Bienaimés dans le Seigneur membres de l’épiscopat,
Honorables Prêtres et Diacres,
Moines et Moniales aimés de Dieu,
Chers frères et sœurs !
En ce jour lumineux de la Nativité du Christ, je vous adresse mes vœux les plus cordiaux à l’occasion de cette grande fête.
Au cours de deux mille années, les chrétiens du monde entier, dans la joie et l’espérance, orientent leur regard spirituel vers l’événement qui représente une rupture dans l’histoire de l’humanité. La chronologie actuelle qui tire son origine de la Nativité et qui se trouve être la chronologie de l’ère chrétienne, témoigne par elle-même du caractère significatif de la venue du Christ Sauveur.
La grotte de Bethléem, où les animaux s’abritaient du froid de la nuit d’hiver, est l’image du monde qui un jour s’est éloigné de son Créateur et qui a ressenti l’affliction et les ténèbres de l’abandon de Dieu. Cependant, la nuit lumineuse de la Nativité a rempli de rayonnement non seulement la grotte qui a offert l’accueil à la très pure Vierge Marie, mais aussi toute la création, puisque par la naissance du Fils de Dieu, chaque homme qui vient dans le monde est illuminé par la Lumière de la vérité, comme en témoigne l’évangéliste Jean (Jn 1, 9).
Quelqu’un peut demander : que signifie la Lumière de la Vérité ? Nous trouvons la réponse à cette question dans le même récit évangélique de Jean. La Lumière de la vérité, c’est le Seigneur Lui-même, le Verbe de Dieu, lequel « s’est fait chair et a habité parmi nous, […] plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).
Par la Naissance du Sauveur, les hommes ont trouvé la possibilité d’avoir la grâce et la vérité (Jn 1, 17). La grâce est la force donnée par Dieu à l’homme en vue du salut. C’est précisément par cette force que les hommes sont vainqueurs du péché. Sans la grâce, on ne peut vaincre le mal, et donc vaincre tout ce qui obscurcit notre Vie.
La Vérité, c’est la valeur fondamentale de l’être. Si le fondement de la vie est le mensonge, l’erreur, alors la vie ne réussit pas. Certes, extérieurement, la vie d’un homme qui s’égare peut paraître entièrement réussie. Mais cela ne signifie pas que l’erreur soit anodine : tôt ou tard elle va apparaître, y compris sous forme de tragédie dans le destin humain.
La Lumière de la vérité, c’est la lumière divine, c’est la vérité divine. Elle est invariable et éternelle et elle ne dépend pas du fait que nous l’acceptons ou non. L’acception par l’homme de la vérité divine détermine avant tout le caractère de ses rapports avec les autres, la capacité, selon les paroles de l’Apôtre, de « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6, 2), c’est-à-dire de faire preuve de solidarité avec le prochain, de participer aux joies et aux douleurs des autres. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35) dit le Seigneur. Et pourtant, ces éternelles vérités divines qui seules sont capables de transfigurer notre vie, aujourd’hui cessent d’être des idéaux. Avec insistance, elles sont chassées de la conscience de l’homme moderne par l’irresponsabilité morale, l’égoïsme, la consommation, la négation du péché comme problème fondamental de l’existence humaine.
C’est précisément par la substitution de valeurs fausses aux valeurs véritables que s’explique la signification qui ne cesse de croître de ce qu’on appelle « le facteur humain » dans les événements tragiques qui emportent des centaines de vies humaines. C’est par là également qu’on explique aussi les crises qui, à l’échelle de la planète entière, ébranlent l’économie, la politique, le milieu qui nous entoure, la vie familiale, les rapports entre les générations et bien d’autres choses.
L’importance de la célébration de la Nativité du Christ consiste en ce qu'elle nous rend plus proches du Sauveur, nous aide à voir plus précisément son visage et de nous pénétrer de sa bonne nouvelle. Le Seigneur, encore et toujours mystérieusement, naît pour nous au plus profond de nos âmes « pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). L’événement de la nuit de Bethléem entre dans la vie contemporaine et nous aide à la voir d’un autre point de vue, parfois inhabituel et inattendu. Ce qui semblait le plus important et énorme, soudain apparaît comme étant de peu d’importance et éphémère, laissant la place à la grandeur et à la beauté de l’éternelle beauté divine.
Et c’est avec une force particulière que résonnent aujourd’hui les paroles du Sauveur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28, 20). Ces paroles donnent l’espérance fondée sur la conviction solide que quelles que soient les tentations qui nous atteignent dans cette vie, le Seigneur n’abandonnera pas Son héritage.
L’année passée a été, dans notre Église, marquée par de nombreux événements importants. Le concile local qui s’est réuni à Moscou en la cathédrale Christ-Sauveur, après le décès de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II, a élu son successeur. Fortifié par la prière et le soutien de l’épiscopat, du clergé et du troupeau des fidèles, dans l’espérance en la volonté divine, j’ai accepté le sort qui m’est échu du service patriarcal. Célébrant à Moscou, dans un nombre de diocèses de Russie, de même qu’en Ukraine, en Biélorussie et en Azerbaïdjan, j’ai connu la joie de la relation de prière avec notre pieux peuple orthodoxe, avec les gens jeunes et les gens âgés, avec ceux d’âge moyen et avec les enfants. Partout j’ai pu voir les visages rayonnants des gens, expression sincère d’une foi profonde. C’est devenu pour moi une expérience spirituelle très forte et un témoignage visible de l’unité de la Sainte Russie qui par la force de la foi de son peuple multinational surmonte les frontières sociales, de biens, d’âge, d’ethnies et autres, tout en conservant son unité spirituelle dans les conditions des réalités politiques contemporaines.
Cette unité est renforcée par l’Église une, dans laquelle, par la grâce de Dieu, est surmonté tout ce qui est temporaire et passager. Ici apparaît au regard humain l’authentique grandeur des valeurs intemporelles. C’est précisément pour cette raison que la Vérité divine doit servir d’orientation pour toute activité humaine, pour le développement et le mouvement en avant.
C’est une joie de voir qu’un nombre toujours plus grand de nos contemporains commence à reconnaître ses sources spirituelles, à apprécier sa tradition religieuse et culturelle. Et aujourd’hui, le triomphe de la fête est partagé, non seulement par les croyants fermement enracinés dans l’orthodoxie, mais aussi par ceux qui ne sont qu’en chemin vers la découverte de la foi salvatrice et, peut-être, pour la première fois traversent le seuil de l’Église, répondant dans leur cœur à l’appel évangélique.
En prière, je vous souhaite, éminents évêques, honorables pères, chers frères et sœurs, de nombreuses grâces du Christ, le divin enfant né à Bethléem, pour que par la grâce divine votre joie se multiplie, que soient guéries vos maladies, que vos afflictions soient consolées. Que la lumière de l’étoile de Bethléem soit un guide pour chacun d’entre nous et que le Seigneur bénisse les efforts dans le domaine de l’amélioration de la vie de l’Église, des états dans lesquels nous vivons, de nos sociétés, et qu’Il nous donne à tous de demeurer fidèlement dans la vérité évangélique.
+ Cyrille
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
Nativité du Christ
2009/2010, Moscou
Honorables Prêtres et Diacres,
Moines et Moniales aimés de Dieu,
Chers frères et sœurs !
En ce jour lumineux de la Nativité du Christ, je vous adresse mes vœux les plus cordiaux à l’occasion de cette grande fête.
Au cours de deux mille années, les chrétiens du monde entier, dans la joie et l’espérance, orientent leur regard spirituel vers l’événement qui représente une rupture dans l’histoire de l’humanité. La chronologie actuelle qui tire son origine de la Nativité et qui se trouve être la chronologie de l’ère chrétienne, témoigne par elle-même du caractère significatif de la venue du Christ Sauveur.
La grotte de Bethléem, où les animaux s’abritaient du froid de la nuit d’hiver, est l’image du monde qui un jour s’est éloigné de son Créateur et qui a ressenti l’affliction et les ténèbres de l’abandon de Dieu. Cependant, la nuit lumineuse de la Nativité a rempli de rayonnement non seulement la grotte qui a offert l’accueil à la très pure Vierge Marie, mais aussi toute la création, puisque par la naissance du Fils de Dieu, chaque homme qui vient dans le monde est illuminé par la Lumière de la vérité, comme en témoigne l’évangéliste Jean (Jn 1, 9).
Quelqu’un peut demander : que signifie la Lumière de la Vérité ? Nous trouvons la réponse à cette question dans le même récit évangélique de Jean. La Lumière de la vérité, c’est le Seigneur Lui-même, le Verbe de Dieu, lequel « s’est fait chair et a habité parmi nous, […] plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).
Par la Naissance du Sauveur, les hommes ont trouvé la possibilité d’avoir la grâce et la vérité (Jn 1, 17). La grâce est la force donnée par Dieu à l’homme en vue du salut. C’est précisément par cette force que les hommes sont vainqueurs du péché. Sans la grâce, on ne peut vaincre le mal, et donc vaincre tout ce qui obscurcit notre Vie.
La Vérité, c’est la valeur fondamentale de l’être. Si le fondement de la vie est le mensonge, l’erreur, alors la vie ne réussit pas. Certes, extérieurement, la vie d’un homme qui s’égare peut paraître entièrement réussie. Mais cela ne signifie pas que l’erreur soit anodine : tôt ou tard elle va apparaître, y compris sous forme de tragédie dans le destin humain.
La Lumière de la vérité, c’est la lumière divine, c’est la vérité divine. Elle est invariable et éternelle et elle ne dépend pas du fait que nous l’acceptons ou non. L’acception par l’homme de la vérité divine détermine avant tout le caractère de ses rapports avec les autres, la capacité, selon les paroles de l’Apôtre, de « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6, 2), c’est-à-dire de faire preuve de solidarité avec le prochain, de participer aux joies et aux douleurs des autres. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35) dit le Seigneur. Et pourtant, ces éternelles vérités divines qui seules sont capables de transfigurer notre vie, aujourd’hui cessent d’être des idéaux. Avec insistance, elles sont chassées de la conscience de l’homme moderne par l’irresponsabilité morale, l’égoïsme, la consommation, la négation du péché comme problème fondamental de l’existence humaine.
C’est précisément par la substitution de valeurs fausses aux valeurs véritables que s’explique la signification qui ne cesse de croître de ce qu’on appelle « le facteur humain » dans les événements tragiques qui emportent des centaines de vies humaines. C’est par là également qu’on explique aussi les crises qui, à l’échelle de la planète entière, ébranlent l’économie, la politique, le milieu qui nous entoure, la vie familiale, les rapports entre les générations et bien d’autres choses.
L’importance de la célébration de la Nativité du Christ consiste en ce qu'elle nous rend plus proches du Sauveur, nous aide à voir plus précisément son visage et de nous pénétrer de sa bonne nouvelle. Le Seigneur, encore et toujours mystérieusement, naît pour nous au plus profond de nos âmes « pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). L’événement de la nuit de Bethléem entre dans la vie contemporaine et nous aide à la voir d’un autre point de vue, parfois inhabituel et inattendu. Ce qui semblait le plus important et énorme, soudain apparaît comme étant de peu d’importance et éphémère, laissant la place à la grandeur et à la beauté de l’éternelle beauté divine.
Et c’est avec une force particulière que résonnent aujourd’hui les paroles du Sauveur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28, 20). Ces paroles donnent l’espérance fondée sur la conviction solide que quelles que soient les tentations qui nous atteignent dans cette vie, le Seigneur n’abandonnera pas Son héritage.
L’année passée a été, dans notre Église, marquée par de nombreux événements importants. Le concile local qui s’est réuni à Moscou en la cathédrale Christ-Sauveur, après le décès de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II, a élu son successeur. Fortifié par la prière et le soutien de l’épiscopat, du clergé et du troupeau des fidèles, dans l’espérance en la volonté divine, j’ai accepté le sort qui m’est échu du service patriarcal. Célébrant à Moscou, dans un nombre de diocèses de Russie, de même qu’en Ukraine, en Biélorussie et en Azerbaïdjan, j’ai connu la joie de la relation de prière avec notre pieux peuple orthodoxe, avec les gens jeunes et les gens âgés, avec ceux d’âge moyen et avec les enfants. Partout j’ai pu voir les visages rayonnants des gens, expression sincère d’une foi profonde. C’est devenu pour moi une expérience spirituelle très forte et un témoignage visible de l’unité de la Sainte Russie qui par la force de la foi de son peuple multinational surmonte les frontières sociales, de biens, d’âge, d’ethnies et autres, tout en conservant son unité spirituelle dans les conditions des réalités politiques contemporaines.
Cette unité est renforcée par l’Église une, dans laquelle, par la grâce de Dieu, est surmonté tout ce qui est temporaire et passager. Ici apparaît au regard humain l’authentique grandeur des valeurs intemporelles. C’est précisément pour cette raison que la Vérité divine doit servir d’orientation pour toute activité humaine, pour le développement et le mouvement en avant.
C’est une joie de voir qu’un nombre toujours plus grand de nos contemporains commence à reconnaître ses sources spirituelles, à apprécier sa tradition religieuse et culturelle. Et aujourd’hui, le triomphe de la fête est partagé, non seulement par les croyants fermement enracinés dans l’orthodoxie, mais aussi par ceux qui ne sont qu’en chemin vers la découverte de la foi salvatrice et, peut-être, pour la première fois traversent le seuil de l’Église, répondant dans leur cœur à l’appel évangélique.
En prière, je vous souhaite, éminents évêques, honorables pères, chers frères et sœurs, de nombreuses grâces du Christ, le divin enfant né à Bethléem, pour que par la grâce divine votre joie se multiplie, que soient guéries vos maladies, que vos afflictions soient consolées. Que la lumière de l’étoile de Bethléem soit un guide pour chacun d’entre nous et que le Seigneur bénisse les efforts dans le domaine de l’amélioration de la vie de l’Église, des états dans lesquels nous vivons, de nos sociétés, et qu’Il nous donne à tous de demeurer fidèlement dans la vérité évangélique.
+ Cyrille
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
Nativité du Christ
2009/2010, Moscou