La division des orthodoxes en Estonie envenime non seulement les relations entre les Églises autocéphales, mais aussi – depuis l'année dernière – le dialogue entre orthodoxes et catholiques. Beaucoup de choses ont été écrites sur le sujet et c'est contre notre gré que nous revenons ici à cette douloureuse question. Dans le numéro 9 (mai-juin 2008) du Messager de l'Église orthodoxe russe, un long commentaire du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou sur la question a été publié. Il sera bientôt disponible sur ce site Internet.
En guise de résumé de ce communiqué, voici trois points qui méritent une attention particulière. Nous espérons qu'ils pourront apporter plus de clarté et, donc, de paix dans ce dossier. D'abord, pour une raison qui nous échappe, certains médias, non seulement séculiers, mais aussi religieux, ont prétendu que le patriarcat de Moscou refusait de reconnaître l'autonomie de l'Église orthodoxe d'Estonie. Pourtant, ce n'est pas l'autonomie de l'Église estonienne qui pose problème à Moscou, mais la dénommée « Église orthodoxe apostolique d'Estonie », créée par le patriarcat de Constantinople en 1923 et « réactivée » en 1996, chaque fois avec trois ans de retard par rapport à l'initiative semblable du patriarcat de Moscou qui est indiscutablement à l'origine de la présence de l'orthodoxie dans ce pays. En effet, l'autonomie fut accordée à l'Église orthodoxe d'Estonie, pour la première fois, par le saint patriarche Tikhon de Moscou en 1920, trois ans avant la décision semblable du patriarche Mélèce de Constantinople.
En guise de résumé de ce communiqué, voici trois points qui méritent une attention particulière. Nous espérons qu'ils pourront apporter plus de clarté et, donc, de paix dans ce dossier. D'abord, pour une raison qui nous échappe, certains médias, non seulement séculiers, mais aussi religieux, ont prétendu que le patriarcat de Moscou refusait de reconnaître l'autonomie de l'Église orthodoxe d'Estonie. Pourtant, ce n'est pas l'autonomie de l'Église estonienne qui pose problème à Moscou, mais la dénommée « Église orthodoxe apostolique d'Estonie », créée par le patriarcat de Constantinople en 1923 et « réactivée » en 1996, chaque fois avec trois ans de retard par rapport à l'initiative semblable du patriarcat de Moscou qui est indiscutablement à l'origine de la présence de l'orthodoxie dans ce pays. En effet, l'autonomie fut accordée à l'Église orthodoxe d'Estonie, pour la première fois, par le saint patriarche Tikhon de Moscou en 1920, trois ans avant la décision semblable du patriarche Mélèce de Constantinople.
A la fin du XX siècle, le même scénario se reproduit: en 1993, le patriarche Alexis II de Moscou, lui-même Estonien de naissance, accorde de nouveau le statut d'autonomie à l'Église orthodoxe d'Estonie. Trois ans plus tard, le patriarche Barthélémy de Constantinople « réactive » l'autonomie accordée à la métropole estonienne par son prédécesseur, le patriarche Mélèce. C'est ainsi que l'Estonie se retrouve avec deux Églises autonomes, dont une est reconnue par le patriarcat de Moscou et l'autre, par le patriarcat de Constantinople.
Le deuxième point concerne les responsables de ces deux Églises. En effet, certains redoutent que l'Église orthodoxe autonome d'Estonie, reconnue par le patriarcat de Moscou, ne soit un instrument de la politique russe dans ce pays qui naguère faisait partie de l'Union soviétique. Pourtant, les responsables de l'Église orthodoxe d'Estonie (patriarcat de Moscou) sont des Estoniens, nés en Estonie. Par exemple, Mgr Corneille (Jacobs), métropolite de Tallinn, est non seulement un Estonien d'origine, mais aussi un ancien prisonnier des camps soviétiques. Le primat de la métropole du patriarcat de Constantinople en Estonie, Mgr Stéphane (Karalambidis), est en revanche un Grec d'origine, né dans le Congo belge. Par ailleurs, le représentant « estonien » qui a causé tant de soucis lors de la dernière assemblée de la Commission mixte catholique-orthodoxe à Ravenne en octobre 2007, c'était le père Grégoire Papathomas, un Grec né en Grèce, professeur à l'Institut Saint-Serge à Paris. Ni Mgr Stéphane, ni le père Papathomas ne parlent l'estonien – langue maternelle de l'actuel patriarche de Moscou. Pourtant, paradoxalement, c'est la non-reconnaissance de cette « Église estonienne » hellénophone qui a valu à l'Église russe d'être accusée de remettre en doute l'indépendance de l'Estonie.
Enfin, le dernier point: Mgr Stéphane (Karalambidis), chef de la métropole du patriarcat de Constantinople en Estonie, aime présenter son Église comme une Église martyre. Pourtant, c'est une initiative et un appel du parlement estonien qui ont permis au patriarche de Constantinople de revenir à la décision de 1923. La métropole estonienne du patriarcat de Constantinople jouit du soutien exclusif de l'État estonien qui, jusqu'à naguère, refusait de reconnaître l'Église orthodoxe d'Estonie (patriarcat de Moscou), toujours dépossédée de ses biens immobiliers historiques. Seul le patriarcat de Constantinople a le droit à la propriété privée en Estonie. L'Église estonienne, reconnue par le patriarcat de Moscou, se contente d'être locataire de ses églises et presbytères.
La rencontre à Kiev en juillet 2008 des patriarches de Moscou et de Constantinople fut un grand événement pour le monde orthodoxe. Elle portera certainement des fruits très positifs. Nous espérons que parmi eux, il y aura la paix pour l'orthodoxie en Estonie. Puisse le Seigneur permettre à nos Églises de tourner définitivement cette triste page et mettre fin aux controverses regrettables !
Le deuxième point concerne les responsables de ces deux Églises. En effet, certains redoutent que l'Église orthodoxe autonome d'Estonie, reconnue par le patriarcat de Moscou, ne soit un instrument de la politique russe dans ce pays qui naguère faisait partie de l'Union soviétique. Pourtant, les responsables de l'Église orthodoxe d'Estonie (patriarcat de Moscou) sont des Estoniens, nés en Estonie. Par exemple, Mgr Corneille (Jacobs), métropolite de Tallinn, est non seulement un Estonien d'origine, mais aussi un ancien prisonnier des camps soviétiques. Le primat de la métropole du patriarcat de Constantinople en Estonie, Mgr Stéphane (Karalambidis), est en revanche un Grec d'origine, né dans le Congo belge. Par ailleurs, le représentant « estonien » qui a causé tant de soucis lors de la dernière assemblée de la Commission mixte catholique-orthodoxe à Ravenne en octobre 2007, c'était le père Grégoire Papathomas, un Grec né en Grèce, professeur à l'Institut Saint-Serge à Paris. Ni Mgr Stéphane, ni le père Papathomas ne parlent l'estonien – langue maternelle de l'actuel patriarche de Moscou. Pourtant, paradoxalement, c'est la non-reconnaissance de cette « Église estonienne » hellénophone qui a valu à l'Église russe d'être accusée de remettre en doute l'indépendance de l'Estonie.
Enfin, le dernier point: Mgr Stéphane (Karalambidis), chef de la métropole du patriarcat de Constantinople en Estonie, aime présenter son Église comme une Église martyre. Pourtant, c'est une initiative et un appel du parlement estonien qui ont permis au patriarche de Constantinople de revenir à la décision de 1923. La métropole estonienne du patriarcat de Constantinople jouit du soutien exclusif de l'État estonien qui, jusqu'à naguère, refusait de reconnaître l'Église orthodoxe d'Estonie (patriarcat de Moscou), toujours dépossédée de ses biens immobiliers historiques. Seul le patriarcat de Constantinople a le droit à la propriété privée en Estonie. L'Église estonienne, reconnue par le patriarcat de Moscou, se contente d'être locataire de ses églises et presbytères.
La rencontre à Kiev en juillet 2008 des patriarches de Moscou et de Constantinople fut un grand événement pour le monde orthodoxe. Elle portera certainement des fruits très positifs. Nous espérons que parmi eux, il y aura la paix pour l'orthodoxie en Estonie. Puisse le Seigneur permettre à nos Églises de tourner définitivement cette triste page et mettre fin aux controverses regrettables !