Message de Noël de Sa Sainteté Cyrille,
Patriarche de Moscou et de toutes les Russies
Patriarche de Moscou et de toutes les Russies
Éminents évêques, vénérables pères, moines et moniales, chers frères et sœurs !
De tout cœur je vous félicite pour la grande et salutaire fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ !
Aujourd’hui, de même que les bergers de Bethléem il y a deux millénaires, c’est avec joie et attendrissement que nous prêtons l’oreille au chant triomphant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre, paix aux hommes objets de sa complaisance ! » (Lc 2,14). En entendant ces paroles merveilleuses nos cœurs trouvent la consolation et se remplissent de gratitude envers le Créateur. Le Seigneur tout-puissant, « Dieu fort et Père du siècle à venir » (Is. 9, 6) descend vers nous et vient au monde comme un homme parmi les autres. Voilà que s’accomplissent les paroles du roi David qui a chanté Dieu dans ses psaumes « La Miséricorde et la Vérité se sont rencontrées, la Justice et la Paix se sont embrassées ; la Vérité s'est levée de la terre, et la Justice a regardé depuis les ciel» (Ps 84, 11-12). Et voici l’accomplissement : « L'Enfant nous est né, un Fils nous a été donné» (Is. 9, 5), « afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle» (Jn. 3, 16).
Pendant toute son histoire l’humanité s'est consacrée avec ardeur à la recherche de Dieu car elle souffrait de la communion rompue avec son Créateur. En réponse à ces efforts des hommes qui tendaient leurs bras et leurs cœurs vers le ciel, le Seigneur a manifesté son amour pour le genre humain et nous a tendu Lui-même Son bras salvateur. Après de longs millénaires Dieu et l’homme se sont enfin rencontrés en Jésus Christ. Le céleste et le terrestre ont pu fusionner. Voilà que se sont accomplies les aspirations spirituelles des fils et des filles d’Adam.
La Nativité du Christ nous donne en même temps le mystère et sa révélation. L’esprit humain n’est pas capable de comprendre jusqu’au bout : comment le Créateur et le Protecteur de l’univers, Dieu, infini de par de Sa nature entre dans notre monde ravagé par le péché et se montre sous la forme d’un faible nouveau-né qui voit le jour dans une grotte où des bergers et leur bétail s’abritaient des intempéries. La gloire chantée par les forces célestes, préconisée par les sages de l’orient, aperçue par de simples bergers est instantanément reprise à toutes les extrémités de la terre. Tout cela nous fait découvrir la profondeur de l’impénétrable Sagesse divine, nous fait participer au dessein Trinitaire mystérieux du salut de l’homme.
Nous savons désormais que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, l’Unique – engendré, afin que quiconque croie en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16-17) « Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous a donné d’avoir accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. Et l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm 5, 1-2-5).
Inclinons-nous donc avec humilité devant cette modeste crèche où se trouve Le doux et docile Enfant. Inclinons-nous devant Lui avec la crainte de Dieu, car nous savons qu’ici prend son début le chemin de croix parcouru sur la terre par Notre Seigneur Jésus. C’est auprès de cette crèche que commence notre salut. C'est en glorifiant la naissance du Fils de Dieu éternel, que nous devons nous incliner. Réjouissons-nous de la paix inexprimable qui remplit nos âmes et qui surpasse toute intelligence.
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes, objet de sa complaisance ! » C’est avec liesse qu’encore et encore nous joignons notre chant à celui des anges. L’amour de Dieu qui se manifeste par la naissance du Sauveur apporte aux hommes la paix véritable, cette paix que ne sauraient ébranler les avatars de la vie, les soubresauts de la société, les troubles politiques et même les conflits armés. Selon Saint Ignace (Briantchianinov) « La force spirituelle vit dans le monde du Christ, la force spirituelle qui foule aux pieds toute douleur et tout avatar terrestres ».
Comment obtenir la paix pour nos âmes ? Comment entrer en possession de cet immense don spirituel ? Les Saints Pères sont unanimes : la présence de la paix du Christ en l’homme est une évidente manifestation de la vie dans la conformité aux préceptes de l’Évangile comme nous l’enseigne l’apôtre Paul : « Et puis, par-dessus tout, la charité en laquelle se noue la perfection. Avec cela, que la paix du Christ règne dans nos cœurs : tel est bien le terme de l’appel qui vous a rassemblés en un même corps » (Col 3, 14-15).
Le Seigneur cherche ceux qui obéissent à Sa loi, ceux qui témoignent du salut, aux prochains comme lointains, « afin de proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (Pierre 1, 2-9).
Soyons donc digne de cette noble vocation et « que ceux qui ont vu la Nativité du Christ qui s’accomplisse dans l’étable s’éloignent de toute vanité au nom de la paix » (kondakion 8, acathiste de la Nativité du Christ) – élevons nous en esprit vers le Ciel, glorifions le Créateur, partageons notre joie avec ceux qui nous entourent, qui ont besoin de notre sollicitude, ceux qui sont dans la tristesse ou les difficultés.
Que le Seigneur nous inspire tous dans la difficile voie de la vie chrétienne, afin que notre foi se renforce, que notre espoir ne tarisse pas, que notre amour s’accroisse ; qu’en entrant dans la liesse de la fête radieuse de la Nativité nous proclamions sans relâche au monde « le grand mystère qu’est celui de la piété » (Tim 1, 3-16), que nous portions au monde la consolation et la sainte paix du Christ. Amen !
+ CYRILLE,
Patriarche de Moscou et de toutes les Russies,
Moscou, Noël 2018/2019
Patriarche de Moscou et de toutes les Russies,
Moscou, Noël 2018/2019