Le dossier de l’Eglise Russe de Nice a trouvé hier son épilogue. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi introduit par l’association cultuelle niçoise, l’ACOR gestionnaire et occupant du bâtiment pendant 80 ans, se battait depuis six ans contre la Fédération de Russie, afin de conserver la cathédrale. L’enjeu était aussi d’y maintenir le patriarcat de Constantinople et de ne pas laisser la place à celui de Moscou. L’affrontement qui remonte à 1924, avait connu un fort regain d’activité il y a six ans avec un recours introduit par la Fédération de Russie.

Le bail emphytéotique dont bénéficiait l’association cultuelle était sur le point d’arriver à son terme, en 2007. La 2e Chambre civile du tribunal de grande instance de Nice s’était rangée, le 20 janvier 2010 aux arguments de la Fédération de Russie qui était déclarée propriétaire du terrain, du bâtiment et des œuvres inventoriées. L’association cultuelle avait interjeté appel. Mais le 19 mai 2011, la Cour d’appel d’Aix avait confirmé la Fédération de Russie comme légitime propriétaire. L’association cultuelle ACOR pugnace s’était alors pourvue en cassation.

La restauration demandée

La décision a été communiquée hier, le 10 avril 2013. Le rejet du pourvoi permet à la Fédération de Russie de trouver une ultime confirmation dans sa position de légitime propriétaire.

Le nouveau recteur, l’archiprêtre Nicolas Ozoline (patriarcat de Moscou) a estimé « Cette décision de justice démontre que c’est l’Histoire qui a triomphé ». Ce dernier a estimé que cet épilogue allait « faciliter l’accomplissement d’un devoir pastoral pour les Russes et les Russes orthodoxes de la région ».

Le père Nicolas également tendu la main à la précédente communauté (PC) : « Il n’y a aucune animosité. Le temps aidant, nous pourrions renouer des contacts ».
Et de préférence dans une cathédrale rénovée. Le nouveau recteur ne cache pas son souhait de voir les autorités russes restaurer la cathédrale. « Le bâtiment en a bien besoin ».

R.D.

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Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"


Nouveau site de la cathédrale Saint Nicolas à Nice, diocèse de Chersonèse ( P.M.)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Avril 2013 à 11:01 | 4 commentaires | Permalien

Nice : Victoire !  Le pourvoi de l’ACOR est rejeté !
Chers amis, lecteurs et contributeurs de P.O.

Ci-joint (en PDF) l’Arrêt de la Cour de Cassation rendu public aujourd’hui, 10 avril 2013.

Tous les moyens sans exception introduits par l’ACOR-Nice sont rejetés par l’instance judiciaire suprême. Les glosateurs ACOR avaient à maintes reprises envisagé un recours à la CEDH, l’ineptie de cette éventualité va de soi.
Ainsi, la Fédération devient définitivement le propriétaire légitime de la cathédrale Saint Nicolas.

Le droit, le simple bon sens ont pris le dessus sur le sectarisme et le déni de réalité.
Il appartient à la Fédération d’élaborer son attitude quant aux autres grands bâtiments ecclésiaux construits par la Russie en Europe. La plupart d’entre eux se trouvent, par le fait de leurs propriétaires temporaires, dans un état de délabrement pitoyable.

On ne peut que souhaiter que le précédent « Nice » fasse jurisprudence en ce qui concerne les cathédrales Saint Alexandre à Paris, Saint Alexandre à Biarritz, etc.
Des mois d’incertaines procédures sont ainsi évités !

Comment ne pas rendre hommage au brillant savoir-faire et à l’immense sagesse juridique de Maître Alain Confino , conseil de la Fédération et de son équipe, ainsi qu’aux experts russes ayant pris part à l’ardu travail historique de documentation et d’argumentation. Des travaux de rénovation de la cathédrale doivent commencer en 2013. Ils vont durer pendant deux ans et seront financés par l’État russe ainsi que par des donateurs privés.

Bientôt la Semaine Sainte et la Résurrection. Les offices seront célébrés à la cathédrale sans que le moindre trouble extérieur y jette son ombre.Rendons grâce au Seigneur !

L’équipe de rédaction, heureuse de pouvoir tourner cette page
Nice : Victoire !  Le pourvoi de l’ACOR est rejeté !

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 10 Avril 2013 à 15:30 | -5 commentaire | Permalien

100'000 chrétiens vivaient en Libye jusqu'à la chute de Kadhafi

L'Eglise orthodoxe russe s'inquiète des discriminations visant les chrétiens en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Le Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou rappelle que près de 100'000 chrétiens vivaient en Libye avant le début de l’opposition civile de 2011. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques milliers.Le Patriarcat de Moscou constate désormais une augmentation brutale des cas de violence et de discrimination contre les chrétiens.

Absence de liberté religieuse en Libye

"Ces derniers mois, on a dénombré une grande quantité d’attaques, d’arrestations et mêmes de tortures à l’encontre des chrétiens. En février-mars 2013, un certain nombre d’attaques contre des églises et des prêtres ont été perpétrées, des dizaines de coptes ont été arrêtés et torturés sur accusation de 'prosélytisme'. Des congrégations catholiques ont dû fuir le pays devant les menaces", peut-on lire sur son site internet "mospat.ru".

uivant les informations de la FoxNEwsNetwork et des sources égyptiennes, 48 coptes arrêtés au début de mars à Benghazi ont fait l’objet de tortures et d’outrages Un chrétien est décédé par suite de ces mauvais traitements. Le 13 mars 2013, la représentation de l’Union européenne en Libye a publié une déclaration officielle en réaction à l’arrestation et aux tortures subies par les coptes, exprimant sa préoccupation devant l’absence de liberté religieuse en Libye et appelant les dirigeants du pays à observer les droits des prisonniers.

Malgré cela, le 14 mars une église copte a été incendiée à Benghazi. D’autres faits de discriminations et de persécutions des chrétiens ont également été communiqués, relève le Patriarcat de Moscou.SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Avril 2013 à 20:59 | 0 commentaire | Permalien

Nina Konstantinovna RAUSCH DE TRAUBENBERG a ete rappelée à Dieu
Les funérailles auront lieu mercredi 10 avril à 10h30 à sa paroisse 91 rue Oliver de Serres 75015 Paris

Le 7 avril 2013, jour de la fête de l'Annonciation dans de nombreuses paroisses et dimanche de l'Exaltation de la Croix, le Seigneur a rappellé à Lui sa servante Nina Konstantinovna RAUSCH DE TRAUBENBERG. Née en 1920, Nina Rausch a été une personnalité importante de l'Emigration Russe. Sa culture et ses intérêts étaient très vastes. Elle a habité au foyer de Sainte Marie de Paris (Skobtsov) et a été proche du père Cyprien (Kern) et du père Basile (Zenkovsky). Elle a été membre active de l'ACER, depuis son adolescence jusqu'à nos jours. Paroissienne dès sa création de l'église de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple, rue Olivier de Serres à Paris, elle accueillait chacun avec amitié et intérêt. Elle fut de nombreuses années responsable du service d’entraide de la paroisse. Elle a dirigé la Société des Amis de YMCA-Press. Elle a aussi été membre du Comité ZEMGOR. Éminente psychologue, elle était mondialement reconnue par ses pairs pour ses travaux sur le test de Rorschach.
Prions avec ceux qui l'aimaient pour le repos de son âme. Mémoire Éternelle !
De tous ses filleuls, père Daniel Cabagnols, père Alexis Struve, Nathalie von Rosenschild et Nadia Lebedeff

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Avril 2013 à 20:09 | 0 commentaire | Permalien

Le saint mariage

Une loi civile n’engage que la société civile. Si elle est cohérente avec la loi divine, elle est bénie. Si elle contredit cette loi, elle n’engage pas les chrétiens. L’Église, dans le cas même où l’institution civile du mariage disparaîtrait, continuera, jusqu’à la fin des temps, à sanctifier l’amour que l’homme et la femme reçoivent de Dieu. Le sacrement de l’Église consiste à offrir à Dieu ce qui vient de lui et à le recevoir à nouveau de lui avec un accroissement de grâce. Les personnes de même sexe qui bénéficieraient du mariage républicain ne pourraient pas attendre de l’Église le couronnement de leur situation, parce que la pensée divine, exprimée dans la sainte Écriture, est autre. Pour les Orthodoxes, le mariage pour tous n’est pas acceptable pour une raison supplémentaire : en effet, le mariage religieux représente un engagement de la part du couple homme-femme de vivre au sein de la communauté, au vu et au su de tous, une vie eucharistique.

L’adoption

Des enfants confiés en adoption à des couples de même sexe, s’ils demandent pour eux-mêmes le saint baptême ou si le baptême est demandé pour eux, seront accueillis comme n’importe quelle autre personne, pour leur salut et celui de leurs proches, et avec tout l’amour du Père manifesté dans l’Église du Christ. Cela valorisera le rôle des parrains. En revanche, un couple de même sexe ne pourra pas attendre que l’Église bénisse une adoption à lui confiée, parce que, du point de vue de la tradition biblique, c’est le couple adamique de l’homme et de la femme, quelles que soient les faiblesses de ces personnes, qui a la vocation, non seulement de la procréation, mais également de l’éducation des enfants dans la vraie foi et la connaissance de Dieu. La prière du Grand Euchologe pour l’adoption concerne les époux couronnés dans l’Église.

Enfants procréés artificiellement

La même attitude pastorale concerne les enfants qui viennent au monde par procréation médicalement assistée – et qui viendront au monde par toutes les sortes d’artifices qui sont déjà prévues ! Il n’est de vie que permise par Dieu. On voit, dans la sainte Écriture, que des personnes sont advenues à l’existence à la suite de circonstances très difficiles (violence et péchés de toutes sortes). L’existence de ces personnes ne peut en aucun cas être étrangère à la volonté divine, puisque c’est Dieu qui crée la vie, c’est lui qui donne le sceau hypostatique (personnel) à l’être humain. Suivant la conception orthodoxe, dès sa conception, l’être humain est total : corps, âme, esprit, personne. Ces enfants, ces personnes, s’ils se présentent au saint baptême, c’est-à-dire s’ils veulent vivre selon la volonté de Dieu et connaître le salut en lui, sont et seront acceptés sans aucune discrimination, comme le sont, par exemple, les enfants nés d’un viol.

D’accord avec tout ? SUITE - sagesse-orthodoxe

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Avril 2013 à 14:52 | 2 commentaires | Permalien

Vladimir Lossky : Crucifixion (partie I )
Par Vladimir Lossky, Göttingen 1903–Paris 1958

LA CROIX

« La prédication de la Croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes en voie d’être sauvés, elle est la force de Dieu» . On ne peut glorifier le triomphe de Dieu incarné, sa victoire sur la mort – limite de notre déchéance, sans exalter en même temps la Croix du Christ – limite du dépouillement volontaire (« kénose ») du Fils de Dieu, qui fut obéissant au Père « jusqu’à la mort, à la mort même sur la croix»( Ph 2, 8.). Car, « pour que nous vivions, il a fallu que Dieu s’incarnât et fût mis à mort» L’incarnation a donc eu lieu afin que le Verbe éternel se fasse capable de mourir Et le Christ lui-même déclare être venu pour cela, « pour cette heure» (Jn 12, 27.) Mais cette « heure » du Seigneur venu pour accomplir l’œuvre de notre salut est aussi l’heure de ses ennemis, celle de la « puissance des ténèbres» (1)
En effet, la victoire réelle du Christ fut sa défaite apparente, car c’est par la mort qu’il a terrassé la puissance de la mort.

C’est ce qui fait le « scandale » et la « folie » de la Croix, « folie » en dehors de laquelle on ne peut atteindre la Sagesse de Dieu qui reste à jamais incompréhensible aux « puissances de ce siècle» (1 Co 2, 8.). La Croix est donc l’expression concrète du mystère chrétien, de la victoire par la défaite, de la gloire par l’humiliation, de la vie par la mort. Symbole d’un Dieu tout puissant qui a voulu se faire homme et mourir comme un esclave, pour sauver sa créature. Insigne de la royauté du Christ – « Je l’appelle Roi, parce que je le vois crucifié : il est propre au Roi de mourir pour ses sujets» (2) – la Croix est aussi l’image même de la Rédemption, qui est l’économie de l’amour trinitaire envers l’humanité déchue : « Amour crucifiant du Père, Amour crucifié du Fils, Amour de l’Esprit Saint triomphant par le bois de la Croix» (3)

Il est inutile d’insister sur la place que tient la Croix dans la vie des chrétiens : le Christ lui-même la désigne comme un attribut propre à tous ceux qui veulent le suivre (4) Manifestation de la « force de Dieu» (5), le signe de la Croix, figurant comme un objet du culte ou exprimé par un geste, est à la base de toute pratique sacramentaire de l’Église. Aussi, les représentations de la Croix du Christ (parfois remplacées par des emblèmes : ancre, trident, tau, etc.) sont-elles connues depuis la plus haute antiquité chrétienne(6)

Les iconoclastes, qui se sont acharnés contre les images de la crucifixion, non seulement ont épargné, mais spécialement propagé les représentations décoratives de la Croix (sans le Crucifié) dans les absides des églises. On peut supposer que les représentations de la crucifixion doivent remonter, elles aussi, à une date très reculée, si l’on prend en considération la caricature païenne des graffiti du Palatin (début du IIIe s.) et, surtout, les gemmes avec l’image gravée du Christ en croix (IIe, IIIe ss.). Vers la fin du IVe siècle, Prudence, en décrivant dans un poème les peintures murales d’une église, parle d’une scène de la crucifixion(7)

Au Ve siècle nous trouvons une composition assez développée de la crucifixion sur un ivoire du British Museum et, un siècle plus tard, sur un panneau de la porte en cyprès de Sainte-Sabine à Rome. La fresque de Santa-Maria-Antiqua, également à Rome (fin du VIIe – début du VIIIe s.) se rapproche du type syrien de la crucifixion tel qu’on le trouve, par exemple, dans l’Évangéliaire de Rabula (année 586) : on y voit le Christ revêtu d’un colobe (Du grec kolobos : tronqué. Tunique à manches très courtes que portaient les Romains de la République et qui fut adoptée par les évêques et les moines.), vivant, les yeux ouverts, se tenant droit sur la Croix. La composition syrienne suit uniquement le récit du quatrième Évangile:elle se maintiendra pendant très longtemps en Occident. L’iconographie byzantine créera un type plus riche « systématique et pittoresque, symbolique et historique », en complétant Saint Jean par les éléments empruntés au récit des synoptiques: les saintes femmes derrière Marie, le centurion avec des soldats, pharisiens et hommes du peuple derrière Saint Jean.

On peut supposer que le tableau synthétique de la scène de crucifixion, donné par Saint Jean Chrysostome dans son homélie sur Saint Matthieu (8)servît de « programme d’une composition vivante » aux artistes byzantins (9) Au Christ vêtu du colobe, vivant, sur la Croix, on substituera à Byzance, vers le XIe s., le Christ nu et mort, la tête inclinée, le corps fléchi. Le patriarche Michel Cérulaire remarque, à cette époque, qu’on cesse de représenter le Christ en croix « d’une manière contraire à la nature », pour lui prêter « la forme humaine naturelle ». Or, c’est justement contre ces nouvelles représentations du Crucifié, qu’ils ont pu voir à Constantinople, que les légats du pape Léon IX protestèrent avec violence en 1054 (10)
C’est que, avant d’avoir commencé à compatir à l’humanité souffrante du Seigneur, en poussant parfois jusqu’à l’extrême le naturalisme dans la représentation d’un Christ mort sur la croix, l’Occident maintenait fermement la conception du Crucifié vivant, vêtu, impassible et triomphant.

On peut dire que Byzance a créé un type de la crucifixion classique par son sens de la mesure. En recherchant la sobriété de composition, on a rejeté peu à peu les personnages au pied de la Croix, en se bornant à l’essentiel : la Mère de Dieu et Saint Jean, parfois accompagnés par une sainte femme et le centurion

Le Christ est représenté nu, n’ayant qu’un linge blanc qui couvre ses hanches. Le fléchissement du corps vers la droite, la tête inclinée, et les yeux fermés indiquent la mort du Crucifié. Cependant, son visage, tourné vers Marie, garde une expression grave de majesté dans la souffrance, expression qui fait penser plutôt à un sommeil : c’est que le corps du Dieu-Homme est resté incorruptible dans la mort. « La Vie s’est endormie et l’enfer frémit d’épouvante» (Office byzantin du Samedi Saint, à laudes, stichère ton 2.).

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Cet article a été publié en 1957 dans le Messager de l’exarchat du patriarche russe en Europe occidentale, n° 26, p. 68-71 et dans le numéro 14 (mars-avril 2009) du "Messager de l'Église orthodoxe russe", pages 13-17
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Notes:

1. (Lc 22, 53. Sur l’heure du Seigneur, voir L. Bouyer, Le Mystère pascal, Paris : Éditions du Cerf, 1945, p. 71-78.).
2 (Saint Jean Chrysostome, De cruce et latrone, hom. II : PG 49, 413.)
3. (Saint Philarète deMoscou,Homélie pour leVendredi Saint. La traduction française intégrale de cette homélie a été publiée dans le numéro 2 du Messager de l’Église orthodoxe russe, p. 16-21 [NdR].).
4. (Mt 10, 38; 16, 24;Mc 8, 34; Lc 14, 27.)
5.(1 Co 1, 18.)
6. (G.Millet, « Les iconoclastes et la croix » dans Bulletin de Correspondance hellénique, 34, 1910, p. 96-110.).
7.(Dittochaeum: PL 60, 108.)
8. (Homélie 87: PG 57-58, 769-774.)
9.(Cf. G.Millet, Recherches sur l’iconographie de l’Évangile, p. 426).
10 (Hefele-Leclerq, Histoire des Conciles, t. IV, 2, p. 1106.).


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 7 Avril 2013 à 05:43 | 0 commentaire | Permalien

Vladimir Lossky : Crucifixion (partie II )
Par Vladimir Lossky, Göttingen 1903–Paris 1958

LA CROIX

La victoire sur la mort et l’enfer est symbolisée par une caverne qui s’ouvre au pied de la Croix, sous le sommet rocailleux du Golgotha, le rocher fendu au moment de la mort du Christ laissant apparaître une tête de mort. C’est le crâne d’Adam qui « d’après la croyance de quelques-uns », dit Saint Jean Chrysostome (1), aurait été enterré sous le Golgotha – « lieu du crâne» (2). Si la tradition iconographique a adopté ce détail venant de sources apocryphes, c’est qu’il servait à faire ressortir le sens dogmatique de l’icône de la Crucifixion : la rédemption du premier Adam par le sang du Christ, nouvel Adam, Dieu qui se fit homme pour sauver le genre humain.
La Croix est à trois traverses – forme qui répond à une tradition très ancienne, considérée comme la plus authentique en Orient, comme en Occident (3) La traverse supérieure correspond au phylactère avec l’inscription indiquant le sujet de la condamnation. La traverse inférieure est un escabeau (le suppedaneum) auquel les pieds du Christ sont cloués avec deux clous.

Horizontal sur notre icône, le suppedaneum des croix et des icônes russes de crucifixion est oblique. Cette inclinaison de la traverse inférieure, montant du côté droit du Christ, descendant à sa gauche, reçoit un sens symbolique – celui du jugement : justification du bon larron et damnation du mauvais larron(4)

Le fond architectural derrière la Croix représente le mur de Jérusalem.
On le trouve déjà sur le panneau de Sainte-Sabine (VIe s.). Ce détail non seulement répond à la vérité historique, mais il exprime, en même temps, un précepte spirituel: comme le Christ a souffert hors de l’enceinte de Jérusalem, les chrétiens doivent le suivre et sortir hors des murs, en portant son opprobre, «car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir» (5)
La partie supérieure de la Croix, avec les bras étendus du Christ, se détache sur le fond du ciel. La crucifixion en un lieu découvert dénote la portée cosmique de la mort du Christ, qui « purifia les airs » et libéra l’univers entier de la domination démoniaque (6)

La composition de l’icône est équilibrée et sobre.
Les gestes des personnes qui assistent à la mort du Seigneur sont modérés et graves. La place de la Mère de Dieu est à la droite du Christ. Elle se tient droite en resserrant son manteau sur l’épaule, par un geste de la main gauche, tandis que sa main droite est levée vers le Christ ; le visage exprime une douleur contenue par la foi intrépide. Il semble que, s’adressant à Saint Jean bouleversé, la Mère de Dieu l’appelle à contempler avec elle le mystère du salut qui s’accomplit dans la mort de son Fils. L’attitude de Saint Jean, la tête inclinée en avant, exprime aussi une grande douleur maîtrisée. Dans certaines icônes de la Crucifixion, la sainte femme et le centurion (sans nimbes) se tiennent derrière la Mère et le disciple.

La première a les traits contractés par la douleur, la main gauche appuyant la joue, dans un geste de lamentation, le deuxième – un homme barbu, coiffé de voile blanc – regarde le Crucifié et confesse sa divinité, en levant la main droite vers le front, comme s’il voulait se signer : les doigts sont pliés dans un geste rituel de bénédiction. Le nom du Centurion – Longinos – est marqué au-dessus de sa tête. L’inscription en haut désigne le sujet de l’icône : la Crucifixion.
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Cet article a été publié en 1957 dans le Messager de l’exarchat du patriarche russe en Europe occidentale, n° 26, p. 68-71 et dans le numéro 14 (mars-avril 2009) du "Messager de l'Église orthodoxe russe", pages 13-17
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Notes:

1 (Sur Saint Jean, homélie 85, 1: PG 59, 459.)
2 (Jn 19, 17)
3 Au XIIIe siècle encore, le pape Innocent III la préconise dans un sermon: Sermo in communi de unomartyre, IV: PL 217, 612
4 (Cf. l’office byzantin dumercredi àmatines, Octoèque, ton 8: la Croix est comparée à une balance de justice).
5 (He 13, 11-14)
6 (Cf. Saint Athanase, De l’incarnation, 25: PG 25, 140; Saint Jean Chrysostome, Sur la Croix et le larron, homélie 2: PG 49, 408-409).




Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 7 Avril 2013 à 03:53 | 0 commentaire | Permalien

Un grand musée consacré aux victimes du GOULAG verra le jour très prochainement à Moscou, ainsi qu’un monument aux personnes frappées par la répression au XXème siècle. Cette annonce a été faite lors de la conférence de presse du 28 dernier par Serguei Karaganov, membre du Conseil présidentiel des droits de l’homme

« Nous élaborons un programme fédéral, cette mission a été confiée à tous les organismes d’Etat chargés de pérenniser la mémoire des victimes de la terreur de masse, et ce programme sera finalisé vers la fin de cette année », a-t-il précisé lors d’une conférence de presse à l’agence Interfax. Selon Karaganov, le programme prévoit plusieurs orientations : mise en place d’une chaîne de musées, inauguration de monuments, aménagement des lieux d’inhumation où reposent les victimes de la répression, ainsi que la création de sites consacrés à l’histoire de la terreur de masse.


Un grand musée du GOULAG sera créé à Moscou
« L’année prochaine un grand musée créé sur la base du petit musée du GOULAG (sis 16 rue Pétrovka – NdR) ouvrira ses portes à Moscou. En outre, toute une chaîne de musées sera créé, dont l’un sur le terrain du charnier de Kommounarka ».

Un autre musée sera créé rue Nikolskaïa, dans le bâtiment de l’ancienne Chambre militaire de la Cour Suprême, qui fut le lieu d’exécutions. « On a déjà trouvé l’exploitant du bâtiment, très probablement il renoncera à ses droits de propriété et on y créera également un musée », a ajouté Karaganov.

Actuellement on envisage la possibilité de transformer en musée la maison d’arrêt Boutyrsky. Toutefois les perspectives de ce projet sont encore incertaines, car il est très coûteux.

Outre de nouveaux musées, un monument consacré aux victimes des répressions du XXème siècle sera inauguré à Moscou. Selon Karaganov, cela « doit modifiersubstantiellement l’atmosphère morale dans la ville ».
Il a également noté que le programme de pérennisation de la mémoire des victimes des répressions sera financé non seulement grâce aux fonds publics, mais également aux investissements d’hommes d’affaires. Il a cité comme exemple le nom de Mikhaïl Prokhorov.

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Traduction Elena Lavanant pour "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Avril 2013 à 10:08 | 3 commentaires | Permalien

Les enseignants du département de théologie de l’université « S. A. Essenine » de Riazan travaillent depuis plus de trois ans avec succès sur le programme « Fondements de la culture spirituelle russe », proposé aux étudiants de la République populaire de Chine. Le programme offre aux étudiants, futurs traducteurs, des connaissances de base sur la culture orthodoxe.

La connaissance du vocabulaire et de la culture d’Église ne sont pas seulement importants pour la profession de traducteurs : les cours suscitent un véritable intérêt chez les étudiants. L’enseignement est dispensé par le chef du département de théologie de l’Université russe d’état, l’higoumène Luc (Stepanov), historien. L’histoire de l’Église, la doctrine orthodoxe, la vie de l’Église et la morale sont étudiées sous forme de discussions. La visite de nombreuses églises et monastères permet de dépasser la barrière linguistique et de consolider les connaissances acquises.

Les enseignants ont travaillé en collaboration avec la Mission orthodoxe de Shanghaï. Le résultat de cette collaboration a été une exposition de photographies intitulée « L’Orthodoxie en Chine ».

En 2012, le programme « Découvrir l’Orthodoxie, découvrir la Russie » a reçu une subvention suite au concours « Initiative orthodoxe ». Grâce à ces fonds, il a été possible de réaliser un cours dans le cadre de l’université d’état de Blagovechtchensk.

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Chinois orthodoxes: l’histoire de la mission spirituelle russe à Pékin

L'Eglise orthodoxe en Chine

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Avril 2013 à 18:34 | 0 commentaire | Permalien

Un terrain destiné à l’aide aux sans-abris sera attribué à l’Eglise au centre de Moscou
Les autorités de Moscou ont promis d’attribuer au Département synodal d’œuvres caritatives et de la mission sociale un terrain près de la station de métro « Kourskaïa ». Un centre d’aide aux sans-abrisy sera aménagé.

Le Département synodal envisage d’installer à l’angle du quai Kostomarovskaïa et de la ruelle Kostomarovski, à l’écart des immeubles d’habitation, une cantine pour les sans domicile fixe ainsi que des douches et un foyer, où elles pourront être hébergées provisoirement. Des assistants sociaux de l’Eglise vont reconstituer leurs papiers d’identité et les placer dans des centres nationaux de réhabilitation sociale.

Le terrain sera attribué à titre gracieux. Actuellement la municipalité de la capitale procède à la validation de cette opération. Les formalités devraient être réglées dans les six mois.

Cela fait quinze ans que la paroisse de l’Eglise des Sains Côme et Damien nourrit plusieurs fois par semaine près de quatre cent sans-abris sur le terrain sis en face de la mairie, à proximité de la rue Tverskaïa. En 2012 la préfecture de la Circonscription Administrative Centrale s’est adressée à l’archiprêtre de l’Eglise en lui demandant de déplacer le site de distribution des repas aux sans-abris.

Ainsi, très prochainement le service paroissial d’aide aux personnes sans domicile fixe fonctionnera près de la station de métro « Kourskaïa ».

Actuellement cinq associations orthodoxes fonctionnent dans la capitale, elles offrent des repas à des personnes dans le besoin et les aident à retrouver leurs proches, leurs achètent des titres de transport pour qu’elles puissent rentrer chez eux, accordent une assistance pour refaire leurs papiers, les placent dans des établissements sociaux et médicaux. Deux services de maraude organisés par l’Eglise qui se consacrent à l’aide aux sans-abris circulent également dans les rues de Moscou.

Moscou, le 1 avril. INTERFAX.
Traduction Elena Lavanant



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Avril 2013 à 09:50 | 2 commentaires | Permalien

L’assemblée diocésaine de l’archevêché s’est réunie le samedi 30 mars 2013, à Paris, dans la cathédrale Saint Alexandre Nevsky. Elle a réuni 188 clercs et laïcs délégués par les paroisses et communautés. A l’ordre du jour de la réunion figurait l’examen de la proposition faite par Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er par lettre en date du 4 mars 2013. Cette proposition consiste, en premier lieu, à prolonger, jusqu’au 1er novembre 2013, date à laquelle une Assemblée Générale de l’archevêché sera réunie, le service de Son Éminence le Métropolite Emmanuel, locum tenens du trône archiépiscopal en qualité d’Exarque Patriarcal chargé d’administrer provisoirement l’Archevêché. Un tel service pour les besoins pastoraux de nos paroisses et communautés a été reconnu utile et accepté avec gratitude. Ce service sera exercé jusqu’à l’élection d’un nouvel Archevêque en conformité avec le Tomos et les statuts.

Son Éminence le Métropolite Emmanuel a réaffirmé l’attachement du Patriarcat Œcuménique à la continuation et à l’intégrité de l’Archevêché. Les deux autres propositions portant sur la désignation d’un évêque auxiliaire et sur une éventuelle modification des statuts nécessitent de suivre la procédure prévue par les statuts de l’Archevêché et feront l’objet d’une décision ultérieure du Conseil. Ce dernier a également été chargé de rédiger une réponse à la lettre de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée.

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Avril 2013 à 18:00 | 3 commentaires | Permalien

Invitation Archimandrite TIKHON à la Librairie " LA PROCURE" LE MERCREDI 3 AVRIL 2013
Révérend Père, Madame, Monsieur,

A l’occasion de la parution de son livre en français, “Père RafaÏl et autres saints de tous les jours" publié aux éditions des Syrthes, la librairie "LA PROCURE" a le plaisir d’accueillir le mercredi 3 avril 2013 de 20 h 00 à 21 h 30 pour une soirée exceptionnelle l’Archimandrite TIKHON, supérieur du monastère Sretensky de Moscou.

Pour information, l’entrée est libre mais sur inscription obligatoire.
Tel. 01 45 48 20 25

Vous trouverez ci-joint l’invitation et l’affiche.

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Avril 2013 à 04:35 | 2 commentaires | Permalien

Le nouveau site de l'OLTR pour saluer le 10ème anniversaire de la Lettre du Patriarche ALEXIS II
Le nouveau site de l'OLTR pour saluer le 10ème anniversaire de la Lettre du Patriarche ALEXIS II

AUJOURD'HUI, 1er AVRIL 2013, 10ème ANNIVERSAIRE DE L'APPEL DU PATRIARCHE ALEXIS II

Créé à Paris, le 31 mars 2004, le mouvement pour une Orthodoxie Locale de Tradition Russe (OLTR) a pour objet de contribuer à la promotion de l’Eglise locale en Europe occidentale dans le maintien d’une composante de traditions spirituelles et cultuelles russes, et pour cela, de contribuer au rapprochement entre les trois branches de l’Eglise orthodoxe issues de l’Eglise russe, dans l’esprit de l’appel historique lancé, le 1er avril 2003, par Sa Sainteté Alexis II, patriarche de Moscou et de toutes les Russies.

Allocution du président - Déclaration de l'OLTR - Tables rondes - Documents - Chroniques - Quelques faits et dates de l’histoire de l’Archevêché, Déclaration de l’OLTR sur les difficultés actuelles de l’Archevêché etc - Contact

Rédigé par OLTR le 1 Avril 2013 à 15:05 | 3 commentaires | Permalien

A la question: Un grand écart sépare, cette année, la date de Pâques dans le calendrier occidental et dans le calendrier oriental, pensez-vous qu'il soit urgent d'avoir une date commune pour l'ensemble du monde chrétien?

Nos lecteurs ont répondu:

Oui, il est urgent d'avoir une date commune de Pâques 69.71%

Oui, mais ce n'est pas une priorité 11.31%

Non, il faut garder la différence de calendriers 17.7%

Je n'ai pas d'avis sur la question 1.28%


548 votants ont participé à ce sondage.

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 1 Avril 2013 à 01:49 | 2 commentaires | Permalien

Semion Kvacha

Ils ont fui la Russie au XVIIème siècle, ont été persécutés par le pouvoir, se sont interdits le mariage et les sacrements de l’Église, ont créé plusieurs courants, ont constitué un moteur du capitalisme russe au début du XXème siècle et ont malgré tout conservé leurs traditions jusqu’à nos jours. Ces gens n’ont pas accepté les nouvelles coutumes de l’Église introduites au XVIIème siècle. Il s’agit des « staroobriadtsy » (« vieux croyants »).
En Bouriatie, région russe proche du lac Baïkal, la majorité de la population parle une langue proche du mongole et est bouddhiste. Mais elle abrite également des villages russophones et, si vous vous y rendez un jour de fête, vous verrez des femmes habillées de robes ornées de broderies et dont les vêtements ont parfois jusqu’à 200 ans. Le paysage change même avant d’entrer dans le village : de vastes champs de blé remplacent en effet les pâturages et terrains vagues

Ces territoires appartiennent aux « vieux croyants » (« staroobriadtsy » en russe), également appelés « semeiskie ». À la fin du XVIIème siècle, ils ont fui le « Raskol » (« Schisme », réforme de l’Église orthodoxe russe) en Pologne, avant d’être exilés vers la frontière de l’époque avec la Chine suite à la prise d’une partie de la Pologne par l’empire russe, et ce afin de peupler et de défendre le territoire.

Le Schisme de l’Église orthodoxe russe s’est produit à cause de la volonté du patriarche Nikon de mener plusieurs réformes : célébrer le culte selon les anciennes traditions byzantines, uniformiser le clergé, se débarrasser des rites artificiels ayant perdu leur sens et renforcer l’importance de la prière. Au XVIIème siècle, la Russie était officiellement chrétienne depuis déjà 600 ans. Durant cette période, une multitude d’erreurs de retranscription se sont introduites dans les livres religieux. De plus, peu de prêtres retransmettaient un message précis ou comprenaient tout ce qu’ils disaient.

La réforme de l’Église était nécessaire, mais l’intransigeance de Nikon pour la mener a engendré un schisme. Beaucoup de prêtres et de laïques avaient du mal à comprendre certaines modifications. Pourquoi la « Rus sainte », qui avait connu les invasions des Tatars et des Polonais et survécu aux souffrances, devait s’adapter aux acquis grecs alors que toute la hiérarchie orthodoxe grecque se trouvait à cette époque sous la domination des sultans ottomans ? Les « raskolniki » (« schismatiques ») sont ainsi devenus des « vieux croyants ».

Comme souvent dans les guerres religieuses, les différences de positions ont entraîné violences et incompréhensions. Fallait-il faire le signe de croix avec deux ou trois doigts ? Écrire Issous ou Iissous (Jésus en russe) ? Quelques lettres utilisées comme symboles de croyance, mais pour lesquelles certains étaient prêts à quitter le pays, se battre ou brûler sur le bûcher. Être un « raskolnik » était devenu un crime, et les délateurs récupéraient souvent les biens des condamnés ... SUITE la Russie d' aujourdhui

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 31 Mars 2013 à 10:35 | 1 commentaire | Permalien

Le semeur de discordes
Par le père Jean Valentin Istrati (prêtre roumain)

Faut-il rappeler que le diable ne dort pas, ne mange pas? Depuis la création du monde il réside dans l’abstinence, n’oublie rien, ne se fatigue jamais et n’a à aucun moment eu l’idée de faire valoir ses droits à la retraite. Il n’est jamais souffrant et il lui arrive guère de mourir. Il n’a en permanence qu’un seul souci : distraire les humains lorsqu’ils font le bien et les faire oublier le salut. Le diable est un théologien fort versé, dans sa haine il connaît par cœur les Saintes Ecritures tout en n’ayant pas la moindre intention de les observer. Voilà des millénaires qu’il perfectionne ses méthodes. Il se sert des gens pour agir ayant recours aux méthodes les plus diverses, il se sert des animaux, des plantes, de la matière, des pensées et des mécanismes, etc. Sa tâche consiste à remplir l’enfer, en y installant des hommes, des créatures de Dieu prédestinées au Royaume éternel de la Lumière.

Il existe une hiérarchie chez les diables : certains sont des fantassins, des deuxième classe des péchés charnels, spécialistes des mots obscènes et des mauvaises actions, des experts ès haine et animosité, des recrues des ténèbres et de la mort par auto-intoxication, des professeurs du désert de l’âme.

Il y a chez les diables une élite : fonctionnaires d’en bas, officiers, généraux et amiraux : ce sont eux qui versent de la bibine bon marché dans la gorge de ceux qui se sentent malchanceux, politologues des ténèbres ils vouent à la damnation des groupes, des classes entières de la société, parfois mêmes des nations. Quelle est leur modus operandi ? Ils altèrent les esprits de ceux qui gouvernent, ils trompent ceux qui détiennent le pouvoir, ils dépravent les cœurs des décisionnaires, ils aveuglent les leaders. Ces diaboliques généraux remplissent à ras bord les comptes en banque des parlementaires pour les faire voter des lois autorisant les meurtres ou légitimant le péché ; ils rendent sourds ceux qui veillent et transforment en pandémies les passions et les vices. Ce sont eux qui tiennent la main des toxicos qui inhalent des vapeurs mortelles.

Cette infernale élite ne mésestime nullement la force des médias. Au contraire, ils s’en servent. Ce sont des faiseurs d’opinion, des inspirateurs de doute. Ils nous rivent à nos téléviseurs. Ils secondent les iconoclastes et les militants du sécularisme. Cette démoniaque élite nous inculque la soif du pouvoir et soutient ceux qui ont sur les masses une ascendance quasi hypnotique. Par les moyens de la corruption et de l’escroquerie ils favorisent les plans de carrière des incompétents. Ils dressent des obstacles sur le chemin de ceux qui ont des talents donnés par Dieu et attisent les ambitions des nullités.

Les démons combattent l’Eglise du dedans comme du dehors

Les forces des ténèbres dressent la société contre l’Eglise, le clergé et les croyants. Ce sont elles qui mettent en exergue les péchés commis par les prêtres. Pour éloigner les fidèles de l’Eglise elles s’exclament : « Regardez donc ce que font les popes ! ». Les démons faussent nos prières élevées dans les larmes, font croire qu’il y a cohue et bagarre à fin de la liturgie pour accéder à une parcelle d’antidore. Ils dévaluent les symboles chrétiens et mettent en valeur les symboles diaboliques et païens. Ce sont ces forces qui font progresser les méthodes d’assassinat de l’embryon à toutes les phases de la grossesse.

Ces commandos provenant du huitième cercle de l’enfer de Dante s’immiscent dans les Eglises, y introduisent et y favorisent le sectarisme. L’intelligentsia de la géhenne mène un combat implacable contre les prêtres et les confesseurs, elle nous confisque notre humilité et notre repentance, nous inculque l’orgueil et nous fait miroiter des représentations mensongères de l’Eglise et du clergé. Pour que les hommes ne soient plus en communion avec Dieu les forces des ténèbres s’emploient à dégrader la dignité écclésiale. Les démons cherchent à faire cesser le sacrement de l’ordination, comme l’ont fait les protestants et avec eux toutes les sectes du monde. Ils veulent que nous n’allions plus communier. Mais ce qui est le plus cher au Malin, c’est la division obtenue par l’indignité et la désobéissance canonique. Le schisme, la division, l’hostilité, voilà les principaux leviers de l’action du Malin. C’est dans ces voies que périssent des personnes qui avaient reçu le baptême au nom de la Sainte Trinité. Aussi, si vous entendez quelqu’un vous dire de ne pas communier dans l’Eglise du Christ, sachez qu’il agit de concert avec le prince des ténèbres attaqué par l’élixir d’immortalité qu’est la Sainte Communion.

Seule la sainte Eucharistie, le Corps et le Sang du Christ nous délivrent des démons, les privent de leur force, quel que soit leur grade. L’Eucharistie, et elle seule, détruit, extermine et transforme en poussière toutes les entreprises de Satan dans nos âmes et nos esprits.

Traduction Nikita Krivocheine
Pravoslavie.ru
.....................................
PO Une caméra vidéo camouflée dans nos âmes

Rédigé par Nikita Krivocheine le 30 Mars 2013 à 10:00 | 5 commentaires | Permalien

Claude Lafleur

Les différences entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique sont minimes, rapporte le père Ihor Kutash, de l’Église orthodoxe ukrainienne. À preuve, celui-ci enseigne depuis quinze ans à des catholiques, à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. « C’est dire que la foi que nous partageons est suffisamment semblable pour que nous puissions nous comprendre sans problème. »

Ce qui distingue le plus ces deux institutions religieuses, l’orthodoxe et la catholique, c’est le fait que l’Église catholique considère que seules sont légitimes les communautés chrétiennes qui se soumettent à l’autorité du pape. « Tandis que nous, nous considérons que, chaque fois que la liturgie est célébrée par un prêtre qui est en communion avec les évêques de l’Église, celle-ci se trouve alors dans toute sa plénitude, indique le père Kutash. Pour nous, l’Église, c’est l’union de toutes ces Églises, et ce qui nous unit, c’est l’eucharistie. » Pour le reste, les célébrations et les traditions religieuses sont assez semblables, dit-il.

Nuances de croyances

Ihor Kutash est né de parents ukrainiens qui se sont installés en Alberta en 1924. « Ma famille est très liée à l’Église orthodoxe, dit-il, et c’est à l’âge de 15 ans que j’ai décidé que j’étudierais la théologie. » Ayant complété sa formation à 22 ans, au Collège Saint-André à Winnipeg, il a été ordonné prêtre. Il est ensuite venu s’installer à Montréal en 1969, où il oeuvre à la paroisse St. Mary the Protectress, dans le quartier Rosemont. « J’ai déménagé à Montréal parce que j’ai rencontré une Montréalaise, dit-il. Nous nous sommes mariés, nous avons eu un fils et avons maintenant trois petits-enfants ! C’est donc par amour que je suis venu vivre dans une ville que j’adore ! » Notons au passage que le père Kutash parle parfaitement trois langues : l’ukrainien, l’anglais et le français.

Il précise que l’Église orthodoxe ukrainienne est dirigée par un primat - le métropolite Yuri, qui réside à Winnipeg - et qu’elle est liée à la communauté orthodoxe internationale par son appartenance au patriarche de Constantinople.

Le père Kutash souligne que, s’il y a peu de différences entre les fêtes catholiques et orthodoxes, il y a néanmoins quelques nuances à apporter, notamment à propos de la Vierge Marie. « Nous vouons une grande vénération à Marie, mère du Christ, dit-il, mais on ne dit pas souvent “Vierge Marie” parce que, pour nous, ce n’est pas sa virginité qui importe avant tout. Nous croyons que, oui, Marie était vierge, mais, pour nous, elle était avant tout la mère de Jésus. On parle donc de Marie mère du Christ. »

Autre différence : l’Église catholique insiste sur la conception immaculée de Marie, c’est-à-dire qu’elle serait née en ayant été « surnaturellement protégée contre le péché originel » commis par Adam et Ève (avoir croqué la pomme du savoir). « C’est ce péché originel qui fait que nous mourrons tous, rappelle Ihor Kutash. Mais nous, nous disons que Marie est née avec le péché originel et c’est pourquoi elle est décédée. Toutefois, elle a été ressuscitée par son fils Jésus - elle est la première à l’avoir été après lui - de sorte qu’elle réside désormais aux côtés de son fils, de Dieu le père et de tous les saints. »....SUITE le Devoir

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 30 Mars 2013 à 08:06 | 6 commentaires | Permalien

François : nouveau pape, nouvelle époque pour l’Eglise
Alexandre Baounov

Traduction du russe Dimitri Garmonov

Dans un des lieux catholiques les plus vénérés en Argentine, la basilique Notre-Dame de Lujan près de Buenos-Aires, j’étais le plus surpris par la présence de chiens errants qui, pendant la messe, tranquillement, dormaient sous les colonnes des nefs gothiques de l’église. Personne ne les incommodait : ni le prêtre, ni les servants, ni les paroissiens. Je n’ai jamais rien vu de pareil ni en Amérique du Nord, ni en Europe occidentale avec leur culte sentimental des animaux domestiques et leurs lobbys verts tapageurs. Là, c’est un pays plus pauvre et moins conscient : aucun parti « vert » au parlement, souvent les humains eux-mêmes n’ont pas d’abri ni de nourriture, les catholiques y sont plus conservateurs qu’en Europe, mais – des chiens dans l’église.
En Argentine, j’ai compris que des nouveautés dans l’Eglise ou l’inattention pour certaines interdictions anciennes venaient non pas de l’extérieur (amenés par une mode ou une habitude, ni à cause d’une crainte de n’être pas comme tout le monde), mais, au contraire, de l’intérieur, motivés par l’amour et l’humilité. Forces devant être constamment opérantes dans l’Eglise. De telles novations, parfois les plus radicales, peuvent coexister avec le conservatisme.

Notre François

Le nouveau nom du Pape François est, quant à moi, très éloquent et il peut paraitre attrayant à tous les gens qui ont connu l’époque où l’Eglise russe n’était pas associée aux cosaques, les archimandrites ne roulaient pas en jeep et les manifestants orthodoxes n’exhibaient pas des pancartes avec des mots tels qu’un homme bien élevé ne pourrais les énoncer même dans un tête-à-tête. L’Eglise s’associait alors avec les noms de l’archiprêtre Alexandre Men, de Sergueï Averintsev et d’Olivier Clément. Pour un intellectuel qui a vécu cette période, Saint François d’Assise dont le nouveau Pape porte désormais le nom, est sûrement quelqu’un de très proche. Il évoque, entre autre, également un brillant essai de Chesterton traduit par la tant aimée Natalie Trauberg ainsi que le dialogue avec le loup et les oiseaux des Fioretti et son « Chant du Soleil » traduits par Averintsev.

Nous te louons, Seigneur, pour toutes tes créations,
Surtout pour notre frère bien-aimé – le Soleil…

François : nouveau pape, nouvelle époque pour l’Eglise
C’était un saint pour ainsi dire idéal et dont nous avions tous si besoin. Il témoignait de ce que les paroissiens qui n’étaient pas encore pétrifiés par l’orgueil de leur orthodoxie bien à eux voulaient entendre dans l’Eglise à l’époque : ils ont, eux aussi, des hommes certainement saints (car ne peut-on pas douter de la sainteté de François), et donc nous ne sommes pas si éloignés que cela peut paraître. L’ours de Saint Séraphin nous était proche, le loup et les oiseaux apprtenaient si l’on peut dire à Saint François. Comme avant la séparation des Eglises, les lions obéissaient à nos saints communs : Jérôme, traducteur de la Bible en latin et, en Orient, à ascètes comme Guérassime du Jourdain. Cela signifie que nous pouvons nous aimer les uns les autres et ne pas se souvenir des anciennes offenses.

Tous ceux qui ont connu l’Eglise russe de cette époque ont aimé le nouveau pape rien pour le seul nom qu’il s’est choisi. Par ailleurs, ceux qui ne faisaient pas partie de l’Eglise à cette époque ne comprendront probablement pas la raison pour laquelle faut-il l’aimer d’emblée, dès le soir de son élection. Peut-être, il n’y a encore pas de vraies raisons pour l’aimer : nous ne le savons pas. Les noms peuvent être trompeurs.

Le cardinal Ratzinger avait pris le nom Benoît, le nom de quinze papes qui l’avaient précédé, le nom du fondateur du monachisme occidental et de l’auteur de la première règle monastique. Ce nom mettait en évidence la continuité, la tradition et la discipline. Le cardinal Bergoglio a choisi, lui, un nom qui n’avait pas été pris par aucun autre pape avant lui. Alors que c’est le nom de saint François qui, au XIII siècle (une des époques de l’essor de l’Europe), prêchait la pauvreté de l’Eglise, la simplicité, voyait en tout le monde des frères et des sœurs, même dans les oiseaux, et pensait que les moines ne devraient pas être enfermés dans les monastères, mais devraient vivre dans le monde, dans les villes et les villages, parmi les hommes simples. Pas comme tous, mais non loin de tous, sans s’enorgueillir de leur différence.

Avant le conclave, nous nous demandions : comment l’Eglise peut-elle répondre aux, comme on dit maintenant, défis de l’époque. Si le nom choisi par le nouveau pape est, dans un certain sens, son programme, il devient possible de deviner ses réponses. Je ne sais pas trop ce qui se passe dans l’Eglise d’Argentine, mais j’ai entendu dire que l’archevêque de Buenos-Aires prenait le bus pour aller au travail. Voici enfin des prélats qui prennent le bus et qui habitent un petit appartement. Le fait que cette attitude franciscaine trouve l’appui parmi les cardinaux est également un bon signe. Cela tandis que les hiérarques orthodoxes font valoir leurs droits à une résidence digne du statut d’évêque et à une voiture de qualité.


François : nouveau pape, nouvelle époque pour l’Eglise
Eglise locale

Autre chose m’a étonné dans le premier discours du nouveau pape, dans lequel, malgré sa brièveté, il s’est présenté plusieurs fois comme le nouvel évêque de Rome : « Je suis l’évêque de cette ville magnifique. […] Avant tout, je veux prier pour mon prédécesseur, évêque de votre ville ». Jamais il ne s’est présenté comme chef de l’Eglise, ni successeur de Pierre. Cette humble insistance du rôle modeste de l’évêque en tant que chef de l’Eglise locale n’est bien entendu pas le refus du service au monde entier, mais le refus de la compréhension naïve du rôle du pape comme celui du premier de l’univers.

Le monde contemporain est un monde à mille voix où, même dans l’Eglise, peu de gens sont prêts à suivre les ordres du général. Le nouveau pape donne à entendre qu’il le comprend. De jure, les pouvoirs du pontife romain sont beaucoup plus étendus et incontestables que, par exemple, ceux du patriarche de Russie, mais en réalité, ils sont d’une moindre importance. Le pape ne peut plus bannir ce qui tout simplement lui déplaît ou imposer ce qui est à son goût. La papauté et le papisme que nous invectivons habituellement chez les catholiques sont depuis longtemps beaucoup plus présents dans notre Eglise. De toute façon, il est difficile de s’imaginer que le patriarche se rappelle tout d’abord son rôle de l’évêque de la ville magnifique de Moscou et de l’importance de consulter les autres églises locales au sujet de toute autre question

Un libéral ou un conservateur ?

J’ai entendu plusieurs absurdités sur la démission du pape Benoît. Une d’elles touche son passé nazi : comme s’il a démissionné parce qu’on a découvert ses photos en uniforme de la Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes). Raisonner de cette manière signifie reporter sur l’Eglise les mécanismes d’honnêteté et de honte du milieu des intellectuels et même celui des nobles. Mais l’Eglise les surpasse. Croire qu’un garçon qui portait l’uniforme de la hitlerjugend ne peut pas ensuite devenir évêque comme si une pécheresse ne pouvait atteindre la sainteté, ou que le bon Larron n’a pas pu être sauvé, c’est comme nier la parabole des ouvriers de la onzième heure : autrement dit, refuser toutes les raisons pour lesquelles l’Eglise existe. « Parmi vos péchés, il n’y a aucun qui ne soit accomplit par les saints », dit un des personnages d’un roman de Graham Greene. Un pionnier léniniste ainsi qu’un komsomol peuvent devenir évêque : la raison d’être de l’Eglise est là. Le principal est qu’après être ordonnés évêques, ils cesseraient d’être komsomols.

Maintenant on commencera à fouiller dans la vie du pape François pour vérifier s’il est digne du statut papal. Il est évident qu’on trouvera bien quelque chose. L’évêque Bergoglio avait de bonnes relations avec la junte militaire d’Argentine qui était au pouvoir dans les années 1970 jusqu’au début des années 1980 et qui est responsable pour des milliers des morts. Quand on a déclenché un procès contre les participants aux crimes de la junte d’Argentine, le cardinal Bergoglio a été convoqué au tribunal qui l’a écouté et l’a laissé aller. Ce qui, d’ailleurs, ne le sauvera pas, à n’en pas douter, des jugements de la presse progressiste.

Il n’a pas non plus les meilleures relations avec la couple présidentiel Kirchner, populistes de gauche modérés qui gouvernent l’Argentine la dernière décennie. Il a désapprouvé la loi de Kristine Kirchner légalisant le mariage homosexuel, ce qui a été perçu par elle comme une manifestation d’obscurantisme médiéval. Mais en même temps, il ne reportait jamais son attitude négative à l’égard du mariage gay sur les êtres humains. Au contraire, il venait voir les mourants du SIDA à l’hospice et embrassait leurs pieds. Il y allait, bien évidemment, en bus.

Dans le système de coordonnées latino-américain, l’évêque Bergoglio parait d’ailleurs un conservateur modéré. Puisqu’il vient d’Amérique latine, on commence à analyser son attitude envers la théologie de la libération, théorie libérale gauche, presque marxiste. La réponse est évidente : l’évêque Bergoglio ne la partage pas. Cependant, il ne persécutait pas ses partisans et n’interdisait pas à ses prêtres et ses évêques de la partager.

« D’abord, nourrissez et guérissez, puis prêchez le salut », cette phrase résonne comme un appel plutôt socialiste qu’évangélique. Une question se pose : à quel niveau du PIB peut-on être sauvé ? Le nouveau Pape n’applaudit pas les postulats de la théologie de la libération, mais il vient de l’Eglise où elle est apparue et donc ne pouvait éviter les questions de l’élimination de la pauvreté, des droits à l’éducation et à la santé en tant que présupposés du salut. En outre, le service épiscopal dans la mégapole d’un pays du tiers monde avec une population d’une pauvreté que ne connait aucune ville européenne ne peut que rendre sensible à la justice sociale. Le nouveau Pape est donc un pasteur comme il y en a beaucoup dans le monde en développement : conservateur dans les questions familiales, radical dans les questions sociales, scrupuleux dans la question de l’image de l’Eglise – aucune richesse superflue.

François : nouveau pape, nouvelle époque pour l’Eglise
Les temps nouveaux

Tout le monde parle actuellement d’une époque étrange dans la vie de l’Eglise, d’une époque de crise. Mais toutes les époques, surtout en Eglise, sont particulières.

Je me permettrai d’exprimer une idée de Sergey Averintsev (j’ai eu le bonheur non seulement de le lire, mais également de l’entendre ayant été son étudiant). Depuis l’époque antique tardive, toutes les tâches de l’Eglise survenaient, puis trouvaient leurs solutions, toutes les crises se sont produites au sein du monde christianisé dans lequel tous, de l’empereur au paysan, étaient chrétiens. Même la Réforme, toute la raillerie de l’Eglise par les Lumières en XVIII, l’athéisme classique du XIXe et du début du XXe siècle existaient dans ce cadre.

Ce monde où l’existence du christianisme était évidente n’existe plus, d’autant que même l’athée contemporain ne nie pas l’idée de l’Eglise, ni l’existence même de Dieu, comme auparavant. Tout simplement il les ignore parce que ces idées ne sont plus d’actualité. L’athée contemporain est prêt à croire en quelque chose de semblable, même en Dieu. Le croyant contemporain peut au contraire croire non pas en Dieu ou en Christ, mais à la renaissance de la nation, les valeurs de la famille, les reliques…

L’Eglise n’a plus cette base à laquelle elle s’est habituée au cours des siècles. Il n’y a plus de nations chrétiennes, d’Etats chrétiens, de gouvernants chrétiens. Toute tentative de faire revenir cette époque n’est qu’une imitation tout à fait artificielle. La tache actuelle de l’Eglise est, selon l’expression d’Averintsev, d’apprendre « à vivre sans l’univers chrétien, sans protection extérieure, dans un monde où rien ne lui vient de par soi-même ». Beaucoup pensent que c’est la fin, mais en réalité, c’est le début. Dans un certain sens, c’est une situation plus naturelle pour l’Eglise, ou bien, plus évangélique. Les apôtres ni les chrétiens des premiers siècles n’ont pas connu un monde chrétien, ils le créaient ex nihilo.

Le libéralisme superficiel peut contenter l’opinion publique. Alors que le conservatisme peut également être une volonté de complaire au « peuple ». Le conservatisme superficiel sanctionne la haine envers tout ce qui est étranger, ou nouveau, ce qui est d’autant plus étonnant dans la religion dont le texte fondateur est le Nouveau Testament. Tous les deux s’emploient, de la même manière, à adapter l’Eglise aux choses extérieures.

Quand l’Eglise discute de la possibilité d’ordination des femmes ou des homosexuels sous la pression des féministes ou de la presse de gauche parce qu’ « il est temps », c’est une chose. Une autre est si elle le fait parce qu’elle a découvert une nouvelle source d’amour et d’humilité. Ce qui paraît parfois une manière de se laisser influencer par les circonstances peut faire découvrir des richesses intérieures. C’est ainsi (pardonnez-moi cette comparaison) que les chiens peuvent bien dormir dans la basilique de Buenos-Aires. Alors que ce qui ressemble à la fermeté peut au contraire être un pur conformisme.

Quand on n’a plus de fondement, la seule base qui reste à l’Eglise est une attitude réfléchie envers soi-même. La même chose se passe dans l’enseignement : il est clair que les jeunes gens sérieux n’iront pas là où on les attire en facilitant de plus en plus les programmes mais pas non plus là où tout revient au bachotage et au par cœur.

Peut être, aurait-il été préférable si le pape de cette nouvelle époque du christianisme avait pris le nom d’un saint des premiers siècles, mais le nom et, ce qui vaut mieux, le mode de vie de saint François vont si bien à notre monde – tant mieux !


Lien en russe Slon.ru

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Mars 2013 à 13:13 | 6 commentaires | Permalien

Higoumène George Leroy: L'Église comme réalité spirituelle
Vladimir Golovanow

Chroniques d'Abitibi 1.

C'est grâce à "PO" que je suis entré en contact épistolaire avec le père George, qui est intervenu récemment. Il assure une présence orthodoxe au bout du monde, à 600 Km au nord-est de Montréal, en plein dans ce "Wild" que connaissent les lecteurs de Jack London ou Curwood. Il s'est installée dans l'Abitibi, dont l'Orthodoxie est pratiquement absente car la région est nominalement catholique, et y a construit une chapelle dédiée à Sainte Marie Madeleine pour y chanter l'Office divin quotidien. Les lecteurs intéressés trouveront plus de détails sur le site que le père George a réalisé et où il raconte le court passé orthodoxe de la région dont il ne reste que deux églises vides, transformées en musée ou monument historique.

J'ai demandé au père George de retracer le parcours qui l'a amené de Belgique au fin fond du Canada et il n'as pas dit non... En attendant je vous propose cette page de réflexion sur notre Eglise extraite de son site

L'Église comme réalité spirituelle.

Les immigrants qui avaient fondé les églises russes en Abitibi percevaient l'Orthodoxie essentiellement comme un ensemble de coutumes ethniques et familiales. Ils n'avaient guère idée des richesses spirituelles de leur propre Tradition.

Ils étaient orthodoxes parce que leurs aïeux l'étaient, et l'Orthodoxie leur servait de conservatoire de leurs propres coutumes culturelles. Contrairement à la présence de l'Orthodoxie russe en Europe occidentale, il n'existait pas d'« intelligentsia » qui ait été capable de voir plus loin, de discerner la Foi au-delà des habitudes ethniques. Il s'agissait d'une immigration dont les motifs étaient purement économiques, et dont le niveau d'éducation était faible. Sur de telles bases, la présence de l'Église orthodoxe en cette contrée ne pouvait pas franchir la barrière des générations. La communauté russe s'est éteinte, incapable de transmettre un bagage spirituel à la génération suivante. Suivant une logique purement humaine, cela aurait dû en rester là. Grâce à la puissante intercession de sainte Marie-Madeleine, il a été possible de construire une Chapelle qui lui est dédiée.

La Chapelle sainte Marie-Madeleine ne correspond à aucune nécessité culturelle ou ethnique. Ce n'est pas une paroisse, et pas davantage un monastère. C'est une chapelle votive, construite afin que la petite lumière d'une prière quotidienne luise discrètement au milieu de cette grande région de l'Abitibi. Il s'agit simplement d'une présence de prière aussi constante que possible. Les Vêpres et les Matines y sont chantées pratiquement chaque jour, et la Divine Liturgie célébrée le Dimanche.

Nous vivons dans un monde qui définit l'être humain comme une unité qui produit des biens, et les consomme ensuite.

Dans cette perspective, celui qui ne produit pas de façon performante est mis à l'écart, et la seule vertu reconnue est la consommation. L'unique dimension de l'existence est l'Economie. L'absurdité d'une telle vision des choses risque bien de mener au désespoir, dès que l'on se pose la question du « pourquoi » de l'existence : « qu'est-ce que je fais dans cet univers ; quel est le sens de mon existence ? » Le Christ nous montre que l'être humain est à l'image de son Créateur; c'est un être en quête d'absolu et d'éternité. Il tient sa valeur de Dieu auquel il tend à ressembler. Sa prière illumine l'univers, car elle est la voie par laquelle Dieu agit dans sa création. La prière qui s'élève devant Dieu dans la Chapelle sainte Marie-Madeleine contribue à tout ce qui se fait de bien dans le monde, et détient une réelle portée cosmique.

Cette petite église n'est pas seulement un local : c'est un espace sacré, où nous expérimentons la présence d'une autre dimension. Les icônes que cette église contient sont autant de fenêtres ouvertes sur l'Absolu. Les services liturgiques nous mettent en présence de l'univers divin, nous entraînent à devenir familiers avec cette dimension spirituelle, précisément comme l'entraînement à un sport permet de franchir les obstacles de la piste...

Cette accoutumance à la spiritualité nous sera d'un précieux secours au moment où il faudra passer au-delà des apparences de cette vie - moment que chacun connaîtra. Il est certainement préférable de franchir cette limite dans la joie et la sérénité, plutôt que dans l'appréhension devant un Inconnu auquel on s'est efforcé de ne pas penser pendant toute sa vie, en se dispersant dans mille et une distractions...

Cette perspective spirituelle est tout-à-fait étrangère à la grande majorité de nos contemporains, solidaires d'une société très « horizontale », où seul importe le profit matériel. C'est pourquoi le surgissement de cette petite chapelle dans le paysage abitibien représente pour beaucoup une énigme difficile à comprendre : l'existence de la vie de prière et l'expérience de la Présence divine.

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 28 Mars 2013 à 09:45 | 2 commentaires | Permalien

De nouvelles expériences scientifiques menées à l'Université de Padoue confirmeraient que la toile du Suaire de Turin date bien du premier siècle après Jésus-Christ. C'est ce qu'affirment le professeur Giulio Fanti et le journaliste Saverio Gaeta dans un livre sorti le 27 mars 2013 en Italie. Le Saint Suaire n’a été exposé que quatre fois au cours des cent dernières années, les dernières en 2000, pour le Jubilé, et en 2010. La prochaine ostension publique n’est pas prévue avant 2025.

Selon les auteurs, les résultats de l'analyse chimique et mécanique menées à l'Université de Padoue confirment l'antiquité de la toile du Suaire. Cet élément est donc compatible avec la tradition qui considère que la toile de lin imprimée avec l'image d'un homme crucifié est bien celle qui a enveloppé le corps de Jésus descendu de la croix, rapporte le vaticaniste Andrea Tornelli, sur le site 'Vatican Insider'.

Le Saint-Suaire daterait bien de l'antiquité
Giulio Fanti est professeur de mécanique et de thermique à l'Université de Padoue. Ses recherches vont également être publiées dans une revue scientifique et donc ont été soumises à l'examen d'un comité de lecture. Les examens ont été effectués sur de petites fibres du Suaire, un matériel fourni par le professeur Giovanni Riggi qui avait participé à la recherche en 1988. Décédé en 2008, il avait fait don de ces matériaux à Gulio Fanti à travers la Fondation 3M.

Les deux premières analyses ont été réalisées avec un système de FT-IR, soit avec de la lumière infrarouge et l'autre avec la spectroscopie 'Raman'. Le troisième est une analyse mécanique concernant la tension du fil. Pour cette enquête sur les fibres, les scientifiques ont mis au point un appareillage pour des essais de traction capable d'évaluer des fibres extrêmement fines. Ils ont effectué des comparaisons avec une vingtaine d'échantillons de tissus datés formellement de 3000 avant JC à 2000 après JC.

Les résultats finaux indiquent que les fibres de la toile remontent bien à l'antiquité entre 200 avant JC et 250 après JC. Ils infirmeraient donc ceux du carbone 14 réalisés en 1988 et donnant une datation médiévale du Suaire entre le XIIIe et XIV siècle. SUITE Apic/Kipa

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 27 Mars 2013 à 14:12 | 7 commentaires | Permalien

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