrir quelque peu.
Le séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève d’Épinay-sous-Sénart a ouvert ses portes il y a trois ans. L’établissement forme des prêtres pour les paroisses de l’église orthodoxe russe à l’étranger. Le Courrier de Russie est allé regarder derrière ses murs.
J’arrive à la station Brunoy vers midi, après trente minutes de RER depuis Châtelet. Dans cette ville de banlieue parisienne, personne ne connaît ni la rue Sainte Geneviève ni le séminaire orthodoxe. Jusqu’au chauffeur de bus qui pourtant passe devant chaque jour. Il faut dire que le lieu n’est pas évident à trouver : le séminaire est situé dans un ancien couvent auquel les gens ne font plus attention. En arrivant, on ne s’attend pas à entendre parler russe.
Chez les sœurs
Je suis accueillie par deux séminaristes, Victor Smirnov et Ion Dimitrov. Souriants, ils ne cessent de plaisanter. Pas vraiment l’image que l’on se fait des hommes en soutane… Est-ce l’effet des croissants français du petit déjeuner ?
Victor, blond, a l’air typiquement russe. Ion est tout l’inverse : peau mate, barbe et cheveux noirs. Tous deux en dernière année, ils terminent leur thèse – et c’est le seul sujet qui parvient à les assombrir quelque peu.
Victor vient de Moscou, Ion de Leova, une petite ville de Moldavie. Ils ont l’un comme l’autre été initiés à la religion par leurs mères, orthodoxes pratiquantes.
« À 6 ans, je voulais entrer en section de foot, se souvient Victor. Mais ma mère m’a emmené à la chorale du monastère Danilov en promettant que si ça ne me plaisait pas, je pourrais aller jouer au ballon. Et chanter m’a tellement plu… Je ne songeais plus qu’à intégrer le séminaire. »
« J’ai aussi commencé parchanter dans un chœur, confie Ion. Mais je n’ai pas aimé du tout ! Ce que je voulais, c’était étudier les sciences naturelles. Je ne suis entré au séminaire d’Odessa que pour faire plaisir à ma mère. Je comptais poursuivre ensuite mes études dans une université laïque. Pourtant, au bout d’un moment, j’ai réalisé que je ne voulais plus aller nulle part ailleurs. »
« Les deux premières années du séminaire sont cruciales, reprend Victor. Au cours de cette période, la détermination du futur prêtre est constamment mise à l’épreuve. Certains comprennent alors qu’ils ne sont pas faits pour la vie de prêtre mais d’autres décident de continuer.»
« Allié » des catholiques
Après le séminaire, Ion et Victor ont poursuivi leur cursus à l’Académie spirituelle de la Laure Saint-Serge, à Moscou. Où ils sont tombés, un jour, sur une annonce du doyen du séminaire Sainte-Geneviève, le père Alexandre Siniakov, invitant tous ceux qui le désiraient à poser leurs candidatures pour étudier en France. Ion et Victor, qui avaient tous deux appris le français dans le passé, ont décidé de tenter leur chance. La liste originelle des candidats était longue, mais elle s’est progressivement raccourcie. De nombreux séminaristes ont en effet retiré leur candidature suite à la campagne d’une partie de la communauté orthodoxe qui accusait le père Alexandre d’être un « allié » des catholiques.
« Sur Internet, des fanatiques accusaient le doyen de s’être vendu à Rome, simplement parce qu’il compte des amis parmi les catholiques », se souvient Ion. Mais les deux jeunes hommes ne se sont pas laissé intimider – et les voilà depuis trois ans déjà à Sainte-Geneviève, ravis de leur choix.
Ils me font faire le tour du parc du séminaire, où de petits sentiers couverts de feuilles fanées contournent les chênes centenaires.
« Là, ce sont les serres qui nous restent des bonnes sœurs, commente Victor. Les moniales permettaient aux habitants d’Epinay d’y faire leurs potagers. Nous poursuivons la tradition et les gens nous offrent des fruits et légumes frais. »
Apercevant un bouleau, je demande si les séminaristes l’ont planté dans un accès de nostalgie. « Non, le bouleau était ici. Mais on a planté des pêches, affirme Ion, tout fier, en montrant l’étiquette de la souche et son nom imprononçable en latin. À 33 euros le plant, elles devraient être bonnes ! »
« Au départ, les gens du coin n’étaient pas ravis-ravis à l’idée du voisinage avec un séminaire orthodoxe, se souvient Victor. Quelqu’un a même mis le feu à nos ruches. »
« Les socialistes, ça veut toujours construire du logement social ! »
Les autorités d’Epinay n’ont pas non plus accueilli les religieux à bras ouverts. Madame le maire, Christine Scelle-Maury, qui voulait faire construire dans le parc du couvent un complexe de logement social, a commencé par s’opposer : elle s’élevait notamment contre la construction d’une petite église à proximité de l’établissement.
« Vous savez, la maire est socialiste, commente Ion. Et les socialistes, ça veut toujours construire du logement social ! »
Cependant, au fil du temps, l’édile a changé d’avis – et même promis d’assister à la cérémonie de sanctification de l’église. « Une fois l’église prête, on ouvrira le parc au public », assure Victor.
Ion et Victor me montrent l’église en rondins aux coupoles bleues et, à côté, les sept cloches qui attendent leur tour.
« Notre église est arrivée de Toula à Paris dans trois gros camions, souligne Victor. Les ouvriers ont travaillé sans relâche pour la monter en trois semaines. Ils sont repartis juste avant que leurs visas n’expirent ! »
« Des scouts venus faire leurs entraînements ici ont dit que notre église ressemblait à une pagode », s’amuse Ion.
SUITE LE COURRIE DE RUSSIE
« À 6 ans, je voulais entrer en section de foot, se souvient Victor. Mais ma mère m’a emmené à la chorale du monastère Danilov en promettant que si ça ne me plaisait pas, je pourrais aller jouer au ballon. Et chanter m’a tellement plu… Je ne songeais plus qu’à intégrer le séminaire. »
« J’ai aussi commencé parchanter dans un chœur, confie Ion. Mais je n’ai pas aimé du tout ! Ce que je voulais, c’était étudier les sciences naturelles. Je ne suis entré au séminaire d’Odessa que pour faire plaisir à ma mère. Je comptais poursuivre ensuite mes études dans une université laïque. Pourtant, au bout d’un moment, j’ai réalisé que je ne voulais plus aller nulle part ailleurs. »
« Les deux premières années du séminaire sont cruciales, reprend Victor. Au cours de cette période, la détermination du futur prêtre est constamment mise à l’épreuve. Certains comprennent alors qu’ils ne sont pas faits pour la vie de prêtre mais d’autres décident de continuer.»
« Allié » des catholiques
Après le séminaire, Ion et Victor ont poursuivi leur cursus à l’Académie spirituelle de la Laure Saint-Serge, à Moscou. Où ils sont tombés, un jour, sur une annonce du doyen du séminaire Sainte-Geneviève, le père Alexandre Siniakov, invitant tous ceux qui le désiraient à poser leurs candidatures pour étudier en France. Ion et Victor, qui avaient tous deux appris le français dans le passé, ont décidé de tenter leur chance. La liste originelle des candidats était longue, mais elle s’est progressivement raccourcie. De nombreux séminaristes ont en effet retiré leur candidature suite à la campagne d’une partie de la communauté orthodoxe qui accusait le père Alexandre d’être un « allié » des catholiques.
« Sur Internet, des fanatiques accusaient le doyen de s’être vendu à Rome, simplement parce qu’il compte des amis parmi les catholiques », se souvient Ion. Mais les deux jeunes hommes ne se sont pas laissé intimider – et les voilà depuis trois ans déjà à Sainte-Geneviève, ravis de leur choix.
Ils me font faire le tour du parc du séminaire, où de petits sentiers couverts de feuilles fanées contournent les chênes centenaires.
« Là, ce sont les serres qui nous restent des bonnes sœurs, commente Victor. Les moniales permettaient aux habitants d’Epinay d’y faire leurs potagers. Nous poursuivons la tradition et les gens nous offrent des fruits et légumes frais. »
Apercevant un bouleau, je demande si les séminaristes l’ont planté dans un accès de nostalgie. « Non, le bouleau était ici. Mais on a planté des pêches, affirme Ion, tout fier, en montrant l’étiquette de la souche et son nom imprononçable en latin. À 33 euros le plant, elles devraient être bonnes ! »
« Au départ, les gens du coin n’étaient pas ravis-ravis à l’idée du voisinage avec un séminaire orthodoxe, se souvient Victor. Quelqu’un a même mis le feu à nos ruches. »
« Les socialistes, ça veut toujours construire du logement social ! »
Les autorités d’Epinay n’ont pas non plus accueilli les religieux à bras ouverts. Madame le maire, Christine Scelle-Maury, qui voulait faire construire dans le parc du couvent un complexe de logement social, a commencé par s’opposer : elle s’élevait notamment contre la construction d’une petite église à proximité de l’établissement.
« Vous savez, la maire est socialiste, commente Ion. Et les socialistes, ça veut toujours construire du logement social ! »
Cependant, au fil du temps, l’édile a changé d’avis – et même promis d’assister à la cérémonie de sanctification de l’église. « Une fois l’église prête, on ouvrira le parc au public », assure Victor.
Ion et Victor me montrent l’église en rondins aux coupoles bleues et, à côté, les sept cloches qui attendent leur tour.
« Notre église est arrivée de Toula à Paris dans trois gros camions, souligne Victor. Les ouvriers ont travaillé sans relâche pour la monter en trois semaines. Ils sont repartis juste avant que leurs visas n’expirent ! »
« Des scouts venus faire leurs entraînements ici ont dit que notre église ressemblait à une pagode », s’amuse Ion.
SUITE LE COURRIE DE RUSSIE
Le Père Alexandre Siniakov, 31 ans, recteur du séminaire orthodoxe russe Sainte Geneviève à Epinay-sous-Sénart revient sur son enfance dans le Caucase russe, sa vocation, son arrivée en France, l’église orthodoxe, la fondation tumultueuse du séminaire, l’église catholique de France, ses espoirs de réconciliation entre les religions chrétiennes.
Le Courrier de Russie : Parlez-nous de votre enfance.
Père Alexandre Siniakov : Mon père venait d’une famille de cosaques nekrassoviens exilés en Turquie en 1720. Il revint en Union Soviétique en 1962 et devint un Soviétique standard. C’est tout de même extraordinaire, ces gens qui étaient restés à part pendant trois siècles en Turquie et qui en vingt ans devenaient des Soviétiques ! Ma mère venait d’Ukraine. J’ai passé mon enfance dans la région de Stavropol, dans le village de Novokumski, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tchétchène. Pour pouvoir sauter des classes, je faisais le programme de la classe suivante l’été et passais l’examen en septembre. Comme ça, à quinze ans, j’avais fini l’école et je pus partir, en 1997 au monastère Ipatiev de Kostroma. Je savais depuis longtemps que je voulais aller dans un monastère.
Le Courrier de Russie : Parlez-nous de votre enfance.
Père Alexandre Siniakov : Mon père venait d’une famille de cosaques nekrassoviens exilés en Turquie en 1720. Il revint en Union Soviétique en 1962 et devint un Soviétique standard. C’est tout de même extraordinaire, ces gens qui étaient restés à part pendant trois siècles en Turquie et qui en vingt ans devenaient des Soviétiques ! Ma mère venait d’Ukraine. J’ai passé mon enfance dans la région de Stavropol, dans le village de Novokumski, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tchétchène. Pour pouvoir sauter des classes, je faisais le programme de la classe suivante l’été et passais l’examen en septembre. Comme ça, à quinze ans, j’avais fini l’école et je pus partir, en 1997 au monastère Ipatiev de Kostroma. Je savais depuis longtemps que je voulais aller dans un monastère.
LCDR : Quelle fut votre première impression à votre arrivé dans ce monastère ?
P.A.S. : Le sectarisme des gens. Comprenez-moi, dans mon village, j’évoluais parmi les vieux-croyants qui m’avaient baptisé, des orthodoxes, des membres de la secte des Molokanes, eux-mêmes divisés en courants protestants ou payens, des musulmans, des Arméniens. Ce village enseignait la diversité culturelle, ça vous marque pour toute la vie.
LCDR : A quel type de sectarisme faites-vous allusion ?
P.A.S : Des gens qui comprennent mal l’intérêt du dialogue. Nous étions dans les années 90, tout le monde se posait des questions sur l’identité russe post-soviétique mais le plus souvent on assistait à un choc frontal entre ceux qui liaient cette identité à la foi orthodoxe et ceux qui s’y refusaient.
LCDR : Vous parliez d’identité russe, quelle est-elle selon vous ?
P.A.S. : Il n’y en a pas qu’une, elles sont multiples. Une identité russe est évidemment liée à la foi orthodoxe mais il existe aussi une identité russe musulmane ou athée et cette diversité peut être une richesse.
LCDR : Quel fut votre premier contact avec la langue française ?]
P.A.S. : Dès mes 6 ans, j’étais persuadé que j’aimais la France et que je devais parler français. Le directeur du kolkhoze le parlait et a commencé à me donner des cours.
LCDR : C’était l’amour d’une France totalement inconnue, comment s’est passée la première rencontre ?
P.A.S. : Elle n’a fait que confirmer mes sentiments, elle les a développés même…
LCDR : C’est à dire ?
P.A.S. : J’ai été touché par le fait que les Français fassent beaucoup d’effort pour me comprendre et me faire parler, leur enthousiasme à me faire découvrir leur patrimoine, la région PACA, le Lyonnais, le Sud-Est, il y avait chez chacun le désir de me faire découvrir leur région natale.
LCDR : Qu’est-ce qui à votre avis signe la complicité entre les Français et les Russes ?
P.A.S. : Les Français sont parmi le peuples occidentaux les plus intéressés par la Russie et la culture russe.
LCDR : Pourquoi à votre avis ?
P.A.S. : La culture, la littérature, la musique russes ont été popularisées en France et y ont créé un terreau favorable. Il en va de même pour la culture française en Russie. Je pourrais dire la même chose des Italiens mais à un degré moindre. En France, chaque fois que je disais que j’étais russe, j’étais bien accueilli......SUITE Le courrier de russie.com[
P.A.S. : Le sectarisme des gens. Comprenez-moi, dans mon village, j’évoluais parmi les vieux-croyants qui m’avaient baptisé, des orthodoxes, des membres de la secte des Molokanes, eux-mêmes divisés en courants protestants ou payens, des musulmans, des Arméniens. Ce village enseignait la diversité culturelle, ça vous marque pour toute la vie.
LCDR : A quel type de sectarisme faites-vous allusion ?
P.A.S : Des gens qui comprennent mal l’intérêt du dialogue. Nous étions dans les années 90, tout le monde se posait des questions sur l’identité russe post-soviétique mais le plus souvent on assistait à un choc frontal entre ceux qui liaient cette identité à la foi orthodoxe et ceux qui s’y refusaient.
LCDR : Vous parliez d’identité russe, quelle est-elle selon vous ?
P.A.S. : Il n’y en a pas qu’une, elles sont multiples. Une identité russe est évidemment liée à la foi orthodoxe mais il existe aussi une identité russe musulmane ou athée et cette diversité peut être une richesse.
LCDR : Quel fut votre premier contact avec la langue française ?]
P.A.S. : Dès mes 6 ans, j’étais persuadé que j’aimais la France et que je devais parler français. Le directeur du kolkhoze le parlait et a commencé à me donner des cours.
LCDR : C’était l’amour d’une France totalement inconnue, comment s’est passée la première rencontre ?
P.A.S. : Elle n’a fait que confirmer mes sentiments, elle les a développés même…
LCDR : C’est à dire ?
P.A.S. : J’ai été touché par le fait que les Français fassent beaucoup d’effort pour me comprendre et me faire parler, leur enthousiasme à me faire découvrir leur patrimoine, la région PACA, le Lyonnais, le Sud-Est, il y avait chez chacun le désir de me faire découvrir leur région natale.
LCDR : Qu’est-ce qui à votre avis signe la complicité entre les Français et les Russes ?
P.A.S. : Les Français sont parmi le peuples occidentaux les plus intéressés par la Russie et la culture russe.
LCDR : Pourquoi à votre avis ?
P.A.S. : La culture, la littérature, la musique russes ont été popularisées en France et y ont créé un terreau favorable. Il en va de même pour la culture française en Russie. Je pourrais dire la même chose des Italiens mais à un degré moindre. En France, chaque fois que je disais que j’étais russe, j’étais bien accueilli......SUITE Le courrier de russie.com[
Philippe Edel (1)
En octobre 1953 est décédée et discrètement enterrée, à Kinel-Tcherkassy dans la région de Samara, Vera Karlovna Bojanus, celle qui fut – jusqu’à la Révolution d’Octobre – Mère Nina, l’higoumène du monastère Saint-Sauveur et Sainte Euphrosyne de Polotsk. En 2003, pour le cinquantième anniversaire de sa mort, les moniales de Polotsk firent près de deux milles kilomètres pour aller restaurer la tombe de leur ancienne mère supérieure. Elles ont également fait rééditer à Moscou son recueil de pensées : "Наши беседы о жизни" D’où vint et qui fut cette femme qui reste encore aujourd’hui vénérée par sa communauté ?
L’higoumène Nina (1876-1953) était la fille de Karl Karlovitch Bojanus, qui fut un des initiateurs de l’homéopathie en Russie et le premier historien de cette discipline dans l’empire.
Son grand-père, Carl Ludwig Bojanus, négociant à Saint-Pétersbourg, et son grand-oncle, Ludwig Heinrich Bojanus, professeur de sciences naturelles à l’université impériale de Wilna, étaient originaires de Bouxwiller en Alsace, où ils étaient nés et avaient passé leur enfance. A l’époque de leur naissance, l’Alsace était une province française depuis plus d’un siècle mais disposait d’un statut particulier au sein du royaume de France. Elle avait été détachée du Saint Empire romain germanique en 1648 par les traités de Westphalie, ce qui avait permit à la France de prendre pied dans la vallée du Rhin.i[
En octobre 1953 est décédée et discrètement enterrée, à Kinel-Tcherkassy dans la région de Samara, Vera Karlovna Bojanus, celle qui fut – jusqu’à la Révolution d’Octobre – Mère Nina, l’higoumène du monastère Saint-Sauveur et Sainte Euphrosyne de Polotsk. En 2003, pour le cinquantième anniversaire de sa mort, les moniales de Polotsk firent près de deux milles kilomètres pour aller restaurer la tombe de leur ancienne mère supérieure. Elles ont également fait rééditer à Moscou son recueil de pensées : "Наши беседы о жизни" D’où vint et qui fut cette femme qui reste encore aujourd’hui vénérée par sa communauté ?
L’higoumène Nina (1876-1953) était la fille de Karl Karlovitch Bojanus, qui fut un des initiateurs de l’homéopathie en Russie et le premier historien de cette discipline dans l’empire.
Son grand-père, Carl Ludwig Bojanus, négociant à Saint-Pétersbourg, et son grand-oncle, Ludwig Heinrich Bojanus, professeur de sciences naturelles à l’université impériale de Wilna, étaient originaires de Bouxwiller en Alsace, où ils étaient nés et avaient passé leur enfance. A l’époque de leur naissance, l’Alsace était une province française depuis plus d’un siècle mais disposait d’un statut particulier au sein du royaume de France. Elle avait été détachée du Saint Empire romain germanique en 1648 par les traités de Westphalie, ce qui avait permit à la France de prendre pied dans la vallée du Rhin.i[
Bordée par le Rhin à l’Est, les montagnes des Vosges à l’Ouest, le Jura suisse au Sud et la Forêt du Palatinat au Nord, l’Alsace était une petite province de 8.000 km² qui comprenait des villes libres, des seigneuries, ainsi que quelques comtés toujours liés à des princes du Saint Empire. Elle bénéficiait en France d’un statut spécial de franchises fiscales. Elle était ainsi exemptée des droits de douane et des impôts royaux perçus sur la circulation des marchandises. Les marchands alsaciens pouvaient donc commercer librement avec l'étranger mais ils payaient des droits pour les échanges avec les autres provinces françaises. Ce privilège favorisait le maintien de liens étroits avec les autres grandes places commerciales d’Europe, notamment le long du Rhin jusqu’à la mer du Nord et la Baltique.
Contrairement au reste de la France, les luthériens étaient nombreux en Alsace où ils formaient la majorité de l’élite intellectuelle.
Il y avait également d’importants foyers calvinistes et mennonites. Même si la pratique religieuse n’était pas restreinte pour les protestants en Alsace – comme ce fut le cas dans le reste du royaume – le roi de France Louis XIV y avait néanmoins introduit un dispositif spécifique, appelé « Simultaneum », qui obligeait les églises luthériennes à s’ouvrir aux cultes des deux confessions quand au moins sept familles catholiques habitaient dans la paroisse. Plusieurs communautés juives étaient par ailleurs implantées dans la campagne alsacienne. Cette diversité confessionnelle est restée une spécificité alsacienne jusqu’à nos jours.
Si la langue française était surtout utilisée par les représentants de l’autorité royale, par la haute noblesse et par une partie de la bourgeoisie, la pratique de la langue allemande et du dialecte alémanique restait très majoritaire en Alsace, y créant une atmosphère biculturelle. Ainsi, Voltaire qualifia la ville alsacienne où il vécut Colmar avec ironie de « moitié française, moitié allemande et tout à fait iroquoise », tandis que Goethe, étudiant à Strasbourg, évoqua la « elsässische Halbfrankreich » (la « demi-France alsacienne »). Les interférences entre les langues étaient parfois aussi liées à la religion : ainsi, les Bojanus étant de confession luthérienne, leurs actes de naissance ont été enregistrés dans la langue de Luther, d’où la transcription de leurs prénoms en allemand alors que, chez les catholiques, l’état civil paroissial était tenu à cette époque en latin.
Par ailleurs, l’Alsace disposait d’un système éducatif particulièrement remarquable. Strasbourg, deuxième ville universitaire de France en nombre d’étudiants, était dotée d’une académie catholique, avec deux facultés, lettres et théologie, et d’une importante université protestante, dont les facultés de médecine et de droit bénéficiaient d’un rayonnement européen. Parmi les universités françaises, celle de Strasbourg était à la fois la plus cosmopolite et la plus ouverte à l’Europe de l’Est. Si les Français ne constituaient que le quart des effectifs, les étudiants du Saint Empire en représentaient près de 48 % et ceux de Russie 6 %.
Un ancien étudiant polonais de Strasbourg témoigna : « Le nombre d’étrangers qui étaient à Strasbourg pour faire leurs études était prodigieux de mon temps. (…) Les Russes surtout l’emportaient ; il y avait à la fois sept princes Galitzin, deux comtes Stackelberg, un baron Strogonoff, un baron Asch, un comte Tolstoy, un M. de Tolstoy, un Ismaïloff, un Boudlauskoy, deux frères Kollowski, deux frères Voltoratzki, la famille Kroock, un prince Gagarine, un Narischkine, un Mourawief, deux frères Budberg, deux barons Ungern Sternberg, un Berg, deux cousins Manteufel, deux frères Oubril, et plusieurs autres, sans compter ceux qui étudiaient la médecine aux frais de l’impératrice Catherine ». Pour ces derniers, il s’agissait des bourses Galitzine que la tsarine attribuait à la formation des étudiants en médecine. Entre 1765 et 1791, 204 sujets russes se firent immatriculer à l’université de Strasbourg, sans compter ceux qui suivaient les cours en auditeur libre, comme Koutouzov à l’école diplomatique de Schoepflin et Koch.
Ce contexte particulier de l’Alsace imprégnait bien sûr Bouxwiller, la ville natale du grand-père et du grand-oncle de Nina.
La ville est située dans le nord de l’Alsace, à 40 km de Strasbourg. Le site était déjà occupé à l’époque romaine. En 1480, Bouxwiller entra en possession des comtes de Hanau-Lichtenberg qui en firent la capitale du comté, véritable petit Etat avec sa justice et sa monnaie. Les comtes fondèrent un hôpital en 1528, introduisirent la Réforme luthérienne en 1545 et ouvrirent une école latine en 1612. A partir de 1736, les comtes de Hanau-Lichtenberg entrèrent en union personnelle avec les landgraves de Hesse-Darmstadt. Le comté resta cependant partie intégrante du royaume de France. Comprenant 140 villes et villages, dont une douzaine de l’autre côté du Rhin, en pays de Bade, il était administré depuis le château de Bouxwiller, construit en style Renaissance (entièrement détruit à la Révolution française). Bouxwiller bénéficiait du prestige de la landgravine Karoline Henriette de Hesse-Darmstadt (1721-1774), qui résida dans le petit château princier de Bouxwiller pendant plusieurs décennies. Appelée la « grande landgravine » par Goethe, elle entretenait des relations épistolaires et amicales avec les grands poètes et penseurs des Lumières en Allemagne (Aufklärung), tels que Goethe, Herder et Wieland. Notons qu’elle est la mère de la princesse Wilhelmine qui épousa en 1773 le grand-duc Paul, futur tsar Paul Ier.
Contrairement au reste de la France, les luthériens étaient nombreux en Alsace où ils formaient la majorité de l’élite intellectuelle.
Il y avait également d’importants foyers calvinistes et mennonites. Même si la pratique religieuse n’était pas restreinte pour les protestants en Alsace – comme ce fut le cas dans le reste du royaume – le roi de France Louis XIV y avait néanmoins introduit un dispositif spécifique, appelé « Simultaneum », qui obligeait les églises luthériennes à s’ouvrir aux cultes des deux confessions quand au moins sept familles catholiques habitaient dans la paroisse. Plusieurs communautés juives étaient par ailleurs implantées dans la campagne alsacienne. Cette diversité confessionnelle est restée une spécificité alsacienne jusqu’à nos jours.
Si la langue française était surtout utilisée par les représentants de l’autorité royale, par la haute noblesse et par une partie de la bourgeoisie, la pratique de la langue allemande et du dialecte alémanique restait très majoritaire en Alsace, y créant une atmosphère biculturelle. Ainsi, Voltaire qualifia la ville alsacienne où il vécut Colmar avec ironie de « moitié française, moitié allemande et tout à fait iroquoise », tandis que Goethe, étudiant à Strasbourg, évoqua la « elsässische Halbfrankreich » (la « demi-France alsacienne »). Les interférences entre les langues étaient parfois aussi liées à la religion : ainsi, les Bojanus étant de confession luthérienne, leurs actes de naissance ont été enregistrés dans la langue de Luther, d’où la transcription de leurs prénoms en allemand alors que, chez les catholiques, l’état civil paroissial était tenu à cette époque en latin.
Par ailleurs, l’Alsace disposait d’un système éducatif particulièrement remarquable. Strasbourg, deuxième ville universitaire de France en nombre d’étudiants, était dotée d’une académie catholique, avec deux facultés, lettres et théologie, et d’une importante université protestante, dont les facultés de médecine et de droit bénéficiaient d’un rayonnement européen. Parmi les universités françaises, celle de Strasbourg était à la fois la plus cosmopolite et la plus ouverte à l’Europe de l’Est. Si les Français ne constituaient que le quart des effectifs, les étudiants du Saint Empire en représentaient près de 48 % et ceux de Russie 6 %.
Un ancien étudiant polonais de Strasbourg témoigna : « Le nombre d’étrangers qui étaient à Strasbourg pour faire leurs études était prodigieux de mon temps. (…) Les Russes surtout l’emportaient ; il y avait à la fois sept princes Galitzin, deux comtes Stackelberg, un baron Strogonoff, un baron Asch, un comte Tolstoy, un M. de Tolstoy, un Ismaïloff, un Boudlauskoy, deux frères Kollowski, deux frères Voltoratzki, la famille Kroock, un prince Gagarine, un Narischkine, un Mourawief, deux frères Budberg, deux barons Ungern Sternberg, un Berg, deux cousins Manteufel, deux frères Oubril, et plusieurs autres, sans compter ceux qui étudiaient la médecine aux frais de l’impératrice Catherine ». Pour ces derniers, il s’agissait des bourses Galitzine que la tsarine attribuait à la formation des étudiants en médecine. Entre 1765 et 1791, 204 sujets russes se firent immatriculer à l’université de Strasbourg, sans compter ceux qui suivaient les cours en auditeur libre, comme Koutouzov à l’école diplomatique de Schoepflin et Koch.
Ce contexte particulier de l’Alsace imprégnait bien sûr Bouxwiller, la ville natale du grand-père et du grand-oncle de Nina.
La ville est située dans le nord de l’Alsace, à 40 km de Strasbourg. Le site était déjà occupé à l’époque romaine. En 1480, Bouxwiller entra en possession des comtes de Hanau-Lichtenberg qui en firent la capitale du comté, véritable petit Etat avec sa justice et sa monnaie. Les comtes fondèrent un hôpital en 1528, introduisirent la Réforme luthérienne en 1545 et ouvrirent une école latine en 1612. A partir de 1736, les comtes de Hanau-Lichtenberg entrèrent en union personnelle avec les landgraves de Hesse-Darmstadt. Le comté resta cependant partie intégrante du royaume de France. Comprenant 140 villes et villages, dont une douzaine de l’autre côté du Rhin, en pays de Bade, il était administré depuis le château de Bouxwiller, construit en style Renaissance (entièrement détruit à la Révolution française). Bouxwiller bénéficiait du prestige de la landgravine Karoline Henriette de Hesse-Darmstadt (1721-1774), qui résida dans le petit château princier de Bouxwiller pendant plusieurs décennies. Appelée la « grande landgravine » par Goethe, elle entretenait des relations épistolaires et amicales avec les grands poètes et penseurs des Lumières en Allemagne (Aufklärung), tels que Goethe, Herder et Wieland. Notons qu’elle est la mère de la princesse Wilhelmine qui épousa en 1773 le grand-duc Paul, futur tsar Paul Ier.
La famille Bojanus était très liée à l’administration du comté pour laquelle travaillaient tant le père, Johann Jacob Bojanus, greffier des registres forestiers, que les deux grands-pères. Les deux jeunes Bojanus fréquentaient le collège de Bouxwiller, calqué sur le modèle du célèbre Gymnase protestant de Strasbourg, véritable pépinière de fonctionnaires, de médecins et de théologiens. Parmi les disciplines enseignées figuraient les sciences naturelles, ce qui était rare en France. Le programme incluait aussi l’initiation à la lecture des journaux et la rédaction de lettres. L’enseignement de la langue française était étendu à toutes les classes et l’allemand était une manière d’enseignement distincte. Les deux jeunes Bojanus pouvaient donc être destinés à un avenir prometteur en France.
La Révolution française bouleversa cependant leur destin. Dès qu’elle éclata en 1789, des troubles secouèrent Bouxwiller et le comté.
Les actions des révolutionnaires contre la religion et contre le régime particulier de droits locaux choquèrent la majorité de la population. Le landgrave, dépossédé de ses droits comtaux en Alsace, se replia à Darmstadt en 1790 et la situation politique et économique se dégrada fortement dans le comté. Ainsi, quand les troupes impériales envahirent en octobre 1793 le nord de l’Alsace, elles furent accueillies en libérateurs, tant le mécontentement de la population était fort. En novembre de la même année, l’invasion fut cependant arrêtée, puis rejetée derrière la frontière. Les menaces de représailles, voire d’exécutions sommaires, ne se firent pas attendre.
Le représentant du gouvernement révolutionnaire Jean-Baptiste Lacoste, en mission à Bouxwiller, écrivit en novembre 1793 en parlant de l’Alsace : « La seule mesure à prendre est de guillotiner le quart des habitants de cette contrée et de ne conserver que ceux qui ont pris une part active à la Révolution, chasser le surplus et séquestrer leurs biens. » Une énorme panique s’empara alors des habitants des territoires envahis. Plus d’un demi-millier d’habitants de Bouxwiller – dont la famille Bojanus – prirent la fuite, entraînant un exode massif des populations des villages voisins qui trouvèrent refuge sur la rive allemande du Rhin. Le mouvement, que l’on appela la « Grande Fuite » prit une proportion phénoménale. Ce furent entre 25 000 et 30 000 hommes, femmes et enfants, qui se bousculèrent sur les routes. Ainsi, sur les 87 départements français de l’époque, celui du Bas-Rhin (l’Alsace du Nord) compta – et de loin – le plus grand nombre d’émigrés.....SUITE
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(1) Philippe Edel est membre du Conseil de la Faculté d’histoire de l’Université de Strasbourg et secrétaire de l’Union Internationale des Alsaciens.
- Игумения Нина (Боянус) Наши беседы о жизни. Жизнеoписание, письма, воспоминания. Москва. Издательство Сретенского монастыря, 2004 Igoumenia Nina (Bojanus), Nachi bessedy o jizni. Jizneopissanie, pisma, vospominanija, Moskva, Izdatelstvo Sretensky Monastyr, 2004
- Philippe Edel, « La saga des Bojanus », Les Saisons d’Alsace, n°47, Strasbourg, Editions des Dernières Nouvelles d’Alsace, février 2011.
Игумения Нина (Боянус): строгость, простота и открытость миру
La Révolution française bouleversa cependant leur destin. Dès qu’elle éclata en 1789, des troubles secouèrent Bouxwiller et le comté.
Les actions des révolutionnaires contre la religion et contre le régime particulier de droits locaux choquèrent la majorité de la population. Le landgrave, dépossédé de ses droits comtaux en Alsace, se replia à Darmstadt en 1790 et la situation politique et économique se dégrada fortement dans le comté. Ainsi, quand les troupes impériales envahirent en octobre 1793 le nord de l’Alsace, elles furent accueillies en libérateurs, tant le mécontentement de la population était fort. En novembre de la même année, l’invasion fut cependant arrêtée, puis rejetée derrière la frontière. Les menaces de représailles, voire d’exécutions sommaires, ne se firent pas attendre.
Le représentant du gouvernement révolutionnaire Jean-Baptiste Lacoste, en mission à Bouxwiller, écrivit en novembre 1793 en parlant de l’Alsace : « La seule mesure à prendre est de guillotiner le quart des habitants de cette contrée et de ne conserver que ceux qui ont pris une part active à la Révolution, chasser le surplus et séquestrer leurs biens. » Une énorme panique s’empara alors des habitants des territoires envahis. Plus d’un demi-millier d’habitants de Bouxwiller – dont la famille Bojanus – prirent la fuite, entraînant un exode massif des populations des villages voisins qui trouvèrent refuge sur la rive allemande du Rhin. Le mouvement, que l’on appela la « Grande Fuite » prit une proportion phénoménale. Ce furent entre 25 000 et 30 000 hommes, femmes et enfants, qui se bousculèrent sur les routes. Ainsi, sur les 87 départements français de l’époque, celui du Bas-Rhin (l’Alsace du Nord) compta – et de loin – le plus grand nombre d’émigrés.....SUITE
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(1) Philippe Edel est membre du Conseil de la Faculté d’histoire de l’Université de Strasbourg et secrétaire de l’Union Internationale des Alsaciens.
- Игумения Нина (Боянус) Наши беседы о жизни. Жизнеoписание, письма, воспоминания. Москва. Издательство Сретенского монастыря, 2004 Igoumenia Nina (Bojanus), Nachi bessedy o jizni. Jizneopissanie, pisma, vospominanija, Moskva, Izdatelstvo Sretensky Monastyr, 2004
- Philippe Edel, « La saga des Bojanus », Les Saisons d’Alsace, n°47, Strasbourg, Editions des Dernières Nouvelles d’Alsace, février 2011.
Игумения Нина (Боянус): строгость, простота и открытость миру
Nous apprenons qu’une nouvelle audience de la Cour de cassation est fixée pour le 26 février pour examiner le pourvoi de l’ACOR Nice.
Depuis l’arrivée du nouveau patriarche orthodoxe copte, les Eglises chrétiennes en Egypte se rapprochent. 118e successeur de l’apôtre Marc sur le trône d’Alexandrie, le pape Tawadros II, intronisé le 18 novembre dernier à la cathédrale Saint-Marc, au Caire, fait montre d’une grande sensibilité œcuménique, dans un moment où la société égyptienne est sous tension en raison de la pression islamiste.
Le nouveau climat d’ouverture et de collaboration qui s’est instauré ces derniers mois entre les différentes communautés chrétiennes égyptiennes pourrait conduire prochainement à l’institution d’un Conseil des Eglises chrétiennes en Egypte. Mgr Botros Fahim Awad Hanna a fait part de ces nouveaux développements à l’agence d’information vaticane Fides. L’évêque auxiliaire d’Alexandrie des coptes catholiques ajoute qu’une telle intention partagée pourrait se préciser à l’occasion de l’imminente semaine de prière pour l’unité des chrétiens, célébrée du 18 au 25 janvier.
Le nouveau climat d’ouverture et de collaboration qui s’est instauré ces derniers mois entre les différentes communautés chrétiennes égyptiennes pourrait conduire prochainement à l’institution d’un Conseil des Eglises chrétiennes en Egypte. Mgr Botros Fahim Awad Hanna a fait part de ces nouveaux développements à l’agence d’information vaticane Fides. L’évêque auxiliaire d’Alexandrie des coptes catholiques ajoute qu’une telle intention partagée pourrait se préciser à l’occasion de l’imminente semaine de prière pour l’unité des chrétiens, célébrée du 18 au 25 janvier.
Nombreuses rencontres entre les représentants des confessions chrétiennes
"Récemment, notamment pour aider à un discernement commun des faits et des phénomènes liés au ‘printemps arabe’ - explique Mgr Botros Fahim Awad Hanna - ont eu lieu plus de 10 rencontres entre les représentants des différentes confessions chrétiennes. Il s’agit maintenant de rédiger les statuts d’un organisme qui exprime une position partagée des chrétiens égyptiens, surtout dans le domaine des questions politiques et sociales".
Le nouveau climat de dialogue et de proximité entre les chrétiens a reçu une contribution décisive du patriarche Tawadros II. Le 8 janvier, le pape des coptes orthodoxes a accueilli le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales lors de sa visite en Egypte. SUITE Apic
"Récemment, notamment pour aider à un discernement commun des faits et des phénomènes liés au ‘printemps arabe’ - explique Mgr Botros Fahim Awad Hanna - ont eu lieu plus de 10 rencontres entre les représentants des différentes confessions chrétiennes. Il s’agit maintenant de rédiger les statuts d’un organisme qui exprime une position partagée des chrétiens égyptiens, surtout dans le domaine des questions politiques et sociales".
Le nouveau climat de dialogue et de proximité entre les chrétiens a reçu une contribution décisive du patriarche Tawadros II. Le 8 janvier, le pape des coptes orthodoxes a accueilli le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales lors de sa visite en Egypte. SUITE Apic
Traduction et mis en forme pour "Parlons d'orthodoxie" Vladimir GOLOVANOW
C'est sous se titre accrocheur que "Rosbalt.ru" publie une interview intéressante (1) de Serge Tchapnine (2) sur le bilan de l'année 2012. En voici résumés les points essentiels.
Après 20 ans de "renaissance religieuse"
2012 clos la période de renaissance de l'Eglise en Russie et nous entamons une nouvelle étape de relations entre l'Eglise et la société. L'Eglise n'a pas cherché l'impossible, renouer avec la tradition brisée en 1917, mais elle a voulu utiliser les possibilités qui s'ouvrent dans le monde moderne en entrant de façon créative dans l'ère postmoderne.
Cela me fait sourire quand j'entends dire que l'Orthodoxie devient une religion d'état. Voyez donc ce qui se passe dans l'église prés de chez vous, comment vit le recteur, ce que devient l'enseignement des fondements de l'Orthodoxie ou l'introduction d'aumôniers dans les forces armées, et vous verrez disparaitre toute illusion de "religion d'état". L'état cherche à utiliser l'Eglise, mais en aucune façon à l'aider! Nous constatons des échecs sur toute la ligne: oui, de la compréhension au plus haut niveau, et une multitude d'exemples de sabotage de ces décisions par les fonctionnaires intermédiaires (3). Nous somme encore très loin de relations normales, d'un partenariat entre l'Eglise et l'état, et j'ai l'impression que les fonctionnaires soviétiques s'auto-reproduisent même parmi les jeunes générations qui n'ont pas connues l'URSS.
C'est sous se titre accrocheur que "Rosbalt.ru" publie une interview intéressante (1) de Serge Tchapnine (2) sur le bilan de l'année 2012. En voici résumés les points essentiels.
Après 20 ans de "renaissance religieuse"
2012 clos la période de renaissance de l'Eglise en Russie et nous entamons une nouvelle étape de relations entre l'Eglise et la société. L'Eglise n'a pas cherché l'impossible, renouer avec la tradition brisée en 1917, mais elle a voulu utiliser les possibilités qui s'ouvrent dans le monde moderne en entrant de façon créative dans l'ère postmoderne.
Cela me fait sourire quand j'entends dire que l'Orthodoxie devient une religion d'état. Voyez donc ce qui se passe dans l'église prés de chez vous, comment vit le recteur, ce que devient l'enseignement des fondements de l'Orthodoxie ou l'introduction d'aumôniers dans les forces armées, et vous verrez disparaitre toute illusion de "religion d'état". L'état cherche à utiliser l'Eglise, mais en aucune façon à l'aider! Nous constatons des échecs sur toute la ligne: oui, de la compréhension au plus haut niveau, et une multitude d'exemples de sabotage de ces décisions par les fonctionnaires intermédiaires (3). Nous somme encore très loin de relations normales, d'un partenariat entre l'Eglise et l'état, et j'ai l'impression que les fonctionnaires soviétiques s'auto-reproduisent même parmi les jeunes générations qui n'ont pas connues l'URSS.
Le passé soviétique ressort sans cesse et une religion postsoviétique laïque s'est formée ces dernières années, avec ses rituels et pratiques religieuses. Ainsi le vice-premier ministre a raconté qu'il n'a pas pu signer l'annulation d'actes réglementaires datant de 1918, 1920 et 1931 qui contredisent la législation actuelle "parce que les deux premiers étaient signés par Lénine". "Je considère qu'il est blasphématoire d'annuler quelque chose qui a été signé par Lénine" a-t-il ajouté (4). Et je vous assure que cet exemple n'est pas unique.
Nous sommes loin de la coopération avec l'état
Ce n'est pas parce qu'il y a de bonnes relations entre le Patriarche et le Président Poutine, ou entre des gouverneurs et les évêques diocésains, que le système de relations entre l'Eglise et l'état ne boite pas de toutes ses quatre pates! Cela ne peut être simplement une question de relations personnelles: il faut créer un nouveau mécanisme de relations et là nous pouvons affirmer clairement que l'état n'en veut pas, qu'il répond avec énormément de réticence à toutes les demandes de l'Eglise.
Heureusement, à tous petits pas, une société civile apparait malgré tout dans notre pays, et parmi les initiatives civiles qui règlent des problèmes concrets au plan régional il y en a naturellement qui concernent l'Eglise. Mais l'état a plutôt peur des œuvres de bienfaisance, des volontaires, des initiatives sociales. Et les organisations ecclésiales en souffrent: par exemple, les paroissiens d'une église de Moscou nourrissent depuis des années des sans-abris prés d'une gare, Et régulièrement apparaissent des obstacles: là c'est interdit, ici ce n'est pas autorisé…
Et prenons l'athéisme qui imprègne tous les manuels scolaire! Il y a un seul cours, optionnel, avec un contenu chrétien (5) alors que tous les autres restent fondamentalement athées. J'ai un enfant en 5ème (6): son manuel d'histoire parle des "mythes bibliques"! On ne pourrait pas traiter plus poliment la foi des Chrétiens? Non! Impossible! Nous ne savons pas faire.
La différenciation dans l'Eglise
L'opinion s'est rendue compte en 2012 que l'Eglise n'est pas un bloc monolithique, mais qu'elle est traversée pas des opinons divergentes sur les questions de société. On semble dire "je ne fait pas confiance à tous dans l'Eglise, mais seulement à ceux à qui je suis prêt à reconnaitre un ascendant moral." Et pour moi ce n'est pas faux: il ne faut pas prendre toute l'Eglise, dans son état actuel, pour la perfection. Et on constate que l'Eglise est effectivement composée de groupes qui sont dans une situation de "guerre froide" entre eux. On pourrait dire en fait que les Orthodoxes se partagent en trois courants: les "légitimistes", les "libéraux-conservateurs" et ceux qui ne s'intéressent ni à la politique ni même à la vie sociale
Pour ce qui concerne les "légitimistes" : tous comprennent que la monarchie est impossible en Russie. Il n'y a pas de candidat valable même si, pour certains Orthodoxes, Poutine est perçu comme "un ersatz de monarque". Mais même ceux qui prétendent soutenir Poutine sans réserve s'opposent en fait au pouvoir: il y a parmi eux les deux puissants courants de ceux qui s'opposent à la "justice des mineurs" (7) et au "numéro d'identification universel" (8). Ces deux mouvements représentent des centaines, voire des milliers de personnes et on y voit là clairement une contradiction: les fondamentalistes disent soutenir Poutine mais s'opposent frontalement à ses projets de réformes prioritaires. Ils imaginent l'image du "bon tsar" mais qui est mal informé et mal entouré. C'est cette dualité de perception qui empêche les légitimistes de devenir une véritable force politique.
Pour les "libéraux conservateurs" (terminologie que Serge Tchapnine trouve plus appropriée que "libéraux" tout court), il s'agit en fait des intellectuels religieux qui sont eux-mêmes partagés entre différents points de vue. Mais certains se demandent carrément si une intelligentsia a sa place dans l'Eglise et les avis des hiérarques sont partagés: les uns coïncidèrent qu'il faut dialoguer avec l'intelligentsia religieuse et non-religieuse, mais les autres pensent que c'est de l'intelligentsia que provient tout le mal, "ils ont crucifié le Christ" en leur temps et l'Eglise n'en a pas besoin…
C'est là en fait une question essentielle que les catholiques se posent aussi depuis plus de dix ans avec benoit XVI. C'est la question de la relation entre la foi et la raison. La foi ne doit pas être mythologisée et emprisonner l'homme. Au contraire, la foi – c'est la voie de la liberté, et donc c'est la voie de la raison. Je pense que l'église ignore depuis 20 ans les questions de la raison et refuse de chercher les réponses à certains questionnements, les solutions à certains problèmes. Il s'est ainsi accumulé trop de ces "questions repoussées à plus tard" et cela "nous retombe dessus". Nous devons maintenant trouver un nouveau langage pour réexpliquer des choses qui semblent claires… et c'est toujours très pénible!
Une tradition à réinventer
Nous vivons tous sur les bases de l'époque soviétique, la seule que nous connaissons, que nous pouvons sentir, et pour ceux qui vivent dans ce paradigme et se disent Orthodoxes se pose douloureusement la question de la tradition. Que signifie tradition orthodoxe? Seules les traditions soviétiques sont vivantes, car celles que nous voudrions avoir sont mortes en 70 ans et se sont transformées en mythes pieux. Pour les ressusciter il faut de la créativité, mais nous faisons en fait du postmoderne, une espèce de fiction, de jeu de rôle. Cela n'est pas une vraie tradition vivante.
Avant 1917 les croyants étaient principalement des paysans, et les traditions étaient basées sur la vie paysanne. La résurrection actuelle de l'Eglise est principalement pour des villes de plusieurs millions d'habitants, Moscou, St. Petersbourg, Nijni Novgorod. Prenons par exemple les gens qui passent quotidiennement 2-4-5 heures en transports, il s'agit de centaines de milliers. Ils n'ont pas le temps de lire un livre à la maison: comment voulez-vous qu'ils trouvent le temps pour les "traditionnelles" prières du matin et du soir? Les lire dans le métro? Mais prier dans les transports en commun n'est pas évident! Nous prions traditionnellement devant nos icônes et c'est devenu un luxe inatteignable pour un grand nombre! Quand à ceux qui sont au volant, ils ne lisent pas mais écoutent des cassettes... C'est toute une tradition à réinventer!
Par ailleurs on communie beaucoup plus souvent qu'avant, les églises sont pleines d'enfants alors qu'avant 1917 il n'y avait même pas d'écoles du dimanche... Tout cela demande de nouvelles structures d'accueil qui ne sont pas prévues ne fut-ce que par l'architecture des églises…
Et la question des carêmes! Il y a bien des entreprises qui accèdent à la demande des salariés et servent des plats maigres dans les cantines. Mais que faire quand ce n'est pas le cas? On ne peut pas toujours s'arranger avec une gamelle et les confesseurs généralement l'admettent.
Nous avons bien avancé dans la compréhension des offices: nous officions toujours en slavons, mais il y a de plus en plus de traductions en langues nationales (dernièrement en yakoute). Il y a aussi de plus en plus d'offices télévisés; les transmissions sont faites de la nef et du sanctuaire, avec d'excellents commentaires, contrôlés par des théologiens. C'était inimaginable avant!
Tout cela illustre ma thèse: nous devons non pas revenir aux traditions du XVe ou du XIXe siècles mais aller résolument de l'avant. Plonger la vie ecclésiale dans la vie de la société contemporaine. Il faut créer les conditions qui permettront à l'habitant actuel d'une grande ville de se sentir chez lui à l'église. Il faut le carême, il faut l'effort de l'ascèse chrétienne, mais il faut qu'avec tout cela le Chrétien ressente ses "avantages concurrentiels", sa voie vers la liberté, justement, comme l'enseigne l'Evangile, en unissant la foi et la raison.
Note du rédacteur
(1) Rosbalt
(2) Serge Tchapnine
(3) J'ai été personnellement témoin de cela dans les structures organisant les jeunes, où les fonctionnaires font tout leur possible pour empêcher l'Eglise d'approcher des enfants en défavorisant systématiquement toutes les organisations à base religieuse.
(4) Cf.
(5) Cf.
(6) Notre CM2
(7) La nouvelle législation sur les mineurs traite des crimes et délits commis par ou à l'encontre de mineurs et encadre les droits et obligations des parents et des enfants. Elle suscite l'opposition des traditionalistes qui y voient une atteinte aux règles familiales traditionnelles.
(8) Les opposants s'opposent à un "fichage" universel et brandissent un argument numérologique basé sur le nombre apocalyptique de la Bête (666).
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Serge Tchapnine - 11 Résultats pour votre recherche sur Parlons d'orthodoxie
Nous sommes loin de la coopération avec l'état
Ce n'est pas parce qu'il y a de bonnes relations entre le Patriarche et le Président Poutine, ou entre des gouverneurs et les évêques diocésains, que le système de relations entre l'Eglise et l'état ne boite pas de toutes ses quatre pates! Cela ne peut être simplement une question de relations personnelles: il faut créer un nouveau mécanisme de relations et là nous pouvons affirmer clairement que l'état n'en veut pas, qu'il répond avec énormément de réticence à toutes les demandes de l'Eglise.
Heureusement, à tous petits pas, une société civile apparait malgré tout dans notre pays, et parmi les initiatives civiles qui règlent des problèmes concrets au plan régional il y en a naturellement qui concernent l'Eglise. Mais l'état a plutôt peur des œuvres de bienfaisance, des volontaires, des initiatives sociales. Et les organisations ecclésiales en souffrent: par exemple, les paroissiens d'une église de Moscou nourrissent depuis des années des sans-abris prés d'une gare, Et régulièrement apparaissent des obstacles: là c'est interdit, ici ce n'est pas autorisé…
Et prenons l'athéisme qui imprègne tous les manuels scolaire! Il y a un seul cours, optionnel, avec un contenu chrétien (5) alors que tous les autres restent fondamentalement athées. J'ai un enfant en 5ème (6): son manuel d'histoire parle des "mythes bibliques"! On ne pourrait pas traiter plus poliment la foi des Chrétiens? Non! Impossible! Nous ne savons pas faire.
La différenciation dans l'Eglise
L'opinion s'est rendue compte en 2012 que l'Eglise n'est pas un bloc monolithique, mais qu'elle est traversée pas des opinons divergentes sur les questions de société. On semble dire "je ne fait pas confiance à tous dans l'Eglise, mais seulement à ceux à qui je suis prêt à reconnaitre un ascendant moral." Et pour moi ce n'est pas faux: il ne faut pas prendre toute l'Eglise, dans son état actuel, pour la perfection. Et on constate que l'Eglise est effectivement composée de groupes qui sont dans une situation de "guerre froide" entre eux. On pourrait dire en fait que les Orthodoxes se partagent en trois courants: les "légitimistes", les "libéraux-conservateurs" et ceux qui ne s'intéressent ni à la politique ni même à la vie sociale
Pour ce qui concerne les "légitimistes" : tous comprennent que la monarchie est impossible en Russie. Il n'y a pas de candidat valable même si, pour certains Orthodoxes, Poutine est perçu comme "un ersatz de monarque". Mais même ceux qui prétendent soutenir Poutine sans réserve s'opposent en fait au pouvoir: il y a parmi eux les deux puissants courants de ceux qui s'opposent à la "justice des mineurs" (7) et au "numéro d'identification universel" (8). Ces deux mouvements représentent des centaines, voire des milliers de personnes et on y voit là clairement une contradiction: les fondamentalistes disent soutenir Poutine mais s'opposent frontalement à ses projets de réformes prioritaires. Ils imaginent l'image du "bon tsar" mais qui est mal informé et mal entouré. C'est cette dualité de perception qui empêche les légitimistes de devenir une véritable force politique.
Pour les "libéraux conservateurs" (terminologie que Serge Tchapnine trouve plus appropriée que "libéraux" tout court), il s'agit en fait des intellectuels religieux qui sont eux-mêmes partagés entre différents points de vue. Mais certains se demandent carrément si une intelligentsia a sa place dans l'Eglise et les avis des hiérarques sont partagés: les uns coïncidèrent qu'il faut dialoguer avec l'intelligentsia religieuse et non-religieuse, mais les autres pensent que c'est de l'intelligentsia que provient tout le mal, "ils ont crucifié le Christ" en leur temps et l'Eglise n'en a pas besoin…
C'est là en fait une question essentielle que les catholiques se posent aussi depuis plus de dix ans avec benoit XVI. C'est la question de la relation entre la foi et la raison. La foi ne doit pas être mythologisée et emprisonner l'homme. Au contraire, la foi – c'est la voie de la liberté, et donc c'est la voie de la raison. Je pense que l'église ignore depuis 20 ans les questions de la raison et refuse de chercher les réponses à certains questionnements, les solutions à certains problèmes. Il s'est ainsi accumulé trop de ces "questions repoussées à plus tard" et cela "nous retombe dessus". Nous devons maintenant trouver un nouveau langage pour réexpliquer des choses qui semblent claires… et c'est toujours très pénible!
Une tradition à réinventer
Nous vivons tous sur les bases de l'époque soviétique, la seule que nous connaissons, que nous pouvons sentir, et pour ceux qui vivent dans ce paradigme et se disent Orthodoxes se pose douloureusement la question de la tradition. Que signifie tradition orthodoxe? Seules les traditions soviétiques sont vivantes, car celles que nous voudrions avoir sont mortes en 70 ans et se sont transformées en mythes pieux. Pour les ressusciter il faut de la créativité, mais nous faisons en fait du postmoderne, une espèce de fiction, de jeu de rôle. Cela n'est pas une vraie tradition vivante.
Avant 1917 les croyants étaient principalement des paysans, et les traditions étaient basées sur la vie paysanne. La résurrection actuelle de l'Eglise est principalement pour des villes de plusieurs millions d'habitants, Moscou, St. Petersbourg, Nijni Novgorod. Prenons par exemple les gens qui passent quotidiennement 2-4-5 heures en transports, il s'agit de centaines de milliers. Ils n'ont pas le temps de lire un livre à la maison: comment voulez-vous qu'ils trouvent le temps pour les "traditionnelles" prières du matin et du soir? Les lire dans le métro? Mais prier dans les transports en commun n'est pas évident! Nous prions traditionnellement devant nos icônes et c'est devenu un luxe inatteignable pour un grand nombre! Quand à ceux qui sont au volant, ils ne lisent pas mais écoutent des cassettes... C'est toute une tradition à réinventer!
Par ailleurs on communie beaucoup plus souvent qu'avant, les églises sont pleines d'enfants alors qu'avant 1917 il n'y avait même pas d'écoles du dimanche... Tout cela demande de nouvelles structures d'accueil qui ne sont pas prévues ne fut-ce que par l'architecture des églises…
Et la question des carêmes! Il y a bien des entreprises qui accèdent à la demande des salariés et servent des plats maigres dans les cantines. Mais que faire quand ce n'est pas le cas? On ne peut pas toujours s'arranger avec une gamelle et les confesseurs généralement l'admettent.
Nous avons bien avancé dans la compréhension des offices: nous officions toujours en slavons, mais il y a de plus en plus de traductions en langues nationales (dernièrement en yakoute). Il y a aussi de plus en plus d'offices télévisés; les transmissions sont faites de la nef et du sanctuaire, avec d'excellents commentaires, contrôlés par des théologiens. C'était inimaginable avant!
Tout cela illustre ma thèse: nous devons non pas revenir aux traditions du XVe ou du XIXe siècles mais aller résolument de l'avant. Plonger la vie ecclésiale dans la vie de la société contemporaine. Il faut créer les conditions qui permettront à l'habitant actuel d'une grande ville de se sentir chez lui à l'église. Il faut le carême, il faut l'effort de l'ascèse chrétienne, mais il faut qu'avec tout cela le Chrétien ressente ses "avantages concurrentiels", sa voie vers la liberté, justement, comme l'enseigne l'Evangile, en unissant la foi et la raison.
Note du rédacteur
(1) Rosbalt
(2) Serge Tchapnine
(3) J'ai été personnellement témoin de cela dans les structures organisant les jeunes, où les fonctionnaires font tout leur possible pour empêcher l'Eglise d'approcher des enfants en défavorisant systématiquement toutes les organisations à base religieuse.
(4) Cf.
(5) Cf.
(6) Notre CM2
(7) La nouvelle législation sur les mineurs traite des crimes et délits commis par ou à l'encontre de mineurs et encadre les droits et obligations des parents et des enfants. Elle suscite l'opposition des traditionalistes qui y voient une atteinte aux règles familiales traditionnelles.
(8) Les opposants s'opposent à un "fichage" universel et brandissent un argument numérologique basé sur le nombre apocalyptique de la Bête (666).
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Serge Tchapnine - 11 Résultats pour votre recherche sur Parlons d'orthodoxie
Le président Vladimir Poutine vient de nommer Alexandre Avdéev, l’ex- ministre de la culture ambassadeur auprès du Saint-Siège et représentant de la Fédération auprès de l’Ordre de Malte
Récemment l’âge limite des personnels de la fonction publiques a été porté à 70 ans ce qui a permis cette nomination car l’ambassadeur Avdéev est âgé de 67 ans.
L’higoumène Philarète (Boulekov) vice-président du DREE du patriarcat de Moscou, le poste d’ambassadeur de Russie au Vatican est attribué sans consultations préalables avec le patriarcat de Moscou, « nous connaissons bien Alexandre Avdéev quelqu’un de très compétent dans les affaires de l’Eglise. Son long séjour en France lui a permis de bien connaître l’Eglise catholique. Izvestia
Récemment l’âge limite des personnels de la fonction publiques a été porté à 70 ans ce qui a permis cette nomination car l’ambassadeur Avdéev est âgé de 67 ans.
L’higoumène Philarète (Boulekov) vice-président du DREE du patriarcat de Moscou, le poste d’ambassadeur de Russie au Vatican est attribué sans consultations préalables avec le patriarcat de Moscou, « nous connaissons bien Alexandre Avdéev quelqu’un de très compétent dans les affaires de l’Eglise. Son long séjour en France lui a permis de bien connaître l’Eglise catholique. Izvestia
Dans un commentaire récent "Irénée" a fait une très intéressante analyse que je voudrais reprendre in extenso avec mes titres et quelques commentaires in fine. (V.G)
1% de "convertis"?
…Nous avons déjà eu des échanges ici sur cette question (1) qui n'a, en fait, jamais été étudiée d'une manière sérieuse. Nous n'avons pas ici les moyens de la faire... (2)
Mais il faut cependant prendre cette question très au sérieux. Le chiffre de 1% proposé par le père Serge ne me semble correspondre à rien (3). Si ce 'n'est peut être le pourcentage de convertis par rapport au nombre total de chrétiens orthodoxes issus des émigrations. Mais comme environ 5% d'entre eux fréquente régulièrement une paroisse, cela impliquerait que 20 % des personnes actives et présentes régulièrement dans les paroisses seraient converties(4). Ce chiffre me semble plus conforme à ce l'on peut observer.
1% de "convertis"?
…Nous avons déjà eu des échanges ici sur cette question (1) qui n'a, en fait, jamais été étudiée d'une manière sérieuse. Nous n'avons pas ici les moyens de la faire... (2)
Mais il faut cependant prendre cette question très au sérieux. Le chiffre de 1% proposé par le père Serge ne me semble correspondre à rien (3). Si ce 'n'est peut être le pourcentage de convertis par rapport au nombre total de chrétiens orthodoxes issus des émigrations. Mais comme environ 5% d'entre eux fréquente régulièrement une paroisse, cela impliquerait que 20 % des personnes actives et présentes régulièrement dans les paroisses seraient converties(4). Ce chiffre me semble plus conforme à ce l'on peut observer.
Catégories différentes:
Il y a ensuite différentes catégories, pas très facile à identifier...
Tout d'abord toutes les personnes qui sont entrées dans la communion de l'Eglise à la suite d'une démarche personnelle de recherche. Parfois ces personnes ont rencontré dans une paroisse une personne issue de l'émigration, et il y a eu mariage... Il y a aussi des personnes à l'origine catholiques romaines (ou protestantes, ou athées...) et qui ont épousé des orthodoxes. Le passage à l'Eglise a pu se faire avant ou bien des années après le mariage.
N'oublions pas aussi de très nombreux inclassables, comme des jeunes qui ont entre 15 et 30 ans et dont les parents (ou grands parents !), français d'origine, avaient rejoint l'orthodoxie il y a entre 10 et 40 ans...à quelle catégorie appartiennent-ils ?
J'avais également ici l'an dernier fait part du fait que le clergé (prêtres, diacres, ou les moines et moniales dans les monastères) doit être composé à plus de 30% de personnes converties. Cela donne à réfléchir à la fois sur le sérieux de l'engagement dans l'Eglise de ces personnes, et sur le manque d'engagement des hommes et femmes adultes issues des différentes immigrations (5).
Juridiction indifférente?
Je voudrais enfin vous faire part d'une observation. Dans les paroisses de province, les émigrants récents venant de Géorgie, d'Ukraine, de Roumanie ou d'ailleurs semblent tellement heureux de trouver une communauté paroissiale qui les reçoit, qui pourra les marier, baptiser leurs enfants etc. que la question de nationalité me semble pour eus extrêmement secondaire. Ils cherchent (et trouvent !) une paroisse orthodoxe, canoniquement sûre, dans laquelle ils rencontrent des croyants de toutes origines nationales ou culturelles et les choses se passent au mieux !
Je suis même persuadé que dans de nombreuses paroisses, beaucoup de paroissiens ne savent même pas très précisément dans quelle juridiction ils sont ! Ils ont la certitude d'être dans une église orthodoxe et cela leur suffit... (6)
Notes et commentaires du rédacteur (VG)
(1) En particulier le commentaire 1 du 17/10/2010 d'Irénée sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html
(2) En effet, tous les chiffres que nous pouvons donner ne sont que des estimations personnelles que nous devons prendre avec la plus extrême modestie. Il serait passionnant que l'AEOF lance une enquête et le fait d'avoir centralisé un annuaire est prometteur…
(3) "Même durant les vingt-cinq ans d’existence de la Mission orthodoxe belge, et à l’époque d’une crise profonde dans l’Église catholique au sortir du concile Vatican II, le nombre de «convertis» en Belgique ne s’éleva pas à plus de quelques dizaines (au mieux, centaines) de personnes ; aujourd’hui, le nombre de Belges « de souche » devenus orthodoxes avoisine peut-être le millier (toutes générations et juridictions confondues). (…) En réalité, les chiffres des pays voisins sont tout à fait comparables (France : trois mille «convertis» environ, Grande-Bretagne : deux à trois mille, soit, à chaque fois, environ 1 % des orthodoxes des pays concernés" (Père Serge Model. Ibid.) Voilà à quoi correspond ce 1%. Je pense qu'il fait référence au nombre total de baptisés.
(4) Là, pour le coup, ces chiffres de 5 et 20% ne me semblent pas vraiment justifiés: dans le commentaire cité en (1) Irénée écrivait que "moins de 10 % fréquentent régulièrement une paroisse, si ce n'est à Pâques", sans plus de justification. Mais qu'entend-on par "fréquentent régulièrement"? Tous les jours? Semaines? Mois??? Et la communion? En tout cas dans les 4-5 paroisses que je connais (Lyon, Paris, Biarritz, Genève …) les "convertis" ne représentent pas plus de 10%, et beaucoup moins dans les grandes paroisses des grandes villes… Je parle de paroisses "russes" (Moscou ou Daru), mais j'ai entendu le même type d'estimation à propos des autres juridictions, avec l'exception des paroisses "francophones" (2 sur 9 à Lyon…) où il y aurait plus de "convertis".
(5) Je suis assez d'accord sur les différentes catégories d'Orthodoxes de souches et le chiffre de 30% pour le clergé me semble assez juste (dans le commentaire cité Irénée souligne en particulier, et à juste titre, les fondations de monastères…) et ce nombre de vocations me semble clairement indiquer un prochain tournant et un probable accroissement du nombre des Orthodoxes de souche autochtone, comme le montre l'exemple du doyenné de l'Eglise Serbe dans le Sud Ouest (http://www.monasteresaintgeny.fr/).
(6) Là j'émets clairement un fort doute: ce qu'écrit Irénée est vrai quand il n'y a aucun choix à plus de 100Km à la ronde. Mais dès qu'une possibilité apparait beaucoup se précipitent vers la paroisse de leur Eglise autocéphale d'origine: des grenoblois vont chercher le patriarcat de Moscou à Lyon ou Genève, des Picards vont à Mons, à Montpellier ils créent leur paroisse… Je parle des Russes que je connais particulièrement, mais la même chose se passe pour les Roumains, Serbes, Bulgares, Grecs, Géorgiens…: les créations de nouvelles paroisses en témoignent même à Paris! Dans son "Journal" le père Alexandre Schmemann s'exclame "pourquoi faut-il des paroisses du patriarcat d'Antioche ici!"
Il y a ensuite différentes catégories, pas très facile à identifier...
Tout d'abord toutes les personnes qui sont entrées dans la communion de l'Eglise à la suite d'une démarche personnelle de recherche. Parfois ces personnes ont rencontré dans une paroisse une personne issue de l'émigration, et il y a eu mariage... Il y a aussi des personnes à l'origine catholiques romaines (ou protestantes, ou athées...) et qui ont épousé des orthodoxes. Le passage à l'Eglise a pu se faire avant ou bien des années après le mariage.
N'oublions pas aussi de très nombreux inclassables, comme des jeunes qui ont entre 15 et 30 ans et dont les parents (ou grands parents !), français d'origine, avaient rejoint l'orthodoxie il y a entre 10 et 40 ans...à quelle catégorie appartiennent-ils ?
J'avais également ici l'an dernier fait part du fait que le clergé (prêtres, diacres, ou les moines et moniales dans les monastères) doit être composé à plus de 30% de personnes converties. Cela donne à réfléchir à la fois sur le sérieux de l'engagement dans l'Eglise de ces personnes, et sur le manque d'engagement des hommes et femmes adultes issues des différentes immigrations (5).
Juridiction indifférente?
Je voudrais enfin vous faire part d'une observation. Dans les paroisses de province, les émigrants récents venant de Géorgie, d'Ukraine, de Roumanie ou d'ailleurs semblent tellement heureux de trouver une communauté paroissiale qui les reçoit, qui pourra les marier, baptiser leurs enfants etc. que la question de nationalité me semble pour eus extrêmement secondaire. Ils cherchent (et trouvent !) une paroisse orthodoxe, canoniquement sûre, dans laquelle ils rencontrent des croyants de toutes origines nationales ou culturelles et les choses se passent au mieux !
Je suis même persuadé que dans de nombreuses paroisses, beaucoup de paroissiens ne savent même pas très précisément dans quelle juridiction ils sont ! Ils ont la certitude d'être dans une église orthodoxe et cela leur suffit... (6)
Notes et commentaires du rédacteur (VG)
(1) En particulier le commentaire 1 du 17/10/2010 d'Irénée sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html
(2) En effet, tous les chiffres que nous pouvons donner ne sont que des estimations personnelles que nous devons prendre avec la plus extrême modestie. Il serait passionnant que l'AEOF lance une enquête et le fait d'avoir centralisé un annuaire est prometteur…
(3) "Même durant les vingt-cinq ans d’existence de la Mission orthodoxe belge, et à l’époque d’une crise profonde dans l’Église catholique au sortir du concile Vatican II, le nombre de «convertis» en Belgique ne s’éleva pas à plus de quelques dizaines (au mieux, centaines) de personnes ; aujourd’hui, le nombre de Belges « de souche » devenus orthodoxes avoisine peut-être le millier (toutes générations et juridictions confondues). (…) En réalité, les chiffres des pays voisins sont tout à fait comparables (France : trois mille «convertis» environ, Grande-Bretagne : deux à trois mille, soit, à chaque fois, environ 1 % des orthodoxes des pays concernés" (Père Serge Model. Ibid.) Voilà à quoi correspond ce 1%. Je pense qu'il fait référence au nombre total de baptisés.
(4) Là, pour le coup, ces chiffres de 5 et 20% ne me semblent pas vraiment justifiés: dans le commentaire cité en (1) Irénée écrivait que "moins de 10 % fréquentent régulièrement une paroisse, si ce n'est à Pâques", sans plus de justification. Mais qu'entend-on par "fréquentent régulièrement"? Tous les jours? Semaines? Mois??? Et la communion? En tout cas dans les 4-5 paroisses que je connais (Lyon, Paris, Biarritz, Genève …) les "convertis" ne représentent pas plus de 10%, et beaucoup moins dans les grandes paroisses des grandes villes… Je parle de paroisses "russes" (Moscou ou Daru), mais j'ai entendu le même type d'estimation à propos des autres juridictions, avec l'exception des paroisses "francophones" (2 sur 9 à Lyon…) où il y aurait plus de "convertis".
(5) Je suis assez d'accord sur les différentes catégories d'Orthodoxes de souches et le chiffre de 30% pour le clergé me semble assez juste (dans le commentaire cité Irénée souligne en particulier, et à juste titre, les fondations de monastères…) et ce nombre de vocations me semble clairement indiquer un prochain tournant et un probable accroissement du nombre des Orthodoxes de souche autochtone, comme le montre l'exemple du doyenné de l'Eglise Serbe dans le Sud Ouest (http://www.monasteresaintgeny.fr/).
(6) Là j'émets clairement un fort doute: ce qu'écrit Irénée est vrai quand il n'y a aucun choix à plus de 100Km à la ronde. Mais dès qu'une possibilité apparait beaucoup se précipitent vers la paroisse de leur Eglise autocéphale d'origine: des grenoblois vont chercher le patriarcat de Moscou à Lyon ou Genève, des Picards vont à Mons, à Montpellier ils créent leur paroisse… Je parle des Russes que je connais particulièrement, mais la même chose se passe pour les Roumains, Serbes, Bulgares, Grecs, Géorgiens…: les créations de nouvelles paroisses en témoignent même à Paris! Dans son "Journal" le père Alexandre Schmemann s'exclame "pourquoi faut-il des paroisses du patriarcat d'Antioche ici!"
Le 14 décembre 2012 au Centre culturel « Pokrovskïye vorota » à Moscou., présentation du livre de Michel Sarni "Eglise russe à Londres : du Pierre le Grand à nos jours"
Cette monographie bien illustrée qui fait découvrir pour la première fois l’orthodoxie russe en Angleterre a été éditée à l’initiative du diocèse de Sourozh de l’Eglise orthodoxe russe ainsi que de la maison d’édition « Arefa » et de la Revue du Patriarcat de Moscou. Paroissien de la cathédrale de l’Assomption de la Mère de Dieu à Londres, Michel Sarni a fait paraître sa monographie à l'occasion du jubilé du cinquantenaire de la création du diocèse de Sourozh.
« Garder la mémoire de différents évènements de l’histoire de l’Eglise est une tâche importante mais en même temps compliquée. Il existe encore des périodes de l’histoire de notre Eglise qui restent peu connues », écrit Mgr Elisée, archevêque de Sourozh, dans la préface. Selon la journaliste Xenia Loutchenko, dans la connaissance de l’orthodoxie en Grande-Bretagne se limite à la personnalité du métropolite Antoine de Sourozh (PM). Le livre commence avec la création du diocèse de Sourozh il y a 50 ans par ce prédicateur talentueux et se termine par la scission de 2006.
Cette monographie bien illustrée qui fait découvrir pour la première fois l’orthodoxie russe en Angleterre a été éditée à l’initiative du diocèse de Sourozh de l’Eglise orthodoxe russe ainsi que de la maison d’édition « Arefa » et de la Revue du Patriarcat de Moscou. Paroissien de la cathédrale de l’Assomption de la Mère de Dieu à Londres, Michel Sarni a fait paraître sa monographie à l'occasion du jubilé du cinquantenaire de la création du diocèse de Sourozh.
« Garder la mémoire de différents évènements de l’histoire de l’Eglise est une tâche importante mais en même temps compliquée. Il existe encore des périodes de l’histoire de notre Eglise qui restent peu connues », écrit Mgr Elisée, archevêque de Sourozh, dans la préface. Selon la journaliste Xenia Loutchenko, dans la connaissance de l’orthodoxie en Grande-Bretagne se limite à la personnalité du métropolite Antoine de Sourozh (PM). Le livre commence avec la création du diocèse de Sourozh il y a 50 ans par ce prédicateur talentueux et se termine par la scission de 2006.
M. Sarni, a commencé ses recherches dans les archives nationales du Royaume-Uni pour établir que l’histoire de l’orthodoxie à Londres a commencé à l’époque de Pierre le Grand qui a fondé la première église auprès de l’ambassade russe. Le travail continue : un petit livre sera complété et, selon les projets de l’auteur, deviendra une véritable monographie historique. C’est pourquoi M. Sarni continue son travail dans les archives russes.
Dans ce nouveau livre, il y a beaucoup de faits historiques passionnants. Pendant la présentation, M. Sarni a parlé des « jeunes hommes de Pierre », qui étaient envoyés en Angleterre apprendre le métier de la navigation. Ces jeunes hommes étaient parmi les fidèles de la première communauté orthodoxe russe où célébrait un prêtre grec. Ensuite, depuis 1746, les prêtres russes viennent servir en Angleterre.Il apparaît que parmi les fidèles il y a des convertis de l’anglicanisme. Parfois les gens se convertissaient avec toute leur famille. Vers le XVIIIe siècle, un premier américain,le colonel Philippe Ladwell, s’est convertit à l’orthodoxie à Londres.
Les recherches sur la biographie des recteurs de l’église orthodoxe russe à Londres ont été menées en profondeur. Par exemple, le père André Sambovsky, à part de la pastorale, se consacrait à l’organisation de l’enseignement de l’enseignement de l'agronomie aux étudiants russes et s'occupait de la recherche de carrosses "second hand " pour l’impératrice Catherine II. Le père Jacob Smirnov n’était pas seulement le père spirituel de tous les membres du corps diplomatique, mais également un fonctionnaire très proche de l’ambassadeur Vorontsov qu'il l’aidait en tant que chiffreur et propagandiste de talent. Le père Eugène Popov a beaucoup fait pour les relations entre les anglicans et les orthodoxes. M. Sarni inscrit cette activité dans le cadre du projet de Pierre Ier qui souhaitait l’union de toutes les Eglises.
Ensuite l’historien raconte les changements dans la vie de la Londres orthodoxe après la révolution de 1917. Il rappelle l’activité du métropolite Euloge (Georguyevsky), l’archimandrite Athanase (Netchaev) et raconte en détails quel rôle a joué le métropolite Antoine (Bloom).
Les évènements qui se sont passés dans le diocèse de Sourozh après la mort du métropolite Antoine sont, selon M. Sarni, d'une nature tragique. « Nous avons perdu ce que le Sauveur nous a demandé de garder – nous avons perdu l’amour », a-t-il commenté la scission du diocèse. Selon lui, le métropolite Antoine n’a pas pu persuader les paroissiens « anciens », parmi lesquels il y avait beaucoup d’Anglais, d’accueillir les nouveaux-venus de l'ex URSS tels qu'ils sont. Ainsi, la cause principale de la division du diocèse en deux camps est, comme le croit l’auteur du livre, le choc culturel de ces nouveaux paroissiens que les « anciens » - les enfants spirituels du métropolite Antoine - n’ont pas acceptés. « Nous ne nous parlons pas jusqu’à ce moment, ils nous appellent les bandits qui ont envahi l’église », a-t-il constaté.
Pendant la présentation, Sergeï Tchapnine, redacteur en chef de la Revue du Patriarcat de Moscou, Alexis Monastyruk, directeur de la maison d’édition « Arefa », et Konstantin Eggert, commentateur de la station radio « Kommersant-FM », ont parlé en bien du livre.
Konstantin Eggert a travaillé en Angleterre pendant 10 ans. Selon lui, le livre de M. Sarni « met l’histoire de l’orthodoxie au Royaume-Uni dans un contexte large ». Il a également exprimé son espoir que l’orthodoxie pourrait favoriser un « enracinement » des émigrés russes en Angleterre qui sont, depuis les années 1990, plus de 400 milles.
Traduction PO
Bogoslov.ru
14 декабря в Культурном центре «Покровские ворота» состоялась презентация книги Михаила Сарни «Русская Церковь в Лондоне. От Петра Великого до наших дней»
Dans ce nouveau livre, il y a beaucoup de faits historiques passionnants. Pendant la présentation, M. Sarni a parlé des « jeunes hommes de Pierre », qui étaient envoyés en Angleterre apprendre le métier de la navigation. Ces jeunes hommes étaient parmi les fidèles de la première communauté orthodoxe russe où célébrait un prêtre grec. Ensuite, depuis 1746, les prêtres russes viennent servir en Angleterre.Il apparaît que parmi les fidèles il y a des convertis de l’anglicanisme. Parfois les gens se convertissaient avec toute leur famille. Vers le XVIIIe siècle, un premier américain,le colonel Philippe Ladwell, s’est convertit à l’orthodoxie à Londres.
Les recherches sur la biographie des recteurs de l’église orthodoxe russe à Londres ont été menées en profondeur. Par exemple, le père André Sambovsky, à part de la pastorale, se consacrait à l’organisation de l’enseignement de l’enseignement de l'agronomie aux étudiants russes et s'occupait de la recherche de carrosses "second hand " pour l’impératrice Catherine II. Le père Jacob Smirnov n’était pas seulement le père spirituel de tous les membres du corps diplomatique, mais également un fonctionnaire très proche de l’ambassadeur Vorontsov qu'il l’aidait en tant que chiffreur et propagandiste de talent. Le père Eugène Popov a beaucoup fait pour les relations entre les anglicans et les orthodoxes. M. Sarni inscrit cette activité dans le cadre du projet de Pierre Ier qui souhaitait l’union de toutes les Eglises.
Ensuite l’historien raconte les changements dans la vie de la Londres orthodoxe après la révolution de 1917. Il rappelle l’activité du métropolite Euloge (Georguyevsky), l’archimandrite Athanase (Netchaev) et raconte en détails quel rôle a joué le métropolite Antoine (Bloom).
Les évènements qui se sont passés dans le diocèse de Sourozh après la mort du métropolite Antoine sont, selon M. Sarni, d'une nature tragique. « Nous avons perdu ce que le Sauveur nous a demandé de garder – nous avons perdu l’amour », a-t-il commenté la scission du diocèse. Selon lui, le métropolite Antoine n’a pas pu persuader les paroissiens « anciens », parmi lesquels il y avait beaucoup d’Anglais, d’accueillir les nouveaux-venus de l'ex URSS tels qu'ils sont. Ainsi, la cause principale de la division du diocèse en deux camps est, comme le croit l’auteur du livre, le choc culturel de ces nouveaux paroissiens que les « anciens » - les enfants spirituels du métropolite Antoine - n’ont pas acceptés. « Nous ne nous parlons pas jusqu’à ce moment, ils nous appellent les bandits qui ont envahi l’église », a-t-il constaté.
Pendant la présentation, Sergeï Tchapnine, redacteur en chef de la Revue du Patriarcat de Moscou, Alexis Monastyruk, directeur de la maison d’édition « Arefa », et Konstantin Eggert, commentateur de la station radio « Kommersant-FM », ont parlé en bien du livre.
Konstantin Eggert a travaillé en Angleterre pendant 10 ans. Selon lui, le livre de M. Sarni « met l’histoire de l’orthodoxie au Royaume-Uni dans un contexte large ». Il a également exprimé son espoir que l’orthodoxie pourrait favoriser un « enracinement » des émigrés russes en Angleterre qui sont, depuis les années 1990, plus de 400 milles.
Traduction PO
Bogoslov.ru
14 декабря в Культурном центре «Покровские ворота» состоялась презентация книги Михаила Сарни «Русская Церковь в Лондоне. От Петра Великого до наших дней»
Le métropolite orthodoxe Hilarion Alfeïev, directeur du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou, a adressé à l’archevêque métropolitain de Czestochowa, Mgr Waclaw Depo, une lettre de solidarité pour l’Eglise catholique en Pologne, après la profanation de l’icône de la Vierge noire du monastère de Jasna Gora, le 9 décembre dernier. Pour Mgr Depo, « cette expression de douleur et de solidarité dans la prière est pour nous un grand don », « elle est un don pour l’unité de l’Eglise et l’unité de la foi ».
Le métropolite orthodoxe Hilarion Alfeïev, directeur du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou, a adressé à l’archevêque métropolitain de Czestochowa, Mgr Waclaw Depo, une lettre de solidarité pour l’Eglise catholique en Pologne, après la profanation de l’icône de la Vierge noire du monastère de Jasna Gora, le 9 décembre dernier. Pour Mgr Depo, « cette expression de douleur et de solidarité dans la prière est pour nous un grand don », « elle est un don pour l’unité de l’Eglise et l’unité de la foi ». SUITE Zenit
Le métropolite orthodoxe Hilarion Alfeïev, directeur du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou, a adressé à l’archevêque métropolitain de Czestochowa, Mgr Waclaw Depo, une lettre de solidarité pour l’Eglise catholique en Pologne, après la profanation de l’icône de la Vierge noire du monastère de Jasna Gora, le 9 décembre dernier. Pour Mgr Depo, « cette expression de douleur et de solidarité dans la prière est pour nous un grand don », « elle est un don pour l’unité de l’Eglise et l’unité de la foi ». SUITE Zenit
Ecrit par Thierry Jolif
La vie me rappelle un cierge très fin qui brûle un jour de tempête ; le plus étonnant, c’est qu’il ne s’éteint pas aussitôt, et qu’il ne s’éteint, malgré tout, pas toujours. (p.523)
Événement éditorial, la parution en français des Lettres de Solovki de Paul Florensky, apporte un éclairage nouveau, troublant, émouvant et hors du commun sur la vie des hommes au prise avec l’une des entreprises concentrationnaires la plus délirante de l’Histoire. Contrairement à l’immense Archipel du Goulag ou aux textes splendides et crépusculaires de Chalamov, ces lettres ne sont ni une autopsie dénonciatrice ni une mise en récit de la souffrance insidieuse.
Tu ne comprends pas le sentiment de ton père qui veut que ses enfants soient non seulement irréprochables, mais soient d’une très grande valeur. Ce n’est pas pour les autres, mais pour soi qu’il faut être ainsi, et peu importe ce qu’en penseront les autres : il faut être et non paraître. Avoir une humeur claire et limpide, une perception globale du monde, cultiver une pensée désintéressée, afin de pouvoir dire à l’aube de la vieillesse qu’on a pris tout le meilleur de la vie, assimilé les choses les plus nobles et les plus belles du monde, qu’on n’a pas souillé sa conscience, ce que les gens font si volontiers, et qui, quand la passion s’est éteinte, laisse un profond dégoût. (p. 624)
La vie me rappelle un cierge très fin qui brûle un jour de tempête ; le plus étonnant, c’est qu’il ne s’éteint pas aussitôt, et qu’il ne s’éteint, malgré tout, pas toujours. (p.523)
Événement éditorial, la parution en français des Lettres de Solovki de Paul Florensky, apporte un éclairage nouveau, troublant, émouvant et hors du commun sur la vie des hommes au prise avec l’une des entreprises concentrationnaires la plus délirante de l’Histoire. Contrairement à l’immense Archipel du Goulag ou aux textes splendides et crépusculaires de Chalamov, ces lettres ne sont ni une autopsie dénonciatrice ni une mise en récit de la souffrance insidieuse.
Tu ne comprends pas le sentiment de ton père qui veut que ses enfants soient non seulement irréprochables, mais soient d’une très grande valeur. Ce n’est pas pour les autres, mais pour soi qu’il faut être ainsi, et peu importe ce qu’en penseront les autres : il faut être et non paraître. Avoir une humeur claire et limpide, une perception globale du monde, cultiver une pensée désintéressée, afin de pouvoir dire à l’aube de la vieillesse qu’on a pris tout le meilleur de la vie, assimilé les choses les plus nobles et les plus belles du monde, qu’on n’a pas souillé sa conscience, ce que les gens font si volontiers, et qui, quand la passion s’est éteinte, laisse un profond dégoût. (p. 624)
L’homme qui s’exprime ainsi est enfermé depuis près de 3 ans. Il écrit à l’une de ses filles. Séparés loin de lui, il a cinq enfants, une épouse et une mère. Ces quelques lignes résument l’émouvant contenu de ce livre, le souci constant, l’amour porté aux siens, à leur vie, à leur progrès, infiniment plus qu’à sa propre vie, qu’à son sort. Florensky est incarcéré, plus exactement « retenu » sur l’île principale de l’archipel des Solovki.
Parqué dans un ancien monastère transformé en camp. Son crime ? Être ce qu’il est. Un reproche vivant au régime qui s’est instauré dans son pays. Mathématicien, physicien, botaniste, géologue, philosophe, philologue, poète, prêtre orthodoxe et théologien audacieux, inventif et sensible. Un esprit scientifique aussi brillant ne pouvait pas être, selon la critériologie marxiste-léniniste, un pilier, voire un héros du nouveau régime
D’ailleurs, homme dévoué et désintéressé, Florensky travailla, tant qu’il lui fut possible, non pour, mais avec l’État. De 1921 à 1928 (à cette date il est alors exilé à Nijny-Novgorod), c’est sur la recommandation de Trotsky en personne qu’il prend une part active au Plan d’État pour l’Électrification de la Russie. Il refusa néanmoins de se défaire de sa soutane de prêtre. Il déclara adhérer « à une vision philosophique et scientifique du monde » qu’il a développée « et qui contredit l’interprétation vulgaire du communisme », mais cela ne l’empêche pas de « travailler honnêtement au service de l’État ».
Cet Etat qui visait lui à conduire, d’une poigne de fer, l’humanité vers le bonheur. Telle était la devise inscrite à l’entrée du camp des Solovki, centre nerveux de la conception et de la diffusion virale du Goulag. À l’origine, avant que le matérialisme-dialectique n’impose sa rentabilité économique, la rééducation était la finalité de ces camps. La vaste bibliothèque du monastère avait été conservée. Le père Paul y trouvait de quoi satisfaire son exigeante curiosité. Mais, bien que le travail y fut contraint, on accordait encore des moyens ; sous la direction du père Paul, des réalisations surprenantes voient le jour à partir de presque rien. Il étudie les algues avec une minutie déconcertante. Mêlées aux considérations sur les conditions de détentions, ses descriptions ont un caractère poétique et enchanteur qui ne manqueront pas d’émouvoir même les moins réceptifs au langage scientifique. Il invente encore la marmelade d’algues, des colles, des résines synthétiques, il obtient pas moins de sept brevets d’invention. Pressentant leur importance, il étudie l’énergie éolienne et l’eau lourde, il donne des conférences, des leçons et encouragent dans cette voie de connaissance et d’espérance ses codétenus.
Parqué dans un ancien monastère transformé en camp. Son crime ? Être ce qu’il est. Un reproche vivant au régime qui s’est instauré dans son pays. Mathématicien, physicien, botaniste, géologue, philosophe, philologue, poète, prêtre orthodoxe et théologien audacieux, inventif et sensible. Un esprit scientifique aussi brillant ne pouvait pas être, selon la critériologie marxiste-léniniste, un pilier, voire un héros du nouveau régime
D’ailleurs, homme dévoué et désintéressé, Florensky travailla, tant qu’il lui fut possible, non pour, mais avec l’État. De 1921 à 1928 (à cette date il est alors exilé à Nijny-Novgorod), c’est sur la recommandation de Trotsky en personne qu’il prend une part active au Plan d’État pour l’Électrification de la Russie. Il refusa néanmoins de se défaire de sa soutane de prêtre. Il déclara adhérer « à une vision philosophique et scientifique du monde » qu’il a développée « et qui contredit l’interprétation vulgaire du communisme », mais cela ne l’empêche pas de « travailler honnêtement au service de l’État ».
Cet Etat qui visait lui à conduire, d’une poigne de fer, l’humanité vers le bonheur. Telle était la devise inscrite à l’entrée du camp des Solovki, centre nerveux de la conception et de la diffusion virale du Goulag. À l’origine, avant que le matérialisme-dialectique n’impose sa rentabilité économique, la rééducation était la finalité de ces camps. La vaste bibliothèque du monastère avait été conservée. Le père Paul y trouvait de quoi satisfaire son exigeante curiosité. Mais, bien que le travail y fut contraint, on accordait encore des moyens ; sous la direction du père Paul, des réalisations surprenantes voient le jour à partir de presque rien. Il étudie les algues avec une minutie déconcertante. Mêlées aux considérations sur les conditions de détentions, ses descriptions ont un caractère poétique et enchanteur qui ne manqueront pas d’émouvoir même les moins réceptifs au langage scientifique. Il invente encore la marmelade d’algues, des colles, des résines synthétiques, il obtient pas moins de sept brevets d’invention. Pressentant leur importance, il étudie l’énergie éolienne et l’eau lourde, il donne des conférences, des leçons et encouragent dans cette voie de connaissance et d’espérance ses codétenus.
Ces Lettres de Solovki offrent en outre une multitude de dessins exécutée par Paul Florensky, souvent avec les moyens « du bord ».
Ce sont le plus souvent des illustrations, des planches botaniques. Paradoxalement, les techniques artisanales qu’il doit inventer pour réaliser ces dessins leur confèrent une dimension authentiquement artistique. Le plus émouvant demeure un pastel aux splendides couleurs incendiaires représentant un lever de soleil sur les îles Solovki. Cri silencieux de victoire de l’âme face aux délires tortionnaires de ceux qui tout en prétendant la nier voulaient la mécaniser. Dans la lettre n°81 des 23 et 24 novembre 1936, l’auteur écrit cette profession de foi qui résonne comme une condamnation de ceux qui voulaient le conduire au bonheur forcé :
" Le concept non accompagné d’une image, l’abstraction seulement abstraite, cela n’a aucun prix et c’est plus nuisible qu’utile pour le développement de l’esprit, cela devient un dogme desséchant, cela rend l’esprit étroit, le prive de liberté et de création, se sera au mauvais sens du terme, un système… La foi dans les systèmes est de la superstition. […] N’importe quel schéma peut être bon, s’il n’est pas mal construit. Mais la conception du monde n’est pas un jeu d’échecs, n’est pas une construction de schémas dans le vide, sans le soutien de l’expérience et sans orientation vers un but dans la vie. Si astucieusement qu’il soit construit, un schéma sans ce fondement et sans ce but est sans valeur. p. 521"
Le censeur dormait-il ? Trouvait-il assommant ou déprimant l’espoir insensé qui irriguait les lettres d’un homme que tout donnait perdant, que tout condamnait ? Tout ceci outrepassait-il la compréhension dialectique des hommes inféodés au système ? Toute cette poésie*. Toute cette joie, toute cette beauté qui refusait de s’éteindre, de s’abaisser paisiblement devant la nouvelle réalité. Cette joie qui, imperceptiblement, semble continuer à nous dire que les murs les plus élevés, les contraintes les plus douloureuses sont avant tout en chacun de nous. Que les constructions idéologiques les plus froides et les plus sévères, celles qui se veulent purement rationnelles et scientifiques finissent toujours par se briser ou se dissoudre contre le plus petit, le plus invisible des atomes, cet atome qu’est l’âme (Alexandre Wat).
Témoignage vivant de l’indestructibilité de l’âme vivante, de la force de l’amour créatif et dynamique dont elle est capable contre toute volonté dominatrice, tout déterminisme cloisonnant et sclérosant. Prière presque inaudible de cette humble beauté qui se terre jusqu’à sembler invisible et qui irradie soudainement, mais aux yeux du cœur seulement.
Expatrié de l’humanité, séparé dans une île soumise à la destruction des hommes par les hommes. Emprisonné dans l’avilissement programmé des hommes et de la nature par d’autres hommes, Paul Florensky par cette attitude que chacun des mots de ses lettres fait vibrer jusqu’à nous s’est uni intimement à cette humanité qu’aujourd’hui on porte au pinacle, mais qu’on offense quotidiennement. Le 8 décembre 1937, le père Florensky était exécuté au camp des Solovki.
Paul Florensky, Lettres de Solovki, 1934-1937, éditions L’Age d’Homme, collection Classiques slaves, 747 pages, Lausanne, 2012
* Durant son incarcération, Paul Florensky entreprendra deux rédactions d’un poème épique qu’il intitule ORO. Le jeune héros de ce poème lui ressemble étrangement dans sa volonté de conquête « amoureuse » de la connaissance au service des autres… Ce poème inachevé est ici publié après les lettres. Il en révèle magnifiquement toute l’humaine profondeur.
UNIDIVERS
Ce sont le plus souvent des illustrations, des planches botaniques. Paradoxalement, les techniques artisanales qu’il doit inventer pour réaliser ces dessins leur confèrent une dimension authentiquement artistique. Le plus émouvant demeure un pastel aux splendides couleurs incendiaires représentant un lever de soleil sur les îles Solovki. Cri silencieux de victoire de l’âme face aux délires tortionnaires de ceux qui tout en prétendant la nier voulaient la mécaniser. Dans la lettre n°81 des 23 et 24 novembre 1936, l’auteur écrit cette profession de foi qui résonne comme une condamnation de ceux qui voulaient le conduire au bonheur forcé :
" Le concept non accompagné d’une image, l’abstraction seulement abstraite, cela n’a aucun prix et c’est plus nuisible qu’utile pour le développement de l’esprit, cela devient un dogme desséchant, cela rend l’esprit étroit, le prive de liberté et de création, se sera au mauvais sens du terme, un système… La foi dans les systèmes est de la superstition. […] N’importe quel schéma peut être bon, s’il n’est pas mal construit. Mais la conception du monde n’est pas un jeu d’échecs, n’est pas une construction de schémas dans le vide, sans le soutien de l’expérience et sans orientation vers un but dans la vie. Si astucieusement qu’il soit construit, un schéma sans ce fondement et sans ce but est sans valeur. p. 521"
Le censeur dormait-il ? Trouvait-il assommant ou déprimant l’espoir insensé qui irriguait les lettres d’un homme que tout donnait perdant, que tout condamnait ? Tout ceci outrepassait-il la compréhension dialectique des hommes inféodés au système ? Toute cette poésie*. Toute cette joie, toute cette beauté qui refusait de s’éteindre, de s’abaisser paisiblement devant la nouvelle réalité. Cette joie qui, imperceptiblement, semble continuer à nous dire que les murs les plus élevés, les contraintes les plus douloureuses sont avant tout en chacun de nous. Que les constructions idéologiques les plus froides et les plus sévères, celles qui se veulent purement rationnelles et scientifiques finissent toujours par se briser ou se dissoudre contre le plus petit, le plus invisible des atomes, cet atome qu’est l’âme (Alexandre Wat).
Témoignage vivant de l’indestructibilité de l’âme vivante, de la force de l’amour créatif et dynamique dont elle est capable contre toute volonté dominatrice, tout déterminisme cloisonnant et sclérosant. Prière presque inaudible de cette humble beauté qui se terre jusqu’à sembler invisible et qui irradie soudainement, mais aux yeux du cœur seulement.
Expatrié de l’humanité, séparé dans une île soumise à la destruction des hommes par les hommes. Emprisonné dans l’avilissement programmé des hommes et de la nature par d’autres hommes, Paul Florensky par cette attitude que chacun des mots de ses lettres fait vibrer jusqu’à nous s’est uni intimement à cette humanité qu’aujourd’hui on porte au pinacle, mais qu’on offense quotidiennement. Le 8 décembre 1937, le père Florensky était exécuté au camp des Solovki.
Paul Florensky, Lettres de Solovki, 1934-1937, éditions L’Age d’Homme, collection Classiques slaves, 747 pages, Lausanne, 2012
* Durant son incarcération, Paul Florensky entreprendra deux rédactions d’un poème épique qu’il intitule ORO. Le jeune héros de ce poème lui ressemble étrangement dans sa volonté de conquête « amoureuse » de la connaissance au service des autres… Ce poème inachevé est ici publié après les lettres. Il en révèle magnifiquement toute l’humaine profondeur.
UNIDIVERS
Après Michel-Ange et Raphaël, le dernier peintre officiel du Vatican a un profil inattendu: une excentrique artiste russe qui vous reçoit une chouette perchée sur l'épaule dans un atelier encombré de tableaux en cours et d'exemplaires de l'Osservatore romano. De religion orthodoxe, Natalia Tsarkova vit juste à l'extérieur des murailles de l'Etat pontifical à Rome, imprégné de siècles d'histoire. "J'aime l'atmosphère ici, j'ai l'impression qu'on a besoin de moi", explique-t-elle à l'AFP.
Ses nombreux portraits de cardinaux et de papes -Benoît XVI et son prédécesseur Jean Paul II-, ornent les palais du Vatican, ainsi que des églises et des musées dans le monde entier. Pour cette diplômée de la prestigieuse école des Arts de Moscou, c'est un rêve devenu réalité. Suite AFP
Ses nombreux portraits de cardinaux et de papes -Benoît XVI et son prédécesseur Jean Paul II-, ornent les palais du Vatican, ainsi que des églises et des musées dans le monde entier. Pour cette diplômée de la prestigieuse école des Arts de Moscou, c'est un rêve devenu réalité. Suite AFP
Traduction pour "PO" Laurence Guillon
Le journaliste américain Rod Dryer, venu à l’orthodoxie il y a 5 ans, a raconté sa conversion dans un texte : intitulé « Mon chemin vers l’orthodoxie »
Je suis venu à l’orthodoxie en 2006, comme un homme brisé. J’ai été un catholique romain sincère, pratiquant et convaincu pendant de nombreuses années, mais ma foi fut ébranlée en grande partie à cause de ce que j’ai appris en tant que reporter, enquêtant sur un scandale relatif à des crimes sexuels. J’étais certain que mes convictions protègeraient ma foi dans n’importe quelles épreuves, mais les faits auxquels j’ai été confronté a réduit à néant ma capacité à croire en la vérité ecclésiale de l’Eglise Romaine (j’ai décrit ce drame de façon détaillé ).
Le protestantisme n’était pas une issue pour ma femme et moi, étant donné ce que nous savions de l’histoire de l’église et nos convictions théologiques. L’orthodoxie nous apparut donc comme le seul havre sûr dans la tempête où notre christianisme risquait le naufrage.
Le journaliste américain Rod Dryer, venu à l’orthodoxie il y a 5 ans, a raconté sa conversion dans un texte : intitulé « Mon chemin vers l’orthodoxie »
Je suis venu à l’orthodoxie en 2006, comme un homme brisé. J’ai été un catholique romain sincère, pratiquant et convaincu pendant de nombreuses années, mais ma foi fut ébranlée en grande partie à cause de ce que j’ai appris en tant que reporter, enquêtant sur un scandale relatif à des crimes sexuels. J’étais certain que mes convictions protègeraient ma foi dans n’importe quelles épreuves, mais les faits auxquels j’ai été confronté a réduit à néant ma capacité à croire en la vérité ecclésiale de l’Eglise Romaine (j’ai décrit ce drame de façon détaillé ).
Le protestantisme n’était pas une issue pour ma femme et moi, étant donné ce que nous savions de l’histoire de l’église et nos convictions théologiques. L’orthodoxie nous apparut donc comme le seul havre sûr dans la tempête où notre christianisme risquait le naufrage.
Pour être honnête, j’avais été quelques temps attiré par l’orthodoxie, pour les mêmes raisons qui m’avaient amené, dans ma jeunesse, dans l’Eglise Catholique.
Elle m’avait semblé un rocher solide dans la mer agitée du relativisme et du modernisme du christianisme occidental. Mais l’Eglise Romaine s’était débarrassée, dans la poussière de Vatican II d’une si grande partie de son héritage artistique et liturgique… L’Eglise Orthodoxe, elle, était restée fidèle à elle-même!
Quelques années plus tôt, avant d’en venir à l’orthodoxie, nous avions été invités, ma femme et moi, par des amis orthodoxes dans leur paroisse du Maryland. Nous étions des catholiques conservateurs, pour ce qui touchait à la morale autant qu’au langage liturgique. C’est pourquoi, en voyant l’office orthodoxe et la foi vivante de nos amis, nous fûmes touchés et même, nous éprouvions de l’envie devant ce qui se produisait là. Mais… Nous fûmes obligés de sortir rapidement pour gagner en scooter la paroisse catholique moderniste la plus proche à Seventees, et assister au service dominical obligatoire.
Le contraste entre le déroulement incohérent du service liturgique de Notre Dame de Pizza Hut et celui de la paroisse orthodoxe que nous venions de quitter nous arracha des larmes. Mais la laideur, même dans le sens du vide spirituel, ne déforme pas la vérité, et nous savions que nous devions être avec la vérité et ensuite avec Rome, en dépit de tout. Si le catholicisme en Amérique avait été sain, peut-être que les scandales sexuels ne nous auraient pas ébranlés. Mais nous nous demandions, ma femme et moi, comment nous allions élever nos enfants en bons chrétiens, étant donné le relâchement de l’enseignement moral dans les paroisses catholiques. Nous nous considérions comme de fidèles catholiques, c’est-à-dire que nous croyions vraiment ce qu’enseignait la Catéchèse, et nous nous efforcions de vivre en conséquence. Mais nous avons subi une défaite, cela arrive à tout le monde. L’essentiel, c’est que nous cherchions une église qui pût donner un enseignement moral clair et aussi la plénitude et la joie de la vie dans la foi.
C’est en cela que réside le problème : dans l’Eglise Catholique aux USA, il y a très peu d’orthodoxie, en outre, le concept même de « vraie foi », en substance, n’existe pas.
Et la question n’était pas ici pour moi de rejeter tous ceux qui ne vivaient pas en harmonie avec l’enseignement catholique, j’aurais dû alors, en ce cas, me désigner la porte en premier. Je ne dis pas tout cela pour noircir l’Eglise Catholique Romaine, que j’aime encore et à laquelle je suis reconnaissante de m’avoir familiarisé avec le christianisme des premiers siècles, mais pour démontrer ce que l’Orthodoxie avait pour moi de si attirant. Et en plus, il y avait la liturgie, et la musique. Rien de comparable à cela dans les autres églises. L’office liturgique orthodoxe et la musique liturgique orthodoxe sont d’une splendeur et d’une profondeur étourdissantes. La liturgie russe est cette même Divine Liturgie (mais en langue locale) qu’avait introduite saint Jean Chrysostome. La beauté de cette liturgie et au plus haut point captivante, et sa dévotion apaise. Et malgré le fait que me manquaient les hymnes anciens habituels (nous chantons, pendant les offices orthodoxes, des prières et des psaumes) je suis très content de ne plus avoir à écouter « sur les ailes de l’aigle » et autre hymnographie maladroite propre au rituel catholique américain.
La raison principale pour laquelle l’orthodoxie est si attirante pour les néophytes, c’est sa conception sérieuse du péché.
Elle exige pratiquement qu’on se désigne comme le « pire des pécheurs », à la façon dont l’apôtre Paul se désignait lui-même. Mais avec cela, l’Orthodoxie vous annonce la bonne nouvelle : le Christ est mort et ressuscité, grâce à quoi tu peux vivre !
En vertu de tout cela, malgré la beauté et la richesse de la liturgie, elle se révèle beaucoup plus ascétique et exigeante que le christianisme américain. Les longs services, les prières fréquentes, les jeunes sévères ce sont là des exigences difficiles pour les croyants, spécialement pour les Américains qui ont réussi, les représentants de la classe moyenne dont je suis. L’Orthodoxie nous appelle à dépasser nos limites. Elle nous invite au repentir. L’Orthodoxie ne cherche pas à vous donner un sentiment de confort au sein de vos péchés. Elle ne vous demande ni plus ni moins que la sainteté. Il est déjà courant d’entendre chez les néophytes américains que le mari est venu le premier à l’orthodoxie, puis ensuite sa femme l’a suivi. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Beaucoup d’hommes sont fatigués du christianisme bourgeois mou qui ne leur propose pas grand-chose parce qu’il ne leur demande presque rien. Les hommes aiment les défis, et c’est là ce que leur donne l’Orthodoxie.
Oui, les Eglises orthodoxes, aux Etats Unis, sont pleines de simples Américains, et elles sont pleines de problèmes américains ordinaires, comme les paroisses russes le sont de problèmes russes.
J’ai trouvé dans l’orthodoxie ce qu’il m’avait semblé trouver quand je suis devenu catholique. J’ai choisi pour saint protecteur Benoît que vénèrent les deux Eglises. C’est pour moi le signe de l’unité qui était la nôtre et que nous pouvons restaurer. L’Eglise Catholique doit devenir plus orthodoxe et l’orthodoxe plus catholique. Je prie, je prie réellement pour que nous vivions jusqu’au moment où cette unité reviendra
Pravoslavie i Mir
Американский журналист Род Дриер: Православие не скажет вам, что у вас все о’кей
Elle m’avait semblé un rocher solide dans la mer agitée du relativisme et du modernisme du christianisme occidental. Mais l’Eglise Romaine s’était débarrassée, dans la poussière de Vatican II d’une si grande partie de son héritage artistique et liturgique… L’Eglise Orthodoxe, elle, était restée fidèle à elle-même!
Quelques années plus tôt, avant d’en venir à l’orthodoxie, nous avions été invités, ma femme et moi, par des amis orthodoxes dans leur paroisse du Maryland. Nous étions des catholiques conservateurs, pour ce qui touchait à la morale autant qu’au langage liturgique. C’est pourquoi, en voyant l’office orthodoxe et la foi vivante de nos amis, nous fûmes touchés et même, nous éprouvions de l’envie devant ce qui se produisait là. Mais… Nous fûmes obligés de sortir rapidement pour gagner en scooter la paroisse catholique moderniste la plus proche à Seventees, et assister au service dominical obligatoire.
Le contraste entre le déroulement incohérent du service liturgique de Notre Dame de Pizza Hut et celui de la paroisse orthodoxe que nous venions de quitter nous arracha des larmes. Mais la laideur, même dans le sens du vide spirituel, ne déforme pas la vérité, et nous savions que nous devions être avec la vérité et ensuite avec Rome, en dépit de tout. Si le catholicisme en Amérique avait été sain, peut-être que les scandales sexuels ne nous auraient pas ébranlés. Mais nous nous demandions, ma femme et moi, comment nous allions élever nos enfants en bons chrétiens, étant donné le relâchement de l’enseignement moral dans les paroisses catholiques. Nous nous considérions comme de fidèles catholiques, c’est-à-dire que nous croyions vraiment ce qu’enseignait la Catéchèse, et nous nous efforcions de vivre en conséquence. Mais nous avons subi une défaite, cela arrive à tout le monde. L’essentiel, c’est que nous cherchions une église qui pût donner un enseignement moral clair et aussi la plénitude et la joie de la vie dans la foi.
C’est en cela que réside le problème : dans l’Eglise Catholique aux USA, il y a très peu d’orthodoxie, en outre, le concept même de « vraie foi », en substance, n’existe pas.
Et la question n’était pas ici pour moi de rejeter tous ceux qui ne vivaient pas en harmonie avec l’enseignement catholique, j’aurais dû alors, en ce cas, me désigner la porte en premier. Je ne dis pas tout cela pour noircir l’Eglise Catholique Romaine, que j’aime encore et à laquelle je suis reconnaissante de m’avoir familiarisé avec le christianisme des premiers siècles, mais pour démontrer ce que l’Orthodoxie avait pour moi de si attirant. Et en plus, il y avait la liturgie, et la musique. Rien de comparable à cela dans les autres églises. L’office liturgique orthodoxe et la musique liturgique orthodoxe sont d’une splendeur et d’une profondeur étourdissantes. La liturgie russe est cette même Divine Liturgie (mais en langue locale) qu’avait introduite saint Jean Chrysostome. La beauté de cette liturgie et au plus haut point captivante, et sa dévotion apaise. Et malgré le fait que me manquaient les hymnes anciens habituels (nous chantons, pendant les offices orthodoxes, des prières et des psaumes) je suis très content de ne plus avoir à écouter « sur les ailes de l’aigle » et autre hymnographie maladroite propre au rituel catholique américain.
La raison principale pour laquelle l’orthodoxie est si attirante pour les néophytes, c’est sa conception sérieuse du péché.
Elle exige pratiquement qu’on se désigne comme le « pire des pécheurs », à la façon dont l’apôtre Paul se désignait lui-même. Mais avec cela, l’Orthodoxie vous annonce la bonne nouvelle : le Christ est mort et ressuscité, grâce à quoi tu peux vivre !
En vertu de tout cela, malgré la beauté et la richesse de la liturgie, elle se révèle beaucoup plus ascétique et exigeante que le christianisme américain. Les longs services, les prières fréquentes, les jeunes sévères ce sont là des exigences difficiles pour les croyants, spécialement pour les Américains qui ont réussi, les représentants de la classe moyenne dont je suis. L’Orthodoxie nous appelle à dépasser nos limites. Elle nous invite au repentir. L’Orthodoxie ne cherche pas à vous donner un sentiment de confort au sein de vos péchés. Elle ne vous demande ni plus ni moins que la sainteté. Il est déjà courant d’entendre chez les néophytes américains que le mari est venu le premier à l’orthodoxie, puis ensuite sa femme l’a suivi. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Beaucoup d’hommes sont fatigués du christianisme bourgeois mou qui ne leur propose pas grand-chose parce qu’il ne leur demande presque rien. Les hommes aiment les défis, et c’est là ce que leur donne l’Orthodoxie.
Oui, les Eglises orthodoxes, aux Etats Unis, sont pleines de simples Américains, et elles sont pleines de problèmes américains ordinaires, comme les paroisses russes le sont de problèmes russes.
J’ai trouvé dans l’orthodoxie ce qu’il m’avait semblé trouver quand je suis devenu catholique. J’ai choisi pour saint protecteur Benoît que vénèrent les deux Eglises. C’est pour moi le signe de l’unité qui était la nôtre et que nous pouvons restaurer. L’Eglise Catholique doit devenir plus orthodoxe et l’orthodoxe plus catholique. Je prie, je prie réellement pour que nous vivions jusqu’au moment où cette unité reviendra
Pravoslavie i Mir
Американский журналист Род Дриер: Православие не скажет вам, что у вас все о’кей
L'archevêque Michel de Genève et d'Europe occidentale, de l'Eglise orthodoxe russe hors frontières, a donné sa bénédiction aux fidèles de son diocèse, qui sont citoyens français, qui souhaitent participer à la manifestation du 13 janvier à Paris organisée contre le projet de loi intitulé "mariage pour tous". Pour lire sa lettre à ce sujet, cliquez sur ce lien Orthodoxie.com
Le père Andrew Phillips que connaissent bien les lecteurs de P.O. publie sur Pravoslavie.ru un récit passionnant des anciennes britanniques de Noël et d'autres grandes fêtes chrétiennes.
'They were old men with no scholarship. They told me of their thoughts: the things they said within themselves as they sailed with the stars and with the wild waters about and beneath them. I have never heard fairer things than fell from the lips of those unlettered men. It was the poetry of the grace of God.'
If we take a human lifetime as the Biblical threescore years and ten, only fourteen lifetimes ago the English Church was an integral part of the Orthodox family, belonging to the Universal Church of Christ. For nearly five centuries the English were in communion with the rest of Christendom. There were close contacts with Eastern Christendom. One of England's sainted Archbishops, Theodore of Tarsus, was a Greek; Greek monks and a bishop lived in England at the end of the 10th century, and Gytha, the daughter of the Old English King, Harold II, married in Kiev. It is clear that during such a long period, a half-millennium, the Christian faith impregnated the way of life of the people and the Old English monarchy. It is clear that traces of the Faith of the first five centuries of English Christianity, a Faith that was Orthodox though not Byzantine, must have remained after the 11th century.
'They were old men with no scholarship. They told me of their thoughts: the things they said within themselves as they sailed with the stars and with the wild waters about and beneath them. I have never heard fairer things than fell from the lips of those unlettered men. It was the poetry of the grace of God.'
If we take a human lifetime as the Biblical threescore years and ten, only fourteen lifetimes ago the English Church was an integral part of the Orthodox family, belonging to the Universal Church of Christ. For nearly five centuries the English were in communion with the rest of Christendom. There were close contacts with Eastern Christendom. One of England's sainted Archbishops, Theodore of Tarsus, was a Greek; Greek monks and a bishop lived in England at the end of the 10th century, and Gytha, the daughter of the Old English King, Harold II, married in Kiev. It is clear that during such a long period, a half-millennium, the Christian faith impregnated the way of life of the people and the Old English monarchy. It is clear that traces of the Faith of the first five centuries of English Christianity, a Faith that was Orthodox though not Byzantine, must have remained after the 11th century.
Of course it is true that England suffered the 11th century Papal reform of the Western Churches, and indeed this was particularly brutal in the British Isles, following, as it did, the papally-sponsored Norman Invasion of 1066. It is also true that England suffered another blow in the Reformation instigated by such tyrants as Henry VIII, Elizabeth I and the iconoclast Cromwell. All this represented a loss of spiritual culture, the denial of the saints, the deformation of ecclesial tradition, and the resulting loss of 'texture' or spiritual quality of English life. This is not to say, however, that the falling away or apostasy of England and the other Western nations from Orthodox Christian Tradition occurred everywhere at the same pace.
Since the 11th century, England has experienced high and low points in her spiritual and cultural life. The high points represent aslowing down in the process of apostasy, the low points a speeding up. The high points have been spiritual and cultural peaks, when the English nation, her perception sharpened through prayer, fasting, repentance and love of the Gospel, has been guided by Christ, the Mother of God, her national saints and her Guardian Angel, and so glimpsed her soul. Conversely, the low points have been those moments when the English nation abandoned her spiritual and cultural traditions and moved away from her divine calling and destiny. However we may judge the past, and some high points and low points seem to be apparent at once, it seems clear that, as with other Western peoples, today is a period when the apostasy is speeding up and we are heading more and more rapidly for the Apocalypse.
But it must be said that the very nature of the cause of the separation of the West from the Orthodox Faith, the filioque, implies that the process of the Western apostasy is gradual. The practical consequences of the filioque have only slowly filtered down into the life of the people, only slowly distorted the forms of popular piety. The Orthodox Christian heritage of the first five centuries of the English nation has survived in fragments. These fragments or vestiges are to be found particularly among country folk in the stock of accepted folk wisdom, in folk memory and fable, proverbial knowledge, ecclesial sense and the traditional practices of simple folk.
What is traditional outwits the changing fashions of religious decadence and rationalist speculation, which were and are inherent in the filioque and its consequences. The Christian Faith, which is made incarnate in the Christian way of life, can only be uprooted when the urban culture of 'reason' penetrates into the midst of those living in the rural, traditional, popular culture of the simple-hearted. In Western countries this only happened to any great extent in the last century. And here and there one may still meet individuals who have resisted the modernist rationalism of the towns until our own times.
Since the 11th century, England has experienced high and low points in her spiritual and cultural life. The high points represent aslowing down in the process of apostasy, the low points a speeding up. The high points have been spiritual and cultural peaks, when the English nation, her perception sharpened through prayer, fasting, repentance and love of the Gospel, has been guided by Christ, the Mother of God, her national saints and her Guardian Angel, and so glimpsed her soul. Conversely, the low points have been those moments when the English nation abandoned her spiritual and cultural traditions and moved away from her divine calling and destiny. However we may judge the past, and some high points and low points seem to be apparent at once, it seems clear that, as with other Western peoples, today is a period when the apostasy is speeding up and we are heading more and more rapidly for the Apocalypse.
But it must be said that the very nature of the cause of the separation of the West from the Orthodox Faith, the filioque, implies that the process of the Western apostasy is gradual. The practical consequences of the filioque have only slowly filtered down into the life of the people, only slowly distorted the forms of popular piety. The Orthodox Christian heritage of the first five centuries of the English nation has survived in fragments. These fragments or vestiges are to be found particularly among country folk in the stock of accepted folk wisdom, in folk memory and fable, proverbial knowledge, ecclesial sense and the traditional practices of simple folk.
What is traditional outwits the changing fashions of religious decadence and rationalist speculation, which were and are inherent in the filioque and its consequences. The Christian Faith, which is made incarnate in the Christian way of life, can only be uprooted when the urban culture of 'reason' penetrates into the midst of those living in the rural, traditional, popular culture of the simple-hearted. In Western countries this only happened to any great extent in the last century. And here and there one may still meet individuals who have resisted the modernist rationalism of the towns until our own times.
One is aware of this in small villages in England, where perhaps survive a Saxon church or foundation, the Hall, and clustered around them, the inn and black and white thatched cottages. In my own experience, I know for example of old people who through family tradition still regard the Julian calendar as the only true calendar. (In England the Julian calendar was changed for the Gregorian in 1752, when 2 September was followed by 14 September which caused rioting - not surprising when one considers for example that a month's rent would have to be paid for only nineteen days). Indeed the Julian or old calendar was until recently known as 'English style' and the Gregorian or new calendar as 'Roman style'. (See the Oxford English Dictionary). In old books one still finds the doggerel:
In seventeen hundred two and fifty,
Our style was changed to Popery,
But that it is liked we don't agree.
In farming families of my acquaintance in East Anglia, 'Old Christmas' was religiously kept right up to Hitler's War. The same for 'Old Michaelmas'. Similarly parish feasts, fetes or 'wakes' are still in some areas kept according to the 'English style'. Such faithful people know from their grandparents' grandparents that Easter in England is kept on the wrong date most years. Such people, outside the Orthodox Church, bring to shame the Orthodox New Calendarists who seem to have less sense of tradition than they.
I would like now to speak of those traditions which I have either seen myself or read of, which all go back to a time when the English world was still part of Undivided Christendom.
It would seem that those ancient traditions are particularly associated with the Nativity of Christ. The Birth of Christ was an invitation to the whole of the cosmos to celebrate. It was said that at the moment of the anniversary of the Nativity that all Creation stood still - rivers ceased to flow, birds stopped in their flight. After this moment bells rang, even from churches that had disappeared under the waves, as at Dunwich in Suffolk, or from St. Wilfrid's Cathedral which long ago sank beneath the waves off Selsey in Sussex. And then dogs barked, birds sang, bees buzzed, cocks crowed. All Creation united in praise of the Creator become man. A child born on Christmas Day (or for that matter on any Sunday) would never be drowned, so it was said.
Men celebrated in other ways. Everything had to be prepared before Christmas Day. Any work done on the day itself would turn out badly. On Christmas Eve, it is still the custom to set up window-lights, that is to put candles in the windows, to guide the Mother of God and St. Joseph, for whom there was no room at the inn. Holly is used as a decoration in homes and churches; the green is to remind us of the evergreen, everlasting life brought to us in the Birth of Christ, the red (berries) remind us of the blood on Christ's brow from the crown of thorns at the Crucifixion. Mistletoe is hung at home, but never at church. A tradition says that this was because mistletoe was formerly a tree used in making the Cross. Because of this shameful use, it was then reduced to a parasite.
The Christmas tree itself, according to German tradition, originates from the event when the 8th century Devonshire saint and Apostle of Germany, St. Boniface, cut down an oak used for pagan worship. The oak fell in the form of a cross and a fir tree sprang up from among the roots, as a token of new life, and thus the new life that we have in the Birth of Christ. It is said that when Christ is born, the oxen and the cattle on farms kneel down in worship and, according to some, weep. When in 19th century England a learned scholar mocked this belief, affirming that he had never seen it, he was informed by farm-labourers that this was because the scholar had been watching on 25 December, and not on the true date according to the Julian calendar. We are told that on hearing this characteristically Orthodox response, he departed in his pride, none the wiser. To this day the Glastonbury thorn and thorns taken from its cuttings flower not on 25 December, but around the 7 January. Similarly at the real Christmas rosemary, the rose of Mary, would blossom. The ash is also associated with the Nativity, for ash-logs are said to have been used to warm the Mother of God at the birth of Christ.
The food associated with Christmas was also symbolic. Christmas pudding, for instance, traditionally has thirteen ingredients, one for Christ and one for each of the Apostles. The mince-pie, which has been round in shape since Cromwell (who tried to ban it), was originally oval. This was to remind us of the shape of the manger and also the tomb of Christ (as on icons of the Nativity). The exotic ingredients, formerly with meat and spices, each represented qualities which the Birth of Christ had introduced into the world. This 'sacred' food was to be eaten in silence, while reflecting on the meaning of Christ's Birth. Today this has degenerated into simply pausing and making a wish before eating the first mince-pie. It was also said that every mince-pie eaten ensured a happy month in the coming year. Associated with this is the still existent custom of keeping a piece of Christmas cake all year.
Christmas carols were once far more various and also theologically far more profound, like the Little Russian 'koliady' or the Serbian folk-songs of Orthodox Tradition. Incidentally the Church year was formerly celebrated popularly by all sorts of carols for every feast; today Christmas carols are virtually all that remain, and these mainly in Victorian guise, though some of the melodies are ancient.
After Christmas, Childermas or the massacre of the Holy Innocents used to be, and I believe, still is, celebrated by special muffled peals of bells. Theologically, this feast is most significant, since it commemorates the sanctity of unbaptised but martyred children; perhaps in our churches the list of Holy Innocents should also include all those children who have been aborted from the beginning of the world. In general the English art of bell-ringing is quite unique and surely reflects some of the glory of our Orthodox heritage.
In seventeen hundred two and fifty,
Our style was changed to Popery,
But that it is liked we don't agree.
In farming families of my acquaintance in East Anglia, 'Old Christmas' was religiously kept right up to Hitler's War. The same for 'Old Michaelmas'. Similarly parish feasts, fetes or 'wakes' are still in some areas kept according to the 'English style'. Such faithful people know from their grandparents' grandparents that Easter in England is kept on the wrong date most years. Such people, outside the Orthodox Church, bring to shame the Orthodox New Calendarists who seem to have less sense of tradition than they.
I would like now to speak of those traditions which I have either seen myself or read of, which all go back to a time when the English world was still part of Undivided Christendom.
It would seem that those ancient traditions are particularly associated with the Nativity of Christ. The Birth of Christ was an invitation to the whole of the cosmos to celebrate. It was said that at the moment of the anniversary of the Nativity that all Creation stood still - rivers ceased to flow, birds stopped in their flight. After this moment bells rang, even from churches that had disappeared under the waves, as at Dunwich in Suffolk, or from St. Wilfrid's Cathedral which long ago sank beneath the waves off Selsey in Sussex. And then dogs barked, birds sang, bees buzzed, cocks crowed. All Creation united in praise of the Creator become man. A child born on Christmas Day (or for that matter on any Sunday) would never be drowned, so it was said.
Men celebrated in other ways. Everything had to be prepared before Christmas Day. Any work done on the day itself would turn out badly. On Christmas Eve, it is still the custom to set up window-lights, that is to put candles in the windows, to guide the Mother of God and St. Joseph, for whom there was no room at the inn. Holly is used as a decoration in homes and churches; the green is to remind us of the evergreen, everlasting life brought to us in the Birth of Christ, the red (berries) remind us of the blood on Christ's brow from the crown of thorns at the Crucifixion. Mistletoe is hung at home, but never at church. A tradition says that this was because mistletoe was formerly a tree used in making the Cross. Because of this shameful use, it was then reduced to a parasite.
The Christmas tree itself, according to German tradition, originates from the event when the 8th century Devonshire saint and Apostle of Germany, St. Boniface, cut down an oak used for pagan worship. The oak fell in the form of a cross and a fir tree sprang up from among the roots, as a token of new life, and thus the new life that we have in the Birth of Christ. It is said that when Christ is born, the oxen and the cattle on farms kneel down in worship and, according to some, weep. When in 19th century England a learned scholar mocked this belief, affirming that he had never seen it, he was informed by farm-labourers that this was because the scholar had been watching on 25 December, and not on the true date according to the Julian calendar. We are told that on hearing this characteristically Orthodox response, he departed in his pride, none the wiser. To this day the Glastonbury thorn and thorns taken from its cuttings flower not on 25 December, but around the 7 January. Similarly at the real Christmas rosemary, the rose of Mary, would blossom. The ash is also associated with the Nativity, for ash-logs are said to have been used to warm the Mother of God at the birth of Christ.
The food associated with Christmas was also symbolic. Christmas pudding, for instance, traditionally has thirteen ingredients, one for Christ and one for each of the Apostles. The mince-pie, which has been round in shape since Cromwell (who tried to ban it), was originally oval. This was to remind us of the shape of the manger and also the tomb of Christ (as on icons of the Nativity). The exotic ingredients, formerly with meat and spices, each represented qualities which the Birth of Christ had introduced into the world. This 'sacred' food was to be eaten in silence, while reflecting on the meaning of Christ's Birth. Today this has degenerated into simply pausing and making a wish before eating the first mince-pie. It was also said that every mince-pie eaten ensured a happy month in the coming year. Associated with this is the still existent custom of keeping a piece of Christmas cake all year.
Christmas carols were once far more various and also theologically far more profound, like the Little Russian 'koliady' or the Serbian folk-songs of Orthodox Tradition. Incidentally the Church year was formerly celebrated popularly by all sorts of carols for every feast; today Christmas carols are virtually all that remain, and these mainly in Victorian guise, though some of the melodies are ancient.
After Christmas, Childermas or the massacre of the Holy Innocents used to be, and I believe, still is, celebrated by special muffled peals of bells. Theologically, this feast is most significant, since it commemorates the sanctity of unbaptised but martyred children; perhaps in our churches the list of Holy Innocents should also include all those children who have been aborted from the beginning of the world. In general the English art of bell-ringing is quite unique and surely reflects some of the glory of our Orthodox heritage.
Candlemas, the Feast of the Meeting in the Temple, 2 February, 40 days after Christmas according to the Orthodox method of counting which counts inclusively, was once much celebrated. Today it is remembered only by weather sayings and the names 'Candlemas bells', 'Christ's flowers', 'Fair Maids of February' or 'Purification flowers' for snowdrops.
The childhood of Christ was also celebrated by various customs. Thus the juniper tree was said to have special qualities, for it protected Christ during the Flight into Egypt. To this day it is said that hunted foxes and hares find shelter under it, as did Our Lord. Lavender is said to have obtained its sweet fragrance from the fact that the Mother of God hung Christ's swaddling-clothes on it to dry.
In spite of Reformation iconoclasm, the Mother of God is still remembered in popular tradition in England. It was not for nothing that England was formerly known as 'Our Lady's Dowry', the equivalent of the Russian title, 'the House of the Mother of God', which was given to Russia in the days before the Revolution. We are left today with the beautiful names of the Feasts; Lady Day for the Annunciation, Our Lady in Harvest for the Dormition and Our Lady in December for the Conception of the Mother of God. The ladybird is in fact 'Our Lady's bird', and nearly a dozen flowers are named after the Mother of God, for example, Our Lady's Smock {Cardamine pratensis), and the marigold is in fact 'Mary's Gold'. How appropriate it would be to use such flowers to decorate icons of the Mother of God on Her various feast-days. Indeed, one wonders if such a practice might not be the ultimate origin of the names themselves.
As far back as the eighth century the Venerable Bede made the Madonna Lily, also called the Mary Lily, the emblem of the Dormition of the Mother of God, the Virgin. Mary, likening the white petals to her spotless body and the golden antlers to her soul glowing with heavenly light. To this day the saying that a bride must wear something blue at her wedding goes back to the liturgical blue, worn for the Feasts of the Mother of God. If a bride wears something blue, she is in fact asking for the blessing of the Mother of God on her marriage. The terrible tragedy is that the reverence of old for the Mother of God has so degenerated in modern speech. The real meaning of the swear-word 'bloody' is 'By Our Lady': it is in fact therefore a blasphemy.
Again, despite Reformation iconoclasm the notion of 'image' (= icon) survived. In the East Saxon (Essex) dialect, people will say: 'He's a bad image' or 'What an image you are!' They mean that the image of God (=icon) may either be seen in them, or else is being lost in them. As regards images or iconography as such, they survived only in the piety of the sampler with its biblical text or proverbial wisdom ('No pains, no gains', 'What cannot be cured, must be endured'). They were being sewn until the beginning of this century and sometimes later in families of my acquaintance.
As regards flower-names, many are connected with the Saviour or the saints. Rose-campion is called 'Our Saviour's flannel' on account of its soft, velvety leaves. Hypericum calycinum is commonly called 'St. John's wort' and also 'Aaron's beard'. Verbascum thapsus is generally known as 'Aaron's rod'. And the Campanula medium is usually called the 'Canterbury Bell'. Ragwort is also called St. James' wort and there is also of course the Michaelmas daisy, so named from the coincidence of the feast and its flowering. The cowslip is also called St. Peter's wort. [Incidentally another name for the haddock is St. Peter's fish, since he was said to have caught one (Matt. 17, 27), leaving marks on its back made by his finger and thumb.] The eider duck, similarly, is also called St Cuthbert's duck.
A great many traditions were and are connected with the Lenten cycle and Easter. The Saturday before Lent began, was and is called 'Egg Saturday', for then people started to use up their eggs, having already given up meat. The proverb 'Marry in Lent, live to repent', reminds us of the Church's prohibition of weddings during fasts. 'After every Christmas comes Lent', reminds us that the Church's Year was set by a rhythm of feasts and fasts, and also induces in us a sense of sobriety. The daffodil is still sometimes called 'the lenten lily'. A common, meatless dish was lenten pie. Lent was also the marble season. This was so until a few years ago. The marble season finished at noon on Good Friday. The marbles were symbols of the stone that was rolled away from the tomb at the Resurrection of Christ.
Palm Sunday was also called 'Fig Sunday', for on this day figs, the fruit of the palm, would be eaten in pies and puddings. Donkeys were treated with special kindness on this day. Incidentally, the cross-shaped mark on the backs of donkeys is said to come from the fact that the Lord rode upon a donkey. Holy Thursday was kept with great piety, just as Good Friday. Even in my childhood all shops were closed on Good Friday - except the baker's for hot cross buns (see below). It was called 'Good' from the old meaning of the word 'good', signifying holy or spiritual, as is still the case when we call the Bible 'the Good Book'.
The elder was a tree never used by carpenters because it was said to be the tree from which Judas hanged himself and was called 'the Judas tree'. On the other hand if the aspen tree is popularly called 'the shiver tree' it is because Christ was crucified on one. So to this day it shivers with shame and horror. On the English borderlands the Skirrid was said to be a holy mountain and the great cleft in its side is said to have been made by the earthquake at Christ's Crucifixion. Churches in the English Marches were often built on earth brought from it. It was also sprinkled on coffins within living memory as a token of the Resurrection. Another Good Friday custom in the south of England was skipping; the skipping rope was said to symbolise that with which Judas had hanged himself.
As at Christmas, Good Friday and Easter were marked by cosmic events. All Creation participated. Thus it is said that the hawthorn groans on Good Friday, because it was used to weave the crown of thorns. If the violet droops its head, it is because the shadow of the cross fell upon it at the Crucifixion. The robin has a red breast because he pulled thorns from Christ's brow, thus staining himself with blood. The expression 'touchwood' comes of course from the custom of touching the Cross (wood) to protect oneself from the Evil One. To this day hot cross buns are eaten in England. Traditionally they have a healing power and are still eaten in some parts in much the same way as Orthodox eat prosphora or blessed bread from the Vigil. A few years ago a Herefordshire baker was recorded as saying: 'Bakers are important men - the Birth of our Lord and his Death - we're at them both. We make mince-pies for His Birthday and hot cross buns for His Deathday.' Good Friday was also considered a day of blessing for certain activities. Thus if seeds are sown at noon on the day, flowers will come up double (a token of new life and resurrection). Also bread baked on Good Friday will keep fresh all the year. On the other hand it was said that any sewing done on this day would come undone.
Just as the Russians have eggs blessed at Easter, so in England 'pace-eggs' (paschal eggs) were blessed in church before they were eaten. In some places the tradition of 'pace-egg rolling' still continues - consisting of rolling paschal eggs down slopes in play. These eggs represented the stone that was rolled away from Christ's Tomb. On Easter Sunday, often called 'God's Sunday' or 'Holy Sunday', one always wore something new (the 'Easter bonnet'), as a token of new life. After the Easter-service, Easter breakfast (i.e. the breaking of the fast; it took place at about midday) would be eaten. Here the eggs (always dyed red and only red - the colour of blood) would be eaten with the main Easter dish, lamb - the finest Canterbury lamb. This was garnished with mint sauce, an allusion to the bitter suffering through which the Lamb of God, the Risen Son, had passed. (Lamb is the traditional Greek dish on this day).
There was a custom of getting up before sunrise to see the sun dance for joy at the Resurrection - a custom that existed in Russia too. Some said that a lamb could be seen silhouetted against the disc of the rising sun. Sceptics were told that if they had not seen the sun dance, it was because the Devil was so cunning that he always put a hill in the way to hide it. In some parts it was held that one had to look at the sun reflected in a pool, in order 'to see the sun dance and play in the water, and the angels who were at the Resurrection playing backwards and forwards before the sun'.
Much weather-lore also concerns Easter. Thus: 'Whatever the weather on Easter Day will also prevail at harvest', or, 'If the sun shines on Easter Day, it will also shine on Whitsunday', or again, 'If it rains on Easter Sunday, it will rain on every Sunday till Whitsunday', or even, 'A white Easter brings a green Christmas'. The linking of one feast with another through the weather shows the popular liturgical sense and how it was interwoven with the working year. As for tree-lore, the yew was and is used to decorate churches at Easter, since the yew lives for a thousand years and more, and is thus a symbol of the Eternal One, Christ. Graveyards were also decked at this time of year: the departed were not forgotten. Even today many put flowers on graves at Easter.
In 1991 the Orthodox Church celebrates 'Kyriopascha', that is to say the conjunction of Easter and the Annunciation. An old proverb about this is: 'When Easter falls in Our Lady's lap, then let England beware of a sad mishap'. Let us hope that this will not be so.
Easter celebrations went on throughout Easter (Bright) Week and on to 'Hocktide', the Monday and Tuesday of the following week, which corresponds to the Russian 'Radonitsa'. A custom still observed at Hocktide is that of 'heaving'. Local people literally lift one another off the ground, singing 'Jesus Christ is risen again'. This unusual custom is said to celebrate the resurrection of the departed, the rising from the ground of the saints. We should not forget that the word 'Easter', from 'East', itself refers to rising, although in the sense of the rising sap of of the Spring and the rising of the sun.
Ascension Day was celebrated piously in former times. If it rained on the day, the rain-water would be carefully collected and drunk. It was said that by His Ascension, Christ hallowed the sky and so the rain-water on this day had healing powers. I know that there are those who keep this custom to this day. On the other hand clothes must not be washed on Ascension Day, otherwise the life of a member of the family will be washed away.
Whitsun (Pentecost) means literally 'White Sunday' from the fact that many were baptised on this feast and thus dressed in white baptismal gowns, but perhaps also from the white light of the Holy Spirit. In Somerset, 'God's Land', it was customary for women to wear white ribbons in their shoes, or at least carry a white flower, perhaps a daisy. It was a great feast and bells which were rung on this day were decorated with red ribbons to remind the faithful of the tongues of fire of the Holy Spirit. The main dish this day was veal, in other words, the Biblical 'fatted calf, with gooseberry pie. This became a problem with the calendar change in 1752 for gooseberries are not ripe for an early Whitsun. Indeed an old rhyme says: 'For gooseberry tart at Whitsuntide, trim old wood out 'ere Christmastide'.
Although saints were less venerated after the Reformation and many customs have been forgotten, some saints have remained in popular tradition. There are a great many sayings connecting saints days with sowing seasons and the weather. By far the most well-known is that connected with St. Swithin:
St Swithin's Day if thou dost rain
For forty days it will remain;
St Swithin's Day if thou be fair
For forty days 'twill rain no mair (more).
Less well known is: 'Till St. Swithin's Day be past, Apples be not fit to taste'. Of a multitude of saws, which deserve an article in themselves, connected with agriculture we may mention: 'David and Chad, Sow peas, good or bad'. (Do not delay sowing peas after 1 and 2 March).'On St. Barnabas Day (11 June) mow away, grass or none', or 'Barnaby bright, Barnaby bright, The longest day and the shortest night'. These rhymes witness to the missionary work of monks who taught peasant folk how to remember saints' days. Other rhymes include: 'For Lavender, bushy, sweet and tall, tend upon the feast of Paul.', 'Dig in old thatch at Annunciation, 'twill triple the yield; what jubilation.', 'Of taters you will have the most, Praise Father, Son and Holy Ghost.', Plant Parsley fair on Lady Day, Away from Rhubarb and from Tare, Remember! - Say the Lord's Prayer.', 'Plant Broad Beans on Candlemas Day, one for the Rook and one for the Crow, one for the Nick to rot away, And one with God's blessing to grow.', 'To John the Baptist praise be due, the straw flower buds have just come through.'
The great problem with these sayings is that after the 1752 calendar change, most of them became untrue. For example St. Barnabas Day, referred to above, was the longest day and the shortest night, but after 1752, it fell simply on June 11. What we now call an Indian summer is still called St. Martin's or St. Luke's little summer. The exclamation 'By George' was originally an appeal to the nation's patron saint for help and intercession.
The childhood of Christ was also celebrated by various customs. Thus the juniper tree was said to have special qualities, for it protected Christ during the Flight into Egypt. To this day it is said that hunted foxes and hares find shelter under it, as did Our Lord. Lavender is said to have obtained its sweet fragrance from the fact that the Mother of God hung Christ's swaddling-clothes on it to dry.
In spite of Reformation iconoclasm, the Mother of God is still remembered in popular tradition in England. It was not for nothing that England was formerly known as 'Our Lady's Dowry', the equivalent of the Russian title, 'the House of the Mother of God', which was given to Russia in the days before the Revolution. We are left today with the beautiful names of the Feasts; Lady Day for the Annunciation, Our Lady in Harvest for the Dormition and Our Lady in December for the Conception of the Mother of God. The ladybird is in fact 'Our Lady's bird', and nearly a dozen flowers are named after the Mother of God, for example, Our Lady's Smock {Cardamine pratensis), and the marigold is in fact 'Mary's Gold'. How appropriate it would be to use such flowers to decorate icons of the Mother of God on Her various feast-days. Indeed, one wonders if such a practice might not be the ultimate origin of the names themselves.
As far back as the eighth century the Venerable Bede made the Madonna Lily, also called the Mary Lily, the emblem of the Dormition of the Mother of God, the Virgin. Mary, likening the white petals to her spotless body and the golden antlers to her soul glowing with heavenly light. To this day the saying that a bride must wear something blue at her wedding goes back to the liturgical blue, worn for the Feasts of the Mother of God. If a bride wears something blue, she is in fact asking for the blessing of the Mother of God on her marriage. The terrible tragedy is that the reverence of old for the Mother of God has so degenerated in modern speech. The real meaning of the swear-word 'bloody' is 'By Our Lady': it is in fact therefore a blasphemy.
Again, despite Reformation iconoclasm the notion of 'image' (= icon) survived. In the East Saxon (Essex) dialect, people will say: 'He's a bad image' or 'What an image you are!' They mean that the image of God (=icon) may either be seen in them, or else is being lost in them. As regards images or iconography as such, they survived only in the piety of the sampler with its biblical text or proverbial wisdom ('No pains, no gains', 'What cannot be cured, must be endured'). They were being sewn until the beginning of this century and sometimes later in families of my acquaintance.
As regards flower-names, many are connected with the Saviour or the saints. Rose-campion is called 'Our Saviour's flannel' on account of its soft, velvety leaves. Hypericum calycinum is commonly called 'St. John's wort' and also 'Aaron's beard'. Verbascum thapsus is generally known as 'Aaron's rod'. And the Campanula medium is usually called the 'Canterbury Bell'. Ragwort is also called St. James' wort and there is also of course the Michaelmas daisy, so named from the coincidence of the feast and its flowering. The cowslip is also called St. Peter's wort. [Incidentally another name for the haddock is St. Peter's fish, since he was said to have caught one (Matt. 17, 27), leaving marks on its back made by his finger and thumb.] The eider duck, similarly, is also called St Cuthbert's duck.
A great many traditions were and are connected with the Lenten cycle and Easter. The Saturday before Lent began, was and is called 'Egg Saturday', for then people started to use up their eggs, having already given up meat. The proverb 'Marry in Lent, live to repent', reminds us of the Church's prohibition of weddings during fasts. 'After every Christmas comes Lent', reminds us that the Church's Year was set by a rhythm of feasts and fasts, and also induces in us a sense of sobriety. The daffodil is still sometimes called 'the lenten lily'. A common, meatless dish was lenten pie. Lent was also the marble season. This was so until a few years ago. The marble season finished at noon on Good Friday. The marbles were symbols of the stone that was rolled away from the tomb at the Resurrection of Christ.
Palm Sunday was also called 'Fig Sunday', for on this day figs, the fruit of the palm, would be eaten in pies and puddings. Donkeys were treated with special kindness on this day. Incidentally, the cross-shaped mark on the backs of donkeys is said to come from the fact that the Lord rode upon a donkey. Holy Thursday was kept with great piety, just as Good Friday. Even in my childhood all shops were closed on Good Friday - except the baker's for hot cross buns (see below). It was called 'Good' from the old meaning of the word 'good', signifying holy or spiritual, as is still the case when we call the Bible 'the Good Book'.
The elder was a tree never used by carpenters because it was said to be the tree from which Judas hanged himself and was called 'the Judas tree'. On the other hand if the aspen tree is popularly called 'the shiver tree' it is because Christ was crucified on one. So to this day it shivers with shame and horror. On the English borderlands the Skirrid was said to be a holy mountain and the great cleft in its side is said to have been made by the earthquake at Christ's Crucifixion. Churches in the English Marches were often built on earth brought from it. It was also sprinkled on coffins within living memory as a token of the Resurrection. Another Good Friday custom in the south of England was skipping; the skipping rope was said to symbolise that with which Judas had hanged himself.
As at Christmas, Good Friday and Easter were marked by cosmic events. All Creation participated. Thus it is said that the hawthorn groans on Good Friday, because it was used to weave the crown of thorns. If the violet droops its head, it is because the shadow of the cross fell upon it at the Crucifixion. The robin has a red breast because he pulled thorns from Christ's brow, thus staining himself with blood. The expression 'touchwood' comes of course from the custom of touching the Cross (wood) to protect oneself from the Evil One. To this day hot cross buns are eaten in England. Traditionally they have a healing power and are still eaten in some parts in much the same way as Orthodox eat prosphora or blessed bread from the Vigil. A few years ago a Herefordshire baker was recorded as saying: 'Bakers are important men - the Birth of our Lord and his Death - we're at them both. We make mince-pies for His Birthday and hot cross buns for His Deathday.' Good Friday was also considered a day of blessing for certain activities. Thus if seeds are sown at noon on the day, flowers will come up double (a token of new life and resurrection). Also bread baked on Good Friday will keep fresh all the year. On the other hand it was said that any sewing done on this day would come undone.
Just as the Russians have eggs blessed at Easter, so in England 'pace-eggs' (paschal eggs) were blessed in church before they were eaten. In some places the tradition of 'pace-egg rolling' still continues - consisting of rolling paschal eggs down slopes in play. These eggs represented the stone that was rolled away from Christ's Tomb. On Easter Sunday, often called 'God's Sunday' or 'Holy Sunday', one always wore something new (the 'Easter bonnet'), as a token of new life. After the Easter-service, Easter breakfast (i.e. the breaking of the fast; it took place at about midday) would be eaten. Here the eggs (always dyed red and only red - the colour of blood) would be eaten with the main Easter dish, lamb - the finest Canterbury lamb. This was garnished with mint sauce, an allusion to the bitter suffering through which the Lamb of God, the Risen Son, had passed. (Lamb is the traditional Greek dish on this day).
There was a custom of getting up before sunrise to see the sun dance for joy at the Resurrection - a custom that existed in Russia too. Some said that a lamb could be seen silhouetted against the disc of the rising sun. Sceptics were told that if they had not seen the sun dance, it was because the Devil was so cunning that he always put a hill in the way to hide it. In some parts it was held that one had to look at the sun reflected in a pool, in order 'to see the sun dance and play in the water, and the angels who were at the Resurrection playing backwards and forwards before the sun'.
Much weather-lore also concerns Easter. Thus: 'Whatever the weather on Easter Day will also prevail at harvest', or, 'If the sun shines on Easter Day, it will also shine on Whitsunday', or again, 'If it rains on Easter Sunday, it will rain on every Sunday till Whitsunday', or even, 'A white Easter brings a green Christmas'. The linking of one feast with another through the weather shows the popular liturgical sense and how it was interwoven with the working year. As for tree-lore, the yew was and is used to decorate churches at Easter, since the yew lives for a thousand years and more, and is thus a symbol of the Eternal One, Christ. Graveyards were also decked at this time of year: the departed were not forgotten. Even today many put flowers on graves at Easter.
In 1991 the Orthodox Church celebrates 'Kyriopascha', that is to say the conjunction of Easter and the Annunciation. An old proverb about this is: 'When Easter falls in Our Lady's lap, then let England beware of a sad mishap'. Let us hope that this will not be so.
Easter celebrations went on throughout Easter (Bright) Week and on to 'Hocktide', the Monday and Tuesday of the following week, which corresponds to the Russian 'Radonitsa'. A custom still observed at Hocktide is that of 'heaving'. Local people literally lift one another off the ground, singing 'Jesus Christ is risen again'. This unusual custom is said to celebrate the resurrection of the departed, the rising from the ground of the saints. We should not forget that the word 'Easter', from 'East', itself refers to rising, although in the sense of the rising sap of of the Spring and the rising of the sun.
Ascension Day was celebrated piously in former times. If it rained on the day, the rain-water would be carefully collected and drunk. It was said that by His Ascension, Christ hallowed the sky and so the rain-water on this day had healing powers. I know that there are those who keep this custom to this day. On the other hand clothes must not be washed on Ascension Day, otherwise the life of a member of the family will be washed away.
Whitsun (Pentecost) means literally 'White Sunday' from the fact that many were baptised on this feast and thus dressed in white baptismal gowns, but perhaps also from the white light of the Holy Spirit. In Somerset, 'God's Land', it was customary for women to wear white ribbons in their shoes, or at least carry a white flower, perhaps a daisy. It was a great feast and bells which were rung on this day were decorated with red ribbons to remind the faithful of the tongues of fire of the Holy Spirit. The main dish this day was veal, in other words, the Biblical 'fatted calf, with gooseberry pie. This became a problem with the calendar change in 1752 for gooseberries are not ripe for an early Whitsun. Indeed an old rhyme says: 'For gooseberry tart at Whitsuntide, trim old wood out 'ere Christmastide'.
Although saints were less venerated after the Reformation and many customs have been forgotten, some saints have remained in popular tradition. There are a great many sayings connecting saints days with sowing seasons and the weather. By far the most well-known is that connected with St. Swithin:
St Swithin's Day if thou dost rain
For forty days it will remain;
St Swithin's Day if thou be fair
For forty days 'twill rain no mair (more).
Less well known is: 'Till St. Swithin's Day be past, Apples be not fit to taste'. Of a multitude of saws, which deserve an article in themselves, connected with agriculture we may mention: 'David and Chad, Sow peas, good or bad'. (Do not delay sowing peas after 1 and 2 March).'On St. Barnabas Day (11 June) mow away, grass or none', or 'Barnaby bright, Barnaby bright, The longest day and the shortest night'. These rhymes witness to the missionary work of monks who taught peasant folk how to remember saints' days. Other rhymes include: 'For Lavender, bushy, sweet and tall, tend upon the feast of Paul.', 'Dig in old thatch at Annunciation, 'twill triple the yield; what jubilation.', 'Of taters you will have the most, Praise Father, Son and Holy Ghost.', Plant Parsley fair on Lady Day, Away from Rhubarb and from Tare, Remember! - Say the Lord's Prayer.', 'Plant Broad Beans on Candlemas Day, one for the Rook and one for the Crow, one for the Nick to rot away, And one with God's blessing to grow.', 'To John the Baptist praise be due, the straw flower buds have just come through.'
The great problem with these sayings is that after the 1752 calendar change, most of them became untrue. For example St. Barnabas Day, referred to above, was the longest day and the shortest night, but after 1752, it fell simply on June 11. What we now call an Indian summer is still called St. Martin's or St. Luke's little summer. The exclamation 'By George' was originally an appeal to the nation's patron saint for help and intercession.
The sign of the cross is recalled in a degenerate form in crossing the fingers for luck and the schoolchild's solemn promise, 'cross my heart and hope to die'. I know of housewives who still make the sign of the cross over any bread, cake or pastry they bake to ensure that it turns out well. Incidentally they make the cross in the Orthodox fashion - it should not be forgotten that the Roman Catholic inversion only goes back two or three hundred years. Similarly I know of people who still place a poker crossways over a fire, thus making the sign of the cross, to ensure that the fire does not smoke. Until the nineteenth century crosses would often be carved on doorsteps, sills and lintels, to 'keep out the Devil'. At weddings millers used to set the sails of their windmills in a position known as 'the Miller's Glory', i.e. like a St. George's Cross, not a St. Andrew's Cross.
There are also birth and burial customs of great Christian significance. A child born at the 'chimes hours' i.e. the hours when bells chimed for church services, the third, sixth, ninth hours and before Liturgy and Vespers, is still considered by some to receive a special blessing. The churching of women on the 40th day was also considered to be very important, a sure remedy for post-natal depression. The first thing to be placed in a baby's cradle was the Gospel. In Lincolnshire there was until recently a custom, or perhaps rather superstition, of receiving confirmation twice - this was thought to cure rheumatism! In the Marches confirmation was said to cure lumbago and sciatica. In Northumberland, just as among pious Romanian peasants to this day, the funeral clothes of a bride and bridegroom were an integral part of any wedding trousseau. In the West of England the faithful would put rue, hyssop and wormwood in coffins as symbols of repentance. How far have we come from such piety today…
In spite of 400 years of Protestantism, it is still customary in country areas to eat fish on Fridays, a mere remnant of Orthodox fasting -nevertheless something of which today's 'Neo-Orthodox' seem to be incapable.
As regards blessings, it should not be forgotten that the origin of the expression 'Good-bye' is 'God be with you'. Until the Reformation, the expression 'Thank you' was less used, being replaced by 'God 'a' mercy', (God have mercy), which still survives in the Cockney 'Lawks 'a' mercy' (Lord have mercy). A popular bedtime prayer was and is 'the White Paternoster': 'Matthew, Mark, Luke and John, bless the bed that I lie on'; I can remember being taught it in childhood.
One local tradition that I cannot fail to mention is that of the old shepherds on the Essex marshes. When they died, they were always buried with some sheep's wool in their hand. It was said that when at the Last Judgement, they would be asked why they had not attended church on Sundays, they would hold up the wool and thus be forgiven - for they too had been tending their flocks in Christ-loving wise.
Of all these fragments, reminders of the common Tradition, the most important in my view is that of Christian charity, the practice of the Faith. 1 have been told countless times by folk of how in our village poor families would systematically cook an extra plate of food for dinner. And this was during the Depression, when all my father had to eat was two crusts of bread and an 'oxo mess' a day. Nobody knew who the extra food was for, but invariably a tramp, beggar or unemployed man, fallen on hard times, would come along and then a plate of food would go to him, with the words, 'God bless you'. If that is not Orthodoxy, then I don't know what is.
In these crumbs from the Tradition, fallen like the Canaanite woman's from the table of the Master, we are reminded that God does not forsake the sincere and the devout, however far from the Church their 'leaders' have taken them. Deprived of so many of the riches of the Church, God has remembered them, for 'the Spirit bloweth where it listeth, and thou hearest the sound thereof, but canst not tell whence it cometh and whither itgoeth (John3, 8).
In former times England was called 'Merry', not in the corrupt modern sense, but in the ancient sense of the word, 'Blessed'. Such customs did indeed bless a land. God does not forsake us, only we forsake God. Old English culture and tradition declared that all Creation is with God and shares in the joy of His Kingdom, for the Earth is here to call us to God. All that exists is a mere reflection of the non-material, real world beyond this one in which we have faith. That is why, in Old English, the word 'Orthodox' was translated by geleafful - faithful. At a time when we are faced with a choice between turning to the 'West', to Mammon, and turning to the 'East', to Christ, these traditions may help us to make the right choice. The fragments I have described above, and a great many others, may yet one day be reintegrated into that divine Tradition that we call the Orthodox Christian Faith and Church. May it be so, О Lord!
October 1990
From a letter concerning the fishermen of Leigh in Essex of с 1900.
...................................................
Корень причины отпадения Запада от православной веры, то есть учение о Filioque, в своем практическом применении означает, что процесс апостасии Запада является постепенным. Негативные практические последствия Filioque постепенно проникали в жизнь людей и понемногу изменяли формы благочестия.
Поэтому православное наследие первых веков христианства в Англии хотя и сохранилось, но фрагментарно. Эти фрагменты или следы Православия можно увидеть прежде всего в жизни сельского народа: в народной мудрости, в народных сказках, баснях и пословицах, в некоторых до сих пор поддерживаемых церковных и народных традициях. Все, что связано с традицией, всегда оказывается сильнее вечно меняющихся веяний, религиозной апостасии и рационального мышления, являющихся следствиями Filioque. Христианская вера, воплощенная в христианском образе жизни, может укорениться в городах только тогда, когда городская «культура разума» проникнется сельской, традиционной и популярной культурой простосердечных жителей провинции.
В Западных странах это в некоторой мере реализовалось лишь в XIX веке. И даже в наши дни и здесь, и там можно встретить отдельных людей, отвергающих модернистский рационализм современных городов. Такие люди особенно сохранились в маленьких деревнях, где нет ничего кроме черно-белых домиков с соломенными крышами, старой саксонской церкви, гостиницы и местного клуба. Suite Pravoslavie.ru
There are also birth and burial customs of great Christian significance. A child born at the 'chimes hours' i.e. the hours when bells chimed for church services, the third, sixth, ninth hours and before Liturgy and Vespers, is still considered by some to receive a special blessing. The churching of women on the 40th day was also considered to be very important, a sure remedy for post-natal depression. The first thing to be placed in a baby's cradle was the Gospel. In Lincolnshire there was until recently a custom, or perhaps rather superstition, of receiving confirmation twice - this was thought to cure rheumatism! In the Marches confirmation was said to cure lumbago and sciatica. In Northumberland, just as among pious Romanian peasants to this day, the funeral clothes of a bride and bridegroom were an integral part of any wedding trousseau. In the West of England the faithful would put rue, hyssop and wormwood in coffins as symbols of repentance. How far have we come from such piety today…
In spite of 400 years of Protestantism, it is still customary in country areas to eat fish on Fridays, a mere remnant of Orthodox fasting -nevertheless something of which today's 'Neo-Orthodox' seem to be incapable.
As regards blessings, it should not be forgotten that the origin of the expression 'Good-bye' is 'God be with you'. Until the Reformation, the expression 'Thank you' was less used, being replaced by 'God 'a' mercy', (God have mercy), which still survives in the Cockney 'Lawks 'a' mercy' (Lord have mercy). A popular bedtime prayer was and is 'the White Paternoster': 'Matthew, Mark, Luke and John, bless the bed that I lie on'; I can remember being taught it in childhood.
One local tradition that I cannot fail to mention is that of the old shepherds on the Essex marshes. When they died, they were always buried with some sheep's wool in their hand. It was said that when at the Last Judgement, they would be asked why they had not attended church on Sundays, they would hold up the wool and thus be forgiven - for they too had been tending their flocks in Christ-loving wise.
Of all these fragments, reminders of the common Tradition, the most important in my view is that of Christian charity, the practice of the Faith. 1 have been told countless times by folk of how in our village poor families would systematically cook an extra plate of food for dinner. And this was during the Depression, when all my father had to eat was two crusts of bread and an 'oxo mess' a day. Nobody knew who the extra food was for, but invariably a tramp, beggar or unemployed man, fallen on hard times, would come along and then a plate of food would go to him, with the words, 'God bless you'. If that is not Orthodoxy, then I don't know what is.
In these crumbs from the Tradition, fallen like the Canaanite woman's from the table of the Master, we are reminded that God does not forsake the sincere and the devout, however far from the Church their 'leaders' have taken them. Deprived of so many of the riches of the Church, God has remembered them, for 'the Spirit bloweth where it listeth, and thou hearest the sound thereof, but canst not tell whence it cometh and whither itgoeth (John3, 8).
In former times England was called 'Merry', not in the corrupt modern sense, but in the ancient sense of the word, 'Blessed'. Such customs did indeed bless a land. God does not forsake us, only we forsake God. Old English culture and tradition declared that all Creation is with God and shares in the joy of His Kingdom, for the Earth is here to call us to God. All that exists is a mere reflection of the non-material, real world beyond this one in which we have faith. That is why, in Old English, the word 'Orthodox' was translated by geleafful - faithful. At a time when we are faced with a choice between turning to the 'West', to Mammon, and turning to the 'East', to Christ, these traditions may help us to make the right choice. The fragments I have described above, and a great many others, may yet one day be reintegrated into that divine Tradition that we call the Orthodox Christian Faith and Church. May it be so, О Lord!
October 1990
From a letter concerning the fishermen of Leigh in Essex of с 1900.
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Корень причины отпадения Запада от православной веры, то есть учение о Filioque, в своем практическом применении означает, что процесс апостасии Запада является постепенным. Негативные практические последствия Filioque постепенно проникали в жизнь людей и понемногу изменяли формы благочестия.
Поэтому православное наследие первых веков христианства в Англии хотя и сохранилось, но фрагментарно. Эти фрагменты или следы Православия можно увидеть прежде всего в жизни сельского народа: в народной мудрости, в народных сказках, баснях и пословицах, в некоторых до сих пор поддерживаемых церковных и народных традициях. Все, что связано с традицией, всегда оказывается сильнее вечно меняющихся веяний, религиозной апостасии и рационального мышления, являющихся следствиями Filioque. Христианская вера, воплощенная в христианском образе жизни, может укорениться в городах только тогда, когда городская «культура разума» проникнется сельской, традиционной и популярной культурой простосердечных жителей провинции.
В Западных странах это в некоторой мере реализовалось лишь в XIX веке. И даже в наши дни и здесь, и там можно встретить отдельных людей, отвергающих модернистский рационализм современных городов. Такие люди особенно сохранились в маленьких деревнях, где нет ничего кроме черно-белых домиков с соломенными крышами, старой саксонской церкви, гостиницы и местного клуба. Suite Pravoslavie.ru
Communiqué de l’Administration diocésaine sur la réunion du Conseil de l’Archevêché en date du 8 janvier 2013
Départ à la retraite de Mgr Gabriel
Mgr l’Archevêque Gabriel a informé les membres du Conseil que, compte tenu de l’aggravation de son état de santé, il avait décidé de se retirer de toutes ses fonctions et qu’il avait écrit en ce sens à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique lui demandant de bien vouloir accéder à sa demande de mise à la retraite pour raison de santé (art. 40 des statuts de l’Archevêché). Ce départ à la retraite est effectif à partir du 15 janvier.
Mgr Gabriel qui est également recteur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky a informé le Conseil que, d’ici l’élection et l’intronisation de son successeur, il avait nommé à sa place à la cathédrale l’Achiprêtre Alexis Struve en qualité de faisant fonction de recteur à titre provisoire.
Départ à la retraite de Mgr Gabriel
Mgr l’Archevêque Gabriel a informé les membres du Conseil que, compte tenu de l’aggravation de son état de santé, il avait décidé de se retirer de toutes ses fonctions et qu’il avait écrit en ce sens à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique lui demandant de bien vouloir accéder à sa demande de mise à la retraite pour raison de santé (art. 40 des statuts de l’Archevêché). Ce départ à la retraite est effectif à partir du 15 janvier.
Mgr Gabriel qui est également recteur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky a informé le Conseil que, d’ici l’élection et l’intronisation de son successeur, il avait nommé à sa place à la cathédrale l’Achiprêtre Alexis Struve en qualité de faisant fonction de recteur à titre provisoire.
La charge de recteur de l’Institut Saint-Serge sera assurée, à titre provisoire, par le Locum Tenens du Trône archiépiscopal, en concertation avec le R.P. Doyen de l’Institut.
Il a ensuite été donné lecture d’une lettre pastorale adressée par Mgr Gabriel à l’ensemble du clergé et des fidèles de l’Archevêché. Il a été décidé de diffuser cette lettre aux recteurs des paroisses et sur le site Internet du diocèse.
Pour leur part, les membres du Conseil ont assuré Mgr Gabriel, au nom de l’ensemble des clercs et fidèles de l’Archevêché, de leur compréhension, de leur soutien et de leurs prières.
Désignation d’un Locum Tenens
Conformément aux art. 52 et 53 des statuts de l’Archevêché, le Conseil diocésain a décidé de demander à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique la nomination d’un Locum Tenens du Trône archiépiscopal. Le Locum Tenens est chargé d’assurer les affaires courantes et de veiller à la préparation et réunion de l’AGE. Son nom sera commémoré dans les célébrations liturgiques en lieu et place de celui de l’Archevêque diocésain quand il sera connu. Jusqu’à cette date, Monseigneur l’Archevêque Gabriel de Comane devra être mentionné lors des offices.
............................................................
Lettre pastorale de Mgr l’Archevêque Gabriel à l’occasion de son départ à la retraite
Mes Révérends Pères ! Mes Frères et Sœurs ! Vous tous les enfants du troupeau spirituel que m’a confié le Christ !
Je dois partager avec vous une grave décision. Comme vous le savez, je suis atteint d’une brutale maladie dont l’évolution ne me laisse guère de rémission. Ce mal qui me ronge, je sais qu’il est très difficile de le vaincre, même si Dieu lui-même nous a montré que la souffrance peut être source de vie. Néanmoins, je n’ai plus la force d’assurer mon ministère archipastoral en raison de l’état de fatigue et de souffrance dans lequel je me trouve et, tel l’Ancien Syméon, je prie le Seigneur : « Laisse Ton serviteur s’en aller en paix » (Lc 2,29).
Aussi, après en avoir informé le Conseil de l’Archevêché, j’ai demandé à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée Ier de pouvoir me retirer, comme évêque à la retraite, chez moi, à Maastricht, et continuer à suivre mon traitement contre la maladie, dans le repos complet que me conseillent mes médecins et dans la prière qui demeure mon unique réconfort. Il m’est difficile de vous dire au revoir, surtout que vous n’êtes, sans doute, pas tous prêts à accepter mon départ. Il est probable que je vais décevoir beaucoup d’entre vous en me retirant. Mais soyez convaincus que tout ce que je fais, je le fais pour le bien de l’Eglise et, plus concrètement, de notre Archevêché. J’espère que votre amour et votre compassion vous permettront d’accepter une décision qui maintenant ne peut plus changer.
Au moment de quitter la mission que j’ai reçue, il y a presque dix ans, de par la volonté du Seigneur, de par votre élection et avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique et son Très Saint-Synode, je pense à vous tous avec qui il m’a été donné de collaborer : les prêtres, les diacres, les moines et moniales ainsi que l’ensemble des laïcs. Durant ces longues années, des liens se sont tissés entre nous : j’ai connu des joies profondes, de nombreuses consolations également au milieu des tribulations. En cet instant d’émotion, le sentiment le plus fort en moi est un sentiment d’affection et de reconnaissance. Je rends grâce au Seigneur d’avoir couvert mon service archiépiscopal de Son amour débordant. Même dans l’épreuve qu’il m’est donné de vivre actuellement, je me considère comme « un disciple aimé du Seigneur », car, comme le dit l’apôtre Paul, « ma puissance se déploie dans ma faiblesse » (2 Cor 12,9). Cet amour en Christ s’est manifesté de façon vivante et concrète surtout à travers vous, frères et sœurs bien-aimés, proches et lointains, qui avez partagé avec moi joies et peines et qui m’avez soutenu. Nous avons vécu ensemble tant d’événements. Nous avons prié ensemble, nous avons œuvré ensemble pour notre illumination et notre sanctification commune. Ensemble nous avons espéré en le Seigneur, ensemble nous avons communié en Jésus-Christ, édifiant ainsi dès à présent, ici et maintenant, l’Eglise Sainte du Dieu Vivant.
Je rends grâce à Dieu tout d’abord pour vous les prêtres, mes frères et concélébrants à la Table du Seigneur. Vous avez tous une place dans mon cœur. Vous êtes la force de vie de notre diocèse, car vous l’édifiez chaque jour afin qu’il soit un organisme vivant dans l’harmonie pour chanter d’une seule voix et d’un seul cœur le Nom très glorieux et magnifique du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Je remercie aussi le Seigneur pour les collaborateurs de confiance, discrets, mais efficaces, animés par un esprit de service et de don de soi-même, qui m’ont aidé et entouré durant toutes ces années que ce soit au Conseil de l’Archevêché, à l’Administration diocésaine, à la Cathédrale, à l’Institut Saint-Serge, dans les paroisses et les doyennés en France comme dans les autres pays.
Enfin, merci au Seigneur pour vous tous, mes frères et sœurs, fidèles bien-aimés de l’Archevêché, avec lesquels j’aimais toujours discuter, faire des projets, partager des moments d’amitié. S’y ajoutent tous ceux que j’ai rencontrés, un jour ou l’autre, à l’occasion de mes très nombreuses visites pastorales dans l’Archevêché, à travers tous les nombreux pays d’Europe occidentale où nous avons des paroisses et communautés. Je vous suis reconnaissant et, comme l’apôtre, « je ne cesse de rendre grâce à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières » (Eph 1, 16).
Alors que nous parlons de reconnaissance et d’amour, comment ne pas mentionner aussi le pardon ? Je suis conscient que, lors de débats publics ou de discussions privées ainsi qu’à l’occasion de décisions pastorales, certaines personnes ont pu être heurtées ou peinées : le message de la vérité et de la fidélité à la Tradition de l’Eglise n’est pas toujours bienvenu ; c’est une souffrance pour celui qui écoute et souvent pour celui qui l’exprime. J’ai pu parfois aussi me tromper, car nul d’entre nous n’est infaillible, pas même votre évêque. Aussi, conscient de mes propres faiblesses, je demande pardon à Dieu et à vous tous pour ce qui a pu vous faire du tort. Je vous demande de pardonner mes fautes et mes lacunes. Je vous demande aussi de pardonner, en mon nom, à tous ceux qui nous ont offensés. Nous n’acceptons pas le mal ni le péché, surtout le péché contre l’Eglise, mais il nous faut pardonner et prier pour ceux qui se sont égarés afin qu’ils retrouvent le droit chemin. Que le Père miséricordieux permette de nous quitter dans la paix et la réconciliation !
Voici donc venu le moment de me séparer de vous. Comment vous exprimer tout ce que j’ai sur le cœur ? Je suis persuadé que mon départ répond à la volonté de Dieu et qu’avec l’aide du Seigneur il constituera un bien tant pour vous que pour moi. Par-delà les tribulations de toutes sortes, gardez toujours confiance et espérance dans la Parole de Dieu qui est le gage de notre salut et l’affermissement de notre Eglise. La liberté de l’Église et l’universalité de la foi orthodoxe sont les deux trésors que j’ai cherchés à conserver, à l’exemple de mes prédécesseurs à la tête de cet Archevêché. Et cela, pour nous permettre de nous concentrer sur ce qui, aux yeux des disciples du Christ, doit constituer l’« unique nécessaire » : « Cherchez le Royaume de Dieu et Sa justice », comme nous le commande le Seigneur lui-même (Mat 6,33). Ma dernière parole sera pour vous demander de garder votre amour et votre unité. C’est là le trésor le plus précieux de notre Eglise. Daigne le Seigneur « vous donner un esprit de sagesse » et « illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (Eph 1, 17-18).
Que Dieu nous secoure et aie pitié de nous ! Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! Recevez ma bénédiction.
Paris, le 8 janvier 2013
+ Gabriel, Archevêque de Comane
Lecture sera faite de ce message dans les paroisses et communautés de l’Archevêché à l’issue de la Divine Liturgie le dimanche suivant sa réception.
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Il a ensuite été donné lecture d’une lettre pastorale adressée par Mgr Gabriel à l’ensemble du clergé et des fidèles de l’Archevêché. Il a été décidé de diffuser cette lettre aux recteurs des paroisses et sur le site Internet du diocèse.
Pour leur part, les membres du Conseil ont assuré Mgr Gabriel, au nom de l’ensemble des clercs et fidèles de l’Archevêché, de leur compréhension, de leur soutien et de leurs prières.
Désignation d’un Locum Tenens
Conformément aux art. 52 et 53 des statuts de l’Archevêché, le Conseil diocésain a décidé de demander à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique la nomination d’un Locum Tenens du Trône archiépiscopal. Le Locum Tenens est chargé d’assurer les affaires courantes et de veiller à la préparation et réunion de l’AGE. Son nom sera commémoré dans les célébrations liturgiques en lieu et place de celui de l’Archevêque diocésain quand il sera connu. Jusqu’à cette date, Monseigneur l’Archevêque Gabriel de Comane devra être mentionné lors des offices.
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Lettre pastorale de Mgr l’Archevêque Gabriel à l’occasion de son départ à la retraite
Mes Révérends Pères ! Mes Frères et Sœurs ! Vous tous les enfants du troupeau spirituel que m’a confié le Christ !
Je dois partager avec vous une grave décision. Comme vous le savez, je suis atteint d’une brutale maladie dont l’évolution ne me laisse guère de rémission. Ce mal qui me ronge, je sais qu’il est très difficile de le vaincre, même si Dieu lui-même nous a montré que la souffrance peut être source de vie. Néanmoins, je n’ai plus la force d’assurer mon ministère archipastoral en raison de l’état de fatigue et de souffrance dans lequel je me trouve et, tel l’Ancien Syméon, je prie le Seigneur : « Laisse Ton serviteur s’en aller en paix » (Lc 2,29).
Aussi, après en avoir informé le Conseil de l’Archevêché, j’ai demandé à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée Ier de pouvoir me retirer, comme évêque à la retraite, chez moi, à Maastricht, et continuer à suivre mon traitement contre la maladie, dans le repos complet que me conseillent mes médecins et dans la prière qui demeure mon unique réconfort. Il m’est difficile de vous dire au revoir, surtout que vous n’êtes, sans doute, pas tous prêts à accepter mon départ. Il est probable que je vais décevoir beaucoup d’entre vous en me retirant. Mais soyez convaincus que tout ce que je fais, je le fais pour le bien de l’Eglise et, plus concrètement, de notre Archevêché. J’espère que votre amour et votre compassion vous permettront d’accepter une décision qui maintenant ne peut plus changer.
Au moment de quitter la mission que j’ai reçue, il y a presque dix ans, de par la volonté du Seigneur, de par votre élection et avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique et son Très Saint-Synode, je pense à vous tous avec qui il m’a été donné de collaborer : les prêtres, les diacres, les moines et moniales ainsi que l’ensemble des laïcs. Durant ces longues années, des liens se sont tissés entre nous : j’ai connu des joies profondes, de nombreuses consolations également au milieu des tribulations. En cet instant d’émotion, le sentiment le plus fort en moi est un sentiment d’affection et de reconnaissance. Je rends grâce au Seigneur d’avoir couvert mon service archiépiscopal de Son amour débordant. Même dans l’épreuve qu’il m’est donné de vivre actuellement, je me considère comme « un disciple aimé du Seigneur », car, comme le dit l’apôtre Paul, « ma puissance se déploie dans ma faiblesse » (2 Cor 12,9). Cet amour en Christ s’est manifesté de façon vivante et concrète surtout à travers vous, frères et sœurs bien-aimés, proches et lointains, qui avez partagé avec moi joies et peines et qui m’avez soutenu. Nous avons vécu ensemble tant d’événements. Nous avons prié ensemble, nous avons œuvré ensemble pour notre illumination et notre sanctification commune. Ensemble nous avons espéré en le Seigneur, ensemble nous avons communié en Jésus-Christ, édifiant ainsi dès à présent, ici et maintenant, l’Eglise Sainte du Dieu Vivant.
Je rends grâce à Dieu tout d’abord pour vous les prêtres, mes frères et concélébrants à la Table du Seigneur. Vous avez tous une place dans mon cœur. Vous êtes la force de vie de notre diocèse, car vous l’édifiez chaque jour afin qu’il soit un organisme vivant dans l’harmonie pour chanter d’une seule voix et d’un seul cœur le Nom très glorieux et magnifique du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Je remercie aussi le Seigneur pour les collaborateurs de confiance, discrets, mais efficaces, animés par un esprit de service et de don de soi-même, qui m’ont aidé et entouré durant toutes ces années que ce soit au Conseil de l’Archevêché, à l’Administration diocésaine, à la Cathédrale, à l’Institut Saint-Serge, dans les paroisses et les doyennés en France comme dans les autres pays.
Enfin, merci au Seigneur pour vous tous, mes frères et sœurs, fidèles bien-aimés de l’Archevêché, avec lesquels j’aimais toujours discuter, faire des projets, partager des moments d’amitié. S’y ajoutent tous ceux que j’ai rencontrés, un jour ou l’autre, à l’occasion de mes très nombreuses visites pastorales dans l’Archevêché, à travers tous les nombreux pays d’Europe occidentale où nous avons des paroisses et communautés. Je vous suis reconnaissant et, comme l’apôtre, « je ne cesse de rendre grâce à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières » (Eph 1, 16).
Alors que nous parlons de reconnaissance et d’amour, comment ne pas mentionner aussi le pardon ? Je suis conscient que, lors de débats publics ou de discussions privées ainsi qu’à l’occasion de décisions pastorales, certaines personnes ont pu être heurtées ou peinées : le message de la vérité et de la fidélité à la Tradition de l’Eglise n’est pas toujours bienvenu ; c’est une souffrance pour celui qui écoute et souvent pour celui qui l’exprime. J’ai pu parfois aussi me tromper, car nul d’entre nous n’est infaillible, pas même votre évêque. Aussi, conscient de mes propres faiblesses, je demande pardon à Dieu et à vous tous pour ce qui a pu vous faire du tort. Je vous demande de pardonner mes fautes et mes lacunes. Je vous demande aussi de pardonner, en mon nom, à tous ceux qui nous ont offensés. Nous n’acceptons pas le mal ni le péché, surtout le péché contre l’Eglise, mais il nous faut pardonner et prier pour ceux qui se sont égarés afin qu’ils retrouvent le droit chemin. Que le Père miséricordieux permette de nous quitter dans la paix et la réconciliation !
Voici donc venu le moment de me séparer de vous. Comment vous exprimer tout ce que j’ai sur le cœur ? Je suis persuadé que mon départ répond à la volonté de Dieu et qu’avec l’aide du Seigneur il constituera un bien tant pour vous que pour moi. Par-delà les tribulations de toutes sortes, gardez toujours confiance et espérance dans la Parole de Dieu qui est le gage de notre salut et l’affermissement de notre Eglise. La liberté de l’Église et l’universalité de la foi orthodoxe sont les deux trésors que j’ai cherchés à conserver, à l’exemple de mes prédécesseurs à la tête de cet Archevêché. Et cela, pour nous permettre de nous concentrer sur ce qui, aux yeux des disciples du Christ, doit constituer l’« unique nécessaire » : « Cherchez le Royaume de Dieu et Sa justice », comme nous le commande le Seigneur lui-même (Mat 6,33). Ma dernière parole sera pour vous demander de garder votre amour et votre unité. C’est là le trésor le plus précieux de notre Eglise. Daigne le Seigneur « vous donner un esprit de sagesse » et « illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (Eph 1, 17-18).
Que Dieu nous secoure et aie pitié de nous ! Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! Recevez ma bénédiction.
Paris, le 8 janvier 2013
+ Gabriel, Archevêque de Comane
Lecture sera faite de ce message dans les paroisses et communautés de l’Archevêché à l’issue de la Divine Liturgie le dimanche suivant sa réception.
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