Viktor Moskvine, directeur de « la Maison de la Russie à l’étranger » : Les exilés russes du début du XXe siècle méritent la citoyenneté russe

Au XXe siècle à cause de la guerre civile et de la révolution, des millions de nos compatriotes se sont trouvé en exil à l’étranger. Ils y ont fait fructifier leurs talents, scientifiques, ingénieurs, médecins, écrivains et peintres.

Certains de leurs descendants auraient voulu avoir la citoyenneté russe aujourd’hui mais les administratifs préfèrent remplir « le déficit démographique » par des ouvriers peu qualifiés d’Asie Centrale et préfèrent ne pas oublier l’existence de 30 million de nos compatriotes qui vivent hors frontières. « AiF » (Argoumenty i fakty) en a parlé avec Viktor Moskvine, docteur ès sciences historiques, directeur de « la Maison de la Russie à l’étranger » A. Soljenitsyne qui fondée à Moscou il y a 18 ans.

Maria Mart, « AiF » : Viktor Alexandrovitch, j’ai parlé récemment avec un ami qui a « une carte de séjour polonaise ». Ce document lui suffit pour obtenir un visa gratuit en Pologne, y travailler et recevoir une formation et une assistance médicale en cas d’urgence. Le jeune homme a obtenu ce document ayant présenté un certificat établi par une église catholique en Biélorussie de l’Ouest attestant que son grand-père était polonais.

Viktor Moskvine : J’ai honte d’en parler. Il n’y a pas longtemps j’ai rencontré des descendants de Koutouzov. Pour obtenir un visa et se rendre dans leur patrie historique ils doivent présenter un certificat d’hébergement, le présenter au consulat et répondre à tout un nombre de questions. En même temps, n’importe quel citoyen d’Ouzbékistan ou du Tadjikistan a le droit d’entrer tout simplement en Russie en présentant son passeport.

AIF: Grace à l’activité de votre Maison certaines personnes, gloire de la science mondiale, commencent à pouvoir retourner facilement en Russie. Vous avez été le premier à tourner un film sur le créateur de la télévision Vladimir Zvorykine obligé d’émigrer en emportant ses épures techniques en 1919 aux Etats-Unis où il a déposé le brevet pour son invention.

Viktor Moskvine : Après 1917, des émigrés russes et leurs descendants ont reçu plusieurs prix Nobel. Le XX siècle est marqué par leurs inventions. Par exemple, le magnétophone a été inventé par le colonel Alexandre Poniatov. Il est né en 1892 dans un village non loin de Kazan, il a étudié à l’université de Kazan et ensuite à l’école supérieure d’ingénieur impériale. Pendant la guerre civile, il faisait partie de l’armée de Koltchak où il a obtenu le grade de colonel. Ensuite, il s’est trouvé en Chine où il a travaillé dans une entreprise électro énergétique et, enfin, a déménagé aux Etats-Unis. Pendant la deuxième Guerre mondiale Poniatov a fondé une société en Californie qui en 1946 a lancé la production d’un magnétophone à bobine.

En 1956 il a fabriqué le premier magnétoscope et tous les grands de l’électronique – Panasonic, Sony, Samsung et d’autres, achetaient ce brevet à Poniatov. Au moment de son essor, sa société embauchait plus de 20 mille personnes, il avait des filiales dans différents pays et devant chaque filiale Poniatov a ordonné de planter des bouleaux. A l’ouverture du premier centre de télévision à Chabolovka l’URSS a commandé l’équipement à Zvorykine et plus tard à Poniatov pour « Ostankino ».

L’ingénieur Igor Sikorsky a fait ses études en Russie du temps du tsar et, ensuite, émigré, il a mis au point une série d’hélicoptères et d’avions. Les présidents des Etats-Unis utilisent l’avion élaboré par Sikorsky.

AIF: Est-ce vrai que la majorité des émigrés de la 1ère et de la 2ème vague voulaient rentrer en Russie ?


Viktor Moskvine : Les exilés du début du XXe siècle étaient de vrais patriotes. Presque toute l’émigration jusqu’au début de la Deuxième Guerre avaient des valises prêtes pour partir et le jour du Réveillon on prononçait un toast pour passer le Réveillon suivant en Russie.

Les émigrés emportaient essentiellement des reliques familiales et des archives. Quelques dizaines de rares objets exposés dans notre Maison sont les cadeaux de nos compatriotes ou de leurs descendants. Nous n’avons rien acheté, tout cela coûte des millions de dollars. Nos donateurs sont loin d’être riches mais leur conscience ne leur permet pas de les vendre, ils considèrent que ces objets doivent revenir à leur Patrie.

AIF: Comment auriez-vous cerné l’émigration actuelle en Russie?

Viktor Moskvine : Un jour Natalia Soljenitsyne, veuve de l’écrivain, a dit qu’avant on emportait de Russie des reliques familiales et maintenant on prend des cartes bancaires. En effet, beaucoup d’entrepreneurs qui viennent travailler à l’Occident sont émigrés mais sans une goutte de patriotisme. Leurs femmes, enfants, maisons, yachts et clubs de football et de basketball se trouvent à l’étranger. Ces personnes se sont enrichies par des procédés peu moraux grâce à la privatisation sauvage qui a dépouillé la Russie. Ils en sont conscients et sont prêts à rompre leurs attaches avec le pays à tout moment.

Il faut tabler sur des personnes qui ont la même mentalité que nous. Il faut offrir la citoyenneté à ceux qui au début du XXe siècle ont été obligés d’émigrer. Nous y sommes gagnant parce qu’il s’agit de personnes de valeur qui, malgré les difficultés, se sont imprégnées de l’amour de leurs parents pour leur Patrie historique.

LIEN AIF
Traduction Elena Tastevin

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PO Intervention du métropolite Hilarion à la cérémonie du quinzième anniversaire de la "Maison de la Russie à l’étranger"

Le séminaire théologique de la Sainte Trinité, Etats-Unis, a reçu un don de livres en provenance de Russie
Allocution de Monseigneur Hilarion président du département des relations ecclésiastiques extérieures, adressée aux participants et aux convives du VIème festival international de cinéma « La Russie à l’Etranger »

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Février 2014 à 19:46 | 0 commentaire | Permalien

Dans le cadre de sa visite à Paris, Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier se rendra à la Cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva, où il présidera un Te Deum le mercredi 29 janvier 2014 à 10h.
Lien

Visite de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée en France du 28 au 30 janvier - Programme de la visite !


Paris le 22 janvier 2014 --- Sa Sainteté Bartholomée1er, Patriarche Œcuménique de Constantinople,effectue une visite en France du 28 au 30 janvier 2014où il participera à une séance académique exceptionnelle le 30 janvier de l'Institut catholique de Paris et se verra remettre par cet institut un doctorat "honoris causa".

Sa Sainteté prononcera le 28 janvier un discours sur la "liberté religieuse à l'occasion du1700ème anniversaire de l'édit de Milan" et ce, dans le cadre d'une séance spéciale de l'Académie des sciences morales et politiques sur ce thème. La visite en France de Sa Sainteté sera également l'occasion de plusieurs évènements liturgiques orthodoxes mais aussi de certaines rencontres avec des personnalités publiques en France ainsi qu'avec les plus hautes autorités de l'Etat.

Carol Saba – Responsable de la Communication
LIEN

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Février 2014 à 07:08 | 51 commentaires | Permalien

Nathalie Soljenitsyne est intervenue le 28 janvier dernier à une réunion du Conseil de la Fédération : «S’il se trouve quelqu’un qui aurait l’impudence de nommer son association « Volonté de Dieu », l’Eglise, me semble-t-il, est tenue de réagir afin de préserver son autorité morale ».

Les rencontres parlementaires de Noël organisées par le Conseil de la Fédération étaient consacrées aux « Relations entre l’Eglise, la société et l’Eglise dans le domaine de l’éducation morale et de la protection des valeurs traditionnelles ». Le patriarche Cyrille ainsi que des ministres, des députés, des gouverneurs de région ont pris part aux débats.

C’était la première intervention du patriarche au Conseil de la Fédération. Son allocution a été essentiellement consacrée à la dilution du concept de péché, à la préservation de la structure familiale et des valeurs traditionnelles, à la dépréciation du mariage, à la déchéance morale de la société.

Nathalie Soljenitsyne, présidente du Fonds Alexandre Soljenitsyne, a pris la parole pour dire « qu’il est indispensables d’éduquer la jeune génération dans un esprit de vérité en ce qui concerne le passé du pays. L’extrêmise religieux arguant de la défense de la foi et des valeurs traditionnelles est inacceptable ».

Nathalie Soljenitsyne a poursuivi en disant que « l’Eglise orthodoxe russe ne doit pas tolérer les mensonges qui se répandent au nom d’un servilisme politique…
L’Eglise orthodoxe russe qui a été soumises par les bolcheviks à des persécutions aussi cruelles que celles encourues par les premiers chrétiens ne peut et ne doit faire sien le patriotisme cocardier qui, pour notre malheur, est en train de s’épanouir. Ceci en vue d’oblitère l’amour lucide et créatif que nous devons à notre pays. La culture, de même que des valeurs telles que la famille, le patriotisme, la foi en Dieu est une force apte à cimenter l’unité nationale. L’Eglise et la société doivent condamner tout extrémis manifesté par certains citoyens sous prétexte de défense de la foi orthodoxe et de ses valeurs.

Il arrive que l’Eglise ne condamne pas avec assez de vigueur et de clarté l’actionnisme de certains groupes marginaux agissant soit disant au nom de la pureté de la foi et se disant mandatés par l’Eglise. Il est inconcevable au ХХI siècle de jeter des livres au bûcher, de saccager des expositions, fussent-elles choquantes, d’exiger l’interdiction de mises en scènes quoi que l’on puisse penser de ces spectacles. S’il se trouve quelqu’un qui aurait l’impudence de nommer son association « Volonté de Dieu », l’Eglise, me semble-t-il, est tenue de réagir afin de préserver son autorité morale… »
La veuve de l’écrivain a appelé les orthodoxes à ne pas oublier qu’ils doivent s’inspirer de la Parole de Dieu et ne pas imiter le comportement de ceux qui les offensent. La société russe, actuellement désorientée et agressive, doit tendre à la compréhension et à la cohérence.

Lien Pravoslavie i Mir
Traduction Nikita Krivocheine

Réponse de l’archiprêtre Vsevolod Tchapline : ICI

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L'Archipel du Goulag pour les enfants
Une nouvelle édition de "l’Archipel du Goulag" destinée aux écoles


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 31 Janvier 2014 à 21:31 | 0 commentaire | Permalien

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
«Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » 1 et 2 et 3 parties Extraits traduit du russe par Maria-Luisa Bonaque

Le père Alipi avait un don étonnant d’orateur
.....se souvient le père Nafanaïl

"Il est arrivé plus d’une fois qu’on entende des pèlerins dire qu’ils resteraient encore une petite semaine au monastère au cas où le père Alipi ferait un autre sermon. Dans ses homélies il soutenait les affligés, il consolait les pusillanimes. “Frères et soeurs, vous avez entendu les appels à renforcer la propagande antireligieuse, ne baissez pas la tête, ne vous attristez pas, cela signifie que leurs difficultés commencent. Il est terrible de s’unir à la foule. Aujourd’hui, elle crie : ‘Hosanna !’ Et dans quatre jours : ‘Prenezle, prenez-le, crucifiez-le !’ C’est pourquoi, là où règne le mensonge ne criez pas : ‘hourra !’, n’applaudissez pas. Et si l’on vous demande pourquoi, répondez : ‘Parce que chez vous c’est le mensonge. – Mais pourquoi ? Parce que ma conscience me le dit.’ Comment reconnaître Judas ? ‘Quelqu’un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va Me livrer !’ a déclaré le Sauveur lors de la Cène.

Impertinent est l’élève qui veut égaler le maître, celui qui veut égaler le chef et prendre la première place, se saisir le premier de la carafe. Les aînés n’ont pas encore déjeuné, mais l’enfant a déjà bien mangé et se lèche les babines. C’est un futur Judas. Si les aînés ne se sont pas encore mis à table, ne t’y mets pas non plus. Les aînés prennent place à table, assieds-toi s’ils t’en prient. Les aînés ont saisi leur cuillère, prends-la aussi. Les aînés ont commencé à manger, tu peux commencer, toi aussi.” »

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Savva Iamchtchikov, un restaurateur et critique d’art envers lequel le père Alipi était bien disposé, racontait :

– On m’a demandé pourquoi un si bel homme s’était retiré dans un monastère. On disait qu’il avait été gravement blessé et avait perdu la capacité de procréer... Un jour, il a lui-même évoqué le sujet et m’a dit : « Savva, toutes ces conversations sont vaines. La guerre était une chose si monstrueuse, si horrible, que j’ai promis à Dieu que si je survivais à cette terrible bataille, je me retirerais dans un monastère. Imagine un peu : un combat féroce, les tanks allemands qui franchissent notre ligne de front, écrasant tout sur leur passage, et dans cet enfer, voilà que j’aperçois soudain notre commissaire de bataillon qui enlève son casque, tombe à genoux et se met à… prier.

Oui, oui, il murmurait en pleurant les mots quasiment oubliés d’une prière et demandait au Tout Puissant, que la veille encore il insultait, clémence et salut. Et je l’ai alors compris : chaque homme porte Dieu en son âme et, un jour ou l’autre, vient à Lui… »

Les autorités s’ingéniaient par tous les moyens à anéantir le monastère.

Un jour, toutes ses terres agricoles, pâturages compris, lui furent brutalement confisquées sur ordre du soviet de Petchory. C’était au début de l’été. On venait juste d’emmener les bêtes paître et il fallut les faire revenir à l’étable. Dans la même période, sur une directive de Moscou, les travailleurs du comité régional du parti amenèrent au monastère une grande délégation de représentants des partis communistes frères.
Pour les régaler de passé russe, comme on dit. Au début, tout se déroula normalement. Mais alors que les « fils d’une mosaïque de peuples », admirant le calme et la beauté du monastère, flânaient entre les parterres de roses écloses, les portes de la cour de ferme s’ouvrirent soudain tout grand et, dans un grand mugissement de liberté retrouvée, surgirent les trente vaches du monastère au grand complet ainsi qu’un énorme taureau. L’opération avait été orchestrée par le père Alipi en personne.

Le bétail, queues dressées, mugissant et ivre de liberté se précipita pour brouter herbe et fleurs des parterres, tandis que les représentants
du mouvement communiste international, hurlant à pleins poumons en erses langues, se mettaient tant bien que mal à l’abri. Les travailleurs du comité régional se ruèrent sur le père Alipi.

– Vous voudrez bien m’excuser, soupira-t-il. Mais ces bêtes me font pitié ! Nous n’avons plus d’autres pâturages et sommes obligés de les faire paître à l’intérieur du couvent.

Le jour même, tous les pâturages furent rendus au monastère. Le père Nafanaïl distinguait comme l’une des épreuves les plus rudes le
jour où le monastère avait reçu un oukase interdisant la célébration dans les grottes d’offices pour les défunts. Cela signifiait que l’accès aux grottes n’était plus autorisé et que la fermeture du monastère s’ensuivrait. Le texte portait la signature de l’évêque de Pskov. Mais le père Alipi ordonna de continuer à officier dans les grottes comme si de rien n’était. En ayant eu vent, les autorités municipales accoururent pour savoir si le père avait bien reçu la directive de son supérieur. Celui-ci confirma.

– Pourquoi n’exécutez-vous pas cet ordre alors ? demandèrent les fonctionnaires indignés. À quoi le père répondit qu’il n’y obéissait pas parce qu’il avait été écrit sous la contrainte et par faiblesse de caractère.
– Et moi, je n’écoute pas les gens faibles de caractère, avait-il conclu,mais seulement ceux qui ont de la force d’esprit.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Les offices religieux dans les grottes ne s’interrompirent pas.

La guerre livrée au monastère ne connaissait aucun jour de trêve. L’écrivain de Pskov, Valentin Kourbatov, se souvient : « Avant la visite d’une nième commission étatique venant fermer le monastère, le père archimandrite Alipi annonça sur les Saintes Portes que la peste s’était déclarée au couvent et qu’il ne pouvait permettre à la commission d’y pénétrer. Celle-ci était dirigée par Anna Ivanovna Medvedeva, présidente du comité régional à la Culture. Et c’est à elle que le père s’adressa : “Excusez-moi, ce ne sont pas mes idiots de moines qui
me font pitié. Ils sont de toute façon destinés au Royaume des cieux. Mais c’est vous, Anna Ivanovna, et vos chefs que je ne peux laisser entrer. C’est que je ne trouverais pas les mots qu’il faut pour répondre de vous à l’heure du Jugement dernier. Donc, pardonnez-moi, mais je ne vous ouvrirai pas.” Et, pour la unième fois, le voilà lui-même qui prend l’avion pour Moscou, fait des démarches, frappe à toutes les portes et finit, une fois de plus, par triompher. »

De même qu’un vrai guerrier distingue infailliblement ses ennemis, de même le père Alipi se montrait intraitable envers les démolisseurs conscients. Mais avec les simples gens il se comportait tout à fait différemment, y compris lorsque ceux-ci, par manque de discernement, ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Cela peut paraître étrange après les histoires que je viens de raconter ici, mais l’essentiel dans la vie du père Alipi, d’après ses propres dires, c’était l’amour. C’était lui son arme invincible et inconcevable pour le monde.

« L ’amour, disait ce grand supérieur, est la prière suprême. Si la prière est la reine des vertus, alors l’amour chrétien est Dieu, car Dieu est
Amour… Ne regardez le monde qu’à travers le prisme de l’amour et tous vos problèmes s’envoleront : vous verrez en vous le règne de Dieu, dans l’homme une icône, dans la beauté terrestre l’ombre de la vie au paradis.
Vous m’objecterez qu’il est impossible d’aimer ses ennemis. Souvenez-vous des paroles du Christ : “Tout ce que vous avez fait aux hommes, vous me l’avez fait à Moi.” Écrivez ces mots en lettres d’or sur les tables de la loi de vos cœurs, écrivez-les à côté de l’icône et lisez-les chaque jour. »

Un soir, alors que les portes du monastère étaient fermées depuis longtemps, le gardien accourut, épouvanté, chez le père supérieur et lui
annonça que des militaires en état d’ivresse voulaient pénétrer de force dans le monastère (on apprit plus tard qu’il s’agissait d’élèves parachutistes qui fêtaient chaudement la fin de leur scolarité dans leur chère école).
Malgré l’heure tardive, les jeunes lieutenants exigeaient qu’on leur ouvre incontinent toutes les églises du monastère, qu’on leur organise
une visite guidée et qu’on les laisse déterminer à quel endroit les popes retranchés là cachaient leurs nonnes.
Le gardien raconta horrifié que les officiers ivres s’étaient déjà munis d’une énorme poutre qu’ils utilisaient comme bélier pour défoncer le
portail.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Le père Alipi s’éloigna dans ses appartements et en revint revêtu d’une vareuse militaire ornée de plusieurs rangées de médailles qu’il avait
enfilée sur son manteau ecclésiastique. Il jeta sa chape sur cet uniforme de façon à cacher les décorations et se dirigea vers les Saintes Portes
accompagné du gardien. De loin déjà, il comprit que le monastère subissait un véritable assaut.

Arrivé tout près, il ordonna de tirer les verrous et, instantanément, une dizaine de lieutenants se ruèrent à l’intérieur du monastère. Ils
s’attroupèrent, menaçants, autour du vieux moine emmitouflé dans sa chape noire et exigèrent à qui mieux mieux qu’on leur montre les lieux,
que l’on cesse de faire régner en territoire soviétique les lois de l’Église et de dissimuler aux futurs héros un musée du patrimoine appartenant au peuple tout entier.
Le père Alipi les écouta, tête baissée. Puis il leva les yeux et enleva sa chape… Les lieutenants se mirent au garde-à-vous, bouche bée. Le père les observa tous d’un air menaçant et demanda sa casquette au lieutenant qui se tenait le plus près de lui. Celui-ci la lui remit docilement. Le père vérifia qu’à l’intérieur du bandeau se trouvait bien, comme il était d’usage, le nom de famille de l’officier écrit à l’encre, puis il fit demi-tour et repartit chez lui.
Dégrisés, les lieutenants le suivirent d’un pas traînant. Ils murmuraient des excuses et demandaient que la casquette leur soit rendue. Les jeunes gens voyaient se profiler de sérieux désagréments. Mais le père Alipi ne leur répondait pas. C’est ainsi que les jeunes officiers parvinrent à son domicile et s’arrêtèrent, hésitants. Le supérieur ouvrit la porte et les invita d’un geste à entrer.

Ce soir-là, il resta avec eux jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Il les régala comme lui seul savait le faire. Il leur fit visiter lui-même le monastère, leur montra les anciens sanctuaires, leur parla du passé glorieux et du présent fascinant du monastère. À la fin, il embrassa chacun d’entre eux comme un père et les récompensa avec prodigalité. Ils refusèrent, troublés. Mais il leur dit que cet argent que leurs grands-mères, leurs grands-pères et leurs mères avaient réuni leur serait utile.

Ce fut un cas particulier, mais pas unique en son genre. Le père Alipi ne perdait jamais sa foi en la puissance Divine capable de métamorphoser les hommes, quels qu’ils soient. Il savait d’expérience que bien des persécuteurs de l’Église étaient devenus chrétiens, soit dans le secret, soit ouvertement, peut-être même grâce aux propos sévères, décapants et pleins de vérité qu’ils avaient entendus de sa propre bouche. Des mois, et parfois des années plus tard, les ennemis d’hier revenaient vers lui, non plus pour molester le monastère, mais pour rencontrer en la personne du supérieur un témoin d’un monde autre, un pasteur et un guide spirituel plein de sagesse. Car une vérité prononcée sans crainte, pour amère et au premier abord incompréhensible qu’elle soit, reste gravée dans la mémoire d’un
individu. Et il la critiquera jusqu’au moment où il finira par l’accepter ou la rejeter à jamais. Les deux attitudes sont possibles....a SUIVRE

Éditions des Syrtes
74, rue de Sèvres, 75007 Paris
01 56 58 66 66 – edifin@worldonline.fr
www.editions-syrtes.fr

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 31 Janvier 2014 à 11:19 | 35 commentaires | Permalien

Monseigneur Nestor, évêque de Chersonèse, s’est rendu au monastère de Notre-Dame-de-Toute-Protection, à Bussy-en-Othe

Le soir du dimanche 26 février 2014 il a officié une une Litie, brève prière d'intercession pour les défunts, sur la tombe de l'higoumène Olga (Sliozkina) qui qui a été rappelée à Dieu en novembre 2013. L’évêque connaissait bien la défunte moniale qui pendant plus de 20 ans avait été la mère supérieure de ce monastère orthodoxe. Une chorale de moniales était présente lors de l’office.

Traditionnellement, « Mémoire éternelle » a été proclamée » à la fin de l’office. L’évêque Nestor s’est ensuite entretenu avec les sœurs. PHOTOS
Lien Traduction PO

Site Monastère Bussy-en-Othe Exarchat du patriarcat œcuménique

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 30 Janvier 2014 à 10:49 | 0 commentaire | Permalien

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov  «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 2 partie)
«Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » 1 partie Extraits traduit du russe par Maria-Luisa Bonaque

Le Père supérieur Alipi

Père A lipi, supérieur du monastère de Pskovo-Petcherski, proclamait haut et fort à son propre sujet : « J e suis un archimandrite soviétique. » Et il le confirmait volontiers par ses actes et par ses paroles. Au début des années 1960, le monastère reçut la visite d’une commission régionale chargée de trouver un prétexte pour le fermer. Ses membres,dans leurs déambulations, aperçurent des pèlerins qui s’occupaient des plates-bandes et des parterres de fleurs. Ils se précipitèrent aussitôt chez le père Alipi : – Sur quelle base ces gens travaillent-ils ici ? L’archimandrite soviétique leur répondit : – C’est le peuple, maître de tous les biens qui travaille sur la terre qui lui appartient !

Cela coupa court aux questions.

En une autre occasion, une commission populaire de contrôle – financier, cette fois – débarqua de Pskov dans les mêmes intentions. Le supérieur demanda par qui les présents étaient mandatés.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov  «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 2 partie)
Le père Alipi les interrompit : – Je n’ai qu’un seul supérieur : l’évêque Ioann de Pskov. Allez le voir pour obtenir son autorisation. Sans cela, je ne peux vous laisser accéder aux documents financiers.

Les contrôleurs s’en furent et, quelques heures plus tard, l’évêque de Pskov téléphona au père Alipi et le pria, tout troublé, de permettre à ces
gens-là d’opérer.
– Un coup de fil ne peut constituer une pièce à verser au dossier, père. Envoyez-moi un télégramme, lui répondit le père Alipi.

Peu après, le télégramme arriva. Quand les contrôleurs du peuple réapparurent, le supérieur, message en main, leur demanda : – Dites-moi, vous êtes communistes ?

– Pour la plupart, oui…– Et vous avez reçu la bénédiction de l’évêque ? De l’évêque de Pskov ? Ouais… Je vais envoyer illico ce télégramme au comité régional du parti…Et on n’entendit plus parler de contrôle financier du monastère.

Ivan Mikhaïlovitch Voronov, tel était le nom de l’archimandrite avant sa prise d’habit, avait combattu sur les différents fronts de la Grande Guerre patriotique, et avait parcouru la route menant de Moscou à Berlin. Il avait ensuite défendu pendant treize ans le monastère de Pskovo-Petcherski, le protégeant de l’État pour lequel il avait auparavant versé son sang.

Dans l’une et l’autre de ces guerres, le père Alipi avait dû se battre non à la vie, mais à la mort. Nikita Khrouchtchev, secrétaire du comité central du PCUS de 1953 à 1964, avait alors besoin à tout prix d’une grande victoire.

D’une victoire non moindre que celle de son prédécesseur dont il enviait douloureusement la gloire. Il avait décidé d’associer son futur triomphe au millénaire de l’Église russe et il lui avait déclaré la guerre, promettant solennellement devant le monde entier qu’il montrerait bientôt à la télévision le dernier pope russe et il lui avait déclaré la guerre, promettant solennellement devant le monde entier qu’il montrerait bientôt à la télévision le dernier pope russe.

Aussitôt, des milliers d’églises et de cathédrales furent dynamitées, fermées, transformées en entrepôts et stations de motoculture. La plupart des séminaires furent supprimés. Presque toutes les communautés monastiques furent dissoutes et bon nombre de moines jetés en prison. Il ne resta plus sur tout le territoire de la Russie que deux monastères, dont celui de la Trinité-Saint-Serge, qui fut conservé par les autorités comme réserve religieuse que l’on montrait aux étrangers. Et c’est à ce moment-là que le supérieur entra en action contre le tout-puissant État athée. Et le plus beau, c’est qu’il gagna la bataille !

Dans ces années-là, toute l’Église russe persécutée suivit le déroulement de ce duel inégal. Les nouvelles de Petchory se transmettaient par le bouche à oreille, et plus tard les participants et témoins de ces événements notèrent leur témoignage.

Voici quelques chroniques de ces combats d’une époque qui s’éloigne.

Par une soirée d’hiver, plusieurs hommes en civil firent irruption dans le bureau du père Alipi et lui remirent un papier officiel qui déclarait la
fermeture du monastère de Pskovo-Petcherski. On chargeait le supérieur d’en informer la communauté. Lorsqu’il eut pris connaissance du texte, le père Alipi le jeta devant tous dans le feu de la cheminée. Il expliqua tranquillement à ses visiteurs stupéfaits :

– Je préfère sacrifier ma vie, mais je ne fermerai pas le monastère Précisons que le document brûlé était un décret du gouvernement de l’URSS et qu’il portait la signature de Nikita Khrouchtchev. Cette histoire a été décrite par l’archimandrite Nafanaïl, un élève dévoué du supérieur, qui fut témoin de la scène. Je n’ai pas connu le père Alipi de son vivant, mais on ne saurait parler du monastère de Pskovo-Petcherski sans l’évoquer.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov  «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 2 partie)
J’ai eu la chance de connaître de nombreux moines qui l’avaient eu pour supérieur. Et aussi des peintres célèbres, des écrivains, des savants, des restaurateurs de Moscou, Leningrad, Riga qu’il avait reçus dans son hospitalière demeure. Pour eux il resta toujours un exemple de moineguerrier, à la fois spirituel et intrépide, un père idéal, exigeant et aimant.

Malgré son grand pragmatisme, son sens appuyé des réalités, malgré son esprit brillant, souvent très aiguisé, et son imagination stupéfiante, beaucoup de ses contemporains (et parmi eux des moines d’un haut ascétisme) le considéraient comme un saint. L’archimandrite Serafim, qui jouissait d’une incontestable autorité au monastère, manifesta, après la mort du père Alipi, un étonnement sincère face aux moines qui rêvaient de lointains pèlerinages sur les lieux où de grands saints avaient accompli leurs exploits spirituels : « Pourquoi partir si loin ? S’interrogeait-il avec perplexité. Allez dans les grottes, là où se trouvent les reliques du père Alipi. » a SUIVRE

Éditions des Syrtes
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« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov  «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 2 partie)

Rédigé par Éditions des Syrtes le 29 Janvier 2014 à 21:50 | 1 commentaire | Permalien

par Justine

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Un document fort intéressant au sujet de la diaspora orthodoxe en Amérique est à signaler: une lettre du Synode des Evêques de ROCOR, publiée sur son site officiel le 15 janvier 2014, adressée à l'Archevêque Dimitrios, jurisdiction de Constantinople, président de l'Assemblée des Evêques Canoniques d'Amérique du Nord et Centrale, pour répondre à une proposition concernant une réorganisation des juridictions orthodoxes présentes en Amérique. A en conclure de cette reponse, ladite proposition vise à un détachement des structures ecclésiales des différentes juridictions de leurs Eglises Mères, pour assurer leur unité et "canonicité".

La réponse de ROCOR est claire et sans équivoque.
Elle affirme dès l'abord sa détermination inébranlable de demeurer au sein de son Eglise Mère, c'est à dire de l'Eglise de Russie. Ensuite, elle constate que l'Orthodoxie en Amérique n'est pas prête pour une réorganisation des diocèses. Elle affirme enfin sa conviction qu'il est en effet nécessaire de renforcer l'unité entre les différentes juridictions orthodoxes présentes en Amérique et de corriger aussi certains désordres existants, mais ceci "non par l'abolition des identités et structures des neuf juridictions existantes, mais par le renforcement du lien d'amour réciproque qui nous permettra de vivre ensemble dans notre diversité, dans l'unité plus grande du Saint Esprit".

Ainsi il est nécessaire, souligne le texte, de renforcer la collaboration fraternelle entre les diverses juridictions pour unifier notamment les pratiques en matière de mariages mixtes, de la réception des convertis, des règles de jeûne et de confession, de la libération et réception du clergé etc., pratiques à unifier sur la base de la tradition.

Le Synode des Evêques de ROCOR se déclare en profond accord avec les positions exprimées par l'Evêque Daniil du Diocèses Bulgare aux Etats-Unis et au Canada dans sa lettre à l'Archevêque Dimitrios, lettre qui avait été distribuée lors de la dernière séance de l'Assemblée des Evêques Canoniques d'Amérique du Nord et Centrale en septembre dernier. En particulier le Synode appuie ses déclarations "concernant les exemples qui existent dans les Saints Canons de l'Eglise pour des moyens acceptables d'organiser l'unité ecclésiale dans une région où pour diverses raisons on ne peut suivre le modèle par ailleurs standard d'une structure purement locale.

Parmi ces exemples, il y a notamment le 39e Canon du 6e Concile Œcuménique qui permit la constitution d'une province ecclésiale indépendante de l'Eglise de Chypre sur le territoire d'une autre Eglise locale (ce qui montre que les canons permettent, en cas de nécessité pastorale, un écart de la localisation normale de la surveillance épiscopale même à l'intérieur du territoire des Eglises établies), de même il y a le 2e Canon du Second Concile Œcuménique, lequel déclare que 'les églises de Dieu qui sont situées dans des territoires appartenant à des nations barbares (c'est a dire où il n'y a pas d'Eglise Orthodoxe locale établie) doivent être administrées conformément à la pratique accoutumée des Pères', ce qui, selon les anciennes explications des Canons, signifie l'envoi d'évêques depuis des éparchies établies, afin de prendre soin de ces églises (montrant par là que la situation d'Eglises Soeurs prenant soin de leurs troupeaux respectifs dans la diaspora et 'pourvoyant ainsi à ce qui manque pour un synode local' est ce que les canons eux-mêmes considèrent non pas comme un aberration, mais comme la pratique ancienne des Pères).

Nous nous référons par ailleurs à d'autres pratiques au sein des Eglises locales de nos propres jours, comme par exemple la fondation de monastères et communautés stavropégiques, laquelle est également illustrative des moyens acceptables par lesquels le principe historiquement normatif d'organisation locale avec un seul évêque dans un seul territoire donné a été accommodé au passé par les Saint Pères, les Conciles et des hiérarques pour satisfaire aux besoins pastoraux d'une région donnée."

"Pour être clairs", poursuit le Synode, "nous ne pouvons considérer et nous ne considérons pas ces contextes du passé comme 'non-canoniques', et nous ne pensons pas non plus que l'état actuel de multiples Eglises Soeurs pourvoyant aux besoins divers du troupeau dans la situation culturelle singulière d'Amérique du Nord constitue en soi une violation de l'ordre canonique."

La lettre conclut en disant avec l'évêque du Diocèse Bulgare Daniil qu'elle cite: "Nous croyons fermement qu'un plan entièrement conforme à l'esprit de l'ecclésiologie orthodoxe, à la tradition canonique et la pratique de l'Eglise Orthodoxe, lequel préserve les droits des Eglises Soeurs d'administrer leurs troupeaux dans la Diaspora, est faisable et applicable, et ceci est en fait la manière dont nous comprenons la Décision des Eglises Soeurs prise lors de la 4e Conférence Préconciliaire Panorthodoxe à Chambésy."

Texte russe: ICI
Texte anglais

Lire aussi Retour sur la situation de la diaspora orthodoxe


Rédigé par Justine le 29 Janvier 2014 à 21:00 | 31 commentaires | Permalien

Par JUSTINE

Sous le titre "Le Christ est le seul Primus sine Paribus", l'agence d'information ecclésiastiques grecque "Romfea" a publié hier un texte de la Sainte Métropole du Pirée où celle-ci, par son Bureau chargé de la lutte contre les hérésies, répond à la prise de position du Métropolite de Prousse du Patriarcat de Constantinople contre la Résolution-Déclaration du Saint Synode de l'Eglise de Russie sur la primauté dans l'Eglise Orthodoxe.

Ce texte de la Métropole du Pirée, signé par les théologiens Archimandrite Pavlos Dimitrakopoulos et Lampros Skontzos, dirigeants dudit Bureau, caractérise la déclaration du Saint Synode Russe comme "un acte venant de Dieu, une Providence divine, laquelle vient repousser certaines tendances hégémonistes et des tentatives d'interpréter l'institution des privilèges d'honneur dans l'Eglise Orthodoxe universelle selon des modèles papistes, couverts d'un 'mantelet' de théologie et ecclésiologie orthodoxes".

En ce qui concerne d'abord le document de Ravenne que le Métropolite de Prousse reproche aux Saint Synode Russe de "miner", les auteurs font remarquer que celui-ci n'a pas encore été examiné et évalué par les hiérarchies des autres Patriarcats et Eglises autocéphales, que le Synode Russe pour sa part vient de faire précisément cela, et que sa prise de position à l'égard de ce document en voie d'examination ne saurait donc être taxée de "minage": Elle correspond tout au contraire à une nécessite impérative en vue d'assurer le maintien de l'enseignement dogmatique orthodoxe de l'Eglise. A cet égard, les auteurs renvoient à deux études théologiques récemment publiées au sujet du document de Ravenne - l'une par le Saint Monastère Grigoriou du Mont Athos, l'autre par le théologien Dimitrios Tselenggidis de l'Université de Thessalonique - au vu desquelles, poursuivent-ils, ce document de Ravenne devrait être rejeté, puisqu'elles montrent clairement qu'il s'agit d'un texte rempli de thèses problématiques et ecclésiologiquement inacceptables.

Pour donner en bref les éléments principaux de cette réponse du Bureau antihérétique de la Métropole du Pirée: La primauté sur toute l'Eglise appartient au Christ, seul véritable "Premier sans égal". De cette première et unique source d'autorité découle toute autre autorité dans l'Eglise, comme le montre Eph 4,11: "C'est Lui qui a donné aux uns d'être apôtres" etc. C'est Lui aussi qui a institué le régime synodal dans Son Eglise. Ainsi, en-dessous du Christ, il y a la primauté du Concile Œcuménique et non pas celui de quelque personne-évêque individuel. Ce sont les Saints Conciles Œcuméniques qui constituent la source des primautés d'honneur (ou plus exactement: "privilèges d'honneur", en grec:"τα πρεσβεία τιμής"), autant au niveau des éparchies qu'au niveau universel. Ces primautés sont donc des primautés de troisième ordre, après celle du Christ et celle du Concile œcuménique, puisqu'elles ont été instituées, comme on sait, par les Saints Conciles Œcuméniques II (canon 3), IV (canon 28) et VI (canon 36), confirmées historiquement tout au long des siècles par la vie ecclésiale. Ainsi est réfuté l'affirmation du métropolite de Prousse comme quoi la primauté du Patriarche œcuménique aurait sa source en lui-même! Il n'est pas source, mais réceptacle des privilèges d'honneur, souligne la réponse du Bureau antihérétique de la Métropole du Pirée. Quant à l'affirmation du Métropolite de Prousse que le Patriarche œcuménique serait, en tant que tel, "premier sans égal", elle est "entièrement arbitraire", disent les auteurs de cette réponse, sans aucune base dans les saints canons et dans les témoignages des Saints Pères.

Concernant "le glissement plus grave encore" que constitue la tentative du Métropolite de Prousse de fonder cette primauté du Patriarche œcuménique sur les relations entre les Personnes de la Sainte Trinité, accusant le Saint Synode Russe d'ignorer "la monarchie" du Père, les auteurs montrent d'abord que le texte de St Grégoire le Théologien , sur lequel le Métropolite de Prousse prétend fonder cette thèse, dit en réalité tout le contraire (comme on l'a déjà signalé dans le post 13 ci-haut). Ils expriment ensuite leur affliction devant "cette déformation des paroles du Saint, affliction d'autant plus grande qu'elle provient d'un universitaire et même professeur à l'Université!" Ils signalent ensuite que des thèses du Métropolite de Prousse en cette matière il découle qu'il faut considérer le Fils comme un Dieu second et donc inférieur au Père, ce qui aboutit aux théories hérétiques d'Origène, lesquelles ont été condamnées par le 5e Concile Œcuménique.

Enfin, le Bureau antihérétique de la Métropole du Pirée examine la question de la teneur concrète de la primauté de Constantinople et notamment sa prétention au privilège d'accorder et de révoquer l'autocéphalie.

Les auteurs se réfèrent au canon 9 du IVe Concile Œcuménique: "... Au cas où un clerc a un différend avec son propre évêque ou avec une autre évêque, qu'il soit décidé par le Synode de la province. Et si un évêque ou un clerc a un différend avec le Métropolite de la province, qu'il ait recours à l'Exarque du Diocèse ou au trône de la ville impériale de Constantinople et que l'affaire soit décidée par celui-ci." Puis ils citent le commentaire de ce canon par Saint Nicodème du Mont Athos: "Que le (patriarche) de Constantinople n'ait pas l'autorité d'agir dans les diocèses et paroisses des autres Patriarcats et que le présent canon ne l'élève pas non plus en instance d'appel pour l'ensemble de l'Eglise..., c'est évident." St Nicodème cite pour cela deux éléments qui confirment sa position: 1. "Les lois civiles et impériales ne stipulent pas que seul le jugement et la décision du (patriarche) de Constantinople soient sans appel, mais que ceux de chaque Patriarche et des Patriarches tous ensemble le sont, sans restriction. 2. Le cas du patriarche de Constantinople Anatolios, lequel "ayant agi au-delà de ses frontières .... fut réprimandai pour cela aussi bien par les autorités d'Etat que par le Concile (le IVe Œcuménique)".

"Et en ce qui concerne enfin le droit d'accorder ou de retirer l'autocéphalie", soulignent les auteurs de cette reponse, "nous notons que le Patriarcat œcuménique, dans la marche historique de l'Eglise, a en effet accordé l'autocéphalie et même la dignité de patriarcat à diverses Eglises locales, comme par exemple l'Eglise de Grèce, l'Eglise de Serbie, de Bulgarie, de Russie etc. Cependant, toutes ces périphéries ecclésiastiques locales avaient appartenu auparavant à la juridiction du Patriarcat oecuménique lui-même et non pas à un autre patriarcat. Il n'a jamais existé de cas où l'autocéphalie ou la dignité de patriarcat ait été octroyée par le Patriarcat œcuménique à une juridiction ecclésiastique d'un autre patriarcat. De plus, toutes ces décisions d'octroi de l'autocéphalie étaient des décisions synodales et non pas des décisions d'une seule personne, du (patriarche) œcuménique."

Le texte du Bureau pour la lutte contre les hérésies de la Métropole du Pirée conclut en rappelant l'exhortation du Seigneur à Ses disciples de ne pas suivre l'exemple des potentats de ce monde (cf Mc 10,42-44).

Il rappelle aussi que le fait que "les désirs pour les premières places et les disputes pour celles-ci ont trop souvent été la cause de nombreux schismes et scissions, dont le principal fut le grand schisme entre Est et Ouest, provoqué, comme on sait, tout d'abord et surtout par la prétention des papes à la domination ecclésiastique universelle. Il est particulièrement regrettable que les tendances hégémonistes au niveau universel qu'on observe ces derniers temps, démontrent de la manière la plus claire qu'on tente de construire une primauté analogue à celle du papisme, c'est à dire une primauté "de droit divin", fondée cette fois-ci non pas sur le "dogme Pétrinien" du papisme, mais sur le dogme de la Sainte Trinite."

Texte intégral en grec ICI
Et le texte grec du metropolite de Prousse ICI

Rédigé par Justine le 28 Janvier 2014 à 19:55 | 10 commentaires | Permalien

Escale au pays des moines
Voici un intéressant reportage sur la visite de la Sainte Montagne "en touriste". De très belles photos et un regard de Candide donnent, à mon sens, un résultat inattendu. Extrait concernant un ermite bien particulier:

Un moine échappe à cette vie communautaire bien réglée : le père Jacques, un Français, ermite de son état, comme environ 300 moines qui vivent isolés sur l’Athos. Le cliché du misanthrope hirsute en prend un coup. Affable, extrêmement accueillant et curieux, il trouve sa barbe blanchie sur les photos pour lesquelles il accepte de poser. Le père Jacques est installé depuis deux ans dans une maison de pierre, située à dix minutes à pied du monastère.

C’est loin d’être une grotte : il a sa petite chapelle privée, un bureau, une cuisine, un salon tapissé d’icônes… « Je suis dans mon élément, je mène une vie de prière, à mon rythme », dit-il en servant le café.

Son parcours est celui d’un catholique converti en France à l’orthodoxie. Il a été prêtre à Athènes, mais recherchait une vie plus tranquille, quand le supérieur de Caracalla l’a appelé, signalant qu’une maison était disponible.

Ses journées sont rythmées par la prière et l’étude – il a toute une bibliothèque spirituelle en français. Côté jardin, sa dernière plantation, un rideau de cannes à sucre, lui permettra d’échapper à la vue des touristes – « Les Grecs sont du genre à entrer dans les maisons sans frapper. » Pour manger, il n’a qu’à aller chercher son panier repas au monastère. Ce jour-là, les restes de poisson nourriront Minette, son chat. Les chats, c’est la télé des moines, a-t-on coutume de dire sur l’Athos.

Un « bip » familier interrompt la conversation : le père Jacques vient de recevoir un mail, sur son smartphone. Ses contacts lui envoient régulièrement des chaînes de messages, qui ne l’aident pas à positiver sur son pays d’origine. Et le voilà parti à commenter « la situation catastrophique de la France », l’affaire Cahuzac, les « enfants gazés » des manifs contre le « mariage pour tous »… Alors qu’on s’étonne de son isolement tout relatif des affaires du monde, le père Jacques s’amuse : « Vous vous faites une drôle d’idée de la vie d’ermite. »
Lien
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Lire aussie : La situation au Mont Athos
Mgr Hilarion a également répondu à une question portant sur l’installation de moines venus de Russie au Mont Athos, dans le monastère russe Saint-Panteilemon : - Les nombreuses tentatives de l’Eglise russe d’envoyer des moines au monastère Saint-Panteleimon se heurtent à des difficultés causées par le patriarche de Constantinople. Je pourrais vous citer des exemples concrets. Nos interventions sont souvent restées sans réponse de la part de Constantinople, dans de nombreux cas des refus nous été opposés....suite De la primauté dans l’Eglise orthodoxe et de la situation au Mont Athos

Exposition de photos d’un moine russe orthodoxe, père Sabbati.
L’histoire relie la montagne sacrée de l’est de la Grèce au nord-ouest de la Russie. Présentée par l’association Patrimoine Russe. Salle des fêtes du Théâtre municipal
Photo © Elena Kondratieva-Salguiero
Escale au pays des moines

Rédigé par Vladimir Golovanow le 28 Janvier 2014 à 05:35 | 31 commentaires | Permalien

Les Éditions Sainte-Geneviève du Séminaire orthodoxe russe viennent de faire paraître une série de cartes postales représentant les icônes de l’iconostase de la chapelle Saint-Martin et Sainte-Geneviève.

La première série de douze cartes, format 10*15 cm, représente les icônes de la rangée de fêtes de l’iconostase. Les cartes sont imprimées sur un papier rigide de 280 gr avec pelliculage brillant, le verso des cartes est adapté à l’écriture. Les cartes peuvent être acquises au séminaire. Vous pouvez également les commander, en écrivant à editions@seminaria.fr

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Janvier 2014 à 03:33 | 0 commentaire | Permalien

Patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient- Visite Patriarcat de Moscou (CR du 1er jour)

Moscou – Samedi 25 janvier 2014 PHOTOS – Sa Béatitude le Patriarche Jean X d’Antioche, primat de l’Eglise orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, a quitté Beyrouth ce jour pour débuter, suite à une invitation officielle de l’Eglise orthodoxe russe, une visite irénique à son frère, Sa Sainteté Cyrille, patriarche de Moscou et de toute la Russie. Cette importante visite qui se poursuivra jusqu’au jeudi 30 janvier 2014, intervient dans le contexte des visites iréniques qu’effectue le Patriarche Jean X d’Antioche selon la tradition aux primats des Eglises orthodoxes autocéphales et ce, après son accession au Trône de l’Eglise d’Antioche.

L’importance de cette visite réside dans le fait qu’elle est une visite ecclésiale irénique qui vise à réaffirmer les relations bilatérales fraternelles entre les deux Eglises et les liens de communion entre elles. Elle vise également à renforcer les relations entre les Eglises afin qu’elles puissent faire face aux défis du monde d’aujourd’hui à travers une bonne compréhension édifiante des multiples changements et mutations de ce monde.

Une importante délégation de l’Eglise orthodoxe d’Antioche accompagne Sa Béatitude Jean X pendant cette visite.
Elle est composée des métropolites Basile et Ephrem, respectivement évêques diocésains du AKKAR et de Tripoli, des Archimandrites Philippe (YAZIGI) et Parthénios (ELLATI), de l’archidiacre Gérasime (KABBAS), de l’ancien ministre et ambassadeur Hassan RICHI, du docteur Georges NAHAS, vice -président de l’université de Balamand, de Maître Carol SABA (responsable de la communication de la visite) et de M. Taki LOUKA (responsable photo).

Sa Béatitude Jean X a été accueilli à l’aéroport de Moscou par une délégation de hauts responsables du Patriarcat russe, composée du métropolite Juvénile de Krotitski et Colomana et du métropolite Hilarion de Volokolamsk, responsable du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. Participait de même à l’accueil du Patriarche d’Antioche, Mgr Niphon SAIKALI, vicaire patriarcal d’Antioche auprès du Patriarcat de Moscou. Le Patriarche Jean X et la délégation qui l’accompagnait se sont directement dirigés au siège de la résidence patriarcale de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille au monastère « Danilovskaya » où ils ont été accueillis par Sa Sainteté avec plusieurs évêques, prêtres, diacres et moines et les ont accompagnés à la chapelle de la résidence patriarcale alors que le chœur entonnait le chant à la Mère de Dieu " Il est digne en vérité"

A la demande de Sa Sainteté, le Patriarche Jean X a présidé l’office d’action de grâce à partir du Trône.
A l’issue de l’office, un échange d’allocutions a eu lieu lors duquel les patriarches ont évoqués les relations historiques entre les deux Eglises et la manière de les développer mais aussi la situation difficile et les épreuves que vit l’Eglise d’Antioche dans le contexte du conflit larvé au Moyen Orient et particulièrement en Syrie. Puis les deux délégations ont entamé dans la salle du Trône, des discussions bilatérales approfondies, et ont couvert d’une manière fraternelle et franche des sujets aussi divers que les relations bilatérales entre les deux Eglises et les moyens de les développer encore davantage, les relations inter-orthodoxes et les impératifs de l’unité orthodoxe et du témoignage de l’Eglise orthodoxe dans le monde d’aujourd’hui, la situation difficile au Moyen Orient et en Syrie en particulier et les moyens d’y faire face ainsi que les nécessités de l’instauration de la paix dans ces contrées éprouvées, l’importance de la coexistence islamo-chrétienne et la nécessité de consolider les sociétés de « citoyenneté » au Moyen Orient qui préservent l’unité et la diversité et garantissent à tous, toutes les libertés et les droits fondamentaux dans le cadre d’une égalité de traitement pour les droits et les obligations de chaque citoyen indépendamment de ses appartenances religieuses.

La question des relations œcuméniques a également été évoquée mais aussi les impératifs du témoignage chrétien dans le monde d’aujourd’hui ainsi que les relations iréniques entre les religions au service de la personne humaine, de ses libertés et de la dignité de son vécu. Toutes ces questions seront évoquées encore plus longuement lors des discussions des prochains jours.

A l’issue des discussions, les deux parties ont échangé les cadeaux. Sa Sainteté Cyrille a alors accordé à Sa Béatitude le Patriarche Jean X la plus haute distinction de l’Eglise russe en lui remettant les insignes de premier rang de la décoration patriarcale de Saint Vladimir. De même, il a accordé aux métropolites Basile et Ephrem la même distinction mais de second rang et à chacun des membres de la délégation antiochienne, les insignes de troisième rang de la médaille de Saint Vladimir. Sa Sainteté a par la suite fait visiter à la délégation antiochienne la salle du saint synode de l’Eglise russe avant de présider avec Sa Béatitude Jean X le diner offert à la délégation antiochienne dans la salle à manger du Synode orthodoxe russe.

A noter que l’équipe de Télé Lumière présente à Moscou pour accompagner la visite assurera la retransmission en direct de la liturgie qui sera concélébrée ce dimanche 26 janvier 2014 à la Cathédrale du Christ Sauveur à partir de 9h30 heure locale de Moscou.

Carol Saba, responsable de la communication de l'AEOF

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 26 Janvier 2014 à 14:03 | 6 commentaires | Permalien

V.G.

«La véritable théologie n’est pas défensive, n’a pas peur du dialogue » mais que tout au contraire « elle le recherche et le développe », car la relation entre la fidélité à la Tradition et l’ouverture au monde contemporain « est une garantie de l’authenticité du travail théologique».

Message envoyé par le Patriarche œcuménique Bartholomée pour l’ouverture du colloque qui eut lieu à Chambésy/Genève les 17-18 octobre 2013.

Voici en résumé quelques thèses particulièrement intéressantes présentées à ce colloque de l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe (Chambésy) (1), en collaboration avec la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (2).

L’Église catholique accepte les droits de l’homme

Pour le professeur Constantin Delikostantis (Chambésy-Athènes) l’Église catholique a fini par accepter les droits de l’homme comme dimension centrale de son témoignage pour le monde, oubliant le contexte anticlérical et athée de leur rédaction et promulgation originale. Le professeur s’est référé à la place des droits de l’homme et s’interrogea sur leur place dans la doctrine sociale de l’Église orthodoxe contemporaine et aux tensions entre la liberté moderne et la liberté chrétienne. Les trois générations des droits de l’homme se manifestent comme une évolution des principes de la liberté vers l’égalité et de l’égalité vers la fraternité ou la solidarité.

Sacramentalité de l’Église orthodoxe et primauté

L'Eglise catholique proclame que l’Église Une se trouve dans l’Église catholique romaine, tout en reconnaissant la sacramentalité des communautés chrétiennes ne se trouvant pas à son sein, et spécialement de l’Église orthodoxe (constitution dogmatique sur l'Église "Lumen Gentium" (3)). Pour Mgr Charles Morerod, évêque catholique de Lausanne, Genève et Fribourg, elle rend possible la notion des Églises sœurs et pause aussi la question des limites de l’Église qui, à partir des limites canoniques de l’Église catholique romaine, furent élargies, par l’œuvre de Vatican II, à des limites charismatiques.

Le contexte et le sens originel de la primauté et de l’infaillibilité papale, tels que défini par le concile Vatican I, furent revus et rééquilibrés, mais le professeur Hervé Legrand (Institut catholique de Paris) montre comment on était malheureusement revenu, durant le pontificat du Pape Jean-Paul II, à une interprétation maximaliste de ces définitions.

Akoinonésia et "ecclésiologie eucharistique"

Pour le professeur Vlassios Phidas (Chambésy), la levée des anathèmes de 1054, en 1965, du point de vue canonique, remet les relations des Églises orthodoxe et catholique-romaine dans la situation du Schisme des deux Serge (1014), c’est-à-dire que celles-ci ne se trouvent plus depuis lors dans un état de schisme accompli, mais seulement dans une rupture de communion (akoinonésia), ce qui ouvre la perspective d’un dialogue théologique bilatéral entre elles, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale.

Le professeur Job Getcha a quant a lui montré comment le mouvement liturgique de l’Église catholique romaine d’une part, et la contribution des théologiens orthodoxes de l’Institut Saint-Serge, dont Nicolas Afanassieff, ainsi que la participation active des observateurs orthodoxes à Vatican II d’autre part, ont contribué à ce que Vatican II adopte une «ecclésiologie eucharistique» mettant en relation l’Église avec l’Eucharistie tant dans son décret sur la liturgie ( Sacrosanctum concilium (4) que dans Lumen gentium (ibid 1). Ce faisant, Vatican II a permis d'élargir les limites de l’Église et rentrer en dialogue avec les autres chrétiens, lequel se trouvait facilité en parlant « d’ecclésiologie de communion ».

Rapprochement liturgique

La réforme liturgique promulguée par le concile dans Sacrosanctum concilium qui culmina sur la sur l’édition du nouvel Ordo missæ en 1969 et où l’on observe une influence incontestable des richesses de l’Orient chrétien pour le frère Isaia Gazolla, de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris: il insista en particulier sur l’importance qui y est accordée à l’Écriture sainte, à la prédication, à la prière universelle (synapties, ecténies), à la communion sous les deux espèces et à la concélébration à la messe.

Le père Michel Mallèvre, Directeur du Centre Istina et rédacteur en chef de cette revue, souligna l’accent accordé par la réforme liturgique aux deux pôles de la liturgie que sont la Parole et les Sacrements, en rappelant que l’unité de la Parole et du sacrement avait fini par effacer au concile la peur qu’on éprouvait parfois à mettre au même niveau la table de la Parole et la table eucharistique, qui toutes deux, nourrissent les chrétiens. Par contre l’icône a été la grande oubliée du concile et de cette réforme liturgique a quant à lui regretté le père Nicolas Ozoline, doyen de l’Institut Saint-Serge à Paris.

Un espace de confiance

En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles.

Notes:
(1) https://www.facebook.com/media/set/?set=a.527472207334864.1073741831.177795085635913&type=1
(2) http://www.unifr.ch/theo/fr
(3) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
(4) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19631204_sacrosanctum-concilium_fr.html

Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Janvier 2014 à 21:09 | 24 commentaires | Permalien

Le premier centre d’hébergement temporaire pour les SDF a ouvert le 21 janvier à Moscou après avoir été béni par le président du département synodal en charge de la bienfaisance, Mgr Pantéleimon, évêque d’Orekhovo-Zouïevo. Il s’agit d’un projet commun de plusieurs organisations orthodoxes. La coordination sera effectuée par le département synodal dans la cour duquel est installé le centre au 57, rue Nikoloïamskaya.

Le site représente une tente qui peut abriter 50 personnes, le chauffage sera assuré par des radiateurs soufflants. Il prévoit une salle d’eau avec six cabines de douche. Les sans-abris y seront nourris et le cas échéant ils recevront des vêtements chauds. Le site sera ouvert de 19h à 10h du matin. Le personnel permanent sera secondé par des volontaires expérimentés impliqués dans des organisations bénévoles d’aide aux SDF.

Ce site est le résultat d’une initiative bénévole dont « Tserkovny vestnik » (Messager de l’église) a déjà parlé en détail. « La nécessité d’un tel site est d’actualité depuis longtemps. Jusqu’ici les SDF à Moscou n’ont eu aucun abri à part des centres sociaux exigus. Il n’y a pas actuellement en ville de terrain approprié, aussi le centre d’hébergement temporaire a été installé sur le terrain du département synodal. Le fait que quelques dizaines de SDF voisineront avec une administration ecclésiale ne gêne pas Ilya Kouskov, responsable de l’aide aux sans-abris au département synodal. En effet, le site sera gardé 24h sur 24h et une alerte de police est prévue le cas échéant. L’existence de ce centre sera annoncée aux sans-abris par les associations. Dans la nuit, les sans-abris seront emmenés dans le centre par une équipe « Milosserdije ».

Aujourd’hui Moscou dispose de 8 centres sociaux pouvant abriter environ 1,6 mille personnes. Ils accueillent les citoyens de la FR qui ont eu auparavant un enregistrement à Moscou. 5 organisations accordent une aide régulière aux sans-abris. Ils les nourrissent, recherchent leurs familles, achètent des billets de retour à leur ancien domicile, contribuent au renouvellement de leurs papiers. Ils les assistent également dans la recherche d’un emploi et les installent dans des hôpitaux et autres organismes sociaux. Selon diverses estimations, Moscou compte entre 12 et 50 mille SDF.

« Tserkovny vestnik »
Traduction Elena Tastevin

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Janvier 2014 à 17:57 | 1 commentaire | Permalien

Les sentences des pères du désert.
Nicétas

L’abbé Nicétas disait de deux frères qu’ils s’étaient entendus pour habiter ensemble. Le premier avait décidé à part lui : « Tout ce que veut mon frère, je le fais ». Et l’autre avait également décidé : « Je ferai la volonté de mon frère ». Ils vécurent ainsi de longues années dans une grande charité. Voyant cela, l’Ennemi s’en vint à eux, résolu à les séparer. Se plaçant devant la porte il se montra à l’un sous l’aspect d’une colombe, et à l’autre sous l’aspect d’une corneille.

Le premier dit : « Tu vois cette colombe ? »
Et l’autre dit : « C’est une corneille ». Alors ils commencèrent à discuter et à se contredire l’un l’autre ; puis ils se levèrent et se battirent jusqu’au sang pour la plus grande joie de l’Ennemi ; Et ils se séparèrent.

Mais après trois jours, ils revinrent à eux-mêmes et retrouvèrent leur sens. Se demandant pardon mutuellement, ils s’avouèrent ce que chacun pensait de l’oiseau qu’il avait vu. Ayant reconnu l’attaque de l’Ennemi, ils restèrent jusqu’à la fin sans se séparer ».

Rédigé par l'équipe de rédaction le 24 Janvier 2014 à 17:50 | 1 commentaire | Permalien

Une conférence consacrée aux persécutions de l’Eglise en URSS a eu lieu le 20 janvier 2013 dans la paroisse de l’Archange Michel de l’EORHF à Cannes. Le métropolite Hilarion de l’Amérique de l’Est et de New York, Primat de l’Eglise Orthodoxe Russe HF de laquelle relève la paroisse de Cannes, a donné sa bénédiction pour cette conférence.

Le père Antony Odaysky , recteur de l’église, et le père Gontran Poussou, responsable de la mission orthodoxe de Grasse, sont intervenu devant les participants.

Ils ont parlé des décennies de persécutions de l’Orthodoxie en URSS, de la spécificité de chaque période ainsi que des nouveaux martyrs et confesseurs. Ensuite, les participants ont regardé un film sur le sujet et ont posé des questions.

La conférence qui a réuni environ 50 personnes a eu lieu dans l’église catholique Sainte Roque où la paroisse s’est réfugiée après avoir perdu l’ancienne cathédrale russe Saint Archange Michel boulevard Alexandre III.

Pravoslavie.ru
Traduction E.T.



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Janvier 2014 à 17:48 | -7 commentaire | Permalien

1000 ans de présence russe au Mont Athos
Plus d'un milliard de roubles ont été collectés ces dernières années pour financer les travaux du monastère russe Saint Panteleimon

D'après la tradition, le monastère russe Saint-Pantéléimon au Mont Athos a été fondé par les princes de Kiev Vladimir I« (980-1015) ou Jaroslav le Sage (1019-1054) (1) et la première mention d'un couvent russe au Mont Athos date de février 1016, quand la signature sw Gérasime, higoumène du monastère "tou Rôs" (des Russes), apparait parmi les vingt témoins, représentants des couvents (ibid p. 284).

Plusieurs manifestations commémorent le millénaire de la présence russe au Mont Athos. Ainsi une fondation internationale pour la restauration et la conservation du patrimoine culturel et spirituel du monastère Saint-Pantéléimon a été crée en 2012 par le Conseil public de curatelle crée un an plus tôt à l'initiative du président de la fédération de Russie D Medvedev.

Cette fondation a entrepris des travaux de restauration des bâtiments conventuels et de l’église Saint-Pantéléimon du skite de Vieux Roussikon, la rénovation complète de la cellule Saint-Dimitri, la construction d’une route reliant Saint-Pantéléimon au Vieux Roussikon. Environ 40% des travaux concernent la construction de réseaux de canalisation et de routes, ainsi que l’aménagement du territoire (2)

La fondation a mis en place un programme culturel et s’attache à la diffusion du patrimoine spirituel du monastère: organisation de conférences scientifiques internationales sur « l’Athos et le monde slave » sont consacrées au millénaire de la présence russe sur le Mont Athos (Belgrade, mai 2013, Sofia, 1014, Kiev, 2015 et Moscou, 2016), publication de "Paterikon athonite russe, Catalogue des manuscrits slavons et russes du monastère Saint-Pantéléimon du Mont Athos, Monachologe du monastère russe Saint-Pantéléimon du Mont AthosI" (3 réalisés sur les 20 éditions prévues; 1000 exemplaires chacune).

Le Conseil public de curatelle du monastère russe Saint-Pantéléimon du Mont Athos s’est réuni le 21 janvier 2014 sous la coprésidence du chef du gouvernement russe, D. Medvedev, et de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille (ibid 2). Le bilan des travaux de la Fondation comprend «la restauration de plusieurs bâtiments, la construction d’une route, la renaissance de certains autres parties du monastère, a expliqué D. Medvedev. Dans tous les cas, nous devons convenir de terminer cette année les travaux généraux de première importance sur tous les projets et réaliser l’ensemble des travaux de restauration planifiés, y compris la mise en place d’une infrastructure moderne. Il faudra déterminer la liste des sites qu’il est possible de restaurer avant le jubilé et les travaux qu’il serait souhaitable de poursuivre après 2016. »

Comme l’a souligné le Patriarche Cyrille dans son discours, « la visite des sanctuaires et du monastère a une importance spirituelle véritablement grande pour nos contemporains. Quant à la Russie, elle est en relation avec le Mont Athos depuis 1000 ans, et la Sainte Montagne a donc beaucoup d’importance pour nous, d’autant plus que le monachisme russe y est représenté avec le monastère Saint-Pantéléimon et d’autres. » Le Patriarche s’est dit satisfait des travaux de restauration. « D’immenses travaux de restauration de très grande qualité ont déjà été réalisés. Je pense qu’il n’y avait jamais eu sur l’Athos, ou en tous cas dans notre monastère, de travaux de restauration et de rénovation aussi sérieux » a dit Sa Sainteté. Parmi les sites restaurés, en dehors du monastère Saint-Pantéléimon, on compte le monastère Xilourgou, celui de la Dormition, le Vieux Russikon et d’autres.

En 1990, le monastère Saint-Pantéléimon ne comptait plus que 35 moines contre 1 446 en 1903. nombre de moines est remonté en 2006 à environ 50, majoritairement russes. (3). Le 5 juin 2013, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine liturgie à l’église abbatiale du monastère russe Saint-Pantéléimon du Mont Athos (4).

(1) "Les débuts de la communauté œcuménique du Mont Athos": D Nastase - BYZANTINA SYMMEIKTA, 1985; p. 252
(2) https://mospat.ru/ru/2014/01/22/news97041/
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Monast%C3%A8re_Saint-Panteleimon_%28Athos%29
(4) https://mospat.ru/fr/2013/06/05/news86916/

V.G.
..............................
Lire aussi Le SOIR.be
Archimandrite Dr. Job Getcha: " Écrits d’un exilé du Mont Athos "
Erzbischof Basile (Krivochéine) Mönch auf dem Berg Athos

Rédigé par Vladimir Golovanow le 23 Janvier 2014 à 17:59 | 2 commentaires | Permalien

Une soirée de musique russe a eu lieu le 16 janvier 2014 dans les locaux de la Mairie du XV arrondissement de Paris à proximité de laquelle se situe l’église cathédrale des Trois Saints Docteurs, diocèse de Chersonèse, patriarcat de Moscou. Le programme comportait des chants de Noël et de Nouvel An.
Les musiciens ont interprété des pièces de Rachmaninov, Tchaïkovski, Moussorgski et d’autres auteurs célèbres.

Assistaient au concert Monsieur Philippe Goujon , maire de l’arrondissement, Monseigneur Nestor, évêque de Chersonèse, Monseigneur Job, archevêque de Telmessos, les conseillers et les personnels de la Mairie. Près de 10 à 15 mille russophones résident actuellement dans l’arrondissement. Plusieurs paroisses orthodoxes sont sises dans le XV.

Le Maire a dit l’attachement des autorités municipales aux liens culturels et historiques qui se sont tissés entre la diaspora russe et l’arrondissement.

Pendant la pause les évêques ont été invités à visiter les locaux de la Mairie. Dans le cadre d’un entretien dans le bureau du maire les modalités de la coopération entre le diocèse de Chersonèse et l’arrondissement ont été discutées ainsi que des projets culturels conjoints.

Les deux évêques ont signé le Livre d’honneur de la Mairie.
Traduction "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 23 Janvier 2014 à 13:12 | 0 commentaire | Permalien

V.G.
I. La mutation interne

Le nombre des pratiquants atteindra les 40 millions en Russie sur les 20 prochaines années. "Nous devons en tenir compte dans nos homélies et notre travail pastoral"
Patriarche Cyrille

J'avais montré dans mon article précédant (1) le quadruplement du nombre d'Orthodoxes en Russie depuis 25 ans et surtout l'augmentation impressionnante du nombre de pratiquants dont le patriarche prévoit encore le doublement en 20 ans. Cette mutation, tant quantitative que qualitative, impose bien entendu des changements que je me propose de détailler dans cette partie I où je vais donc décrire les mutations internes de l'Eglise russe.

Dans la partie II je vais traiter du changement de la place et du rôle de l'Eglise dans la société russe.

Une mutation quantitative et qualitative

La fréquentation religieuse suit effectivement le rythme rapide des ouvertures de lieux de cultes; c'est particulièrement visible lors des grandes fêtes religieuses: il y eut quasiment deux fois plus de personnes dans les églises de Moscou cette année par rapport à[ l'an dernier pour Noël]url: http://www.pravmir.ru/rozhdestvenskoe-bogosluzhenie-v-moskve-posetili-230-tys-chelovek/ (2). Et il faut aussi noter l'impressionnante ferveur pour la vénération des reliques venues de l'étranger: ceinture de Notre Dame, Croix de saint André, présents des Rois Mages ont rassemblé des prés d'un demi million de personnes avec des queues de plusieurs heures.

Comme le souligne le patriarche (ibid), le rajeunissement de l'âge moyen des fidèles dans les églises est frappant. Dans les années 1990 on y voyait surtout des personnes âgées, et majoritairement des femmes; aujourd'hui ce n'est plus le cas: les fidèles sont clairement plus jeunes et plus instruites et il y a plus d'hommes. Le patriarche a raison de dire "Maintenant c'est la mmême proportion que dans la rue" (ibid). La Russie continue à manquer de lieux de cultes et de prêtres, mais on note un tassement du nombre d'inscrits en séminaires (3), avec moins de 10 séminaristes dans certains qu'on parle de regrouper. Ce n'est toutefois pas un problème général et un record d'inscriptions (50) a par exemple été enregistré en octobre 2012 à Khabarovsk en Sibérie (4).

Cette mutation du corps ecclésial a amené des modifications structurelles où la personnalité du patriarche Cyrille a joué un rôle important depuis son élection le 27 janvier 2009.

Renforcement de la conciliarité et du rôle du patriarche: La tradition orthodoxe de l'Église russe diffère considérablement du catholicisme comme le montrent les débats sur la primauté (5): il n'y a pas de Pape et la voix du patriarche n'a qu'un poids relatif par rapport au Synode où siègent des évêques. Le patriarche y est le "primus inter pares" – premier parmi les égaux et, dans son diocèse, l'évêque est seul maître après Dieu. Avant les réforme du patriarche Cyrille il y avait beaucoup d'évêques nommés par le synode et très indépendants vis-à-vis du patriarche. Le patriarche était donc important, mais entouré d'autres personnalités puissantes qui occupaient les principaux postes en haut de la hiérarchie (avant d'être élu patriarche Mgr Cyrille cumulait ainsi la chaire d'évêque de Smolensk et Kalinigrad, la direction du prestigieux DRRE, qui en faisait de fait le bras droit du patriarche, et l'animation d'une émission TV hebdomadaire très écoutée: "Parole de pasteur"; ces différentes fonctions le rendaient incontournable tant à l'intérieur qu'à l'étranger…) De plus, l'organe suprême de direction de l'Eglise, le Concile local qui représente vraiment le "Peuple de Dieu", n'étant de fait réuni que pour l'élection d'un nouveau patriarche, les décisions étaient laissées au Concile épiscopal, ce qui réduisait beaucoup la conciliarité au sein de l'Eglise.

Le patriarche Cyrille a très bien compris la nécessité de moderniser l'Église et il a fait en sorte d'augmenter la conciliarité et le dialogue entre l’Eglise et la société, d'une part, et d'autre part il a renforcé l'administration de l'Eglise pour lui faire gagner en efficacité sur un model quasi managérial de grande entreprise.

Faire participer le Peuple de Dieu

La Conférence interconciliaire (6), créé par le Concile local de janvier 2009, est une façon de faire participer tout le Peuple de Dieu qui n’a ni précédent ni équivalent dans aucune des églises chrétiennes du monde. La CI comprend 144 membres nommés par le Saint synode pour quatre ans: 54 évêques, 59 clercs, 7 moines et 25 laïcs travaillant dans 13 commissions (7) qui s'élargissent à des experts extérieurs. Elle représente ainsi un concile local réduit qui siège en permanence et prépare les décisions du concile épiscopal en les soumettant à un large débat populaire.

La CI travaille sur toute question qui lui soumise par le concile et elle prépare de projets de documents pour les délibérations du concile épiscopal, voire du concile local. Les sujets portent sur la vie interne et la mission de l'Église et les projets de documents sont soumis à un débat publique par l'intermédiaire des diocèses et sur Internet (8). Ce débat public n'est pas factice: les textes sur l'usage et la modernisation du slavon (9) et sur le monachisme, par exemple, ont été retournés en commission (10). Mais plus de 20 documents ont été adoptés et soumis au concile épiscopal qui les a généralement entérinés. La participation du Peuple de Dieu dans les décisions de l'Eglise est ainsi bien réelle…

Administrer plus efficacement

Nouveaux diocèses et métropoles: Les structures de l'Eglise russe étaient restées figées depuis l'époque soviétique avec, pour la Russie, environ 90 diocèses, un par division administrative de la Fédération de Russie (sur un total de 160 diocèses). Mais le nombre de ses institutions, paroisses, monastères, séminaires, etc., ayant décuplé, les diocèses devenaient ingérables avec jusqu'à 200 paroisses contre 40-80 dans les années 1990 (l'objectif étant d'en avoir environ 50). Il est donc devenu indispensable d'adapter l'organisation ecclésiale et le concile épiscopal de février 2011 a lancé une grande réorganisation (11): il y a maintenant 163 diocèses en Russie (sur 274 au total) regroupés en 46 métropoles, chaque métropolite dirigeant ainsi deux ou trois évêques. Les évêques sont plus proches des paroisses, ce qui leur permet de mieux contrôler les prêtres, dont la formation s'améliore, et la gestion des paroisses gagne en efficacité.

Un nouveau statut des paroisses a été adopté dès 2009 (12) pour remplacer celui hérité de la période soviétique (1960 modifié en 1999). Alors qu'auparavant le Conseil paroissial contrôlait le recteur, c'est maintenant l'évêque diocésain qui est le responsable suprême de la gestion de la paroisse et le recteur préside de droit le Conseil paroissial et assure la gestion courante. Par contre les évêques sont eux-mêmes contrôlés plus étroitement par les métropolites, qui rendent compte au synode eu au patriarche, mais aussi par les services synodaux horizontaux coordonnés par le "Conseil suprême de l'Eglise".

Le "Conseil suprême de l'Église" chapeaute l'édifice administratif. Créé en mars 2011 (13), il reprend le nom et les fonctions d'un organisme qui avait été fond épar le concile de 1918 mais avait rapidement disparu durant les persécutions bolchéviques. C'est "le conseil de direction" de l'Église: présidé par le patriarche, il regroupe les évêques, archimandrites et laïcs qui dirigent les départements synodaux et les différentes commissions. Il est soumis au Saint-Synode, qui demeure l'organe administratif suprême entre les réunions du Concile des évêques et doit donc approuver et valider les décisions préparées par le Conseil, mais le patriarche a ainsi un instrument pour préparer les décisions du Saint-Synode.

Le patriarche est ainsi effectivement dans une position centrale: il oriente les travaux de la CI, dont il préside les séances plénières, assurant ainsi la participation du Peuple de Dieu entre les Conciles, et il centralise efficacement l'administration de l'Eglise jusqu'aux paroisses. Nous sommes pratiquement sur un model managérial.

Préserver l'unité

Il y toujours des courants de pensée divergents dans l'Eglise, mais on peut dire que les oppositions sont moins exacerbées. De véritables antagonismes existaient il y a vingt ans entre un courant très traditionaliste, qui s'opposait à toute évolution, que ce soit de la langue liturgiques, des traditions piétiste ou du dialogue œcuménique, et un courant plus réformateur, qui s'appuyait en particulier sur les avancées théologiques de l'Ecole de Paris. Le patriarche Alexis avait su maintenir un savant équilibre en punissant ceux qui allaient trop loin des deux côtés: ainsi le père Georges Kochetkov, réformateur très connu pour ses "expérimentations pastorales" (offices en russe, catéchuménat des baptisés…) et la création d'une fraternité qui les mettaient en pratique, a été interdit (1997-2000), ses ont été travaux sévèrement critiqués par la commission biblique et certains ont été interdits (2001), certains de ses partisans ont été excommuniés localement (Arkhangelsk, Tver, 2007)… tout cela l'amenant a faire amande honorable et à prendre un profil bas en abandonnant par exemple, sauf exception, les célébrations en russe. De l'autre côté, l'évêque Diomide de Tchoukotka qui avait anathémisé les responsables du patriarcat pour œcuménisme et soumission au pouvoir ("sergianisme") a été déchu et réduit à l'état de simple moine (2008).

Depuis l'élection de Mgr Cyrille les controverses sont moins aigues. Cela tient d'abord au changement de génération: d'une nouvelle génération: les quadragénaires sont arrivés en nombre aux postes de direction, largement promus par le patriarche Cyrille. Ils soutiennent ses réformes. Ils ont muri après 1991, quand l'Eglise s'est libérée, et ont fait quasiment un choix de carrière et non un apostolat. Ils sont moins portés sur le mysticisme, plus «réaliste», plus gestionnaires. De plus, le débat a été largement canalisé par la Commission Interconciliaire: des thèmes comme la russification du slavon, la réforme du monachisme, la crémation, etc., donnent toujours lieu à des empoignades mais dans le cadre du débat organisé par la CI. Et la réforme administrative permet de faire appliquer des règles élaborées par les services synodaux qui disant qui doit faire quoi, comment faire ceci ou cela selon des règles managériales éprouvées.

Il reste néanmoins une opposition au patriarche et ses réformes, surtout parmi les plus âgés. Il y e a en particulier parmi les moines dont ceux de la Trinité- saint Serge. Ils sont respectés pour leur spiritualité, leur vie, leur foi, mais ils ont plutôt moins d'influence que ceux qui sont dans la hiérarchie. Et ceux là doivent, pour beaucoup, leur place au patriarche et le soutiennent majoritairement.

Puissance économique atomisée

Cette Eglise dont le patriarche Cyrille cherche à rendre l'administration plus efficace constitue un poids lourd économique certain. Elle salarie entre 50 000 et 100 000 clercs et laïcs (sans compter les emplois à temps partiel comme les chantres, presque toujours professionnels et rémunérés dans les villes) dans plus de 50 pays. Mais, si l'essentiel se trouve en Russie et Ukraine, les chiffres son pratiquement impossible à préciser: les dizaines de milliers d'établissements (paroisses, monastères, séminaires et instruits…) sont autant de personnes morales indépendantes aux plans juridique, économique et fiscal (héritage de la volonté délibérée du pouvoir soviétique d'affaiblir l'Eglise par tous les moyens).

Les revenus de l'Eglise russe sont impossibles à consolider pour les mêmes raisons. Le chiffre d'environ 1,5 milliard d'Euro est cité par certaines publications, mais ce chiffre impressionnant ,4 fois le chiffre d'affaire de la plus grosse entreprise mondiale, Schell, n'est pas sérieusement documenté et peu, à la rigueur, donner un ordre de grandeur. Il couvrirait aussi bien le fonctionnement que les investissements…

Le budget central du patriarcat n'est plus publié depuis 1997 Il est très réduit: il s'agit de couvrir le fonctionnement des services du patriarcat et les recettes proviendraient essentiellement des revenus de l'usine de produits religieux "Sophrino" et du complexe hôtelier du monastère saint Daniel à Moscou; 15% proviendrait traditionnellement des diocèses. Pour la première fois depuis 1918, le budget fédéral va financer l'Eglise: une subvention importante (environ 40 millions d'euro par an) va être attribuée à l'Eglise en 2014-2017 dans le cadre du programme fédéral de "renforcement de l'unité de la nation et développement culturel des peuples de Russie" (14).

La nouvelle organisation va peut être améliorer cela et donner au patriarcat plus de moyens de contrôler l'ensemble des flux financiers grâce à la verticale des responsabilités métropole – diocèse - paroisses, mais cela reste difficile eu égard à la très grande dispersion des acteurs: non seulement chaque évêque, mais aussi chaque recteur de paroisse ou directeur d'établissement gère son propre budget de fonctionnement, de restauration de bâtiments historiques ou de construction, d'œuvres sociales… et le plus souvent en faisant appel à des mécènes locaux privés ou publics. Le projet de cathédrale à Paris en est un exemple typique puisque ce budget impressionnant (on parle de 150 millions d'euro, terrain et construction inclus), est pris en charge par le budget de la fédération. Il en est de même pour la restauration de l'église de Nice (15): "plus de 13 millions de dollars".

"Signes extérieurs de richesse" : les adversaires de l'Eglise mettent l'accent sur les "signes extérieurs de richesse" affichés par le haut clergé. Mais s'agit généralement de cadeaux dont l'usage est très bien accepté par les fidèles: par il parait normal que les évêques aient des voitures du mêmes que les autres personnalités de la région, hauts fonctionnaires ou dirigeants d'entreprises…

Conclusion

L'Eglise russe a ainsi profondément changé ces dernières années, surtout sous l'impulsion du patriarche Cyrille. Dans le prochain article je vais analyser les répercussions de ces changements dans les relations de l'Eglise russe avec le monde extérieur, tant en Russie qu'en dehors de ses frontières traditionnelles.

......................................
Sources et références

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Russie-quadruplement-du-nombre-d-Orthodoxes_a3503.html
(2) http://www.pravmir.ru/rozhdestvenskoe-bogosluzhenie-v-moskve-posetili-230-tys-chelovek/
(3) http://www.patriarchia.ru/db/text/2840441.html
(4) http://khabarovskonline.com/public/rekordnoe_kolichestvo_studentov_zachisleno_v_duhovnuyu_seminariyu_habarovska_/
(5) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Position-du-Patriarcat-de-Moscou-au-sujet-de-la-primaute-dans-l-Eglise-universehttp://msobor.ru/
(6) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-Conference-Interconciliaire-CI-de-l-Eglise-russe-Un-nouveau-chapitre-dans-l-histoire-de-l-Eglise-orthodoxe-russe_a2779.html
(7) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-Commission-permanente-interconciliaire-aura-a-definir-l-attitude-de-l-Eglise-vis-a-vis-des-partis-politiques-de-la_a716.html
(8) http://msobor.ru/
(9) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Projet-de-document-de-la-Conference-Interconciliaire-CI-sur-le-slavon-dans-la-vie-de-l-Eglise-russe-du-XXIe-siecle_a2800.html
(10) http://www.blagogon.ru/news/223/
(11) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-restructuration-de-l-Eglise-russe_a1826.html
(12) http://www.patriarchia.ru/db/text/976606.html
(13) http://www.patriarchia.ru/db/text/1434922.html
(14) http://www.rosbalt.ru/main/2013/11/18/1200982.html
(15) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Restauration-de-la-cathedrale-orthodoxe-de-Nice_a3174.html

Rédigé par Vladimir Golovanow le 22 Janvier 2014 à 19:55 | 4 commentaires | Permalien

Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a adressé un message aux participants de la conférence internationale « Genève 2 » qui aura lieu le 22 janvier 2014 à Montreux (Suisse). Le texte du message est reproduit ci-dessous.

Aujourd’hui, le monde espère de vous des mesures efficaces pour parvenir à un règlement pacifique du conflit qui ensanglante la Syrie. Les responsabilités dont vous êtes chargés sont inappréciables. La tragédie qui se déroule en Syrie depuis déjà trois ans est d’une ampleur colossale : des centaines de milliers d’innocents ont été victimes du conflit armé, les réfugiés et les déplacés se comptent par millions.

Au nom de l’Église orthodoxe russe, je vous appelle à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour obtenir l’arrêt immédiat et inconditionnel des opérations militaires et la mise en place d’un dialogue entre tous les Syriens, auquel pourraient participer toutes les forces politiques et l’ensemble de la société civile. Nous sommes convaincus que la Syrie doit rester un état où les droits et la dignité des représentants de tous les groupes nationaux, ethniques et religieux sont respectés. La sécurité et la liberté religieuse des chrétiens qui vivent au Moyen Orient depuis plus de deux mille ans et font partie intégrante de la société syrienne, doit leur être absolument garantie, au même titre que celles des autres habitants du pays.

Le premier pas vers la paix et la stabilité doit être la libération des otages et l’empêchement de toute profanation des sanctuaires religieux, des monuments culturels et historiques. On ne sait toujours rien du sort de deux hiérarques chrétiens, les métropolites Paul et Jean Ibrahim, enlevés l’année dernière au mois d’avril dans les environs d’Alep. La supérieure et plusieurs moniales du monastère Sainte-Thècle de Maaloula sont toujours retenues en captivité. Leur libération immédiate serait un témoignage probant de la bonne volonté de l’opposition dans la recherche de la paix et de la concorde sur le sol syrien.

L’Église orthodoxe russe prie pour la paix en Syrie et fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider les populations en détresse, indépendamment de leur nationalité ou de leur confession religieuse. Mais la situation de misère dans laquelle se trouvent des centaines de milliers de gens victimes du conflit armé, aussi bien en Syrie que les réfugiés des pays voisins, exige de nouvelles opérations humanitaires de grande envergure de l’ensemble de la communauté internationale.

J’appelle tous les hommes de bonne volonté à faire leur possible pour arrêter l’escalade de la violence en Syrie, mettre un terme à l’intervention des groupes terroristes et extrémistes, à tout soutien financier ou militaire extérieur à ces groupes. J’appelle à laisser le peuple syrien décider lui-même la voie qu’il souhaite prendre.

J’appelle les hommes dont les mains sont rougies du sang des civils à réfléchir et à cesser toute iniquité. Rappelez-vous qu’il est facile de détruire un monde, mais que les blessures d’une guerre se pansent des décennies entières, que les vies humaines ne seront jamais rendues. Tout pas vers la réconciliation, vers le rétablissement de l’ordre et la mise en place d’une nouvelle prospérité sera béni de Dieu.

Je prie aujourd’hui pour que la semence de paix que les participants de la conférence sont invités à semer porte de bons fruits pour chaque habitant de la Syrie.

Lien Mospat

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Janvier 2014 à 11:56 | 3 commentaires | Permalien

Igor Yazon

C’est au début des années 1980 que la religion orthodoxe est venue dans cette partie de l’Afrique centrale. Le Congolais Floribert Tchizibou est devenu le premier prêtre orthodoxe. Le diocèse qui appartient au Patriarcat orthodoxe d'Alexandrie, compte aujourd’hui neuf paroisses dont huit au Congo-Brazzaville et une dans la capitale du Gabon, Libreville. Notre commentateur a joint à Pointe-Noire la Russe Svetlana Khmeliova pour lui demander de parler de la paroisse Saint Démétrios de Thessalonique et de sa vie dans la capitale économique congolaise située sur la côte atlantique.


Notre commentateur Igor Yazon vous propose aujourd’hui la première émission de la série consacrée à la vie du diocèse orthodoxe en République du Congo et au Gabon, pays situés de part et d'autre de l'équateur.

Depuis novembre 2013 le Diocèse est dirigé par l’Evêque Panteleimon qui avant d’y être nommé a assuré les fonctions de Secrétaire du Patriarche d'Alexandrie et de toute l’Afrique Theodore II. Il a d’ailleurs accompagné pendant sa visite à Moscou où ce dernier s’est entretenu avec le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille. L’ Evêque Panteleimon a été intronisé le 14 avril dernier à l’église Saint Démétrios de Thessalonique à Pointe-Noire. En intronisant le nouveau Evêque du Diocèse, l’archevêque de Cameroun Grégoire, a dit aux paroissiens : « L’ Evêque Panteleimon est venu au Congo et au Gabon afin de donner son âme pour le salut du troupeau ». Joint au téléphone à Pointe-Noire par notre commentateur Monseigneur Panteleimon a parlé de son ministère.

Igor Yazon vous propose la deuxième émission de la série, plus précisément à la vie du Diocese de Brazzaville et du Gabon appartenant au Patriarcat orthodoxe d'Alexandrie.



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Janvier 2014 à 10:45 | 0 commentaire | Permalien

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