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L’émission « L’Eglise et le monde » produite par le métropolite Hilarion, Président du DREE du patriarcat de Moscou, chaîne Rossia 24, recevait le 22 juin Michel Fédotov, Président du Conseil de la société civile et des droits de l’homme auprès du Président de la Fédération de Russie.
Mgr Hilarion : Bonjour, chers frères et sœurs ! Vous regardez l’émission « L’Eglise et le monde ». Il sera question aujourd’hui de mieux clarifier notre passé et d’essayer d’aboutir à la réconciliation. Je reçois aujourd’hui Michel Fédotov, Président du Conseil de la société civile et des droits de l’homme auprès du Président de la Fédération de Russie. Bonjour, Mikhaïl Alexandrovitch.
M. Fédotov : Bonjour, Monseigneur. Je vous remercie de m’avoir invité à cette émission. Je souhaitais m’entretenir avec vous de notre devoir de mémoire.
Je commencerai par vous raconter l’histoire d’une icône qui se trouve chez moi. C’est une icône de famille que nous avons depuis le XIX siècle. Il s’agit d’une Vierge de Shouja-Smolensk (Шуя), copie d’une icône miraculeuse qui se trouvait dans la cathédrale de la ville de Shouja. Nos ancêtres lui vouaient une vénération particulière. Lorsqu’en 1922 une commission soviétique arriva dans la ville à la suite du décret sur la confiscation des biens de l’Eglise les paroissiens manifestèrent leur indignation. Il y eut, comme on dit de nos jours, des « désordres de masse ». L’armée rouge fit feu sur la foule. Puis le tribunal révolutionnaire condamna à être fusillés de nombreux clercs et laïcs. Les habitants déposèrent un recours en grâce. Le Comité exécutif des soviets accorda cette grâce. Par la suite le décret fut soumis pour validation au Politburo qui décida de faire exécuter la sentence.
Mgr Hilarion : Bonjour, chers frères et sœurs ! Vous regardez l’émission « L’Eglise et le monde ». Il sera question aujourd’hui de mieux clarifier notre passé et d’essayer d’aboutir à la réconciliation. Je reçois aujourd’hui Michel Fédotov, Président du Conseil de la société civile et des droits de l’homme auprès du Président de la Fédération de Russie. Bonjour, Mikhaïl Alexandrovitch.
M. Fédotov : Bonjour, Monseigneur. Je vous remercie de m’avoir invité à cette émission. Je souhaitais m’entretenir avec vous de notre devoir de mémoire.
Je commencerai par vous raconter l’histoire d’une icône qui se trouve chez moi. C’est une icône de famille que nous avons depuis le XIX siècle. Il s’agit d’une Vierge de Shouja-Smolensk (Шуя), copie d’une icône miraculeuse qui se trouvait dans la cathédrale de la ville de Shouja. Nos ancêtres lui vouaient une vénération particulière. Lorsqu’en 1922 une commission soviétique arriva dans la ville à la suite du décret sur la confiscation des biens de l’Eglise les paroissiens manifestèrent leur indignation. Il y eut, comme on dit de nos jours, des « désordres de masse ». L’armée rouge fit feu sur la foule. Puis le tribunal révolutionnaire condamna à être fusillés de nombreux clercs et laïcs. Les habitants déposèrent un recours en grâce. Le Comité exécutif des soviets accorda cette grâce. Par la suite le décret fut soumis pour validation au Politburo qui décida de faire exécuter la sentence.
Cela fait partie de notre histoire, l’histoire de la mise à mort de tant d’innocents. Mais il y a des foyers tout autres que le mien où l’on trouve des objets de vénération complètement différents. Comme par exemple, un sabre ayant appartenu à un cavalier des unités Boudenny (maréchal de l’armée soviétique) qui avait servi à décapiter des prêtres et des laïcs innocents lors de la confiscation des biens de l’Eglise. Comment concilier ces deux faces de notre histoire ? Car tout ceci appartient bien à notre histoire, douleur dont nous souffrons jusqu’à présent.
Mgr. Hilarion : Il nous faut apprendre à appeler les choses par leurs noms.
Ce n’est pas en dénaturant et en falsifiant le passé, en niant l’évidence que nous réussirons à réconcilier les ennemis d’hier. Nous resterions dans l’impasse. S’il y a eu répressions et victimes innocentes de ces répressions il nous faut le dire. S’il y a eu des coupables, nommons-les au lieu d’essayer de les faire entrer dans une nouvelle mythologie. Nous ne devons pas faire de ces gens des héros ou laisser dire à leur propos, comme nous l’entendons trop souvent, que ce n’étaient pas eux mais leur entourage qui était coupable des crimes de l’époque. Des millions de vies ont été supprimées, chacune d’entre elles représente une valeur sans pareil.
Aucune statistique ne permet de chiffrer les immenses malheurs infligés à nos peuples, aucun bilan comptable ne peut en être établi. Ces pertes ne sont pas réparables : comment oublier que chaque victime emporte dans le non-être sa descendance virtuelle. Le pays s’est donc privé de bien plus que de tous ceux qui ont péri sous le pouvoir de Lénine et Staline (leur nombre précis n’a pas été établi et ne le sera probablement jamais. On l’estime de 14 à 20 millions de personnes). Ajoutons à ce nombre les enfants que les victimes auraient sans doute eus. Le pouvoir s’est tout simplement consacré à l’extermination de son peuple. Il convient de le dire avec toute la clarté possible et de ne rien passer sous silence. Ceux qui s’appliquent à réduire de tout un ordre de grandeur le nombre des sacrifiés agissent d’une manière mensongère, voire criminelle. Percer cet abcès n’est qu’un début, il faut pouvoir panser les séquelles infligées par cet abcès. Toutes les forces saines de la société civile, l’Eglise en premier, doivent s’y consacrer.
L’Eglise a glorifié les Nouveaux Martyrs et Confesseurs de Russie, et c’est un geste d’une très grande importance. Un geste qui définit d’une manière tangible qui sont les coupables de cette tragédie et qui en ont été les victimes. Mais aux yeux de l’Eglise il ne s’agit pas seulement d’une tragédie, de millions de vies brisées. L’exploit des Nouveaux Martyrs a fait resplendir la gloire de Dieu. Homme de foi, je ne vois pas d’autre voies de réconciliation que la prise de conscience de la non inutilité de ces sacrifices : les souffrances de ceux qui ont péri dans la douleur avaient un sens suprême.
M. Fédotov : Il y a quelques jours j’étais en Allemagne où j’ai été reçu par le Président de la République Fédérale. Il m’a dit : «Les Allemands se sont repentis des péchés du nazisme, vous, les Russes, vous devez vous repentir du mal bolchevik ». Je lui ai répondu : « Monsieur le Président, je ne saurai être d’accord avec vous. Ce n’est pas nous qui sommes les auteurs de ce mal. Il a été accompli bien avant nous. Il nous faut dénoncer les crimes commis de par le passé de même que nous abjurons Satan lors du sacrement du baptême ». Lequel d’entre nous, Monseigneur, avait raison ?
Mgr Hilarion : Il nous faut puiser à l’expérience des peuples dont l’histoire comporte des chapitres infâmants. Il nous faut apprendre comment ces chapitres ont été assimilés, pourquoi il n’y a pas eu de tentatives d’innocenter les coupables. Il nous faut savoir appréhender notre histoire comme nous appartenant, à y distinguer le bien du mal, le blanc du noir.
L’expérience de l’Allemagne nous est très utile. Cela ne signifie nullement que cette expérience est identique à la nôtre : en effet, la guerre menée par l’Allemagne sur notre territoire était une guerre de conquête alors que notre guerre, d’abord chez nous, puis dans les territoires d’autres pays était une guerre de libération dont nous sommes sortis vainqueurs. Choses à ne jamais oublier.
Mais comment fermer les yeux sur les crimes commis par le régime de Lénine puis de Staline qui ont exterminé des classes entières de la société. Les koulaks (paysans aisés), les cosaques, pratiquement toute l’intelligentsia russe ont été sacrifiés. Il était presque impossible d’échapper à la terreur des années trente. Il fallait un miracle pour survivre à cette époque.
M.Fédotov : Vous souvenez-vous de la phrase de Dzerjinski (fondateur de la Tcheka, police politique des soviets) « Il faut ouvrir un dossier sur chaque intellectuel » ?
Mgr Hilarion : Il ne s’agissait pas seulement des intellectuels. Vous avez mentionné les évènements dans la ville de Shouïa. Rappelez-vous la manière dont ils se sont terminés. Lénine avait envoyé un ordre disant « Le plus nous réussirons à fusiller de prêtres, le mieux ce sera. Il nous faut en finir au plus vite avec le clergé réactionnaire bourgeois ».
M.Fédotov : Et dire que ceci a été écrit par un orthodoxe ! En effet, Lénine était orthodoxe.
Mgr Hilarion : Lénine n’était pas orthodoxe. Il avait été baptisé dans la foi orthodoxe mais il l’a abjuré. Comment le considérer comme un croyant ? Lénine n’était pas Julien l’Apostat qui avait abjuré la Croix. Cet empereur n’a pas eu le temps de commettre les crimes abominables dont Lénine est l’instigateur.
Pas plus tard que hier j’étais dans l’avion avec pour voisin un starets, confesseur célèbre. Le sujet de la démographie est venu dans la conversation. Nous constations que la population décroit, surtout dans les campagnes. Mon interlocuteur m’a dit une chose qui, d’abord, m’a laissé perplexe. «Tout ceci ne changera pas tant que la Russie continuera à vivre dans la malédiction ». J’ai demandé : « De quelle malédiction s’agit-il ? ». La réponse fut : «Tant que ce cadavre restera en pleine Place Rouge. Le pays ne pourra aller de l’avant tant que ce péché et cette malédiction pèseront sur lui ». C’est là un exemple éloquent de la, si je puis dire, diversité des reliques du passé que nous vénérons. D’une part, les icônes que nous ont laissées les Nouveaux Martyrs, de l’autre les pseudos icônes de leurs bourreaux. .
Tôt ou tard il faudra choisir et nommer les choses par leurs noms. Des efforts ont déjà été entrepris dans ce sens : aux époques Khrouchtchev, puis Gorbatchev, Eltsine et Poutine. Ces efforts se poursuivent. Le Conseil que vous présidez se consacre, entre autre, à persévérer dans cette voie.
M.Fédotov : Vous avez, Monseigneur, fait mention du mausolée. J’avais proposé il y a un certain temps d’y aménager un musée. Le sarcophage y aurait été maintenu mais tous les équipements seraient visibles et les visiteurs pourraient connaitre les procédés et la technologie de la convservation d’une dépouille. Cela n’est pas sans intérêt. Il ne s’agit pas seulement d’un monument de l’architecture, la Place Rouge étant classée par l’UNESCO, c’est aussi un ouvrage technique important. Il faudrait désacraliser le mausolée tout en le préservant en tant qu’objet appartenant à une civilisation.
Mgr Hilarion : J’ai le sentiment qu’il y a eu début de banalisation du mausolée lorsque la garde d’honneur a disparu. Le mausolée ne doit pas rester une cour des miracles où serait exposé le cadavre d’une personnalité politique. D’autres solutions sont à trouver. Il est indispensable d’inhumer ce corps. Pour certains ce sera la tombe d’un homme politique éminent, pour d’autres la sépulture d’un criminel. Mais c’est en terre que doivent reposer les corps de tous.
La réconciliation équivaut pour les chrétiens à une guérison. Or, pour guérir il faut commencer par bien diagnostiquer. Impossible d’entamer des soins sans qu’un diagnostic précis n’ait été établi au préalable. C’est à nous-mêmes en premier que ce diagnostic doit s’appliquer, n’ayons pas honte de reconnaître que nous sommes gravement souffrants. Ce n’est qu’alors que nous pourrons trouver les voies de la guérison.
Nous disons que la maladie est souvent un symptôme du péché. Le mal qui agit dans l’histoire est lui aussi une manifestation du péché. C’est avec horreur, colère, amertume et tristesse que nous nous pénétrons de ces pages tragiques de notre passé.
Afin qu’elles ne se répètent jamais il nous faut nommer les choses par leurs noms. Le Conseil que vous présidez a vocation à jouer en cela un rôle important. L’Eglise, quant à elle, a joué et joue un rôle primordial dans la guérison de ces plaies.
MOSPAT
Traduction Nikita Krivochéine
Commentaire "P.O." : Cet entretien nous paraît particulièrement important à la lumière du sondage en cours.
Mgr. Hilarion : Il nous faut apprendre à appeler les choses par leurs noms.
Ce n’est pas en dénaturant et en falsifiant le passé, en niant l’évidence que nous réussirons à réconcilier les ennemis d’hier. Nous resterions dans l’impasse. S’il y a eu répressions et victimes innocentes de ces répressions il nous faut le dire. S’il y a eu des coupables, nommons-les au lieu d’essayer de les faire entrer dans une nouvelle mythologie. Nous ne devons pas faire de ces gens des héros ou laisser dire à leur propos, comme nous l’entendons trop souvent, que ce n’étaient pas eux mais leur entourage qui était coupable des crimes de l’époque. Des millions de vies ont été supprimées, chacune d’entre elles représente une valeur sans pareil.
Aucune statistique ne permet de chiffrer les immenses malheurs infligés à nos peuples, aucun bilan comptable ne peut en être établi. Ces pertes ne sont pas réparables : comment oublier que chaque victime emporte dans le non-être sa descendance virtuelle. Le pays s’est donc privé de bien plus que de tous ceux qui ont péri sous le pouvoir de Lénine et Staline (leur nombre précis n’a pas été établi et ne le sera probablement jamais. On l’estime de 14 à 20 millions de personnes). Ajoutons à ce nombre les enfants que les victimes auraient sans doute eus. Le pouvoir s’est tout simplement consacré à l’extermination de son peuple. Il convient de le dire avec toute la clarté possible et de ne rien passer sous silence. Ceux qui s’appliquent à réduire de tout un ordre de grandeur le nombre des sacrifiés agissent d’une manière mensongère, voire criminelle. Percer cet abcès n’est qu’un début, il faut pouvoir panser les séquelles infligées par cet abcès. Toutes les forces saines de la société civile, l’Eglise en premier, doivent s’y consacrer.
L’Eglise a glorifié les Nouveaux Martyrs et Confesseurs de Russie, et c’est un geste d’une très grande importance. Un geste qui définit d’une manière tangible qui sont les coupables de cette tragédie et qui en ont été les victimes. Mais aux yeux de l’Eglise il ne s’agit pas seulement d’une tragédie, de millions de vies brisées. L’exploit des Nouveaux Martyrs a fait resplendir la gloire de Dieu. Homme de foi, je ne vois pas d’autre voies de réconciliation que la prise de conscience de la non inutilité de ces sacrifices : les souffrances de ceux qui ont péri dans la douleur avaient un sens suprême.
M. Fédotov : Il y a quelques jours j’étais en Allemagne où j’ai été reçu par le Président de la République Fédérale. Il m’a dit : «Les Allemands se sont repentis des péchés du nazisme, vous, les Russes, vous devez vous repentir du mal bolchevik ». Je lui ai répondu : « Monsieur le Président, je ne saurai être d’accord avec vous. Ce n’est pas nous qui sommes les auteurs de ce mal. Il a été accompli bien avant nous. Il nous faut dénoncer les crimes commis de par le passé de même que nous abjurons Satan lors du sacrement du baptême ». Lequel d’entre nous, Monseigneur, avait raison ?
Mgr Hilarion : Il nous faut puiser à l’expérience des peuples dont l’histoire comporte des chapitres infâmants. Il nous faut apprendre comment ces chapitres ont été assimilés, pourquoi il n’y a pas eu de tentatives d’innocenter les coupables. Il nous faut savoir appréhender notre histoire comme nous appartenant, à y distinguer le bien du mal, le blanc du noir.
L’expérience de l’Allemagne nous est très utile. Cela ne signifie nullement que cette expérience est identique à la nôtre : en effet, la guerre menée par l’Allemagne sur notre territoire était une guerre de conquête alors que notre guerre, d’abord chez nous, puis dans les territoires d’autres pays était une guerre de libération dont nous sommes sortis vainqueurs. Choses à ne jamais oublier.
Mais comment fermer les yeux sur les crimes commis par le régime de Lénine puis de Staline qui ont exterminé des classes entières de la société. Les koulaks (paysans aisés), les cosaques, pratiquement toute l’intelligentsia russe ont été sacrifiés. Il était presque impossible d’échapper à la terreur des années trente. Il fallait un miracle pour survivre à cette époque.
M.Fédotov : Vous souvenez-vous de la phrase de Dzerjinski (fondateur de la Tcheka, police politique des soviets) « Il faut ouvrir un dossier sur chaque intellectuel » ?
Mgr Hilarion : Il ne s’agissait pas seulement des intellectuels. Vous avez mentionné les évènements dans la ville de Shouïa. Rappelez-vous la manière dont ils se sont terminés. Lénine avait envoyé un ordre disant « Le plus nous réussirons à fusiller de prêtres, le mieux ce sera. Il nous faut en finir au plus vite avec le clergé réactionnaire bourgeois ».
M.Fédotov : Et dire que ceci a été écrit par un orthodoxe ! En effet, Lénine était orthodoxe.
Mgr Hilarion : Lénine n’était pas orthodoxe. Il avait été baptisé dans la foi orthodoxe mais il l’a abjuré. Comment le considérer comme un croyant ? Lénine n’était pas Julien l’Apostat qui avait abjuré la Croix. Cet empereur n’a pas eu le temps de commettre les crimes abominables dont Lénine est l’instigateur.
Pas plus tard que hier j’étais dans l’avion avec pour voisin un starets, confesseur célèbre. Le sujet de la démographie est venu dans la conversation. Nous constations que la population décroit, surtout dans les campagnes. Mon interlocuteur m’a dit une chose qui, d’abord, m’a laissé perplexe. «Tout ceci ne changera pas tant que la Russie continuera à vivre dans la malédiction ». J’ai demandé : « De quelle malédiction s’agit-il ? ». La réponse fut : «Tant que ce cadavre restera en pleine Place Rouge. Le pays ne pourra aller de l’avant tant que ce péché et cette malédiction pèseront sur lui ». C’est là un exemple éloquent de la, si je puis dire, diversité des reliques du passé que nous vénérons. D’une part, les icônes que nous ont laissées les Nouveaux Martyrs, de l’autre les pseudos icônes de leurs bourreaux. .
Tôt ou tard il faudra choisir et nommer les choses par leurs noms. Des efforts ont déjà été entrepris dans ce sens : aux époques Khrouchtchev, puis Gorbatchev, Eltsine et Poutine. Ces efforts se poursuivent. Le Conseil que vous présidez se consacre, entre autre, à persévérer dans cette voie.
M.Fédotov : Vous avez, Monseigneur, fait mention du mausolée. J’avais proposé il y a un certain temps d’y aménager un musée. Le sarcophage y aurait été maintenu mais tous les équipements seraient visibles et les visiteurs pourraient connaitre les procédés et la technologie de la convservation d’une dépouille. Cela n’est pas sans intérêt. Il ne s’agit pas seulement d’un monument de l’architecture, la Place Rouge étant classée par l’UNESCO, c’est aussi un ouvrage technique important. Il faudrait désacraliser le mausolée tout en le préservant en tant qu’objet appartenant à une civilisation.
Mgr Hilarion : J’ai le sentiment qu’il y a eu début de banalisation du mausolée lorsque la garde d’honneur a disparu. Le mausolée ne doit pas rester une cour des miracles où serait exposé le cadavre d’une personnalité politique. D’autres solutions sont à trouver. Il est indispensable d’inhumer ce corps. Pour certains ce sera la tombe d’un homme politique éminent, pour d’autres la sépulture d’un criminel. Mais c’est en terre que doivent reposer les corps de tous.
La réconciliation équivaut pour les chrétiens à une guérison. Or, pour guérir il faut commencer par bien diagnostiquer. Impossible d’entamer des soins sans qu’un diagnostic précis n’ait été établi au préalable. C’est à nous-mêmes en premier que ce diagnostic doit s’appliquer, n’ayons pas honte de reconnaître que nous sommes gravement souffrants. Ce n’est qu’alors que nous pourrons trouver les voies de la guérison.
Nous disons que la maladie est souvent un symptôme du péché. Le mal qui agit dans l’histoire est lui aussi une manifestation du péché. C’est avec horreur, colère, amertume et tristesse que nous nous pénétrons de ces pages tragiques de notre passé.
Afin qu’elles ne se répètent jamais il nous faut nommer les choses par leurs noms. Le Conseil que vous présidez a vocation à jouer en cela un rôle important. L’Eglise, quant à elle, a joué et joue un rôle primordial dans la guérison de ces plaies.
MOSPAT
Traduction Nikita Krivochéine
Commentaire "P.O." : Cet entretien nous paraît particulièrement important à la lumière du sondage en cours.
"Les Nouveaux Martyrs du XX siècle" Tableau de Xenia Krivocheine
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Juillet 2014 à 14:43
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