Éminents évêques, honorables pères, moines et moniales aimant Dieu,
chers frères et sœurs !
En cette fête lumineuse et pleine de joie de la Nativité selon la chair de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, je vous salue tous cordialement, mes bien aimés. En cette nuit radieuse, nous prions en faisant écho au cantique des Anges annonçant : « une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2,10-11).
L’humanité, qui avait rejeté Dieu par la chute d’Adam, retrouve la possibilité de s’unir avec son Créateur et Auteur. L’entrée du Fils de Dieu dans ce monde signifie Son abaissement volontaire, jusqu’à l’acceptation « de la mort et la mort sur une croix » (Ph 2,8), atroce et honteuse. Dieu naît dans la chair, afin de manifester Son amour pour les hommes et aider tous ceux qui veulent entendre Son appel à acquérir la plénitude de l’existence.
Voilà pourquoi, cette fête nous procure une espérance inébranlable en l’aide du Très-Haut, dans les circonstances les plus difficiles de notre vie. Dieu, qui ne s’est pas détourné de Sa créature et lui a ouvert la voie de l’éternité, nous apparaît en l’Enfant Jésus, nouveau-né sans défense ayant besoin d’attention et de sollicitude.
Tous, nous devons préserver dans nos cœurs cette image biblique. Lorsque nous évoquons l’Enfant-Dieu couché dans sa crèche, nous acquérons une foi ferme et une espérance inébranlable en la Providence Divine qui conduit vers le bien chaque être humain. Et même si nous nous sentons privés de tout soutien dans notre existence, si tout nous paraît fragile et inspirant le doute, nous devons avoir clairement conscience de ce que le Seigneur est à même de transformer, par sa grâce, les souffrances, les douleurs et la misère de notre monde, en béatitude, en joie et en abondance de dons spirituels.
En cette fête de l’avènement du Sauveur, les fidèles se tournent en pensées vers le berceau de la foi chrétienne, vers la Terre Sainte, qui fut jugée digne d’être le lieu de la naissance, de la vie et de la mission terrestre du Seigneur. De nos jours, ceux qui, dans les contrées où se sont produits les évènements de l’histoire sainte, croient en Christ, vivent de dures épreuves, font face à de nouveaux dangers qui menacent la survie d’une tradition spirituelle pluriséculaire. En ces journées radieuses de Noël, prions de tout cœur pour nos frères dans la foi, gardiens de reliques inestimables, héritiers de la tradition chrétienne des origines.
« Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui » (1Cor. 12, 26). Ces paroles de l’apôtre ne concernent pas seulement les membres d’une seule paroisse, d’une seule communauté ecclésiale mais, de toute évidence, tous les enfants de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, de l’Eglise orthodoxe, présente dans le monde entier. Son unité ne réside pas seulement dans la foi une, telle qu’exposée par les Pères, et dans l’union sacramentelle, mais aussi dans la compassion aux difficultés d’autrui, dans le service plein d’abnégation des uns envers les autres, dans la réciprocité des prières.
L’année écoulée ne fut pas simple dans la vie de nombreux pays et de nombreux peuples, dont ceux qui vivent dans l’espace de la « Rus’ » historique : que d’évènements tragiques et de cataclysmes ont mis à l’épreuve notre foi et notre ténacité !
Mais aujourd’hui, c’est moins dans le domaine matériel que spirituel que nous nous heurtons aux épreuves les plus ardues. Les dangers qui émanent du monde physique menacent notre bien-être et notre confort corporels. Biens qu’ils compliquent les aspects matériels de la vie, ils ne sont pas à même d’infliger des dommages tangibles à notre vie spirituelle. Mais c’est précisément la dimension spirituelle qui révèle les défis les plus graves et les plus sérieux que renferme la conception du monde actuelle. Ce défi est celui de la destruction du sens éthique, insufflé en notre âme par Dieu Lui-même. On essaye de nos jours de persuader l’homme qui lui – et lui seul – constitue le critère de la vérité, que chacun possède sa propre vérité, et qu’il appartient à chaque individu de départager le bien du mal. À la Vérité divine, et donc à la différence entre le bien et le mal fondée sur cette Vérité, l’on essaye de substituer l’indifférence morale et la permissivité, qui détruisent l’âme des gens et les privent de la vie éternelle. Si les catastrophes naturelles et les actes de guerre transforment en ruines l’organisation visible de la vie, le relativisme moral corrode la conscience de l’homme, fait de lui un handicapé moral, altère les lois divines de l’existence et aliène le lien de la créature avec son Créateur.
C’est à ces dangers que nous devons faire face en premier lieu, en invoquant l’aide de la Très Pure Vierge et de tous les saints, afin que par leur intercession auprès du Trône « du Maître Saint et Vrai » (Ap 6,10) que nous vénérons aujourd’hui en la personne de l’Enfant nouveau-né, ils obtiennent pour nous les forces de combattre le péché, de combattre « les Régisseurs de ce monde de ténèbres, les esprits du mal qui habitent les espaces célestes » (Eph 6,12). Il nous faut apprendre à discerner dans nos penchants coupables, dans nos dessins égoïstes, dans les tentations de la publicité et les textes politiques ou distrayants, les tromperies et les mirages du bien-être terrestre. Il nous faut toujours entendre la voix de notre conscience qui nous avertit des dangers du péché, et conformer nos actions avec les préceptes de l’Evangile.
Aujourd’hui comme toujours, chaque chrétien est appelé à confirmer par ses actions au quotidien la valeur d’une vie vertueuse, à s’opposer délibérément au relativisme moral et au culte du gain rapide. Il y autour de nous tant de personnes handicapées, souffrantes et solitaires. Nombreux sont ceux qui, en raison de difficultés économiques, ont dû abandonner leurs contrées natales à la recherche d’un salaire, et qui, se retrouvant souvent dans un environnement hostile, ont besoin de notre sollicitude. Chaque pasteur, chaque laïc se doit de prendre part au travail missionnaire et à l’action sociale. Comme le disait saint Innocent de Chersonèse : « C’est seulement dans la lumière du Christ que l’on peut voir Dieu, se voir soi-même et voir le monde tels qu’ils sont ; c’est seulement sur indication de la Révélation céleste que l’on peut trouver le chemin menant à la vie éternelle ».
Nous devons partager la chaleur et la joie de cette fête avec ceux qui aspirent à être consolés par le Christ. Chacun d’entre nous est à même d’apporter le lumière de l’étoile de Bethléem à ceux qui sont près de nous et à ceux qui sont éloignés : aux collègues, aux amis, aux parents, aux voisins.
Durant l’année écoulée, de nombreuses initiatives qui ont vu le jour, en collaboration avec les autorités de l’Etat, les associations et les représentants des milieux d’affaires, sont susceptibles d’unir les hommes, de faire renaître les bases spirituelles et morales de la vie en société.
Les voyages que j’ai effectués à travers la Russie, l’Ukraine et la Moldavie ont concouru à développer cette action commune et à témoigner de l’unité si précieuse de notre Église. Ces déplacements ont enrichi mon expérience de prière et de contacts avec l’ensemble des fidèles, et, je l’espère, ont contribué à resserrer nos liens spirituels. Lors des offices qui ont réuni de très nombreux croyants, s’est manifestée avec une intensité particulière cette force de foi et de prière qui fait la beauté de l’Orthodoxie, la beauté et la puissance « de l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Eph 4,3).
En vous adressant tous mes meilleurs voeux à l’occasion de la Nativité du Christ et de la nouvelle année, je prie pour que vous demeuriez dans la joie du Seigneur, qui s’est incarné pour « que nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle » (Tt 3,7). « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint » (Rm 15,13). Amen.
Cyrille, patriarche de Moscou et de toute la Russie,
Moscou, Noël 2011/2012
chers frères et sœurs !
En cette fête lumineuse et pleine de joie de la Nativité selon la chair de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ, je vous salue tous cordialement, mes bien aimés. En cette nuit radieuse, nous prions en faisant écho au cantique des Anges annonçant : « une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2,10-11).
L’humanité, qui avait rejeté Dieu par la chute d’Adam, retrouve la possibilité de s’unir avec son Créateur et Auteur. L’entrée du Fils de Dieu dans ce monde signifie Son abaissement volontaire, jusqu’à l’acceptation « de la mort et la mort sur une croix » (Ph 2,8), atroce et honteuse. Dieu naît dans la chair, afin de manifester Son amour pour les hommes et aider tous ceux qui veulent entendre Son appel à acquérir la plénitude de l’existence.
Voilà pourquoi, cette fête nous procure une espérance inébranlable en l’aide du Très-Haut, dans les circonstances les plus difficiles de notre vie. Dieu, qui ne s’est pas détourné de Sa créature et lui a ouvert la voie de l’éternité, nous apparaît en l’Enfant Jésus, nouveau-né sans défense ayant besoin d’attention et de sollicitude.
Tous, nous devons préserver dans nos cœurs cette image biblique. Lorsque nous évoquons l’Enfant-Dieu couché dans sa crèche, nous acquérons une foi ferme et une espérance inébranlable en la Providence Divine qui conduit vers le bien chaque être humain. Et même si nous nous sentons privés de tout soutien dans notre existence, si tout nous paraît fragile et inspirant le doute, nous devons avoir clairement conscience de ce que le Seigneur est à même de transformer, par sa grâce, les souffrances, les douleurs et la misère de notre monde, en béatitude, en joie et en abondance de dons spirituels.
En cette fête de l’avènement du Sauveur, les fidèles se tournent en pensées vers le berceau de la foi chrétienne, vers la Terre Sainte, qui fut jugée digne d’être le lieu de la naissance, de la vie et de la mission terrestre du Seigneur. De nos jours, ceux qui, dans les contrées où se sont produits les évènements de l’histoire sainte, croient en Christ, vivent de dures épreuves, font face à de nouveaux dangers qui menacent la survie d’une tradition spirituelle pluriséculaire. En ces journées radieuses de Noël, prions de tout cœur pour nos frères dans la foi, gardiens de reliques inestimables, héritiers de la tradition chrétienne des origines.
« Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui » (1Cor. 12, 26). Ces paroles de l’apôtre ne concernent pas seulement les membres d’une seule paroisse, d’une seule communauté ecclésiale mais, de toute évidence, tous les enfants de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, de l’Eglise orthodoxe, présente dans le monde entier. Son unité ne réside pas seulement dans la foi une, telle qu’exposée par les Pères, et dans l’union sacramentelle, mais aussi dans la compassion aux difficultés d’autrui, dans le service plein d’abnégation des uns envers les autres, dans la réciprocité des prières.
L’année écoulée ne fut pas simple dans la vie de nombreux pays et de nombreux peuples, dont ceux qui vivent dans l’espace de la « Rus’ » historique : que d’évènements tragiques et de cataclysmes ont mis à l’épreuve notre foi et notre ténacité !
Mais aujourd’hui, c’est moins dans le domaine matériel que spirituel que nous nous heurtons aux épreuves les plus ardues. Les dangers qui émanent du monde physique menacent notre bien-être et notre confort corporels. Biens qu’ils compliquent les aspects matériels de la vie, ils ne sont pas à même d’infliger des dommages tangibles à notre vie spirituelle. Mais c’est précisément la dimension spirituelle qui révèle les défis les plus graves et les plus sérieux que renferme la conception du monde actuelle. Ce défi est celui de la destruction du sens éthique, insufflé en notre âme par Dieu Lui-même. On essaye de nos jours de persuader l’homme qui lui – et lui seul – constitue le critère de la vérité, que chacun possède sa propre vérité, et qu’il appartient à chaque individu de départager le bien du mal. À la Vérité divine, et donc à la différence entre le bien et le mal fondée sur cette Vérité, l’on essaye de substituer l’indifférence morale et la permissivité, qui détruisent l’âme des gens et les privent de la vie éternelle. Si les catastrophes naturelles et les actes de guerre transforment en ruines l’organisation visible de la vie, le relativisme moral corrode la conscience de l’homme, fait de lui un handicapé moral, altère les lois divines de l’existence et aliène le lien de la créature avec son Créateur.
C’est à ces dangers que nous devons faire face en premier lieu, en invoquant l’aide de la Très Pure Vierge et de tous les saints, afin que par leur intercession auprès du Trône « du Maître Saint et Vrai » (Ap 6,10) que nous vénérons aujourd’hui en la personne de l’Enfant nouveau-né, ils obtiennent pour nous les forces de combattre le péché, de combattre « les Régisseurs de ce monde de ténèbres, les esprits du mal qui habitent les espaces célestes » (Eph 6,12). Il nous faut apprendre à discerner dans nos penchants coupables, dans nos dessins égoïstes, dans les tentations de la publicité et les textes politiques ou distrayants, les tromperies et les mirages du bien-être terrestre. Il nous faut toujours entendre la voix de notre conscience qui nous avertit des dangers du péché, et conformer nos actions avec les préceptes de l’Evangile.
Aujourd’hui comme toujours, chaque chrétien est appelé à confirmer par ses actions au quotidien la valeur d’une vie vertueuse, à s’opposer délibérément au relativisme moral et au culte du gain rapide. Il y autour de nous tant de personnes handicapées, souffrantes et solitaires. Nombreux sont ceux qui, en raison de difficultés économiques, ont dû abandonner leurs contrées natales à la recherche d’un salaire, et qui, se retrouvant souvent dans un environnement hostile, ont besoin de notre sollicitude. Chaque pasteur, chaque laïc se doit de prendre part au travail missionnaire et à l’action sociale. Comme le disait saint Innocent de Chersonèse : « C’est seulement dans la lumière du Christ que l’on peut voir Dieu, se voir soi-même et voir le monde tels qu’ils sont ; c’est seulement sur indication de la Révélation céleste que l’on peut trouver le chemin menant à la vie éternelle ».
Nous devons partager la chaleur et la joie de cette fête avec ceux qui aspirent à être consolés par le Christ. Chacun d’entre nous est à même d’apporter le lumière de l’étoile de Bethléem à ceux qui sont près de nous et à ceux qui sont éloignés : aux collègues, aux amis, aux parents, aux voisins.
Durant l’année écoulée, de nombreuses initiatives qui ont vu le jour, en collaboration avec les autorités de l’Etat, les associations et les représentants des milieux d’affaires, sont susceptibles d’unir les hommes, de faire renaître les bases spirituelles et morales de la vie en société.
Les voyages que j’ai effectués à travers la Russie, l’Ukraine et la Moldavie ont concouru à développer cette action commune et à témoigner de l’unité si précieuse de notre Église. Ces déplacements ont enrichi mon expérience de prière et de contacts avec l’ensemble des fidèles, et, je l’espère, ont contribué à resserrer nos liens spirituels. Lors des offices qui ont réuni de très nombreux croyants, s’est manifestée avec une intensité particulière cette force de foi et de prière qui fait la beauté de l’Orthodoxie, la beauté et la puissance « de l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Eph 4,3).
En vous adressant tous mes meilleurs voeux à l’occasion de la Nativité du Christ et de la nouvelle année, je prie pour que vous demeuriez dans la joie du Seigneur, qui s’est incarné pour « que nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle » (Tt 3,7). « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint » (Rm 15,13). Amen.
Cyrille, patriarche de Moscou et de toute la Russie,
Moscou, Noël 2011/2012