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Message du concile des évêques de l'Eglise orthodoxe russe (2-5 février 2013)



Bien-aimés dans le Seigneur, révérends presbytres, vénérables diacres, moines et moniales, chers frères et sœurs, enfants fidèles de l’Église orthodoxe russe !

Le concile des évêques qui s’est tenu à Moscou, en la cathédrale Christ-Sauveur, du 2 au 5 février 2013, s’adresse à vous tous avec les paroles de la salutation apostolique : « Grâce et paix à vous de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ. Nous devons rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères, et ce n’est que juste, parce que votre foi est en grand progrès et que l’amour de chacun pour les autres s’accroît parmi vous tous » (2 Th 1, 1-2).

Le principal souci de l’Église est le salut des hommes. Tout ce qui se passe dans la vie ecclésiale, dans nos rapports avec la société et l’État doit être soumis à cet objectif. Nos efforts missionnaires, éducatifs, caritatifs et toutes les autres activités doivent être orientés en fin de compte au salut de chaque âme humaine. L’appel du Sauveur : « Allez, instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20) est ce qu’il y a de plus important, de nos jours également. Guidés par ce principe, les membres du concile épiscopal ont examiné de nombreuses questions de la vie de l’Église et de la société et adopté plusieurs déclarations et documents conciliaires adressés maintenant au plérôme de notre Église.

Soucieux de la bonne organisation de la vie de l’Église, les membres du concile des évêques ont défini, pour l’avenir, la procédure de l’élection du Patriarche par le concile local, ont précisé les attributions du concile local et du concile épiscopal, ont approuvé la création par le Saint-Synode de nouvelles métropoles et de nouveaux diocèses. Ils ont aussi suggéré des solutions aux défis importants de la société.

Notamment, le concile des évêques a formulé la position de l’Église au sujet du développement des technologies d’identification et du traitement des données personnelles. Veillant à la liberté de l’homme, l’Église appelle l’État à ne pas contraindre les personnes à accepter des technologies qui pourraient les empêcher de confesser, en toute liberté, la foi au Christ et d’en être guidées dans les affaires publiques et privées. L’adhésion des chrétiens à diverses initiatives législatives, politiques ou idéologiques dépend de leur compatibilité avec le mode de vie chrétien.

L’Église est soucieuse d’affermir les familles, de les préserver d’une intrusion intempestive dans leur vie, de maintenir les liens forts entre parents et enfants, d’assurer la protection des mineurs, notamment face à la violence, la cruauté et l’obscénité. À ce propos, le concile des évêques a exprimé son avis sur la réforme, menée actuellement dans de nombreux pays, du droit de la famille et de la justice des mineurs.

L’Église est très inquiète de l’état actuel de l’environnement naturel. L’épuisement des ressources et la pollution posent sérieusement la question de la sauvegarde de la diversité des êtres vivants, de l’usage équilibré des dons de la nature. Les membres du concile ont exprimé la position de l’Église orthodoxe russe sur les problèmes actuels de l’écologie, en rappelant à la société sa responsabilité pour la préservation de la création de Dieu.

Nous invitons les pasteurs et les fidèles de l’Église orthodoxe russe à étudier attentivement les documents adoptés par le concile des évêques, dont la majeure partie fut préparée au cours des trois années de débats au sein de la commission interconciliaire avec la participation des centaines d’évêques, membres du clergé, moines et laïcs.

Notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ a mis en garde ses disciples : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait » (Jn 15, 19). Dès l’époque apostolique, le chemin de l’Église est celui de la confession et du témoignage sans hypocrisie au sujet de la vérité. Le combat mené contre les chrétiens par « l’esprit de ce monde » (1 Co 2, 12) a pour but, tout au long de l’histoire de l’Église, de détourner l’homme, par tous les moyens possibles, de son Créateur et Sauveur. Ce combat consistait non seulement dans des tentatives de faire sombrer les hommes dans le péché, mais aussi dans des persécutions contre ceux qui suivent le Christ. Mais les privations et les souffrances servaient à affermir la foi et à encourager le cœur des enfants fidèles de l’Église. Un des exemples de la persévérance dans les épreuves est saint Dalmat d’Issetsk, canonisé en 2004 comme saint vénéré localement en Sibérie. Le présent concile porte sa vénération au niveau panecclésial. Saint Dalmat fut, à plusieurs reprises, témoin de la destruction du monastère qu’il avait fondé. Chaque fois, il l’a rebâti, en gardant sans faille la foi et une grande humilité dans les rapports avec ses prochains.

Les événements de l’an dernier ont clairement montré que l’orthodoxie renaît en tant que fondement de la conscience nationale qui réunit toutes les forces vives de la société, les forces qui aspirent à la transformation de la vie sur les fondations solides des valeurs spirituelles et éthiques qui sont dans la chair et le sang de nos peuples. Pour cette raison, l’Église a été choisie par des gens de mauvaise volonté comme cible dans une lutte qui a recours au mensonge, à la calomnie, au blasphème, aux pogroms des églises et à la profanation des lieux saints.

Le concile rappelle que nous devons réagir à ces actes par la prière, la prédication et l’affermissement de la vérité de Dieu, par l’engagement civil pacifique des chrétiens orthodoxes, par la multiplication des œuvres d’amour et de miséricorde. Nous devons rester la lumière du monde et le sel de la terre pour que les gens, voyant notre « vie chaste et pleine de respect » soient gagnés, sans parole, au Christ (cf 1 P 3, 2-1). Dans la défense de la foi il ne faut pas oublier les paroles du Christ Sauveur : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35).

Lorsque nous exerçons notre ministère ecclésial et œuvrons sur le champ du Christ, nous sommes appelés à renforcer, non par la parole, mais par les actes, « l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Eph 4, 3), de façon conciliaire et tous ensemble : évêques, clergé, moines et laïcs. Le plus important est de mesurer sa vie à l’Évangile. C’est le seul chemin qui conduit à la transfiguration de l’être humain et de la société.

Que le Seigneur Jésus-Christ, principe de la vie éternelle, nous rende tous courageux et sages dans les labeurs qui nous attendent.



Traduit du russe par le hiéromoine Alexandre Siniakov
Message du concile des évêques de l'Eglise orthodoxe russe (2-5 février 2013)

Samedi 9 Février 2013